Le château de Saint-Cloud

Formidable travail, oui, de Monsieur Hardouin et de De Brosses (son tour d'Italie) bien du XVIIIe siècle. Lui n'était pas de marbre, en tout cas.

Ces réflexions sur les marbres sont très originales. Je me rends à Rome bientôt, et j'aurai ce texte en tête en parcourant les églises décorées des marbres antiques!
Cher Corrèze, vous avez raison pour la colonne, il s'agit bien d'un marbre vert campan rubanné, du même type que celui des colonnes de la façade sur la cour d'honneur du Grand Trianon. D'ailleurs, ce sont ces colonnes qui ont servi pour reconstituer l'aspect de celles du salon de Mars à Saint Cloud!
Ce marbre semble répondre aux deux teintes majeures qui dominent dans le salon, le marbre de Rance des pilastres et le fond vert campan des murs.

De toutes façons De Brosses était un original, un râleur, aussi, un écrivain un peu fat, avec des expressions vraiment heureuses : La Provence ? "Une gueuse parfumée".
Je suis allée à Trianon et j'ai mieux vu les marbres, les mots changent le regard.
Une touriste faisait glisser son index sur le marbre rose des pilastres (terne, fendillé) peut-être poli et brillant à l'origine.
Je regrette d'avoir sauté les phrases admIratives sur les Romains bâtisseurs, pour vous.

Oui en effet il faut imaginer les marbres extérieurs du Grand Trianon , mais aussi de certaines fontaines , très colorés et brillants , éclat qu'ils n'ont plus de nos jours.

Je propulse ces tableaux charmants de Saint-Cloud dans le sujet idoine .
Merci, Notre Grâce !

Duc d'Ostrogothie a écrit:

ces aquarelles du château de Saint-Cloud (façade sud-ouest et bassin des carpes) par Meunier (1788) :

L'achat du château de Saint-Cloud faisait l'objet de l'une de nos dernières énigmes .  

La propriété appartenait au duc d'Orléans; on envisagea d'abord de l'échanger contre Choisy, la Muette et une forêt : finalement un contrat en argent prévalut.  Le Trésor était invité à verser six millions.  Moreau prétend que Loménie de Brienne aurait été à l'origine de l'affaire. Il écrit : " L'archevêque s'en servit pour brouiller Breteuil avec la reine et pour perdre également cet étourdi de Calonne que l'on affecta de consulter sur les clauses du contrat. "
Calonne semble avoir résisté autant qu'il lui fut possible, Marie-Antoinette le prit de haut : " Si je n'ai pas Saint-Cloud, aurait-elle fait savoir au ministre ( que cette menace dut laisser pantelant ) , je vous défends de paraître devant moi, et surtout de vous trouver chez Mme de Polignac quand j'y serai . "

( Robert Lacour-Gayet :   Calonne )

J'ai dû mettre un peu entre parenthèse la réalisation de Saint Cloud pendant quelques temps. J'ai repris avec la réalisation des murs de l'appartement de l'aile de l'Orangerie, appartement des Enfants de France et de leur gouvernante sous Louis XVI, puis appartement des souverains de Napoléon 1er à Charles X, appartement du duc et de la duchesse d'Orléans sous Louis Philippe et enfin appartement des invités sous le Second Empire, après avoir été appartement de la Grande duchesse de Bade jusqu'en 1855.
Le cabinet de travail de l'un de ces deux appartements était tendu de soie grise, avec plusieurs portraits du XVIII e : une version en tapisserie du célèbre portrait de Marie Antoinette et ses enfants, un portrait de Mme Adélaïde par Nattier et un portrait de la princesse de Lamballe. Si j'ai pu facilement trouver les deux premiers, en revanche le 3e me pose problème : en effet, une photographie de ce salon montre dans le reflet du miroir de la cheminée un portrait en pied de ce que Mme Austin Montenay indique comme étant le portrait de Mme de Lamballe, mais je n'ai pas trouvé de portrait en pied qui corresponde à la silhouette de ce portrait.
L'un de nos membres aurait-il une idée? Merci d'avance de votre aide!  

La reconstitution en cours du salon ; l'ameublement comprenait notamment une réédition du bureau de Benneman et deux meubles-bibliothèque provenant du cabinet de travail de Napoléon 1er aux Tuileries.



Le portrait de la princesse de Lamballe dans le reflet du miroir

Merci cher Hardouin d’avoir repris votre travail sur St Cloud.
Concernant le portrait de Mme de Lamballe, en pied, et apparemment vêtue à la mode des années 80, avec, peut-être un pouf (ou un chapeau) à plumes sur la tête, je n’ai pas trouvé d’équivalent dans ce que nous ont postés nos amis...
En revanche, je me suis permis d’agrandir, d’inverser et de contraster la photo du miroir dans lequel se reflète le tableau. Cela peut peut-être aider à la recherche...

hardouin a écrit: Si j'ai pu facilement trouver les deux premiers, en revanche le 3e me pose problème : en effet, une photographie de ce salon montre dans le reflet du miroir de la cheminée un portrait en pied de ce que Mme Austin Montenay indique comme étant le portrait de Mme de Lamballe, mais je n'ai pas trouvé de portrait en pied qui corresponde à la silhouette de ce portrait.
L'un de nos membres aurait-il une idée? Merci d'avance de votre aide !  

Ah ! Voici une enquête intéressante !!

Cette ombre de portrait me dit vaguement quelque chose, mais cependant rien pour ce qui concernerait la princesse de Lamballe.

Est-on sûr de cette attribution ?

Ce qui m'étonne, c'est que ce grand portrait semble tout de même assez "spectaculaire", et de ne pas même connaître une pauvre gravure du temps, qui s'en inspirerait, me paraît surprenant.

J’ai trouvé ça (faute de mieux...) :

Quel joli mystère que ce portrait-fantôme !
Qu'en pense notre comte d'Hézècques ?

Oui, chère Eléonore, cher LNLN, encore une enquête à résoudre...
Nul doute que nos amis auront des idées...

Il y a une surprenante et proéminente plume d'autruche.

Oui ! La coiffe semble assez spectaculaire...

Attention : cela peut être un artefact, ou bien un élément du paysage à l’arriere...
Ce n’est pas très clair, et la Dame n’est pas encore prête à nous livrer tous ses secrets ...

Vicq d Azir a écrit:

Spoiler:

Merci à Jeff de CDV

Merci à vous, Jeff qui nous lisez, et merci C.D.V. !!!

Ah ! super et bravo !!

Il s'agissait donc du très beau portrait de Frédérique-Louise-Wilhelmine, Princesse d’Orange-Nassau, peinte par Johann-Friedrich-August Tischbein.

Merci Gouv' et merci à Jeff de CDV.

Alors ça !!!
Bravo aux fins limiers que vous êtes !
Je n’en reviens pas !
On peut présenter la Dame en direct :

Ah bravo !    Eléonore a posté une photo de ce portrait dans notre sujet sur le musée des beaux-arts de Bordeaux : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3751p25-bordeaux-au-xviiieme-siecle?highlight=bordeaux

Ce tableau est d'une grande beauté. On ne sait pas grand chose sur les relations de Marie-Antoinette avec cette dame me semble-t-il...

Oui, un grand bravo et un grand merci!
Cette "erreur" d'attribution au XIXe est assez courante me semble-t-il.
Ce salon pourra donc retrouver une partie de son décor pictural!

J'ai poursuivi la progression dans l'appartement. Le centre de l'enfilade était occupé par un grand salon à trois fenêtres (les autres pièces de l'enfilade n'en n'ont que deux), successivement cabinet de l'empereur, cabinet du conseil et bibliothèque du roi sous Louis XVIII et Charles X, grand salon de réception du duc d'Orléans sous Louis Philippe et salon de famille (ou salon blanc) sous Napoléon III.

J'ai pu reconstituer Le décor en utilisant de nombreuses photographies. Il était entièrement neuf en 1855, constituant un décor Louis XVI avec parquet marqueté (ici reconstitué à partir du dessin fourni par la conservation, qui indique la trame du décor et les essences utilisées : amarante, pallissandre, chêne et teck), baguettes dorées avec dessus de portes à vases et guirlandes et entablement à rinceaux. De grands panneaux peints encadraient les miroirs.


En combinant plusieurs photos, voici ce que donnaient ces panneaux peints dans le style de Boucher... Je pense les avoir vu en couleur, mais impossible de me souvenir où. Fontainebleau? Versailles? Il est en effet possible que ces panneaux soient une copie car il était question dans un premier temps pour ce salon de réaliser des copies de tableaux d'Audran. Si l'un de nos membres avait une idée et une meilleure mémoire que la mienne...



Un panneau dans le même style, par Boucher


Ces panneaux semblent inspirés par les tapisseries dite "tentures de Boucher" dont des exemplaires sont conservés au Louvre.

Les Audran ont beaucoup travaillé pour les Gobelins. Et cela ressemble en effet à un sujet du genre des Amours des Dieux dont les tableaux centraux étaient de Boucher.
Par exemple :

De fait, cher Lucius, c'est ce que précise Mme Austin Montenay. Elle indique que ce salon a été créé en même temps que le salon Cruchet, en 1856. Les huit panneaux peints (par paire encadrant les miroirs et entre les fenêtres) ont été réalisés par Nolan et Rubé, les panneaux étant décrit comme "composés de guirlandes de fleurs, arabesques, médaillons de figures d'après Boucher".

En utilisant notamment des "extraits" de tapisseries comme celle que vous avez posté, j'ai réalisé un exemplaire du panneau peint sur la base de la photo. J'ai pu également réaliser "rapidement" une partie du mobilier, car les sièges réalisés par Cruchet en 1856, avec des cartons de Chabal- Dussurgey pour les garnitures en tapisserie de Beauvais, sont pour l'essentiel une copie du mobilier Vaudreuil (que j'ai déjà réalisé pour le salon de Mercure dans le même palais). Il a donc suffit de modifier le dossier du siège. L'ensemble comprend un canapé, six fauteuils, douze chaises et deux causeuses. Ces sièges ont été "sauvés" et se sont trouvés longtemps à l'Elysée, et ont même figuré à Versailles au moment de la visite du Tsar Nicolas II en 1896. L'écran, conservé au MN, est à son emplacement d'origine. De même les appliques sont du même modèle que celles qui figuraient dans le cabinet du roi à Versailles... Bref, du Louis XVI-impératrice!



L'originalité de ce salon, depuis Louis Philippe, est qu'il permet de se placer sur une enfilade qui donne un "coup d'oeil" à la fois sur la vue sur Paris et sur le parterre de l'Orangerie lorsque les portes de la bibliothèque sont ouvertes sur ce salon et sur  le salon de la Vérité, dont on voit la table de famille dans le fond. La reconstitution permet aussi de voir l'ensemble de ce mur, que les photographies ne montrent que partiellement.

Ferdinand de Bulgarie, affilié aux Orléans, fit venir dans son pays un fronton du château de St Cloud, après la destruction des ruines de celui-ci.
Voici le Roi photographié devant le monument, dans les années 1880 :



Quant au fronton de l’aile gauche du château ( l’aile des appartements du Roi et de la Reine ), il a été transporté dans le parc de Jeurre, près d’Etampes, où l’on peut toujours l’admirer. Vous remarquerez qu’il est le pendant du précédent : est-ce le même ( peu probable...), ou le « bulgare » était-il celui de l’aile droite ?
Il existait, à ma connaissance deux autres frontons sur le palais : celui du bâtiment central (et son horloge), côté cour, et un autre sur l’aile du fer à cheval. J’ignore s’ils ont été récupérés eux aussi après la destruction, et, si c’est le cas, où sont-ils aujourd’hui ?
Le fronton de l’aile gauche :

D'après des sources très bien informées, voici la "répartition" des frontons subsistants :
-le fronton de l'extrémité de l'aile nord (celle à droite de la cour d'honneur) est celui d'Euxinograd
-le fronton de l'extrémité de l'aile sud est celui de Jeurre

Existent encore, le fronton du centre de l'aile nord, au château "Nagelmackers" de Villepreux et celui de l'avant corps du fer à cheval, aujourd'hui à l'entrée du domaine royal de Dreux.

Le fronton de Dreux :


Photographie ancienne du château de Villepreux avec le fronton de Saint Cloud :


Une autre vue, détail d'une carte postale :