Frances Burney (1752-1840)
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Frances Burney (1752-1840)
Frances Burney (1752-1840)
Frances, alias 'Fanny' Burney (1752-1840), femme de lettres britannique, par son frère.
Edward Francis Burney —
Frances, « Fanny », Burney, née le 13 juin 1752, est la troisième fille d’un musicologue et compositeur anglais, Charles Burney, et d’Esther Sleepe Burney, fille de réfugiés français. Son père est souvent considéré, avec John Hawkins et Johann Nikolaus Forkel, comme l'un des pères de la musicologie moderne.
Alors que ses sœurs ont eu la chance d’être éduquées dans des écoles parisiennes, Frances Burney a appris seule à lire et à écrire à l’âge de dix ans dans la bibliothèque familial. À ses quatorze ans, elle commence la rédaction d’un journal, qu’elle tiendra tout au long de sa vie, mais aussi l’écriture d’un roman The History of Caroline Evelyn.
Entre temps, sa mère étant décédée, son père s’est remarié avec une femme qui n’apprécie guère que des jeunes filles de la bourgeoisie mettent en péril la bienséance et la réserve féminine en écrivant. Honteuse, Frances Burney brûle le manuscrit de son premier roman le jour de ses quinze ans: l’histoire de la mère d’Evelina restera un mystère.
Finalement, ce besoin d’écrire ne la quittant pas, elle suit les conseils d’un ami de son père, Mr. Crisp, et Evelyna est publié anonymement en 1778 par Thomas Lowndes.
Ce premier roman est un succès, cela l’encourage à poursuivre sa carrière littéraire. En 1779, elle rédige sa première comédie The Witlings, dont l’un des personnages ressemble étrangement à Elizabeth Montagu, membre influente de la Blue Stockings Society.
Cette pièce de théâtre, condamnée par son entourage qui craint pour sa réputation, ne sera ni publiée ni jouée (du moins pas jusqu’en 1995). En 1782, elle publie Cecilia, or Memoirs of an Heiress, les éditeurs sont Thomas Payne et Thomas Cadell.
En 1786, Frances Burney accepte le poste de dame de compagnie que lui propose la reine Charlotte, épouse de George III. Elle l'occupera jusqu'en 1791.
Elle acquiert ainsi un statut social ainsi qu’un salaire de £100 par an. Pour une femme de la gentry et pour sa famille, le statut de dame de compagnie est bien plus appréciable et utile que celui d’écrivaine. Ces cinq années d’isolement, durant lesquelles elle n’a que très peu de temps à consacrer à l’écriture, sont dures à vivre. Cependant, elle continue la rédaction de son journal dans lequel elle relate sa vie à la cour ainsi que les évènements importants qui s’y produisent comme le procès de Warren Hastings. De plus, elle commence la rédaction de son troisième roman Camilla or A Picture of Youth, qu’elle publie en 1796.
Elle quitte la Cour en 1791, épuisée et malade. Ses relations avec la famille royale ne s’arrêtent pas pour autant : elle entretiendra une correspondance avec les princesses jusqu’à sa mort.
En 1791, Frances Burney s’installe chez sa sœur Susanna, mariée à Molesworth Phillips et vivant dans le Surrey, non loin de Juniper Hall. Ce manoir abrite de nombreux émigrés français qui, étant en faveur d’une monarchie constitutionnelle, ont fui la France révolutionnaire.
La locataire de Juniper Hall n’est autre que Germaine de Staël.
Charles Burney déconseille cette fréquentation à sa fille, à cause des mœurs légères de la baronne. Cette dernière est entourée du comte Louis de Narbonne (son amant), de Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, du vicomte de Montmorency-Laval, le comte Lally-Tollendal, le comte de Jaucourt, la princesse d’Hénin-Liétard, la comtesse de Châtre ou encore ... le général Alexandre d'Arblay !
Frances Burney s'éprend d'Alexandre d'Arblay, malgré le désaccord de son père qui lui reproche son catholicisme, sa pauvreté et son statut d’émigré. Pour la première fois, Frances Burney ne respecte pas l’avis de Charles Burney et se marie avec Alexandre Jean-Batiste Piochard d'Arblay le 28 juillet 1793. Elle a 41 ans. En 1794, elle donne naissance à leur fils, Alex.
Le mari de Frances Burney l’a toujours encouragée à écrire, il apprécie d’ailleurs grandement les ouvrages de sa femme.
En France, Napoléon Bonaparte
est au pouvoir depuis 1799 et « la loi du 6 floréal an X (26 avril 1802) amnistie les émigrés qui n’ont pas combattu contre la France». De ce fait, Frances Burney suit son mari en France, pays dans lequel elle résidera jusqu’en 1815. À Paris, Frances Burney est entourée des anciens habitants de Juniper Hall (à l’exception de Germaine de Staël, nous savons pourquoi ... ) et fait aussi la connaissance du peintre Jacques-Louis David et de sa femme.
Lors de ce séjour, qui la sépare de sa famille, Frances Burney va avoir une abondante correspondance, écrivant presque chaque jour à des personnes différentes. En parallèle, elle continue aussi de tenir son journal. Ces écrits privés représentent un témoignage important sur une période historique française complexe. Elle y raconte ses rencontres avec Napoléon Bonaparte, sa fuite à Bruxelles durant les Cent-Jours, la bataille de Waterloo mais aussi un épisode personnel douloureux : sa mastectomie. En effet, en 1812, Frances Burney écrit une lettre à sa sœur Esther pour lui raconter son opération du sein, faite sans anesthésie ( ), qui eut lieu en 1811. L’extraction de la masse cancéreuse est effectuée par le baron Larrey, chirurgien de Napoléon et qui suit l'empereur dans toutes ses campagnes.
Larrey est assisté par cinq autres médecins dont le professeur Dubois, chirurgien renommé. Le baron Larrey relate les diverses étapes de l’opération dans un rapport médical.
Ames sensibles s'abstenir ...
- Spoiler:
- L’opération fut effectuée à son domicile. Avec l’autorisation de la police, on avait placé de la paille sur la route passant devant sa maison, afin d’atténuer le bruit des sabots des chevaux et des roues des carrosses pendant la période de « danger et de fièvre pour la malade ». La patiente avait du donner une permission, signée de sa main, d’opérer au chirurgien, le baron Dominique Larrey, le célèbre chirurgien de la Grande Armée de Napoléon. On lui avait demandé de préparer un fauteuil ainsi qu’une réserve de serviettes, et d’attendre son arrivée, vers une heure de l’après-midi.
A trois heures de l’après-midi, 4 cabriolets s’arrêtèrent dehors et sept hommes habillés de noir, les docteurs et les assistants arrivèrent, vêtus militairement, et insistèrent pour que la servante et les infirmières récemment engagées quittent la pièce. On donna à Fanny un « cordial » pour la calmer.
Sans prêter attention au fauteuil, ils commencèrent d’installer un lit au centre de la pièce
« … Étonnée, je me tournais vers le docteur Larrey (le chirurgien) qui avait assuré qu’un fauteuil suffirait; mais il hocha la tête et ne me regarda pas. M. Dubois demanda deux vieux matelas et un drap usagé.
« Je me mis à trembler violemment, plus de dégoût et d’horreur de la préparation que de douleur. Il arrangea les choses à son goût, puis me demanda de monter sur le lit. J’hésitais un instant, si je ne devais pas m’échapper brusquement. Je regardais la porte, les fenêtres. Je me sentais désespérée. »
Pour calmer sa patiente, le docteur Dubois autorise une des nurses à rester dans la pièce. Sachant qu’elle n’avait pas réellement d’autre alternative si elle voulait survivre – et bien sûr qu’il n’y avait aucune garantie que l’opération réussisse – elle enleva sa robe de chambre.
« Tout me persuadait… que seule cette intervention pouvait me sauver. Je montais, sans que l’on me le demande, sur le lit et Mr. Dubois m’installa sur les matelas, étendant un mouchoir de baptiste sur mon visage. Mais celui-ci était transparent, et je vis au travers, que le lit fut tout de suite entouré par les sept médecins et ma nurse. Je refusais d’être tenue, mais lorsque, au travers du mouchoir, je vis l’éclair de l’acier poli, je fermais les yeux… Je n’osais pas offrir à ma peur convulsive la vue de cette terrible incision. »
Fanny voit le chirurgien dessiner une croix et un cercle sur son sein et réalise que l’intention est
« d’enlever le tout. À cette idée, j’eu un sursaut et je rejetais le voile… et expliquais ce dont je souffrais. On m’écouta attentivement, mais dans un profond silence, puis Mr Dubois me remis en place et étendit le voile sur mon visage… Sans espoir, désespérée et m’abandonnant, je fermais à nouveau mes yeux, repoussant toute vision, toute résistance, toute interférence. »
L’opération commence alors.
Elle est la proie d’une « terreur qui surpasse toute description, et la plus terrible des douleurs. Cependant – au moment où l’acier plonge dans son sein – coupant les veines, les artères, la chair, les nerfs – on eut pas besoin de me dire de ne pas retenir mes cris. Je poussais alors un long hurlement qui continua pendant tout le temps de l’incision – et je m’étonnais pourtant de ne pas l’entendre dans mes oreilles ! Une terrible agonie !… »
Lorsque ce fut terminé, et l’instrument retiré de la plaie, la douleur ne sembla pas diminuer, car l’air qui soudainement s’y précipita ressembla à une multitude de poignards, minuscules mais durs et aiguisés, qui en déchiraient les bords; mais lorsque, à nouveau, je sentis l’instrument – décrivant une courbe – coupant dans la masse, si je puis ainsi m’exprimer, tandis que la chair résistait comme si elle voulait s’opposer à la main de l’opérateur et la fatiguer, l’obligeant à passer de la droite à la gauche – alors que je crus que j’allais mourir. Je n’essayais plus d’ouvrir mes yeux, qui d’ailleurs restaient hermétiquement clos… «
« ..J’en conclus que l’opération était terminée – Et pourtant non ! L’horrible découpage repris – et encore plus terrible que jamais, pour séparer le fond, les fondations de cette horrible grosseur, des parties sur lesquelles elle adhérait.. Ici encore, aucune description n’est possible – pourtant ce n’était pas fini. Le docteur Larrey agit de sa propre main et, Oh Cieux, je sentis alors le couteau raclant contre les côtes, …. Tout ceci fut fait, alors que je souffrais la pire torture en silence… »
L’opération dure 17 minutes et demie, Fanny s’évanouit deux fois. Lorsqu’on la retire de son lit, elle est consciente et regarde le docteur Larrey .
« Je vis le bon docteur Larrey, presqu’aussi pâle que moi, son visage zébré de sang, et une expression de chagrin, d’appréhension et presque d’horreur « . Puis « lorsque tout fut fini, et qu’ils me soulevèrent pour que je puisse être mise au lit, mes forces furent complètement annihilées… mes mains et mes bras…. pendaient comme si j’étais sans vie. »
Cette nuit là, la fièvre, comme prévu, monta et Fanny vomit fortement. Elles souffrit de « violents spasmes » et on lui administra « des potions calmantes et anti-spasmodiques ». Mais, lorsque, le matin suivant, le docteur Larrey visita sa patiente, il vit que la fièvre avait disparu, et le soir du même jour, Fanny put « prendre un peu de bouillon »
https://www.napoleon-histoire.com/une-mastectomie-au-xixe-siecle-dominique-larrey-opere-fanny-burney/
Référence : « Fanny Burney, Her Life, » Kate Chisholm. Chatto & Windus Ed. (épuisé)
En 1796 est publié son troisième roman, Camilla or a Picture of Youth. De 1790 à 1801, elle écrit trois comédies (Love and Fashion, A Busy Day et The Woman Hater) et quatre tragédies (Edwy and Elgiva, Hubert de Vere, The Siege of Pevensey et Elberta).
Alors que, depuis 1802, elle vit avec son mari et son fils en France, elle retourne en Angleterre en 1814 pour publier son quatrième et dernier roman : The Wanderer or Female Difficulties. Son dernier écrit est la biographie de son père, Charles Burney, publiée en 1832, une vingtaine d’années après la mort de ce dernier.
Fanny Burney meurt en 1840 à Londres. Dans les années suivant sa mort, sa nièce, Charlotte Barrett, fait paraître ses lettres et son journal en sept volumes.
Merci, WIKI
https://fr.wikipedia.org/wiki/Frances_Burney
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Date d'inscription : 21/12/2013
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