Le dernier empereur (de l'empire sikh)
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Le dernier empereur (de l'empire sikh)
Un peu d'exotisme et de dépaysement...
Après avoir fait connaissance avec le dernier empereur du Brésil (voir sujet consacré), découvrons Dhulip Singh, dernier empereur des sikh.
L'empire Sikh est fondé par les Khalsa, un ordre chevaleresque sikh.
Entre 1799 et 1849, cet empire occupe une place non négligeable du continent indien, englobant le Cachemire et s'étendant jusqu'au Tibet, entre Afghanistan, Pakistan et Népal. Paradoxe : les sikh étaient minoritaires au sein de leur propre empire, 60 % des habitants étant de confession musulmane alors que seuls 25 à 30 % étaient sikh.
Notre souverain naît en 1838 à Lahore.
Une enfance raffinée dans les fastueux palais des seigneurs sikh. Mais la mort rôde dans les couloirs... A la mort de son père, son premier héritier, Kharag Singh, lui succède mais meurt rapidement. Le fils de Kharag Singh succède à son père mais meurt quelques jours plus tard. La mère du défunt Kharag assure alors la régence pour un des demi-frères de son fils mais ce dernier est assassiné trois ans plus tard. Il ne reste donc plus que Dhulip Singh. Mais le garçon n'a que cinq ans. C'est donc sa mère, la Rani Jundan, qui va assurer la régence. Et mieux vaut être dans les petits papiers de celle que les anglais ont surnommé "la Messaline du Penjab"... La régente est d'ailleurs fortement soupçonnée d'être mêlée à toutes ces disparitions qui ont ouvert la voie du trône à son fils. On ne prête qu'aux riches, c'est bien connu.
1846, les britanniques portent un premier coup à l'empire Sikh en le réduisant de moitié. Au passage, la Compagnie des Indes Orientales s'assure de fructueux marchés et ne va pas tarder à se partager les restes. En 1849, les anglais entrent à Lahore, Dhulip et sa mère sont arrêtés mais traités avec les honneurs : on les envoie en résidence surveillée où le jeune homme se convertit au christianisme au passage. A 12 ans, il vogue vers l'Angleterre et va faire courbette devant la reine Victoria herself. La souveraine s'entiche de lui et elle le recevra à plusieurs reprises à sa cour. Le jeune homme doit quand-même avaler une sacrée couleuvre : le fabuleux diamant Koh i Noor (Montagne de lumière) est offert à la souveraine pour le 250 ème anniversaire de la Compagnie des Indes.
Or, le joyau avait été offert au propre père de Dhulip par Shâh Shûjâ, souverain d'Afghanistan tout juste déposé à l'époque. Fuyant ses terres, il avait été recueilli par le père de Dhulip et voulait par ce présent le remercier de son hospitalité (toujours amener un petit quelque chose quand on est invité...). Tout cela n'entache pas les bonnes relations entre notre prince exilé et la reine Victoria. En 1854, elle commande un portrait du jeune homme au peintre Winterhalter (image en tête de ce message).
Notre homme vit alors majoritairement en Ecosse où il devient The black prince of Perthshire. En 1860, il obtient le droit de rentrer chez lui et y retrouve sa redoutable mère qu'il n'avait plus vu depuis des années. Il en profite pour la soustraire à son exil forcé et surveillé au Népal et la ramène avec lui à Londres. La mère et le fils mènent alors une vie mondaine et brillante, sont de tous les bals, de toutes les fêtes. La mort de la Rani interrompt brutalement la fête en 1863. Un bref retour en Inde pour les funérailles (crémation) de sa mère et Dhulip revient en Angleterre. Après la grande vie, une vie bourgeoise et familiale, dans une petite propriété de la campagne anglaise. Il s'installe dans un petit village pittoresque du Suffolk avec son épouse, mi-éthiopienne, mi-allemande, qui lui donnera six enfants. Parmi eux, deux filles qui laisseront une trace dans l'Histoire.
Elle est considérée comme la dernière membre de la famille impériale à avoir vécu sur les terres de ses ancêtres. Après avoir été élevée en Angleterre, elle s'installe en effet à Lahore où elle épouse un médecin. On dira d'elle "qu'elle a vécu comme une étrangère dans le royaume de son père".
Elle sera l'une des premières suffragettes britanniques et une militante déterminée du droit des femmes.
La reine Victoria était sa marraine. Elle lui accorda, par faveur royale, un appartement au château de Hampton Court.
Mais on n'est pas impunément empereur, même en exil...
En 1886, incité par d'anciens dignitaires et seigneurs de sa cour, Dhulip retourne chez lui, avec la ferme intention de récupérer son trône. Son projet est éventé, il est intercepté à Aden, au Yémen, et renvoyé en Europe. Il renie alors le catholicisme, revient à la religion de ses pères, entretient des contacts avec aventuriers, espions, intrigants... Il s'implique dans ce que l'on a appelé "le Grand Jeu", une rivalité diplomatique d'envergure entre la Russie et l'Angleterre pour le contrôle de l'Asie Centrale (qui débouchera sur la création de l'actuel Afghanistan). Les britanniques n'apprécient pas le volte-face de leur ancien "ami" et le laissent froidement tomber.
Ruiné, lâché de tous, malade, Dhulip Singh se réfugie à Paris. Juste pour y mourir, seul, dans une simple chambre d'hôtel, à 55 ans en 1893.
Vanité, tout est vanité...
Après avoir fait connaissance avec le dernier empereur du Brésil (voir sujet consacré), découvrons Dhulip Singh, dernier empereur des sikh.
L'empire Sikh est fondé par les Khalsa, un ordre chevaleresque sikh.
Entre 1799 et 1849, cet empire occupe une place non négligeable du continent indien, englobant le Cachemire et s'étendant jusqu'au Tibet, entre Afghanistan, Pakistan et Népal. Paradoxe : les sikh étaient minoritaires au sein de leur propre empire, 60 % des habitants étant de confession musulmane alors que seuls 25 à 30 % étaient sikh.
Notre souverain naît en 1838 à Lahore.
Une enfance raffinée dans les fastueux palais des seigneurs sikh. Mais la mort rôde dans les couloirs... A la mort de son père, son premier héritier, Kharag Singh, lui succède mais meurt rapidement. Le fils de Kharag Singh succède à son père mais meurt quelques jours plus tard. La mère du défunt Kharag assure alors la régence pour un des demi-frères de son fils mais ce dernier est assassiné trois ans plus tard. Il ne reste donc plus que Dhulip Singh. Mais le garçon n'a que cinq ans. C'est donc sa mère, la Rani Jundan, qui va assurer la régence. Et mieux vaut être dans les petits papiers de celle que les anglais ont surnommé "la Messaline du Penjab"... La régente est d'ailleurs fortement soupçonnée d'être mêlée à toutes ces disparitions qui ont ouvert la voie du trône à son fils. On ne prête qu'aux riches, c'est bien connu.
George Richmond
1846, les britanniques portent un premier coup à l'empire Sikh en le réduisant de moitié. Au passage, la Compagnie des Indes Orientales s'assure de fructueux marchés et ne va pas tarder à se partager les restes. En 1849, les anglais entrent à Lahore, Dhulip et sa mère sont arrêtés mais traités avec les honneurs : on les envoie en résidence surveillée où le jeune homme se convertit au christianisme au passage. A 12 ans, il vogue vers l'Angleterre et va faire courbette devant la reine Victoria herself. La souveraine s'entiche de lui et elle le recevra à plusieurs reprises à sa cour. Le jeune homme doit quand-même avaler une sacrée couleuvre : le fabuleux diamant Koh i Noor (Montagne de lumière) est offert à la souveraine pour le 250 ème anniversaire de la Compagnie des Indes.
gemselect.com
Or, le joyau avait été offert au propre père de Dhulip par Shâh Shûjâ, souverain d'Afghanistan tout juste déposé à l'époque. Fuyant ses terres, il avait été recueilli par le père de Dhulip et voulait par ce présent le remercier de son hospitalité (toujours amener un petit quelque chose quand on est invité...). Tout cela n'entache pas les bonnes relations entre notre prince exilé et la reine Victoria. En 1854, elle commande un portrait du jeune homme au peintre Winterhalter (image en tête de ce message).
Notre homme vit alors majoritairement en Ecosse où il devient The black prince of Perthshire. En 1860, il obtient le droit de rentrer chez lui et y retrouve sa redoutable mère qu'il n'avait plus vu depuis des années. Il en profite pour la soustraire à son exil forcé et surveillé au Népal et la ramène avec lui à Londres. La mère et le fils mènent alors une vie mondaine et brillante, sont de tous les bals, de toutes les fêtes. La mort de la Rani interrompt brutalement la fête en 1863. Un bref retour en Inde pour les funérailles (crémation) de sa mère et Dhulip revient en Angleterre. Après la grande vie, une vie bourgeoise et familiale, dans une petite propriété de la campagne anglaise. Il s'installe dans un petit village pittoresque du Suffolk avec son épouse, mi-éthiopienne, mi-allemande, qui lui donnera six enfants. Parmi eux, deux filles qui laisseront une trace dans l'Histoire.
La princesse Bamba Sutherland
Elle est considérée comme la dernière membre de la famille impériale à avoir vécu sur les terres de ses ancêtres. Après avoir été élevée en Angleterre, elle s'installe en effet à Lahore où elle épouse un médecin. On dira d'elle "qu'elle a vécu comme une étrangère dans le royaume de son père".
La princesse Sophia Alexandra
British Library
Elle sera l'une des premières suffragettes britanniques et une militante déterminée du droit des femmes.
La reine Victoria était sa marraine. Elle lui accorda, par faveur royale, un appartement au château de Hampton Court.
Mais on n'est pas impunément empereur, même en exil...
En 1886, incité par d'anciens dignitaires et seigneurs de sa cour, Dhulip retourne chez lui, avec la ferme intention de récupérer son trône. Son projet est éventé, il est intercepté à Aden, au Yémen, et renvoyé en Europe. Il renie alors le catholicisme, revient à la religion de ses pères, entretient des contacts avec aventuriers, espions, intrigants... Il s'implique dans ce que l'on a appelé "le Grand Jeu", une rivalité diplomatique d'envergure entre la Russie et l'Angleterre pour le contrôle de l'Asie Centrale (qui débouchera sur la création de l'actuel Afghanistan). Les britanniques n'apprécient pas le volte-face de leur ancien "ami" et le laissent froidement tomber.
Ruiné, lâché de tous, malade, Dhulip Singh se réfugie à Paris. Juste pour y mourir, seul, dans une simple chambre d'hôtel, à 55 ans en 1893.
Vanité, tout est vanité...
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J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1123
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Le dernier empereur (de l'empire sikh)
Merci, cher Calonne, pour cet intéressant exposé.
Je trouve Dhulîp Singh très beau. Quelle prunelle langoureuse !
La princesse Sophia Alexandra, l'une des premières suffragettes britanniques, militante du droit des femmes, filleule de Victoria et logeant au château de Hampton Court, marcha en tête du Black Friday, le vendredi 18 novembre 1910 ...
Je trouve Dhulîp Singh très beau. Quelle prunelle langoureuse !
La princesse Sophia Alexandra, l'une des premières suffragettes britanniques, militante du droit des femmes, filleule de Victoria et logeant au château de Hampton Court, marcha en tête du Black Friday, le vendredi 18 novembre 1910 ...
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le dernier empereur (de l'empire sikh)
Merci cher Calonne j’ignorai tout de ces braves princes !
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le dernier empereur (de l'empire sikh)
Je suis tombé par hasard sur son portrait par Winterhalter et me suis demandé ce que faisait ce prince indien dans cette suite de crinolines et de grandes dames européennes, c'est comme ça que je l'ai découvert.
Dhulip Singh menait grand train à Londres grâce à une pension versée par le gouvernement britannique, en échange de sa renonciation à son trône. On comprend que lorsqu'il décida de récupérer ce dernier, les anglais lui aient coupé les vivres.
Dhulip tenta alors de se trouver des alliés là où il pouvait. C'est ainsi qu'il se tourna vers les irlandais... Le 18 février 1889, il publia un appel dans le Pioneer où il expliquait que les princes et seigneurs indiens avaient des soutiens en Europe et étaient prêts à lever une armée pour reconquérir leurs terres. Mais un fond de quatre millions de livres était nécessaire pour l'achat d'armes et de munitions. Dans le même temps, il appelait les soldats irlandais présents dans les rangs britanniques à le rejoindre.
L'appel était suivi d'un poème, non signé mais qui était fortement inspiré de Kipling.
Comme on l'a vu, les espoirs de Dhulip volèrent en éclats et il fût arrêté à Aden. L'ancien enfant chéri des anglais était devenu leur bête noire.
Pour le fameux Kho i Noor, il y a en fait deux versions. Celle selon laquelle Shâh Shûjâ l'offrît au père de Dhulip pour le remercier de son aide. Et celle selon laquelle le père de Dhulip aurait exigé la pierre en échange de son aide...
Dans son enfance, Dhulip a sûrement entendu parler de Jean-Baptiste Ventura :
Né en Italie en 1794, cet aventurier et mercenaire italien était né Robino et changera de prénom en 1820.
Servant sous les ordres d'Eugène de Beauharnais, il retourne en Italie à la chute de l'Empire et se consacre à l'étude des langues étrangères et à l'Histoire. Le nouveau pouvoir italien n'apprécie pas son ancienne activité au service de l'Empire et notre homme préfère faire ses valises. Il part pour Constantinople avant de se faire mercenaire pour le compte des sikh en 1822. Il rencontre un autre mercenaire, français, Jean-François Allard, né à Saint-Tropez. Les deux hommes avaient en commun leur passé militaire au service de l'Empire et d'aimer l'Orient et les voyages (Allard avait séjourné en Perse dont il parlait la langue).
Ensemble, les deux hommes travaillent efficacement pour l'empereur sikh, franchissent tous les grades, accumulent les victoires et aident le souverain à moderniser son armée. Au passage, Ventura et Allard organisent des fouilles archéologiques, visitent des sites anciens et bouddhiques et mettent à jour de nombreuses pièces d'or de l'époque indo-grecque, souvenirs de la présence d'Alexandre le Grand en ces lieux. Notre homme sera même nommé juge et recevra au nom de l'empereur les dignitaires et envoyés européens de passage à Lahore. Un palais somptueux sera mis à sa disposition et il épousera une jeune femme d'origine arménienne qui lui donnera une fille. Mais la succession agitée dont nous avons parlé plus haut avec toutes ces morts suspectes donnent à Ventura le mal du pays.
Il quitte l'empire Sikh et rentre à Paris. Reçu avec les honneurs, il est fait chevalier de la Légion d'Honneur et offre à Louis-Philippe plusieurs des pièces d'or antiques qu'il avait découvert, la splendide collection de monnaies dite de Ventura contenant " 328 pièces d'or, d'argent et de bronze, dont 26 gréco-bactriennes et indo-grecques". Il meurt en 1858.
Son compagnon, Allard, avait lui épousé une princesse indienne de sang royal. Voulant donner à ses enfants une éducation "chrétienne et occidentale", il demande et obtient un congé exceptionnel en 1834. Il débarque à Bordeaux avec femme, enfants et une suite fastueuse. Toute la presse parle de lui, tous les salons se l'arrachent. Le gouvernement français le nomme Agent de France à Lahore et met un navire de la marine nationale à sa disposition pour le ramener en Inde. Rentré avec les honneurs à Lahore, il remet à son maître une lettre de Louis-Philippe, mais meurt brutalement en 1839. Il repose à Lahore, aux côtés de sa femme, de sa fille aînée et d'un de ses fils. Une maison et une rue portent son nom à Lahore.
En France par contre, à Saint-Tropez, sa ville natale, la maison qu'il avait fait construire en 1835 pour sa femme est devenue un hôtel-restaurant...
Dhulip Singh menait grand train à Londres grâce à une pension versée par le gouvernement britannique, en échange de sa renonciation à son trône. On comprend que lorsqu'il décida de récupérer ce dernier, les anglais lui aient coupé les vivres.
Dhulip tenta alors de se trouver des alliés là où il pouvait. C'est ainsi qu'il se tourna vers les irlandais... Le 18 février 1889, il publia un appel dans le Pioneer où il expliquait que les princes et seigneurs indiens avaient des soutiens en Europe et étaient prêts à lever une armée pour reconquérir leurs terres. Mais un fond de quatre millions de livres était nécessaire pour l'achat d'armes et de munitions. Dans le même temps, il appelait les soldats irlandais présents dans les rangs britanniques à le rejoindre.
L'appel était suivi d'un poème, non signé mais qui était fortement inspiré de Kipling.
Comme on l'a vu, les espoirs de Dhulip volèrent en éclats et il fût arrêté à Aden. L'ancien enfant chéri des anglais était devenu leur bête noire.
Pour le fameux Kho i Noor, il y a en fait deux versions. Celle selon laquelle Shâh Shûjâ l'offrît au père de Dhulip pour le remercier de son aide. Et celle selon laquelle le père de Dhulip aurait exigé la pierre en échange de son aide...
Dans son enfance, Dhulip a sûrement entendu parler de Jean-Baptiste Ventura :
MSacerdoti
Né en Italie en 1794, cet aventurier et mercenaire italien était né Robino et changera de prénom en 1820.
Servant sous les ordres d'Eugène de Beauharnais, il retourne en Italie à la chute de l'Empire et se consacre à l'étude des langues étrangères et à l'Histoire. Le nouveau pouvoir italien n'apprécie pas son ancienne activité au service de l'Empire et notre homme préfère faire ses valises. Il part pour Constantinople avant de se faire mercenaire pour le compte des sikh en 1822. Il rencontre un autre mercenaire, français, Jean-François Allard, né à Saint-Tropez. Les deux hommes avaient en commun leur passé militaire au service de l'Empire et d'aimer l'Orient et les voyages (Allard avait séjourné en Perse dont il parlait la langue).
Ensemble, les deux hommes travaillent efficacement pour l'empereur sikh, franchissent tous les grades, accumulent les victoires et aident le souverain à moderniser son armée. Au passage, Ventura et Allard organisent des fouilles archéologiques, visitent des sites anciens et bouddhiques et mettent à jour de nombreuses pièces d'or de l'époque indo-grecque, souvenirs de la présence d'Alexandre le Grand en ces lieux. Notre homme sera même nommé juge et recevra au nom de l'empereur les dignitaires et envoyés européens de passage à Lahore. Un palais somptueux sera mis à sa disposition et il épousera une jeune femme d'origine arménienne qui lui donnera une fille. Mais la succession agitée dont nous avons parlé plus haut avec toutes ces morts suspectes donnent à Ventura le mal du pays.
Il quitte l'empire Sikh et rentre à Paris. Reçu avec les honneurs, il est fait chevalier de la Légion d'Honneur et offre à Louis-Philippe plusieurs des pièces d'or antiques qu'il avait découvert, la splendide collection de monnaies dite de Ventura contenant " 328 pièces d'or, d'argent et de bronze, dont 26 gréco-bactriennes et indo-grecques". Il meurt en 1858.
Son compagnon, Allard, avait lui épousé une princesse indienne de sang royal. Voulant donner à ses enfants une éducation "chrétienne et occidentale", il demande et obtient un congé exceptionnel en 1834. Il débarque à Bordeaux avec femme, enfants et une suite fastueuse. Toute la presse parle de lui, tous les salons se l'arrachent. Le gouvernement français le nomme Agent de France à Lahore et met un navire de la marine nationale à sa disposition pour le ramener en Inde. Rentré avec les honneurs à Lahore, il remet à son maître une lettre de Louis-Philippe, mais meurt brutalement en 1839. Il repose à Lahore, aux côtés de sa femme, de sa fille aînée et d'un de ses fils. Une maison et une rue portent son nom à Lahore.
En France par contre, à Saint-Tropez, sa ville natale, la maison qu'il avait fait construire en 1835 pour sa femme est devenue un hôtel-restaurant...
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J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1123
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Le dernier empereur (de l'empire sikh)
Calonne a écrit:
Pour le fameux Kho i Noor, il y a en fait deux versions. Celle selon laquelle Shâh Shûjâ l'offrît au père de Dhulip pour le remercier de son aide. Et celle selon laquelle le père de Dhulip aurait exigé la pierre en échange de son aide...
..
Voici le Kho i Noor, sur le front de Charles III d'Angleterre, malgré la fâcheuse réputation de malédiction qui est attachée à cette pierre exceptionnelle. D'aucuns y voient d'ailleurs l'origine probable du cancer qui a été dépisté chez ce monarque.
https://www.cnews.fr/monde/2024-02-07/cancer-de-charles-iii-le-koh-i-noor-diamant-de-la-couronne-porte-t-il-malheur-aux
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le dernier empereur (de l'empire sikh)
Mme de Sabran a écrit:Voici le Kho i Noor, sur le front de Charles III d'Angleterre, malgré la fâcheuse réputation de malédiction qui est attachée à cette pierre exceptionnelle. D'aucuns y voient d'ailleurs l'origine probable du cancer qui a été dépisté chez ce monarque.
Quand on lit de telles fadaises , c'est plutôt le Khon-i-Nioor semble-t-il
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le dernier empereur (de l'empire sikh)
Merci pour cette présentation et le dépaysement...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le dernier empereur (de l'empire sikh)
Si vous êtes intéressés par ces personnages romanesques, il existe une biographie sur Jean-François Allard, écrite par un de ses descendants, Le généralissime .
Le destin incroyable de ce militaire, de Saint-Tropez à Lahore, des armées napoléoniennes au service des maîtres du Penjab.
Si vous êtes intéressés :
https://www.babelio.com/livres/Prevost-Allard-Le-Generalissime--De-Saint-Tropez-a-Lahore-le-des/563966
Le destin incroyable de ce militaire, de Saint-Tropez à Lahore, des armées napoléoniennes au service des maîtres du Penjab.
Si vous êtes intéressés :
https://www.babelio.com/livres/Prevost-Allard-Le-Generalissime--De-Saint-Tropez-a-Lahore-le-des/563966
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Calonne- Messages : 1123
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Le dernier empereur (de l'empire sikh)
Personnellement, je ne connaissais que Lino ...Calonne a écrit:
Dans son enfance, Dhulip a sûrement entendu parler de Jean-Baptiste Ventura :
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le dernier empereur (de l'empire sikh)
Calonne a écrit:Vanité, tout est vanité...
Je dirais même plus : sikh transit gloria mundi
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le dernier empereur (de l'empire sikh)
Tout bien considéré, j'aurais quand même, "in fine", parié sur Ray Ventura (plus de rythme) !!!!!!!!
Lecréateur- Messages : 1712
Date d'inscription : 01/06/2021
Localisation : Comté d'Enghien et Livonie
Re: Le dernier empereur (de l'empire sikh)
Certes, certes, ce bon Ray que je n'oublie pas .
Et d'ailleurs, au fait ! ... de meilleures nouvelles de la marquise ???
Et d'ailleurs, au fait ! ... de meilleures nouvelles de la marquise ???
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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