Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
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Calonne
Mme de Sabran
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Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
Le résumé de Tallandier :
Comment vit-on en France à la veille de la Révolution ? Arthur Young, avec son célèbre Journal de voyages, offre au lecteur une peinture saisissante de l’état économique, social et politique du pays à la fin de l’Ancien Régime.
Au cours de sa traversée à cheval du royaume, entre 1787 et 1789, le voyageur anglais fréquente tous les milieux, des auberges à la cour de Versailles en passant par les théâtres. Sa description riche et complète du mode de vie des habitants, évoqué notamment grâce à l’agronomie, la gastronomie ou encore l’état du réseau routier, accompagne parfaitement son propos. Observateur avisé, doté d’une plume aisée, il analyse surtout de façon remarquable les mœurs qui régissent la société et l’état d’esprit des Français avant les événements de 1789.
26 mai - J'avais passé si peu de temps en France que tout y était nouveau pour moi. Tant que nous ne sommes pas accoutumés aux voyages, nous avons un penchant à tout dévorer des yeux, à tout admirer, à chercher du nouveau même là où il est ridicule d'en attendre. J'ai été assez niais pour espérer trouver des merveilles jusque ici inconnues de moi, comme si une rue de Paris se pouvait composer d'autres choses que de maisons, et les maisons d'autres choses que de briques ou de pierres, comme si les habitants, parce qu'ils ne sont pas Anglais, devaient marcher sur la tête. Je me déférai de cette naïveté aussi vite que possible, et je porterai mon attention sur le caractère et les dispositions de la nation. Cela conduit tout naturellement à saisir les petits détails qui, parfois, les dévoilent le mieux: tâche difficile, et sujette à beaucoup d'erreurs.
Un journal qui se grappille dans le désordre, au gré du hasard ou parce que la table des matières pointe un chapitre qui répond à une humeur ou curiosité particulière... J'en posterai à droite et à gauche des informations et anecdotes.
Ici, nous suivions hier Arthur Young à Chantilly :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t4164p125-domaine-et-chateau-de-chantilly#184620
Là, il nous donne ses impressions très critiques sur Versailles :
Le palais de Versailles, dont, d'après ce que l'on m'avait dit, j'attendais merveilles, n'est pas du tout frappant je le vis sans émotion; l'impression qu'il fait est nulle. Qu'est-ce qui peut compenser le défaut d'unité ? De quelque côté qu'on le regarde, il apparaît comme un assemblage de bâtiments c'est un splendide quartier de ville, mais non un bel édifice reproche dont la façade sur le jardin n'est pas exempte, bien qu'elle soit de beaucoup la plus belle. La grande galerie est la plus belle chambre que j'ai vue les autres appartements ne sont rien, mais les peintures et les statues sont bien connues pour être une collection de premier ordre.
Nous circulions à travers une masse énorme de personnes, venues pour voir la procession, beaucoup d'entre elles assez mal habillées, ce qui laisse voir qu'on laissait entrer tout le monde. Mais les officiers, à la porte de l'appartement où dînait le Roi, faisaient un choix, ne permettant pas à tous d'entrer indistinctement.
Il est ébloui par Marie-Antoinette :
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
Le témoignage de cet homme est une mine d'informations, recueillies au plus près des habitants.
Il arrive pour la première fois en France le 15 mai 1787 pour un voyage qui durera cinq mois, après une traversée de 14 heures suite à un fort roulis. Voyageant à cheval, sur sa jument, il effectue environ 30 kilomètres par jour.
"La France est loin d'être malheureuse", tel est son jugement. S'il trouve la Beauce "plate et peu plaisante", il admire Bayonne "de beaucoup la plus jolie ville que j'ai jamais vue en France" avec "des femmes propres et jolies, les plus belles qui se puissent voir", il s'extasie devant Bordeaux, quitte à déplorer que les négociants "jouent trop gros jeu et entretiennent des danseuses et filles de théâtre à des prix qui ne sont pas bons pour leur crédit"... Montpellier lui fait une grande impression aussi avec "ses admirables chaussées et ses villas bien construites et confortables", de même que Nîmes.
"Nulle part de grande misère" selon lui. A Aire, à l'auberge de la Croix Blanche, pour 40 sous, on lui sert une soupe, des anguilles, du pain blanc, des pois verts, un pigeon, un poulet, des côtelettes de veau, des biscuits, des fruits, une bouteille de vin, un verre de liqueur et de l'avoine pour sa monture. Les auberges françaises lui paraissent d'ailleurs supérieures aux anglaises, servant de meilleurs mets et vins et offrant de meilleurs lits. Il regrette cependant qu'il faille "brailler après la fille" en l'absence de sonnette et déplore trop de souris, toiles d'araignée, des portes qui grincent et des toilettes "abominables". En Picardie, il s'étonne de découvrir des paysannes labourant alors qu'en Angleterre "elles ne font rien dans les champs sinon parties de plaisir ou de maraude"...
Quant à Versailles, il s'étonne de ne pouvoir visiter l'appartement de la reine.
- Sa Majesté y est-elle ?
- Non.
- Pourquoi ne pas le visiter alors, comme celui du roi ?
- Ma foi Monsieur, c'est autre chose...
Il arrive pour la première fois en France le 15 mai 1787 pour un voyage qui durera cinq mois, après une traversée de 14 heures suite à un fort roulis. Voyageant à cheval, sur sa jument, il effectue environ 30 kilomètres par jour.
"La France est loin d'être malheureuse", tel est son jugement. S'il trouve la Beauce "plate et peu plaisante", il admire Bayonne "de beaucoup la plus jolie ville que j'ai jamais vue en France" avec "des femmes propres et jolies, les plus belles qui se puissent voir", il s'extasie devant Bordeaux, quitte à déplorer que les négociants "jouent trop gros jeu et entretiennent des danseuses et filles de théâtre à des prix qui ne sont pas bons pour leur crédit"... Montpellier lui fait une grande impression aussi avec "ses admirables chaussées et ses villas bien construites et confortables", de même que Nîmes.
"Nulle part de grande misère" selon lui. A Aire, à l'auberge de la Croix Blanche, pour 40 sous, on lui sert une soupe, des anguilles, du pain blanc, des pois verts, un pigeon, un poulet, des côtelettes de veau, des biscuits, des fruits, une bouteille de vin, un verre de liqueur et de l'avoine pour sa monture. Les auberges françaises lui paraissent d'ailleurs supérieures aux anglaises, servant de meilleurs mets et vins et offrant de meilleurs lits. Il regrette cependant qu'il faille "brailler après la fille" en l'absence de sonnette et déplore trop de souris, toiles d'araignée, des portes qui grincent et des toilettes "abominables". En Picardie, il s'étonne de découvrir des paysannes labourant alors qu'en Angleterre "elles ne font rien dans les champs sinon parties de plaisir ou de maraude"...
Quant à Versailles, il s'étonne de ne pouvoir visiter l'appartement de la reine.
- Sa Majesté y est-elle ?
- Non.
- Pourquoi ne pas le visiter alors, comme celui du roi ?
- Ma foi Monsieur, c'est autre chose...
Calonne- Messages : 1123
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
Oui, n'est-ce pas ! Je me régale absolument .Calonne a écrit:Le témoignage de cet homme est une mine d'informations, recueillies au plus près des habitants.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
Calonne a écrit:
"La France est loin d'être malheureuse", tel est son jugement.
Mais il ajoute :
Il est impossible de justifier les excès du peuple quand il a pris les armes; il s'est certainement laissé entraîner à des cruautés, et il serait inutile de prétendre nier des faits trop clairement établis pour pouvoir être mis en doute. Mais est-ce vraiment au peuple qu'il faut tout imputer ? Ou bien à ses oppresseurs, qui l'ont si longtemps tenu dans l'esclavage ? Celui qui accepte d'être servi par des esclaves, et des esclaves mal traités, doit savoir qu'il place sa propriété et sa vie dans une toute autre position que celui qui préfère les services d'hommes libres et bien traités; celui qui festoie à la musique des gémissements de ses victimes ne doit pas se plaindre si, au moment de l'insurrection, ses filles lui sont ravies et mises à mort et ses fils égorgés. Quand des crimes de ce genre se produisent, on les doit imputer à la tyrannie du maître plus qu'à la cruauté du serviteur.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
Peut on acheter ce livre?
Mr ventier- Messages : 1133
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Age : 58
Localisation : Rouen normandie
Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
Mr ventier a écrit:Peut on acheter ce livre?
Bien entendu !
Mais vous pouvez aussi le lire sur Gallica :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1192719/f99.item.texteImage
Gallica ...
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
Calonne a écrit:Quant à Versailles, il s'étonne de ne pouvoir visiter l'appartement de la reine.
- Sa Majesté y est-elle ?
- Non.
- Pourquoi ne pas le visiter alors, comme celui du roi ?
- Ma foi Monsieur, c'est autre chose...
C'est que la Reine habitait réellement son Grand Appartement, elle, alors que celui du Roi n'était plus, depuis 1700, qu'une succession de salons inhabités destinés à accueillir la vie de Cour les soirs d'appartement. Le Grand Roi avait alors en effet déplacé son véritable appartement officiel au centre et au Nord du château autour de la Cour de Marbre .
On peut donc comprendre une certaine réticence de la Reine à faire visiter en son absence des lieux qu'elle occupait réellement au quotidien, elle qui tenait tant à son intimité. Il n'en reste pas moins que ce refus fait à un homme de cette importance est curieux.
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
Merci pour ces précisions !
Il est certain qu'en fermant ainsi sa porte, la reine rompait avec la tradition et la représentation monarchique voulue par Louis XIV, permettant aux gens de venir admirer la monarchie en son théâtre...
"Madame, nous ne sommes pas des particuliers, nous nous devons tout entier au public" (Louis XIV)
Il est certain qu'en fermant ainsi sa porte, la reine rompait avec la tradition et la représentation monarchique voulue par Louis XIV, permettant aux gens de venir admirer la monarchie en son théâtre...
"Madame, nous ne sommes pas des particuliers, nous nous devons tout entier au public" (Louis XIV)
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J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1123
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
Chere Eli,
dans une traduction, j'ai lu ce passage d'un journal dans lequel Arthur Young décrit la reine.
Il y écrit qu'elle est la plus belle femme qu'il ait vue aujourd'hui..
Cela signifie qu'il la considère comme la plus belle femme de sa cour..?
Mais je perçois bien que la personnalité de la reine l'a définitivement charmé..
Leos
Sa Majesté qui, par parenthèse, est la plus belle femme que j'aie vue aujourd'hui, reçut ces hommages de façons diverses. Elle souriait aux uns, parlait aux autres; certaines personnes semblaient avoir l'honneur d'être plus dans son intimité. Elle répondait froidement à ceux-ci, tenait ceux-là à distance. Elle se montra spectueuse et bienveillante pour le brave Suffren-
Voyages en France, pendant les années 1787, 1788, 1789
Přední strana obálky
Arthur Young
Guillaumin et cie, 1860 - google book
dans une traduction, j'ai lu ce passage d'un journal dans lequel Arthur Young décrit la reine.
Il y écrit qu'elle est la plus belle femme qu'il ait vue aujourd'hui..
Cela signifie qu'il la considère comme la plus belle femme de sa cour..?
Mais je perçois bien que la personnalité de la reine l'a définitivement charmé..
Leos
Sa Majesté qui, par parenthèse, est la plus belle femme que j'aie vue aujourd'hui, reçut ces hommages de façons diverses. Elle souriait aux uns, parlait aux autres; certaines personnes semblaient avoir l'honneur d'être plus dans son intimité. Elle répondait froidement à ceux-ci, tenait ceux-là à distance. Elle se montra spectueuse et bienveillante pour le brave Suffren-
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Leos- Messages : 794
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 54
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
Leos a écrit:
Il y écrit qu'elle est la plus belle femme qu'il ait vue aujourd'hui..
Cela signifie qu'il la considère comme la plus belle femme de sa cour..?
Mais je perçois bien que la personnalité de la reine l'a définitivement charmé..
... plus encore que la plus belle femme de sa Cour : la plus belle femme que lui, Arthur Young, ait vue ( signifie la plus belle qu'il ait jamais vue ).
Oui la personnalité de Marie-Antoinette, son comportement en public, sa manière de " distinguer " un peu, beaucoup, pas du tout, les gens qui se pressent autour de sa royale personne, il observe et analyse tout avec une grande acuité et nous restitue ses impressions avec un vrai talent journalistique. Tu as raison, mon cher Leos, comme tous les autres, il tombe sous le charme de la reine.
Les quelques lignes que tu nous cites sont extraites du récit que Young nous fait d'un dîner en public du couple royal. Marie-Antoinette ne fait même pas mine de picorer. Elle ne touche pas à son assiette. Etrangement ( nous sommes en 1787 ), elle cause avec le duc d'Orléans...
Après cette cérémonie, le roi et les chevaliers se dirigèrent en procession vers un petit appartement où le roi dîna ; ils saluèrent la reine en passant. Il parut y avoir plus d'aisance et de familiarité que d'apparat dans cette partie de la cérémonie ; Sa Majesté qui, par parenthèse, est la plus belle femme que j'aie vue aujourd'hui, reçut ces hommages de façons diverses. Elle souriait aux uns, parlait aux autres, certaines personnes semblaient avoir l'honneur d'être plus dans son intimité. Elle répondait froidement à ceux-ci, tenait ceux-là à distance. Elle se montra respectueuse et bienveillante pour le brave Suffren. Le dîner du roi en public a plus de singularité que de magnificence. La reine s'assit devant un couvert, mais ne mangea rien, elle causait avec le duc d'Orléans et le duc de Liancourt qui se tenait derrière sa chaise. C'eût été pour moi un très mauvais repas, et si j'étais souverain, je balayerais les trois quarts de ces formalités absurdes. Si les rois ne dînent pas comme leurs sujets, ils perdent beaucoup des plaisirs de la vie ; leur situation est assez faite pour leur en enlever la plus grande partie ; le reste, ils le perdent par les cérémonies vides de sens auxquelles ils se soumettent. La seule façon confortable et amusante de dîner serait d'avoir une table de dix à douze couverts, entourée de gens qui leur plairaient ; les voyageurs nous disent que telle était l'habitude du feu roi de Prusse.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
Je pense que la reine faisait la différence entre les habitudes de cour et ses sentiments. Elle l'avait déjà montrée avec Mme du Barry : comme le rappelle Simone Bertière et contrairement à ce que l'on croit souvent, elle ne l'ignorait pas totalement : "Dans la promiscuité d'une table de jeu, Marie-Antoinette lui parle sans dégoût ni humeur car ces propos utilitaires ne prêtent pas à conséquence. Il n'en va pas de même des mots aimables adressés publiquement". Je suppose qu'elle faisait pareil avec d'Orléans, quelques mots échangés en bout de table ne signifiaient rien, cela faisait partie des convenances.
Quant au repas en public, on sait qu'elle ne dépliait même pas sa serviette et n'ôtait même pas ses gants, se contentant d'assister au défilé des plats ou, plus rarement, de jeter des boulettes de mie de pain au roi... Ou, quand elle en avait vraiment assez, de faire accélérer le service. Elle mangeait ensuite chez elle, en privé.
Quant au repas en public, on sait qu'elle ne dépliait même pas sa serviette et n'ôtait même pas ses gants, se contentant d'assister au défilé des plats ou, plus rarement, de jeter des boulettes de mie de pain au roi... Ou, quand elle en avait vraiment assez, de faire accélérer le service. Elle mangeait ensuite chez elle, en privé.
Calonne- Messages : 1123
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
Cela me rappelle une certaine Scarlett O'Hara qui s'empiffre chez elle, avant d'aller picorer comme un moineau au pique-nique des Wilkes ...Calonne a écrit: Elle mangeait ensuite chez elle, en privé.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Gouverneur Morris- Messages : 11795
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Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
On s'amuse d'un rien.
Monsieur de la Pérouse- Messages : 504
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 d'Arthur Young
Calonne a écrit:
Quant à Versailles, il s'étonne de ne pouvoir visiter l'appartement de la reine.
- Sa Majesté y est-elle ?
- Non.
- Pourquoi ne pas le visiter alors, comme celui du roi ?
- Ma foi Monsieur, c'est autre chose...
- Ma foi Monsieur, c'est autre chose... En français dans le texte précise l'éditeur.
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Young est d'autant plus surpris qu'il vient de musarder à sa guise dans l'appartement de Louis XVI, croisant des individus étranges.
Ainsi le raconte-t-il :
Le 23 octobre 1787
De nouveau, à Versailles. Lors de ma visite à l'appartement du Roi, qu'il avait quitté depuis à peine un quart d'heure, avec toutes ces légères marques de désordre qui montraient qu'il y vivait, c'était un amusant spectacle de voir les têtes de voyous, qui se promenaient, sans être surveillés, dans le palais et même dans la chambre à coucher du Roi, des hommes dont les haillons montraient qu'ils se trouvaient au dernier degré de la pauvreté, et j'étais la seule personne à se demander avec étonnement comment diable ils pouvaient s'y trouver. Il est impossible de ne pas aimer ce sans-souci, ce laisser-aller, cette absence de toute suspicion. On aime le maître de la maison qui ne serait ni choqué, ni offensé de voir sa chambre ainsi occupée, s'il y retournait soudain car, si on pouvait redouter qu'il en fût autrement, on s'opposerait à cette intrusion. C'est certainement une manifestation de cette facilité d'humeur (good temper), qui m'apparaît si visible partout en France.
J'aurais désiré voir l'appartement de la Reine, mais on ne m'y autorisa pas. Sa Majesté y est-elle ? Non. Pourquoi ne pas le visiter alors comme celui du Roi ? Ma foi, Monsieur, c'est une autre chose .
Promenade à travers les jardins et le long du grand canal absolu étonnement des exagérations des écrivains et des voyageurs. Il y a de la magnificence dans le quartier de l'Orangerie , mais nulle part de beauté il y a quelques statues assez belles pour les désirer à l'abri. L'étendue et la largeur du canal n'ont rien pour étonner le regard, et il n'est pas en aussi bon état qu'un abreuvoir de ferme. La ménagerie est assez bien, mais n'a rien de grand. Que ceux qui désirent que les bâtiments et créations de Louis XIV continuent à leur faire l'impression que leur ont inspirée les écrits de Voltaire, aillent voir le canal du Languedoc, mais nullement Versailles.
Notre sujet sur le canal du Languedoc :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5924-le-canal-royal-du-languedoc-notre-canal-du-midi?highlight=CANAL
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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