L'athéïsme du XVIIIème siècle

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Message par Mme de Sabran Dim 28 Jan 2018, 17:45

L'athéïsme du XVIIIème siècle 2106

Philosophes sans Dieu. Textes athées clandestins du XVIIIe siècle  L'athéïsme du XVIIIème siècle A_01AN%7E1
Jean-Luc Chappey
réunis par Gianluca Mori et Alain Mothu, Paris, Honoré Champion, 2005, 400 p., ISBN : 2-7453-1251-0, 65 €.


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Méconnu ou objet d’interprétations qui en réduisent la portée, l’athéisme constitue pourtant un des phénomènes majeurs dans la pensée du XVIIIe siècle.    Very Happy   C’est à travers la présentation précise et exhaustive d’une dizaine de textes plus ou moins connus, rédigés entre le début et la fin du siècle, que G. Mori et A. Mothu proposent de redécouvrir l’originalité et l’importance des « philosophes sans dieu » dans la dynamique intellectuelle des Lumières.
S’attachant autant à l’étude des modalités sociales de production, de publication et de circulation de ces textes souvent anonymes qu’à l’analyse des stratégies narratives et des thèmes qu’ils contiennent, les auteurs parviennent à faire émerger les diverses facettes d’un courant dont ils dévoilent la complexité.
Utilisées à partir des années 1770 par les anti-Lumières pour stigmatiser leurs adversaires, les notions d’« athées » et d’« athéisme » ont pu laisser croire à l’existence d’un courant socialement homogène et théoriquement cohérent qui n’aurait cessé de se renforcer tout au long du siècle pour jouer un rôle crucial dans le « complot » révolutionnaire.L'athéïsme du XVIIIème siècle Balance1
Or, s’écartant des réifications et autres simplifications téléologiques, cet ouvrage reconstitue au contraire l’épaisseur d’un athéisme qui ne saurait être réduit à une « école ».
Loin d’en donner une définition a priori ou trop réductrice (l’athéisme ne pouvant se réduire à un discours antireligieux), les auteurs insistent sur la nécessaire contextualisation qui permet d’étudier les modalités thématiques et narratives à partir desquelles se construit le statut du texte et la posture sociale de l’« athée ». Considérant l’athéisme comme le produit d’une opération d’écriture, les auteurs étudient ainsi les divers outils utilisés pour construire cette position dont ils analysent les différents enjeux. Par là, il apparaît que l’athéisme – loin de former un bloc de doctrines uniformes où réunir des textes appartenant à un genre identifiable – se caractérise au contraire par sa très grande hétérogénéité et plasticité.

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À bien des égards, les différents textes    study  proposés sont « inclassables » par le caractère hybride de leur composition narrative et théorique. Or, c’est justement ce statut hybride qui en constitue l’originalité et le caractère novateur : comme le montrent de manière érudite et convaincante les auteurs, l’athéisme constitue à proprement parler un « lieu » d’écriture expérimentale, un espace d’élaboration conceptuelle et de posture sociale qui occupe – en dépit de son caractère clandestin et souvent marginal dans l’ordre des productions – une place majeure dans la dynamique intellectuelle et les grands débats de la période. Loin de devoir être recherché dans un corps de doctrines pré-construites, l’athéisme renvoie à diverses actions d’écriture à partir desquelles se construisent – dans des contextes particuliers – des positions critiques, voire subversives, mettant en cause les cadres doxologiques des croyances, des vérités et des dogmes établis.
 C’est autant dans l’analyse du contenu que dans l’étude du caractère souvent « inclassable » du texte qu’il convient d’en mesurer la portée : résistant aux cadres dominants et rassurants de classification des genres d’écriture, le texte athée se caractérise par ses effets de brouillage des formes narratives et des genres de production. Entre le traité de morale (du Marsais) et l’essai scientifique (Henri de Boulainvilliers et sa tentative d’une cosmogonie générale), entre le roman et la fable, l’impossible normalisation du texte athée renvoie au caractère fluide et mouvant d’un discours qui ne cesse d’utiliser les ressources rhétoriques et théoriques du contexte particulier au sein duquel il émerge. Les stratégies de brouillage sont en effet au cœur du dispositif athée.
Loin de pouvoir être réduit à une simple réaction ou réponse univoque à la religion et à l’Église catholique, l’athéisme constitue ainsi un cadre d’innovation rhétorique et d’invention théorique : les auteurs détaillent ainsi les différentes stratégies de construction du texte à partir desquelles, et souvent sous couvert du masque du conformisme, se met en place le travail de déconstruction et de sape des dogmes.

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En nous faisant découvrir cette pragmatique de l’athéisme, les auteurs n’en soulignent que plus l’apport de ces textes à la dynamique intellectuelle du XVIIIe siècle : cherchant à créer un écart et un déplacement face aux théories dominantes, les athées puisent largement dans des théories étrangères ou marginales jouant un rôle majeur autant dans les phénomènes de transferts et d’acclimatations en France de théories étrangères (l’athéisme jouant ainsi un rôle majeur dans le processus de médiation intellectuelle entre la France et l’Angleterre notamment) que dans la « conservation » d’idées considérées comme fausses ou aberrantes.
Il apparaît ainsi que l’athéisme, loin d’être un courant marginal, occupe une place fondamentale dans les débats intellectuels du XVIIIe siècle, dépassant largement la question religieuse. Ainsi, dans Sur les preuves de l’existence de Dieu (1715-1720), le jeune avocat André-Robert Perelle, qui introduit la possibilité d’un monde sans Dieu et dépendant du seul mouvement des particules élémentaires, s’appuie sur des « nouveautés scientifiques » venues d’Outre-Manche, en particulier les théories de Newton qu’il contribue à introduire en France.


Frontispice des Éléments de la philosophie de Newton, Voltaire, 1738.

L'athéïsme du XVIIIème siècle 929


Utilisant Newton de manière rudimentaire, Perelle parvient à infléchir les thèses de Descartes dans un sens original qui rompt avec les lectures « officielles ». Dans ce jeu complexe visant toujours à créer un décalage face aux « vérités », la Lettre de Thrasybule à Leucippe (1720-1725) de Nicolas Freret constitue indéniablement un texte de premier plan. La position d’athée de l’auteur se construit à partir de son statut éminent au sein des institutions intellectuelles consacrées : or, il utilise justement sa position d’érudit et d’historien pour revendiquer une position d’écart et de retrait face aux différents « systèmes » de pensées. Il se construit ainsi une position d’anti-conformiste : en s’interrogeant sur l’histoire des religions – ravalées chez lui au rang de fables -, il met en place une pensée radicalement empiriste et matérialiste dont on pourrait retrouver l’écho plus tardivement chez Dupuis. Dénonçant le caractère chimérique des croyances religieuses, présentées comme des produits de l’imagination, Freret utilise par ailleurs plusieurs genres d’écriture et joue sur différents registres de savoirs qui contribuent à renforcer davantage son entreprise de démolition.

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Dans ce parcours dont on ne peut que souligner l’intérêt, les années 1770 marquent bien (ici comme ailleurs) un tournant, une rupture caractérisée par un double mouvement de radicalisation des critiques (comme l’illustre le texte connu sous le titre Jordanus Brunus Redividus publié avant 1771 et constitué à partir d’une marqueterie de textes antérieurs), mais aussi de formalisation. Comme le montrent G. Mori et A. Mothu, c’est en effet à partir des années 1770 que la notion d’athéisme est revendiquée comme un marqueur d’identité et de reconnaissance. Menées par des réseaux proches des milieux de l’imprimerie et de la librairie (en particulier le réseau bien connu de la coterie d’Holbach), on voit émerger de véritables entreprises de normalisation théorique d’un athéisme en construction qui cherche à se donner une visibilité et une cohérence à travers la valorisation d’auteurs et de textes antérieurs qui, placés dans ce nouveau contexte de « publication », acquierent un statut athée. On voit ainsi se forger progressivement un véritable corpus théorique et social de l’athéisme, entreprise qui s’inscrit pleinement dans les luttes doctrinales des années 1770-1780. Le tour d’horizon s’achève avec le baron d’Holbach et son De la Raison, petit texte original, s’inscrivant dans la vaste entreprise éditoriale de publication d’inédits fictifs menée par Naigeon et l’éditeur d’Amsterdam Rey. À travers un jeu de masque, d’Holbach brouille les pistes et propose un véritable « bricolage » rhétorique et théorique mêlant traductions et citations à partir duquel le lecteur est amené à découvrir un projet intellectuel fondé sur la promotion d’une pensée rationnelle et la valorisation d’un « école » de pensée athéiste que le texte construit en même temps qu’il légitime. En insistant sur les différentes dynamiques de publication, en croisant l’histoire sociale et l’histoire des idées, G. Mori et A. Mothu parviennent à renouveler en profondeur notre regard sur l’athéisme du XVIIIe siècle et sur ses enjeux. S’il convient de ne pas en exagérer l’influence et la portée – comme le montrent les travaux sur la « culture » des députés de l’Assemblée constituante par exemple – il convient de constater que l’athéisme a incontestablement joué un rôle majeur dans le renouvellement, l’expérimentation et la recherche de nouvelles voies possibles dans la pensée des Lumières, ouvrant ainsi de nombreuses perspectives de questionnements et de recherches.


Référence papier

Jean-Luc Chappey, « Philosophes sans Dieu. Textes athées clandestins du XVIIIe siècle », Annales historiques de la Révolution française, 345 | 2006, 209-211.

Référence électronique
Jean-Luc Chappey, « Philosophes sans Dieu. Textes athées clandestins du XVIIIe siècle », Annales historiques de la Révolution française [En ligne], 345 | juillet-septembre 2006, mis en ligne le 08 juillet 2008, consulté le 28 janvier 2018. URL : http://journals.openedition.org/ahrf/7343


Le substitut (  Eventaille  )
Fête de l'Être suprême du 8 juin 1794, lors de laquelle Robespierre fait brûler une statue représentant l'athéisme, jugé trop "aristocratique".

L'athéïsme du XVIIIème siècle 928


Ne croyez pas que vous couperez à une petite blagounette athée de l'ami Chamfort !  L'athéïsme du XVIIIème siècle 693620883

M... me disait que madame de Coislin, qui tâche d’être dévote, n’y parviendrait jamais, parce que, outre la sottise de croire, il fallait, pour faire son salut, un fond de bêtise quotidienne qui lui manquerait trop souvent ; « et c’est ce fonds, ajoutait -il, qu’on appelle la grâce. »

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Message par Mme de Sabran Jeu 01 Fév 2018, 11:50



...    et cette autre !   ( Eventaille  )

Un catholique de Breslau vola, dans une église de sa communion, des petits cœurs d’or et autres offrandes. Traduit en justice, il dit qu’il les tient de la Vierge. On le condamne. La sentence est envoyée au roi de Prusse pour la signer, suivant l’usage. Le roi ordonne une assemblée de théologiens pour décider s’il est rigoureusement impossible que la Vierge fasse à un dévot catholique de petits présents. Les théologiens de cette communion, bien embarrassés, décident que la chose n’est pas rigoureusement impossible.
Alors le roi écrit au bas de la sentence du coupable:
"Je fais grâce au nommé N.... ; mais je lui défends, sous peine de la vie, de recevoir désormais aucune espèce de cadeau de la Vierge ni des Saints. "

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Message par Duc d'Ostrogothie Sam 03 Fév 2018, 08:20

Mme de Sabran a écrit:

Ne croyez pas que vous couperez à une petite blagounette athée de l'ami Chamfort !  L'athéïsme du XVIIIème siècle 693620883

M... me disait que madame de Coislin, qui tâche d’être dévote, n’y parviendrait jamais, parce que, outre la sottise de croire, il fallait, pour faire son salut, un fond de bêtise quotidienne qui lui manquerait trop souvent ; « et c’est ce fonds, ajoutait -il, qu’on appelle la grâce. »

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Message par Trianon Sam 03 Fév 2018, 15:12

Eventaille Eventaille
Oui Duc, les 2 blagounettes sont tordantes, je voulais dire bidonnantes pour être plus respectueuse (.Eventaille). Pour la deuxième, l'image n'est guère flatteuse pour le roi de Prusse.
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Message par Mme de Sabran Dim 04 Fév 2018, 16:15



J’ai entendu un dévot, parlant contre des gens qui disent des articles de foi, dire naïvement : « Messieurs, un vrai chrétien n’examine point ce qu’on lui ordonne de croire. Tenez, il en est de cela comme d’une pillule amère, si vous la mâchez, jamais vous ne pourrez l’avaler. »

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Message par Duc d'Ostrogothie Dim 04 Fév 2018, 22:41

Un ambassadeur turc demandait au grand duc de Toscane pourquoi on ne voyait point à Florence autant de fous qu'au Caire.
Il lui montra un monastère et lui dit :
"Voilà où nous les renfermons". geek
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Message par Mme de Sabran Dim 04 Fév 2018, 22:44


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Message par Duc d'Ostrogothie Dim 04 Fév 2018, 22:54

Une autre pour la route... Hop! :

A propos du duc d'Orléans, que Saint Simon n'arrivait pas à ramener à la religion :
"Son grand faible en ce genre était de se piquer d'impiété et d'y vouloir surpasser les plus hardis."

Sur sa fâcheuse tendance à lire Rabelais pendant la messe : Eventaille

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Message par Mme de Sabran Dim 04 Fév 2018, 23:03

Duc d'Ostrogothie a écrit:

Sur sa fâcheuse tendance à lire Rabelais pendant la messe

Tout le monde n'a pas la studieuse piété de Ta Grâce . Eventaille Eventaille Eventaille

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Message par Mme de Sabran Lun 05 Fév 2018, 18:11



Le Régent, à l'abbé Dubois qui ceignait le chapeau de cardinal :

" - Profitez-en donc pour vous faire baptiser ! "

L'athéïsme du XVIIIème siècle 170942358

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Message par Duc d'Ostrogothie Lun 05 Fév 2018, 20:19

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Message par Mme de Sabran Ven 25 Mai 2018, 18:30

Le chevalier de Cubières écrivait à Mme de Beauharnais :  L'athéïsme du XVIIIème siècle 1362

« Faites des hymnes à l’Amour et ne chantez point les hymnes de l’Église; ne vous donnez point la discipline surtout, et croyez à Voltaire au lieu de croire au pape. »  (  Eventaille  )

( Les frères Goncourt )

Notre sujet sur Fanny de Beauharnais et Cubières est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3528-michel-de-cubieres-et-fanny-de-beauharnais?highlight=BEAUHARNAIS

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Message par Lucius Ven 25 Mai 2018, 19:29

Duc d'Ostrogothie a écrit:Un ambassadeur turc demandait au grand duc de Toscane pourquoi on ne voyait point à Florence autant de fous qu'au Caire.
Il lui montra un monastère et lui dit :
"Voilà où nous les renfermons". geek

Au delà de l'effet de manche, cette explication n'est pas infondée. Le monastère est bien le lieu où les familles qui peuvent se le permettre mettent leurs membres atteints de troubles et handicapes mentaux.

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Message par Mme de Sabran Ven 25 Mai 2018, 19:40

... un peu comme pour s'en débarrasser . Sad

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Message par Mme de Sabran Jeu 14 Juin 2018, 23:13



Je suis toujours dans les Goncourt et leur vision de la société pendant la Révolution ... L'athéïsme du XVIIIème siècle 1123740815

« Le pape et les moines finiront sans doute, écrivait le roi de Prusse à Voltaire, le 12 juillet 1777; leur chute ne sera pas l’ouvrage de la raison, mais ils périront à mesure que les finances des grands États se dérangeront. En France, quand on aura épuisé tous les expédients pour avoir des espèces on sera forcé de séculariser les couvents et les abbayes. » La prédiction du roi philosophe est réalisée.

On sait le conseil que Mme Roland écrivait à Lanthenas, le 30 juin 1790 :
« … Faites donc vendre des biens ecclésiastiques. Jamais nous ne serons débarrassés des bêtes féroces, tant qu’on ne détruira pas leurs repaires. Adieu, brave homme; je me moque du sifflement des serpents. Ils ne sauraient troubler mon repos. »

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Message par Mme de Sabran Ven 18 Déc 2020, 09:56

Au moment où la philosophie était en train de remplacer la religion au sein des élites, la marquise de Boufflers  ( la bonne amie du roi Stanislas )  revendiquait avec humour son athéisme.  C'est ainsi qu'au sortir d'un sermon aussi long qu'insipide, on l'entendit dire : " La foi c'est comme l'Arche de Noë; les hommes en sont sortis depuis longtemps; il n'y reste plus que quelques bêtes attardées."
Telle mère, tel fils.  Le chevalier de Boufflers au grand séminaire de Saint-Sulpice à Paris, où se formaient les futurs grands prélats de France et de Navarre, troubla bien vite l'ambiance pieuse mettant de l'encre dans les bénitiers, ou des feuilles d'orties dans les lits de ses condisciples.  La publication de la Reine de Golconde, roman olé olé dont il était l'auteur, fut la goutte qui fit déborder le vase.  Il quitta le séminaire et écrivit à son précepteur, le petit abbé Porquet, qu'il " ne s'était pas senti assez fripon pour être évêque, ni assez faux pour être cardinal. Eventaille

( source : Benoît Florin, Quand l'esprit était français, Nicolas de l'Isle, chevalier des Lumières )

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Message par La nuit, la neige Ven 18 Déc 2020, 17:24

Deux phénomènes, en effet ! Eventaille
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Message par Mme de Sabran Mer 28 Avr 2021, 23:01

Je picore les Lettres persanes de Montesquieu ...  L'athéïsme du XVIIIème siècle Tzolz322
En voici une, remarquable, qui nous donne à méditer une très lucide leçon de laïcité, me semble-t-il .  L'athéïsme du XVIIIème siècle A_01an15


Je vois ici des gens qui disputent sans fin sur la religion ; mais il me semble qu'ils combattent en même temps à qui l'observera le moins.   Non seulement ils ne sont pas meilleurs chrétiens, mais même meilleurs citoyens, et c'est ce qui me touche car dans quelque religion qu'on vive, l'observation des lois, l'amour pour les hommes, la pitié envers les parents,  sont toujours les premiers actes de religion. En effet le premier objet d'un homme religieux ne doit-il pas être de plaire à la divinité qui a établi la religion qu'il professe ?  Mais le moyen le plus sûr pour y parvenir est sans doute d'observer les règles de la société et les devoirs de l'humanité, car en quelque religion qu'on vive, dès qu'on en suppose une il faut bien que l'on suppose aussi que Dieu aime les hommes, puisqu'il établit une religion pour les rendre heureux, que s'il aime les hommes on est assuré de lui plaire en les aimant aussi, c'est à dire en exerçant envers eux tous les devoirs de la charité et de l'humanité, et en ne violant point les lois sous lesquelles ils vivent .   Par là on est bien plus sûr de plaire à Dieu qu'en observant telle ou telle cérémonie, car les cérémonies n'ont point un degré de bonté par elles-mêmes.  Elles ne sont bonnes qu'avec égards et dans la supposition que Dieu les a commandées.  Mais c'est la matière d'une grande discussion, on peut facilement s'y tromper car il faut choisir les cérémonies d'une religion entre celle de deux mille.  ( Excellent !  Eventaille  )
Un homme faisait tous les jours à Dieu cette prière :  " Seigneur, je n'entends rien dans les disputes que l'on fait sans cesse à votre sujet.  Je voudrais vous servir selon votre volonté, mais chaque homme que je consulte veut que je vous serve à la sienne.  Lorsque je veux vous faire ma prière, je ne sais en quelle langue je dois vous parler. Je ne sais pas non plus dans quelle posture je dois me mettre : l'un dit que je dois vous prier debout, l'autre veut que je sois assis, l'autre exige que mon corps porte sur mes genoux.  Ce n'est pas tout, il y en a qui prétendent que je dois me laver tous les matins avec de l'eau froide; d'autres soutiennent que vous me regarderez avec horreur si je ne me fais pas couper un petit morceau de chair.   Il m'arriva l'autre jour de manger un lapin dans un caravansérail.  Trois hommes qui étaient auprès de là me firent trembler. Ils me soutinrent tous trois que je vous avais grièvement offensé, l'un parce que cet animal était immonde, l'autre parce qu'il était étouffé, l'autre enfin parce qu'il n'était pas poisson.  Un brahmane qui passait par là et que je pris pour juge me dit : " Ils ont tort car apparemment vous n'avez pas tué vous-même cet animal.  Si fait, lui dis-je.  Ah ! vous avez commis une action abominable et que Dieu ne vous pardonnera jamais, me dit-il d'une voix sévère. Que savez-vous si l'âme de votre père n'était pas passée dans cette bête ? "
Toutes ces choses, Seigneur, me jettent dans un embarras inconcevable. Je ne puis remuer la tête que je ne sois menacé de vous offenser; cependant je voudrais vous plaire et employer à cela la vie que je tiens de vous.  Je ne sais si je me trompe mais je crois que le meilleur moyen pour y parvenir est de vivre en bon citoyen dans la société où vous m'avez fait naître,  et en bon père dans la famille que vous m'avez donnée
.

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