Chinoiseries : les meubles du " Maître aux pagodes ".
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Chinoiseries : les meubles du " Maître aux pagodes ".
A nouveau, c'est l'annonce d'un lot présenté en vente aux enchères qui me donne l'idée d'ouvrir ce petit sujet.
Quelques-unes des photos du meuble sont les miennes. J'ai fait au mieux avec les conditions d'éclairage et d'exposition du meuble...
Vendu le 6 juillet dernier, à l'occasion de la Vente de la collection Bernard Tapie, pour je ne sais quel montant (l'estimation était comprise entre 80 000 et 100 000 euros, hors frais) :
EXCEPTIONNEL BUREAU PLAT DU MAÎTRE AUX PAGODES
Double estampille de Jacques-Laurent COSSON (1737-1812), maître en 1765, qui a vraisemblablement remis ce meuble en état à la fin du XVIIIe siècle.
En partie d'époque Louis XV pour le caisson.
Marqueterie de croisillons en placage de bois de rose et remarquable décor de bronzes ciselés et dorés.
La poignée de tirage du tiroir de droite est détachée.
Trois clés. Il ouvre à trois tiroirs. Le plateau est entièrement couvert d'un maroquin de cuir brun, rapporté, allant jusqu'à la lingotière. Les tiroirs en acajou ont été réalisés en Angleterre, ainsi que les serrures à double pêne au XIXe siècle.
H. 79 cm L. 196 cm P. 97 cm
Image : Artus enchères
Présentation au catalogue :
Le décor chinoisant aux pagodes des bronzes extraordinaires : (cours du vocabulaire en menuiserie )
- en chute : buste de dignitaire chinois en habit d'apparat et en vue frontale
- en astragale : tige fleurie, ornant deux côtés des pieds cambrés.
- en sabot : décor feuillagé avec culot d'acanthe.
- sur le côté : important cartouche rocaille avec fleur et branchages fleuris
Sur chaque longueur :
- au centre de la ceinture : une pagode ouverte à double toit, posée sur un tertre fleuri et flanquée d'un branchage fleuri.
- Sur les crosses des deux tiroirs : chinoise en buste émergeant d'un motif de branchages fleuris.
- Poignées des tiroirs et leur vis à vis : branchage fleuri sur un tertre traité à l'européenne.
- Lingotière et entourage des tiroirs et leurs vis à vis : baguette de bronze à frise de rais d'oves.
Le Maître aux pagodes :
La production du Maître aux pagodes, ainsi baptisé par Alexandre Pradère en raison de son oeuvre composée de commodes et de bureaux plats ornés de garnitures de bronze à grandes figures de chinois et à chutes en têtes de faunes.
Jusqu'à la découverte par Christie's de l'estampille N.G., retrouvée sous le bâti de la commode appartenant à Miss Joan Cummings (Vente Christie's - New-York, le 21 mai 1996, lot n° 238), plusieurs hypothèses avaient été émises dont une production des fils d'André-Charles Boulle.
Depuis plusieurs années, l'estampille N.G. a été attribuée à Noël Gérard (? - 1732) ébéniste dont l'atelier comprenait sept établis et dont le stock sera vendu par sa veuve Marguerite en 1749.
Image : Artus enchères
- L'Estampille/L'objet d'art Hors-série N° 286, décembre 1994 :
Ce bureau est une illustration de cette vérité dans l'histoire des arts décoratifs selon laquelle on découvre l'évolution du goût des clients au long d'une époque à travers les modifications qu'ils ont fait subir aux ouvrages.
Bernard Tapie s'est passionné pour cet objet d'exception, oeuvre du Maître aux pagodes comme l'a montré Alexandre Pradère, et qui provenait des Collections Rothschild. Ce bureau possédait des chutes de pagodes. Bernard Tapie peu sensible à cette chinoiserie, a fait remplacer ces bronzes par des chutes d'un modèle authentiquement français.
Créé en 1730, ce bureau a connu plusieurs transformations. Restauré une première fois par Cosson dont il porte l'estampille, il avait traversé la Manche pour meubler le château de Mentmore.
Là, les Rothschild l'avaient modifié dans le goût qui leur était propre : recours à l'acajou massif pour en anoblir les tiroirs et remplacement du cuir original par une marqueterie de pointes de diamants à l'identique de celle de la ceinture afin d'en faire une table de bibliothèque. Pour compléter cet ouvrage, les Rothschild en avaient fait exécuter une réplique de fabrication totalement anglaise.
C'est Bernard Steinitz qui redécouvrit le bureau dans cet état et l'acheta pour la modique somme de 30 000 livres. Il l'avait ensuite démonté pour le remettre dans son état original et sans intention de le revendre.
Bernard Tapie le découvrit au fond de son atelier et fut enthousiasmé. Il persuada l'antiquaire de lui vendre après la restauration prévue, tout en lui demandant d'y adapter, à la place des chutes aux pagodes, le modèle célèbre du bureau de Migeon au Louvre, car il ne reconnaissait " comme grand que ce qui était traditionnellement français ". Ce bureau a donc perdu l'empreinte du goût Rothschildien.
Bernard Steinitz a conservé les bronzes aux pagodes qui font de ce bureau, dans l'histoire du mobilier, un des plus rares connus à ce jour.
Entre 1992 et 2000, ce bureau a retrouvé ses bronzes originaux dits " aux pagodes ".
Bureau dans un salon de l'hôtel de Cavoye
Image : Collection Bernard Tapie / Artus Enchères
* Source texte (extraits) et infos complémentaires : Artus Enchères - Vente collection Bernard Tapie (juillet 2022)
Autres meubles du mystérieux "maître aux pagodes" à suivre...
Quelques-unes des photos du meuble sont les miennes. J'ai fait au mieux avec les conditions d'éclairage et d'exposition du meuble...
Vendu le 6 juillet dernier, à l'occasion de la Vente de la collection Bernard Tapie, pour je ne sais quel montant (l'estimation était comprise entre 80 000 et 100 000 euros, hors frais) :
EXCEPTIONNEL BUREAU PLAT DU MAÎTRE AUX PAGODES
Double estampille de Jacques-Laurent COSSON (1737-1812), maître en 1765, qui a vraisemblablement remis ce meuble en état à la fin du XVIIIe siècle.
En partie d'époque Louis XV pour le caisson.
Marqueterie de croisillons en placage de bois de rose et remarquable décor de bronzes ciselés et dorés.
La poignée de tirage du tiroir de droite est détachée.
Trois clés. Il ouvre à trois tiroirs. Le plateau est entièrement couvert d'un maroquin de cuir brun, rapporté, allant jusqu'à la lingotière. Les tiroirs en acajou ont été réalisés en Angleterre, ainsi que les serrures à double pêne au XIXe siècle.
H. 79 cm L. 196 cm P. 97 cm
Image : Artus enchères
Présentation au catalogue :
Le décor chinoisant aux pagodes des bronzes extraordinaires : (cours du vocabulaire en menuiserie )
- en chute : buste de dignitaire chinois en habit d'apparat et en vue frontale
- en astragale : tige fleurie, ornant deux côtés des pieds cambrés.
- en sabot : décor feuillagé avec culot d'acanthe.
- sur le côté : important cartouche rocaille avec fleur et branchages fleuris
Sur chaque longueur :
- au centre de la ceinture : une pagode ouverte à double toit, posée sur un tertre fleuri et flanquée d'un branchage fleuri.
- Sur les crosses des deux tiroirs : chinoise en buste émergeant d'un motif de branchages fleuris.
- Poignées des tiroirs et leur vis à vis : branchage fleuri sur un tertre traité à l'européenne.
- Lingotière et entourage des tiroirs et leurs vis à vis : baguette de bronze à frise de rais d'oves.
Le Maître aux pagodes :
La production du Maître aux pagodes, ainsi baptisé par Alexandre Pradère en raison de son oeuvre composée de commodes et de bureaux plats ornés de garnitures de bronze à grandes figures de chinois et à chutes en têtes de faunes.
Jusqu'à la découverte par Christie's de l'estampille N.G., retrouvée sous le bâti de la commode appartenant à Miss Joan Cummings (Vente Christie's - New-York, le 21 mai 1996, lot n° 238), plusieurs hypothèses avaient été émises dont une production des fils d'André-Charles Boulle.
Depuis plusieurs années, l'estampille N.G. a été attribuée à Noël Gérard (? - 1732) ébéniste dont l'atelier comprenait sept établis et dont le stock sera vendu par sa veuve Marguerite en 1749.
Image : Artus enchères
- L'Estampille/L'objet d'art Hors-série N° 286, décembre 1994 :
Ce bureau est une illustration de cette vérité dans l'histoire des arts décoratifs selon laquelle on découvre l'évolution du goût des clients au long d'une époque à travers les modifications qu'ils ont fait subir aux ouvrages.
Bernard Tapie s'est passionné pour cet objet d'exception, oeuvre du Maître aux pagodes comme l'a montré Alexandre Pradère, et qui provenait des Collections Rothschild. Ce bureau possédait des chutes de pagodes. Bernard Tapie peu sensible à cette chinoiserie, a fait remplacer ces bronzes par des chutes d'un modèle authentiquement français.
Créé en 1730, ce bureau a connu plusieurs transformations. Restauré une première fois par Cosson dont il porte l'estampille, il avait traversé la Manche pour meubler le château de Mentmore.
Là, les Rothschild l'avaient modifié dans le goût qui leur était propre : recours à l'acajou massif pour en anoblir les tiroirs et remplacement du cuir original par une marqueterie de pointes de diamants à l'identique de celle de la ceinture afin d'en faire une table de bibliothèque. Pour compléter cet ouvrage, les Rothschild en avaient fait exécuter une réplique de fabrication totalement anglaise.
C'est Bernard Steinitz qui redécouvrit le bureau dans cet état et l'acheta pour la modique somme de 30 000 livres. Il l'avait ensuite démonté pour le remettre dans son état original et sans intention de le revendre.
Bernard Tapie le découvrit au fond de son atelier et fut enthousiasmé. Il persuada l'antiquaire de lui vendre après la restauration prévue, tout en lui demandant d'y adapter, à la place des chutes aux pagodes, le modèle célèbre du bureau de Migeon au Louvre, car il ne reconnaissait " comme grand que ce qui était traditionnellement français ". Ce bureau a donc perdu l'empreinte du goût Rothschildien.
Bernard Steinitz a conservé les bronzes aux pagodes qui font de ce bureau, dans l'histoire du mobilier, un des plus rares connus à ce jour.
Entre 1992 et 2000, ce bureau a retrouvé ses bronzes originaux dits " aux pagodes ".
Bureau dans un salon de l'hôtel de Cavoye
Image : Collection Bernard Tapie / Artus Enchères
* Source texte (extraits) et infos complémentaires : Artus Enchères - Vente collection Bernard Tapie (juillet 2022)
Autres meubles du mystérieux "maître aux pagodes" à suivre...
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Chinoiseries : les meubles du " Maître aux pagodes ".
Nous retrouvons ce décor en bronze d'une pagode ouverte à double toit au centre du tiroir supérieur de cette....
Commode en tombeau, début de l'époque Louis XV
Attribuée à Noel Gerard, dit le "maître aux pagodes"
Noël Gérard, ébéniste et marchand-mercier actif de 1710 à 1736.
En placage de bois de violette, bois de rose et satiné, ornementation de bronze ciselé et doré, dessus de marbre rouge des Flandres restauré, de forme bombée ouvrant à trois tiroirs, les entrées de serrure à motifs de pagode, de dragon, et de vase fleuri, les poignées en forme de branchages feuillagés, flanqués de chutes à motifs de cartouche et oves, la base bordée d'une guirlande de fleurs reposant sur des pieds cambrés munis de sabots à motif végétal
Hauteur : 84,5 cm. (33¼ in.), Largeur: 146 cm. (57½ in.), Profondeur: 63 cm. (24¾ in.)
Image : Christie's
Note au catalogue :
Jusqu'à la découverte par Christie's à New York de l'estampille N.G., retrouvée sous le bâti de la commode appartenant à Miss Joan Cummings (vente Christie's New York, le 21 mai 1996, lot 238), plusieurs hypothèses avaient été émises.
Alexandre Pradère (op.cit.) avait été tenté de rapprocher ce groupe de meubles à ornements de bronze à motifs chinois de la production des fils d'André-Charles Boulle.
Tous les meubles attribués au maître aux Pagodes sont datables des années 1725-1740 et aucun ne porte de poinçon au C couronné.
L'estampille N.G. a été depuis plusieurs années rendue au marchand ébéniste Noël Gérard. Cette estampille abréviative a probablement été utilisée par ce maître ébéniste dans son propre atelier, où à son décès en 1732, sept établis sont mentionnés où quatre bâtis de commode sont décrits. Plus de trente commodes finies ont leur garniture de bronze achevée mais non dorée. L'activité du magasin perdura et sa veuve Marguerite la reprit en partie, tout au moins jusqu'à la vente totale du stock en 1749.
Madame Labo, metteuse en couleur d'or reçut 7 livres pour la garniture d'une commode qui devait être très simple.
En 1736, Olivier de Rouvroy et Louis Regnard, maître ciseleur à Paris, détenaient les fontes de feux, pendules, pièces de girandoles et autres qu'ils avaient ciselés pour leur commanditaire.Le même Regnard reçut le 20 décembre 1737 un acompte de 300 livres, puis 96 livres le 28 mars 1738 et 493 livres le 6 juin de la même année, preuve d'une collaboration constante.
Madame Gérard travaillait avec le doreur Delahaye, auquel elle paya 500 livres le 29 mai 1737, puis 470 livres le 27 avril 1738, preuve d'un travail important deux ans après le décès de Noël Gérard.
Commodes similaires:
- Vente Paris, étude Ader, le 14 mars 1970, lot 109, marbre brèche d'Alep
- Ancienne collection Miss Joan Cummings, vente Christie's New York, le 21 mai 1996, lot 238, provenant de l'ancienne collection du Baron Lionel de Rothschild (1808-1879), estampillée N.G., marbre portor
- Vente Paris, Etude Arcole, le 6 avril 1990, ancienne collection Madame C. Lelong, vente Paris, le 11 mai 1903, no. 917, replaquée en écaille, marbre griotte
* Source et infos complémentaires : Christie's (2001)
De même que sur ce bureau, très proche de celui vendu de la collection Bernard Tapie :
Writing desk
Attributed to Le Maitre aux Pagodes (French, active 1730's)
ca 1730
oak and walnut carcase veneered with kingwood; gilt bronze mounts; modern leather top
81.8 x 195.6 x 99.7 cm
A typewritten rectangular paper label inside the central drawer: Louis XV TABLE BUREAU / ..x. Coll'n Bishop of Toledo. Duveen label: 24903
Image : The Huntington Library, Art Museum, and Botanical Gardens
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Chinoiseries : les meubles du " Maître aux pagodes ".
Merci LNLN !!!!
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Chinoiseries : les meubles du " Maître aux pagodes ".
Très intéressant.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Chinoiseries : les meubles du " Maître aux pagodes ".
D'autres détails dans les bronzes permettraient d'identifier les meubles réalisés par ce " maître aux pagodes ".
C'est ce qui est expliqué, à suivre, dans la description d'une commode vendue aux enchères en 2017 :
A gilt-bronze mounted kingwood commode, early Louis XV
Attributed to the Maître aux Pagodes
kingwood, gilt-bronze, "brèche d'Alep" marble
Haut. 81 cm, larg. 141 cm, prof. 63 cm
with foliates and leaves on treillis, the front part with three drawers, raised on cabriole legs headed by heads of triton ended by fish tails ; with a brèche d'Alep marble top
Image : Sotheby's
Catalogue Note
Many cabinetmakers from the French Regency, such as Noël Gérard, Etienne Doirat, and François Lieutaud, have been the subject of research in recent years, allowing us to better understand the production during this period. However, a homogeneous corpus of high-quality furniture remains anonymous.
Alexander Pradere deserves the credit for the attribution to these pieces of furniture to a cabinetmaker whom he nicknames "the Master of Pagodas" due to certain recurring Chinoiserie motifs in his bronzes. Our commode is part of this ensemble ascribed to him, realized in the years 1730-1745, and is illustrated several times in his article on the cabinetmaker in the French decorative arts magazine, L'Estampille L'Objet d'Art.
The important bronzes outlining the swags on the feet are directly related to the principles initiated by André-Charles Boulle and reworked by Charles Cressent, which could allow a rapprochement with Boulle's sons. However, this hypothesis cannot be substantiated due to the lack of information concerning the workshops of André-Charles II alias Boulle de Sève and his brothers.
In the case of our commode, the bearded triton heads emerging from the shells and terminated by two intertwined fish tails are also found on several writing desks (including the former Earl of Normanton's collection, Christie's, London, 1 July 1986, lot 75, then Galerie Maurice Segoura, Paris), another commode but with three rows of drawers (auction Ader, Paris, 19 June 1964, lot 194, then auction Laurin, Paris, 7 December 1976 Galerie Fabre, Paris), and the gaine pedestal from the Residence of Munich.
The crossbow-designed pull handles with jagged leaves are, in all respects, similar to those of the aforementioned three-row commode, also another sold at the Palais Galliera, Paris, on 15 June 1971, lot 105, from the Rothschild Collection (Sotheby's, London, 24 November 1972, lot 35, then Sotheby's, London, 21 July 1977, lot 88) and one from the collection of the Wilhelmstal Palace in Kassel.
* Source et infos complémentaires : Sotheby's
Ainsi que cet extrait d'un article publié dans la Gazette Drouot, à l'occasion d'une nouvelle vente aux enchères de cette même commode, deux années plus tard
Image : Thierry de Maigret - Vente du 21 juin 2019
Un ébéniste mystérieux
Publié le 13 juin 2019, par Claire Papon et Anne Foster
Ainsi baptisé par Alexandre Pradère, le «Maître aux pagodes» a été actif sous la Régence. Des noms ont été cités pour l’identifier, sans convaincre. Cette commode fait partie du corpus de meubles qui lui sont attribués.
(...) cette commode «à la Régence».
Moins massive que celle dite tombeau, elle annonce déjà, avec ses deux rangs de tiroirs, le style Louis XV, étant cependant moins galbée en façade et sur les côtés. Ce meuble, remarquable par sa composition équilibrée, sa marqueterie en bois de violette, présente en outre un décor original en bronze ciselé et doré. Relativement proche de certaines réalisations d’Étienne Doirat, d’un des fils Boulle, André-Charles II dit Boulle de Sève (Sèvres), ou de Charles Cressent, plusieurs éléments de son ornementation de bronze se retrouvent sur d’autres créations inscrites par Alexandre Pradère dans le corpus d’un ébéniste parisien actif au début du règne de Louis XV, précisément vers 1730-1745, qu’il nomme «le Maître aux pagodes» en référence à son attrait pour les chinoiseries.
Cette attribution prend en compte les bronzes, notamment les poignées de tirage en arbalète à décor de cartouches feuillagés, coquilles et crosses stylisées, que l’on retrouve à l’identique sur une commode conservée au château de Wilhelmsthal, à Cassel. Dans son ouvrage Les Ébénistes français de Louis XIV à la Révolution (Tours, 1989), Alexandre Pradère indique qu’il était fournisseur de la cour de Saxe.
Illustrant son article consacré au Maître aux pagodes, en 1992 dans L’Estampille/L’Objet d’art, une gaine conservée au palais de la Résidence, à Munich, présente un masque de triton sur les chutes et des pieds antérieurs se terminant en dauphin, des ornementations communes à cette commode. Autant de signatures de cet ébéniste mystérieux, mais très recherché des collectionneurs.
* Source et article dans son intégralité à lire ici : Gazette Drouot - Un ébéniste mystérieux
C'est ce qui est expliqué, à suivre, dans la description d'une commode vendue aux enchères en 2017 :
A gilt-bronze mounted kingwood commode, early Louis XV
Attributed to the Maître aux Pagodes
kingwood, gilt-bronze, "brèche d'Alep" marble
Haut. 81 cm, larg. 141 cm, prof. 63 cm
with foliates and leaves on treillis, the front part with three drawers, raised on cabriole legs headed by heads of triton ended by fish tails ; with a brèche d'Alep marble top
Image : Sotheby's
Catalogue Note
Many cabinetmakers from the French Regency, such as Noël Gérard, Etienne Doirat, and François Lieutaud, have been the subject of research in recent years, allowing us to better understand the production during this period. However, a homogeneous corpus of high-quality furniture remains anonymous.
Alexander Pradere deserves the credit for the attribution to these pieces of furniture to a cabinetmaker whom he nicknames "the Master of Pagodas" due to certain recurring Chinoiserie motifs in his bronzes. Our commode is part of this ensemble ascribed to him, realized in the years 1730-1745, and is illustrated several times in his article on the cabinetmaker in the French decorative arts magazine, L'Estampille L'Objet d'Art.
The important bronzes outlining the swags on the feet are directly related to the principles initiated by André-Charles Boulle and reworked by Charles Cressent, which could allow a rapprochement with Boulle's sons. However, this hypothesis cannot be substantiated due to the lack of information concerning the workshops of André-Charles II alias Boulle de Sève and his brothers.
In the case of our commode, the bearded triton heads emerging from the shells and terminated by two intertwined fish tails are also found on several writing desks (including the former Earl of Normanton's collection, Christie's, London, 1 July 1986, lot 75, then Galerie Maurice Segoura, Paris), another commode but with three rows of drawers (auction Ader, Paris, 19 June 1964, lot 194, then auction Laurin, Paris, 7 December 1976 Galerie Fabre, Paris), and the gaine pedestal from the Residence of Munich.
The crossbow-designed pull handles with jagged leaves are, in all respects, similar to those of the aforementioned three-row commode, also another sold at the Palais Galliera, Paris, on 15 June 1971, lot 105, from the Rothschild Collection (Sotheby's, London, 24 November 1972, lot 35, then Sotheby's, London, 21 July 1977, lot 88) and one from the collection of the Wilhelmstal Palace in Kassel.
* Source et infos complémentaires : Sotheby's
Ainsi que cet extrait d'un article publié dans la Gazette Drouot, à l'occasion d'une nouvelle vente aux enchères de cette même commode, deux années plus tard
Image : Thierry de Maigret - Vente du 21 juin 2019
- Spoiler:
Un ébéniste mystérieux
Publié le 13 juin 2019, par Claire Papon et Anne Foster
Ainsi baptisé par Alexandre Pradère, le «Maître aux pagodes» a été actif sous la Régence. Des noms ont été cités pour l’identifier, sans convaincre. Cette commode fait partie du corpus de meubles qui lui sont attribués.
(...) cette commode «à la Régence».
Moins massive que celle dite tombeau, elle annonce déjà, avec ses deux rangs de tiroirs, le style Louis XV, étant cependant moins galbée en façade et sur les côtés. Ce meuble, remarquable par sa composition équilibrée, sa marqueterie en bois de violette, présente en outre un décor original en bronze ciselé et doré. Relativement proche de certaines réalisations d’Étienne Doirat, d’un des fils Boulle, André-Charles II dit Boulle de Sève (Sèvres), ou de Charles Cressent, plusieurs éléments de son ornementation de bronze se retrouvent sur d’autres créations inscrites par Alexandre Pradère dans le corpus d’un ébéniste parisien actif au début du règne de Louis XV, précisément vers 1730-1745, qu’il nomme «le Maître aux pagodes» en référence à son attrait pour les chinoiseries.
Cette attribution prend en compte les bronzes, notamment les poignées de tirage en arbalète à décor de cartouches feuillagés, coquilles et crosses stylisées, que l’on retrouve à l’identique sur une commode conservée au château de Wilhelmsthal, à Cassel. Dans son ouvrage Les Ébénistes français de Louis XIV à la Révolution (Tours, 1989), Alexandre Pradère indique qu’il était fournisseur de la cour de Saxe.
Illustrant son article consacré au Maître aux pagodes, en 1992 dans L’Estampille/L’Objet d’art, une gaine conservée au palais de la Résidence, à Munich, présente un masque de triton sur les chutes et des pieds antérieurs se terminant en dauphin, des ornementations communes à cette commode. Autant de signatures de cet ébéniste mystérieux, mais très recherché des collectionneurs.
* Source et article dans son intégralité à lire ici : Gazette Drouot - Un ébéniste mystérieux
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Chinoiseries : les meubles du " Maître aux pagodes ".
Article / La Gazette Drouot a écrit:
Cette attribution prend en compte les bronzes, notamment les poignées de tirage en arbalète à décor de cartouches feuillagés, coquilles et crosses stylisées, que l’on retrouve à l’identique sur une commode conservée au château de Wilhelmsthal, à Cassel. Dans son ouvrage Les Ébénistes français de Louis XIV à la Révolution (Tours, 1989), Alexandre Pradère indique qu’il était fournisseur de la cour de Saxe.
Je ne suis pas parvenu à retrouver cette commode sur le site internet (bordélique et pauvre en images) de ce château.
C'est ici, si le coeur vous en dit : Museum Kassel - Wilhelmsthal palace
Peut-être s'agit-il de cette commode ?Plus que le style des poignées (que l'on distingue assez mal) les décors en bronze des chutes d'angle, en forme de dragon aux ailes déployées, sont le signe d'un goût pour les " chinoiseries ".
Ansichtskarte Kassel Cassel Schloss Wilhelmsthal
Image : Ebay
Source : Kultur in Hessen
Image : Mole on Tour
En revanche, nous retrouvons les têtes de triton barbu émergeant de coquilles et terminées par des queues de poisson entrelacées sur cette autre commode, vendue aux enchères en 2017 :
Image : Marc-Arthur Kohn, Paris
Source : Kohn Paris - Vente du 11 décembre 2017
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
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