L'Angleterre au XVIIIème siècle .
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Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Je profite de l'ouverture de ce sujet pour bouturer notre regrettée Princesse .
Madame de Chimay a écrit :
L’Angleterre des Pitt
Source : Les Pitt : L’Angleterre face à la France ( 1708-1806 ) par Edmond Dziembowski
Perrin : 25 euros
Voici ce que dit la quatrième de couverture :
« L’histoire ne se répète jamais . Le destin des deux Pitt apporte pourtant la preuve du contraire . Les deux hommes , qui dominèrent la vie politique de leur temps pendant deux générations , s’avérèrent aussi déterminés l’un que l’autre contre la France . Le père, au moment de la guerre de Sept Ans ( 1756-1763 )en s’attaquant à l’empire colonial de Louis XV ; le fils , en organisant et en finançant les trois premières coalitions contre la France révolutionnaire et impériale ( 1792-1805 ).
William Pitt , dit le premier Pitt , né en 1708 , entré aux Communes en 1735 , est porté au pouvoir en 1757, alors que son pays connaît les pires déboires dans la guerre de Sept Ans où s’opposent Français et Anglais à la fois sur mer et sur terre. Il y déploie une combativité indomptable , un peu comme le fera Churchill en 1940 , et finit par triompher des Français en Inde et au Canada. Mais dans l’incapacité de s’entendre avec le roi Georges III, il démissionne en 1761.
Son fils William , dit le second Pitt , né en 1759 , devient premier ministre à l’âge de 24 ans et gouverne pratiquement l’Angleterre jusqu’à sa mort. A l’intérieur , son œuvre économique et administrative est considérable . A l’extérieur , il se montre l’un des ennemis les plus farouches de la France révolutionnaire puis impériale. C’est lui la véritable âme de la troisième coalition , laquelle est brisée à Austerlitz.
Lorsque Pitt meurt en 1806, la France paraît avoir pris le dessus sur sa rivale, isolée et en proie à une grave crise intérieure. En réalité , la victoire de Trafalgar , qui confère à l’Angleterre une supériorité navale définitive , porte en elle les germes de la fin de l’Empire et le début de la suprématie anglaise. »
Edmond Dziembowski , né en 1958 , est agrégé d’histoire et maître de conférences en histoire moderne à l’université de Franche Comté ( Besançon ). Spécialiste de la culture politique française et britannique au XVIIIe siècle, il est l’auteur d’un nouveau patriotisme français , 1750-1770. La France face à la puissance anglaise à l’époque de la guerre de Sept Ans ( Oxford Voltaire Foundation , 1998 ) .
Il convient de se pencher sur les origines de cette famille qui a joué un rôle si déterminant dans l’histoire .
Je cite Dziembowski : « Les Pitt sont originaires de la ville de Blandford , dans le comté de Dorset . William Pitt est issu de la branche cadette.
C’est l’ancêtre Thomas Pitt ( grand père de William ) qui fit sortir cette famille de l’anonymat. Thomas Pitt naquit à Blandford en 1653 . Fils cadet d’un modeste clergyman , il rompit de manière fracassante avec la ruralité et l’honorabilité discrète de ses ancêtres . En 1673 , attiré par le grand large, il se lança dans le négoce. Avide de richesses , il se mit à commercer frauduleusement en méprisant souverainement le monopole des compagnies de commerce . En quelques années, il devint un des piliers de l’interlope dans l’océan indien . Dans le monde des trafiquants , son nom commença à susciter un certain respect . Il trafiqua en toute impunité pendant une dizaine d’années . A l’âge de 30 ans , il arrêta tout dans le désir de se fixer.
Son but n’était autre que de s’acheter une conduite. Pour ce faire, il acheta à Lord Salisbury le beau domaine de Stratford upon the Castle . l’ex-trafiquant devenait country gentleman. Cet enracinement dans la Gentry effaça ses origines douteuses du nouveau riche. En 1688, la Compagnie des Indes l’accueillit même en son sein. Le monopole de la Compagnie des Indes était menacé et il lui fallait renforcer au plus vite sa présence en Inde. Thomas Pitt fut donc dépêché en Inde . Il fut nommé gouverneur du fort de Saint George de Madras et président de la Compagnie en Inde et à Sumatra. Il resta 11 ans à Madras, remit à flot la Compagnie des Indes et en profita au passage pour augmenter sa fortune. En 1702, il fit l’acquisition d’un énorme diamant de 410 carats . Ramené dans le plus grand secret en Angleterre , le gemme fut vendu en 1717 à Laurent Rondet, joailler de la Cour de France . Devenu un splendide diamant de 136 carats , il entrera dans la légende des pierres précieuses sous le nom du régent.
A son retour en Angleterre , il fut pris d’une frénésie d’achats immobiliers. Simultanément , il inséra sa progéniture dans le petit club des familles dominantes . Ses enfants contractèrent des mariages très prestigieux. La mieux lotie fut Lucy , l’aînée des deux filles , qui épousa Lord Stanhope , le héros de la Guerre de Succession d’Espagne et l’homme politique le plus en vue au début du règne de Georges Ier.
Il se fit aussi élire aux Communes où il siégea dans les rangs des whigs.
Il se comportait en despote au sein de sa famille et bientôt son fils aîné Robert entra en conflit avec lui. Ecrasé par son père, il entra en rébellion et choisit d’aller s’asseoir parmi les tories. Robert eut sept enfants dont le fameux William.
Majesté :
Le voici donc, ce fameux Régent :
Bien à vous .
Kiki :
Merci beaucoup Majesté. A l'origine, le diamant faisait 426 carats. Thomas Pitt le vendit au régent en 1717. C'est le plus beau diamant du monde.
Louis XV et Louis XVI portèrent ce diamant sur leur couronne. Volé en 1792 puis en 1793 , Napoléon réussit à remettre la main dessus.
Madame de Chimay :
Voici ce que dit l’auteur du livre déjà cité : « William Pitt nait le 15 novembre 1708. Il se distingua par son intelligence, sa conduite arrogante , insolente et excentrique. Il suivit un parcours classique : études à Eton, puis au Trinity College d’Oxford, connue pour être un bastion du torysme et un appui au prétendant Stuart. En 1728, il termina ses études par un bref séjour aux Provinces Unies , à l’université d’Utrecht.
Comme beaucoup d’anglais, Pitt pratiquait parfaitement la langue de Molière.
Comme chacun sait , les familles anglaises de la noblesse et de la gentry envoyaient leurs enfants parfaire leur éducation au contact des deux pays qui étaient considérés comme les plus raffinés du monde : l’Italie et la France. Pitt traversa le Channel au printemps 1733. Comme ses moyens financiers étaient limités , son périple se borna à la France.
Il ne s’attarda pas à Paris mais gagna Besançon au plus vite. Il avait l’intention d’y passer l’été, peut-être pour rétablir sa santé au contact du grand air. Muni de lettres de l’ambassadeur, le jeune homme fut vite introduit dans la société locale. Pitt n’était pas un ascète ; ses lettres nous révèlent un homme amateur de bonne chère et fort sensible au contact du beau sexe.
Citons aussi les autres villes visitées : Marseille, Montpellier, Lyon, Genève. Il passa l’hiver à Lunéville où il passa l’hiver. Au début de l’année 1734 , il était de retour en Angleterre.
Le 18 février 1735, William Pitt devint MP ( membre du parlement ). Sa vie se confond désormais avec le microcosme de Westminster. «
Donc soulignons cette bonne connaissance de la France par William Pitt.
"Les gouvernements étrangers n'ont vu d'abord dans les événements de 1789 qu'un phénomène d'ordre intérieur dont le principal résultat, comme l'a dit Burke, serait de bouleverser et pour longtemps affaiblir la France. Cette France est, en effet, un commun objet d'envie. Elle est trop riche, elle est trop forte et trop unie. Rassemblée par un travail séculaire, les troubles actuels peuvent fournir l'occasion de l'amputer ou tout au moins de la paralyser.
Le cabinet de Londres, dirigé par William Pitt, y compte bien. Les subsides qu'il a répartis, les agents qu'il a implantés n'ont pas été inutiles. La monarchie française va payer, et chèrement, la guerre de l'Indépendance américaine. Ce qu'il veut, avec l'oligarchie anglaise dont il est le chef, c'est ruiner la dynastie, lui substituer à la première occasion, avec le duc d'Orléans, une royauté privée de base, par là plus facile à dominer. En attendant, la Révolution fait merveilleusement le jeu de l'Angleterre. Elle lui laisse les mains libres en Europe, et dans le monde lui livre les marchés commerciaux où la concurrence française était devenue gênante. Elle lui permettra peut-être de s'emparer de nos dernières colonies."
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
CLIOXVIII a écrit:Je ne lui arrive même pas à la cheville ... Il nous dégote des Acary à la louche
mais un gros faible pour George III .
George III est le sujet de l'un des portraits brossés par Gaston de Lévis .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Puisque, ici, nous parlons de l'Angleterre au XVIIIème siècle, je rappelle que nous avons un sujet sur le siège de Gibraltar où, aux côtés de l'armée espagnole, nous avons essayé de chasser les Anglais du rocher .
C'est un épisode marquant du règne de Louis XVI.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Elle ajoute :
Mme de Staël eut tort d'hésiter à l'épouser, je l'écris à regret, elle fut de mes amies, elle aurait connu là toutes les occasions qu'elle a manquées de faire du mal à la France, par dépit de n'avoir pu la diriger.
Depuis ce temps, le monde est anglais. Les capitaux évadés de France ont rempli les coffres de la City, développé les manufactures et armé les vaisseaux britanniques. La monnaie française a été ruinée, notre hégémonie brisée, nos dirigeants mis sous le joug. Comme il n'y a pas de petit profit, meubles, bijoux, argenterie, livres, tableaux, volés dans nos demeures, adjugés, acheminés par quels honteux courtiers ? ornent désormais les maîtresses et les châteaux de tout ce qui compte dans " l'Establishment " .
Mais plus grave encore, l'Angleterre est une nation sans merci, qui n'oublie jamais de régler ses comptes. Les trois cent quarante officiers de la marine royale française délibérément livrés à la boucherie de Quiberon par la fuite précipitée de l'escadre anglaise qui les avait débarqués et devait les couvrir, furent un holocauste au souvenir des années de frayeur mortelle de 1785 à 1789, un témoin direct m'en a donné les preuves.
A la Chambre des communes, Pitt :
" Le sang anglais n'a pas coulé, du moins . "
Sheridan :
" C'est l'honneur anglais qui vient de s'écouler, jusqu'à la dernière goutte. "
L'honneur anglais, comme la pudeur des femmes, repousse vite après chaque affront.
Transmise par quelles mains ? la chemise ensanglantée du roi de France, deux jours après son exécution, a flotté à la Tour de Londres. "
( Aimée de Coigny, Journal . )
Mme de Staël eut tort d'hésiter à l'épouser, je l'écris à regret, elle fut de mes amies, elle aurait connu là toutes les occasions qu'elle a manquées de faire du mal à la France, par dépit de n'avoir pu la diriger.
Depuis ce temps, le monde est anglais. Les capitaux évadés de France ont rempli les coffres de la City, développé les manufactures et armé les vaisseaux britanniques. La monnaie française a été ruinée, notre hégémonie brisée, nos dirigeants mis sous le joug. Comme il n'y a pas de petit profit, meubles, bijoux, argenterie, livres, tableaux, volés dans nos demeures, adjugés, acheminés par quels honteux courtiers ? ornent désormais les maîtresses et les châteaux de tout ce qui compte dans " l'Establishment " .
Mais plus grave encore, l'Angleterre est une nation sans merci, qui n'oublie jamais de régler ses comptes. Les trois cent quarante officiers de la marine royale française délibérément livrés à la boucherie de Quiberon par la fuite précipitée de l'escadre anglaise qui les avait débarqués et devait les couvrir, furent un holocauste au souvenir des années de frayeur mortelle de 1785 à 1789, un témoin direct m'en a donné les preuves.
A la Chambre des communes, Pitt :
" Le sang anglais n'a pas coulé, du moins . "
Sheridan :
" C'est l'honneur anglais qui vient de s'écouler, jusqu'à la dernière goutte. "
L'honneur anglais, comme la pudeur des femmes, repousse vite après chaque affront.
Transmise par quelles mains ? la chemise ensanglantée du roi de France, deux jours après son exécution, a flotté à la Tour de Londres. "
( Aimée de Coigny, Journal . )
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Elle n'a pas tort !
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'Angleterre au XVIIIème siècle .
Dans l'opinion publique européenne, les débuts de la Révolution française suscitèrent intérêt et enthousiasme auprès des milieux intellectuels libéraux.
La Société de la Révolution d'Angleterre ( de 1688 ) célébra, le 14 juillet 1790, l'anniversaire de la révolution de France. Ses 652 membres présidés par lord Stanhope, votèrent unanimement une motion à l'Assemblée nationale, se réjouissant de la confirmation de la liberté en France et des sentiments d'amitié et de bienveillance entre les deux pays, " harmonie ... si essentielle à la liberté et au bonheur, non seulement des deux nations, mais de l'humanité entière ."
Le 21 juillet, l'Assemblée constituante ordonna l'impression de cette adresse et, le 21 novembre, décréta par acclamation que son président ferait part à lord Stanhope de la sensibilité qu'a éprouvée l'Assemblée à sa lecture, témoignage "des sentiments de bienfaisance universelle qui doivent lier dans tous les pays du monde les vrais amis de la liberté et du bonheur des Nations. "
L'exécution du roi, les massacres, la guerre et les conquêtes territoriales aliénèrent par la suite l'opinion de l'étranger de la Révolution.
Adresse de 652 gentlemen de la Société de la Révolution d'Angeterre en l'honneur
de l'anniversaire de la Révolution en France, Londres, 14 juillet 1790.
Archives nationales, C120
Charles Stanhope dit Charles Mahon (3 août 1753 - 15 décembre 1816) était le beau-frère de William Pitt le Jeune.
La Société de la Révolution d'Angleterre ( de 1688 ) célébra, le 14 juillet 1790, l'anniversaire de la révolution de France. Ses 652 membres présidés par lord Stanhope, votèrent unanimement une motion à l'Assemblée nationale, se réjouissant de la confirmation de la liberté en France et des sentiments d'amitié et de bienveillance entre les deux pays, " harmonie ... si essentielle à la liberté et au bonheur, non seulement des deux nations, mais de l'humanité entière ."
Le 21 juillet, l'Assemblée constituante ordonna l'impression de cette adresse et, le 21 novembre, décréta par acclamation que son président ferait part à lord Stanhope de la sensibilité qu'a éprouvée l'Assemblée à sa lecture, témoignage "des sentiments de bienfaisance universelle qui doivent lier dans tous les pays du monde les vrais amis de la liberté et du bonheur des Nations. "
L'exécution du roi, les massacres, la guerre et les conquêtes territoriales aliénèrent par la suite l'opinion de l'étranger de la Révolution.
Adresse de 652 gentlemen de la Société de la Révolution d'Angeterre en l'honneur
de l'anniversaire de la Révolution en France, Londres, 14 juillet 1790.
Archives nationales, C120
Charles Stanhope dit Charles Mahon (3 août 1753 - 15 décembre 1816) était le beau-frère de William Pitt le Jeune.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
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