Filippo Mazzei (1730 - 1816)
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Filippo Mazzei (1730 - 1816)
Homme du XVIIIe siècle d'origine italienne, touche-à-tout, diplomate, agent de renseignements, partisan résolu pour la cause de l'Indépendance Américaine, il travailla pour le compte du roi de Pologne Stanislas Poniatowski.
Qui est-ce
Qui est-ce
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Filippo Mazzei (1730 - 1816)
Filippo Mazzeï ?
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Filippo Mazzei (1730 - 1816)
Félicitations Gouverneur, vous avez entièrement raison !
Filippo Mazzei 1730-1816, était un italien d'origine toscane. Sa vie ressemble à un roman d'aventures. Ayant constamment la bougeotte, il exerça d'abord des métiers très différents comme médecin ou commerçant avant de se vouer corps et âme dans la Guerre d'Indépendance Américaine. Il fut dans cette mission, diplomate de l'Etat de Virginie pour Florence et Gênes. Voyageur infatigable des États-Unis au Moyen-Orient, en passant par l'Europe et la France, il termina sa carrière en tant que agent de renseignements à Paris du roi de Pologne, Stanislas Poniatowski.
Il a laissé d'intéressants Mémoires "Memorie della Vita e delle peregrinazioni del Florentino Filippo Mazzei" publiés en 1845 et il existe quelques ouvrages en italien sur sa vie et son œuvre.
J'en profite après avoir exposé ces renseignements, vous faire découvrir des détails peu connus relatifs à la correspondance et aux Mémoires de Filippo Mazzei sur la comtesse d'Artois.
En effet, il fut habilité - peut-être pour le compte du père de la comtesse d'Artois, Victor-Amédée III - afin de mener une enquête sur le scandale qui entacha la réputation de la princesse à la fin de 1783 et au début de 1784. Marie-Thérèse était soupçonnée d'entretenir une relation extra-conjugale avec un garde du corps, nommé Desgranges.
D'autre part, il fut un témoin oculaire du départ de la comtesse d'Artois en 1789, et il consigna ce souvenir dans ses papiers.
Pour le premier point, Mazzei articule ainsi sa démonstration :
"J'ai essayé de vérifier avec une incertitude incontestable les témoignages négatifs ou affirmatifs concernant la désagréable affaire de la comtesse d'Artois. A mon deuxième retour d'Amérique, cet acte m'a été représenté de diverses manières, dont aucune ne m'a semblé crédible.
Je n'ignorais pas l'insouciance de son idiot de mari, ni à faire des démonstrations publiques pour plaire à sa femme, qui était alors tout et presque rien aujourd'hui.
Dans les premiers temps, cette petite femme était universellement appréciée et avait toujours été amoureuse de son mari, avec de fortes raisons de jalousie.
Toutes circonstances réunies, je croyais qu'une simple démonstration insouciante, même sans objet, aurait pu donner lieu à une calomnie. Cette calomnie aurait pu être niée, mais on manqua de courage et peut-être de force, parmi les amis de la princesse, pour la réfuter, qui à l'époque de la Cour, était presque réduite à ses seuls serviteurs.
Sans talents, négligée par son mari et continuellement ridiculisée par ceux qui jouissaient directement ou indirectement de l'empire suprême, comment aurait-elle pu s'opposer au torrent ?
Si le fait était vrai, je suis d'avis qu'il ne pouvait être condamné par manque de précautions, mais j'y vois un maximum d'invraisemblances et aucune apparence de certitudes. Je n'ai aucun moyen de le vérifier, et tout ce que j'ai pu voir, ma confirmé dans la même opinion. "
Mazzei ajoute que le comte de Cordon, ambassadeur de Sardaigne, qui entretenait des relations amicales avec lui et qui habitait dans la même rue, lui montra une lettre que Victor-Amédée III avait écrit à Louis XVI. Dans cette lettre, le souverain de Savoie déclarait que sa fille avait quitté la maison paternelle avec d'excellentes dispositions, mais qu'il ne serait pas étonnant que ces dispositions aient été altérées, en raison des mauvais exemples qu'elle avait eu à la Cour de France. "
De plus, témoin oculaire du départ de France de la comtesse d'Artois en septembre 1789, pour rejoindre la Cour de son père à Turin, Filippo Mazzei écrit dans ses Mémoires :
" Il se trouva que j'étais à Versailles quand elle est partie. Je ne pense pas qu'elle reviendra un jour. Presque tous les habitants de la ville, et surtout des femmes, venaient sur la grande place pour la voir. Lorsqu'elle apparut, les femmes tombèrent à genoux en priant Dieu de lui souhaiter un bon voyage et de la faire revenir rapidement, et cette princesse angélique semblait vouloir les consoler.
Je ne pourrais pas vous dire à quel point j'ai été impressionné par celui que ma montré ce rendre spectacle.
Avant de partir, elle avait disposé d'une partie de ses biens pour distribuer le produit aux pauvres de la ville et prit ce dont elle avait besoin pour retrouver son père ".
Filippo Mazzei 1730-1816, était un italien d'origine toscane. Sa vie ressemble à un roman d'aventures. Ayant constamment la bougeotte, il exerça d'abord des métiers très différents comme médecin ou commerçant avant de se vouer corps et âme dans la Guerre d'Indépendance Américaine. Il fut dans cette mission, diplomate de l'Etat de Virginie pour Florence et Gênes. Voyageur infatigable des États-Unis au Moyen-Orient, en passant par l'Europe et la France, il termina sa carrière en tant que agent de renseignements à Paris du roi de Pologne, Stanislas Poniatowski.
Il a laissé d'intéressants Mémoires "Memorie della Vita e delle peregrinazioni del Florentino Filippo Mazzei" publiés en 1845 et il existe quelques ouvrages en italien sur sa vie et son œuvre.
J'en profite après avoir exposé ces renseignements, vous faire découvrir des détails peu connus relatifs à la correspondance et aux Mémoires de Filippo Mazzei sur la comtesse d'Artois.
En effet, il fut habilité - peut-être pour le compte du père de la comtesse d'Artois, Victor-Amédée III - afin de mener une enquête sur le scandale qui entacha la réputation de la princesse à la fin de 1783 et au début de 1784. Marie-Thérèse était soupçonnée d'entretenir une relation extra-conjugale avec un garde du corps, nommé Desgranges.
D'autre part, il fut un témoin oculaire du départ de la comtesse d'Artois en 1789, et il consigna ce souvenir dans ses papiers.
Pour le premier point, Mazzei articule ainsi sa démonstration :
"J'ai essayé de vérifier avec une incertitude incontestable les témoignages négatifs ou affirmatifs concernant la désagréable affaire de la comtesse d'Artois. A mon deuxième retour d'Amérique, cet acte m'a été représenté de diverses manières, dont aucune ne m'a semblé crédible.
Je n'ignorais pas l'insouciance de son idiot de mari, ni à faire des démonstrations publiques pour plaire à sa femme, qui était alors tout et presque rien aujourd'hui.
Dans les premiers temps, cette petite femme était universellement appréciée et avait toujours été amoureuse de son mari, avec de fortes raisons de jalousie.
Toutes circonstances réunies, je croyais qu'une simple démonstration insouciante, même sans objet, aurait pu donner lieu à une calomnie. Cette calomnie aurait pu être niée, mais on manqua de courage et peut-être de force, parmi les amis de la princesse, pour la réfuter, qui à l'époque de la Cour, était presque réduite à ses seuls serviteurs.
Sans talents, négligée par son mari et continuellement ridiculisée par ceux qui jouissaient directement ou indirectement de l'empire suprême, comment aurait-elle pu s'opposer au torrent ?
Si le fait était vrai, je suis d'avis qu'il ne pouvait être condamné par manque de précautions, mais j'y vois un maximum d'invraisemblances et aucune apparence de certitudes. Je n'ai aucun moyen de le vérifier, et tout ce que j'ai pu voir, ma confirmé dans la même opinion. "
Mazzei ajoute que le comte de Cordon, ambassadeur de Sardaigne, qui entretenait des relations amicales avec lui et qui habitait dans la même rue, lui montra une lettre que Victor-Amédée III avait écrit à Louis XVI. Dans cette lettre, le souverain de Savoie déclarait que sa fille avait quitté la maison paternelle avec d'excellentes dispositions, mais qu'il ne serait pas étonnant que ces dispositions aient été altérées, en raison des mauvais exemples qu'elle avait eu à la Cour de France. "
De plus, témoin oculaire du départ de France de la comtesse d'Artois en septembre 1789, pour rejoindre la Cour de son père à Turin, Filippo Mazzei écrit dans ses Mémoires :
" Il se trouva que j'étais à Versailles quand elle est partie. Je ne pense pas qu'elle reviendra un jour. Presque tous les habitants de la ville, et surtout des femmes, venaient sur la grande place pour la voir. Lorsqu'elle apparut, les femmes tombèrent à genoux en priant Dieu de lui souhaiter un bon voyage et de la faire revenir rapidement, et cette princesse angélique semblait vouloir les consoler.
Je ne pourrais pas vous dire à quel point j'ai été impressionné par celui que ma montré ce rendre spectacle.
Avant de partir, elle avait disposé d'une partie de ses biens pour distribuer le produit aux pauvres de la ville et prit ce dont elle avait besoin pour retrouver son père ".
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Filippo Mazzei ( 1730 - 1816 )
Pourquoi accorder moins de confiance à des voix venues d'un petit Etat comme la Savoie, toujours menacé par la France, qui moins d'un siècle plus tard l'avala.... mais sans oublier que cette "brave petite Savoie" (= devenue Piémont-Sardaigne) de plus en plus gourmande n'a pas hésité elle-même au passage de s'agrandir encore plus et sans aucune vergogne, recourant même aux services de ce fieffé terroriste de Garibaldi ! Bref, rien ne change dans la "communauté internationale" : avaler... ou être avaler !
Lecréateur- Messages : 1713
Date d'inscription : 01/06/2021
Localisation : Comté d'Enghien et Livonie
Re: Filippo Mazzei (1730 - 1816)
Mme de Sabran a écrit:
Merci, mon cher Dominique, vous me faites découvrir ce nouveau personnage ! Il se voua corps et âme à la Guerre d'Indépendance Américaine. Il fut dans cette mission, diplomate de l'Etat de Virginie pour Florence et Gênes. Et pas que, et pas que !!!
La vie de Filippo Mazzei est une histoire curieusement peu connue mais très importante. Ce Florentin né à Poggio a Caiano lorsqu'il avait vingt ans commença sa carrière de globe-trotter comme médecin à Florence Livourne puis à Smyrne, il fut à Londres comme marchand, il connu bien le Grand-Duc Léopold de Toscane, qu'il lui demanda de lui fournir de ces poêles conçus par Benjamin Franklin que nous connaissons bien.
Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2524p25-le-confort-domestique-au-xviiie-siecle-l-eclairage-le-chauffage-et-l-eau?highlight=poeles
Il se lie d'amitié avec Franklin et se lance dans l'aventure américaine, la plus grande de sa vie. Ils ont apporté en Virginie des paysans toscans, du vin, des olives, des idées de récoltes, le texte « Sur les crimes et les châtiments » que Jefferson lira écrit en italien, de la soie, des céréales, des tissus, et là, dans cet état d'idées fertiles et d'homme distingué, il a rencontré et était un ami des cinq premiers présidents américains George Washington, Thomas Jefferson, John Adams et d'autres. Il participa à la Révolution américaine et à la rédaction des chartes mythiques, (JFK lui attribua dans son livre A Nation of Immigrants une phrase copiée de Jefferson sur l'égalité entre les hommes et la poursuite du bonheur) fut l'ambassadeur de l'État de Virginie à Paris.
Simultanément il devient administrateur du roi Stanislas de Pologne à la cour de Versailles.
Il participa à la Révolution française et connut tout le monde, de Marie-Antoinette à Mirabeau, de Condorcet à Marat et Lavoiser.
Dans ses Souvenirs scintillants, l'un des livres les plus curieux du XVIIIe siècle, il ne raconte qu'une aventure intellectuelle entre deux mondes, avec la vivacité et l'imagination d'un enfant du siècle des Lumières.
Il appartenait au genre des grands héros cosmopolites du XVIIIe siècle sans frontières : il était un peu Casanova et un peu Cagliostro, mais avec beaucoup plus de profondeur, avec de rares diplomates et politiques, avec de larges horizons intellectuels et avec une ironie inépuisable. Participant aux grands événements de son siècle, il a rencontré les hommes les plus représentatifs, a été entrepreneur de la culture et de la politique en Europe et en Amérique et c'est l'Italien qui a le plus fait pour faire connaître l'idéologie et les coutumes de l'Amérique en Europe, avant Tocqueville.
Il a vécu les dernières décennies de sa vie à Pise, où il a vécu comme un nouveau Socrate aux yeux des jeunes intellectuels de Pise et de Toscane et où il a écrit ses mémoires et où il est enterré dans le cimetière de banlieue.
Mazzei est une grande figure de notre histoire avec le sens de l'aventure comme Colomb et Garibaldi, et avec une soif de culture et de connaissance comme Beccaria, Algarotti et Alfieri et dont il était aussi un ami.
Ce citoyen du monde, cosmopolite d’instinct, était né à Poggio a Caiano en 1730, il fut médecin à Florence et Livourne et en 1755 à ItIzmir (Turquie)
Comme il s'ennuyait, on le retrouve à Londres approchant la communauté d'Anglais américains désireux de soustraire les terres d'outre-mer à la servitude des impôts. et du joug de la monarchie pour construire une nouvelle société.
Mazzei, en 1773, après un bref retour en Toscane, quitte Livourne pour la Virginie avec des vignes, des plantes et des livres ("Sur les Crimes et les Châtiments" de Beccaria) en achetant une maison sur une colline, nommée Poggio, proche de celle de Thomas Jefferson, le fameux « Monticello ».
Epousant la cause révolutionnaire, il a inspiré les termes de la Constitution comme le rappelle John F. Kennedy dans son livre « USA, a nation of Emigrants »
.
Après la Révolution américaine nous retrouvons notre Toscan à Paris à Versailles comme ambassadeur de l'État de Virginie tandis que Franklin était ambassadeur des USA, Mazzei était ami de Condorcet, du peintre David, de La Fayette et de Vittorio Alfieri le compagnon de la comtesse d'Albany ( épouse séparée de Bonnie Prince Charlie )
Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3625-louise-de-stolberg-comtesse-d-albany?highlight=albany
Témoin et diffuseur d'idées pendant la Révolution française, il réprouve sa phase jacobine et part à Varsovie comme premier conseiller du roi de Pologne Stanislas qui l'avait apprécié lors de son séjour à Paris.
Remarquant la faiblesse du roi qui n'entendait pas ses conseils sur la façon de réagir aux vues sur la Pologne de la Prusse, de l'Autriche et de la Russie, Mazzei le quitte avec regret pour retourner vivre en Italie où il achète une maison, sans cesser de correspondre avec ses amis américains, dont Madison, Jefferson, Latrobe, La Fayette, les informant des événements en Europe et s'occupant de ses affaires.
Il fonda une loge maçonnique nommée 'Napoléon Bonaparte' dans la "diacciaia" (magasin de glace) d'un salon historique nommé 'Caffè dell'Ussero, il vécut à Pise pendant l'épopée du grand cours et plus tard pendant le Grand-Duché restauré et il fut toléré par la police bien qu'il fut traduit en justice même s'il était anti-jacobin, pour jacobinisme en 1799 .
À l'âge de soixante-dix ans, il se rendit à Saint-Pétersbourg en diligence pour réclamer au tsar Alexandre ses droits sur les revenus des terres qui lui avaient été données par la Pologne et occupées par les Russes pendant la guerre de Sept Ans.
Le Tsar le reçut et ne manqua pas de confirmer le revenu dû et de l'améliorer.
Il mourut à l'âge de 82 ans, parmi ses mémoires et ses plantes car il se plut jusqu'au dernier jour à planter des vignes américaines et des graines reçues de son ami Jefferson.
Il fut enterré dans une petite église à l'intérieur du cimetière suburbain situé via Pietrasantina, il léguait un héritage important à l'église de Saint-Martin et laissait une fille, Elizabeth, née de la relation avec la servante Tonina Antoni mariée en 1796 à soixante-cinq ans.
https://www.mazzeiweek.it/en/filippomazzei
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Filippo Mazzei (1730 - 1816)
Itlzmir
Il ne peut s'agir que d'Izmir (Smyrne en français)
Lecréateur- Messages : 1713
Date d'inscription : 01/06/2021
Localisation : Comté d'Enghien et Livonie
Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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