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le comte de Sade et Mademoiselle de Charolais

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Message par charenton Jeu 15 Déc 2022, 23:58

Il n'y a que quelques degrès entre un vaurien et un militaire ou un voyou et un commercial ...
Disons que chez les Sade, il y a un coté vaurien de père en fils ... façon Condé.
Le comte de Sade est de la génération du maréchal de Richelieu. Il a été avec lui à la Conquête de MInorque en 1756. Particulièrement, il a été chargé de l'attaque d'une de redoutes du Fort de Saint-Philipe.
Par ailleurs, il avait mangé plusieurs années de ses revenus à venir, ce dont souffrira le marquis, son fils.

Voilà un beau document de 1758.

[Louise-Anne de BOURBON-CONDE] & Donatien Alphonse François, Marquis de SADE & Jean-Baptiste-François-Joseph, comte de SADE

Testament

Paris dimanche 2 avril 1758, 13,4x19,2cm et 11,7x17,8cm, 2 feuillets.


Testament de Louise-Anne de Bourbon-Condé dite Mademoiselle de Charolais, recopié de la main de Jean-Baptiste-François-Joseph, comte de Sade (et père du Marquis), dans lequel cette dernière fait de son neveu, Louis-François Joseph de Bourbon, prince de Conti, son légataire universel. Une seconde partie concerne les legs aux gens de livrée, aux femmes et va­lets de chambre, à la femme de garde-robe, etc.
Note de bas de page de la main du Marquis de Sade : « dite Mademoiselle de Charolais ».
On y joint un billet de notes, rédigé de la main de Sade, en vue de la publication de la correspon­dance de son père.
Ce testament a été rédigé cinq jours avant la mort de Mademoiselle de Charolais, dont le décès survint le vendredi 7 avril 1758 à la suite de trois mois de mala­die. La seconde partie du testament est datée du di­manche 2 avril 1758, sur la première est mentionnée la date du dimanche 12 avril 1758 : il s’agit bien sûr d’une date fautive. La totalité de cette copie a été rédigée de la main du Comte de Sade qui vécut avec Mademoiselle de Charolais à son château d’Athis-Mons à partir de 1750 jusqu’à la mort de cette dernière.

Le jeune Comte de Sade, envoyé par son père à Paris aux alentours de 1720, eut pour protecteur Louis-Hen­ri de Bourbon, Prince de Condé, dit Monsieur le Duc. Dès son arrivée, le jeune homme apprécie la vie de cour et « Chose rare, il plaît aux femmes sans se faire haïr des hommes : d’où le nombre de ses amis, au moins aussi élevé que celui de ses maîtresses. [...] M. de Sade ne se contente pas de conquêtes faciles ; les bourgeoises l’indiffèrent. Celles qu’il recherche – et conquiert le plus souvent – sont des femmes de cour, non seulement pourvues d’esprit et de beauté, mais parées encore d’un nom illustre, de crédit, d’influence ou de fortune, capables en un mot de servir ses intérêts et de le mettre bien en cour. » (Lever, Sade).

Parmi son tableau de chasse figure Mademoiselle de Charolais, de sept ans son aînée, soeur de son pro­tecteur et alors maîtresse royale. Peu désireuse de se marier, elle préférera toute sa vie conserver le célibat et multipliera les aventures et les amants prestigieux. Elle fut notamment la favorite du Duc de Richelieu, mais aussi de Louis XV pour lequel elle recrutait de nombreuses maîtresses, écopant ainsi du sobriquet de « maquerelle royale ». La rencontre charnelle entre Ma­demoiselle de Charolais et le Comte de Sade eut lieu le 24 novembre 1725 alors que ce dernier était contraint de garder le lit à cause d’une entorse. Une lettre de Louise-Anne atteste de cette aventure naissante : « Le 24 novembre est le plus beau jour de ma vie si je suis ren­trée en possession de mon royaume et de ma souveraineté, par les droits du lit où je vous ai prêté serment de fidélité. Je compte y avoir reçu le vôtre et je vis maintenant pour le plus joli roi du monde. » (Papiers de famille, p.20). La pas­sion n’est pourtant pas réciproque et le volage Comte de Sade fait bientôt la rencontre de la Duchesse de la Trémoïlle. S’éloignant ainsi de Mademoiselle de Charo­lais, il lui écrit en guise de rupture : « J’ai regardé, Ma­dame, les avances que vous m’avez faites, comme des aga­cements de votre esprit et point de votre coeur. Je n’avais point l’honneur de vous connaître, je ne vous devais rien, une entorse m’obligeait de garder ma chambre, j’y étais dé­soeuvré, vos lettres étaient jolies, elles m’amusaient, je me suis flatté s’il était vrai que j’eus fait votre conquête, que vous me guérissiez d’une passion malheureuse qui m’oc­cupe uniquement. » (op. cit. p.23).

En 1752, le Comte de Sade est ruiné par son train de vie, il a envoyé le jeune Donatien au collège Louis-le-Grand et loge chez sa bonne amie Mademoiselle de Charolais au château d’Athis-Mons : « Je me suis retiré chez Mademoiselle, quoiqu’il soit cruel à mon âge de dé­pendre de quelqu’un, pour diminuer ma dépense. » (Lettre du Comte de Sade à son oncle le prévôt de L’Isle-sur-Sorgue, 11 novembres 1752).

Il demeurera chez son amie, l’accompagnant dans ses nombreux déplacements à travers l’Europe, jusqu’au décès de celle-ci.

La correspondance entre le Comte de Sade et Ma­demoiselle de Charolais perdura, comme en attestent les lettres consignées par le Marquis de Sade qui, avec une grande piété, joua un rôle important de conserva­teur dans le but de publier un jour les oeuvres pater­nelles. Ce testament de la main du Comte de Sade a été conservé dans cet esprit. Le Marquis, admiratif de l’histoire de son père, conservera toute sa vie le por­trait en habit de cordelier que Mademoiselle de Charo­lais avait offert au Comte de Sade et l’accrochera dans sa chambre à Charenton.

Rare témoignage de la grande amitié du Comte de Sade et de Mademoiselle de Charolais, précieusement conservé par le Marquis de Sade.

Provenance : archives de la famille.

https://www.edition-originale.com/fr/lettres-autographes-manuscrits/manuscrits-historiques/bourbon-conde-testament-1758-59468?id_recherche=639b9975629a6
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Message par Dominique Poulin Ven 16 Déc 2022, 03:50

Le comte et le marquis de Sade dépendaient étroitement de la maison de Condé car ils étaient pourvus de charges commensales. Certains auteurs les ont même présentés comme des créatures des princes de Condé. Mademoiselle de Charolais était une princesse de cette maison. Il n'existe guère qu'une biographie de Jacques Levron sur cette dame pour en savoir plus. Il ne serait pas étonnant de constater que son existence fut uniquement vouée au plaisir et au vice. Son frère, le comte de Charolais était bien pire encore, un psychopathe criminel qui ne méritait pas son titre de prince du sang . Lui même et le divin marquis sont de la même espèce.
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