Star system : une invention du XVIIIème siècle ?
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Re: Star system : une invention du XVIIIème siècle ?
Voici un lien fort intéressant sur la célébrité par un historien moderniste qui explique ce phénomène de "célébrité à tout prix" qui n'est pas récent apparemment ! Bonne lecture !
http://www.telerama.fr/idees/trois-siecles-de-celebrite-de-voltaire-a-kristen-stewart,115363.php#iSHf586P4pqCkROm.01
http://www.telerama.fr/idees/trois-siecles-de-celebrite-de-voltaire-a-kristen-stewart,115363.php#iSHf586P4pqCkROm.01
Emilie du Châtelet- Messages : 276
Date d'inscription : 11/01/2014
Age : 45
Star system : une invention du XVIIIème siècle ?
Merci beaucoup à vous pour cet article éclairant !
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Star system : une invention du XVIIIème siècle ?
Merci Emilie du Châtelet !
Un article intéressant, en effet.
A tel point que je l’ai déplacé de la section Bavaradages pour l’insérer dans cette rubrique.
Du reste, nous parlions récemment de la « star » Voltaire dans un autre sujet.
Je recopie ici quelques extraits de cet article signé Erwan Desplanques :
Les Lumières sous les projecteurs
Serait-ce la faute à Voltaire ? Le 30 mars 1778, le philosophe revient à Paris, à 83 ans, après trente ans d'exil (notamment du à sa critique des religions). Ce n'est pas un retour mais une résurrection. Tout le monde veut le voir, le toucher. « Une curiosité épidémique s'empressait à contempler sa figure, comme si l'âme d'un écrivain n'était pas plus dans ses écrits que sur sa physionomie », écrit un observateur.
Sa présence à la Comédie-Française déclenche l'hystérie collective. A la fin de sa pièce, Irène (que personne n'a vraiment écoutée), on porte son buste sur scène et on couronne l'auteur de lauriers (la scène rendra Louis XVI jaloux).
Voltaire, qui luttait contre le fanatisme religieux se voit soudain idolâtré comme un pape !
Même débordement avec Jean-Jacques Rousseau, après le succès sans précédent de La Nouvelle Héloïse. Lorsqu'il se rend au café de la Régence, place du Palais-Royal, des centaines de badauds s'attroupent. On leur demande ce qu'ils font là, ils répondent qu'ils attendent Jean-Jacques. Jean-Jacques qui ? Ils n'en savent rien !
L'auteur des Confessions l'a bien cherché, avec son goût pour le roman sentimental et son culte du moi. Désormais, la littérature promeut l'intériorité, suggérant que « la vie privée est plus authentique, plus intéressante, que les récits des faits publics d'un individu ».
Les génies aussi sont faits de chair et d'os ; il devient capital de les voir en vrai. Au théâtre, on demande à l'auteur de venir saluer sur scène à la fin de la représentation.
Dans les dîners, on s'interroge sur la vie sentimentale de l'acteur François-Joseph Talma ou sur la sexualité du castrat Farinelli.
D'autant que le théâtre et les concerts ont quitté la cour du roi pour séduire le peuple des Grands Boulevards.
Marie-Antoinette, reine bling-bling
Elle aime les coiffures extravagantes et les tenues à la mode. « Première princesse glamour », selon Antoine Lilti, la reine Marie-Antoinette a fait valser le protocole.
Refusant les cérémonies royales pour se réfugier au Grand Trianon, ou filant en douce à des bals masqués, multipliant les coups de tête, elle perd de sa majesté et devient une héroïne à laquelle chacun peut s'identifier.
Sa modernité – elle fait scandale en posant devant un peintre en simple chemise de mousseline blanche – la rend plus accessible, mais fragilise au passage son statut.
Son comportement semble rabaisser la fonction de première dame, comme si elle se mettait soudain à chanter en public avec une guitare.
« En substituant à la perpétuelle représentation fondée sur la distance une forme de familiarité fondée sur la proximité, la reine provoque rien de moins qu'une crise de la représentation monarchique. »
A force d'ébranler Versailles par ses outrances, elle en craquelle le précieux vernis. On parle désormais d'elle comme d'une simple comédienne ou d'une courtisane. De nombreux pamphlets pornographiques la mettent en scène en femme libertine ou incestueuse (on vous recommande Les Amours de Charlot et Toinette). A trop se rapprocher du peuple, on y risque sa tête.
Un article intéressant, en effet.
A tel point que je l’ai déplacé de la section Bavaradages pour l’insérer dans cette rubrique.
Du reste, nous parlions récemment de la « star » Voltaire dans un autre sujet.
Je recopie ici quelques extraits de cet article signé Erwan Desplanques :
Les Lumières sous les projecteurs
Serait-ce la faute à Voltaire ? Le 30 mars 1778, le philosophe revient à Paris, à 83 ans, après trente ans d'exil (notamment du à sa critique des religions). Ce n'est pas un retour mais une résurrection. Tout le monde veut le voir, le toucher. « Une curiosité épidémique s'empressait à contempler sa figure, comme si l'âme d'un écrivain n'était pas plus dans ses écrits que sur sa physionomie », écrit un observateur.
Sa présence à la Comédie-Française déclenche l'hystérie collective. A la fin de sa pièce, Irène (que personne n'a vraiment écoutée), on porte son buste sur scène et on couronne l'auteur de lauriers (la scène rendra Louis XVI jaloux).
Voltaire, qui luttait contre le fanatisme religieux se voit soudain idolâtré comme un pape !
Même débordement avec Jean-Jacques Rousseau, après le succès sans précédent de La Nouvelle Héloïse. Lorsqu'il se rend au café de la Régence, place du Palais-Royal, des centaines de badauds s'attroupent. On leur demande ce qu'ils font là, ils répondent qu'ils attendent Jean-Jacques. Jean-Jacques qui ? Ils n'en savent rien !
L'auteur des Confessions l'a bien cherché, avec son goût pour le roman sentimental et son culte du moi. Désormais, la littérature promeut l'intériorité, suggérant que « la vie privée est plus authentique, plus intéressante, que les récits des faits publics d'un individu ».
Les génies aussi sont faits de chair et d'os ; il devient capital de les voir en vrai. Au théâtre, on demande à l'auteur de venir saluer sur scène à la fin de la représentation.
Dans les dîners, on s'interroge sur la vie sentimentale de l'acteur François-Joseph Talma ou sur la sexualité du castrat Farinelli.
D'autant que le théâtre et les concerts ont quitté la cour du roi pour séduire le peuple des Grands Boulevards.
Marie-Antoinette, reine bling-bling
Elle aime les coiffures extravagantes et les tenues à la mode. « Première princesse glamour », selon Antoine Lilti, la reine Marie-Antoinette a fait valser le protocole.
Refusant les cérémonies royales pour se réfugier au Grand Trianon, ou filant en douce à des bals masqués, multipliant les coups de tête, elle perd de sa majesté et devient une héroïne à laquelle chacun peut s'identifier.
Sa modernité – elle fait scandale en posant devant un peintre en simple chemise de mousseline blanche – la rend plus accessible, mais fragilise au passage son statut.
Son comportement semble rabaisser la fonction de première dame, comme si elle se mettait soudain à chanter en public avec une guitare.
« En substituant à la perpétuelle représentation fondée sur la distance une forme de familiarité fondée sur la proximité, la reine provoque rien de moins qu'une crise de la représentation monarchique. »
A force d'ébranler Versailles par ses outrances, elle en craquelle le précieux vernis. On parle désormais d'elle comme d'une simple comédienne ou d'une courtisane. De nombreux pamphlets pornographiques la mettent en scène en femme libertine ou incestueuse (on vous recommande Les Amours de Charlot et Toinette). A trop se rapprocher du peuple, on y risque sa tête.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Star system : une invention du XVIIIème siècle ?
Merci Effectivement je n'osais pas créer une rubrique pour cela . Mais les études d'Antoine Lilti sont passionnantes et nous éclaire un peu plus sur la médiatisation du vide comme celle autour de Kim Machinchose par exemple!!!
Emilie du Châtelet- Messages : 276
Date d'inscription : 11/01/2014
Age : 45
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