Notre jeu de l'été

Lecréateur a écrit:Je pense avant tout aux os de boeuf fichés dans les murs (et dépassant à l'extérieur) afin de les préserver des remontées humides dues aux marécages environnants .

Avec cette excellente réponse, cher Monsieur, vous reprenez la main !  
https://marie-antoinette.forumactif.org/t4343-la-chaumiere-aux-coquillages-de-rambouillet#168979

Vivement la prochaine énigme de notre Créateur, ça va croustiller.... 

Ca vient, ça vient... je demande simplement la faveur de quelques heures... jusqu'à demain matin ! Je sors à peine d'une pénible journée de quarantaine (pas de connexion à internet !)

Un certain temps s'était déjà écoulé depuis que Paris avait décerné à Louis le titre de Grand...mais un de ses ministres éprouva qu’il l’était bien peu quand il apprit que le Roi refusait d’agréer le mariage dudit ministre. Ce ministre s’étonna de cette marque de mesquinerie royale, surtout quand le Roi éluda la question en lui conseillant simplement de penser à autre chose pour son cher fils. Sûr de son fait et ne comprenant pas la raison de cette obstination royale, le ministre insista encore davantage,au point que le Roi lui lâcha clairement la raison pour laquelle il s’opposait à ce mariage et conclut qu’il entendait bien qu’on ne lui en parlât plus ! Qui est ce ministre et quelle est cette raison qui n’était pas si mesquine, du moins pour le Roi ?

Le roi est donc Louis XIV.
Son ministre se passa-t-il de l'agrément royal ?
Fit-il tout de même cette mésalliance, un mariage d'amour peut-être ?

Est-ce un ministre du clan des Colbert, des Le Tellier-Louvois, un Chamillart ?

Nous sommes dans les années 1660, 1670, 1680, 1690, 1700, 1710 ?

Mme de Sabran pense à une mésalliance, mais ne serait-ce pas l'inverse ? Ne s’agirait-il pas plutôt d'un mariage trop au-dessus de sa famille, par exemple avec une membre de la famille royale, même lointaine, ou de princes étrangers ?

Le ministre est-il très célèbre, ou un peu oublié aujourd'hui ?

Chez les Phélypeaux ?

Un chancelier ?

Je vous doit tout d'abord mille et une excuses : je suis un étourdi, il s'agit d'un fils de ce ministre... Il faut compléter ainsi : ..."le mariage d'un fils dudit ministre"....Quelle gaffe !
J'essaie de répondre dans l'ordre :
il s'agit bien du roi Louis XIV... Louis le Grand, quand même ! Le ministre se garda bien de se passer de l'agrément du roi. Un mariage d'amour ? Sans doute pas, mais certainement un mariage d'intérêt. Une mésalliance ? Oui, mais certainement dans l'autre sens !
Nous sommes dans les années 1690.
Il fait partie de la tribu Phélypeaux ! Un mariage trop au-dessus de la famille ? par exemple avec une membre de la famille royale ? non,certainement pas... quand même !  même lointaine ? non, mais... comment dire ?! c'est un cas spécial ! le roi était parfois empêtré dans certaines contradictions  ! une membre de la famille de quelque prince étranger ? non, bien que cela eût été quand même  un très très beau mariage !
Le ministre en question est sans doute un peu oublié de nos jours, mais il a laissé une impression assez positive aux générations suivantes.
Oui, un chancelier

Vous aviez mentionné ce fils dans votre texte, nous l'avions compris.

Le chancelier de Pontchartrain ?
Un mariage envisagé pour son fils Jérôme (père du célèbre Maurepas) ?
Avec une famille ducale ? Une famille étrangère ?
Jérôme épousa en 1697 une La Rochefoucauld-Roye, c'est déjà un très beau mariage pour eux ! Etait-ce encore plus prestigieux ?

Le refus vient-il de la personnalité de la fiancée, ou de ses parents ?
Est-ce une question de prestige social, de choix politique des familles, ou de questions financières ?

Est-ce une antipathie, une animosité personnelle du roi ? Les grands hommes ne sont pas exempts de petites bassesses ...

Oui, il s'agissait du mariage de Jérôme, fils du chancelier de Pontchartrain. Le mariage avec une La Rochefoucauld-Roye, était déjà un très très beau mariage pour la parentèle Phélypeaux, et objectivement un mariage plus prestigieux que celui que désirait initialement le chancelier... mais quelque chose fit que le roi ne voulut absolument pas de ce premier choix du chancelier ! Le roi s'obstina : niet, c'est niet, et ne m'en parlez plus ! Pour le second choix (la Rochefoucauld-Roye), le roi donna volontiers son accord ! Le refus de la candidature de la première épouse désirée ne venait certainement pas de celle-ci ni de ses parents, mais uniquement de la part du roi, et pour une raison que le chancelier feignit de croire secondaire ou même mesquine... mais il est fort possible que le roi voyait clair dans un certain jeu du chancelier à ce sujet, et ce jeu - s'il était avéré - ne pouvait que confirmer le niet du roi ! On pourrait donc dire que le chancelier visait le prestige social... pas tellement celui auquel, nous, nous pensons que celui auquel pensait le roi et qui avait de l'importance à l'époque. Le prestige social auquel nous, nous penserions, était très très minime : certes deux alliances avec deux maréchaux mais cela n'allait pas bien loin, mais la famille (celle de la famille d'origine de la fiancée espérée) vivant au loin dans un trou... mais il y avait autre chose !
Non, il ne semble pas que cela ait pu venir d’une d’une animosité personnelle du roi. Il consentit d’ailleurs volontiers au deuxième mariage proposé et entretenait de bons rapports avec le chancelier
Je ne vais pas d'emblée révéler la chose, je donnerai néanmoins un indice minime et certes loufoque...cependant bien réel : il s'agissait d'une histoire de bâtons, et le roi y tenait envers et contre tout, et c'est pourquoi il conclut : niet c'est niet... et encore niet !

Une parente de Mme de Maintenon ?
Une parente d'une personne tombée en disgrâce ?
Une parente d'un étranger adversaire du roi ?

Vous parlez de batons, de maréchaux ... la fille/nièce de maréchaux de France ? Une héritière ?

La famille de la demoiselle n'est pas riche, mais jouit d'un prestige auquel le chancelier souhaite associer sa famille ? Ancienneté, parenté, prétention lointaine sur un royaume ?

Une capétienne d'une branche très pauvre ? (le fils de Sully épousa une Courtenay, mais les Béthune sont autre chose que les Phélypeaux)

Par ce mariage aurait-il pu se prévaloir d'une parenté (même distante) avec la famille royale ou une personne très importante de la cour ? d'un héritage symbolique ?

Par ce mariage le chancelier aurait pu se prévaloir d'une parenté distante avec la famille royale et surtout d'un héritage symbolique, c’est certain.
Il n’y a pas que des bâtons de maréchaux sur terre ! Certes la demoiselle a des liens de parenté avec deux maréchaux de France, mais il ne s’agit pas ici de ce genre de bâton ! Sa famille n’était pas très riche, mais elle jouissait d'un certain prestige auquel le chancelier souhait certainement associer sa famille… mais plutôt l’air de rien, sans avoir trop l’air d’y toucher... et une fois le mariage fait, il aurait pu étaler librement certaines prétentions, ce que le roi ne voulait surtout pas !
Vous êtes sur la bonne voie, cher Lucius, je suis sûr que demain vous brûlerez de plus en plus, mais avant cela il y a quand même une étape non-négligeable à franchir : celle des bâtons (les bons!) Si durant la nuit vous tournez et retournez ce thème dans vos rêves, je suis certain que demain matin vous vous écrierez au réveil : «j’ai trouvé !» Pour accélérer ce processus, je vais quand même déjà lâcher un peu de lest : ces histoires de bâtons émouvaient avant tout les familles nobles !

Une crosse d'archevêque ?

Est-ce le terme héraldique ?

Est-ce en lien avec une fonction honorifique ? Une charge de cour ?

Un lien avec la confrérie des avocats, chapeautée par le bâtonnier ?

Une alliance avec les Luynes ou les Lesdiguières, dernièrs connétables de France ?

Quand l'eau courbe un bâton, ma raison le redresse.

( la Fontaine )

Certes ma raison le redresse... mais hélas l’ambition le caresse !

C’est qu’ils étaient nombreux, les bâtons, à pouvoir faire l’objet de débats dans les salons de la noblesse, mais la place d’honneur y (et également dans d’autres salons !) revenait quand même à la brisure, employée en héraldique soit pour les branches cadettes, soit pour les branches bâtardes… et c’est grâce à cette subtile distinction que certains ont pu, en tout bien tout honneur tout au moins au départ, brouiller les pistes au point que bien plus tard le Roi, qui avait quand même du flair et au vu des abus qui se préparaient, a cru bon de taper un beau jour sur la table, ce dont le fils Pontchartrain fit  les frais ! Trop, c’est trop ! Rompez ! Et qu’on ne s’avise plus de m’en parler ! D’autant plus que tant pour les bâtards de son grand-père Henri IV que pour les siens propres, jamais les rois Bourbon ne s’étaient écarté de la règle (la barre pour ceux de la main gauche, la bande pour les autres !),et encore davantage d’autant plus que lui-même (Louis XIV) aurait pu se prévaloir d’abus antérieurs pour fourrer ses bâtards encore plus avant au milieu des légitimes !
Je pense qu’avec les indices que je viens de donner la voie vers la solution de l’énigme est bien amorcée : c’est Pontchartrain qui était en cause (voilà qui est acquis), il suffit maintenant de démêler l’écheveau héraldique sur lequel campait le Roi !

La réponse est-elle dans Saint-Simon ?

Oui, bravo, la plus grande partie de la réponse est dans Saint-Simon, d'autant plus que ronronnant avec délices devant la réaction outrée du Roi, que cette fois-ci il se garde bien d'égratigner, il s'engouffre dans la brèche providentielle ménagée par le Roi, pour en remettre encore plus face à tous ces parvenus qui multiplient les abus, veulent tout mettre sens dessus dessous et ébranlent même le royaume !

Une famille issue d'un bâtard de la famille royale ? Les Orléans-Rothelin ?
Avec quelqu'un qu'on supposait/savait être issu d'une liaison entre sa mère et un membre de la famille royale, qu'il s'eut agit de reconnaître ?

Non, cher Lucius, il ne s'agit aucunement de vos suppositions ! Au départ il y eut bien un bâtard, mais pas dans la famille royale et bien avant les faits dont il est question, et il ne joue plus aucun rôle dans l'affaire