Emilie du Châtelet (1706-1749)
+3
Jean-Marc
Lucius
Gouverneur Morris
7 participants
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les femmes du XVIIIe siècle
Page 2 sur 3
Page 2 sur 3 • 1, 2, 3
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Cela me fait penser au film Nouvelle Chance d'Anne Fontaine :
Comment réunir des êtres aussi dissemblables qu'Odette Saint-Gilles, vieille actrice oubliée dans un centre d'accueil social ; Augustin Dos Santos, garçon de piscine à l'hôtel Ritz ; Bettina Fleischer, héroïne de feuilleton populaire ; et Raphaël, jeune homme à la beauté troublante. Ensemble, auront-ils une dernière chance pour assouvir leurs rêves ?
Bon...ce synospsis ne vous parlera pas...en voici un autre qui vous aidera mieux à comprendre ma comparaison:
Augustin, clown lunaire, occupe, comme emploi alimentaire, une place de garçon de piscine au Ritz. Mais sa vraie vocation est d'interpréter des spectacles inspirés du théâtre nô japonais qu'il présente dans des comités d'entreprises ou des maisons de retraite. À l'occasion d'une de ses représentations il fait la connaissance d'Odette Saint-Gilles, venue le féliciter. Cette ancienne chanteuse d'opérette, totalement oubliée, s'ennuie terriblement. De ce moment, Augustin se met en tête de monter une pièce inspirée de la correspondance de Madame du Deffand et Julie de Lespinasse. Odette, amusée, accepte. Il ne reste plus qu'à trouver sa partenaire. Ce sera Bettina Fleisher, héroïne d'un feuilleton télévisé...(source:TVMAG)
Emilie du Châtelet, Julie de Lespinasse...Décidément, cette Madame du Deffand n'était pas facile avec ses rivales de salons littéraires ! :
Bien à vous.
Comment réunir des êtres aussi dissemblables qu'Odette Saint-Gilles, vieille actrice oubliée dans un centre d'accueil social ; Augustin Dos Santos, garçon de piscine à l'hôtel Ritz ; Bettina Fleischer, héroïne de feuilleton populaire ; et Raphaël, jeune homme à la beauté troublante. Ensemble, auront-ils une dernière chance pour assouvir leurs rêves ?
Bon...ce synospsis ne vous parlera pas...en voici un autre qui vous aidera mieux à comprendre ma comparaison:
Augustin, clown lunaire, occupe, comme emploi alimentaire, une place de garçon de piscine au Ritz. Mais sa vraie vocation est d'interpréter des spectacles inspirés du théâtre nô japonais qu'il présente dans des comités d'entreprises ou des maisons de retraite. À l'occasion d'une de ses représentations il fait la connaissance d'Odette Saint-Gilles, venue le féliciter. Cette ancienne chanteuse d'opérette, totalement oubliée, s'ennuie terriblement. De ce moment, Augustin se met en tête de monter une pièce inspirée de la correspondance de Madame du Deffand et Julie de Lespinasse. Odette, amusée, accepte. Il ne reste plus qu'à trouver sa partenaire. Ce sera Bettina Fleisher, héroïne d'un feuilleton télévisé...(source:TVMAG)
Emilie du Châtelet, Julie de Lespinasse...Décidément, cette Madame du Deffand n'était pas facile avec ses rivales de salons littéraires ! :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Madame Du Deffand était une vieille bique, qui passait son temps a passer au vitriol le portrait des autres femmes, pour peu que celles-ci pensaient autrement qu'elles!
Même D'Alembert finira par s'en plaindre auprés de Voltaire en la nommant dans une de ses correspondances :" la vieille p.t..n" l'enjeu entre les salonnières était considérable, Du Deffand ne supportait pas non plus Madame de Geoffrin. En revanche, Mme Geoffrin était assez fascinée par le charisme et l'intelligence hors pair, d'emilie. Alors croire la description physique que vomit la de Deffand, je n'y croit guère, d'autant qu'elle était quasiment aveugle, on sent surtout sa mauvaise foi, et sa jalousie !
Même D'Alembert finira par s'en plaindre auprés de Voltaire en la nommant dans une de ses correspondances :" la vieille p.t..n" l'enjeu entre les salonnières était considérable, Du Deffand ne supportait pas non plus Madame de Geoffrin. En revanche, Mme Geoffrin était assez fascinée par le charisme et l'intelligence hors pair, d'emilie. Alors croire la description physique que vomit la de Deffand, je n'y croit guère, d'autant qu'elle était quasiment aveugle, on sent surtout sa mauvaise foi, et sa jalousie !
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
C'est vrai qu'elle a l'air mauvaise comme la gale Mme du Deffand. Elle cartonne bien. :
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
C'est peu de le dire, je posterai plus tard certaines de ses paroles. Elle pouvait bien être amie avec Voltaire, elle ne supportait pas les idées progressistes et surtout pas les encyclopédistes. Bien qu'elle ne fut pas ininteressante sur le plan intellectuel, son obsession au conventionnel et la suffisance ont faient d'elle quelqu'un exécrable.
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Dans son essai sur la singularité française, Mona Ozouf décrit Mme du Deffand de la manière suivante :
"Elle a toujours eu l'obsession de réunir assez de personnes pour tromper le tourment. L'ennui et la tristesse sont pour elle des états actifs."
Elle était très amoureuse de Walpole, et s'était mise alors à écrire car ce dernier vouait un véritable culte pour Madame de Sévigné, cependant: "Il y a chez Walpole, par ailleurs, beaucoups de traits qui laissent Madame de Deffant perplexe! Sa propension décorative, par exemple, le goût pour la porcelaine, les jardins, autant d'énigmes pour elle légèrement ridicules: comment peut-on trouver du charme à des objets inanimés ?
Walpole la campe en héroïne de roman (C'est à dire, à ses yeux, ennuyeuse et fade), elle pratique la raison comme un exercice exalté, en intégriste.
Dans la bio de Madame Geoffrin de Maurice Hamon :
"Quand Joseph II vient en 1777 dans la capitale, essentiellement pour rencontrer les principaux hommes politiques, Necker en tête, Mme Geoffrin trouve encore la force de se mannifester (elle est à quatre mois de son décès) et suscite une fois de plus la verve sarcastique de Mme de Deffand:
"On nous dit hier que la Geoffrin lui avait écrit qu'elle mourait de douleur si elle ne le voyait pas : il a eu la complaisance d'y aller !"
Mme de Deffand savait écrire, improviser en vers, comme il convient à la vie mondaine. Elle est redoutée pour un genre qu'elle excelle, le portrait, au mieux d'une impitoyable précision, au pis féroce, voire atroce.
Julie de Lespinasse fait le portrait de sa tante : comme "un méchant enfant", insupportable et tyrannique.
Elle restera fachée avec Julie et quand cette dernière décédera, elle ne lui pardonnera rien !
Elle fera courrir un billet :
"Mlle de Lespinasse est morte cette nuit à deux heures après minuit, ç'aurait été pour moi autrefois un événement, aujourd'hui ce n'est rien du tout"
ou encore,
"Elle aurait bien dû mourir quinze ans plus tôt, je n'aurais pas perdu D'Alembert !"
"Elle a toujours eu l'obsession de réunir assez de personnes pour tromper le tourment. L'ennui et la tristesse sont pour elle des états actifs."
Elle était très amoureuse de Walpole, et s'était mise alors à écrire car ce dernier vouait un véritable culte pour Madame de Sévigné, cependant: "Il y a chez Walpole, par ailleurs, beaucoups de traits qui laissent Madame de Deffant perplexe! Sa propension décorative, par exemple, le goût pour la porcelaine, les jardins, autant d'énigmes pour elle légèrement ridicules: comment peut-on trouver du charme à des objets inanimés ?
Walpole la campe en héroïne de roman (C'est à dire, à ses yeux, ennuyeuse et fade), elle pratique la raison comme un exercice exalté, en intégriste.
Dans la bio de Madame Geoffrin de Maurice Hamon :
"Quand Joseph II vient en 1777 dans la capitale, essentiellement pour rencontrer les principaux hommes politiques, Necker en tête, Mme Geoffrin trouve encore la force de se mannifester (elle est à quatre mois de son décès) et suscite une fois de plus la verve sarcastique de Mme de Deffand:
"On nous dit hier que la Geoffrin lui avait écrit qu'elle mourait de douleur si elle ne le voyait pas : il a eu la complaisance d'y aller !"
Mme de Deffand savait écrire, improviser en vers, comme il convient à la vie mondaine. Elle est redoutée pour un genre qu'elle excelle, le portrait, au mieux d'une impitoyable précision, au pis féroce, voire atroce.
Julie de Lespinasse fait le portrait de sa tante : comme "un méchant enfant", insupportable et tyrannique.
Elle restera fachée avec Julie et quand cette dernière décédera, elle ne lui pardonnera rien !
Elle fera courrir un billet :
"Mlle de Lespinasse est morte cette nuit à deux heures après minuit, ç'aurait été pour moi autrefois un événement, aujourd'hui ce n'est rien du tout"
ou encore,
"Elle aurait bien dû mourir quinze ans plus tôt, je n'aurais pas perdu D'Alembert !"
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Elle a toujours beaucoup écrit, et notamment à Voltaire puisque nous en parlions ici.l'amour menaçant a écrit:
Elle était très amoureuse de Walpole, et s'était mise alors à écrire car ce dernier vouait un véritable culte pour Madame de Sévigné
Lorsqu’elle rencontre Walpole, c’est une femme âgée.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
M. de Voltaire se trouvant avec madame la duchesse de Chaulnes, celle-ci, parmi les éloges qu'elle lui donna, insista principalement sur l'harmonie de sa prose. Tout d'un coup, voilà M. de Voltaire qui se jette à ses pieds. «Ah! Madame, je vis avec un cochon qui n'a pas d'organes, qui ne sait pas ce que c'est qu'harmonie, mesure, etc.» Le cochon dont il parlait, c'était madame Duchâtelet, son Émilie .
( Chamfort )
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Voltaire aimait envoyer des petites piques envers les femmes :
"les femmes sont comme les girouettes, elles se fixent lorsqu'elles se rouillent" :
C'est en revanche, surprenant de l'entendre s'en prendre à Emilie du Châtelet.
"les femmes sont comme les girouettes, elles se fixent lorsqu'elles se rouillent" :
C'est en revanche, surprenant de l'entendre s'en prendre à Emilie du Châtelet.
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Oui, car dieu sait qu'il l'a aimée ! ... assez même pour lui passer Saint Lambert ...
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Leur vie de couple n'a pas été de tout repos. Et puis je crois que la mère Denis est arrivée avant la mort d'Emilie.
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Yep, il avait intérêt à filer doux, le François-Marie ! : : :
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
"Assez même pour lui passer st Lambert", mais c'est Voltaire qui a commençé par la tromper ! Il peut bien être indulgent, bien qu'il a probablement été celui qui a le plus souffert de cette histoire.
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Sans doute, mais la plupart des hommes ne souffrent pas que les femmes se permettent ce qu'eux-mêmes s'autorisent .
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
M. de Voltaire, étant chez madame du Châtelet et même dans sa chambre, s'amusait avec l'abbé Mignot, encore enfant, et qu'il tenait sur ses genoux. Il se mit à jaser avec lui, et à lui donner des instructions. «Mon ami, lui dit-il, pour réussir avec les hommes, il faut avoir les femmes pour soi; pour avoir les femmes pour soi, il faut les connaître. Vous saurez donc que toutes les femmes sont fausses et catins....—Comment! toutes les femmes! Que dites-vous là, monsieur, dit madame du Châtelet en colère?—Madame, dit M. de Voltaire, il ne faut pas tromper l'enfance.»
( Chamfort )
Pfffffffff !
.
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
On faisait compliment à madame Denis de la façon dont elle venait de jouer Zaïre: «Il faudrait, dit-elle, être belle et jeune.—Ah! madame, reprit le complimenteur naïvement, vous êtes bien la preuve du contraire.»
( Chamfort )
.
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Dernière édition par Mme de Sabran le Sam 04 Avr 2015, 15:00, édité 1 fois
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Ne jugez pas trop sévèrement la marquise pour des mémoires qu'elle n'a pas rédigés
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
A-t-on une idée de l'origine véritable de cet apocryphe?
Jean-Marc- Messages : 13
Date d'inscription : 02/07/2014
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Jean-Marc a écrit:A-t-on une idée de l'origine véritable de cet apocryphe?
Les Souvenirs de la marquise de Créquy seraient de Pierre-Marie-Jean Cousin de Courchamps .
Nous devons également à cet auteur :
- Dictionnaire général de la cuisine française ancienne et moderne ainsi que de l’office et de la pharmacie domestique.
- Les Duchesses dans Les Français peints par eux-mêmes
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
.
Mme du Châtelet était la cousine de la marquise de Créquy qui n'en fait qu'une bouchée ... :
Ma cousine Emilie, qu'on appelait alors Mademoiselle de Preuilly, et non pas Mademoiselle de Breteuil , afin de la distinguer de sa cousine germaine qui est de venue Mme de Clermont-Tonnerre, ma cousine Emilie avait trois ou quatre ans de moins que moi, mais elle avait aumoins cinq à six pouces de plus. Son ami Voltaire a fait imprimer qu'elle était née en 1706, à dessein de la rajeunir de quatre ans, mais elle était née le 17 décembre 1702 , ce qu'il est aisé de vérifier à la sacristie de Saint-Roch. C'était un colosse en toutes proportions.
C'était une merveille de force et un prodige de gaucherie. Elle avait des pieds terribles et des mains formidables. Elle avait déjà la peau comme une rape à muscade ; enfin la belle Emilie était un vilain cent-suisse, et pour avoir souffert que Voltaire osât parler de sa beauté, il fallait que l'algèbre et la géométrie l'eussent fait devenir folle. Ce qu'elle avait toujours eu d'insupportable, c'est qu'elle avait toujours été pédante et visante à la transcendance en fait de compréhension , tandis qu'elle embrouillait tout ce qu'on lui mettait en mémoire et
qu'elle en faisait une manière d'hochepot indigestible. Par exemple, elle nous demandait un soir avec un air moitié distrait et moitié préoccupé , ce qui était sa mine habituelle, et en rejetant son régime et son nominatif à la fin de ses phrases, ce qui était sa manière de procéder grammaticalement, elle nous demanda lequel des deux il fallait tenir pour assuré, ou que Nabuchodonosor avait été changé en bœuf, ou que le Prince Chéri avait été métamorphosé en oiseau? — Mais, ni l'un ni l'autre, lui dit sa mère. — J'ai pourtant vu dans la Bible — Vous n'avez rien vu de pareil à cela dans la Bible, lui dit ma tante, qui n'omettait jamais de la corriger et la tancer vertement. — Allez me chercher la Bible où vous avez trouvé de si belles choses. " La raison du roi s'aliéna, il s'enfuit dans les champs où il paissait l'herbe à la manière des brutes : ses cheveux s allongèrent comme des plumes d'aigle et ses ongles devinrent crochus comme ceux des vautours ! .... » Où voyez-vous donc que le roi Nabuchodonosor ait été changé en bête ? Je vois bien qu'il était devenu fou, mais il
n'est pas question qu'il fût devenu bœuf. Souvenez-vous que c'est une imagination de sœur tourière et de femme de chambre.
Voilà comme elle avait étudié, la docte Emilie, et c'est ainsi qu'elle avait retenu toutes choses.
Je comprends bien que Voltaire ait eu la fantaisie de la faire passer pour une savante; mais je n'ai pu m 'expliquer comment M. Clairaut, qui était rude et sévère, avait eu celte complaisance-là.
Nous avons toujours cru qu'elle lui avait donné de l'argent, et nous n'avons jamais ouï parler du génie et du profond savoir de Mme du Châtelet sans étouffer de rire. Voltaire était cruellement tourmenté de mon expérience et de mon incrédulité sur ce chapitre-là.
.
Mme du Châtelet était la cousine de la marquise de Créquy qui n'en fait qu'une bouchée ... :
Ma cousine Emilie, qu'on appelait alors Mademoiselle de Preuilly, et non pas Mademoiselle de Breteuil , afin de la distinguer de sa cousine germaine qui est de venue Mme de Clermont-Tonnerre, ma cousine Emilie avait trois ou quatre ans de moins que moi, mais elle avait aumoins cinq à six pouces de plus. Son ami Voltaire a fait imprimer qu'elle était née en 1706, à dessein de la rajeunir de quatre ans, mais elle était née le 17 décembre 1702 , ce qu'il est aisé de vérifier à la sacristie de Saint-Roch. C'était un colosse en toutes proportions.
C'était une merveille de force et un prodige de gaucherie. Elle avait des pieds terribles et des mains formidables. Elle avait déjà la peau comme une rape à muscade ; enfin la belle Emilie était un vilain cent-suisse, et pour avoir souffert que Voltaire osât parler de sa beauté, il fallait que l'algèbre et la géométrie l'eussent fait devenir folle. Ce qu'elle avait toujours eu d'insupportable, c'est qu'elle avait toujours été pédante et visante à la transcendance en fait de compréhension , tandis qu'elle embrouillait tout ce qu'on lui mettait en mémoire et
qu'elle en faisait une manière d'hochepot indigestible. Par exemple, elle nous demandait un soir avec un air moitié distrait et moitié préoccupé , ce qui était sa mine habituelle, et en rejetant son régime et son nominatif à la fin de ses phrases, ce qui était sa manière de procéder grammaticalement, elle nous demanda lequel des deux il fallait tenir pour assuré, ou que Nabuchodonosor avait été changé en bœuf, ou que le Prince Chéri avait été métamorphosé en oiseau? — Mais, ni l'un ni l'autre, lui dit sa mère. — J'ai pourtant vu dans la Bible — Vous n'avez rien vu de pareil à cela dans la Bible, lui dit ma tante, qui n'omettait jamais de la corriger et la tancer vertement. — Allez me chercher la Bible où vous avez trouvé de si belles choses. " La raison du roi s'aliéna, il s'enfuit dans les champs où il paissait l'herbe à la manière des brutes : ses cheveux s allongèrent comme des plumes d'aigle et ses ongles devinrent crochus comme ceux des vautours ! .... » Où voyez-vous donc que le roi Nabuchodonosor ait été changé en bête ? Je vois bien qu'il était devenu fou, mais il
n'est pas question qu'il fût devenu bœuf. Souvenez-vous que c'est une imagination de sœur tourière et de femme de chambre.
Voilà comme elle avait étudié, la docte Emilie, et c'est ainsi qu'elle avait retenu toutes choses.
Je comprends bien que Voltaire ait eu la fantaisie de la faire passer pour une savante; mais je n'ai pu m 'expliquer comment M. Clairaut, qui était rude et sévère, avait eu celte complaisance-là.
Nous avons toujours cru qu'elle lui avait donné de l'argent, et nous n'avons jamais ouï parler du génie et du profond savoir de Mme du Châtelet sans étouffer de rire. Voltaire était cruellement tourmenté de mon expérience et de mon incrédulité sur ce chapitre-là.
.
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Gabrielle-Emilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet
Eh bien, il ne vaut pas le redoutable portrait au vitriol par Mme du Deffand, mais il s'en approche... :
A quelle période de la vie de Mme du Chatelet ce portrait est-il censé faire allusion ? Car l'on a du mal à reconnaître la femme avec qui Voltaire s'entretenait de tout : sciences, philosophie, littérature etc. ; et qu'il considérait plus que son "égale" : supérieurement intelligente (ce qui, venant de Voltaire, n'était pas peu dire ).
A quelle période de la vie de Mme du Chatelet ce portrait est-il censé faire allusion ? Car l'on a du mal à reconnaître la femme avec qui Voltaire s'entretenait de tout : sciences, philosophie, littérature etc. ; et qu'il considérait plus que son "égale" : supérieurement intelligente (ce qui, venant de Voltaire, n'était pas peu dire ).
Dernière édition par La nuit, la neige le Mer 23 Sep 2020, 23:03, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Une petite expo est consacrée à cette grande dame à la "maison abbatiale de Lunéville" (mais combien de musées faut-il à ce petit bourg, quelle dispersion d'efforts !) :
http://www.tourisme-lunevillois.com/SITLOR/742001576.htm
http://www.tourisme-lunevillois.com/SITLOR/742001576.htm
Gouverneur Morris- Messages : 11798
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
C'est dans ton fief : tu ne saurais la manquer !!!
Chic ! tu nous raconteras, s'il te plaît ?
Chic ! tu nous raconteras, s'il te plaît ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Ouuuuuh, il faut encore y traîner ma vénérable maman... ce n'est pas gagné ! Mais si j'y arrive, je la mitraillerai pour vous
Gouverneur Morris- Messages : 11798
Date d'inscription : 21/12/2013
Page 2 sur 3 • 1, 2, 3
Sujets similaires
» La fabuleuse histoire de Madame de Nettine (1706-1775)
» Exposition au musée de Langres : Emilie du Châtelet, une femme des Lumières
» Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis, maréchal et duc de Richelieu
» Benjamin Franklin (1706-1790)
» Joseph-Hyacinthe de Rigaud de Vaudreuil, 1706-1764
» Exposition au musée de Langres : Emilie du Châtelet, une femme des Lumières
» Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis, maréchal et duc de Richelieu
» Benjamin Franklin (1706-1790)
» Joseph-Hyacinthe de Rigaud de Vaudreuil, 1706-1764
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les femmes du XVIIIe siècle
Page 2 sur 3
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum