L'Angleterre au XVIIIème siècle .
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L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Notre Princesse écrivait sur le CDB le lundi 9 Juil 2012 :
Voici un ouvrage qui me paraît très intéressant à lire et qui est en vente sur ebay
Fox et la Révolution française - de
Ary-Henri Chardon.
Bossard - 1918 -140 p
Je viens de l'acheter .
Que ce soit Fox ou Pitt, je les mets tous dans le même panier !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_James_Fox
(...)
Voici la Bio sur Charles-James Fox
Charles James Fox de J Drinkwater
Ernest Benn Limited, 1928
(...)
Charles James Fox and the Desintegration of the Whig Party, 1782-1794 de Mitchell ( L.G.)
Oxford University Press, 1971, 318 p
Un ouvrage clé pour comprendre le parti Whig à l'époque de la révolution et l'attitude de son chef James Fox.
Cet ouvrage est basé sur de nombreux documents inédits.
Un ouvrage à lire donc d'après l'article internet sur lequel je suis tombée.
Source :
http://www.persee.fr/.../rbph_0035-0818_1973_num_51_2_5416_t1_045...
(...)
La politique de Fox de 1789 à 1793 a amené la dislocation du parti whig ; en 1789 contre la majorité de Pitt qui oscille autour de 250 voix , Fox arrive fréquemment à grouper 130 voix . En 1793, il n’a plus qu’une quarantaine de partisans.
A ceux qui ne s’inclinent que devant le succès, la politique de Fox , pendant ces quatre années, a pu paraître maladroite.
Pendant cette période de sa vie, avec une belle constance, Fox a défendu les grandes revendications des whigs d’Angleterre : tolérance, abolition de la traite, liberté de la presse, réforme parlementaire . Il a montré une grande connaissance des affaires étrangères et un grand talent oratoire . Mais il s’est laissé enivrer par la Révolution Française : après avoir détesté la France de l’Ancien Régime , il admire tellement la France nouvelle que, dans chacun de ses discours , il ne peut s’empêcher d’en parler. Du coup, ses amis ne le comprennent plus ; oubliant la grandeur de son rôle comme leader du parti whig , ils l’abandonnent par peur de la Révolution.
C’est parce que Fox admirait la Révolution qu’il s’est brouillé avec Burke , qu’il a été mis en marge de son propre parti et livré à la calomnie , lui qui tenait tant à la popularité. Ses contemporains ne lui ont pas pardonné d’avoir sacrifié son avenir politique à une idée.
Eh bien , comme rassembleur , on peut oublier, je crois. Cet homme là était un dislocateur...
Mais au moins , il assumait son idée, ce qui est à son honneur. C'est tout le contraire de Pitt qui avait tout fait pour fomenter la révolution et qui officieusement la soutenait et officiellement , la combattait .
(...)
Fox avait en 1789 déjà un long passé de parlementaire derrière lui. C'est en 1768, à l'âge de 19 ans qu'il a été élu pour la première fois par le bourg de Minhurst.
Pitt aussi est arrivé très tôt en politique. Ce livre sur Fox est très intéressant pour comprendre la politique de l'Angleterre à cette époque là . Je le déguste à petites doses.
Et c'est aussi intéressant d'avoir le livre sur Pitt.
Ainsi, on peut mieux comprendre les répercussions sur la politique française !
Merci chère Princesse boudoi30
Voici un ouvrage qui me paraît très intéressant à lire et qui est en vente sur ebay
Fox et la Révolution française - de
Ary-Henri Chardon.
Bossard - 1918 -140 p
Je viens de l'acheter .
Que ce soit Fox ou Pitt, je les mets tous dans le même panier !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_James_Fox
(...)
Voici la Bio sur Charles-James Fox
Charles James Fox de J Drinkwater
Ernest Benn Limited, 1928
(...)
Charles James Fox and the Desintegration of the Whig Party, 1782-1794 de Mitchell ( L.G.)
Oxford University Press, 1971, 318 p
Un ouvrage clé pour comprendre le parti Whig à l'époque de la révolution et l'attitude de son chef James Fox.
Cet ouvrage est basé sur de nombreux documents inédits.
Un ouvrage à lire donc d'après l'article internet sur lequel je suis tombée.
Source :
http://www.persee.fr/.../rbph_0035-0818_1973_num_51_2_5416_t1_045...
(...)
La politique de Fox de 1789 à 1793 a amené la dislocation du parti whig ; en 1789 contre la majorité de Pitt qui oscille autour de 250 voix , Fox arrive fréquemment à grouper 130 voix . En 1793, il n’a plus qu’une quarantaine de partisans.
A ceux qui ne s’inclinent que devant le succès, la politique de Fox , pendant ces quatre années, a pu paraître maladroite.
Pendant cette période de sa vie, avec une belle constance, Fox a défendu les grandes revendications des whigs d’Angleterre : tolérance, abolition de la traite, liberté de la presse, réforme parlementaire . Il a montré une grande connaissance des affaires étrangères et un grand talent oratoire . Mais il s’est laissé enivrer par la Révolution Française : après avoir détesté la France de l’Ancien Régime , il admire tellement la France nouvelle que, dans chacun de ses discours , il ne peut s’empêcher d’en parler. Du coup, ses amis ne le comprennent plus ; oubliant la grandeur de son rôle comme leader du parti whig , ils l’abandonnent par peur de la Révolution.
C’est parce que Fox admirait la Révolution qu’il s’est brouillé avec Burke , qu’il a été mis en marge de son propre parti et livré à la calomnie , lui qui tenait tant à la popularité. Ses contemporains ne lui ont pas pardonné d’avoir sacrifié son avenir politique à une idée.
Eh bien , comme rassembleur , on peut oublier, je crois. Cet homme là était un dislocateur...
Mais au moins , il assumait son idée, ce qui est à son honneur. C'est tout le contraire de Pitt qui avait tout fait pour fomenter la révolution et qui officieusement la soutenait et officiellement , la combattait .
(...)
Fox avait en 1789 déjà un long passé de parlementaire derrière lui. C'est en 1768, à l'âge de 19 ans qu'il a été élu pour la première fois par le bourg de Minhurst.
Pitt aussi est arrivé très tôt en politique. Ce livre sur Fox est très intéressant pour comprendre la politique de l'Angleterre à cette époque là . Je le déguste à petites doses.
Et c'est aussi intéressant d'avoir le livre sur Pitt.
Ainsi, on peut mieux comprendre les répercussions sur la politique française !
Merci chère Princesse boudoi30
Invité- Invité
L'Angleterre des Pitt
Madame de Chimay a écrit
Lun 28 Sep 2009 - 18:07
L’Angleterre des Pitt
Source : Les Pitt : L’Angleterre face à la France ( 1708-1806 ) par Edmond Dziembowski
Perrin : 25 euros
Voici ce que dit la quatrième de couverture :
« L’histoire ne se répète jamais . Le destin des deux Pitt apporte pourtant la preuve du contraire . Les deux hommes , qui dominèrent la vie politique de leur temps pendant deux générations , s’avérèrent aussi déterminés l’un que l’autre contre la France . Le père, au moment de la guerre de Sept Ans ( 1756-1763 )en s’attaquant à l’empire colonial de Louis XV ; le fils , en organisant et en finançant les trois premières coalitions contre la France révolutionnaire et impériale ( 1792-1805 ).
William Pitt , dit le premier Pitt , né en 1708 , entré aux Communes en 1735 , est porté au pouvoir en 1757, alors que son pays connaît les pires déboires dans la guerre de Sept Ans où s’opposent Français et Anglais à la fois sur mer et sur terre. Il y déploie une combativité indomptable , un peu comme le fera Churchill en 1940 , et finit par triompher des Français en Inde et au Canada. Mais dans l’incapacité de s’entendre avec le roi Georges III, il démissionne en 1761.
Son fils William , dit le second Pitt , né en 1759 , devient premier ministre à l’âge de 24 ans et gouverne pratiquement l’Angleterre jusqu’à sa mort. A l’intérieur , son œuvre économique et administrative est considérable . A l’extérieur , il se montre l’un des ennemis les plus farouches de la France révolutionnaire puis impériale. C’est lui la véritable âme de la troisième coalition , laquelle est brisée à Austerlitz.
Lorsque Pitt meurt en 1806, la France paraît avoir pris le dessus sur sa rivale, isolée et en proie à une grave crise intérieure. En réalité , la victoire de Trafalgar , qui confère à l’Angleterre une supériorité navale définitive , porte en elle les germes de la fin de l’Empire et le début de la suprématie anglaise. »
Edmond Dziembowski , né en 1958 , est agrégé d’histoire et maître de conférences en histoire moderne à l’université de Franche Comté ( Besançon ). Spécialiste de la culture politique française et britannique au XVIIIe siècle, il est l’auteur d’un nouveau patriotisme français , 1750-1770. La France face à la puissance anglaise à l’époque de la guerre de Sept Ans ( Oxford Voltaire Foundation , 1998 ) .
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Madame de Chimay a écrit
Il convient de se pencher sur les origines de cette famille qui a joué un rôle si déterminant dans l’histoire . Je cite Dziembowski : « Les Pitt sont originaires de la ville de Blandford , dans le comté de Dorset . William Pitt est issu de la branche cadette.
C’est l’ancêtre Thomas Pitt ( grand père de William ) qui fit sortir cette famille de l’anonymat. Thomas Pitt naquit à Blandford en 1653 . Fils cadet d’un modeste clergyman , il rompit de manière fracassante avec la ruralité et l’honorabilité discrète de ses ancêtres . En 1673 , attiré par le grand large, il se lança dans le négoce. Avide de richesses , il se mit à commercer frauduleusement en méprisant souverainement le monopole des compagnies de commerce . En quelques années, il devint un des piliers de l’interlope dans l’océan indien . Dans le monde des trafiquants , son nom commença à susciter un certain respect . Il trafiqua en toute impunité pendant une dizaine d’années . A l’âge de 30 ans , il arrêta tout dans le désir de se fixer.
Son but n’était autre que de s’acheter une conduite. Pour ce faire, il acheta à Lord Salisbury le beau domaine de Stratford upon the Castle . l’ex-trafiquant devenait country gentleman. Cet enracinement dans la Gentry effaça ses origines douteuses du nouveau riche. En 1688, la Compagnie des Indes l’accueillit même en son sein. Le monopole de la Compagnie des Indes était menacé et il lui fallait renforcer au plus vite sa présence en Inde. Thomas Pitt fut donc dépêché en Inde . Il fut nommé gouverneur du fort de Saint George de Madras et président de la Compagnie en Inde et à Sumatra. Il resta 11 ans à Madras, remit à flot la Compagnie des Indes et en profita au passage pour augmenter sa fortune. En 1702, il fit l’acquisition d’un énorme diamant de 410 carats . Ramené dans le plus grand secret en Angleterre , le gemme fut vendu en 1717 à Laurent Rondet, joailler de la Cour de France . Devenu un splendide diamant de 136 carats , il entrera dans la légende des pierres précieuses sous le nom du régent.
A son retour en Angleterre , il fut pris d’une frénésie d’achats immobiliers. Simultanément , il inséra sa progéniture dans le petit club des familles dominantes . Ses enfants contractèrent des mariages très prestigieux. La mieux lotie fut Lucy , l’aînée des deux filles , qui épousa Lord Stanhope , le héros de la Guerre de Succession d’Espagne et l’homme politique le plus en vue au début du règne de Georges Ier.
Il se fit aussi élire aux Communes où il siégea dans les rangs des whigs.
Il se comportait en despote au sein de sa famille et bientôt son fils aîné Robert entra en conflit avec lui. Ecrasé par son père, il entra en rébellion et choisit d’aller s’asseoir parmi les tories. Robert eut sept enfants dont le fameux William.
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Madame de Chimay a écrit
Il est paradoxal de constater qu'à chaque fois, c'est la compagnie des Indes qui est à l'origine de fortunes rapidement faites. C'est le cas pour Necker ainsi que pour Thomas Pitt.
Ce serait intéressant d'ouvrir un fil sur la compagnie des Indes. Philippe Haudrère en est le grand spécialiste, je crois....
Pour l'heure, voici deux romans sur la compagnie des Indes :
-Amélie Bayle et la Compagnie des Indes orientales: Roman par Bernard Baille
Presses du Midi , 1999, 258 p : 18,29 euros
-La Compagnie des Indes par Marc Petit
Stock, 1998, 330 p : 9,80 euros
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Madame de Chimay
Merci beaucoup Majesté. A l'origine, le diamant faisait 426 carats. Thomas Pitt le vendit au régent en 1717. C'est le plus beau diamant du monde.
Louis XV et Louis XVI portèrent ce diamant sur leur couronne. Volé en 1792 puis en 1793 , Napoléon réussit à remettre la main dessus.
Voici ce que dit l’auteur du livre déjà cité : « William Pitt naît le 15 novembre 1708. Il se distingua par son intelligence, sa conduite arrogante , insolente et excentrique. Il suivit un parcours classique : études à Eton, puis au Trinity College d’Oxford, connue pour être un bastion du torysme et un appui au prétendant Stuart. En 1728, il termina ses études par un bref séjour aux Provinces Unies , à l’université d’Utrecht.
Comme beaucoup d’anglais, Pitt pratiquait parfaitement la langue de Molière.
Comme chacun sait , les familles anglaises de la noblesse et de la gentry envoyaient leurs enfants parfaire leur éducation au contact des deux pays qui étaient considérés comme les plus raffinés du monde : l’Italie et la France. Pitt traversa le Channel au printemps 1733. Comme ses moyens financiers étaient limités , son périple se borna à la France.
Il ne s’attarda pas à Paris mais gagna Besançon au plus vite. Il avait l’intention d’y passer l’été, peut-être pour rétablir sa santé au contact du grand air. Muni de lettres de l’ambassadeur, le jeune homme fut vite introduit dans la société locale. Pitt n’était pas un ascète ; ses lettres nous révèlent un homme amateur de bonne chère et fort sensible au contact du beau sexe.
Citons aussi les autres villes visitées : Marseille, Montpellier, Lyon, Genève. Il passa l’hiver à Lunéville où il passa l’hiver. Au début de l’année 1734 , il était de retour en Angleterre.
Le 18 février 1735, William Pitt devint MP ( membre du parlement ). Sa vie se confond désormais avec le microcosme de Westminster. «
Donc soulignons cette bonne connaissance de la France par William Pitt.
"Les gouvernements étrangers n'ont vu d'abord dans les événements de 1789 qu'un phénomène d'ordre intérieur dont le principal résultat, comme l'a dit Burke, serait de bouleverser et pour longtemps affaiblir la France. Cette France est, en effet, un commun objet d'envie. Elle est trop riche, elle est trop forte et trop unie. Rassemblée par un travail séculaire, les troubles actuels peuvent fournir l'occasion de l'amputer ou tout au moins de la paralyser.
Le cabinet de Londres, dirigé par William Pitt, y compte bien. Les subsides qu'il a répartis, les agents qu'il a implantés n'ont pas été inutiles. La monarchie française va payer, et chèrement, la guerre de l'Indépendance américaine. Ce qu'il veut, avec l'oligarchie anglaise dont il est le chef, c'est ruiner la dynastie, lui substituer à la première occasion, avec le duc d'Orléans, une royauté privée de base, par là plus facile à dominer. En attendant, la Révolution fait merveilleusement le jeu de l'Angleterre. Elle lui laisse les mains libres en Europe, et dans le monde lui livre les marchés commerciaux où la concurrence française était devenue gênante. Elle lui permettra peut-être de s'emparer de nos dernières colonies."
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Madame de Chimay a écrit:
Une question me taraude . voilà, je vous la pose : Robespierre était-il un agent de Pitt ?
Invitée :
Qu'est-ce qui vous fait envisager cette possibilité, Madame de Chimay ?
Madame de Chimay :
Eh bien voilà, j'ai lu sous la plume de certains historiens que Danton et Hébert auraient été des agents des Pitt alors je me suis dit pourquoi pas Robespierre. Paris " aurait " grouillé " d'agents anglais des Pitt à la veille de la révolution.
Dès lors est-il impossible de penser que la révolution aurait été le moyen de vengeance anglais, la réponse anglaise à l’aide apportée par la France aux insurgés américains. Par la même, l’Angleterre faisait d’une pierre deux coups. Un , elle se vengeait d’une nation qui lui était rivale, deux, elle éliminait et se vengeait de ce roi qui avait osé apporter de l’aide aux insurgés américains et qui donc avait osé s’en prendre à elle . Pitt devait certainement haïr mortellement Louis XVI.
Je pense que le but de l’Angleterre était de remplacer Louis XVI par son cousin Orléans. Quoi de plus rêvé que d’installer sur le trône français un roi fantôche que l’Angleterre pourrait contrôler et manipuler à sa guise ? Est-ce si invraisemblable que cela de le penser , de penser à une connexion entre Orléans et Pitt ?
D’autre part, L’Angleterre avait une certaine expérience en la matière. N’est-elle pas la première nation à avoir fait sa révolution et à avoir tué son roi ?
De là à penser que l’Angleterre est la mère de toutes les révolutions , pourquoi pas en effet ?
Pourquoi n’aurait-elle pas mis en place le concept de terreur ? Est-ce si invraisemblable que cela de le penser ?
Si l’Angleterre s’est vengée, elle y a mis les moyens financiers et humains , d’où la présence massive d’agents des Pitt à la veille de la révolution et l’achat de certains révolutionnaires français . Est-ce si invraisemblable que cela de le penser ?
Et le véritable responsable de la mort de notre chère reine ne serait autre que Pitt.
Mme de Sabran :
Je suis bien d'accord avec tout le commencement de votre raisonnement, chère Princesse, et sur la collusion Orléans / Pitt, mais pour ce qui est de la terreur, quand l'Angleterre l'aurait-elle inaugurée ? Je ne vois pas . Je crois que le concept et son affreuse application nous reviennent de droit . La terreur devait fasciner et paralyser les ennemis de la Révolution, la nôtre . La paternité en revient à Robespierre.
Robespierre le 5 février 1794 :
Le ressort du gouvernement populaire en révolution est la vertu et la terreur : la vertu sans laquelle la terreur est funeste, la terreur sans laquelle la vertu est impuissante. Le gouvernement de la Révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie.
La Terreur correspond à un gouvernement de fait reposant sur la force et la coercition, et non à un pouvoir légal, de droit.
( Histoire et Dictionnaire de la Révolution Française: Tulard, Fayard, Fierro )
Invitée :
En fait, l'un n'exclut pas l'autre... tout est affaire de proportions, comme toujours. Quelle part l'Angleterre a-t-elle joué dans la révolution française ? Difficile de se prononcer, mais tous les arguments que Madame de Chimay avance me paraissent recevables. Le désir de vengeance est certain, les historiens expliquent d'ailleurs par cela le succès des publications en Angleterre. C'est là que les pamphlétaires pouvaient oeuvrer en toute impunité contre leur roi.
Il est vrai aussi que l'Angleterre avait à la fois l'expérience de la monarchie parlementaire, donc, disons "restreinte" et de l'exécution d'un roi pour l'établir. Dans une certaine mesure, la France lui a emboîté le pas. On peut tout à fait supposer que l'Angleterre favorisait en sous-main les ambitions d'Orléans, et que l'anglophilie d'Orléans était plus qu'une pose.
Qui fut agent de l'Angleterre ? J'ai déjà lu aussi le nom de Danton... Hébert ? Robespierre ? Ce ne sont là que des suppositions qu'il faudrait étayer. Mais je n'y vois a priori aucune impossibilité. Tous les réseaux et toutes les toiles tissés à l'époque sont si compliqués à dénouer...
Rien n'empêche, en tout cas, de voir l'Angleterre donner un sérieux coup de pouce à la révolution, mue par une série d'intérêts personnels puis, perdre le contrôle de la situation... comme quasi tout le monde, quand est montée la terreur. De l'intérieur comme de l'extérieur, le monstre a échappé à ses créateurs.
Mme de Sabran :
Dans la Révolution française on distingue deux vagues successives de Terreur .
La première s'étend du 10 août au 21 septembre 92, jour de la proclamation de la République :
Deux pouvoirs se partagent alors la direction du pays :
--- un conseil exécutif de six membres tous Brissotins sauf Danton ( ministre de la Justice )
--- la Commune de Paris, victorieuse après l'insurrection, mais qui n'ose pas violerà nouveau la légalité en balayant la Législative.
La Commune oblige l'Assemblée à voter la constitution d'un tribunal en charge de juger les crimes du 10 août , c'est à dire les défenseurs de la légalité vaincue ( 17 août ). 3000 arrestations en l'espace de quelques jours !
Les nouvelles de défaites de l'armée républicaine sur les frontières ( Verdun, 2 septembre ) poussent à commettre les massacres dans les prisons parisiennes au pretexte d'un complot anti-révolutionnaire qu'on y fomenterait.
La situation se calme après la vistoire de Valmy.
La deuxième vague de Terreur débute avec la chute des Girondins, 2 juin 93 :
Les Montagnards traquent les Girondins réfugiés en province d'où ils essayent d'organiser la résistance.
La Terreur, organisée par le comité de salut public est décrétée le 5 septembre 93, la loi des suspects, le 27.
--- Terreur politique
--- Terreur économique : les riches sont pressurés à coups d'emprunts forcés; les prix, les salaires sont bloqués; les stocks de denrées alimentaires sont saisis.
--- Terreur religieuse : tous les prêtres insermentés sont suspects; le calendrier républicain est imposé; le régime prend des aspects nettement antichrétiens avec mises à sac d'églises ...
Grâce à la Terreur, les révoltes provinciales sont matées ( génocide systématique le la Vendée ) ; l'ennemi est repoussé aux frontières.
Mais Robespierre, dans sa spirale paranoïaque ne songe qu'à accroître encore l'efficacité de la Terreur en supprimant ses amis d'hier, hébertistes, dantonistes ou Indulgents, par la simplification à l'extrême de la procédure du tribunal révolutionnaire: 2000 exécutions à Paris seulement et dans le seul mois de Juin !!!!! La guillotine fonctionne sans relâche jusqu'à six heures par jour .
Robespierre finit par y goûter à son tour.
Les Thermidoriens ( Barras, Tallien ) démantèlent rapidement les mécanismes de la Terreur mais gardent les lois contre les émigrés et les prêtres réfractaires, comme ils poursuivent le combat républicain cotre la contre-révolution royaliste.
Je le crois. Et Vaudreuil aussi : il insiste beaucoup là-dessus dans sa correspondance .
C'est la Terreur inaugurée en Angleterre qui me laisse perplexe . Ou bien, je n'ai pas compris ce que nous disait Mme de Chimay ....
Je remonte dans le sujet ....
Madame de Chimay :
Chère invitée et Chère Madame de Sabran,
Je recommande ce livre :
Les hommes de Londres : histoire secrète de la terreur / Olivier Blanc
Albin Michel, 1989, 253 p
Je cite :
" Cette idée d'une action occulte de l'Angleterre comme inspiratrice de la violence hante Thierry de Ville D'Avray. Il y revient jusqu'à la fin : "Mai 1792. Révolution. plan formés par les Anglais dès 1788. Ils apportaient sur nos côtes et vendaient à vil prix des fusils aux paysans et des munitions de guerre aux trois quarts au dessous de leur valeur. Mot de M. Pitt. Il demandait une somme considérable aux Chambres , somme dont il ne rendrait pas compte et qui ne serait pas moins profitable à la nation. Revanche prise par eux sur notre perfidie en favorisant la révolte des Américains. Dès que la paix fut faite , ils attirèrent chez eux les Polignac, les Vaudreuil, Mme de Lamballe , tous les amis de la reine. Ils ne furent pas longtemps à nous connaître à fond ; ils vinrent eux-mêmes à Fontainebleau . J'y ai vu Pitt et c'est là qu'après avoir bien observé toutes les erreurs de notre administration, ils projetèrent d'insurger le peuple par tout le Royaume. Dès 1788, plus de 10 000 brigands ( mercenaires ) de toutes les nations, soldés sans doute fondirent par la Suisse et la Savoie et vinrent apporter dans notre malheureuse FRance les désordres, les cruautés et l'anarchie qui en ont fait la plus infortunée des contrées de la terre"
L'Angleterre a entretenu en France des agents dont le but était de favoriser l'instabilité politique sur fond de violence. "
En fait , Pitt , par le biais de ses agents , entretenait la violence révolutionnaire en France. C'est en cela que je dis que la terreur est un concept anglais.
Je cite encore Olivier Blanc :
" Antoine Sérieys , ancien protégé de d'Alembert et professeur d'histoire et de morale au prytanée français écrivait en 1798 dans ses mémoires historiques : " le ministre Pitt , ne pouvait pas pardonner au gouvernement français d'avoir prêté des secours aux Américains et détaché le plus beau fleuron de la couronne anglaise ; il résolut de s'en venger à quelque prix que ce fût. Le moment était favorable : le ridicule que l'affaire du collier avait jeté sur les premières têtes de la Cour , l'impossibilité de remédier par les moyens ordinaires aux besoins de l'état, un mécontentement presque universel , tout annonçait la nécessité d'un nouvel ordre des choses , tout semblait en favoriser l'établissement , mais chacun le désirait à son profit . Parmi tant d'intérêts divers , un étranger seul pouvait tirer parti des circonstances . c'est sur cette division des esprits que Pitt fonda son système révolutionnaire en France : de là les factions, les massacres , la guerre civile, la destruction du trône et le plan du rétablissement d'une monarchie tributaire de l'Angleterre".
"Nos efforts ont beaucoup contribué à établir le régime de terreur en France"
Duc de Bedford ( chambre des Lords , 27 janvier 1795 )
Ainsi donc, la France devait tomber tel un fruit mûr. Et après Pitt en aurait ramassé les grains ( la sujétion du trône français à l'Angleterre ) et il se serait emparé de ses colonies.
Invitée :
Merci pour ces passionnants témoignages, Madame de Chimay. On ne peut les remettre en cause, puisqu'ils existent, mais bien s'interroger sur leur portée. Les envoyés de l'Angleterre qui ont oeuvré à la révolution en France étaient certes convaincus, mais dans quel mesure ont-ils réussi ? Orléans s'est passablement dégonflé...
Ce qui est certain, c'est que, plus nous creusons le sujet, plus nous nous écartons des images d'Epinal du peuple se soulevant dans un grand élan salutaire. Il n'est plus à prouvé que les foules furent manipulées et que Marie Antoinette, déchirée entre les factions antagonistes, a mieux compris la révolution que certains de nos historiens globalistes.
Wah ! C'est vraiment fascinant !
Invité :
Sur tout ce que j'ai pu lire sur Robespierre jusqu'à maintenant, le nom même de Pitt n'apparaît pas une seule fois, et il est inutile de dire que Robespierre voulait de lui-même la Révolution et qu'il n'avait besoin de personne pour cela. Tous ses discours le montrent, toute sa jeunesse et toute son implication politique.
De plus, vis à vis de Danton, ce dernier ne voulait pas la Terreur (c'est entre autre ce qu'il lui a valu sa mort) donc je le vois mal utilisé par Pitt en ce sens...ou alors ça n'a servi à rien.
Que certains agents anglais aient envenimé les choses discretement oui, mais les voir derrière Robespierre est faux.
Madame de Chimay :
Ce qui est certain, c'est que l'Angleterre a réussi son coup en tuant la monarchie française. Comment dire tout ce que cela a coûté à la France en peine, souffrances et sacrifices !
René Sédillot a écrit le livre que voici :
-Le coût de la terreur chez Perrin, 1990, 297 p
Je vous en ferai un résumé prochainement.
En ce qui concerne Robespierre, le personnage est très complexe. Donc je ne sais rien dire. En fait, je m'interrogeais seulement . Je n'ai jamais dit avec certitude que Robespierre était un agent de Pitt. Je ne fais que m'appuyer sur mes lectures. Mais je dois dire dire que je n'ai pas encore lu de livres sur Robespierre.
Voilà, je continue ma lecture d'Olivier Blanc :
" Pitt triompha et rallia une confortable majorité de parlementaires à sa politique lorsque, le 22 janvier 1793 , les londoniens virent flotter en haut de la Tour de Londres un spectaculaire linge blanc taché de rouge . La mort de Louis XVI entraîna la réprobation de l'opinion publique anglaise , non plus seulement contre la Révolution , comme c'était le cas depuis les massacres de Septembre , mais contre les Français . pour "enfoncer le clou", Pitt fit circuler des dizaines d'estampes représentant le martyre de Louis XVI et il intima l'ordre à l'ambassadeur français Chauvelin de quitter Londres dans les 24 h et l'Angleterre dans les trois jours.
Mais le ministère anglais se garda bien de faire savoir à l'opinion publique internationale la fin de non recevoir qu'il avait opposé aux Français
qui, depuis trois mois , venaient l'implorer de les aider à sauver la tête de Louis XVI . Il s'agissait en l'occurrence d'obtenir le renvoi du jugement du roi devant le peuple réuni en assemblées primaires , alternative qui laisserait un sursis au monarque. Danton avait lui-même accepté de faire passer un décret de déportation de la famille royale " tout entière", s'engageant pour cela à entraîner quelques consciences parlementaires dans cette voie. Mais il lui fallait 4 millions de livres que les royalistes de l'intérieur étaient bien incapables de lui fournir.
Le chargé d'affaires espagnol à Paris Ocariz avait promis-promesse tenue-d'en remettre deux de la part de la Cour d'Espagne.
Il escomptait que Pitt fournirait le complément. Le ministre espagnol Godoy envoya à cet effet son propre frère à Londres . Mais Pitt fit répondre par ses conseillers : "La vie de Louis XVI ne doit pas entrer en compétition avec les intérêts de l'Angleterre". On ne peut être plus clair."
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Madame de Chimay :
Voici ce qu'écrit Olivier Blanc :
" La commune de Paris , comptait parmi ses meneurs -ceux qui à tout le moins étaient connus du public -des personnages tels que le procureur Chaumette et le substitut Hébert qui avaient formé un groupe politique assez peu homogène connu sous le nom d'hébertistes. Jacques René Hébert qu'on avait poussé en avant n'était dans la réalité qu'une cheville ouvrière d'un mouvement dont il était le principal propagandiste grâce à son journal le Père Duchesne. Bien que dominant le club des cordeliers et bien qu'ayant la confiance des sections elles-mêmes susceptibles d'entraîner les sans culottes , cette faction était vulnérable parce qu'infiltrée par des agents de nationalités diverses déguisés en patriotes, tous émissaires indirects et secrets de divers cabinets européens. Dès après le 1er août 1792, les hébertistes avaient vendu leur âme au diable pour se donner les moyens de leurs ambitions et à partir de cette époque , on les voit noyautés par des hommes d'affaires, des négociants et des banquiers étrangers qui remplissaient les caisses de leur parti tout en orientant leur mouvement.
Hébert lui-même entretenait des rapports cordiaux, quasi familiaux avec le banquier anglo hollandais Jean Conrad de Koch, qui l'attirait, ainsi que son épouse rue Charlier à Passy, dans sa séduisante résidence de campagne."
Invité :
Oui je suis d'accord il semble manifeste que Pitt ait eu de l'influence sur la Révolution Very Happy Cependant attention, les Mirabeau, les Robespierre, les Saint-just, les Couthon et autres révolutionnaires n'ont pas eu besoin de Pitt pour cette Révolution. Robespierre voulait la Terreur, ça se sent dans ses discours à partir de début 1792 (surtout quand il justifie la terreur par la vertu), les anglais ont certainement aggraver cette Terreur mais ils ne l'ont pas créee à eux seuls et de leur propre initiative.
N'enlevons pas la Révolution aux français
Par contre oui, je suis aussi sûr qu'il y a eu plus coupable qu'Orléans
Madame de Chimay :
« Voici une lettre inopinément tombée entre les mains d’une parisienne , le 29 juillet 1793.
Comme la loi l’y obligeait , celle-ci en fit déclaration au Comité de surveillance du département de Paris .
Voici textuellement sa déposition : « La citoyenne Samin, maîtresse de langue anglaise , demeurant rue Sainte Foix , N°3 , nous a déclaré que, samedi dernier, deux citoyens dont elle ignore le nom, se sont présentés chez elle avec une lettre anglaise qu’ils l’ont priée de traduire en français , ce qu’elle a fait. Que les particuliers aussitôt la traduction achevée ont désiré la copie de cette lettre qu’ils avaient été obligés de faire ( car ) la citoyenne n’avait pu lire l’original dont l’écriture était trop fine et illisible.
Celui qui a copié est celui que la citoyenne déclare avoir l’accent allemand, et ils ont gardé l’original et la traduction qui résultait de cette lettre .
Que le projet était :
1°-d’incendier en même temps et à l’époque du 10 au 16 août ( 1793 ) toutes les villes frontières , qu’on y recommandait de ne pas épargner l’or et l’argent pour cette entreprise ;
2°-de faire baisser l’argent et de baisser le cours des assignats
3°- de faire accaparer les denrées, le suif, la chandelle et de les faire vendre à 100 sols la livre. On y parlait de Paris , on nommait Morel à qui on ordonnait de ne loger que les Français du parti , que vers le 10 , on viendrait loger chez Morel et que le complot aurait lieu .
On nommait d’autres personnes à qui on défendait de communiquer le projet , de peur qu’ils ne le découvrent. Le Duc d’York et Pitt étaient nommés.
Celui qui a porté la lettre avait l’air et l’accent allemands. L’autre est connu de la citoyenne Samin.
On observait que l’incendie aurait lieu par l’effet de mèches phosphoriques dont cent ne contenaient qu’un pouce trois quarts de circonférence sur quatre pouces de longueur et chaque membre du parti devait être muni de 100 mèches ».
Ces informations du plus haut intérêt révélaient l’imminence d’un projet , fixé à la première date anniversaire du 10 août 1792 ( Comme par hasard ! ). Il visait de toute évidence à créer les conditions d’attaques simultanées sur divers points stratégiques du territoire français.
Les villes frontières et les ports étaient particulièrement visés, mais aussi plusieurs régions et villes dont les municipalités étaient gagnées , surtout dans le Midi.
Trois jours après la déclaration de la citoyenne Samin , le député Barère de Vieuzac intercepta le document et étonna la Convention en lui parlant de la découverte « sur les remparts de Lille », d’un « portefeuille perdu » par un agent de l’Angleterre.
Chose curieuse , il se garda bien de dire d’où il tenait réellement le document , mais il lui prêta une grande importance, en révéla bruyamment la teneur à une Convention aussi émue qu’indignée.
Quoi qu’il en soit , les projets de sabotage se réalisèrent partiellement : le 7 août , on apprit que l’arsenal d’Huningue avait été incendié. Dans l’espace d’un mois, il y eut des incendies à Douai, au château de Bayonne, à la voilerie de Lorient . Pendant le siège de Valenciennes, l’arsenal prenait feu et sautait. On signala de graves accidents dans les parcs d’artillerie de Saumur et de Chemillé. Ils avaient eu lieu à la suite d’explosions que l’on n’avait su à qui attribuer.
Les actions occultes sur le change comme la volonté d’accaparer des denrées de première nécessité destinées à attiser le mécontentement des populations s’inscrivent dans les pratiques connues du gouvernement Pitt. Ce qui surprend davantage est de trouver les noms de plusieurs généraux français mêlés à cette entreprise : Custine, Collier de Lamarlière, Dumouriez, Arthur Dillon.
Parmi les autres noms cités apparaît celui de Duplain qui touchait régulièrement des fonds importants de l’Angleterre. Il s’agit en l’occurrence de Pierre Jean Duplain, membre de la Commune et l’un des grands responsables des massacres de septembre 1792. Son cas, particulièrement intéressant , vient s’ajouter aux autres indices tendant à prouver que la diplomatie secrète anglaise n’était nullement étrangère à la violence qui toucha la France après le 10 août 1792. »
Source :Les Hommes de Londres : Histoire secrète de la Terreur / Olivier Blanc, Albin Michel , 1989, 253 p
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Vraiment, je n'ai jamais lu autant de fantaisies!! La Terreur était entièrement un concept français – elle nous faisait horreur en Angleterre. Absolument horreur! Même les supporters de la révolution française comme Burke, Sheridan et Fox sont devenus opposants - et avec la chute de la monarchie, bien avant la Terreur. Les massacres du 10 août et de septembre 1792, les violences contre la famille royale étaient très mal vues à Londres.
On avait vraiment crainte que la France n'exporte ses émeutes, sa révolution, son jacobinisme et sa Terreur outre-Manche, et c'est pour cette raison que Pitt tenait ses espions et son intelligence à un très haut niveau. Loin de fournir les armes aux révolutionnaires, on voulait empêcher le chancre de révolte de traverser la Manche. On avait vu la révolution hollandaise, on voyait l'effondrement de la France et on avait peur que l'Angleterre ne succombe à cette frénésie continentale. Nous avons aussi nos orateurs, nos jacobins et nos enragés. Pitt poursuivait une politique de neutralité, qui était demandée même par Louis XVI et l'Angleterre cherchait ailleurs sa fortune pendant que la France se déchirait. Mais la guerre était inévitable après l'exécution de Louis XVI – les armées révolutionnaires s'emparant des Pays Bas, c'était trop facile de les voir s'embarquant pour l'Angleterre.
Quant à une conspiration entre Pitt et le Duc d'Orléans, c'est tout à fait ridicule. Pitt était Tory, Orléans était l'ami intime du Prince de Galles et le parti Whig, ses ennemis les plus acharnés. Le prince de Galles avait voulu en 1789 se déclarer régent au lieu de son père malade George III, et les Whigs ont proposé le Regency Bill. Pitt était tout à fait opposé à cette régence. On doit se rendre compte de la politique intérieure du pays avant d'accuser Pitt d'être un engin de la révolution française. C'était un homme d'état comme il y en a peu – je l'admire énormément. Il nous a sauvés de Robespierre et de Bonaparte, c'est pas mal du tout!
On avait vraiment crainte que la France n'exporte ses émeutes, sa révolution, son jacobinisme et sa Terreur outre-Manche, et c'est pour cette raison que Pitt tenait ses espions et son intelligence à un très haut niveau. Loin de fournir les armes aux révolutionnaires, on voulait empêcher le chancre de révolte de traverser la Manche. On avait vu la révolution hollandaise, on voyait l'effondrement de la France et on avait peur que l'Angleterre ne succombe à cette frénésie continentale. Nous avons aussi nos orateurs, nos jacobins et nos enragés. Pitt poursuivait une politique de neutralité, qui était demandée même par Louis XVI et l'Angleterre cherchait ailleurs sa fortune pendant que la France se déchirait. Mais la guerre était inévitable après l'exécution de Louis XVI – les armées révolutionnaires s'emparant des Pays Bas, c'était trop facile de les voir s'embarquant pour l'Angleterre.
Quant à une conspiration entre Pitt et le Duc d'Orléans, c'est tout à fait ridicule. Pitt était Tory, Orléans était l'ami intime du Prince de Galles et le parti Whig, ses ennemis les plus acharnés. Le prince de Galles avait voulu en 1789 se déclarer régent au lieu de son père malade George III, et les Whigs ont proposé le Regency Bill. Pitt était tout à fait opposé à cette régence. On doit se rendre compte de la politique intérieure du pays avant d'accuser Pitt d'être un engin de la révolution française. C'était un homme d'état comme il y en a peu – je l'admire énormément. Il nous a sauvés de Robespierre et de Bonaparte, c'est pas mal du tout!
Invité- Invité
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
J'étais bien certaine que vous donneriez votre opinion sur la question, chère Evelyn ! :n,,;::::!!!:
C'est intéressant de rebondir avec l'avis de quelqu'un de compétent en la matière.
Cependant, qu'Orléans ait été l'ami intime du Prince de Galles ne le place pas pour moi au-delà de tout soupçon.
En effet, en France, il était bien le cousin du roi ! N'est-ce pas ! boudoi29
C'était une idée bien ancrée, en France, que l'Angleterre ouvrait ses bras à tous nos mauvais sujets et secondait leurs manoeuvres souterraines, au moins au tout début de la Révolution . Mais ensuite, la Terreur s'instaurant chez nous ne pouvait qu'épouvanter et faire horreur outre-Manche comme dans toute l'Europe.
C'était bien le but : tétaniser l'ennemi et, par là, le paralyser.
Cela a marché : aucune puissance étrangère n'a levé le petit doigt. Il n'y a jamais eu le fameux Congrès des puissances européennes que Marie-Antoinette souhaitait voir se mettre en place et proclamer : les monarchies de l'Europe ne peuvent souffrir que les anciens traités conclus avec la France, devenus partie intégrante du Droit européen, soient le jouet de l'influence réelle ou présumée d'une force armée ou d'une émeute populaire ...
Au contraire, certaines puissances ont vu dans l'abaissement de la France l'opportunité de prendre la prépondérance .
Mercy lui-même avait approuvé le mot de l'empereur : J'ai une soeur en France, mais la France n'est pas ma soeur .
Si l'Autriche elle-même adoptait cette attitude frileuse, nous avions encore moins à espérer des autres pays européens .
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Mme de Sabran a écrit:
J'étais bien certaine que vous donneriez votre opinion sur la question, chère Evelyn ! :n,,;::::!!!:
C'est intéressant de rebondir avec l'avis de quelqu'un de compétent en la matière.
Cependant, qu'Orléans ait été l'ami intime du Prince de Galles ne le place pas pour moi au-delà de tout soupçon.
En effet, en France, il était bien le cousin du roi ! N'est-ce pas ! boudoi29
C'était une idée bien ancrée, en France, que l'Angleterre ouvrait ses bras à tous nos mauvais sujets et secondait leurs manoeuvres souterraines, au moins au tout début de la Révolution . Mais ensuite, la Terreur s'instaurant chez nous ne pouvait qu'épouvanter et faire horreur outre-Manche comme dans toute l'Europe.
C'était bien le but : tétaniser l'ennemi et, par là, le paralyser.
Cela a marché : aucune puissance étrangère n'a levé le petit doigt. Il n'y a jamais eu le fameux Congrès des puissances européennes que Marie-Antoinette souhaitait voir se mettre en place et proclamer : les monarchies de l'Europe ne peuvent souffrir que les anciens traités conclus avec la France, devenus partie intégrante du Droit européen, soient le jouet de l'influence réelle ou présumée d'une force armée ou d'une émeute populaire ...
Au contraire, certaines puissances ont vu dans l'abaissement de la France l'opportunité de prendre la prépondérance .
Mercy lui-même avait approuvé le mot de l'empereur : J'ai une soeur en France, mais la France n'est pas ma soeur .
Si l'Autriche elle-même adoptait cette attitude frileuse, nous avions encore moins à espérer des autres pays européens .
Tout cela ne place Orléans au delà de tout soupçon, mais cela n'implique pas non plus Pitt, qui était l'ennemi du Prince de Galles (l'ami et le supporteur du duc d'Orléans). Pitt était le premier ministre avec le pouvoir exécutif. Placer un prétendant au trône français quand on est opposé dans son propre pays par le prétendant au trône me semble une politique de contresens, et Pitt, comme nous voyons, était un homme fort intelligent!
Il faut vraiment lire tous les journaux, lettres et mémoires de nos politiques et dirigeants du dix-huitième siècle pour bien comprendre la position d'Angleterre vis-à-vis de la révolution française. Oui, Orléans était reçu ici comme l'ami du Prince de Galles mais cela ne veut pas dire qu'il était bien vu du gouvernement anglais. Mais quand il était ici, on pouvait le surveiller beaucoup plus facilement – de même avec les autres exiles français. On préfère toujours tenir les ennemis près pour voir mieux tous leurs projets. Quand les événements en France ont pris une tournure plus dangereuse, on avait hâte à déporter tous les émigrés que l'on suspectait d'être des agents jacobins – y compris Talleyrand et quelques autres de son cercle. Je vous conseille encore plus vivement la lecture des journaux de Fanny Burney pour cette période si intéressante.
Et vous aurez plus d'informations dans mon livre sur la correspondance de Fersen avec Marie-Antoinette – on y voit clairement que l'Angleterre n'était même pas voulue par Louis XVI et Marie-Antoinette comme alliée avec les autres puissances contre-révolutionnaires. On comptait sur l'Autriche, la Prusse, la Suède, la Russe et l'Espagne – et tous ces pays, comme la famille royale française, cherchaient la neutralité exacte de l'Angleterre, ce que Quentin Craufurd est chargé par le baron de Breteuil et le comte de Mercy d'obtenir. Et il a réussi dans cette 'mission délicate' comme Fersen manda à Marie-Antoinette, en la priant d'écrire des mots de gratitude pour Craufurd. On avait beaucoup trop crainte que la participation de l'Angleterre mènerait à une guerre qui lui bénéficierait (au dépend des autres puissances), et personne ne voulait cela car les autrichiens avaient déjà jeté les yeux sur le territoire français qu'elle convoitait depuis longtemps(double jeu de l'Autriche!) et la France monarchique n'aurait jamais survécu à la présence de troupes anglaises sur le sol de la patrie.
Oui, c'est compliqué! Blâmer M. Pitt pour les maux révolutionnaires me parait assez étrange à vrai dire.
Invité- Invité
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Je lis avec plaisir ce sujet car j'avais idée d'ouvrir un plus général concernant l'Angleterre au XVIIIème siècle. Il faut dire que je suis plongée dans la bio de Georgiana et il me faut plus de détails.
Je viens de copier la bio de George III proposée par WIKI et je cherchais où la placer Peut-être devrions-nous modifier ce sujet en L'Angleterre au XVIIIème siècle.
Cec,i entre autres, pour évoquer les personnages rencontrés dans cette incroyable correspondance que nous avons le bonheur de lire.
Je compte sur vous tous, et notamment notre chère Outremanche quand elle trouvera le temps, pour compléter ce sujet ! :;\':;\':;
Je viens de copier la bio de George III proposée par WIKI et je cherchais où la placer Peut-être devrions-nous modifier ce sujet en L'Angleterre au XVIIIème siècle.
Cec,i entre autres, pour évoquer les personnages rencontrés dans cette incroyable correspondance que nous avons le bonheur de lire.
Je compte sur vous tous, et notamment notre chère Outremanche quand elle trouvera le temps, pour compléter ce sujet ! :;\':;\':;
Invité- Invité
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Commençons donc comme il se doit par le roi George III. Je ne le connais pas assez.
A mon avis s'il détestait tant les whigs, il devait avoir de bonnes raisons. J'aimerais creuser le personnage. Notamment ses rapports difficiles avec son fils. Je me rappelle d'une bio que nous avait fait partager la Princesse. Le prince de Galles devait vraiment être très peu recommandable.
Jeunesse
Manière noire du prince George de Galles en 1751 d'après un portrait de David Lüders
George est né à Norfolk House à Londres le 4 juin 17382 ; il était le second enfant et le premier fils du prince Frédéric de Galles et la princesse Augusta de Saxe-Gotha-Altenbourg. Comme George était né deux mois avant terme et qu'il était peu probable qu'il survive, il fut baptisé le même jour par l'évêque d'Oxford, Thomas Secker3. Un mois plus tard, il fut publiquement baptisé à Norfolk House, à nouveau par Secker. Ses parrains étaient le roi Frédéric Ier de Suède, le duc Frédéric III de Saxe-Gotha et la princesse Sophie-Dorothée de Hanovre4.
George ne garda pas de séquelles de sa naissance prématurée et grandit en bonne santé même s'il était un garçon timide et réservé. Sa famille s'installa à Leicester Square où George et son frère cadet, Édouard-Auguste, furent éduqués ensemble par des tuteurs privés. Les lettres familiales montrent qu'il pouvait lire et écrire en anglais et en allemand et commenter les événements politiques de l'époque alors qu'il n'avait que huit ans5. Il fut le premier monarque britannique à étudier les sciences dont la chimie et la physique ; en plus des cours de mathématiques, d'astronomie, de français, de latin, d'histoire, de géographie, de commerce, d'agriculture et de droit, il reçut des leçons de sport, de danse, d'escrime et d'équitation. Son éducation religieuse fut exclusivement anglicane6.
Le grand-père de George, le roi George II détestait le prince de Galles et ne s'intéressa pas à ses petit-enfants. Néanmoins, après la mort soudaine de Frédéric des suites d'une maladie pulmonaire en 1751, George devint le prince héritier au trône britannique. Il hérita des titres de son père et devint duc d'Édimbourg puis prince de Galles7.
Au printemps 1756, alors que George approchait de son 18e anniversaire, le roi lui offrit de s'installer dans la résidence royale du palais St. James mais il déclina l'offre suivant les conseils de sa mère et son confident, John Stuart qui devint par la suite premier ministre8. La mère de George, alors la princesse douairière de Galles, préférait le garder avec elle pour lui inculquer ses valeurs morales strictes9,10.
Mariage
En 1759, George tomba éperdument amoureux de Sarah Lennox, la sœur du duc de Richmond, mais Stuart exprima son opposition à l'union et George abandonna ses idées de mariage, « je suis désigné pour le bonheur et la misère d'un grand peuple et par conséquent je dois agir contrairement à ma passion11 ». Les tentatives du roi pour le marier à la duchesse Sophie-Caroline-Marie de Brunswick-Wolfenbüttel furent repoussées par George et sa mère12 ; elle épousa finalement le margrave Frédéric III de Brandebourg-Bayreuth13.
Le 25 octobre 1760, George, alors âgé de 22 ans, accéda au trône sous le nom de George III après la mort soudaine de George II deux semaines avant son 77e anniversaire. La recherche d'une épouse convenable s'accéléra alors fortement. Le 8 septembre 1761, il épousa dans la chapelle royale du palais St. James la princesse Charlotte de Mecklembourg-Strelitz qu'il avait rencontré pour la première fois avant la cérémonie14. Deux semaines plus tard, le couple royal fut couronné dans l'abbaye de Westminster. Contrairement à ses prédécesseurs et à ses fils, il n'eut pas de liaison extraconjugale et George III et Sophie Charlotte de Mecklemburg-Strelitz formèrent un couple uni15,16. Ils eurent neuf fils et six filles. En 1762, George acheta Buckingham House (où se trouve aujourd'hui le palais de Buckingham) comme résidence secondaire pour sa famille17. Ses autres résidences étaient le palais de Kew et le château de Windsor tandis que le palais St. James conserva son statut de résidence officielle. George III voyagea peu et il passa toute sa vie dans le sud de l'Angleterre. Dans les années 1790, il prit des vacances annuelles à Weymouth18 qu'il popularisa comme l'une des premières stations balnéaires en Angleterre19.
Début de règne
Manière noire de George III réalisée par Thomas Frye en 1762
Dans son discours d'accession devant le Parlement, George proclama « né et éduqué dans ce pays, je trouve ma gloire dans le nom de l'Angleterre20 ». Il ajouta cette phrase, écrite par Lord Hardwicke, pour démontrer sa volonté de rompre avec ses ascendants allemands qui étaient jugés comme plus intéressés par le Hanovre que par la Grande-Bretagne21,22.
Même si son accession au trône fut initialement bien accueillie par les membres de tous les partis politiques23, les premières années de son règne furent marquées par l'instabilité politique essentiellement liée aux désaccords concernant la gestion de la guerre de Sept Ans24. George III était également perçu comme plus favorable aux ministres tories et il fut accusé par les whigs d'être un autocrate15. Dans les années 1760, les propriétés royales généraient relativement peu de revenus et la plupart des recettes de la monarchie provenaient des impôts et des droits d'accise. George III céda le contrôle des propriétés royales au Parlement en retour d'une liste civile annuelle pour la gestion de ses résidences et les dépenses royales25. Les rumeurs selon lesquelles il aurait utilisé cet argent pour récompenser ses partisans et corrompre ses opposants26 sont rejetées par les historiens qui affirment qu'elles ne « reposent sur rien hormis des mensonges inventés par l'opposition mécontente27 ». Les dettes accumulées pendant le règne de George III furent réglées par le Parlement et la liste civile fut augmentée de temps à autre28. Il accorda de grandes sommes d'argent provenant de ses fonds privés à la Royal Academy29 et aurait donné jusqu'à la moitié de ses revenus personnels à des organisations caritatives30. Il acheta de nombreux tableaux réalisés entre autres par Giovanni Antonio Canal et Johannes Vermeer mais c'est en tant que collectionneur de livres qu'il reste le plus connu31. La King's Library (aujourd'hui la British Library) fut ouverte aux universitaires et le roi acheta personnellement 6 000 ouvrages32.
En mai 1762, le gouvernement whig de Thomas Pelham-Holles fut remplacé par celui du tory écossais John Stuart, 3e comte de Bute. Les opposants de Lord Bute firent circuler des rumeurs concernant une liaison avec la mère du roi et exploitèrent les préjugés anti-écossais de l'opinion anglaise33. Le député whig John Wilkes publia le journal The North Briton dont les articles concernant Lord Bute et le gouvernement étaient incendiaires et diffamatoires. Wilkes fut finalement arrêté pour diffamation à l'encontre du gouvernement mais s'enfuit en France pour éviter une condamnation ; il fut expulsé de la Chambre des communes et condamné par contumace pour blasphème et diffamation34. En 1763, après la signature du traité de Paris mettant fin au conflit, Lord Bute démissionna et les whigs revinrent au pouvoir sous la direction de George Grenville.
Plus tard dans l'année, la proclamation royale de 1763 créa une limite à l'expansion vers l'ouest des colonies américaines pour favoriser le développement des territoires au nord et au sud et apaiser les relations tendues avec les Amérindiens. La limite ne gênait pas la majorité des colons qui étaient des agriculteurs mais elle était impopulaire auprès d'une minorité influente et elle joua un rôle dans le conflit entre les colons et le gouvernement britannique35. Comme les colons américains étaient généralement épargnés par les taxes britanniques, le gouvernement jugea qu'il serait approprié qu'ils en payent pour financer la défense des colonies contre les soulèvements amérindiens ou de possibles incursions françaises36. L'opposition des colons ne portait pas sur le fait de payer des impôts mais sur le fait de savoir si le Parlement pouvait lever des taxes sans l'accord des Américains, or ceux-ci n'étaient pas représentés au Parlement37. Le gouvernement britannique rejeta ces demandes de représentation et en 1765, Grenville introduisit le Stamp Act qui imposait l'ajout d'un timbre fiscal sur tous les documents américains. Comme les journaux étaient particulièrement touchés par cette taxation, ils devinrent les principaux vecteurs du mouvement d'opposition38. Dans le même temps, le roi fut irrité par les tentatives de Grenville pour réduire les prérogatives du roi et il essaya sans succès de persuader William Pitt l'Ancien d'accepter le poste de premier ministre39. Après une brève crise, qui pourrait laisser présager de sa maladie à venir, George III demanda à Charles Watson-Wentworth de former un gouvernement et limogea Grenville40.
Watson-Wentworth, avec le soutien de Pitt et du roi, annula l'impopulaire Stamp Act de Grenville mais son gouvernement était faible et il fut remplacé par Pitt en 1766. L'annulation de la loi par Pitt et George III fut si populaire en Amérique que des statues furent érigées en leur honneur à New York41. Pitt tomba malade en 1767 et Augustus FitzRoy le remplaça mais ne devint formellement premier ministre qu'en 1768. La même année, John Wilkes rentra en Angleterre et se présenta aux élections générales. Il arriva en tête dans le Middlesex mais fut à nouveau exclu du Parlement. Il fut réélu et exclu deux fois de plus avant que le Parlement ne décide d'invalider sa candidature et de choisir le deuxième de l'élection42. Le gouvernement de Fitzroy se désintégra en 1770 et les tories menés par Frederick North revinrent au pouvoir43.
George III était profondément pieux et passait des heures à prier44 mais sa piété n'était pas partagée par ses frères. Le roi était choqué par ce qu'il jugeait comme étant des mœurs dissolues. En 1770, il fut révélé que son frère le prince Henry Frederick de Cumberland et de Strathearn (en) était adultère et l'année suivante, il épousa une jeune veuve, Anne Horton. Le roi ne la considérait pas comme une épouse royale convenable car elle était issue d'une classe sociale inférieure et la loi allemande interdisait aux enfants du couple de monter sur le trône du Hanovre. George III demanda l'introduction d'une loi qui empêcherait les membres de la famille royale de se marier sans l'accord du souverain. La législation était impopulaire, y compris auprès des propres ministres de George, mais elle fut adoptée en tant que Royal Marriages Act de 1772 (en). Peu après, un autre frère de George III, le prince William Henry de Gloucester et Édimbourg révéla qu'il était secrètement marié à Maria de Gloucester et d'Édinburgh. L'affaire convainquit George III qu'il avait eu raison d'introduire la loi et aucune des deux femmes ne fut reçue à la cour45.
Le gouvernement de Lord North fut essentiellement occupé par le mécontentement grandissant en Amérique. Pour apaiser l'opinion américaine, la plupart des droits douaniers furent supprimés, à l'exception de ceux sur le thé46. En 1773, les navires amarrés dans le port de Boston furent abordés par des colons et les ballots de thé qu'ils transportaient furent jetés à la mer lors d'un événement qui fut appelé la Boston Tea Party. L'opinion publique britannique se radicalisa et Pitt s'accorda avec North pour déclarer que la destruction des marchandises était « certainement criminelle47 ». Avec le soutien du Parlement, Lord North introduisit des législations qui furent surnommés les Actes intolérables par les colons : le port de Boston fut fermé et la charte de la province de la baie du Massachusetts fut modifiée pour que les dirigeants de la colonie soient nommés directement par le roi48. Jusqu'à ce moment, selon l'historien Peter Thomas, George III « espérait obtenir une solution politique et il suivait toujours les avis de son Cabinet même s'il doutait de leur succès. Les documents détaillés des années 1763 à 1775 tendent à exonérer George III de toute véritable responsabilité dans la Révolution américaine49 ». Même si les Américains qualifiaient George III de tyran, il se contentait alors d'agir en monarque constitutionnel soutenant les initiatives de ses ministres50.
Guerre d'indépendance des États-Unis
Portrait de George III par Benjamin West, 1783
À la suite de la Boston Tea Party, les colons commencèrent à refuser la tutelle britannique et les colonies se dotèrent de gouvernements autonomes. Les tensions s'accrurent et les soldats britanniques affrontèrent les miliciens américains lors de la bataille de Lexington et Concord en avril 1775. Les pétitions destinées à obtenir un règlement pacifique de la dispute furent ignorées par le Parlement britannique et les chefs indépendantistes furent qualifiés de traîtres par la Couronne. Les colonies déclarèrent leur indépendance en juillet 1776 et listèrent leurs griefs envers le roi et le Parlement. La Déclaration accusait George III d'avoir « abdiqué le gouvernement de notre pays… Il a pillé nos mers, ravagé nos côtes, brûlé nos villes et massacré nos concitoyens ». La statue équestre du souverain à New York fut démantelée51. Les Britanniques capturèrent la ville en 1776 mais perdirent Boston et leur plan pour envahir la Nouvelle-Angleterre depuis le Canada échoua avec la défaite du général John Burgoyne lors de la bataille de Saratoga.
George III est souvent critiqué pour s'être obstiné dans la guerre engagée contre les colons d'Amérique malgré les conseils de ses ministres. Pour l'écrivain George Trevelyan, le roi était déterminé à « ne jamais reconnaître l'indépendance des Américains et à punir leur rébellion par la prolongation illimitée d'une guerre qui promettait d'être éternelle52 ». Le roi voulait « maintenir les rebelles harcelés, anxieux et pauvres jusqu'au jour où, à la suite d'un processus naturel et inévitable, le mécontentement et la déception se seront transformés en pénitence et remords52 ». Les études plus modernes défendent le comportement de George III en avançant qu'à l'époque aucun roi n'aurait abandonné un si grand territoire16,53 et avancent que sa conduite fut bien moins impitoyable que celle des autres souverains européens54. Après la défaite de Saratoga, le Parlement et les Britanniques étaient favorables à la guerre ; les recrutements étaient nombreux et si les opposants étaient actifs, ils n'étaient qu'une faible minorité16,55. Du fait des revers en Amérique, le premier ministre North demanda que le pouvoir soit transféré à Pitt qu'il jugeait plus capable ; George III refusa cette proposition et demanda à Pitt de se mettre au service de North. Pitt déclina l'offre et décéda quelques mois plus tard56. Au début de l'année 1778, la France signa un traité d'alliance avec les États-Unis et le conflit devint international. La France et les États-Unis furent rapidement rejoints par l'Espagne et les Provinces-Unies tandis que la Grande-Bretagne resta isolée. Lord Gower et Lord Weymouth démissionnèrent du gouvernement et Lord North demanda à nouveau le droit de démissionner ; il resta néanmoins en poste du fait de l'insistance du souverain57. L'opinion publique commença à se retourner du fait du coût du conflit et cette opposition contribua aux émeutes anti-catholiques à Londres en juin 178058.
Jusqu'en 1780, les loyalistes pouvaient croire en une victoire car les troupes britanniques remportèrent de nombreuses batailles comme celles de Camden et de Guilford Court House59. Néanmoins, lorsque les nouvelles de la défaite de Charles Cornwallis lors de la bataille de Yorktown atteignirent Londres à la fin de l'année 1781, Lord North démissionna de son poste de premier ministre du fait de l'érosion de ses soutiens parlementaires. Le roi rédigea une proclamation d'abdication qui ne fut jamais délivrée53,60 et accepta la défaite en Amérique du Nord. Il autorisa des négociations de paix qui débouchèrent sur la signature du traité de Paris en 1783 par lequel la Grande-Bretagne reconnaissait l'indépendance des États-Unis61. Lorsque John Adams fut nommé ambassadeur à Londres en 1785, George III s'était résigné aux nouvelles relations entre son pays et ses anciennes colonies. Il dit à Adams, « j'étais le dernier à consentir à la séparation ; mais la séparation ayant été réalisée et étant devenue inévitable, j'ai toujours dit, comme je dis maintenant, que je serai le premier à reconnaître les États-Unis comme une puissance indépendante62 ».
Lutte constitutionnelle
Avec la chute du gouvernement de North en 1782, Lord Rockingham devint premier ministre pour la deuxième fois mais mourut quelques mois plus tard. Le roi nomma alors Lord Shelburne pour le remplacer. Charles James Fox refusa néanmoins de participer à son administration et il demanda la nomination de William Cavendish-Bentinck, 3e duc de Portland. En 1783, la Chambre des Communes obligea Lord Shelburne à démissionner et son gouvernement fut remplacé par la coalition Fox-North. Lord Portland devint premier ministre et Fox et North devinrent respectivement secrétaire d'État des Affaires étrangères et secrétaire d'État à l'Intérieur16.
Le roi détestait profondément Fox, autant ses politiques que sa personnalité ; il considérait que Fox était sans scrupules et avait une mauvaise influence sur le prince de Galles63. George III n'appréciait pas de ne pas pouvoir choisir les ministres de son choix mais le gouvernement de Portland rassembla rapidement une majorité et ne pouvait donc pas être limogé facilement. Il fut encore plus déçu quand le gouvernement présenta l'India Bill qui proposait de réformer l'administration de l'Inde en transférant le pouvoir politique de la Compagnie britannique des Indes orientales vers des commissaires parlementaires64. Même si le roi défendait un plus grand contrôle sur la Compagnie, les commissaires proposés étaient tous des alliés politiques de Fox65. Juste après l'adoption de la loi par la Chambre des Communes, George III demanda à George Nugent-Temple-Grenville (en) d'informer la Chambre des Lords qu'il considérerait comme un ennemi tous ceux qui voteraient en faveur de la législation. La loi fut rejetée par les lords et Lord Portland démissionna trois jours plus tard ; il fut remplacé par William Pitt le Jeune et George Nugent-Temple-Grenville devint secrétaire d'État des Affaires étrangères. Le 17 décembre 1783, le Parlement vota une motion qui qualifiait l'influence du souverain dans le vote parlementaire de « grand crime » et George Nugent-Temple-Grenville fut obligé de démissionner. Le départ du secrétaire d'État déstabilisa le gouvernement durant les trois mois suivant et il perdit sa majorité. Le Parlement fut dissous mais l'élection de 1784 donna une base solide à Pitt16.
William Pitt
Les trois plus jeunes filles du roi George III ; tableau de John Singleton Copley vers 1785
Pour George III, la nomination de Pitt était une grande victoire et elle prouva qu'il était capable de choisir les premiers ministres sur la base de ce qu'il pensait être l'opinion publique sans avoir à suivre les recommandations de la majorité à la Chambre des Communes. Tout au long du mandat de l'administration Pitt, George III défendit la plupart de ses objectifs politiques et créa de nouveaux lords à un rythme encore jamais vu pour accroître le nombre des partisans de Pitt à la Chambre des Lords66. George III était alors extrêmement populaire en Grande-Bretagne67 du fait de sa piété et sa fidélité à son épouse68. Il adorait ses enfants et fut dévasté par la mort en bas-âge de deux de ses fils en 1782 et en 178369. Il mit néanmoins en place un programme d'éducation rigoureux afin qu'ils suivent une vie pieuse et vertueuse70. Lorsque ses enfants, devenus adultes, s'éloignèrent de ces principes, George III en fut très affecté71.
La santé du souverain commença à se détériorer dans les années 1780. Il fut atteint de troubles mentaux qui étaient peut-être liés à une maladie du sang appelée porphyrie72 même si ce diagnostic a été remis en cause73. Une étude sur des mèches de cheveux de George III publiée en 2005 a révélé un fort taux d'arsenic, qui fut peut-être le déclencheur de cette maladie. Son origine est inconnue mais il était peut-être utilisé dans les médicaments ou les cosmétiques74. Le roi eut peut-être un bref accès de la maladie en 1765 mais un épisode plus long commença à l'été 1788. À la fin de la session parlementaire, il se rendit dans la ville thermale de Cheltenham pour récupérer. Ce fut l'endroit le plus éloigné de Londres (160 km) où il se rendit mais son état empira. En novembre, il était gravement atteint et parlait parfois pendant de longues heures sans s'arrêter75. Des fausses histoires circulèrent au sujet de sa maladie, telle que celle où il voulut serrer la main à un arbre qu'il prenait pour le roi de Prusse76. Le traitement des maladies mentales était alors primitif et les médecins du roi essayèrent de le soigner en l'immobilisant de force jusqu'à ce qu'il soit calme ou en appliquant des cataplasmes caustiques pour chasser les « mauvaises humeurs77 ».
En novembre 1788, lors de la convocation du Parlement, Fox et Pitt se disputèrent au sujet de la mise en place d'une régence durant l'incapacité du monarque. Les deux hommes s'accordaient sur le fait qu'il serait préférable que le prince de Galles, fils aîné et héritier de George III, devint régent. Néanmoins Fox suggéra que le régent reçût l'ensemble des pouvoirs du souverain tandis que Pitt, qui craignait d'être limogé si le prince de Galles montait sur le trône, proposa que le régent fût nommé par le Parlement et que ses pouvoirs fussent limités78. En février 1789, la loi sur la Régence autorisant le prince de Galles à agir en tant que prince régent, fut adoptée par la Chambre des Communes mais George III se rétablit avant que la Chambre des Lords ne se prononcât79.
Révolution française et guerres napoléoniennes
Portrait de George III réalisé par William Beechey en 1799/1800.
Après l'amélioration de l'état de santé de George III, sa popularité et celle de Pitt continuèrent de s'accroître au détriment de celles de Fox et du prince de Galles80.
Deux assaillants déments, Margaret Nicholson et John Frith, tentèrent respectivement d'assassiner le roi en 1786 et 1790 mais le traitement humain et compréhensif de George III envers les agresseurs fut salué par l'opinion publique81. Le 15 mai 1800, James Hadfield, un ancien soldat également dément, tira sur le balcon royal du théâtre de Drury Lane où se trouvait le roi. Le tir manqua sa cible et George III fut tellement peu affecté par l'incident qu'il s'endormit pendant l'entracte82.
La Révolution française de 1789 puis l'abolition de la monarchie en 1792 inquiéta les propriétaires fonciers britanniques. Lorsque la France déclara la guerre à la Grande-Bretagne en 1793, George III autorisa Pitt à augmenter les impôts, à créer des unités militaires et à suspendre l'Habeas Corpus. La Première Coalition qui rassemblait l'Autriche, la Prusse et l'Espagne se disloqua en 1795 avec le retrait de la Prusse et de l'Espagne83. Après la victoire française en 1797, une deuxième coalition rassemblant l'Autriche, la Russie et l'Empire ottoman fut défaite en 1800. La Grande-Bretagne restait donc seule pour combattre Napoléon Bonaparte, premier consul de la Première République.
Une brève accalmie des hostilités permit à Pitt de concentrer ses efforts sur l'Irlande où un soulèvement eut lieu en 1798 avec le soutien des Français84. En 1800, les parlements britanniques et irlandais adoptèrent l'Acte d'Union qui entra en vigueur le 1er janvier 1801 et rassembla la Grande-Bretagne et l'Irlande dans un seul État appelé Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande. George III profita de l'opportunité pour abandonner le titre de « roi de France » que les souverains anglais et britanniques revendiquaient depuis le règne d'Édouard III85. Il fut suggéré que George III adopte le titre d'« empereur des îles britanniques » mais il refusa16. Dans le cadre de sa politique irlandaise, Pitt envisagea de supprimer certaines restrictions légales frappant les catholiques. George III refusa catégoriquement en avançant que l'émancipation des catholiques serait une violation de son serment de couronnement qui stipulait le maintien du protestantisme dans le royaume86. Devant l'opposition du souverain et de l'opinion publique à ses réformes religieuses, Pitt menaça de démissionner87. Au même moment, le roi recommença à souffrir de troubles mentaux et il accusa les inquiétudes au sujet de la question catholique d'en être la cause88. Pitt fut formellement remplacé le 14 mai 1801 par le président de la Chambre des Communes, Henry Addington. Ce dernier s'opposa à l'émancipation et devant l'état catastrophique des finances, signa la paix avec la France en 180289.
George III ne considérait pas la paix avec la France comme une réalité ; pour lui il s'agissait d'une « expérience90 ». En mai 1803, la guerre recommença mais l'opinion publique n'avait pas confiance en Addington pour mener la guerre et elle demanda le retour de Pitt. Une invasion de l'Angleterre semblait imminente et de nombreux volontaires se présentèrent pour défendre le pays. La revue de 27 000 volontaires par le roi les 26 et 28 octobre 1803 à Hyde Park, au maximum de la peur d'une invasion, attira 500 000 spectateurs91. The Times déclara que « l'enthousiasme de la multitude était au-delà de toute description92 ». George III écrivit à son ami l'évêque Richard Hurd, « nous attendons ici chaque jour que Bonaparte mette à exécution sa menace d'invasion… Si ses troupes parviennent à débarquer, je ne manquerai pas me mettre à la tête des miennes, et de mes autres sujets armés, pour les repousser93 ». Après la victoire de Nelson lors de la bataille navale de Trafalgar, la menace d'une invasion s'éloigna94.
En 1804, George III fut à nouveau affecté par sa maladie récurrente ; après son rétablissement, Addington démissionna et Pitt revint au pouvoir. Pitt envisagea de nommer Fox dans son administration mais George III refusa. William Grenville considéra qu'il s'agissait d'une injustice envers Fox et il refusa de rejoindre le gouvernement16. Pitt concentra tous ses efforts à former une nouvelle coalition avec l'Autriche, la Russie et la Suède. La Troisième Coalition échoua comme les deux précédentes et s'effondra en 1805. La lutte contre la France eut raison de la santé de William Pitt qui décéda en 1806. Grenville devint premier ministre et son Ministère de tous les talents inclut Fox. Le roi se montra conciliant avec lui mais après la mort de Fox en septembre 1806, George III et son gouvernement entrèrent en conflit ouvert. Pour accroître le recrutement de l'armée, l'administration présenta une mesure en février 1807 visant à autoriser les catholiques à servir à tous les grades des forces armées. Non seulement George III refusa cette proposition, mais il fit rédiger par les membres du gouvernement Grenville un accord afin que cette mesure ne soit jamais applicable dans le futur. Les ministres acceptèrent d'abandonner cette législation mais refusèrent de se prononcer sur l'avenir95. Ils furent limogés et William Cavendish-Bentinck devint nominalement premier ministre même si le pouvoir appartenait au chancelier de l'Échiquier Spencer Perceval. Le Parlement fut dissout et l'élection générale de 1807 offrit une large majorité au gouvernement à la Chambre des Communes. George III ne prit pas d'autres décisions importantes durant son règne ; le remplacement de Cavendish-Bentinck par Perceval en 1809 avait peu d'importance96.
Fin de vie
Gravure de George III réalisée par Charles Turner vers 1820
À la fin de l'année 1810, à l'apogée de sa popularité97, George III devint gravement malade, presque aveugle du fait de la cataracte et souffrait de rhumatismes. Il considérait que la maladie avait été déclenchée par la mort de sa plus jeune et fille préférée, la princesse Amélie (en)98. L'infirmière de la princesse rapporta que « les scènes de détresse et de pleurs journaliers… étaient tristes au-delà de la description99 ». En 1811, George III accepta la loi de Régence et le prince de Galles resta prince-régent jusqu'au décès de son père. Malgré des signes de convalescence en mai 1811, le roi avait sombré dans une aliénation complète et permanente et il vécut isolé dans le château de Windsor jusqu'à sa mort100.
Le premier ministre Spencer Perceval fut assassiné en 1812 (il fut le seul Premier ministre britannique victime d'un assassinat) et fut remplacé par Robert Jenkinson. Il présida à la victoire britannique lors des guerres napoléoniennes et le congrès de Vienne accorda d'importants gains territoriaux au Hanovre qui devint un royaume.
Dans le même temps, la santé de George III continua de se dégrader. Il présenta les signes de démence, devint complètement aveugle et de plus en plus sourd. Il fut incapable de comprendre son accession au trône de Hanovre en 1814 ou la mort de son épouse en 1818101. Avant Noël 1819, il parla de manière incohérente pendant 58 heures, et dans les dernières semaines de sa vie, il fut incapable de marcher102.
George III décéda à 20 h 38 le 29 janvier 1820 au château de Windsor, six jours après le décès de son quatrième fils, le prince Édouard-Auguste de Kent. Son fils préféré le prince Frederick d'York l'accompagna dans ses derniers moments103. George III fut inhumé le 16 février dans la chapelle Saint-George du château de Windsor104,105.
Les successeurs de George III, ses fils George IV et Guillaume IV, moururent tous deux sans enfants légitimes. Après leur mort, la seule fille légitime du duc de Kent, Victoria, monta sur le trône et elle devint le dernier monarque de la Maison de Hanovre.
Héritage
George III vécut pendant 81 ans et 239 jours et régna pendant 59 ans et 96 jours. Sa vie et son règne furent plus longs que ceux de tous ses prédécesseurs. Seules Victoria et Élisabeth II ont vécu et régné plus longtemps.
George III fut surnommé « George le fermier » par les satiristes initialement pour moquer son intérêt des sujets prosaïques par rapport aux questions politiques puis pour marquer sa différence par rapport à la grandiloquence de son fils et le représenter comme un homme du peuple106. Sous le règne de George III qui était passionné par l'agriculture107, la révolution agricole atteignit son apogée et de nombreux progrès furent réalisés dans les domaines scientifiques et industriels. La population rurale augmenta fortement et elle fournit une grande part de la main d'œuvre nécessaire à la révolution industrielle108. La collection d'instruments scientifiques et mathématiques de George III est aujourd'hui exposée au Science Museum de Londres ; il finança la construction et l'entretien du télescope de 40 pieds (12,2 m) de focale de William Herschel qui était alors le plus grand au monde109. Lorsque Herschel découvrit la planète Uranus en 1781 avec ce télescope, il la nomma Sidus Georgium (« étoile de George ») en son honneur.
George III espérait que « les langues malveillantes ne peignent pas [ses] intentions dans les couleurs qu'elle admire ou que les flagorneurs ne [le] louent au-delà de ce [qu'il mérite]110 » mais dans l'esprit du public, il a été à la fois diabolisé et loué. Bien que populaire au début de son règne, George devint la cible des révolutionnaires américains111 même si environ la moitié des colons resta loyal à la monarchie112. Les griefs listés dans la Déclaration d'indépendance des États-Unis étaient présentés comme des « injustices et des usurpations répétées » qui avaient pour objectif d'établir une « tyrannie absolue » sur les colonies. Les termes de la Déclaration ont contribué à ce que George III soit considéré comme un tyran par l'opinion américaine. Les études contemporaines sur la vie de George III se divisaient en deux camps : l'un décrivant les « opinions dominantes vers la fin de son règne quand le roi était devenu un symbole vénéré de résistance aux idées et au pouvoir français » tandis que l'autre « tire ses vues sur le roi des âpres luttes partisanes dans les deux premières décennies de son règne et exprime l'opinion de l'opposition dans ses travaux113 ». En s'appuyant sur ce deuxième type d'études, les historiens britanniques du xixe siècle et du début du xxe siècle comme George Trevelyan et Erskine May défendirent des interprétations hostiles du règne de George III. Néanmoins, les travaux de Lewis Bernstein Namier (en) au milieu du xxe siècle qui considérait que George était « énormément calomnié » entraînèrent une réévaluation de sa personnalité et de son règne113. Les historiens de la fin du xxe siècle comme Herbert Butterfield ou Richard Pares tendent ainsi à le traiter avec plus de sympathie en le considérant comme la victime des événements et de la maladie. Ainsi en combattant les colons américains, George III croyait qu'il défendait le droit d'un Parlement élu à lever des taxes et ne cherchait pas particulièrement à étendre son pouvoir ou ses prérogatives114. Les historiens considèrent que durant le long règne de George III, la monarchie continua de perdre son pouvoir politique et elle devint l'incarnation de la moralité nationale16.
Titres, honneurs et armoiries
Titres
4 juin 1738 - 31 mars 1751 : Son Altesse royale le prince George115
31 mars 1751 - 20 avril 1751 : Son Altesse royale le duc d'Édimbourg
20 avril 1751 - 25 octobre 1760 : Son Altesse royale le prince de Galles
25 octobre 1760 - 29 janvier 1820 : Sa Majesté le roi
En Grande-Bretagne, George III portait le titre officiel de « George III, par la Grâce de Dieu, roi de Grande-Bretagne, de France et d'Irlande, Défenseur de la Foi, etc. » En 1801, lorsque la Grande-Bretagne s'unit avec l'Irlande, il abandonna le titre de roi de France que tous les souverains anglais et britannique revendiquaient depuis Édouard III85. Son titre devint alors « George III, par la Grâce de Dieu, roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, Défenseur de la Foi116 ».
En Allemagne, il était duc de Brunswick et de Lunebourg, architrésorier et prince-électeur du Saint-Empire romain germanique jusqu'à la dissolution du Saint-Empire en 1806. Il resta alors duc jusqu'à ce que le congrès de Vienne ne le proclame roi de Hanovre en 1814116.
Honneurs
1749 : Chevalier du très noble Ordre de la Jarretière
1760 : Souverain du très noble Ordre de la Jarretière
1760 : Chevalier du très ancien et très noble Ordre du Chardon
1760 : Souverain du très noble et très ancien Ordre du Bain
1783 : Souverain du très honorable ordre de Saint-Patrick
1815 : Souverain de l'Ordre royal des Guelfes
1818 : Souverain du très distingué Ordre de Saint-Michel et Saint-Georges
Armoiries
Avant son accession au trône, George III portait les armoiries royales différenciées par un lambel de cinq points azur dont le point central portait une fleur de lys or. À la mort de son père, il hérita des armoiries de George II et de son lambel simple de trois points argent117.
De son accession au trône à 1800, George III porta les armoiries royales de Grande-Bretagne et de Hanovre superposées : Écartelé, au 1, trois lions passant en pal or (qui est Angleterre), au lion de gueules, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même (qui est Écosse), au 2, d'azur, trois fleurs de lys or (qui est France), au 3, d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent (qui est Irlande), au 4, sur le tout tiercé en pairle renversé (qui est Hanovre), 1, de gueules, à deux léopards d'or ; 2, d'or (pour le Brunswick), semé de cœurs de gueules, au lion d'azur (qui est Lunebourg), armé et lampassé du deuxième, brochant sur le tout ; 3, de gueules, au cheval cabré d'argent (qui est Westphalie) ; sur le tout de gueules à la couronne de Charlemagne d'or118.
Armoiries de 1751 à 1760 du prince George de Galles
Armoiries de 1760 à 1801 du roi George III de Grande-Bretagne
Armoiries de 1801 à 1816 du roi George III du Royaume-Uni
À la suite de l'Acte d'Union, les armoiries royales furent amendées et le quart français fut supprimés. Ils devinrent : Écartelé, au 1 et 4, Angleterre ; au 2, Écosse ; au 3, Irlande ; sous un écusson du Hanovre surmonté par le calot d'électeur119. En 1816, lorsque l'électorat devint un royaume, le calot électoral devint une couronne120.
Armoiries de 1816 à sa mort
Merci WIKI !!!http://fr.wikipedia.org/wiki/George_III_du_Royaume-Uni
A mon avis s'il détestait tant les whigs, il devait avoir de bonnes raisons. J'aimerais creuser le personnage. Notamment ses rapports difficiles avec son fils. Je me rappelle d'une bio que nous avait fait partager la Princesse. Le prince de Galles devait vraiment être très peu recommandable.
Jeunesse
Manière noire du prince George de Galles en 1751 d'après un portrait de David Lüders
George est né à Norfolk House à Londres le 4 juin 17382 ; il était le second enfant et le premier fils du prince Frédéric de Galles et la princesse Augusta de Saxe-Gotha-Altenbourg. Comme George était né deux mois avant terme et qu'il était peu probable qu'il survive, il fut baptisé le même jour par l'évêque d'Oxford, Thomas Secker3. Un mois plus tard, il fut publiquement baptisé à Norfolk House, à nouveau par Secker. Ses parrains étaient le roi Frédéric Ier de Suède, le duc Frédéric III de Saxe-Gotha et la princesse Sophie-Dorothée de Hanovre4.
George ne garda pas de séquelles de sa naissance prématurée et grandit en bonne santé même s'il était un garçon timide et réservé. Sa famille s'installa à Leicester Square où George et son frère cadet, Édouard-Auguste, furent éduqués ensemble par des tuteurs privés. Les lettres familiales montrent qu'il pouvait lire et écrire en anglais et en allemand et commenter les événements politiques de l'époque alors qu'il n'avait que huit ans5. Il fut le premier monarque britannique à étudier les sciences dont la chimie et la physique ; en plus des cours de mathématiques, d'astronomie, de français, de latin, d'histoire, de géographie, de commerce, d'agriculture et de droit, il reçut des leçons de sport, de danse, d'escrime et d'équitation. Son éducation religieuse fut exclusivement anglicane6.
Le grand-père de George, le roi George II détestait le prince de Galles et ne s'intéressa pas à ses petit-enfants. Néanmoins, après la mort soudaine de Frédéric des suites d'une maladie pulmonaire en 1751, George devint le prince héritier au trône britannique. Il hérita des titres de son père et devint duc d'Édimbourg puis prince de Galles7.
Au printemps 1756, alors que George approchait de son 18e anniversaire, le roi lui offrit de s'installer dans la résidence royale du palais St. James mais il déclina l'offre suivant les conseils de sa mère et son confident, John Stuart qui devint par la suite premier ministre8. La mère de George, alors la princesse douairière de Galles, préférait le garder avec elle pour lui inculquer ses valeurs morales strictes9,10.
Mariage
En 1759, George tomba éperdument amoureux de Sarah Lennox, la sœur du duc de Richmond, mais Stuart exprima son opposition à l'union et George abandonna ses idées de mariage, « je suis désigné pour le bonheur et la misère d'un grand peuple et par conséquent je dois agir contrairement à ma passion11 ». Les tentatives du roi pour le marier à la duchesse Sophie-Caroline-Marie de Brunswick-Wolfenbüttel furent repoussées par George et sa mère12 ; elle épousa finalement le margrave Frédéric III de Brandebourg-Bayreuth13.
Le 25 octobre 1760, George, alors âgé de 22 ans, accéda au trône sous le nom de George III après la mort soudaine de George II deux semaines avant son 77e anniversaire. La recherche d'une épouse convenable s'accéléra alors fortement. Le 8 septembre 1761, il épousa dans la chapelle royale du palais St. James la princesse Charlotte de Mecklembourg-Strelitz qu'il avait rencontré pour la première fois avant la cérémonie14. Deux semaines plus tard, le couple royal fut couronné dans l'abbaye de Westminster. Contrairement à ses prédécesseurs et à ses fils, il n'eut pas de liaison extraconjugale et George III et Sophie Charlotte de Mecklemburg-Strelitz formèrent un couple uni15,16. Ils eurent neuf fils et six filles. En 1762, George acheta Buckingham House (où se trouve aujourd'hui le palais de Buckingham) comme résidence secondaire pour sa famille17. Ses autres résidences étaient le palais de Kew et le château de Windsor tandis que le palais St. James conserva son statut de résidence officielle. George III voyagea peu et il passa toute sa vie dans le sud de l'Angleterre. Dans les années 1790, il prit des vacances annuelles à Weymouth18 qu'il popularisa comme l'une des premières stations balnéaires en Angleterre19.
Début de règne
Manière noire de George III réalisée par Thomas Frye en 1762
Dans son discours d'accession devant le Parlement, George proclama « né et éduqué dans ce pays, je trouve ma gloire dans le nom de l'Angleterre20 ». Il ajouta cette phrase, écrite par Lord Hardwicke, pour démontrer sa volonté de rompre avec ses ascendants allemands qui étaient jugés comme plus intéressés par le Hanovre que par la Grande-Bretagne21,22.
Même si son accession au trône fut initialement bien accueillie par les membres de tous les partis politiques23, les premières années de son règne furent marquées par l'instabilité politique essentiellement liée aux désaccords concernant la gestion de la guerre de Sept Ans24. George III était également perçu comme plus favorable aux ministres tories et il fut accusé par les whigs d'être un autocrate15. Dans les années 1760, les propriétés royales généraient relativement peu de revenus et la plupart des recettes de la monarchie provenaient des impôts et des droits d'accise. George III céda le contrôle des propriétés royales au Parlement en retour d'une liste civile annuelle pour la gestion de ses résidences et les dépenses royales25. Les rumeurs selon lesquelles il aurait utilisé cet argent pour récompenser ses partisans et corrompre ses opposants26 sont rejetées par les historiens qui affirment qu'elles ne « reposent sur rien hormis des mensonges inventés par l'opposition mécontente27 ». Les dettes accumulées pendant le règne de George III furent réglées par le Parlement et la liste civile fut augmentée de temps à autre28. Il accorda de grandes sommes d'argent provenant de ses fonds privés à la Royal Academy29 et aurait donné jusqu'à la moitié de ses revenus personnels à des organisations caritatives30. Il acheta de nombreux tableaux réalisés entre autres par Giovanni Antonio Canal et Johannes Vermeer mais c'est en tant que collectionneur de livres qu'il reste le plus connu31. La King's Library (aujourd'hui la British Library) fut ouverte aux universitaires et le roi acheta personnellement 6 000 ouvrages32.
En mai 1762, le gouvernement whig de Thomas Pelham-Holles fut remplacé par celui du tory écossais John Stuart, 3e comte de Bute. Les opposants de Lord Bute firent circuler des rumeurs concernant une liaison avec la mère du roi et exploitèrent les préjugés anti-écossais de l'opinion anglaise33. Le député whig John Wilkes publia le journal The North Briton dont les articles concernant Lord Bute et le gouvernement étaient incendiaires et diffamatoires. Wilkes fut finalement arrêté pour diffamation à l'encontre du gouvernement mais s'enfuit en France pour éviter une condamnation ; il fut expulsé de la Chambre des communes et condamné par contumace pour blasphème et diffamation34. En 1763, après la signature du traité de Paris mettant fin au conflit, Lord Bute démissionna et les whigs revinrent au pouvoir sous la direction de George Grenville.
Plus tard dans l'année, la proclamation royale de 1763 créa une limite à l'expansion vers l'ouest des colonies américaines pour favoriser le développement des territoires au nord et au sud et apaiser les relations tendues avec les Amérindiens. La limite ne gênait pas la majorité des colons qui étaient des agriculteurs mais elle était impopulaire auprès d'une minorité influente et elle joua un rôle dans le conflit entre les colons et le gouvernement britannique35. Comme les colons américains étaient généralement épargnés par les taxes britanniques, le gouvernement jugea qu'il serait approprié qu'ils en payent pour financer la défense des colonies contre les soulèvements amérindiens ou de possibles incursions françaises36. L'opposition des colons ne portait pas sur le fait de payer des impôts mais sur le fait de savoir si le Parlement pouvait lever des taxes sans l'accord des Américains, or ceux-ci n'étaient pas représentés au Parlement37. Le gouvernement britannique rejeta ces demandes de représentation et en 1765, Grenville introduisit le Stamp Act qui imposait l'ajout d'un timbre fiscal sur tous les documents américains. Comme les journaux étaient particulièrement touchés par cette taxation, ils devinrent les principaux vecteurs du mouvement d'opposition38. Dans le même temps, le roi fut irrité par les tentatives de Grenville pour réduire les prérogatives du roi et il essaya sans succès de persuader William Pitt l'Ancien d'accepter le poste de premier ministre39. Après une brève crise, qui pourrait laisser présager de sa maladie à venir, George III demanda à Charles Watson-Wentworth de former un gouvernement et limogea Grenville40.
Watson-Wentworth, avec le soutien de Pitt et du roi, annula l'impopulaire Stamp Act de Grenville mais son gouvernement était faible et il fut remplacé par Pitt en 1766. L'annulation de la loi par Pitt et George III fut si populaire en Amérique que des statues furent érigées en leur honneur à New York41. Pitt tomba malade en 1767 et Augustus FitzRoy le remplaça mais ne devint formellement premier ministre qu'en 1768. La même année, John Wilkes rentra en Angleterre et se présenta aux élections générales. Il arriva en tête dans le Middlesex mais fut à nouveau exclu du Parlement. Il fut réélu et exclu deux fois de plus avant que le Parlement ne décide d'invalider sa candidature et de choisir le deuxième de l'élection42. Le gouvernement de Fitzroy se désintégra en 1770 et les tories menés par Frederick North revinrent au pouvoir43.
George III était profondément pieux et passait des heures à prier44 mais sa piété n'était pas partagée par ses frères. Le roi était choqué par ce qu'il jugeait comme étant des mœurs dissolues. En 1770, il fut révélé que son frère le prince Henry Frederick de Cumberland et de Strathearn (en) était adultère et l'année suivante, il épousa une jeune veuve, Anne Horton. Le roi ne la considérait pas comme une épouse royale convenable car elle était issue d'une classe sociale inférieure et la loi allemande interdisait aux enfants du couple de monter sur le trône du Hanovre. George III demanda l'introduction d'une loi qui empêcherait les membres de la famille royale de se marier sans l'accord du souverain. La législation était impopulaire, y compris auprès des propres ministres de George, mais elle fut adoptée en tant que Royal Marriages Act de 1772 (en). Peu après, un autre frère de George III, le prince William Henry de Gloucester et Édimbourg révéla qu'il était secrètement marié à Maria de Gloucester et d'Édinburgh. L'affaire convainquit George III qu'il avait eu raison d'introduire la loi et aucune des deux femmes ne fut reçue à la cour45.
Le gouvernement de Lord North fut essentiellement occupé par le mécontentement grandissant en Amérique. Pour apaiser l'opinion américaine, la plupart des droits douaniers furent supprimés, à l'exception de ceux sur le thé46. En 1773, les navires amarrés dans le port de Boston furent abordés par des colons et les ballots de thé qu'ils transportaient furent jetés à la mer lors d'un événement qui fut appelé la Boston Tea Party. L'opinion publique britannique se radicalisa et Pitt s'accorda avec North pour déclarer que la destruction des marchandises était « certainement criminelle47 ». Avec le soutien du Parlement, Lord North introduisit des législations qui furent surnommés les Actes intolérables par les colons : le port de Boston fut fermé et la charte de la province de la baie du Massachusetts fut modifiée pour que les dirigeants de la colonie soient nommés directement par le roi48. Jusqu'à ce moment, selon l'historien Peter Thomas, George III « espérait obtenir une solution politique et il suivait toujours les avis de son Cabinet même s'il doutait de leur succès. Les documents détaillés des années 1763 à 1775 tendent à exonérer George III de toute véritable responsabilité dans la Révolution américaine49 ». Même si les Américains qualifiaient George III de tyran, il se contentait alors d'agir en monarque constitutionnel soutenant les initiatives de ses ministres50.
Guerre d'indépendance des États-Unis
Portrait de George III par Benjamin West, 1783
À la suite de la Boston Tea Party, les colons commencèrent à refuser la tutelle britannique et les colonies se dotèrent de gouvernements autonomes. Les tensions s'accrurent et les soldats britanniques affrontèrent les miliciens américains lors de la bataille de Lexington et Concord en avril 1775. Les pétitions destinées à obtenir un règlement pacifique de la dispute furent ignorées par le Parlement britannique et les chefs indépendantistes furent qualifiés de traîtres par la Couronne. Les colonies déclarèrent leur indépendance en juillet 1776 et listèrent leurs griefs envers le roi et le Parlement. La Déclaration accusait George III d'avoir « abdiqué le gouvernement de notre pays… Il a pillé nos mers, ravagé nos côtes, brûlé nos villes et massacré nos concitoyens ». La statue équestre du souverain à New York fut démantelée51. Les Britanniques capturèrent la ville en 1776 mais perdirent Boston et leur plan pour envahir la Nouvelle-Angleterre depuis le Canada échoua avec la défaite du général John Burgoyne lors de la bataille de Saratoga.
George III est souvent critiqué pour s'être obstiné dans la guerre engagée contre les colons d'Amérique malgré les conseils de ses ministres. Pour l'écrivain George Trevelyan, le roi était déterminé à « ne jamais reconnaître l'indépendance des Américains et à punir leur rébellion par la prolongation illimitée d'une guerre qui promettait d'être éternelle52 ». Le roi voulait « maintenir les rebelles harcelés, anxieux et pauvres jusqu'au jour où, à la suite d'un processus naturel et inévitable, le mécontentement et la déception se seront transformés en pénitence et remords52 ». Les études plus modernes défendent le comportement de George III en avançant qu'à l'époque aucun roi n'aurait abandonné un si grand territoire16,53 et avancent que sa conduite fut bien moins impitoyable que celle des autres souverains européens54. Après la défaite de Saratoga, le Parlement et les Britanniques étaient favorables à la guerre ; les recrutements étaient nombreux et si les opposants étaient actifs, ils n'étaient qu'une faible minorité16,55. Du fait des revers en Amérique, le premier ministre North demanda que le pouvoir soit transféré à Pitt qu'il jugeait plus capable ; George III refusa cette proposition et demanda à Pitt de se mettre au service de North. Pitt déclina l'offre et décéda quelques mois plus tard56. Au début de l'année 1778, la France signa un traité d'alliance avec les États-Unis et le conflit devint international. La France et les États-Unis furent rapidement rejoints par l'Espagne et les Provinces-Unies tandis que la Grande-Bretagne resta isolée. Lord Gower et Lord Weymouth démissionnèrent du gouvernement et Lord North demanda à nouveau le droit de démissionner ; il resta néanmoins en poste du fait de l'insistance du souverain57. L'opinion publique commença à se retourner du fait du coût du conflit et cette opposition contribua aux émeutes anti-catholiques à Londres en juin 178058.
Jusqu'en 1780, les loyalistes pouvaient croire en une victoire car les troupes britanniques remportèrent de nombreuses batailles comme celles de Camden et de Guilford Court House59. Néanmoins, lorsque les nouvelles de la défaite de Charles Cornwallis lors de la bataille de Yorktown atteignirent Londres à la fin de l'année 1781, Lord North démissionna de son poste de premier ministre du fait de l'érosion de ses soutiens parlementaires. Le roi rédigea une proclamation d'abdication qui ne fut jamais délivrée53,60 et accepta la défaite en Amérique du Nord. Il autorisa des négociations de paix qui débouchèrent sur la signature du traité de Paris en 1783 par lequel la Grande-Bretagne reconnaissait l'indépendance des États-Unis61. Lorsque John Adams fut nommé ambassadeur à Londres en 1785, George III s'était résigné aux nouvelles relations entre son pays et ses anciennes colonies. Il dit à Adams, « j'étais le dernier à consentir à la séparation ; mais la séparation ayant été réalisée et étant devenue inévitable, j'ai toujours dit, comme je dis maintenant, que je serai le premier à reconnaître les États-Unis comme une puissance indépendante62 ».
Lutte constitutionnelle
Avec la chute du gouvernement de North en 1782, Lord Rockingham devint premier ministre pour la deuxième fois mais mourut quelques mois plus tard. Le roi nomma alors Lord Shelburne pour le remplacer. Charles James Fox refusa néanmoins de participer à son administration et il demanda la nomination de William Cavendish-Bentinck, 3e duc de Portland. En 1783, la Chambre des Communes obligea Lord Shelburne à démissionner et son gouvernement fut remplacé par la coalition Fox-North. Lord Portland devint premier ministre et Fox et North devinrent respectivement secrétaire d'État des Affaires étrangères et secrétaire d'État à l'Intérieur16.
Le roi détestait profondément Fox, autant ses politiques que sa personnalité ; il considérait que Fox était sans scrupules et avait une mauvaise influence sur le prince de Galles63. George III n'appréciait pas de ne pas pouvoir choisir les ministres de son choix mais le gouvernement de Portland rassembla rapidement une majorité et ne pouvait donc pas être limogé facilement. Il fut encore plus déçu quand le gouvernement présenta l'India Bill qui proposait de réformer l'administration de l'Inde en transférant le pouvoir politique de la Compagnie britannique des Indes orientales vers des commissaires parlementaires64. Même si le roi défendait un plus grand contrôle sur la Compagnie, les commissaires proposés étaient tous des alliés politiques de Fox65. Juste après l'adoption de la loi par la Chambre des Communes, George III demanda à George Nugent-Temple-Grenville (en) d'informer la Chambre des Lords qu'il considérerait comme un ennemi tous ceux qui voteraient en faveur de la législation. La loi fut rejetée par les lords et Lord Portland démissionna trois jours plus tard ; il fut remplacé par William Pitt le Jeune et George Nugent-Temple-Grenville devint secrétaire d'État des Affaires étrangères. Le 17 décembre 1783, le Parlement vota une motion qui qualifiait l'influence du souverain dans le vote parlementaire de « grand crime » et George Nugent-Temple-Grenville fut obligé de démissionner. Le départ du secrétaire d'État déstabilisa le gouvernement durant les trois mois suivant et il perdit sa majorité. Le Parlement fut dissous mais l'élection de 1784 donna une base solide à Pitt16.
William Pitt
Les trois plus jeunes filles du roi George III ; tableau de John Singleton Copley vers 1785
Pour George III, la nomination de Pitt était une grande victoire et elle prouva qu'il était capable de choisir les premiers ministres sur la base de ce qu'il pensait être l'opinion publique sans avoir à suivre les recommandations de la majorité à la Chambre des Communes. Tout au long du mandat de l'administration Pitt, George III défendit la plupart de ses objectifs politiques et créa de nouveaux lords à un rythme encore jamais vu pour accroître le nombre des partisans de Pitt à la Chambre des Lords66. George III était alors extrêmement populaire en Grande-Bretagne67 du fait de sa piété et sa fidélité à son épouse68. Il adorait ses enfants et fut dévasté par la mort en bas-âge de deux de ses fils en 1782 et en 178369. Il mit néanmoins en place un programme d'éducation rigoureux afin qu'ils suivent une vie pieuse et vertueuse70. Lorsque ses enfants, devenus adultes, s'éloignèrent de ces principes, George III en fut très affecté71.
La santé du souverain commença à se détériorer dans les années 1780. Il fut atteint de troubles mentaux qui étaient peut-être liés à une maladie du sang appelée porphyrie72 même si ce diagnostic a été remis en cause73. Une étude sur des mèches de cheveux de George III publiée en 2005 a révélé un fort taux d'arsenic, qui fut peut-être le déclencheur de cette maladie. Son origine est inconnue mais il était peut-être utilisé dans les médicaments ou les cosmétiques74. Le roi eut peut-être un bref accès de la maladie en 1765 mais un épisode plus long commença à l'été 1788. À la fin de la session parlementaire, il se rendit dans la ville thermale de Cheltenham pour récupérer. Ce fut l'endroit le plus éloigné de Londres (160 km) où il se rendit mais son état empira. En novembre, il était gravement atteint et parlait parfois pendant de longues heures sans s'arrêter75. Des fausses histoires circulèrent au sujet de sa maladie, telle que celle où il voulut serrer la main à un arbre qu'il prenait pour le roi de Prusse76. Le traitement des maladies mentales était alors primitif et les médecins du roi essayèrent de le soigner en l'immobilisant de force jusqu'à ce qu'il soit calme ou en appliquant des cataplasmes caustiques pour chasser les « mauvaises humeurs77 ».
En novembre 1788, lors de la convocation du Parlement, Fox et Pitt se disputèrent au sujet de la mise en place d'une régence durant l'incapacité du monarque. Les deux hommes s'accordaient sur le fait qu'il serait préférable que le prince de Galles, fils aîné et héritier de George III, devint régent. Néanmoins Fox suggéra que le régent reçût l'ensemble des pouvoirs du souverain tandis que Pitt, qui craignait d'être limogé si le prince de Galles montait sur le trône, proposa que le régent fût nommé par le Parlement et que ses pouvoirs fussent limités78. En février 1789, la loi sur la Régence autorisant le prince de Galles à agir en tant que prince régent, fut adoptée par la Chambre des Communes mais George III se rétablit avant que la Chambre des Lords ne se prononcât79.
Révolution française et guerres napoléoniennes
Portrait de George III réalisé par William Beechey en 1799/1800.
Après l'amélioration de l'état de santé de George III, sa popularité et celle de Pitt continuèrent de s'accroître au détriment de celles de Fox et du prince de Galles80.
Deux assaillants déments, Margaret Nicholson et John Frith, tentèrent respectivement d'assassiner le roi en 1786 et 1790 mais le traitement humain et compréhensif de George III envers les agresseurs fut salué par l'opinion publique81. Le 15 mai 1800, James Hadfield, un ancien soldat également dément, tira sur le balcon royal du théâtre de Drury Lane où se trouvait le roi. Le tir manqua sa cible et George III fut tellement peu affecté par l'incident qu'il s'endormit pendant l'entracte82.
La Révolution française de 1789 puis l'abolition de la monarchie en 1792 inquiéta les propriétaires fonciers britanniques. Lorsque la France déclara la guerre à la Grande-Bretagne en 1793, George III autorisa Pitt à augmenter les impôts, à créer des unités militaires et à suspendre l'Habeas Corpus. La Première Coalition qui rassemblait l'Autriche, la Prusse et l'Espagne se disloqua en 1795 avec le retrait de la Prusse et de l'Espagne83. Après la victoire française en 1797, une deuxième coalition rassemblant l'Autriche, la Russie et l'Empire ottoman fut défaite en 1800. La Grande-Bretagne restait donc seule pour combattre Napoléon Bonaparte, premier consul de la Première République.
Une brève accalmie des hostilités permit à Pitt de concentrer ses efforts sur l'Irlande où un soulèvement eut lieu en 1798 avec le soutien des Français84. En 1800, les parlements britanniques et irlandais adoptèrent l'Acte d'Union qui entra en vigueur le 1er janvier 1801 et rassembla la Grande-Bretagne et l'Irlande dans un seul État appelé Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande. George III profita de l'opportunité pour abandonner le titre de « roi de France » que les souverains anglais et britanniques revendiquaient depuis le règne d'Édouard III85. Il fut suggéré que George III adopte le titre d'« empereur des îles britanniques » mais il refusa16. Dans le cadre de sa politique irlandaise, Pitt envisagea de supprimer certaines restrictions légales frappant les catholiques. George III refusa catégoriquement en avançant que l'émancipation des catholiques serait une violation de son serment de couronnement qui stipulait le maintien du protestantisme dans le royaume86. Devant l'opposition du souverain et de l'opinion publique à ses réformes religieuses, Pitt menaça de démissionner87. Au même moment, le roi recommença à souffrir de troubles mentaux et il accusa les inquiétudes au sujet de la question catholique d'en être la cause88. Pitt fut formellement remplacé le 14 mai 1801 par le président de la Chambre des Communes, Henry Addington. Ce dernier s'opposa à l'émancipation et devant l'état catastrophique des finances, signa la paix avec la France en 180289.
George III ne considérait pas la paix avec la France comme une réalité ; pour lui il s'agissait d'une « expérience90 ». En mai 1803, la guerre recommença mais l'opinion publique n'avait pas confiance en Addington pour mener la guerre et elle demanda le retour de Pitt. Une invasion de l'Angleterre semblait imminente et de nombreux volontaires se présentèrent pour défendre le pays. La revue de 27 000 volontaires par le roi les 26 et 28 octobre 1803 à Hyde Park, au maximum de la peur d'une invasion, attira 500 000 spectateurs91. The Times déclara que « l'enthousiasme de la multitude était au-delà de toute description92 ». George III écrivit à son ami l'évêque Richard Hurd, « nous attendons ici chaque jour que Bonaparte mette à exécution sa menace d'invasion… Si ses troupes parviennent à débarquer, je ne manquerai pas me mettre à la tête des miennes, et de mes autres sujets armés, pour les repousser93 ». Après la victoire de Nelson lors de la bataille navale de Trafalgar, la menace d'une invasion s'éloigna94.
En 1804, George III fut à nouveau affecté par sa maladie récurrente ; après son rétablissement, Addington démissionna et Pitt revint au pouvoir. Pitt envisagea de nommer Fox dans son administration mais George III refusa. William Grenville considéra qu'il s'agissait d'une injustice envers Fox et il refusa de rejoindre le gouvernement16. Pitt concentra tous ses efforts à former une nouvelle coalition avec l'Autriche, la Russie et la Suède. La Troisième Coalition échoua comme les deux précédentes et s'effondra en 1805. La lutte contre la France eut raison de la santé de William Pitt qui décéda en 1806. Grenville devint premier ministre et son Ministère de tous les talents inclut Fox. Le roi se montra conciliant avec lui mais après la mort de Fox en septembre 1806, George III et son gouvernement entrèrent en conflit ouvert. Pour accroître le recrutement de l'armée, l'administration présenta une mesure en février 1807 visant à autoriser les catholiques à servir à tous les grades des forces armées. Non seulement George III refusa cette proposition, mais il fit rédiger par les membres du gouvernement Grenville un accord afin que cette mesure ne soit jamais applicable dans le futur. Les ministres acceptèrent d'abandonner cette législation mais refusèrent de se prononcer sur l'avenir95. Ils furent limogés et William Cavendish-Bentinck devint nominalement premier ministre même si le pouvoir appartenait au chancelier de l'Échiquier Spencer Perceval. Le Parlement fut dissout et l'élection générale de 1807 offrit une large majorité au gouvernement à la Chambre des Communes. George III ne prit pas d'autres décisions importantes durant son règne ; le remplacement de Cavendish-Bentinck par Perceval en 1809 avait peu d'importance96.
Fin de vie
Gravure de George III réalisée par Charles Turner vers 1820
À la fin de l'année 1810, à l'apogée de sa popularité97, George III devint gravement malade, presque aveugle du fait de la cataracte et souffrait de rhumatismes. Il considérait que la maladie avait été déclenchée par la mort de sa plus jeune et fille préférée, la princesse Amélie (en)98. L'infirmière de la princesse rapporta que « les scènes de détresse et de pleurs journaliers… étaient tristes au-delà de la description99 ». En 1811, George III accepta la loi de Régence et le prince de Galles resta prince-régent jusqu'au décès de son père. Malgré des signes de convalescence en mai 1811, le roi avait sombré dans une aliénation complète et permanente et il vécut isolé dans le château de Windsor jusqu'à sa mort100.
Le premier ministre Spencer Perceval fut assassiné en 1812 (il fut le seul Premier ministre britannique victime d'un assassinat) et fut remplacé par Robert Jenkinson. Il présida à la victoire britannique lors des guerres napoléoniennes et le congrès de Vienne accorda d'importants gains territoriaux au Hanovre qui devint un royaume.
Dans le même temps, la santé de George III continua de se dégrader. Il présenta les signes de démence, devint complètement aveugle et de plus en plus sourd. Il fut incapable de comprendre son accession au trône de Hanovre en 1814 ou la mort de son épouse en 1818101. Avant Noël 1819, il parla de manière incohérente pendant 58 heures, et dans les dernières semaines de sa vie, il fut incapable de marcher102.
George III décéda à 20 h 38 le 29 janvier 1820 au château de Windsor, six jours après le décès de son quatrième fils, le prince Édouard-Auguste de Kent. Son fils préféré le prince Frederick d'York l'accompagna dans ses derniers moments103. George III fut inhumé le 16 février dans la chapelle Saint-George du château de Windsor104,105.
Les successeurs de George III, ses fils George IV et Guillaume IV, moururent tous deux sans enfants légitimes. Après leur mort, la seule fille légitime du duc de Kent, Victoria, monta sur le trône et elle devint le dernier monarque de la Maison de Hanovre.
Héritage
George III vécut pendant 81 ans et 239 jours et régna pendant 59 ans et 96 jours. Sa vie et son règne furent plus longs que ceux de tous ses prédécesseurs. Seules Victoria et Élisabeth II ont vécu et régné plus longtemps.
George III fut surnommé « George le fermier » par les satiristes initialement pour moquer son intérêt des sujets prosaïques par rapport aux questions politiques puis pour marquer sa différence par rapport à la grandiloquence de son fils et le représenter comme un homme du peuple106. Sous le règne de George III qui était passionné par l'agriculture107, la révolution agricole atteignit son apogée et de nombreux progrès furent réalisés dans les domaines scientifiques et industriels. La population rurale augmenta fortement et elle fournit une grande part de la main d'œuvre nécessaire à la révolution industrielle108. La collection d'instruments scientifiques et mathématiques de George III est aujourd'hui exposée au Science Museum de Londres ; il finança la construction et l'entretien du télescope de 40 pieds (12,2 m) de focale de William Herschel qui était alors le plus grand au monde109. Lorsque Herschel découvrit la planète Uranus en 1781 avec ce télescope, il la nomma Sidus Georgium (« étoile de George ») en son honneur.
George III espérait que « les langues malveillantes ne peignent pas [ses] intentions dans les couleurs qu'elle admire ou que les flagorneurs ne [le] louent au-delà de ce [qu'il mérite]110 » mais dans l'esprit du public, il a été à la fois diabolisé et loué. Bien que populaire au début de son règne, George devint la cible des révolutionnaires américains111 même si environ la moitié des colons resta loyal à la monarchie112. Les griefs listés dans la Déclaration d'indépendance des États-Unis étaient présentés comme des « injustices et des usurpations répétées » qui avaient pour objectif d'établir une « tyrannie absolue » sur les colonies. Les termes de la Déclaration ont contribué à ce que George III soit considéré comme un tyran par l'opinion américaine. Les études contemporaines sur la vie de George III se divisaient en deux camps : l'un décrivant les « opinions dominantes vers la fin de son règne quand le roi était devenu un symbole vénéré de résistance aux idées et au pouvoir français » tandis que l'autre « tire ses vues sur le roi des âpres luttes partisanes dans les deux premières décennies de son règne et exprime l'opinion de l'opposition dans ses travaux113 ». En s'appuyant sur ce deuxième type d'études, les historiens britanniques du xixe siècle et du début du xxe siècle comme George Trevelyan et Erskine May défendirent des interprétations hostiles du règne de George III. Néanmoins, les travaux de Lewis Bernstein Namier (en) au milieu du xxe siècle qui considérait que George était « énormément calomnié » entraînèrent une réévaluation de sa personnalité et de son règne113. Les historiens de la fin du xxe siècle comme Herbert Butterfield ou Richard Pares tendent ainsi à le traiter avec plus de sympathie en le considérant comme la victime des événements et de la maladie. Ainsi en combattant les colons américains, George III croyait qu'il défendait le droit d'un Parlement élu à lever des taxes et ne cherchait pas particulièrement à étendre son pouvoir ou ses prérogatives114. Les historiens considèrent que durant le long règne de George III, la monarchie continua de perdre son pouvoir politique et elle devint l'incarnation de la moralité nationale16.
Titres, honneurs et armoiries
Titres
4 juin 1738 - 31 mars 1751 : Son Altesse royale le prince George115
31 mars 1751 - 20 avril 1751 : Son Altesse royale le duc d'Édimbourg
20 avril 1751 - 25 octobre 1760 : Son Altesse royale le prince de Galles
25 octobre 1760 - 29 janvier 1820 : Sa Majesté le roi
En Grande-Bretagne, George III portait le titre officiel de « George III, par la Grâce de Dieu, roi de Grande-Bretagne, de France et d'Irlande, Défenseur de la Foi, etc. » En 1801, lorsque la Grande-Bretagne s'unit avec l'Irlande, il abandonna le titre de roi de France que tous les souverains anglais et britannique revendiquaient depuis Édouard III85. Son titre devint alors « George III, par la Grâce de Dieu, roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, Défenseur de la Foi116 ».
En Allemagne, il était duc de Brunswick et de Lunebourg, architrésorier et prince-électeur du Saint-Empire romain germanique jusqu'à la dissolution du Saint-Empire en 1806. Il resta alors duc jusqu'à ce que le congrès de Vienne ne le proclame roi de Hanovre en 1814116.
Honneurs
1749 : Chevalier du très noble Ordre de la Jarretière
1760 : Souverain du très noble Ordre de la Jarretière
1760 : Chevalier du très ancien et très noble Ordre du Chardon
1760 : Souverain du très noble et très ancien Ordre du Bain
1783 : Souverain du très honorable ordre de Saint-Patrick
1815 : Souverain de l'Ordre royal des Guelfes
1818 : Souverain du très distingué Ordre de Saint-Michel et Saint-Georges
Armoiries
Avant son accession au trône, George III portait les armoiries royales différenciées par un lambel de cinq points azur dont le point central portait une fleur de lys or. À la mort de son père, il hérita des armoiries de George II et de son lambel simple de trois points argent117.
De son accession au trône à 1800, George III porta les armoiries royales de Grande-Bretagne et de Hanovre superposées : Écartelé, au 1, trois lions passant en pal or (qui est Angleterre), au lion de gueules, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même (qui est Écosse), au 2, d'azur, trois fleurs de lys or (qui est France), au 3, d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent (qui est Irlande), au 4, sur le tout tiercé en pairle renversé (qui est Hanovre), 1, de gueules, à deux léopards d'or ; 2, d'or (pour le Brunswick), semé de cœurs de gueules, au lion d'azur (qui est Lunebourg), armé et lampassé du deuxième, brochant sur le tout ; 3, de gueules, au cheval cabré d'argent (qui est Westphalie) ; sur le tout de gueules à la couronne de Charlemagne d'or118.
Armoiries de 1751 à 1760 du prince George de Galles
Armoiries de 1760 à 1801 du roi George III de Grande-Bretagne
Armoiries de 1801 à 1816 du roi George III du Royaume-Uni
À la suite de l'Acte d'Union, les armoiries royales furent amendées et le quart français fut supprimés. Ils devinrent : Écartelé, au 1 et 4, Angleterre ; au 2, Écosse ; au 3, Irlande ; sous un écusson du Hanovre surmonté par le calot d'électeur119. En 1816, lorsque l'électorat devint un royaume, le calot électoral devint une couronne120.
Armoiries de 1816 à sa mort
Merci WIKI !!!http://fr.wikipedia.org/wiki/George_III_du_Royaume-Uni
Dernière édition par Reinette le Sam 27 Sep 2014, 19:43, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Je vais maintenant consciencieusement lire tout ça. Si quelqu'un peut apporter commentaires, compléments ou critiques, ne pas hésiter ! Je veux mieux connaître ce roi. Et ceux qui l'entourent.
Déjà, il me faut absolument trouver La Folie du roi George III.
Déjà, il me faut absolument trouver La Folie du roi George III.
Invité- Invité
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Reinette a écrit:
Je viens de copier la bio de George III proposée par WIKI et je cherchais où la placer.
Peut-être devrions-nous modifier ce sujet en L'Angleterre au XVIIIème siècle.
Je compte sur vous tous, et notamment notre chère Outremanche quand elle trouvera le temps, pour compléter ce sujet ! :;\':;\':;
J'y cours !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Reinette a écrit:
Guerre d'indépendance des États-Unis
À la suite de la Boston Tea Party, les colons commencèrent à refuser la tutelle britannique et les colonies se dotèrent de gouvernements autonomes. Les tensions s'accrurent et les soldats britanniques affrontèrent les miliciens américains lors de la bataille de Lexington et Concord en avril 1775. Les pétitions destinées à obtenir un règlement pacifique de la dispute furent ignorées par le Parlement britannique et les chefs indépendantistes furent qualifiés de traîtres par la Couronne.
1778, les Mémoires Secrets .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Passionnante la vie de George III d'Angleterre que je connaissais très mal. Alors il était le grand père de Victoria ? Victoria était la fille du duc de Kent, mais...qui était le duc de Kent? je m'en vais vérifier....
Par ailleurs, je viens de finir un livre passionnant que j'avais acheté il y a quelques années au musée de la marine de Madrid et bien rangé dans ma bibliothèque. Il n'y a pas longtemps son titre m'a fortement attirée comme au moment où je l'avais acheté, mais cette fois-ci, je l'ai lu, il s'agit de " L'Espagne et l'Indépendance des Etats Unis"
par Thomas E. Chávez, historien chercheur, conservateur des musées de New Mexique.
Dans ce livre E. Chávez parle de la méconnaissance du monde pour l'énorme participation de l'Espagne dans l'Indépendance des Etats Unis, en apportant des grandes quantités d'argent, armes et hommes. Il parait que Georges Washington était grand admirateur du roi Carlos III (fils de Felipe V et arrière petit fils de Louis XIV) et maintenait avec lui une correspondance soutenue....
Par ailleurs, je viens de finir un livre passionnant que j'avais acheté il y a quelques années au musée de la marine de Madrid et bien rangé dans ma bibliothèque. Il n'y a pas longtemps son titre m'a fortement attirée comme au moment où je l'avais acheté, mais cette fois-ci, je l'ai lu, il s'agit de " L'Espagne et l'Indépendance des Etats Unis"
par Thomas E. Chávez, historien chercheur, conservateur des musées de New Mexique.
Dans ce livre E. Chávez parle de la méconnaissance du monde pour l'énorme participation de l'Espagne dans l'Indépendance des Etats Unis, en apportant des grandes quantités d'argent, armes et hommes. Il parait que Georges Washington était grand admirateur du roi Carlos III (fils de Felipe V et arrière petit fils de Louis XIV) et maintenait avec lui une correspondance soutenue....
Teresa-Cabarrus- Messages : 364
Date d'inscription : 18/02/2014
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Reinette a écrit:Commençons donc comme il se doit par le roi George III. Je ne le connais pas assez.
A mon avis s'il détestait tant les whigs, il devait avoir de bonnes raisons. J'aimerais creuser le personnage. Notamment ses rapports difficiles avec son fils. Je me rappelle d'une bio que nous avait fait partager la Princesse.
Très intriguée par ce roi , je l'avais achetée puis revendue car assez décevante . Quels regrets d'être trop paresseuse pour lire en anglais un ouvrage entier ...ce roi n’intéressant pas les français....
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Teresa-Cabarrus a écrit:Passionnante la vie de George III d'Angleterre que je connaissais très mal. Alors il était le grand père de Victoria ? Victoria était la fille du duc de Kent, mais...qui était le duc de Kent? je m'en vais vérifier....
La valse du duc de Kent :\\\\\\\\: :;\':;\':;
C'est le 5ème enfant de George III et de Charlotte, le frère de George IV et le grand père de Victoria.
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Clio, tu nous fais ton Lulu ?!! :
:\\\\\\\\:
Merci !
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Je ne lui arrive même pas à la cheville ... Il nous dégote des Acary à la louche
mais un gros faible pour George III .
mais un gros faible pour George III .
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Je suis sûre que ce roi est beaucoup plus intéressant qu'il n'en a l'air.
Invité- Invité
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Merci chère Clio pour l'arbre généalogique de George III 3196910
Teresa-Cabarrus- Messages : 364
Date d'inscription : 18/02/2014
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