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Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie

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Message par La nuit, la neige Jeu 18 Mai - 17:29

Il s'agissait de l'un des lots intéressants de la Vente de la collection Jacques Garcia, château de Champ de Bataille.

Les meubles décorés de plaques de tôle peuvent être distingués de cet autre mobilier, sans doute encore plus rare, que nous présentons dans cet autre sujet :

Arrow Les meubles du XVIIIe siècle en acier

Console desserte en placage de poirier noirci, tôle peinte et bronze doré à plateau en marbre specimen
par Adam Weisweiler, vers 1780

la ceinture ornée de panneaux à l'imitation de la laque du Japon sur fond aventurine, le tiroir central muni d'un tablier, flanqué de deux tiroirs latéraux, la partie inférieure à fond de miroir, décorée d'un plateau d'entretoise en marbre blanc dans un encadrement, reposant sur quatre pieds fuselés cannelés, dessus de marbre ceint d'une moulure
estampille A. WEISWEILER sur le montant arrière gauche
(fond de miroir rapporté et marbre inférieur remplacé)
Haut. 90 cm, larg. 164 cm, prof. 50 cm
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Note au catalogue

Dominique Daguerre et Adam Weisweiler : de l’héritage de Carlin au goût anglo-chinois de Carlton House

Dominique Daguerre (vers 1740-1796) est probablement le plus grand marchand-mercier de la fin du XVIIIe siècle. Il reprit l’enseigne de Poirier A la Couronne d’Or et continua à servir une prestigieuse clientèle internationale qui recherchait des objets de grand luxe. Il fournit les princes de la cour de France et avant tout la reine Marie-Antoinette. Il fit appel aux meilleurs artisans de son temps pour faire réaliser des meubles précieux en repoussant sans cesse les limites de sa créativité. Il est certainement celui qui a imaginé ce meuble magnifique et en a dirigé la conception en faisant appel à Weisweiler pour l’ébénisterie.

Adam Weisweiler (1744-1820), ébéniste reçu maître en 1778, possède un style typique de la fin du règne de Louis XVI. Ses meubles utilisent souvent des matériaux précieux comme les laques du Japon ou les plaques de porcelaines. Il succède à Martin Carlin comme fournisseur principal de Daguerre et semble avoir surtout travaillé pour lui bien qu’il fabriquât pour Claude-François Julliot de somptueux meubles à panneaux de pietra dura.
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La filiation avec Carlin est assez évidente puisqu’il reprend un plastron orné d’une passementerie en bronze doré. C’est un élément décoratif que Carlin a largement utilisé sur ses meubles les plus précieux comme sur le coffret à bijoux à plaques de Sèvres de la reine Marie-Antoinette mais aussi sur des tables de milieu. Parmi ces meubles très précieux il convient de citer trois tables qui présentent certaines similitudes esthétiques avec notre meuble: la table Meyer (vente Christie’s New York, le 26 octobre 2001, lot 50), la table Jacques Doucet puis Rossignol (vente Artcurial, Paris, le 13 décembre 2005, lot 132) et la table Guérault (vente à Paris, les 21-22 mars 1935, lot 96) qui avaient la particularité de posséder une ceinture ornée d’un même plastron et surtout d’avoir sur le dessus un plateau en marbres spécimen avec des échantillons carrés semblable au nôtre.
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Coffre à bijoux livré en 1770 à la dauphine Marie-Antoinette, à Versailles
Martin Carlin (ébéniste)
Image : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot


L’emploi de la tôle peinte associée à un plateau en marbre spécimens en fait une pièce unique dans le corpus de Weisweiler tout en s’inscrivant néanmoins dans la poursuite de l’œuvre de Martin Carlin. La forme générale de notre console-desserte a probablement inspiré un groupe de meubles réalisés par Weisweiler dans les dernières années du XVIIIe siècle, imaginé par Daguerre pour le marché anglais, comme celle qui fut vendue par Christie’s à Monaco, le 20 juin 1992, lot 86.

Il est ensuite sollicité par Daguerre pour fournir une partie de l’ameublement de Carlton House, la résidence londonienne du Prince Régent qui possédait un « salon chinois » meublé principalement de deux consoles-dessertes.
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Pair of ebony veneer console tables with gilt-bronze mounts, new Chinese Room at Carlton House
Adam Weisweiler, c.1787-90
Image : The Royal Collection Trust


Laques exotiques et tôle peinte

(...)
La fascination pour les laques du Japon connaît un engouement sans précédent à la fin du XVIIIe siècle. Marie-Antoinette collectionne les boîtes en laque du Japon, tout comme l’amateur et esthète anglais William Beckford qui écrit à Lady Hamilton en 1781, en lui indiquant que la seule chose à laquelle il s’estime compétent est « collecting old Japan ». Seize ans plus tard, en 1797 à l’occasion de négociations avec son agent à Paris pour l’achat de la collection de laques du duc de Bouillon, il confesse qu’il est affecté d’une profonde, violente et incurable Japan-mania.  Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie 3236493444  Eventaille

Le laque du Japon, fragile par nature surtout lorsqu’il est employé en ébénisterie car collé sur un bâti en bois, est sujet à des craquelures dues à la rétractation, il fut parfois remplacé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle par une nouvelle technique : celle de la tôle peinte, technique qui permit de concurrencer notamment le laque en l’apposant sur un support inaltérable. Ce support est constitué d’une feuille de fer laminée enduite d’une légère épaisseur d’étain et recouverte ensuite de plusieurs couches de vernis poli sur lesquelles est appliqué un décor peint.
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Généralement utilisé pour décorer des objets usuels, son utilisation sur des meubles est beaucoup plus rare. Les panneaux en tôle peinte permettaient ainsi d’imiter des plaques en porcelaine ou des laques d’Extrême Orient en reproduisant des scènes typiques mais aussi des motifs directement empruntés au répertoire décoratif nippon. Ce nouveau procédé décoratif s’inspira des plaques de porcelaine ou des panneaux de laque orientaux. Il permit de rendre encore plus précieux des meubles réalisés par des ébénistes de renom sous la supervision de marchands-merciers.

Peu d’ébénistes au XVIIIe siècle réalisèrent des meubles en tôle peinte.

On peut cependant citer le marchand-ébéniste Pierre Macret, fournisseur de la dauphine Marie-Antoinette, dont on connaît une commode conservée à Versailles (donation Gould VMB. 148), une seconde commode (Exceptional sale, Christie’s Paris, le 22 novembre 2022, lot 13) et une encoignure (vente à Paris Drouot, 23 mars 1984, lot 101). Ces trois meubles portant la marque DFT et GRC, marques du Garde-meuble de Marie-Antoinette.
Une autre commode provenant de l’ancienne collection Roberto Polo, vendue à Paris 7 décembre 1991, lot 151 possèdent toutes les caractéristiques des meubles en laques réalisés par Macret.

Illustrations à suivre

Claude-Charles Saunier a lui aussi utilisé des panneaux de tôle peint sur plusieurs meubles comme le bureau plat conservé au Detroit Institute of Arts (inv. 71.197), ainsi qu'une commode de l'ancienne collection des ducs de Wellington (vente Sotheby's Londres, 11 juillet 1980, lot 186), mais on remarque surtout dans la production de Saunier plusieurs secrétaires à cylindre présentant tous une architecture identique, composée d’un médaillon central et de panneaux latéraux (voir par exemple ceux de l’ancienne collection Luigi Anto Laura, vente Sotheby’s Paris, le 27 juin 2001, lot 83 ou celui de la collection des ducs de Mortemart, vente Sotheby’s Paris, le 11 février 2015, lot 104).

Illustrations à suivre

Enfin Adam Weisweiler qui, à travers la console-desserte ornant le salon de compagnie du Champ de Bataille montre la toute puissance de sa créativité.
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Console présentée au château de Champ de Bataille

On vit donc apparaître des manufactures spécialisées dans cette technique comme la manufacture royale de la Petite Pologne, fondée en 1768 par le peintre vernisseur Jean-Baptiste Clément associé à Jacques Moser. Après une faillite rapide, son activité fut reprise par Framery puis Dulac en 1772. Une petite annonce fut alors publiée : « Le magasin de marchandises de tôle vernie de la Petite Pologne qui était ci devant chez le sieur Framery rue Saint Honoré est aujourd'hui chez le sieur Dulac même rue. Les personnes qui avaient commandé des ouvrages au sr Framery sont priées d'en adresser directement la note au sieur Clément, entrepreneur de la dite manufacture, où l'on fera des commodes, cabinets, chiffonnières et autres meubles dans le goût de la Chine et des panneaux pour appartements et équipage ». Une annonce du 2 août suivant confirmait Dulac comme dépositaire des objets fabriqués par Clément.

Il semble cependant certain que le célèbre marchand Dominique Daguerre livra des tables dont le plateau était en tôle. Le 30 mars 1771, une seconde manufacture fut créée par la veuve de Nicolas-Michel Gosse et son gendre François Samouseau, tous deux maîtres peintre vernisseur ; chez cette dernière, en 1776, étaient inventoriées « deux armoires vernies et japonnées » estimées 150 livres, ainsi qu'une encoignure estimée 60 livres. Il semblerait qu’une troisième manufacture fut créée par le marchand-mercier Granchez, preuve que cette technique avait un réel débouché commercial.


Le goût pour la minéralogie : entre curiosité et science

Le plateau constitué de 198 échantillons carrés et 16 morceaux de marbres et pierres semi-précieuses composant un décor géométrique est inspiré des mosaïques antiques et connut un grand succès à la fin du XVIIe siècle et corrélativement dans la seconde moitié du XVIIIe lors du renouveau classique. Deux aspects sont à considérer, esthétique d’une part car la composition est très variée et colorée, elle est également teintée d’un certain académisme par la nature des échantillons proposés. Ici disposés en carré et séparés par un fin quadrillage ils sont le plus souvent des témoignages antiques retaillés où se mêlent marbres, agates, porphyres, granit, jaspes et une multitude de pierres fines aux couleurs et veinages étonnants.
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Dans les 'Annonces, affiches et avis divers' du 18 novembre 1782, on apprend que l'ébéniste Héricourt a mis en vente "2 commodes de bois de rose, ornées de bronzes dorés d'or moulu, qu'on a acheté 100 louis à la vente de Mme, la marquise de Pompadour, les dessus en marbre plaqué sur pierre de Rome, formant collection complette et aussi rare que précieuse, de tous les marbres d'Italie, par compartiments en lozanges régulières, qui produisent le coup d'oeil le plus varié et le plus agréable, chaque table ayant un quart de rond précieusement sculpté et doré".

L’attrait pour ce type de plateau se diffuse dans l’Europe entière, l’artisan anglais John Wildsmith en réalise un pour Croome Court à l’époque où le comte de Coventry meuble cette résidence dans un style « goût grec », il est aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum de New York (inv. 58.75.13 a, b).
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Side table
Table top by John Wildsmith (1759) ; Stand by John Mayhew (1794)
Image : The Metropole Museum of Art


En 1774, le souverain espagnol offre au roi de France une table marmothèque présentant 108 échantillons numérotés, elle appartient au Muséum national d’histoire naturelle. La célèbre table de Teschen, vers 1779-1780 désormais au musée du Louvre excelle dans cet art. Un plateau similaire apparait sur le portrait de la marquise Margherita Gentili réalisé par Laurent Lepécheux en 1777, représentée dans un cabinet de curiosité où l’on peut observer divers spécimens liés à l’histoire naturelle (coquillages, coraux, papillons…), objets scientifiques ainsi que des antiques, mais aussi une console annonçant le « Retour d’Egypte » coiffé du plateau qui retient notre attention.
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Ritratto della Marchesa Margherita Sparapani Gentili Boccapaduli
Laurent Pécheux, 1777
Palazzo Braschi
Image :  Twitter Gori Magnani  


Outre les trois tables de Carlin déjà mentionnées, il convient de citer l’extraordinaire table de milieu jadis dans la collection de Nicolas Beaujon, puis celle des comtes Stroganoff avant de rejoindre le musée Gulbelkian à Lisbonne (inv. 2266.) Le plateau de cette table est lui aussi constitué d’une mosaïque d’échantillons de pierres et marbres disposés en carré, il est précisément décrit dans la vente de la collection Beaujon le 25 avril 1787 sous le numéro 437. D’autres plateaux en marbres spécimen sont cités dans les catalogues de vente dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, comme la table dans la vente Randon de Boisset le 27 février 1777, lot 827, celui figurant sous le lot 233 de la vente Bailli de Breteuil le 16 juin 1786. Une console de Weisweiler avec un plateau incrusté d’échantillons de marbres et pierres fines est reproduite dans Aveline, Jean-Marie Rossi, 45 ans de passion, Paris, 2000.

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* Source et infos complémentaires : Sotheby's - Paris, vente du 16 mai 2023




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Message par Lucius Jeu 18 Mai - 17:56

Ce portrait est passionnant !
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Message par La nuit, la neige Jeu 18 Mai - 19:33

Oui, j'aime beaucoup !  drunken

Idea Qui est le peintre ?

Laurent Pécheux (1729-1821)
Un peintre français dans l'Italie des Lumières

Sous la direction de Héléne Guene
SilvanaEditoriale (2012)
252 pages, 184 illustrations

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Présentation :

Artiste complet, Laurent Pécheux appartient pleinement à l'histoire de la peinture internationale dont Rome est alors le foyer le plus actif, au moment où s'opère la grande mutation qui mènera au néoclassicisme.

Né à Lyon en 1729, il meurt à Turin en 1821, ayant passé 64 ans, soit toute sa carrière de peintre, en Italie. Arrivé à Rome en 1753, il se tourne très vite vers les deux figures majeures de la peinture romaine en ce milieu du Settecento, Pompeo Batoni et Anton Raphaël Mengs, et travaille pour les plus grands amateurs : le bailli de Breteuil, Randon de Boisset, les abbés de Véri et de Livry. Sa réputation lui vaut d'être appelé à Parme, en 1765, pour y portraiturer l'infante Marie-Louise, future reine d'Espagne, et de conquérir à Rome une position éminente, de l'élection à l'Académie de Saint-Luc en 1762 aux commandes prestigieuses de plafonds pour des églises (Sainte-Catherine de Sienne) et des palais romains (palais Borghèse, palais Barberini, villa Borghèse).

En 1777, il accepte la proposition du roi de Piémont-Sardaigne, Victor-Amédée III, de devenir son Premier Peintre et directeur de l'Académie de Turin, une école tombée en léthargie à laquelle « ne manquaient que deux choses : des élèves et un professeur ». A Turin, où il passera 44 ans, il apporte un style nouveau, en rupture avec l'héritage baroque.

Publié à l’occasion de l’exposition des musées des Beaux-Arts de Dole et de Chambéry, cet ouvrage est le premier, depuis l’étude de Luigi Bollea parue en 1942, à être consacré à ce peintre, dont l’importance commence seulement à être reconnue.
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Message par La nuit, la neige Ven 19 Mai - 20:08

Expert Sotheby's a écrit:Peu d’ébénistes au XVIIIe siècle réalisèrent des meubles en tôle peinte.

On peut cependant citer le marchand-ébéniste Pierre Macret, fournisseur de la dauphine Marie-Antoinette, dont on connaît une commode conservée à Versailles (donation Gould VMB. 148), une seconde commode (Exceptional sale, Christie’s Paris, le 22 novembre 2022, lot 13) et une encoignure (vente à Paris Drouot, 23 mars 1984, lot 101). Ces trois meubles portant la marque DFT et GRC, marques du Garde-meuble de Marie-Antoinette.

Une autre commode provenant de l’ancienne collection Roberto Polo, vendue à Paris 7 décembre 1991, lot 151 possèdent toutes les caractéristiques des meubles en laques réalisés par Macret.

Idea Nous avions présenté ces meubles dans notre sujet : Chinoiseries et meubles de Marie-Antoinette par Macret, Riesener et Weisweiler, dont :

La commode conservée à Versailles (Petit Trianon)

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Commode à vantaux
Pierre Macret, vers 1770
Bâti : chêne et sapin ; tôle vernie et laquée. Placage d'amarante et satiné ; bronze doré, marbre blanc veiné
H. 88,5 ; L. 136,5 ; Pr. 62,2 cm
Porte la marque au fer du Garde-Meuble de Marie-Antoinette, dauphine, au château de Compiègne
Image : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

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Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie 2022_p11
Images : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

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Image : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

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Image :  Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

Idea Vous retrouverez cette commode photographiée par nos reporters dans notre sujet consacré à

Arrow Visite de l'attique du Petit Trianon - La chambre de Louis XVI et/ou de Mme Elisabeth
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Image : Forum de Marie-Antoinette


La seconde commode, vendue aux enchères en 2022.

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Commode royale à vantaux d'époque Transition
Estampille de Pierre Macret

Vers 1770
En tôle vernie, ornementation de bronze ciselé et doré, le dessus de marbre blanc veiné gris, à décor de paysages sinisants animés de personnages dans des réserves, la façade ouvrant par deux vantaux dévoilant une étagère, les montants ornés d'un treillage, appliqués de chutes à mufle de lion, prolongés par des pieds cambrés et terminés par des feuillages, estampillée deux fois MACRET sur chacune des traverses latérales et portant à deux reprises les marques au feu DFT sous une couronne et GRC sous une couronne ?
H.: 88,5 cm ; L.: 135 cm ; P.: 61,5 cm.
Image : Christie's


Provenance :

Très probablement livrée au garde meuble de la dauphine Marie-Antoinette à Compiègne avant juillet 1770; Vente anonyme, Saint-Germain-en-Laye, 3 juin 1985.


Présentation :

Prouesse technique et artistique, cette commode est un remarquable exemple de l’ameublement de Marie-Antoinette, illustrant notamment son goût pour l’Asie. Elle est aussi un rare exemple de meuble dont on peut mesurer, grâce à une publication de 1770, l’engouement considérable qu’il suscita lors de sa création.

Cette commode fut livrée en 1770 à la dauphine Marie-Antoinette à Compiègne avec son pendant, aujourd’hui conservé au château de Versailles.
Voir ci-dessus

Agée de seulement quinze ans et récemment déracinée de la cour viennoise, la future souveraine s’entoura dès son entrée à la cour de France d’objets et de meubles issus de cette fièvre européenne pour les chinoiseries. Entièrement vêtue de tôle métallique vernie sur un bâti de chêne, cette somptueuse commode est le rare témoignage du premier ameublement de la dauphine en France, mais également celui des premiers meubles entièrement décorés de tôle vernie. Pierre Macret, ébéniste privilégié et marchand mercier de la rue Saint-Honoré, est l’un des grands pionniers de ce décor révolutionnaire, parenthèse éphémère mais virtuose de l’histoire de l’ébénisterie parisienne. Création remarquable pour la mise en œuvre de son décor peint or et vermillon, cette rarissime commode est l’un des exemples les plus aboutis des expérimentations des vernisseurs parisiens et de leur conquête effrénée de la maîtrise du vernis « façon de la Chine » dit vernis Martin.
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Une acquisition du Garde-Meuble privé de la dauphine Marie-Antoinette

Le Garde-Meuble privé de la dauphine Marie-Antoinette, dirigé par son intendant Pierre-Charles Bonnefoy du Plan (1732-1824), orchestrait l’ameublement des appartements de la princesse. L’administration, autonome et particulière, répondait aux goûts et aux exigences de la future reine et offrait un ameublement des plus séduisants, libéré des contraintes de l’apparat et de la pompe curiale. La commode de la dauphine s’ouvre par deux vantaux et repose sur d’élégants pieds galbés. Elle incarne cette inflexion vers l’épure et la géométrisation des années 1770. Propre au style dit Transition, à la croisée des règnes et des évolutions stylistiques, la commode livrée par Pierre Macret est caractérisée par des contrastes entre surfaces planes et courbes, pleines et vides. Les lignes courbes et rectilignes du meuble sont soulignées par de fines baguettes de bronzes dorés et sont scandées par des chutes d’angles léonines et des griffes de lions en sabot. La commode de la dauphine est une traduction des créations des années 1760-1770 en ébénisterie à décor marqueté mise au point par des ébénistes tels qu’Oeben.

Les paires de commodes et d’encoignures furent ainsi fournies à la jeune dauphine de France avant juillet 1770, soit dans les deux premiers mois de sa présence en France. Le mobilier fut acheté par son Garde-Meuble privé et envoyé dans ses appartements du château de Compiègne. À cette occasion, il reçut la marque GRC couronnée, preuve de son entrée dans les biens de la princesse.
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Cette résidence, qu’elle découvrit pour la première fois le 14 mai 1770, occupe une place singulière dans l’histoire française de l’archiduchesse. Il est l’un des premiers lieux de son introduction à la Cour de France. Si les archives ne relatent pas cette livraison, ce précieux mobilier est succinctement décrit par un auteur anonyme dans la Gazette du commerce du 24 juillet 1770. Il présente les exploits de la manufacture de La Petite Pologne dont la fondation remonte à l’année 1768. L’auteur, émerveillé par les prouesses techniques de cette dernière, évoque ses réalisations les plus fameuses et décrit la grande beauté et la perfection du mobilier de la dauphine. Cet article est semble-t-il la seule source contemporaine conservée à faire référence à ce mobilier :

« En meubles des commodes & des encoignures pour les appartements de Madame la Dauphine, à Compiègne. Ces pièces, dont la forme a d’abord été exécutée en bois, ont été couvertes d’une tôle vernie en fond d’avanturine [sic], avec des cartels rouges glacés, peints en relief dans le goût Chinois. On a ensuite appliqué sur leurs montants, d’un fond de belle mosaïque, aussi sur tôle, des ornemens [sic] de cuivre dorés d’or moulu. Ces pièces arrachent le spectateur comme malgré lui ; elles sont d’un poli, d’un éclat auxquels on ne peut rien ajouter ; & on ne peut pas ne pas être frappé de la beauté, de l’exactitude & de la vivacité de leur peinture & de leur vernis. Elles ont été exposées chez le Sieur Macret, Ébéniste rue S. Honoré, près S. Roch. Il n’est personne qui ne les ait vues avec plaisir : & je me figure que rien ne serait plus riche, plus galant, ni à meilleur marché que des cabinets, & même des sallons [sic] de compagnie & des galeries ornés dans le même goût. ».

(Gazette d’Agriculture, Commerce, Arts et finances, n° 459, Paris, Prault, 24 juillet 1770, p. 549.).
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Le mobilier, acheté sans doute à l’occasion des premières visites de la dauphine à Compiègne, reçut les marques identifiées comme celles de son Garde-Meuble privé. Les lettres GR renvoient, selon Christian Baulez, au Grenier des Récollets à Versailles. Cette marque, particulièrement rare sur le mobilier royal, apparaît sur une petite armoire non estampillée en acajou à moulurations de bronze doré également créée dans ces années 1770 (vente Christie’s, New York, 19 mai 2004, n° 269).

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Une mystérieuse et dernière marque, un DFT couronné, fut également apposée sur toutes les pièces conservées de ce fastueux ensemble. Si le sens exact de cette marque n’est pas connu, elle apparaît exclusivement sur du mobilier estampillé Macret des années 1770 et provenant, pour sa majorité, du Garde-Meuble privé de la future reine. Elle figure notamment sur la petite table attribuée à Charles Topino conservée au Château de Versailles (inv. V5752). Certains des rares meubles portant le DFT couronné ont même reçu la marque circulaire du Garde-Meuble privé de la reine établie par son administration en 1784. Par conséquent, cette marque fait certainement référence au Garde-Meuble privé de la dauphine, à une destination ou une fonction administrative aujourd’hui inconnue.

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La commode de Macret est représentative du tout premier ameublement de la dauphine dans le Royaume de France et marque ainsi un véritable jalon dans l’histoire de son goût personnel. Elle fut très certainement dispersée lors des ventes révolutionnaires.


Le goût pour l’Asie et les chinoiseries, une passion de Marie-Antoinette

La dauphine puis reine Marie-Antoinette participa pleinement à cet engouement pour l’Asie dont les chinoiseries et les objets de laque sont les plus fameux ambassadeurs. La jeune dauphine, avant le couronnement de son époux, fréquenta les commerces des marchands merciers parisiens, dont celui de Granchez au Petit Dunkerque qu’elle visita en 1773. Elle s’attacha les services des plus grands merciers, Poirier et Daguerre à qui elle achetait des vases précieux, mais également des laques. La souveraine hérita de la remarquable collection de laques japonais de sa mère, Marie-Thérèse, impératrice d’Autriche. La collection était présentée dans son Cabinet doré versaillais et faisait écho à un mobilier exceptionnel livré par Jean-Henri Riesener entièrement paré de panneaux de laque japonais. Par conséquent, ce mobilier de tôle vernie révèle une passion naissante et se veut une démonstration de ce goût pour l’Asie omniprésent dans les intérieurs de la reine de France.
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Représentante d’un goût européen et aristocratique, la présente commode illustre à la perfection l’impressionnante intégration de la leçon artistique sino-japonaise chez les artistes vernisseurs parisiens. La technique d’imitation de l’aventurine « fonds de poire » aux fines paillettes d’or et la perfection des reliefs et des effets polychromes démontrent le grand syncrétisme technique et stylistique auquel les vernisseurs parisiens sont parvenus.
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Si les faces imitent les panneaux de laque des cabinets japonais du XVIIe siècle avec des paysages lacustres à pagodes aux rochers tortueux, les montants et les pieds reprennent un motif d’hanabishi japonais. Ornement classique dans l’art du laque, celui-ci apparaît en bordures et frises sur de nombreux cabinets et plats de la période Edo (1603-1868). De même, les artisans de La Petite Pologne furent peut-être influencés par les créations anglaises de la première moitié du XVIIIe siècle. Les anglo-saxons, précurseurs dans l’art du « lachinage » et fameux expérimentateurs dans les techniques du vernis Martin, créèrent des meubles utilisant ces mêmes motifs lenticulés en croisillons aujourd’hui visibles sur les montants de la commode de la dauphine. Les médaillons historiés sont sans doute inspirés de gravures contemporaines ou directement copiés à partir des laques circulant dans le commerce du luxe parisien et dont certains merciers de renom se sont fait la spécialité.
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La tôle vernie et les expérimentations des manufactures parisiennes

Les premières expérimentations d’un vernis sur tôle métallique apparaissent simultanément en Italie et en Angleterre dans les années 1730. Le succès de la mise en œuvre de cette technique innovante est atteint à Paris grâce à la naissance de deux manufactures spécialisées, la Manufacture de la veuve Gosse et Samousseau et la manufacture de La Petite Pologne.

Grâce à l’article anonyme de la Gazette du commerce, la commode de la dauphine peut être associée aux meilleures productions de cette seconde manufacture. Fondée le 5 mai 1768 par Jacques Moser et Jean-Baptiste Clément près de la barrière de Monceau, la manufacture de La Petite Pologne et ses vernisseurs souhaitaient donner à leurs ouvrages « le goût et la forme de ceux qui viennent du Japon ». Détenteur d’un secret industriel, les manufacturiers réussirent l’exploit d’inventer un vernis gras, cuit et poli au délicat décor peint réalisé par d’habiles femmes peintres. La finesse de la réalisation et l’imitation de l’aventurine par l’adjonction de paillettes d’or sont la preuve d’un perfectionnement de la technique.
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La tôle recouvrant ici la totalité des surfaces visible du bâti de chêne épouse à la perfection les lignes courbes du bois. Les panneaux de ce mobilier sont parmi les plus grands éléments de tôle vernie conservés du XVIIIe siècle français. En effet, la fabrication d’éléments dédiés au mobilier représentait une part infime de cette production manufacturière et faisait figure d’exception dans les œuvres sorties des ateliers de La Petite Pologne. Les tôles peintes de cette commode peuvent être comparées aux nombreux seaux, verrières et plateaux conservés et associés fréquemment aux productions des manufactures parisiennes.
Bien que détentrice d’un savoir-faire et dotée de talentueux artisans, La Petite Pologne périclita en 1772. De fait, le mobilier de la dauphine documente une production éphémère et dont les objets conservés sont très rares.
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Le mobilier de tôle vernie, un corpus réduit

Le mobilier de tôle vernie de la dauphine Marie-Antoinette représente à lui seul le plus bel ensemble de meubles décorés de métal verni du XVIIIe français. Alors que l’on conserve de nombreux petits objets en tôle vernie, les meubles parés de ces précieux décors sont de véritables raretés.

Pierre Macret est selon toutes apparences l’un des premiers en France à proposer du mobilier entièrement recouvert de tôle vernie. Il est d’ailleurs le seul ébéniste du XVIIIe siècle français à faire usage de cette technique novatrice à un tel degré. Généralement employée comme un substitut moins onéreux aux coûteux et fragiles panneaux de laque sino-japonais, la tôle vernie n’est plus chez Pierre Macret un simple pastiche ou une imitation virtuose. Le mercier à la pointe des modes fait preuve d’une grande excentricité et propose une invention décorative autonome et sans équivalents. La tôle n’est plus un substitut ou un leurre, mais une véritable proposition décorative nouvelle.

Le pendant de cette commode est conservé au Château de Versailles depuis son don en 1965 par la Florence Gould Foundation. Conçue en paire, seule une encoignure fit son apparition sur le commerce de l’art parisien en 1984. L’encoignure, également à deux ventaux, n’est qu’une version réduite et synthétique de la commode à laquelle ont été adjoints des pieds rectangulaires.

A ce corpus, qui fit et fait encore la célébrité de Pierre Macret, s’ajoute une dernière commode à deux ventaux d’un modèle similaire, mais au décor et aux dimensions différents. Célébrée à l’occasion de la vente de la collection Roberto Polo, cette commode porte l’estampille d’un ébéniste confidentiel d’origine germanique, Gérard-Henri Lutz (1736-1812). Jeune ébéniste, à peine reçu au sein de la corporation parisienne en 1766, il ne fut que le sous-traitant du bâti de chêne auquel furent associés de somptueux panneaux de tôle vernie.
Le décor peint d’éventails factices or et aventurine sur un fond noir profond et velouté, ainsi que le décor de croisillons des montants, font directement écho à notre commode. Ils ne laissent aucun doute sur l’attribution de ce dernier meuble, issu d’un corpus de seulement quatre meubles, preuve de l’importance de l’apparition de la commode de la dauphine sur le marché de l’art.
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Image : Christie's

Claude-Charles Saunier et Adam Weisweiler intégrèrent également des éléments de tôle vernie à leurs créations mobilières. Le premier préféra les décors néoclassiques d’arabesques et de rinceaux et le second, bien plus timide que Macret, n’employa que de petits éléments secondaires.


Pierre Macret, fournisseur de Marie Antoinette

Pierre Macret, présent à Paris depuis 1737, travailla et s’installa dans le « souverain faubourg », le faubourg Saint-Antoine. Originaire de Picardie et issu d’une famille modeste, il réalisa une ascension sociale vertigineuse. Au service des plus grands merciers de son temps, Duvaux, Darnault ou encore Poirier, il fit l’acquisition en 1756 du privilège d’ébéniste privilégié du roi suivant la Cour à la veuve de l’ébéniste Jean-Pierre Latz (1691-1754). Couronné d’un titre royal et désormais détenteur de l’équivalent d’une maîtrise, il s’installa dès 1758 au cœur de la rue Saint-Honoré face à l’église Saint-Roch. En 1767, il accéda à la corporation des marchands merciers et put étendre son commerce. Il entra également au service de la dauphine Marie-Antoinette et fut l’un des fournisseurs ordinaires de son Garde-Meuble privé meublant ses appartements à Versailles, Fontainebleau et Compiègne. Parallèlement, il fut fournisseur ordinaire des Menus-Plaisirs du Roi et mit son art à la disposition des ébénistes royaux dont il fut l’un des sous-traitants. Ainsi, il participa à l’ameublement des appartements de la marquise de Pompadour dans sa chambre à coucher au château de Saint-Hubert ou de l’appartement privé de Pierre-Élisabeth de Fontanieu à Versailles et dans l’Hôtel du Garde-Meuble à Paris.
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Sa longue carrière de près de cinquante années lui permit de jouir d’une clientèle de tout premier ordre, parmi laquelle le marquis de Marigny, la marquise de Montconseil, la comtesse d’Amblimont ou encore Armand Frédéric Ernest de Nogaret, trésorier du comte d’Artois. Ses marchandises et ses productions offrent un panorama éclectique des évolutions stylistiques et décoratives de l’ébénisterie parisienne des années 1750 aux années 1790.

À l’égal des célèbres « vendeurs de tout, faiseurs de rien » du XVIIIe siècle, Pierre Macret sut s’adapter avec brio aux grandes tendances de son époque et à l’exigence de sa clientèle aristocratique. L’originalité et la préciosité de la commode de tôle vernie de la dauphine nous invitent à reconsidérer le rôle créatif de Pierre Macret et à reconnaître l’inventivité des meubles issus de son commerce. Talentueux ébéniste dont la vie se termina en 1806, il revendit également les créations d’autres ébénistes parisiens de renoms notamment Jean-François Œben, Charles Topino, Léonard Boudin, Roger Vandercruse dit Lacroix ou encore Bernard Van Riesen Burgh III.

Nous remercions M. Paul Giraud de son aide pour la rédaction de cette notice. Paul Giraud, historien de l’art, est l’auteur du mémoire « Pierre Macret (1723-1806) : marchand mercier et ébéniste privilégié du roi suivant la Cour ».

* Source et infos complémentaires : Christie's Paris - Vente du 22 novembre 2022


Dernière édition par La nuit, la neige le Sam 20 Mai - 15:22, édité 1 fois
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Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie Empty Re: Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie

Message par La nuit, la neige Sam 20 Mai - 15:20

La nuit, la neige a écrit:
Claude-Charles Saunier a lui aussi utilisé des panneaux de tôle peint sur plusieurs meubles comme le bureau plat conservé au Detroit Institute of Arts (inv. 71.197), ainsi qu'une commode de l'ancienne collection des ducs de Wellington (vente Sotheby's Londres, 11 juillet 1980, lot 186), mais on remarque surtout dans la production de Saunier plusieurs secrétaires à cylindre présentant tous une architecture identique, composée d’un médaillon central et de panneaux latéraux (voir par exemple ceux de l’ancienne collection Luigi Anto Laura, vente Sotheby’s Paris, le 27 juin 2001, lot 83 ou celui de la collection des ducs de Mortemart, vente Sotheby’s Paris, le 11 février 2015, lot 104).

Par exemple....
Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie Capt5057
Bureau à cylindre et commode à encoignures
Vente Sotheby's (2015) : Collections des ducs De Mortemart, Château du Réveillon


Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie 0307ae10
Bureau à cylindre en placage de sycomore, plaques de tôle peinte et bronze doré
Attribué à Claude-Charles Saunier

Epoque Louis XVI
A décor de grotesques, guirlandes et bouquets de fleurs sur fond vert et blanc ; le cylindre centré d'Apollon dans un médaillon, flanqué des allégories de l'Abondance et de la Tempérance ; les côtés ornés des quatre Saisons ; la partie supérieure ouvrant par trois tiroirs et un cylindre découvrant un intérieur décoré de plaques en tôle peinte à l'imitation de la porcelaine de Sèvres et muni de trois compartiments et quatre petits tiroirs (le plateau coulissant et découvrant quatre tiroirs simulés) ; la partie inférieure ouvrant par un tiroir et deux vantaux,l'un découvrant un coffre, et l'autre, deux tiroirs ; reposant sur des pieds fuselés à cannelures simulées ; le dos plaqué de sycomore ; dessus de marbre blanc veiné à galerie (...)
Haut. 114 cm, larg. 108 cm, prof. 57 cm
Image : Sotheby's


Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie Capt5058
Image : Sotheby's

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Image : Sotheby's

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Image : Sotheby's

Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie 615510
Image : Sotheby's


Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie Saunie10
Commode à encoignures en sycomore, plaques de tôle peinte et bronze doré
Attribuée à Claude-Charles Saunier

Epoque Louis XVI
A décor de grotesques et guirlandes de fleurs sur fond vert et blanc, les vantaux ornés d'une figure de bacchante et de l'allégorie de la Musique ; la façade cintrée ouvrant en ceinture par un tiroir et deux compartiments pivotants, et par deux vantaux découvrant deux étagères, flanquée de chaque côté de trois étagères à plateau de marbre blanc veiné à galerie ; les montants ornés de chutes de fruits et de fleurs reposant sur des pieds fuselés à cannelures simulées ; dessus de marbre blanc veiné (...)
Haut. 88 cm, larg. 121 cm, prof. 52 cm
Image : Sotheby's

Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie Capt5059
Image : Sotheby's

Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie 418910
Image : Sotheby's

Note au catalogue (extraits)

(...)

La technique de la tôle peinte

A peu près le même texte que celui de la commode Macret vendue aux enchères, ci-dessus.

Spoiler:

Les manufactures royales de tôle peinte

A peu près le même texte que celui de la commode Macret vendue aux enchères, ci-dessus.
Spoiler:

Les meubles en tôle de Claude-Charles Saunier

Plusieurs meubles estampillés par Saunier sont répertoriés, comme le bureau plat conservé au Detroit  Institute of Arts (inv. 71.197), ainsi qu'une commode de l'ancienne collection des Ducs de Wellington (vente Sotheby's Londres, 11 juillet 1980, lot 186).
Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie Capt5060
Combination Gaming and Writing Table
Claude-Charles Saunier
Image : Detroit Institute of Arts


On remarque surtout dans la production de Saunier plusieurs secrétaires à cylindre, dont :
- celui de la collection de Comte de Rosebery à Dalmeny, illustré chez Philip Sassoon, dans le catalogue de la vente du Marquis de Cholmondeley, Houghton Hall , Christie's Londres, le 8 décembre 1994, pp. 60-61, et auparavant dans Le meuble Louis XVI par F.J.B. Watson, fig. 67, p 112
- celui de la collection Vagliano, Christie's Londres, 14 juillet 1955, lot 110, et acheté par ce dernier à la vente Paul Eudel le 9 mai 1898, lot 288, puis collection de la Maharanée de Baroda, vente Sotheby's Londres , 24 novembre 1978, lot 184
- celui de la collection Luigi Laura, vente Sotheby's Paris, 27 juin 2001, lot 83, ancienne collection René Weiller et Samy Chalom, illustré dans Claude Fregnac, Les ébénistes du XVIIIe siècle français, Paris , 1963, p. 225

Ces meubles présentent tous une architecture identique, composée d’un médaillon central et de panneaux latéraux, ainsi que le même décor de cannelures simulées sur les pieds.

* Source et infos complémentaires : Sotheby's - Paris, vente collections des ducs de Mortemart (2015)



Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie Capt5061
Commode à encoignures
Attribuée à Claude-Charles Saunier

Dernier quart du XVIIIe siècle
En placage d'ébène, satiné, amarante et filets d'érable et tôle laquée à l'imitation des laques du Japon, ornementation de bronze ciselé et doré, le dessus de marbre blanc veiné gris associé, la ceinture ouvrant par un tiroir flanqué de deux tiroirs latéraux surmontant un vantail découvrant trois tiroirs, les côtés présentant deux tablettes en encoignure, les pieds fuselés et cannelés (...)
H.: 91,5 cm. ; L.: 138 cm. ; P.: 47 cm.
Image : Christie's

Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie Capt5063
Image : Christie's

Présentation :

L’élégance et la sobriété des lignes -permettant la mise en valeur de la préciosité du matériau qu’est la tôle vernie à l’imitation de la laque du Japon- réhaussées par une ornementation de bronze ciselé et doré tout en mesure caractérisent cette somptueuse commode dont seul Claude-Charles Saunier peut être l’auteur.

Claude-Charles Saunier

Plus ou moins déjà lu précédemment
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Le goût pour l’Orient

Cette superbe commode en encoignures de Saunier incarne la fascination des européens pour l’Orient ainsi que le goût avéré pour les objets exotiques au XVIIIe siècle. On voit en effet, dès les premières campagnes commerciales vers l’Extrême-Orient du XVIe et XVIIe siècle, un véritable engouement pour cette culture et ses codes esthétiques. Les européens sont notamment frappés par l’extraordinaire développement que connait l’art de la laque, matériau qui leur est alors totalement inconnu. Tout de suite appréciés comme de véritables objets d’art, ils n’hésitent pas à importer à prix d’or de nombreux coffres et cabinets orientaux qu’ils s’empressent d’adapter à leur goût et à leur ameublement. Plus tard dans le siècle, les ébénistes ont introduit le vernis européen à l’imitation de la laque, alternative aussi raffinée et moins onéreuse aux panneaux de laque.
Entièrement habillée de plaques de tôle vernie à l’imitation de la laque japonaise, cette somptueuse commode en encoignures reste un rare témoignage de cette production de métal, corpus particulièrement restreint dans l’histoire des arts décoratifs en France.
Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie Capt1261
Image : Christie's

Les manufactures royales de tôle vernie

Plus ou moins déjà lu précédemment
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Des exemples en laque

Nous connaissons deux exemples de commode en encoignures particulièrement proches de notre présent lot ; toutes deux habillées de véritables laques du Japon. La première est attribuée à Martin Carlin et témoigne des liens étroits qui subsistaient entre les ébénistes. Elle se compose d’un schéma de construction similaire composé de trois panneaux en façade présentant des cartouches cordiformes d’un esprit très proche. Anciennement dans les collections de la marquise de Brunoy elle est aujourd’hui conservée au musée du Louvre (OA 5472). La seconde commode provenant de la collection du duc de Wellington et attribuée à Saunier, présente en revanche une composition et un décor quasi-identique à notre commode ; le cartouche polylobé figurant la même scène de petits personnages (vente Sotheby’s, Londres, 11 juillet 1980, lot 186).
Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie Capt5062
Image : Christie's

Deux hypothèses s’offrent alors à nous. Pouvons-nous voir ici l’œuvre originelle dont Saunier semble s’être inspiré pour reproduire le décor peint de notre présente commode ? Ou bien s’agit-il d’une approximation du catalogue, cette commode étant en réalité également en tôle et donc le parfait pendant de notre présent lot ? Cool

Les meubles en tôle de Claude-Charles Saunier
Déjà lu... Mobilier du XVIIIe siècle décoré de tôle peinte et vernie 3236493444  Eventaille

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La provenance Marquis de Biron

Hors sujet
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* Source et infos complémentaires : Christie's - Paris, vente The V.W.S Collection (2022)
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