Le train des Tzars

On ne peut parler des trains russes de cette époque ( dont le transsibérien ), sans évoquer la figure de Serge Witte , qui servit sous les deux règnes: celui d’Alexandre III, et celui de son fils, Nicolas II.
Serge Witte, né en 1849, fut distingué par Alexandre III à la suite du grave accident de Borki ( évoqué plus haut ), au cours duquel le train impérial dérailla. L’empereur était furieux. Une enquête fut menée, et Witte, qui s’occupait des chemins de fer ( sans en être le principal responsable ), fut désigné pour réformer la sncfskaïa (!), et il y avait semble-t-il fort à faire (…) L’empereur fut si satisfait du résultat, qu’il nomma Witte directeur des chemins de fer. Il avait reconnu en lui un homme pragmatique, intelligent, bref quelqu’un que tout dirigeant aimerait avoir à ses côtés. Witte améliora donc le réseau, et termina la construction du fameux transsibérien, voulu par Alexandre.
Les résultats dépassèrent les espérances de l’empereur, qui nomma illico Witte au poste de ministre des finances… Celui-ci ne se retrouva pas là pour faire de la figuration, vous l’imaginez… Il fit rentrer des capitaux en Russie pour développer l’industrie, lança les fameux emprunts russes, instaura l’étalon or, créa une taxe sur la vodka, etc.
Après la mort prématurée d’Alexandre, son successeur Nicolas maintint Witte au même poste. Les choses se gâtèrent entre les deux hommes à propos de la guerre contre le Japon, que Witte n’approuvait pas. L’année suivante, en 1905, il soutint les réformes libérales du gouvernement, dont la création d’une douma, et essaya d’entreprendre une réforme agraire, ce qui était une entreprise considérable. Il devint même premier ministre ( ou président du conseil des ministres ), jusqu’à sa destitution en 1906 ; Nicolas II l’avait lâché…
Il se retira comblé d’honneurs, et mourut en 1915.

En 1902, le tsar Nicolas II avait accueilli à Saint Petersbourg le roi Victor Emmanuel III d’Italie.
En 1909, c’est au tour du tsar de se rendre en Italie.
Le tsar venu à bord du train impérial fait un détour de 3.000 kilomètres afin de ne pas passer par l’Autriche. Le train le conduit à Varsovie, traverse l’Allemagne et France avant d’atteindre Turin en passant par Bardonecchia. De peur d’un attentat, on demande à la population de rester chez elle lors de l’arrêt du train dans les gares locales.
L’assassinat en 1900 du roi Umberto I par un anarchiste à Monza est encore dans les esprits.
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5523-demeure-des-savoie-carignan-le-chateau-de-racconigi-pres-de-turin#172419

Tatie Wikie nous livre une anecdote à propos du caractère de la Tzarine, en relation avec le train impérial :
" Quand la famille impériale se rend en Crimée en train, des centaines de paysans dans leurs plus belles tenues se massent au bord de la route pour apercevoir le couple impérial. Nicolas II les salue par la fenêtre, mais Alexandra refuse de se montrer. L'impératrice douairière est furieuse d'apprendre qu'Alexandra estime que la famille impériale devrait "être au-dessus de ce genre de comportement" : " Que veut-elle dire ? Être au-dessus de gagner l'affection du peuple ? Et pourtant, combien de fois se plaint-elle de l'indifférence du public à son égard ? "

Sinon, une photo inattendue pour l'époque et encore plus pour un couple régnant : Nicolas II et sa femme s'embrassant, assis sur les marches d'un escalier :

Je pense que le couple s’entendait bien, et qu’en privé, ils savaient s’amuser… Pour preuve cette photo, sans doute prise à Darmstadt chez le frère d’Alexandra, grand duc de Hesse. La tsarine est en bas, le tsar 3e en partant du haut :



Plutôt bonne ambiance aussi l’été à Livadia en Crimée…
De gauche à droite: Olga Alexandrovna, sœur du tsar, la tsarine et le tsar:

Calonne a écrit:

Sinon, une photo inattendue pour l'époque et encore plus pour un couple régnant : Nicolas II et sa femme s'embrassant, assis sur les marches d'un escalier :

D'autant que nous voyons, sur la gauche, qu'ils ne sont pas seuls. S'embrasser ainsi tendrement était donc chose naturelle entre eux.

Qui était alors avec eux lorsque la photo a été prise, chère Eléonore ?
Eh bien, tout simplement les deux sœurs de Nicolas : à gauche Xenia avec son cher mari Sandro (grand duc Romanov aussi, qui a laissé des mémoires), et au dessus des deux couples, jouant les Cupidons, Olga, la jeune sœur, encore célibataire…

Oh, mais que c'est adorablement tout mignon !  
ça flirtouille à qui mieux-mieux, chez les Romanov !