Joseph II, empereur du Saint-Empire

Toute la politique de l'Autriche passe toujours par Marie-Thérèse qui rechigne visiblement à partager le pouvoir avec Joseph, lequel piaffe et rue dans les brancards :

"  Les affaires sont traitées d'un étage à l'autre sans que l'on se voie ...  C'est pour moi plus amer que la mort de penser que si longtemps j'ai vécu uniquement pour ce fils, que je l'ai idolâtré .   C'est terrible de se dire que nous nous aimons tout en nous disputant ainsi et que nous nous torturons sans parvenir à nous satisfaire ni l'un ni l'autre .  "


( Manceron, Les hommes de la Liberté )

Ce soir, 22h50, sur Arte, sera diffusé...

Joseph II d'Autriche, le despote éclairé
Réalisation : Max Jacobi
2022
Durée : 52 mn


Portrait tout en nuances de Joseph II (1741-1790), souverain visionnaire, qui, considéré par certains comme l’archétype du despote éclairé, marquera l’histoire et les esprits.

Si vous connaissez mal la vie de Joseph II, je vous recommande ce documentaire présenté ci-dessus : les intervenants sont intéressants...

Nous l'avons enregistré et regardé hier soir. Quel portrait élogieux ! Joseph y apparaît véritablement comme un homme des Lumières, un monarque avec une fibre réformatrice débridée . Il est longtemps demeuré dans l'ombre de Marie-Thérèse. Il y trépignait et piaffait d'impatience.
Un petit regret : c'était trop court, trop court sur l'homme privé, trop court sur son bras de fer avec le Pape . Je suis un peu restée sur ma faim, car effectivement les intervenants étaient passionnants .

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Joseph II d'Autriche, le despote éclairé (Arte) : Sans lui Marie-Antoinette et louis XVI n'auraient jamais eu d'enfants

Le 15/04/2022 à 20:30 par Candice Dupret


Arte nous offre un focus sur l'empereur d'Autriche, fils préféré de la reine Marie-Thérès et frère frère aîné de notre Marie-Antoinette. A qui il a d'ailleurs rendu un fier service...  

Château de Schönbrun, Vienne Autriche, 13 mars 1741. Enfin ! Oui enfin, après avoir donné naissance à trois jolies petites filles la reine Marie-Thérèse d'Autriche offre ce jour-là à son bien aimé époux, François-Etienne de Lorraine, un garçon. Aussitôt prénommé Joseph. Quatrième de la fratrie certes mais pas le dernier puisqu'après lui douze autres bambins suivront. Mais très vite, c'est sur ses épaules que la souveraine porte tous ses espoirs.

Un empereur aux mains liées

Joseph est un enfant déterminé, téméraire, passionné par les sciences. Il est fougueux, impétueux, autoritaire et se doit de ronger son frein, avant de pouvoir un jour à son tour monter sur le trône. Adolescent à l'esprit affûté, il tourne le dos aux arts d'agrément, prend la religion en aversion, connaît les langues étrangères, notamment le français et l'italien. Et poursuit seul, par la lecture et la méditation, son éducation philosophique (Voltaire, les encyclopédistes).
A 24 ans en 1765, Joseph II -qui en est déjà à son deuxième mariage- devient empereur du Saint Empire et corégent avec sa mère, mais il n'est chargé que de la représentation et des affaires militaires et est exclu de la politique étrangère et des décisions politiques internes de l'empire. Finalement, plein de rancœur contre la manière dont sa mère lui lie les mains, il décide de voyager à travers l'Europe où il rend visite à ses frères et soeurs. Ainsi en 1777, fait-il étape en France pour voir sa jeune soeur Marie-Antoinette. La jeune femme de 22 ans est reine de France depuis 3 ans déjà et cumule 7 ans de mariage. La stérilité de son couple royal inquiète non seulement Joseph II mais surtout la reine Marie-Thérèse.

Un petit cours d'éducation sexuelle

Pas bon pour les "affaires" tout ça ! Pour en avoir le coeur net, Joseph II préfère donc se rendre sur place. Et comprendre. En réalité... son beau frère Louis XVI et Marie-Antoinette n’ont toujours pas vraiment consommé leur mariage ! Devenu le confident du couple, Joseph n'hésite pas à s'inviter dans la chambre du roi et de la reine pour s'assurer que les époux ont des rapports sexuels "de qualité". Selon l'historien Alain Dag'Naud, il en a même fait un descriptif par écrit : "Louis a des érections fort bien conditionnées. Il introduit le membre, reste là sans se remuer deux minutes, se retire sans décharger toujours bandant et souhaite le bonsoir." Il s'avère que Louis XVI souffre en fait d’un phimosis (en clair, un rétrécissement de l'extrémité du prépuce) et ne peut honorer correctement son épouse qui préfère du coup déserter le lit conjugal. Joseph demande alors à sa soeur plus de patience, de gentillesse, d'écoute à l'égard de son mari. Quant à son malheureux beau-frère, l'empereur d'Autriche n'a de cesse de le rassurer sur sa virilité et l'engage surtout à subir une délicate mais néanmoins nécessaire opération. Louis XVI finit par s'exécuter et le mariage est enfin consommé le 18 août 1777 et un premier enfant naîtra l’année suivante !

https://www.programme-tv.net/news/societe/298777-joseph-ii-dautriche-le-despote-eclaire-arte-sans-lui-marie-antoinette-et-louis-xvi-naurait-jamais-eu-denfants/

Rediffusion sur le site d'Arte du docu-fiction que nous avions déjà présenté l'année dernière :

Joseph II d'Autriche, le despote éclairé
Réalisation : Max Jacobi
France, Autriche 2022
Durée : 52 mn


Portrait tout en nuances de Joseph II (1741-1790), souverain visionnaire, qui, considéré par certains comme l’archétype du despote éclairé, marquera l’histoire et les esprits.

Quatrième enfant et premier fils de Marie-Thérèse d’Autriche, Joseph II voit le jour le 13 mars 1741 dans un empire en proie à des conflits internes et externes ; il est l’héritier masculin qui permettra à sa mère d’affirmer sa légitimité et son autorité. Son père François Ier lui garantit l’accès à une éducation libre et ouverte.
Du haut de ses 22 ans, il couche sur le papier dans ses Rêveries sa volonté de s’attaquer aux piliers de la monarchie d’alors : le clergé et la noblesse. Pour lui, influencé par les Lumières, la souveraineté n’est pas de droit divin : elle vient du peuple. Élu à la tête du Saint Empire à la mort de son père, il modernise la médecine. Pragmatique, il sent l’importance politique et économique d’une réforme de l’État. Il lui faudra attendre encore quinze ans pour pouvoir réaliser ses ambitions. Il partage en effet le pouvoir avec sa mère, qui craint de le voir détruire, par sa hâte, l’œuvre de sa vie...


Fièvre réformatrice

À la mort de Marie-Thérèse en 1780, les réformes menées par Joseph s’accélèrent : tolérance religieuse, refonte en profondeur de l’Église et de l’administration… Saisi d’une sorte de fièvre réformatrice, il proclame un nombre étourdissant d'édits, intervenant dans tous les domaines. Mais la noblesse résiste, et l’agitation révolutionnaire grandit. Il devra annuler la plupart de ses décrets, et meurt seul et rongé par le chagrin à l’âge de 48 ans.


Ponctué de nombreuses interviews (notamment d'Élisabeth Badinter) et études picturales, ce docu-fiction richement illustré retrace la trajectoire hors norme d’un souverain en avance sur son temps, dont les réformes ont jeté les bases des grandes transformations du XIXe siècle.



Le documentaire en vidéo sur le site d'Arte, ici :

Arte TV - Joseph II, le despote éclairé

Selon l’abbé Duval-Pyrau, Joseph II pensait que l'exercice de la chasse était nuisible à la bonne marche d'un royaume :
« Cet amusement nuit trop souvent aux sujets, et dissipe trop le maitre des occupations qu’il leur doit. »

Impériales facéties ...

Lors de sa venue à Paris en 1777,  Joseph II cultivait la simplicité et l'incognito.  Ce désir d’être pris pour un simple particulier, il le poussera, au cours de son voyage, jusqu’à la mystification. Dans une auberge où il couchera, la servante « qui lui tient le plat, dans le temps qu’il se rase, » lui demandant s’il n’a point, par hasard, quelque emploi auprès de l’Empereur : « Oui, répondra-t-il gravement, c’est moi qui lui fais la barbe. » Ailleurs, son cuisinier, avec son agrément, se fera passer pour l’Empereur, recevra les harangues du maire et du curé, leur donnera sa main à baiser.

Journal du duc de Croy. — Autour de Marie-Antoinette, par M. de Routry.

Le problème de Joseph II, c'était d'être trop brutal, trop brusque dans ses réformes. Il voulait tout, tout de suite et n'hésitait pas à ruer dans les brancards ou à y aller aux forceps.

Marie-Thérèse, avec l'expérience que seuls donnent l'âge et l'exercice prolongé du pouvoir savait qu'on ne change pas les choses, les gens, les mentalités et les traditions aussi vite et aussi facilement. L'impératrice était plus prudente, plus patiente, plus mesurée.

Pauvre Joseph : il perd une femme qu'il aime mais qui ne l'aime pas, une deuxième qui l'aime mais que lui n'aime pas, il est relégué au rang de potiche par sa mère et il finit seul et amer, incompris.

Calonne a écrit:

Pauvre Joseph : il perd une femme qu'il aime mais qui ne l'aime pas, une deuxième qui l'aime mais que lui n'aime pas ...

Fatalitas !