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La princesse Clotilde de France, dite Madame Clotilde, "Gros Madame"

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Message par Invité Dim 09 Mar 2014, 14:20

Mme de Sabran a écrit:


Tu entends ça ?!! Le yéti de Monsieur n'a pas toujours été un repoussoir !  clotilde - La princesse Clotilde de France, dite Madame Clotilde, "Gros Madame" - Page 2 7914347

Mouais, c'est Louis XV le priapique qui le dit... Cool
Elle n'a pourtant pas de beaux traits sur les portraits.
A ce propos, on ne sait rien non plus sur la comtesse de Provence . Aucune bio n'a jamais été publiée sur elle.  J'aimerais en savoir plus sur elle et notamment sur ses aventures rocambolesques avec Mme de Gourbillon .  Hop! De même pour la comtesse d'Artois et son garde du corps (il a gardé son corps d'un peu trop près semble-t-il  clotilde - La princesse Clotilde de France, dite Madame Clotilde, "Gros Madame" - Page 2 3826491292 ).

Je préfère l'inconduite des deux sœurs savoyardes aux niaiseries des grosses mémés bourboniennes ... clotilde - La princesse Clotilde de France, dite Madame Clotilde, "Gros Madame" - Page 2 2523452716

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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 14:28

Cosmo a écrit:
A ce propos, on ne sait rien non plus sur la comtesse de Provence . Aucune bio n'a jamais été publiée sur elle.  J'aimerais en savoir plus sur elle et notamment sur ses aventures rocambolesques avec Mme de Gourbillon .

Ho hé dis donc ! Je ne peux pas tout te bouturer à la fois !  :clotilde - La princesse Clotilde de France, dite Madame Clotilde, "Gros Madame" - Page 2 2028181902
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Message par Invité Dim 09 Mar 2014, 14:32

On a tout notre temps !  Very Happy

clotilde - La princesse Clotilde de France, dite Madame Clotilde, "Gros Madame" - Page 2 Madame30
Recueil de différentes pièces de musique manuscrites pour la harpe, la guitare et le forté piano
Page frontispice présentant le portrait de Madame Clothilde, représentée au moment de son mariage avec le prince de Piémont en 1775. Dessin d'après la gravure de L.J. Catelin d'après Joseph Ducreux présenté à Versailles le 4 août 1775.
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 14:40


Dominique Poulin a écrit:
Ven 9 Jan 2009 - 11:43


Suite et Fin de la Deuxième Partie du Chapitre I : "La Princesse Gros Madame"


Pour l'heure, c'est une autre union que la Cour de France s'apprête à célébrer : les noces du comte d'Artois avec Marie-Thérèse de Savoie, sœur de la comtesse de Provence sont déclarées officiellement le 16 mars 1773. Toutes ces alliances avec la maison de Savoie finissent par offusquer la Cour d'Autriche qui constate ainsi son influence diminuée en Italie.
L'impératrice Marie-Thérèse écrivait à Marie-Antoinette : "Ce que vous me marquez sur le mariage du comte d'Artois m'étonne : deux soeurs de la même maison ! On parlait d'une princesse de Saxe. J'avoue, ce grand empressement de marier encore le troisième fait faire des réflexions pas du tout agréables. La partie devient forte."
Dans la foulée, la dauphine confirmait les craintes de sa mère : "On espère de faire le mariage de ma sœur avec le prince de Piémont".

Du 16 au 24 novembre 1773, Versailles vécut dans le tourbillon des fêtes du mariage du comte et de la comtesse d'Artois. Clotilde adorait son troisième frère, prince facétieux et volontaire, mais un peu incontrôlable... Malheureusement, malgré la complaisance de Louis XV qui jugeait sa nouvelle petite-fille "petite, mais une jolie gorge et une belle peau" et l'ardeur du comte d'Artois devant "la tournure de sa nouvelle épouse", la Cour et en particulier l'ambassadeur d'Autriche Mercy-Argenteau la condamnèrent sans états d'âme : "Ce qui est encore bien plus fâcheux pour cette princesse, c'est la disgrâce de son maintien, sa timidité et son air embarrassé. Elle ne sait prononcer une parole...Elle danse très mal et n'a rien qui n'annonce en elle ou le défaut de dispositions naturelles, ou une éducation excessivement négligée. Tout le public en a jugé ainsi et son premier coup d'œil a été très défavorable à Madame la Comtesse d'Artois."

Perdue dans le microcosme contrasté de Versailles, Marie-Thérèse de Savoie s'attira peut-être les bontés de sa belle-sœur Clotilde qui bien des années plus tard viendra à son secours.

A partir de ses treize ans en septembre 1772, la vie officielle de Clotilde s'accélère où se distribuent obligations de Cour, plaisirs mondains et vie personnelle.
Des concerts sont donnés dans ses appartements ou malgré la présence "de fort peu de monde", la dauphine Marie-Antoinette "chante toutes les semaines" ce qui ravit sa belle-sœur. Ces concerts avaient aussi l'avantage de réunir la jeune génération de la famille royale. Versée très jeune dans les arts d'agrément, "Gros Madame" excellait à la mandoline et c'est accompagnée de cet instrument que le comte d'Artois chantait à ses cotés. Mercy-Argenteau informait l'impératrice que la société de la dauphine chez Madame Clotilde était profitable afin de s'attirer le crédit de Madame de Marsan qui se méfiait de l'archiduchesse.
Le théâtre, très en vogue dans la haute société du XVIIIe siècle, faisait également partie de la formation intellectuelle des "Petites Mesdames". Leur gouvernante leur organisait de petites pièces, des "berquinades" censées développer leurs principes de morale et les mouvements du cœur.

Madame de Marsan s'était fait également un devoir de familiariser ses élèves avec la Maison d'Education de Saint-Cyr crée par la marquise de Maintenon un siècle plus tôt, ou les jeunes princesses découvraient une liberté d'action inconnue. Elles étaient ravies de déambuler gentiment dans les cuisines, une entorse inouïe à l'étiquette formellement interdite à Versailles !

En juillet 1773, Clotilde et Elisabeth découvraient Paris. A cette occasion, la gouvernante et sa fille, la princesse de Rohan-Guéméné, leur font présider dans les jardins des Tuileries une grande distribution de gâteaux aux petits Parisiens riches ou humbles. Pour les princesses, cette visite dans la capitale représentait leur premier contact avec l'immensité bigarrée et tapageuse de la foule parisienne.
Au cours de l'été, la princesse Louise de Condé invitait ses cousines dans son château de Vanves ou on avait édifié "un bosquet charmant avec cette inscription Temple de l'Amitié fidèle". Cette démonstration de bons sentiments n'était pas fictive : la jeune princesse de Condé avait approximativement le même âge que Clotilde et les deux jeunes filles nourrissaient les mêmes aspirations spirituelles et chrétiennes. Une amitié profonde et durable les uniront à jamais et lors de la Révolution, la princesse de Piémont saura prodiguer, comme à l'infortunée comtesse d'Artois, sa protection et son affection désintéressée.
En septembre 1773, Clotilde assistait à une grande fête au château de Saint-Cloud chez son cousin le duc d'Orléans pour l'inauguration des cascades au milieu de jardins "ou cent beautés ne se rencontrent pas ailleurs" selon l'architecte Blondel.

Toutefois, tous ces divertissements mondains n'altéraient pas l'instruction de la princesse...Les rumeurs de son mariage avec le prince Charles-Emmanuel de Savoie, incite Madame de Marsan à préparer son élève à son futur rôle d'épouse de prince héritier dans un monarchie étrangère. Clotilde était astreinte à un programme journalier de sept heures d'études et il est vraisemblable que ses cours se démarquaient de sa sœur Elisabeth, plus petite. On relève parmi ses maîtres, quelques professeurs célèbres, comme Leblond, mathématicien réputé ou encore le docteur Le Monnier, savant botaniste chargé de lui enseigner les sciences naturelles.

Dès ses quatorze ans qui officient définitivement l'entrée de Clotilde dans la vie de la Cour, un service d'honneur de cinq dames pour accompagner lui est constitué afin de la suivre partout. Parmi elles, se distingue la marquise d'Usson ou la comtesse de Sorans avec qui "Gros Madame" restera longtemps liée d'amitié.
C'est au cœur de cette vie paisible de princesse à marier, que la mort de Louis XV, le 10 mai 1774, vint frapper la France et la famille royale. Le dauphin prenait le nom de Louis XVI et c'est au milieu de ses parents et de ses courtisans venus rendre hommage au nouveau roi et à Marie-Antoinette, que le souverain désigna ses sœurs en leur disant :
"Nous ne nous séparerons pas. Je vous tiendrai lieu de tout
."



Le chapitre II "Mariage franco-savoyard" paraîtra courant février.

.
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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 14:41

Cosmo a écrit:On a tout notre temps !  Very Happy 

Comme tu dis ...  Hop! 
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Message par Invité Dim 09 Mar 2014, 14:57

clotilde - La princesse Clotilde de France, dite Madame Clotilde, "Gros Madame" - Page 2 Imagep41
Marie-Clotilde-Xavière de France, reine de Sardaigne, dite Madame Clotilde
François Hubert Drouais, 1775
Photo : RMN-GP (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet

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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 15:20

Ah, mais c'est que notre Dominique continue, lui !    :n,,;::::!!!:  :n,,;::::!!!:  :n,,;::::!!!: 

Dominique Poulin a écrit:
Mar 3 Mar 2009 - 17:39

Clotilde fut baptisée en même temps que ses frères Berry, Provence er Artois le 19 octobre 1761. Son parrain était le duc de Berry, futur Louis XVI et sa marraine, Madame Louise de France, sa tante.

D'autre part, je pense présenter les premiers posts du chapitre II "Mariage franco-savoyard" demain, mais je pense que cela va demander deux ou trois jours... 24 pages recto-verso ! Pour vous !   Very Happy  flower 





Et zou, c'est parti !!!  geek 


Dominique Poulin a écrit:
Mer 4 Mar 2009 - 18:18


Chapitre II

Mariage franco-savoyard 1774-1775



L'avènement de Louis XVI modifia peu la vie et la position officielle de Clotilde. Certes de petite-fille de roi, elle devint sœur de roi régnant, mais sur le fond, son quotidien resta inchangé. Elle resta sous l'influence et les conseils de Mme de Marsan. La princesse, qui depuis sa naissance, avait toujours vécu dans le sillage de sa gouvernante, ne semble pas avoir montré des signes d'impatience afin d'obtenir plus d'indépendance. Pourtant, dans les coulisses, la question de son mariage avec le prince de Piémont continuait d'agiter la famille royale et les bureaux ministériels.
A Versailles, le nouveau ministre des affaires étrangères, le comte de Vergennes, se montrait favorable à une troisième alliance avec la maison de Savoie. Il pensait que la présence d'une princesse française à Turin permettrait de contrebalancer l'influence expansionniste des Habsbourg dans la péninsule italienne. L'impératrice Marie-Thérèse avait en effet placé deux de ses filles sur les trônes de Parme et de Naples tandis que deux archiducs occupaient des positions souveraines stratégiques en Toscane à Florence, à Modène et à Milan. Pour sa part, la Maison de Savoie avait échappé par choix politique aux ouvertures de l'Autriche, le roi Victor-Amédée III donnant la priorité à l'alliance française en ayant accordé deux de ses filles aux Bourbons. Au milieu de l'année 1774, l'enjeu était de savoir si le roi de Piémont-Sardaigne allait se décider pour la princesse Clotilde.

La partie n'était pas jouée d'avance et les tractations matrimoniales entre les états français et piémontais avaient toujours cours. Louis XVI tout comme son ministre Vergennes était acquis à cette alliance, mais de l'autre versant des Alpes, Victor-Amédée II hésitait toujours sur le parti à prendre. Ce ne sont pourtant pas les informations qui lui manquaient ! Un an plus tôt, en mars 1773, son ambassadeur, le marquis de La Marmora, écrivait ainsi à son souverain :
"A la grosseur de la taille et de la figure près, il n'y a pas de plus aimable princesse que Madame Clotilde, soit par les traits soit par la douceur, les grâces,l'aménité de son esprit et de son caractère
."
De cela, Victor-Amédée ne nourrissait guère de doute, mais la solide corpulence de Clotilde le laissait perplexe et il est possible que le fiancé visé, le jeune Charles-Emmanuel de Savoie ait présenté quelques objections. Le souverain piémontais avait dit qu'il "n'exigerai jamais des autres ce que j'aurais été fâché qu'on exigeât de moi"... C'était donc les formes opulentes de "Gros Madame" qui suscitaient tant d'hésitations à la Cour de Turin !
C'était sans compter la bonne volonté dynastique des belles-sœurs savoyardes de Clotilde qui entrèrent discrètement en scène afin d'unir la princesse à leur frère Piémont. A peine Louis XVI monté sur le trône, la comtesse de Provence intriguait en sous-main. Marie-Joséphine de Savoie qui portait désormais le titre officiel de Madame était alors entrer dans la confiance du nouvel ambassadeur de Sardaigne, le comte de Viry. Ces deux protagonistes s'étaient bien rendus compte des préventions de Marie-Antoinette, hostile par principe à un troisième mariage savoyard et "des tracasseries que la reine ne demandait pas mieux que de (leur) susciter." Marie-Joséphine craignait manifestement l'hostilité de la reine pour sa famille et souhaitait très fort que la souveraine ne se doute de rien. Le comte de Viry estimait pour sa part que Madame se trouvait dans une "circonstance délicate" "à cause de la jalousie que la reine a conçue d'elle et qu'elle ne peut s'empêcher de laisser entrevoir." Au début du règne, en effet, Louis XVI appréciait assez sa belle-sœur qui selon Viry se trouvait "même gêné, dans les occasions ou il voudrait lui donner des marques de son amitié et de sa confiance."

Pour autant, la comtesse de Provence profitant de la préparation d'un portrait de Clotilde destiné à la Cour de Turin, informait secrètement Viry en août 1774, "que connaissant combien le roi, son beau-frère, était capable de garder un secret, elle avait envie de lui confier pour lui seul qu'elle devait me remettre ce portrait." C'est ainsi, alors que Clotilde posait candidement devant son portraitiste, les intrigues épistolaires à son endroit allaient bon droit !
La seconde princesse piémontaise, la comtesse d'Artois, ne voulut pas en rester en reste et activa elle aussi son petit complot de Cour. Marie-Thérèse de Savoie insista pour faire venir le miniaturiste italien Campana à Versailles, pour peindre une nouvelle fois sa belle-sœur. Le résultat fut moins heureux que sa sœur de Provence... La femme de Campana fit circuler de "légers propos" sur le criant embonpoint de la princesse Clotilde, propos qui remontèrent jusqu'aux appartements royaux ! Turin fut obligé de de confondre en explications diffuses, mais Campana dut rapidement plier bagage. On en resta là.

Toutefois, à la fin de 1774 et au début de l'année 1775, les négociations diplomatiques étaient très avancées.
Afin de se fixer une opinion définitive, Victor-Amédée III déléguait à Versailles deux personnes de confiance pour juger de "Gros Madame". Les conclusions de Mr de Saint-Germain et de Mr d'Aglié, gouverneur et écuyer du prince de Piémont, convainquirent le roi de Sardaigne qui considéra "que si la seule objection était un excessif embonpoint, un excellent caractère compenserait bien cela."
De Turin à Versailles, le mariage fut décidé. Dans les premiers jours de février 1775, le comte de Viry en tant que ministre plénipotentiaire de Sardaigne, demandait la confirmation de principe à Louis XVI qui l'accorda de bonne grâce tandis que Victor-Amédée III donnait son accord définitif le 13 mars. Le mariage par procuration, puis le départ de Clotilde pour la Savoie puis pour l'Italie était fixé pour le mois d'août. Six mois seulement séparaient les ultimes moments de Clotilde en France et l'accueil de sa nouvelle patrie à une princesse de quinze ans.

La suite demain.

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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 15:30



Dominique Poulin a écrit:
Jeu 5 Mar 2009 - 17:02



Suite du Chapitre II

Mariage franco-savoyard 1774-1775


De l'accession de Louis XVI au trône en mai 1774 jusqu'au mariage de Clotilde en août 1775, Clotilde ne figure pratiquement pas dans les chroniques officielles. Avec sa sœur, Madame Élisabeth, elle vécut bien souvent en retrait de la vie publique du nouveau couple royal. Bornée au voisinage de Madame de Marsan, de ses sous-gouvernantes et de ses dames d'honneur, elle participa de loin en loin à quelques apparitions. On la vit ainsi aux cotés de Louis XVI et de Marie-Antoinette , participer le 15 août 1775 à la fête de l'Assomption. Au cours de l'été, la reine invitait sa belle-sœur à visiter les merveilleux jardins anglo-chinois du comte de Caraman à Paris.
Ses devoirs d'études n'étaient pas pour autant négligés. Appelée à occuper le rang d'épouse de prince héritier puis de reine à Turin, la comtesse de Marsan dirigeait son élève afin qu'elle connaisse à fond la généalogie et l'histoire ancienne de la maison de Savoie. La gouvernante insistait également pour que Clotilde puisse naturellement tenir une Cour : elle organisait ainsi des réunions de dames formant cercle autour de la princesse ou l'art de la conversation de Cour devait former l'ingrédient principal. Il est cependant dommage que Mme de Marsan n'eut pas élargi ce cercle à des femmes venant de milieux plus conformes à la société savante des salons parisiens. Mais par tradition et par tempérament, la gouvernante se limita strictement pour Clotilde à des dames rompues à des usages souvent surannés.

Le sacre de Louis XVI à Reims le 11 juin 1775 représenta la dernière grande apparition publique de la princesse juste avant son mariage. Avec les frais du sacre et le mariage imminent de Clotilde, la facture risquait d'être bien lourde pour l'Etat... Le contrôleur des Finances, Turgot, avait insisté auprès du roi pour que les noces de sa sœur comportent moins de fêtes que prévu. Louis XVI fut de cet avis et il fut décidé que l'on se limiterait à trois grandes journées à Versailles. La cérémonie religieuse, la réception du Grand Appartement et le Grand Couvert auraient lieu le même jour, suivis dans la semaine d'un grand bal paré et de la représentation d'une tragédie. De son coté, l'ambassade de Sardaigne prenait en charge un immense bal masqué pour la Cour.

Le mariage de Clotilde devait susciter une vive douleur à Marie-Antoinette. Au cours du mois de juillet, elle appris le départ de Monsieur et de Madame autorisés à suivre la nouvelle princesse de Piémont dans sa patrie d'adoption et le séjour "de quinze jours dans le plus grand incognito à Chambéry". La reine écrivait "qu'il est affreux pour moi ,de ne pouvoir espérer le même bonheur." Marie-Antoinette piquée au vif s'était enfermée dans ses appartements pour pleurer à son aise d'autant que le comte et la comtesse de Provence exprimaient bruyamment leur joie. Elle ne pouvait s'empêcher de faire le rapprochement avec Marie-Joséphine ravie de revoir sa famille, alors que Joseph II tardait à la visiter.

Début août 1775, le département des Menus-Plaisirs chargé de l'organisation du mariage s'activait fiévreusement... Cependant malgré la réduction des dépenses, l'apparat et le rituel codifié des mariages royaux restait immuable.



Jeu 5 Mar 2009 - 17:45


Les noces de Clotilde figuraient au rang des mariages d'Etat mais deux cérémonies symboliques précédaient leurs consécrations. Le 8 août 1775, eut lieu la demande officielle par le comte de Viry au nom du roi Victor-Amédée III. M. de Tolozan, introducteur des ambassadeurs à Versailles et le prince de Marsan accueillirent l'ambassadeur en grande pompe encadrés par les haies d'honneur des gardes françaises et des gardes suisses. L'étiquette donnait ensuite le relais au marquis de Dreux-Brézé, grand maître des Cérémonies. De la salle Ambassadeurs, Viry encadré de sa suite piémontaise et escorté des gardes de la Porte, accédait à l'Escalier de Marbre pour pénétrer dans le Cabinet du roi. Louis XVI et Viry échangèrent les formules d'usage de "gracieuseté" mais la solennité de cette cérémonie fut malgré tout tempérée par les sentiments du roi qui "lorsque le comte de Viry a fait dernièrement la demande publique et l'a prié de fixer le jour du départ, Sa Majesté n'a pu s'empécher de laisser couler des larmes d'attendrissement. La corbeille des présents est magnifique, il y a pour 1 500 000 livres de diamants." Ce jour là, l'ambassadeur offrit à Madame Clotilde au nom de son fiancé, le prince de Piémont, deux bracelets de diamants ornés de sa miniature.

Le 11 août, afin de rendre hommage aux Parisiens avant son départ, Clotilde est présentée par Marie-Antoinette à l'Opéra qui produisit pour elles "Cythère assiégée" de Gluck. Cinq jours plus tard, la cérémonie de fiancailles se déroula selon un rituel semblable à celui de la présentation. En présence du souverain, de la reine, des princes et des princesses et de leurs services d'honneur, Clotilde fut le centre de tous les regards dans le Cabinet du roi. Elle entra donnant la main au comte d'Artois tandis que Madame Elisabeth portait la queue de sa mante de gaze d'or. Pour sa part, Monsieur représentait Charles-Emmanuel de Savoie en tant qu'époux procureur de la fiancée. Deux ministres, Mrs de Vergennes et de Malesherbes rendirent publique la lecture du contrat de mariage. La dot de "Gros Madame" était fixée à trois millions de livres. Ensuite, le ministre des Affaires Etrangères tendit la plume à toute la famille royale pour les signatures et le cardinal de la Roche-Aymon, Grand Aumonier de France officiait les fiancailles.

Tous les assistants purent voir l'émotion de la princesse : "Madame Clotilde a pleuré plusieurs fois notamment en signant le contrat de mariage. Tous ceux qui ont l'honneur de l'approcher et qui la connaissent la regretteront infiniment." A la veille de l'évènement, circulait dans Paris un quatrain à double sens sur l'alliance de la soeur du roi :

"Le bon savoyard qui réclame
Le prix de son double présent
En échange reçoit Madame
C'est le payer bien grassement !
"

En l'occurrence, "le double présent" concernait les comtesses de Provence et d'Artois, soeurs du prince de Piémont et la fin de l'épigramme fait malicieusement référence aux formes rebondies de la mariée... En France, tous les faits et gestes de la famille royale étaient objets de chansons louangeuses, satiriques ou carrément ordurières ! Tel était l'esprit du temps.
Le mariage par procuration se déroula le 21 août 1775 selon une codification invariable à la Cour de France depuis des générations. La veille, le comte de Viry avait remis une grande parure de diamants à Clotilde au nom de son fiancé et du roi de Sardaigne.





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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 15:37



notre infatigable Dominique a écrit:
Lun 9 Mar 2009 - 16:59



Suite du chapitre II
Mariage franco-savoyard 1774-1775


Le département des Menus-Plaisirs précisait que "Madame la princesse de Piémont ayant le pas dans cette occasion derrière le roi et la reine, et à laquelle M. le comte d'Artois donnait la main, était suivie de la comtesse de Marsan et de la famille." Le cardinal de La Roche-Aymon "fit la bénédiction des treize pièces d'or et d'un anneau d'or au quatrième doigt de la princesse et lui donna les treize pièces d'or en foi du mariage. M. le cardinal ayant demandé à Monsieur, si comme procureur de M. Le prince de Piémont, il prenait Madame Clotilde pour femme et légitime épouse, le prince avant de répondre, se tourna du coté du roi et fit une profonde révérence. La princesse ne fit aussi la même réponse qu'après avoir demandé la permission à Leurs Majestés, puis la messe commença et la musique du roi exécuta un motet."

Comme pour les mariages des frères de Clotilde les années précédentes, la réception du Grand Appartement accueilla les courtisans dans les salons de parade du château. La fureur du jeu s'empara bientôt des invités et Marie-Antoinette n'y dérogea pas en perdant cinquante louis. Le grand public était admis à défiler dans la Galerie des Glaces, heureux de saisir un instant la tête d'un illustre personnage. Ensuite, toujours sous l'œil attentif de la foule, la famille royale se réunissait dans la soirée à l'Opéra de Versailles pour le souper du Grand Couvert sous les airs de la musique du surintendant Dauvergne.
Le lendemain, 22 août, les festivités publiques reprennent, Madame Clotilde n'a plus un moment de répit ! Le duc de Cossé, gouverneur de Paris et les corps municipaux de la capitale présentent leurs compliments à la mariée avant de déposer de somptueux cadeaux. Par la suite, le corps diplomatique défila devant la sœur du roi. Le soir, un grand bal paré, dans la salle de l'Opéra accueillait six cent vingt quatre dames titrées.
Un visiteur étranger de marque, Horace Walpole, a laissé un témoignage sur cette grande fête versaillaise, on devine à travers ses mots l'éblouissement de la soirée :
"La nuit dernière, je me suis glissé au bal paré et comme j'ai une foule d'amis, on m'a placé sur le banc des ambassadeurs, juste derrière la famille royale. Le bal avait lieu dans la salle de spectacles la plus brillante de l'univers et ou le goût l'emporte encore sur la richesse... Quant à la nouvelle princesse de Piémont, son visage est éclatant de fraîcheur et le reste à peu près de la dimension de lord Holland, ce qui ne fait pas bien dans une robe à corsage raide...".
Mais manifestement, c'est Marie-Antoinette, souveraine parmi les souveraines qui retient tous les regards : "On ne pouvait avoir des yeux que pour la reine. Les Hébé et les Flores, les Hélène et les Grâces ne sont que des coureuses de rue à coté d'elle. Quand elle est debout ou assise, c'est la statue de la beauté ; quand elle se meut, c'est la grâce en personne. Elle avait une robe d'argent semée de lauriers-roses, peu de diamants et de grandes plumes. On dit qu'elle ne danse pas en mesure, mais alors c'est la musique qui a tort."
Ainsi, malgré ce splendide bal paré donné pour elle, Madame Clotilde parait bien éclipsée par sa belle-sœur... Ni son charme juvénile, ni ses doux yeux candides, ni la splendeur de ses atours ne pouvaient rivaliser avec la majesté innée de Marie-Antoinette. Quoi qu'il en soit, on ne sait si elle en conçue un peu de jalousie, mais ce n'était pas dans sa nature.

Trois jours plus tard, le 25 août, l'ambassadeur de Sardaigne le comte de Viry, donnait une grande fête à Paris au Vauxhall à la barrière de Vaugirard. Un feu d'artifice et un bal masqué accueillaient "l'univers entier", 6000 personnes ! Le chroniqueur Bachaumont remarqua que "Madame la nouvelle princesse y est restée fort tard ainsi que Mesdames. On ne s'est point aperçue que la première ait aucun regret de quitter la France. Elle avait cette joie naïve d'une jeune personne dont les sens commencent à s'ouvrir à tous les plaisirs."
Pourtant Bachaumont était mal renseigné. Les larmes abondantes qu'elle laissa couler lors de la signature de son contrat de mariage, celles de son frère Louis XVI, l'attendrissement de sa famille, en particulier de Madame Elisabeth, qui reconnaissaient unanimement sa capacité à aimer et à se faire aimer de tous ceux qui l'approchaient démontre le contraire. Son mariage était politique, mais ce n'est pas sans regret que le roi la laissa partir. Le 26 août, la représentation d'une tragédie "Le Connétable de Bourbon" de M. de Guibert clôtura les fêtes.

L'heure des adieux approchait à grand pas et il appartenait à la nouvelle princesse de Piémont de se préparer à la séparation, une épreuve bien redoutable pour une jeune fille de quinze ans et demie...




Jeu 12 Mar 2009 - 17:57


Suite du chapitre II
Mariage franco-savoyard


Reverrait-elle un jour les siens ? Question insondable, mais tempérée par la bonne volonté de ses beaux-parents savoyards. Elle avait assurer à Victor-Amédée III qu'elle se trouvait "parfaitement heureuse de devenir sa belle-fille et que l'occupation de sa vie sera de contribuer au bonheur de Monsieur le prince de Piémont que ses qualités aimables lui rendront toujours cher."
Quant à la reine de Sardaigne, Marie-Antoinette-Ferdinande, Clotilde lui écrivait de Versailles que "le moment approche ou je vais me donner entièrement à l'étude de plaire à Votre Majesté et à lui offrir tous mes soins."
Le 27 août, la princesse et la famille royale quittent Versailles pour le château de Choisy. C'est ici, le lendemain que Clotilde quitta les siens pour prendre la route de Chambéry ou devait avoir lieu la deuxième phase de son mariage et de nouvelles festivités. A ce moment crucial, les opinions divergent sur les sentiments qui étreignaient le coeur de la princesse de Piémont. Pour les uns, elle fit preuve de peu d'émotion, pour d'autres la séparation lui fut pénible.
La reine de France écrivait ainsi à l'impératrice que sa belle-soeur avait été "médiocrement affligée" et que cela était "assez naturel" car "elle vivait peu avec nous et Mme de Marsan, qui était de nom et de coeur "sa chère petite amie" l'avait totalement subjuguée".
Marie-Antoinette n'était décidément pas très enthousiaste par cette troisième alliance avec la maison de Savoie car elle doutait de la capacité de Clotilde à ne pas obtenir "très grand succès à Turin ; mais du reste on en fera tout ce qu'on voudra ; elle est bonne enfant, n'a pas beaucoup d'esprit et ne s'affectionne vivement pour rien."
En revanche, le chroniqueur Bachaumont déclare que "Gros Madame" aurait beaucoup pleuré et se serait même évanouie ! Que faut-il croire ? du moins, il est possible qu'elle est fait preuve de peu d'émotion, mais ce ne fut peut-être qu'une apparence, car si sa famille était là pour lui dire adieu, il ne faut pas oublier les quelques centaines d'yeux qui scrutaient ses moindres faits et gestes, d'où sa naturelle répugnance à afficher une trop grande sensibilité en public. L'attitude de sa soeur, Madame Elisabeth fut tout autre.
Elle avait toujours vécue dans le sillage de Clotilde et elle avait partager en toute innocence tous les instants d'une vie commune. Ce chapitre s'achevait.
A Choisy, Elisabeth s'accrochait tellement à Clotilde au moment du départ, que Marie-Antoinette dut doucement la séparer de sa soeur aimante.

La princesse de Piémont partit enfin, mais avant d'atteindre la Savoie, un long voyage commençait. Comme de coutume, les services de la Maison du roi avaient organisé tous les préparatifs à l'avance. Plus d'une centaine de personnes accompagnait la soeur de Louis XVI, des dames du service d'honneur au plus humble marmiton de cuisine.
En tant que gouvernante, Madame de Marsan suivait son élève, mais sa tâche se terminait. Après les noces de Clotilde, elle s'en retournerait en France pour se retirer. De plus, trois femmes du service des dames pour accompagner, les comtesse de Bonnac, de Sorans et de Breugnon avaient été désignées à la suite de leur maîtresse. Clotilde faisait ses adieux à sa famille, à Versailles, à la Cour, à la France, mais du fond de son carosse, quels sentiments l'animèrent, lorsque les premiers mouvements de roues de sa voiture s'ébranlèrent vers sa nouvelle patrie d'adoption ?


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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 16:19



Dominique Poulin a écrit:
Mar 17 Mar 2009 - 17:31



Suite chapitre II
Mariage franco-savoyard



Plusieurs séjours s'avéraient nécessaires avant d'atteindre la capitale du duché de Savoie, d'autant plus que le cortège avançait lentement et qu'à chaque étape Clotilde avait droit à une kyrielle de solennités. On atteint successivement Montargis, Nemours, Briare, Nevers, Moulins et Roanne. Dans toutes les villes ou elle fait son entrée et ou elle couche, la princesse reçoit l'hommage des corps municipaux, les incontournables discours de bienvenue, les tirs de canon et les salves de la milice.
Le 2 septembre 1775, la caravane fit un arrêt à Lyon pour deux journées consécutives. La deuxième ville du royaume ne lésina pas en frais de représentation pour honorer son illustre invitée. Cinq grands carrosses de parade entrèrent d'abord dans l'ancienne capitale des Gaules, Clotilde occupait le cinquième avec ses dames. Ensuite, ce fut le tour des voitures plus ordinaires, mais cette procession représentait plus de deux cent personnes à accueillir et à loger, sans compter le double de chevaux !
Pour la jeune mariée, le rythme des manifestations est pour le moins épuisant... Elle ne faillit pourtant pas à sa réputation de princesse avenante, devant la foule des notables qui viennent se présenter, les discours, les réceptions, collations, feux d'artifice, spectacles, etc.
Consciente de son rang et des bienfaits qu'elle a le pouvoir de prodiguer, Clotilde fait preuve de mansuétude en obtenant un brevet de grâce du roi pour six déserteurs et la délivrance de brevets de maitrise pour des ouvriers qui viennent de convoler.

Enfin, à partir du 5 septembre, Madame Clotilde entra dans la seconde phase de son mariage. A Pont-de Beauvoisin, sur le Guiers, qui marquait la frontière naturelle entre la France et le duché de Savoie, eut lieu la rituelle cérémonie de remise de la sœur de Louis XVI aux dignitaires diligentés par Victor-Amédée III.
Afin de donner plus d'apparat à cette cérémonie, un détachement de la maréchaussée et cent dragons de Lorraine se joignent au corps des Cent Suisses et aux gardes du corps de l'escorte. En sa qualité de commissaire plénipotentiaire, le comte de Clermont-Tonnerre avait l'insigne responsabilité de remettre la princesse aux dames de sa suite piémontaise, mais la remise proprement dite ne se fit que le lendemain.

La soirée du 5 septembre fut occupée par la présentation de la nouvelle maison d'honneur de la nouvelle princesse de Piémont. De grandes dames de la Cour de Turin plongèrent en révérences devant Clotilde : la marquise de La Mourre, dame d'honneur, la marquise Ferrero, dame d'atours, puis vint de défilé des dames du palais, la comtesse Carri, la marquise de Salzey, la marquise de Condré, la comtesse d'Audrogne... Ensuite, on fit tirer un feu d'artifice et un grand diner réunit les suites française et piémontaise.

C'est le 6 septembre 1775, que la cérémonie de remise se fit dans toutes ses formes. Des deux cotés de la frontière, alors qu'officiers français et piémontais rendent les honneurs et tandis que Clotilde passe sous un arc de triomphe sur le pont de Ghiers qui marque l'entrée en territoire savoyard, le comte de Clermont-Tonnerre remet la sœur du roi de France au comte de Viry, ambassadeur de Sardaigne. Du "palais" temporaire que l'on édifié pour la circonstance, la princesse entre dans la pièce préposée à sa toilette afin de se faire parer à la piémontaise par ses nouvelles dames.
C'est lors de cette toilette d'apparat ou peu après, que vint la rejoindre son époux, son époux, Charles-Emmanuel de Savoie, prince royal de Piémont. A cet instant, le contemporain Bachaumont nous rapporte une anecdote piquante, mais probablement édulcorée :
"On a nouvelle de la séparation douloureuse de Madame la princesse de Piémont au Pont-de-Beauvoisin . Elle a été telle qu'elle s'est évanouie et que son auguste époux arrivé au devant d'elle a été obligé d'attendre un instant pour la voir. Revenue à elle, il est entré et a voulu lui baiser la main.
Elle s'est jetée à son cou et l'a embrassé maritalement en lui disant :
- "Vous me trouvez bien grosse ?
- " Je vous trouve charmante, vous ferez mon bonheur" a répondu le prince
- puisse-je faire le vôtre !
"

Faut-il accorder entièrement foi au témoignage de Bachaumont devant l'empressement de Clotilde à se jeter au cou de son mari ? La scène parait exagérée et il semble que l'on a voulu exploiter les sentiments de bonté légendaire de la princesse pour transformer cette première entrevue en scène d'Epinal.
-




Jeu 19 Mar 2009 - 17:22


Suite du chapitre II
Mariage franco-savoyard 1774-1775



Le même jour, le cortège quitta Pont-de-Beauvoisin pour atteindre Les Échelles où Clotilde vit pour la première fois ses beaux-parents le roi Victor-Amédée III et la reine Marie-Antoinette-Ferdinande. On y resta peu pour repartir à Saint-Jean-de Couz ou patientaient d'autres membres de la famille royale de Savoie : le demi-frère du roi, le duc de Chablais et son épouse, Marie-Anne, fille du roi qui avait épousé son oncle et deux sœurs du Victor-Amédée III, les princesses Eléonore et Félicité, restées célibataires.

La journée fut ponctuée par un nouveau départ à Chambéry où devait se dérouler la ratification du mariage. Vers huit heures, à la tête du corps des Chevaliers-Tireurs et des Uhlans du Petit-Bugey, l'imposant défilé de carrosses atteignit Chambéry. Pour illustrer royalement les noces, Victor-Amédée III avait décidé de redonner tout le lustre nécessaire au vieux château de Chambéry, partiellement détruit par un incendie en 1743. La dynastie n'avait plus salué ses sujets savoyards depuis de longues décennies, le centre du pouvoir royal se trouvant à Turin, la capitale du Piémont.

En quatre mois, grâce aux caisses de l'État qui s'ouvrirent pour la renaissance de Chambéry, tout fut rebâti à neuf et même étendu d'une "galerie de communication entre l'appartement royal et la Chapelle, un vestibule monumental, un grand escalier d'honneur." Architectes, décorateurs, jardiniers, rien ne fut négligé pour la famille royale qui prit ses quartiers le 20 juin 1775, deux mois avant les noces du prince héritier.
L'entrée de Clotilde à Chambéry, le 6 septembre, fut célébrée pompeusement avec ses rues tendues de tapisseries, ses illuminations, ses bougies tendues sous toutes les fenêtres, mais c'est la ratification du mariage qui importait le plus. Sous les regards de la dynastie et des grandes familles de Savoie et du Piémont, l'archevêque de Turin donna sa bénédiction. Le précédent mariage par procuration du 21 août était dorénavant entériné par celui réel du 6 septembre : Clotilde de France devenait pleinement l'épouse du prince de Piémont, et si Dieu le voulait le prochaine reine.

Victor-Amédée III manifestait son contentement à qui voulait l'entendre en déclarant "Nous sommes Français au moins pour trois générations."
Il est vrai que le roi avait appris quelques jours plus tôt, l'heureux accouchement à Versailles de sa fille, la comtesse d'Artois qui lui avait donné un petit-fils, le duc d'Angoulême.
Malheureusement, il ne pouvait savoir, que ni son autre fille, la comtesse de Provence, et ni sa belle-fille, Clotilde, ne lui donneraient aucun descendant. Sur les trois alliances de sa dynastie avec les Bourbons, seul la comtesse d'Artois lui donnera des héritiers.

Après Clotilde, Victor-Amédée III attendait impatiemment l'arrivée de Monsieur et de Madame. Ces derniers, on s'en souvient, avaient obtenu de Louis XVI la grâce d'accompagner la jeune princesse en Savoie et d'y séjourner durant les fêtes du mariage. Par ce geste, le roi de France avait voulu remercier sa belle-sœur de l'habile diplomatie familiale de la comtesse de Provence. Pour des raisons de protocole, les princes avaient voyagé "incognito" sous le nom de duc et de duchesse d'Alençon et à l'exception d'un séjour commun à Lyon, ils avaient toujours suivi "gros Madame" à distance, encadrés de leur propre cortège.

Le roi de Piémont-Sardaigne avait donné des ordres afin que toutes les dispositions soient rendues afin que le mariage de son fils revête une pompe vraiment royale ; château rebâti à neuf, amoncellement de mobilier, approvisionnement continu en victuailles, "force cristaux et vaisselle, vermeille pour la table du roi, vaisselle plate pour les autres... et l'on avait complété l'approvisionnement à la verrerie de Sales, 1122 carafes, 828 verres, 450 sorbets, bouteilles à proportion, vins de champagne et de Bourgogne."
Même les équipages de chasse du roi avaient fait le voyage !


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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 17:08



Le jeune marié ( lui, pour le coup, fait plutôt maigrelet ! )

clotilde - La princesse Clotilde de France, dite Madame Clotilde, "Gros Madame" - Page 2 Charle11


Giovanni Panealbo (1742–1815)
Portrait of Charles Emmanuel IV of Sardinia (1751-1819)

.
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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 17:13



Dominique Poulin a écrit:
Ven 20 Mar 2009 - 18:10


Mais peu à peu le séjour savoisien tirait à sa fin. La gouvernante de Clotilde fut l'une des premières à prendre congé, bien satisfaite de sa mission accomplie :
"Notre ouvrage a le plus grand succès écrivait-elle au comte de Viry. Notre princesse est déjà adorée comme elle l'a été partout ou elle a passé. Le roi et la reine de Sardaigne l'accablent de caresses ; le prince en est très amoureux et elle m'en paraît fort contente. Je partirai dans quelques jours avec la consolation de la savoir heureuse, ce qui adoucira beaucoup une séparation qui me coûte infiniment."
Dans son for intérieur, la princesse de Piémont assurait les mêmes sentiments élogieux à sa dame de compagnie et amie, la marquise d'Usson, restée à Versailles en s'estimant "que je serai parfaitement heureuse ; le ciel m'a douée d'un époux qui est charmant, très aimable et bien occupé de moi. Le roi et la reine me comblent de bontés et d'amitié." Cette lettre expédiée en France devint rapidement l'enjeu d'une combinaison de Cour, car elle fut renvoyée à Turin pour être lue par la reine de Sardaigne !

Dès lors, la pieuse épouse de Victor-Amédée III considéra Clotilde comme sa véritable fille. La sœur de Louis XVI s'attira prestement l'estime exaltée de la famille royale au point de rassembler toute la Cour autour d'elle. Il était temps cependant de rentrer en Italie et Turin, la capitale, s'impatientait de voir sa nouvelle princesse française. C'est là, désormais, que se déroulerait l'essentiel de sa vie.
Le 25 septembre 1775, tout était réglé pour franchir les Alpes, on partit. Cinq jours plus tard, l'immense cortège entrait dans Turin. Clotilde voyait et saluait des milliers de Turinois qui se pressaient devant son carrosse de gala. L'enthousiasme bon enfant des Italiens ne fut pourtant pas aveugle face aux formes rebondies de leur future reine !
Dans un vacarme assourdissant, Clotilde perçut ses paroles :
- "Qu'elle est grosse !."
C'est alors que sa belle-mère, la reine Marie-Antoinette-Ferdinande, lui dit en guise de philosophie :
- "Ce n'est rien ma fille ! Quand je suis arrivée ici, ils criaient : "Dieu qu'elle est laide !".

La capitale du royaume se devait de fêter l'épouse de son prince héritier et Victor-Amédée III décréta deux semaines de festivités supplémentaires qui s'achevèrent enfin par un bal paré donné par le baron de Choiseul-Beaupré, ambassadeur de France à Turin : "Ce bal, le plus long dont on se souvienne à Turin, commença à dix heures du soir, à l'issue de l'opéra et n'a fini que le surlendemain à cinq heures du matin que par l'impossibilité de remplacer les musiciens fatigués"...

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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 17:15




La belle-mère philosophe  :clotilde - La princesse Clotilde de France, dite Madame Clotilde, "Gros Madame" - Page 2 2028181902  :

clotilde - La princesse Clotilde de France, dite Madame Clotilde, "Gros Madame" - Page 2 Infant10
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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 17:20



Dominique, imperturbable, a écrit:
Ven 20 Mar 2009 - 18:45



Suite et fin du chapitre II
Mariage franco-savoyard 1774-1775


Au sein de sa nouvelle famille, Clotilde avait fêté ses seize printemps le 23 septembre 1775. Dès son séjour à Chambéry, elle avait fait preuve avec une facilité déconcertante d'un pouvoir d'adaptation étonnant. Son tempérament amène, sa franche bonté, son raisonnement toujours juste lui avaient instantanément gagné les coeurs de son époux et de ses beaux-parents.
Evidemment sa dévotion marquée et sa conduite profondément chrétienne furent immensément appréciées dans une Cour austère où les règles d'une religiosité presque absolue constituait l'un des fondements principaux. La désignation de Madame Clotilde paraissait parfaitement appropriée, son choix s'avérait excellent, elle ne commettrait pas d'impair, on le devina très vite. En peu de temps, à la Cour de Piémont, elle devint une sorte d'icône où tout le monde ne jurait que par elle au point d'oublier son obésité pourtant bien réelle qui ne tournait pas à son avantage.

Un observateur notait béât qu'elle avait "captivé tous les coeurs par son affabilité touchante et ce caractère aimable pour lequel la bienfaisance est un besoin."
Pourtant encore doucement imprégnée de ses souvenirs à la Cour de France, et à un âge aussi tendre, l'affection de son mari et de ses beaux-parents n'étaient pas de trop... Malgré toutes ces qualités, Clotilde n'était encore qu'une toute jeune fille avec un grand fond d'innocence, beaucoup d'émotivité et un charmant fond de gaucherie bien naturel pour une adolescente.
On discerne chez elle un terrain avant-coureur d'angoisse à travers sa volonté constante à ne déplaire à personne et une attitude toujours irréprochable au point de paraître compassée. La quasi-totalité de sa suite qui l'avait accompagnée jusqu'à Chambéry s'en était retournée en France. Sa "chère petite amie", la comtesse de Marsan, n'était plus là pour la guider et la conseiller, il lui fallait désormais composer avec un entourage essentiellement italien.
Entre tous, c'était son époux que la politique des Etats lui avait choisie. Mais qui était vraiment ce prince héritier "charmant" et "très aimable" selon les paroles de Clotilde ? Et comment, dans la réalité, vivait-on à la Cour de Victor-Amédée III et de Marie-Antoinette-Ferdinande ?
A présent, au sein de cette dynastie qui s'enorgueillissait de ses nobles origines jusqu'à la nuit des temps et qui avait pris pied en Italie à la fin du Moyen-Âge avant de faire partie de la famille des rois en 1713, Clotilde ouvrait un nouveau chapitre de sa vie à la Cour de Turin.


A suivre : Chapitre III, La Princesse de Piémont 1775-1789.

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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 17:32



Dominique a écrit:
Lun 1 Juin 2009 - 15:55


Excusez-moi pour la suite de la rédaction de la biographie de Madame Clotilde, j'ai pris pas mal de retard, car j'ai du mal à trouver des documents sur sa vie à la Cour de Turin de 1775 à 1789... Malgré tout je continue, je ne vais pas vous lâcher comme ça ! Je pense publier le troisième chapitre cet été. Patience donc...
Ceci dit, j'ai remarqué un beau portrait de la princesse de Piémont peint vers 1780 par Heinsius. Il figure sur la notice biographique qui lui est consacrée sur Wikipédia. Merci de la faire figurer ici si cela vous fait plaisir ! Il semblerait que Clotilde est perdu un peu de poids, mais elle est encore forte... En tout cas, il ressemble plus à un portrait d'une bourgeoise que celui d'une future reine, mais il est vrai qu'elle n'aimait pas les pompes de la monarchie.

C'est chose faite, peu en amont, cher Dominique !  Very Happy 


Majesté a écrit:
Il semble , en effet , que Clotilde ait minci ...après une maladie me semble-t-il ...

Bien à vous .


invité a écrit:
Oui elle a maigri lors de son dernier séjour à Versailles , au cours duquel elle mourra d'ailleurs . Mais cet amaigrissement était relatif , compte tenu de son précédent poids au-dessus de la norme on va dire.
Il semble en effet que la maladie , comme c'est souvent le cas , soit à l'origine de la perte de poids de cette princesse très gourmande .

Dominique a écrit:
Lun 10 Aoû 2009 - 16:39


Ouh là là ! quel retard j'ai pris dans la biographie de Madame Clotilde... J'en suis encore à la préparation de plusieurs plans pour la rédaction du troisième chapitre "La princesse de Piémont 1775-1789" ! mais j'avance, doucement, à moins que la chaleur de l'été m'incite à ne pas en foutre une rame !!! Enfin, ça va venir... Ca vient, ça vient !

Info pour invité :
Clotilde n'est pas morte à Versailles, mais à en exil à Naples en 1802. Si, si, Clotilde s'est extremement aminci au cours de sa vie à la Cour de Turin, au point que ses frères eurent bien du mal à la reconnaitre lorsqu'ils se réfugièrent à la Cour de Piémont pendant la Révolution. Ceci dit, la maladie a peut-etre joué dans la balance, car elle fut gravement malade en 1779.


invité a écrit:

Merci cher Dominique Poulin de m'avoir corrigée !!

Je m'aperçois à la lecture de mon ancien post que j'ai confondu avec sa tante , fille ainée de Louis XV , Élisabeth de France dite Madame Infante , duchesse de Parme ... Voila pourquoi je parle de "dernier séjour à Versailles" , car elle , elle y est bien morte , et Madame Clotilde non bien sûr !. Et pourquoi je ne comprenais pas qu'on parle d'amaigrissement alors qu'elle était obèse à la fin de sa vie .

Quelle méprise idiote de ma part , nous devions certainement avoir plusieurs conversations en même temps et je suis passée d'une princesse à une autre dans mes pensées.

.
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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 17:45




Enfin, le beau-dab, Victor-Amédée III ( en culottes Renaissance  Shocked )  :


clotilde - La princesse Clotilde de France, dite Madame Clotilde, "Gros Madame" - Page 2 Victor10
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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 17:56

Dominique a écrit:
Ven 4 Sep 2009 - 16:30



Chapitre III

LA PRINCESSE DE PIÉMONT 1775-1789



La dynastie de Savoie ! A n'en pas douter, Clotilde en savait déjà long sur cette famille, son histoire et son parcours presque romanesque !
Pour comprendre l'ascension de cette maison royale, il convient de remonter le temps, soit huit cents ans en arrière. Beaucoup de ses comtes, de ses ducs, puis de ses rois se distinguèrent à travers un intelligence aiguë doublée d'une remarquable habileté en matière diplomatique. Leur préoccupation constante reposa sur la reconnaissance et l'agrandissement de leur souveraineté et l'union de leur parenté avec des familles royales souvent bien plus puissantes. Sur ces deux points cruciaux, la dynastie de Savoie réussit au-delà de ses espoirs, mais cette ascension fut lente et jalonnée de difficultés innombrables.

Tout en haut de l'arbre généalogique des Savoie, figure sans conteste le premier ancêtre de la maison, Humbert aux Blanches Mains qui naquit à la fin du Xe siècle et vécut sous le règne des premiers Capétiens. En l'an 1000, la Maurienne-Savoie dépendait de la souveraineté des rois de Bourgogne, mais ses souverains s'éteignirent sans héritier en 1032. L'empereur germanique en profita alors pour annexer le royaume de Bourgogne et de fait les premiers comtes de Savoie, -ou Humbertiens-, reconnurent le Saint-Empire pour suzerain. Ils ne perdirent d'ailleurs pas leur temps, car ils marièrent une des leurs, Berthe, à l'empereur Henri IV en 1066.

Patiemment, en contrôlant les grands cols alpins, Grand et Petit-Mont-Saint-Bernard, Mont-Cenis et Vallée d'Aoste, ils vont étendre leur influence territoriale au prix d'alliances et de mariages politiques, de conflits et de guerres, mais aussi par de savants jeux de manoeuvres diplomatiques. Par une autre union, ils s'allient avec les marquis de Turin en 1046 et fondent ainsi leurs premiers liens par la vallée de Suze. Au cours des siècles qui suivent, la principauté s'étend, mais non sans mal ni reculs ! Le Faucigny, Genève, Nice, Verceil, tombent sous sa coupe. Elle est assimilée de plus en plus à celle d'un petit État avec qui il faut compter et le contrôle progressif et convoité de tous les cols Alpins lui donne le surnom envié de "Portier des Alpes".

De cap en cap, de règne en règne, la dynastie se perpétue, ne manquant jamais d'héritiers mâles en essaimant souvent de prolifiques descendances . Les alliances matrimoniales sont toujours largement mises à contribution et assurent en puissance et prestige la place des comtes de Savoie sur l'échiquier des États de l'Europe médiévale. Qu'on en juge !
Au XIe siècle, le comte Odon marie ses filles au roi Henri IV d'Angleterre et à Rodolphe de Souabe, roi des Romains, tandis qu'en 1115 Adélaïde de Maurienne monte sur le trône de France en épousant Louis VI le Gros. Un siècle plus tard, Béatrice de Savoie, comtesse de Provence, use de toute l'ambition dont elle est capable pour unir toutes ses filles aux plus grands souverains d'Europe en réalisant "l'un des chefs-d'oeuvre de la grande stratégie matrimoniale médiévale." Marguerite épouse le roi de France Louis IX en 1234 et les autres convolent avec l'empereur de Germanie, au roi Henri III d'Angleterre et au roi de Sicile. Pas moins que cela !

Sans les citer toutes, les princesses de France représentèrent également un vivier important pour la dynastie de Savoie. Au XIVe siècle, Amédée VI, le Comte Vert, épousa Bonne de Bourbon, puis son fils, Amédée VII, le Comte Rouge, épousa Bonne de Berry. Plus tard, une sœur de Louis XI, Yolande de France contracta mariage avec Amédée IX. Comme son frère, elle se fit remarquer par ses capacités de gouvernement et son énergie en exerçant des fonctions de régente de Savoie. Le roi Louis XI avait lui-même épousé une princesse de cette maison, la reine Charlotte. Cette souveraine mena une vie bien effacée en France et selon le chroniqueur Philippe de Commynes "n'était point de celles où on ne devait prendre tant de plaisir, mais bonne dame". Elle vivait la plupart du temps au château d'Amboise avec ses dames d'honneur "rarement vues, même par les oiseaux".

Parmi les plus grands souverains de l'Europe médiévale du XVe siècle, on compte Amédée VIII. C'est sous son règne que le comté accéda à un rang ducal en 1416 grâce à l'empereur Sigismond "qui voulait par là laisser un monument éternel de l'estime qu'il faisait de ce prince..." et c'est en raison de son exceptionnelle envergure d'homme d'État de premier plan que son pays entra véritablement dans le concert politique européen. On eut recours à lui pour arbitrer plusieurs crises dans le conflit franco-anglais de de la Guerre de Cent Ans et sa propre Cour était équivalente à celle non moins brillante de Bourgogne.

.



Princesse de Chimay a écrit:
Cher Dominique Poulin, vous pouvez aussi rajouter à la liste Marie-Adélaïde de Bourgogne, la mère de Louis XV.
.



Dominique a écrit:
Lun 7 Sep 2009 - 10:22


Pour le chapitre III, je vais fonctionner par gros paragraphes, car je ne peux pas tout écrire en même temps, cela me prendrait plusieurs heures. Vous en aurez de nouveaux cette semaine.

A Madame de Chimay : rassurez-vous, je vais bientôt parler de la duchesse de Bourgogne, mais je procède par ordre chronologique dans mon petit rappel historique de l'histoire de la Maison de Savoie, de façon à jeter quelques bases pour bien comprendre la suite du chapitre. J'ai exposé pour l'instant quelques jalons dynastiques au Moyen-Âge.

Je ne sais pas trop si j'ai bien fait de faire ce rappel, car cela casse un peu le récit biographique... qu'en pensez-vous ? Donnez-moi également vos critiques quelles qu'elles soient, cela me permettra d'avancer...
.


Dominique a écrit:
Mar 8 Sep 2009 - 16:36



Suite Chapitre III

LA PRINCESSE DE PIEMONT 1775-1789


Et pourtant ! cette apparente splendeur masquait un faisceau de faiblesses qui faillirent bien à la longue mettre à bas la monarchie savoisienne et sa dynastie...
Les difficultés politiques s'amoncellent dès la deuxième moitié du XVe siècle. La principauté est d'abord dangereusement tiraillée dans la lutte fraticide entre Louis XI et la Bourgogne toute prôche de Charles Le Téméraire.
Puis l'implantation de la Savoie dans le canton de Genève pose d'insolubles problèmes avec la montée du protestantisme et de très vives revendications d'indépendance.
La création d'apanages pour les princes cadets de Savoie pose d'incessantes querelles d'héritages, source de complots à la Cour et même de conflits armés. Et surtout, la faiblesse de l'Etat Savoyard devient patente dès le début du XVIe siècle.
Cette principauté enclavée au milieu des Alpes finit par gêner François Ier et le développement des Cantons Suisses inquiète car ils disposent de redoutables forces armées. De plus, le passage obligé et répété des troupes françaises à la conquête du duché de Milan et du royaume de Naples irrite le duc de Savoie.

C'est dans la guerre pour la suprématie en Europe qui opposait François Ier et l'empereur Charles Quint que la maison de Savoie connut l'une de ses heures les plus dramatiques de son histoire. Le duc de l'époque, Charles III, dût clairement choisir son camp, il opta pour l'alliance avec la Maison d'Autriche. Mal lui en pris ! François Ier fit occuper ses Etats.
La Savoie jusqu'en pays de Piémont fut démembrée et lorsque Charles III mourut dans le mépris en 1553, on pouvait conjecturer que tout était fini pour sa famille.

C'est alors que les caprices de la politique internationale en décidèrent autrement avec le duc Emmanuel-Philibert dit "Tête de Fer". Vainqueur de la bataille de Saint-Quentin en 1557 qui donnait la victoire aux Impériaux et à leurs alliés sur la France, il réussit à obtenir la restitution de ses Etats deux ans plus tard au traité de Cateau-Cambressis. C'est lui qui orienta le destin de sa maison dans l'orbite de la péninsule italienne en abandonnant l'ancienne capitale Chambéry pour en instituer une nouvelle en territoire piémontais à Turin.

Du XVIe siècle jusqu'à la première moitié du XVIIIe siècle, l'Europe est toujours le champ de bataille de la lutte séculaire entre la France et la Maison d'Autriche et les souverains savoyards n'ont finalement pas d'autre choix pour préserver leur survie et leurs intérêts que de de jouer la carte du volte-face au gré des alliances et des trahisons... Leurs mariages avec des princesses françaises sont trompeurs et ne changent rien à la donne. Poutant, parfois traitée avec dédain, beaucoup de monarques et de princes se bousculent pour tisser des liens matrimoniaux, donc politiques avec la maison de Savoie.
C'est bien l'illustration de sa place dans la famille très fermée des royautés européennes
Au XVIe sièlce, Emmanuel-Philibert épouse Marguerite de France, fille de François Ier et soeur de Henri II.

Au siècle suivant, ce ne sont pas moins de quatre princesses françaises qui viennent régner à Turin avec Christine de France, Françoise-Madeleine d'Orléans, Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours et enfin Anne d'Orléans. En 1697, Victor-Amédée II, "prince impénétrable, qui veut et qui doit être ménagé" marie très brillamment ses filles : Marie-Adélaîde épouse le duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV et Marie-Louise est unie avec un autre petit-fils du roi-soleil, le roi Philippe V d'Espagne.

La consécration pour la dynastie viendra avec le Traité d'Utretcht en 1713. Le duc de Savoie obtient la souveraineté de la Sicile avec un titre royal. Néanmoins, cette souveraineté sera de très courte durée, les grandes puissances opérant à un nouveau découpage. La Sicile revient finalement aux Habsbourgs et en compensation Victor-Amédée II reçoit la Sardaigne en 1718. L'antique maison de Savoie avait enfin acquis une couronne royale et accédait au même rang de la plupart des maisons souveraines. Désormais, ses monarques se nommeront rois de Sardaigne, ducs de Savoie et princes de Piémont et leurs possessions s'intituleront les Etats Sardes.

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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 19:17

Dominique Poulin a écrit:
Jeu 10 Sep 2009 - 16:46



Suite Chapitre III

LA PRINCESSE DE PIEMONT 1775-1789



Après la mort de Victor-Amédée II en 1732, s'ouvre le règne de Charles-Emmanuel III. Marié trois fois, il perdit prématurément toutes ses épouses. La dernière, Elisabeth de Lorraine, fit de lui le beau-frère de François de Lorraine, l'époux de l'impératrice Marie-Thérèse. Par le jeu des alliances, il était aussi par sa sœur la duchesse de Bourgogne, l'oncle maternel de Louis XV.
Très laid et contrefait, il ne manquait ni de discernement, ni de finesse. Laborieux au travail de cabinet, il sut s'entourer de ministres aux réelles compétences. Ses zones d'ombre résident dans sa sa bigoterie excessive et son sérieux inaltérable. Charles-Emmanuel III imprima à la Cour de Turin un style compassé qu'elle ne quittera plus avant longtemps. Se soumettant lui-même à une étiquette scrupuleuse, le roi ne souffrait aucun écart de conduite ou de langage dans sa famille, en ayant laissé tomber un jour : "Nous autres rois, nous ne sommes pas fait pour nous amuser !". L'accession de plein droit à la royauté semblait avoir tourné la tête à la Maison de Savoie... A se vouloir trop parfaite, la Cour de Turin du XVIIIe siècle s'attira une solide réputation d'ennui rébarbatif.

Sur le plan extérieur, et comme son père dans les grands conflits européens, il oscille tantôt du côté de la France, tantôt du coté de l'Autriche. Dans la guerre de Succession de Pologne, il prend parti pour Louis XV avant de trahir ses engagements quelques années plus tard pour conclure un rapprochement avec Vienne ! La tortueuse Maison de Savoie inspire depuis longtemps la méfiance, tous ses partenaires européens s'en défient, de Versailles à Madrid, ou de de Londres à Vienne. Elle n'a qu'un but, poursuivre son avancée en Italie du Nord et conquérir le Milanais. Les résultats de cette politique belliqueuse donne quelques fruits. Aux traités de Vienne et d'Aix-La-Chapelle, les grandes puissances concèdent quelques territoires en Lombardie. Toutefois, en considération des risques pris, le roi de Sardaigne n'est pas satisfait. N'a-t-il pas dit un jour : "Le Milanais est un artichaut qu'il faut manger feuille à feuille"? De plus, dans le tournant des années 1750, ses visées expansionnistes seront compromises avec l'alliance franco-autrichienne.

Suscitant désormais une méfiance polie de la part de Louis XV et de Marie-Thérèse d'Autriche, Charles-Emmanuel III contracta pourtant au terme du traité d'Aix-La-Chapelle de 1748, un rapprochement politique avec les Bourbons d'Espagne. Le roi Ferdinand VI proposa sa sœur Maria-Antonia pour le duc Victor-Amédée de Savoie, le fils aîné et l'héritier du roi de Piémont-Sardaigne. Les négociations aboutirent rapidement à l'union des deux jeunes promis en 1750. Victor-Amédée avait alors vingt-trois ans et sa femme tout juste vingt, mais bien que mariés au nom de la raison d'État, leur précoce complicité de goûts et de caractère laissa augurer de prometteuses espérances à la Cour de Turin.

Sur le plan dynastique, ils comblèrent les vœux des dynasties de Savoie et des Bourbons d'Espagne. Dès 1751, Maria-Antonia donnait un héritier présomptif à qui l'on donna le prénom de Charles-Emmanuel et que l'on titra prince de Piémont. C'est le futur époux de Clotilde. Au total, la duchesse de Savoie mit douze enfants au monde, et fait assez rare, trois seulement trépassèrent en bas âge. Prônant les vertus de la vie familiale dans le strict respect des lois de l'Église et de la morale, le couple héritier renforça encore un peu plus l'austérité ambiante de la Cour. Quelques détails laisseraient cependant supposer une louable affection pour leurs nombreux enfants, notamment lorsque trois de leurs filles les quittèrent pour toujours afin d'épouser des princes étrangers. Toutefois, l'éducation très sévère, presque carcérale, des jeunes princesses qui jamais "n'étaient laissées seules un instant... même là ou on n'imagine pas que l'on puisse être" pèsera lourd dans leur patrie d'origine.

Pendant ce temps, Charles-Emmanuel III vieillissait doucement, ne laissant guère d'influence à son fils Victor-Amédée qui patiemment rongeait son frein dans l'attente de régner. Dans l'intervalle, il avait marié sa fille Marie-Joséphine à un petit-fils de Louis XV, mais il ne comptait pas en rester là, surtout pour son fils, le prince de Piémont, que la Cour de France envisageait pour la princesse Clotilde...
Enfin, le 20 février 1773, Victor-Amédée entendit son heure sonner. Charles-Emmanuel III disparaissait après un règne de plus de quarante ans et le duc de Savoie lui succédait sous le nom de Victor-Amédée III à quarante-sept ans .


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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 19:17

Dominique Poulin a écrit:
Jeu 24 Sep 2009 - 12:38



Suite du Chapitre III

LA PRINCESSE DE PIÉMONT 1775-1789


Sur le plan intérieur, le nouveau souverain trouva un État bien organisé. La montée de l'absolutisme du royaume piémonto-sarde n'avait cessé de s'accroitre depuis deux siècles. Les grandes décisions relevaient du Conseil d'État tandis que des intendants, dociles instruments du pouvoir relayaient la politique de Turin dans les provinces. Pendant une bonne partie du XVIIIe siècle, la dynastie privilégie une noblesse "de service" d'origine bourgeoise qui noyaute peu à peu les rouages les plus élevés de l'administration. De grandes réformes avaient bouleversé la société avec le rachat des droits féodaux par les communautés villageoises et l'établissement d'un cadastre recensant toutes les propriétés afin de de mieux répartir les impôts et réduire les privilèges fiscaux de la noblesse et du clergé. Mais ces changements furent longs et difficiles à mettre en place en rencontrant de fortes résistances dans les hautes classes tout comme dans la paysannerie. Ils n'étaient d'ailleurs pas achevés lors de l'avènement de Victor-Amédée III en 1773.
Aussi par volonté politique ou par un conservatisme frileux, les souverains piémontais jugulèrent la philosophie des Lumières. Un contemporain, Sainte-Croix dira que "Penser est ici un tic, écrire est presque un ridicule"!.

A quarante-sept ans, dans la force de l'âge mûr, qui était Victor-Amédée III ?
Les contemporains et les historiens lui reconnaissent une grande affabilité et une bonté naturelle. Il était selon un observateur, Costa de Beauregard, "naturellement exact et laborieux". Alors qu'il était enfant, l'enseignement de son précepteur, Vicardel de Fleury, fut remarqué par l'impératrice d'Autriche qui s'en inspira pour Joseph II. Ses goûts le portaient vers les sciences exactes, mathématiques, physique, et il nourrissait une passion dévorante pour le domaine militaire.
Grand admirateur du modèle prussien de Frédéric II, il entreprit la réorganisation de son armée et la promotion des forteresses militaires, mais il manquait de moyens en hommes de valeur et en outils techniques. Il ne put égaler "le vieux Fritz" !

De tempérament moins volontaire et autoritaire que ces deux prédécesseurs, il se révéla aussi influençable et indécis avec ses ministres et sa famille. De plus, sa montée tardive sur le trône et ses aspirations longtemps bridées, laissèrent éclater au grand jour son goût marqué pour le faste monarchique. Victor-Amédée III entendit donner à sa Cour tout le lustre nécessaire à un grand État souverain. Les offices de Cour furent doublés dans sa maison, celle de son épouse et des membres de la famille royale et la réputation parfois étriquée et provinciale de la monarchie piémontaise vola en éclat... !

Un visiteur français, Mr Trezin de Cangy, diligenté par le comte d'Artois en 1775 remarquait "que les voitures de Sa Majesté étaient superbes, faites comme les beaux carrosses du roi de France, ayant le dessus de l'impériale en velours cramoisi, avec une superbe broderie en bosses d'or, une grosse couronne au milieu et de très beaux ornements en bronze doré autour. Les chevaux sont aussi très beaux."
Cette nouvelle politique afin de se mesurer aux plus grandes Cours d'Europe ne fut pourtant pas du goût de tout le monde. On taxa le roi de nature prodigue et il eut droit à de nouvelles critiques quand il vendit une propriété familiale, l'hôtel des Célestins de Lyon, afin de boucler une partie des dépenses des noces de son fils avec Clotilde de France.

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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 19:21

Dominique Poulin a écrit:
Ven 25 Sep 2009 - 17:14


Louis XV tenait beaucoup manifestement à la maison de Savoie dont il était issu par sa mère. Du temps même du dauphin Louis-Ferdinand, des négociations avaient été entreprises afin de le marier avec une des filles du roi Charles-Emmanuel III, en particulier les princesses Eléonore et Félicité, mais la duplicité politique du roi de Piémont-Sardaigne fit tout capoter...
Mais, c'est vrai, je n'ai qu'une réponse partielle à votre question car je me suis posé moi-même la question sans trouver assez d'éléments pour satisfaire complètement ma curiosité. En tout cas, l'impératrice Marie-Thérèse fut excédée et même choquée par tous ces mariages savoyards, encore qu'une de ces filles, Marie-Christine fut envisagée pour le duc de Chablais, et que Charles-Emmanuel III était le beau-frère de François Ier de LOrraine par sa femme la reine Elisabeth, qui fut la mère de Victor-Amédée III.
Entre toutes ces Majestés et ces Altesses, on se retrouve toujours en famille...

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Message par Invité Dim 09 Mar 2014, 19:24

Marie-Antoinette nous la résume ainsi : "...on en fera tout ce qu'on voudra ; elle est bonne enfant, n'a pas beaucoup d'esprit et ne s'affectionne vivement pour rien."  :clotilde - La princesse Clotilde de France, dite Madame Clotilde, "Gros Madame" - Page 2 2028181902

clotilde - La princesse Clotilde de France, dite Madame Clotilde, "Gros Madame" - Page 2 Image558
Madame Clotilde
d'après Joseph Ducreux , autrefois attribué à François-Hubert Drouais
Huile sur toile, 18e siècle
ce tableau est dans un médaillon dans la boiserie du salon de l'appartement n°2 au 1er étage du pavillon ouest de l'aile nord, questeur du Sénat
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot

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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 19:26




Pauvre petite ! ... un peu plat de nouilles ?  Hop! 
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Message par Invité Dim 09 Mar 2014, 19:32

C'est cela oui.  cat
Et pour ne rien arranger, Marie-Antoinette voit d'un mauvais oeil cette énième alliance des Bourbons avec la maison de Savoie... ce alors que l'Impératrice a placé ses rejetons un peu partout sur la péninsule italienne ! Encore une intrigue versaillaise comme on l'aime !  :,;:!ùù^^^$:

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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 19:37

Dominique Poulin a écrit:
Lun 28 Sep 2009 - 17:31


Des questions croisées me demandant des renseignements sur l'intérêt de l'importance des mariages France-Savoie sous Louis XV et Louis XVI me conduisent ici à vous donner mon argumentation à partir de mes recherches et de mes réflexions.
Je précise que ces renseignements sont complémentaires au récit biographique de Clotilde de France en cours de diffusion, et permettront je l'espère de mieux saisir les enjeux de l'alliance franco-savoyarde à la fin du XVIIIe siècle.


Afin de mieux vous éclairer sur la question concernant la problématique des mariages entre les maisons de Bourbon et de Savoie à la fin du règne de Louis XVI et lors de l'avènement de Louis XVI, je vous avais donné quelques éléments de réponse. Il se trouve que j'en ai d'autres et que je souhaite y apporter un éclairage plus lisible pour vous et les membres du forum.

Au cœur de cette question, entre les Savoie et les Bourbons, les Habsbourgs demeurent incontournables . Voici pourquoi.
Au total, en effet, quatre mariages Savoie-Bourbons ont été scellés entre 1767 et 1775 avec l'arrivée de trois princesses piémontaises à Versailles et une princesse française -notre Clotilde- à Turin. Pourquoi donc tant d'alliances entre ces deux mêmes maisons royales ?
En toile d'arrière-fond, l'union de l'archiduchesse Marie-Antoinette avec le dauphin de France en 1770 avait certes mit fin dans les faits à la lutte séculaire entre les deux grands États franco-autrichiens. Mais sur le plan de la question italienne, ce rapprochement se révéla moins profitable qu'il n'y paraissait, et cela au bout de quelques années...

L'impératrice Marie-Thérèse avait habilement placé quatre de ses enfants "à demeure" dans la péninsule avec deux filles sur les trônes de Naples et de Parme, un premier fils sur le trône grand-ducal de Toscane, État annexe autrichien, et un second fils appelé à la succession du Milanais pro-autrichien et de plus marié à une princesse d'Este, héritière des duchés de Modène et de Reggio.

Dans un premier temps, il ne semble pas que Louis XV et son ministre Choiseul aient été hostiles aux mariages de deux archiduchesses avec le roi de Naples et le duc de Parme, eux-mêmes Bourbons, car ils se positionnaient dans la continuité de celui de Marie-Antoinette avec le dauphin et confirmait l'alliance austro-française. De même la correspondance privée de Louis XV à son petit-fils de Parme témoigne de ses bons sentiments envers les filles de l'impératrice et de son adhésion à ces alliances.

Cependant, après Marie-Antoinette, sa mère n'avait plus de filles à lui proposer et celles qui lui restaient n'étaient pas mariables. Or, Louis XV avait encore de nombreux petits-enfants à établir en particulier les comtes de Provence et d'Artois pour qui il fallait trouver des épouses. Pour préserver ses intérêts, il est cependant possible que Marie-Thérèse ait voulu abattre une dernière carte en suggérant des princesses allemandes alliées aux Habsbourgs, comme la maison de Saxe. Il en fut question pour le comte d'Artois.

Mais Louis XV avait d'autres projets. Il souhaitait resserrer ses liens avec le roi de Piémont-Sardaigne de la maison de Savoie, celui même qui avait arraché des territoires et des centaines de milliers de sujets lombards aux Habsbourgs ! On peut imaginer dans ce contexte que les relations austro-piémontaises n'étaient donc pas au mieux mais en contrepoint la France voulait aussi exister en Italie ou elle s'estimait insuffisamment présente et elle opta délibérément pour l'alliance piémontaise, malgré l'animosité de Vienne.
Louis XV avait réfléchi assez tôt dans cette direction. Il écrivait, ainsi, convaincu à son petit-fils de Parme, alors qu'il envoyait le marquis de Chauvelin en mission diplomatique en Italie : "Ce n'est pas sa seule commission (et je suis très intéressé), c'est de bien examiner les princesses de Savoie et de m'en rendre un compte exact pour savoir laquelle je pourrais demander pour le comte de Provence."

Quatre jeunes princesses vivaient alors à la Cour de Turin avec Marie-Josèphe, seize ans, Marie-Thérèse, treize ans, Marie-Anne, douze ans et Marie-Caroline, cinq ans. Après les grandes opérations matrimoniales de l'impératrice Marie-Thérèse, c'était au tour de Charles-Emmanuel III de proposer aux souverains de l'Europe les filles de son fils, le duc de Savoie, futur Victor-Amédée III.
Il disposait aussi de cinq jeunes princes du sang, dont le prince de Piémont, exigeait une future épouse pour pérenniser l'avenir de la dynastie.
Du coté de la France, Louis XV avait encore deux petit-filles, Clotilde et Élisabeth. L'aînée d'entre elles était l'objet d'un projet ancien de feu le dauphin Louis-Ferdinand qui souhaitait la marier au prince de Piémont. Ce projet se concrétisera en 1775. Plus tard, Madame Élisabeth fut même envisagée pour le duc d'Aoste, mais on en resta là. Louis XV tint parole, suivi par Louis XVI au début de son règne, trois mariages franco-savoyards furent célébrés entre 1771 et 1775.

Finalement, la France n'avait pas grand choix pour marier ses princes et seul les monarchies catholiques d'Europe pouvaient contracter des alliances matrimoniales, ce qui excluait l'Angleterre et tous les États protestants. Les Bourbons d'Espagne ne disposaient pas d'infantes en âge requis et les Bragance de Portugal intéressaient peu les intérêts immédiats français. D'autres maisons royales, comme la maison de Saxe ne furent pas retenues.
Ainsi de nombreux atouts se focalisèrent sur la maison de Savoie : confirmation des liens de parenté pour préserver une présence française dans la péninsule et politique de contre-poids envers l'Autriche en Italie.

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Message par Mme de Sabran Dim 09 Mar 2014, 19:40

Dominique Poulin a écrit:

Je ne pense pas que l'on puisse vraiment parler de concurrence matrimoniale entre les Savoie et les Habsbourgs, mais il est certain qu'au XVIIIe siècle et au début du XIXe, il existait une opposition discrète, mais sourde et larvée entre les deux dynasties.
Pour la période qui nous intéresse, on note toutefois une alliance entre Turin et Vienne, avec le mariage en 1789 du duc d'Aoste, fils cadet de Victor-Amédée III et futur Victor-Emmanuel Ier avec la princesse Marie-Thérèse d'Autriche-Este, fille de Ferdinand de Habsbourg, frère de Marie-Antoinette, et de Marie-Béatrice d'Este.

Par ailleurs, nous retrouverons plus tard le duc et la duchesse d'Aoste dans notre récit et on verra combien leurs relations avec la reine Clotilde et son époux Charles-Emmanuel IV ne seront pas toujours au beau fixe. Loin de là ! Des rivalités de caractère, des questions politiques et dynastiques entacheront leurs liens.
En 1831, un autre mariage est scellé avec le futur empereur Ferdinand Ier et la princesse Marie-Anne de Savoie, devenue impératrice en 1835.

Ces exemples matrimoniaux ne visent toutefois pas l'exhaustivité, il y en a eu d'autres. De fait l'animosité historique entre ces deux dynasties n'a pas empêché quelques mariages, mais ils furent bien conclus au nom de la politique qui au prix d'avantages diplomatiques, militaires, commerciaux contrebalançaient les questions plus personnelles du moment.

En fait, si on doit invoquer le terme de concurrence, je poserai ainsi le problème de fond. Les intérêts de ces deux maisons souveraines étaient tout à la fois liés et irréconciliables, car ils concourraient de pair avec le gouvernement de l'Italie. Pendant tout le XVIIIe siècle, les rois de Piémont-Sardaigne convoitent le riche Milanais voisin, possession des Habsbourgs et ils parviennent à en arracher quelques morceaux lors des grands traités internationaux. De leur coté, les Habsbourgs ont la part belle en Italie soit par le biais de la politique internationale avec le Milanais et la Toscane, soit par les stratégies matrimoniales princières en s'implantant à Naples, à Parme, dans le Modénois et plus tard par l'incorporation de la Vénétie.

Après les bouleversements révolutionnaires et napoléoniens, la carte de l'Europe est revue et corrigée au Congrès de Vienne en 1815. La dynastie de Savoie retrouve ses anciennes possessions perdues en 1792 et en 1798. Pour sa part, l'Autriche récupère la Lombardie Milanaise, la Toscane et la Vénétie et quelques principicules à Modène ou encore à Parme où on installe l'ex-impératrice Marie-Louise à titre viager.
Le bras de fer entre maisons de Habsbourgs et de Savoie s'éternisera encore pendant plusieurs décennies. Le mouvement des idées libertaires et l'appel des nationalités à l'indépendance avivé par la faible popularité des Habsbourgs en Italie profite aux rois de Piémont-Sardaigne. La révolution de 1848 provoque d'abord un rude choc à la Cour de Vienne déstabilisée dans ses possessions italiennes.

En quelques années et grâce au soutien politique de Napoléon III qui reçoit en échange la Savoie et Nice, le roi Victor-Emmanuel II secondé par son ministre Cavour réalise en 1861 le rêve de sa famille : régner sur toute la péninsule italienne. Désormais, les chefs de la maison de Savoie seront rois d'Italie et régneront jusqu'en 1946.
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