Les coiffures au XVIIIe siècle

Au début de l'année 1782, nous dit le comte de Fleury, vint l'usage du catogan jusque-là porté par les hommes et que lançaient la Reine et la duchesse de Bourbon. Cette coiffure cavalière relevée de rubans ne manquait pas de piquant, mais elle semblait masculine et ne plaisait pas à tout le monde. Le Roi s'en moquait. Un jour il entra chez la Reine avec un chignon. Comme Marie-Antoinette riait: « C'est tout simple... puisque les femmes ont pris nos modes... »
La leçon porta, et les modes masculines disparurent.

Collection de la parure des dames, ca. 1782 :



Plusieurs gravures de cette collection en vente actuellement sur diktats.com : https://en.diktats.com/collections/illustrations-de-mode-18e-siecle

Une trouvaille à Utrecht, pour la modique somme de 35 euros :

Jolie gravure...

Et sait-on comment nommait-on cette coiffure ? Je ne parviens pas à lire ce qui est inscrit.

Comte d'Hézècques a écrit:Une trouvaille à Utrecht ...

... très jolie !
Je te vois dans le reflet du verre !!!

La nuit, la neige a écrit:Jolie gravure...

Et sait-on comment nommait-on cette coiffure ? Je ne parviens pas à lire ce qui est inscrit.

Malheureusement pas de mention du nom de la coiffure. En bas on ne voit que les initiales du graveur (D.L.J.) et la mention "Avec privilège du Roi".

Cette estampe faisait partie d'une série de coiffures, dont celle-ci faisait partie également :

Mme de Sabran a écrit:

Comte d'Hézècques a écrit:Une trouvaille à Utrecht ...

...   très jolie !
Je te vois dans le reflet du verre !!!  

Oui c'est vrai

Comte d'Hézècques a écrit:

Malheureusement pas de mention du nom de la coiffure. En bas on ne voit que les initiales du graveur (D.L.J.) et la mention "Avec privilège du Roi".

Cette estampe faisait partie d'une série de coiffures, dont celle-ci faisait partie également :

D'après moi, la piste à fouiller est celle d'un certain Depain, coiffeur à Paris, qui a notamment fait publier ses " Suites de coiffures au beau sexe ".  

Je cite cet extrait d'une vente aux enchères passée :

- Depain - Réunion de trois gravures de la suite de coiffures Au Beau Sexe (circa 1777)





Le coiffeur Depain publia plusieurs suites de planches de coiffures entre 1777 et 1790.
Depain était coiffeur de dames (coeffeur de Dames) rue de Condé aux Armes d'Artois, vis à vis la rue des Cordelliers (Paris).

La première suite qui paraît vers 1777 sous le titre Au beau Sexe comprend 12 gravures de coiffures féminines. Elles portent les titres suivants :

- Coëffure à la Thévenet,
- Coëffure à l'Indienne,
- Coëffure à la Michelot,
- Coëffure à la Vestris,
- Coëffure à la Grenade,
- Coëffure à l'Extrême,
- Coëffure à la Dignité,
- Coëffure à l'Agréable,
- Coëffure à la Belle Poule,
- Coëffure à l'Hérisson,
- Coëffure au Chien Couchant,
- Coëffure à la Molé.

La second suite qui paraît en 1780 comporte initialement 12 gravures de coiffures que complètent 10 autres gravures en septembre 1780 et janvier 1781.

La troisième série consacrée aux coiffures est composée de 4 gravures :
- Coëffure sans Redoute,
- Coëffure à l'Espoir,
- Coëffure au Charmes de la Liberté,
- Coëffure à la Nation.

* Source et infos complémentaires : Diktats

Nous retrouvons " ta coiffure " sur cette autre gravure, d'une série publiée au XXe siècle, d'après la suite "Au beau sexe" publiée en 1777.

Je cite :

- Ensemble de 6 planches du XXe siècle reproduisant des gravures du XVIIIe siècle qui présentent des coiffures de l'époque (...)
Ces planches reproduisent 6 des 13 planches constituant la suite Au beau sexe publiée par le coiffeur Depain en 1777.



L'éditeur de ces reproductions imprimées au XXème siècle n'a pas été identifié. Les gravures d'origine sont parues au XVIIIème, des exemplaires étaient rehaussés à l'aquarelle. Elles présentent les coiffures de l'époque (2ème moitié du XVIIIème) dont les célèbres coiffures à l'hérisson.
Les 6 planches correspondent à la première suite de coiffures de Depain qui publia plusieurs suites de planches de coiffures entre 1777 et 1790.
Depain était coiffeur de dames (coeffeur de Dames) rue de Condé aux Armes d'Artois, vis à vis la rue des Cordelliers (Paris).

* Source, images et infos complémentaires : Diktats


S'il est sûr que cette coiffure appartient à la première série, tu n'as plus qu'à fouillasser sur le net pour la retrouver grâce aux noms cités en gras du descriptif de la première vente aux enchères évoquée ci-dessus.

D'autres séries de gravures ont été éditées (toujours d'après le même Depain), et ces estampes comportent cette fois-ci les noms des coiffures.  

Par exemple :





* Source et infos complémentaires : Diktats

Tu peux donc déjà zapper ces deux noms;) , ainsi que celle à la "Belle poule" que nous connaissons (trop) bien.

Bonne recherche !

Merci beaucoup mon cher LNLN pour ces fouilles détaillées

J'ai été voir avec les noms en gras, mais je tombais à chaque fois sur les deux gravures en vente sur le site de Diktats, où les gravures avec la coiffure à la Thévenet et à l'Indienne sont vendues les deux pour 1.200 €

Quand je vois la coiffure sur mon estampe, j'opterais pour la coiffure à l'agréable, puisqu'elle n'est ni en hérisson, ni à l'extrême je pense
Vestris c'est le nom du fameux acteur, je serais curieux de voir à quoi ressemble la coiffure liée à son nom...

Vestris était danseur surtout, et professeur de maintien .

Ah oui, je me trompais, je voulais dire : la comédienne Mme Vestris.
C'eut été plus logique en effet que Depain s'inspirât de Mme Vestris que de M. Vestris

Oui !

Voici quelques infos complémentaires. Ci-dessous le frontispice de la première suite de coiffures par Depain en 1777, il représenterait Marie-Antoinette.

Cette première suite de 12 planches n'était pas légendée. Elles indiquaient D.P pour Depain, quelques planches porte la signature du graveur : Chapuy ou CHX. (elle a pu néanmoins faire l'objet d'un second tirage légendé)

La seconde suite date de l'été 1780, probablement 12 planches dont 11 identifiées. Elles présentaient un cadre orné en tête d'un nœud de ruban, avec signature du graveur Chapuy sur chaque planche qui étaient toutes légendées :
Coëffure à la Maintenon - Inflammable. Tête à changer (?) - à la Ho-alla -  à la Flore - au désir - à la Sémiramis - à la Cléopâtre - à la d'Eon, chapeau Malbourough - à la Gabrielle - à la Mahomet - au Globe.

3 mois plus tard, elle est complétée par 6 autres planches (je vous laisse deviner pourquoi   ).
Puis encore trois mois plus tard par six autres dont : Coëffure à l'enfant - à la Jeannot - à l'espoir - à la Jeannette - à la Reine.

Une troisième suite datant de la période révolutionnaire, vers 1790, comporte 4 planches connues, les bustes sont dans des médaillons ovales, ils sont légendés   « Le sieur Depain continue toujours d'enseigner l'Art de coëffer » : Coëffure sans Redoute - à l'Espoir - aux Charmes de la Liberté - à la Nation.

(Source Raymond Gaudriault)


Musées de Paris - Carnavalet.

Merci pour les précisions Marie-Jeanne
Je crois alors que ma gravure fait partie du premier tirage de la première suite de 12 planches de coëffures...

En attendant de résoudre cette énigme de ce que j'appelle, pour l'instant, " La coiffure à la Félix "...

Je vous propose de découvrir cette première suite de coiffures pour dames, dédiée " Au beau sexe ", telles qu'imaginées par ce Depain en 1777.
Estampes gravées ici par Jean-Baptiste Chapuy (1701-1788).















Onze coiffures donc, plus l'image du frontispice déjà publiée ci-dessus par l'amie Marie-Jeanne.

Voici donc quelques gravures des mêmes coiffures, mais publiées plus tardivement, et cette fois-ci avec les légendes...





* Source images : Paris est une fête

Pas de chance ! Le seule image sans la légende est notre coiffure "à la Félix" !!

Il nous reste donc à la trouver parmi celles dont le nom n'est pas souligné...




A noter, et contrairement à ce que je prétendais crânement dans mon message précédent à Félix...

La nuit, la neige a écrit:
Tu peux donc déjà zapper ces noms, ainsi que celle à la "Belle poule" que nous connaissons (trop) bien.

...que la Belle Poule du coiffeur Depain, n'est pas celle à laquelle je pensais !!





En effet, en 1777, la célèbre frégate n'a pas encore remporté le combat naval face à la frégate britannique Arethusa (juin 1778).
Ce combat étant le casus belli du roi Louis XVI de France pour déclarer la guerre à son cousin le roi George III du Royaume-Uni.

La Belle poule n'est d'ailleurs toujours pas la même ici   :



Voir notre présentation : ICI

La nuit, la neige a écrit:

Pas de chance ! Le seule image sans la légende est notre coiffure "à la Félix" !!

Il nous reste donc à la trouver parmi celles dont le nom n'est pas souligné...

Zut alors
Mais merci pour les recherches approfondies et les copies en haute résolution de cette suite de coëffures mon cher LNLN

La nuit, la neige a écrit:

...que la Belle Poule du coiffeur Depain, n'est pas celle à laquelle je pensais !!

En effet, ceci n'a rien d'une frégate

En attentant la réponse à notre énigme, je vous propose la consultation d'un document intéressant, publié en ligne ici :

La coiffure des femmes du temps de Marie-Antoinette



Pour le lire, il suffit d'utiliser l'option plein écran en cliquant sur cette icône située en bas à droite, et de tourner les pages avec les flèches latérales.



Celles et ceux qui n'y connaissent pas grand chose retrouveront des informations intéressantes (histoire, glossaire, croquis).  
Par exemple :



Les dernières pages sont un recueil d'exemples de coiffures classées selon les années où elles étaient à la mode.
Par exemple :




Vous pouvez également télécharger ce document (144 pages) en format pdf, en cliquant ici :

Coiffures du temps de Marie-Antoinette. De Alain Ducher

Ce travail de recherches est très intéressant pour comprendre les techniques de coiffage du temps. En particuliers les années 1770 et leurs coiffures "hautement sophistiquées". Cependant elles sont restées à tort exagérément emblématiques de Marie-Antoinette, elle ne porta qu'épisodiquement les versions les plus extravagantes, et seulement les toutes premières années.


Galerie des Modes, 1777. La gravure exagère quelque peu la hauteur si on la compare avec le tableau de Gautier-Dagoty.

La création de la coupe à l'enfant ne date pas de1781 comme on le lit généralement. Si vous relisez mon post précédant vous en déduirez aisément la bonne date et du même coup la raison

Je suis tombé sur l'épisode de Visites Privées dont nous parlions plus haut, consacré aux frères Léonard.
Lorsque le coiffeur recrée le pouf à la Belle Poule pour la présentatrice, elle lui demande combien coûtait ce genre de perruque et selon lui, on était sur du 65 000 euros ! Est-ce possible ? Même si ces fameux poufs n'étaient portés que pour certaines occasions, c'est fou… En ajoutant la robe, les bijoux et les venez-y voir (souliers au talon orné d'un sillon d'émeraude), ça fait cher la soirée quand-même.
- Attendez mon ami, j'ai cassé mon talon…
- Mais vous êtes folle, vous voulez donc nous ruiner !

Je propulse ...
Comme les poufs de Léonard ou de mademoiselle Bertin, le bonnet à la Bonne-Maman à géométrie variable ( ) ,  du sieur Beaulard, fit lui aussi un tabac !  



( Elisabeth Reynaud, Marie-Antoinette, l'indomptée )

Petit courrier des dames:   
Journal des modes



https://books.google.fr/books?id=BsAsnAPatDwC&pg=PA92&lpg=PA92&dq=BONNET+A+LA+BONNE+MAMAN&source=bl&ots=QUWSTDa9zn&sig=ACfU3U3tZR4-koOy7tXNp0kWMA_oXDMsEw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjDxIyWp5zoAhVBJBoKHQM4BVYQ6AEwEXoECAoQAQ#v=onepage&q=BONNET%20A%20LA%20BONNE%20MAMAN&f=false[/quote]

S'ils ont existé, les bonnets à la bonne maman n'ont probablement été qu'une lubie très éphémère. Leur existence nous est révélée par la Correspondance littéraire secrète publiée par Louis-François Métra en 1775.
Ce genre d'anecdote croustillante est trop caricaturale pour avoir un réel intérêt.

Cette mode a certainement été un feu de paille.  
Elle préfigure cependant le chapeau-claque, ce qui est assez drôle.

Mme de Matignon ( la fille de Breteuil ), folle de coiffures extravagantes,  avait un bonnet à la Bonne-Maman.
Mais je ne sais plus où j'ai lu ça .
 Elle se faisait remarquer par ses toilettes recherchées et avait pris un abonnement auprès de Mlle Bertin, marchande de modes, pour changer de pouf tous les soirs.
En 1785, la comtesse de Matignon payait à son coiffeur, le fameux  Beaulard,   24 000 livres par an pour lui faire un nouveau dessin de perruque chaque jour de la semaine. Alors Bertin ou Beaulard ?
 Compte tenu de l'énormité de la somme d'argent versée, on ne sait pas si cela s'applique au coiffage de ses propres cheveux, de ses perruques ou des deux. De plus, on ne sait pas combien d'employés Jean-Joseph Beaulard avait dans sa boutique. On sait qu'en plus de Mademoiselle Bertin,  Beaulard faisait partie des trois meilleurs marchands de mode aux côtés de Madame Eloffe et Mademoiselle Alexandre dans les années 1770.
Beaulard a été salué comme " un modiste sans pareil, créateur et poète ... grâce à ses innombrables inventions et de ses délicieux noms de friperies ". Les coiffures étant très hautes dans les années 1770, Beaulard invente la coiffure à la grand-mère , le bonnet à la Bonne-Maman, une coiffure mécanique qui pouvait être abaissée jusqu'à un pied (30 cm) en touchant simplement un ressort.

Beaulard et Bertin n'étaient ni coiffeur ni perruquiers, je ne comprends donc pas cette anecdote que je ne connais pas.  
On appelle pouf toutes sortes de parures de têtes constituées d'arrangements de gaze, rubans, perles...spécialité des marchands de modes dit aussi modistes. Ce ne sont pas des perruques.  
Le mot « friperie » est tout aussi étrange car il ne s'appliquait pas à cette profession.

Coiffure en hérisson et pouf à la Reine !. Définitivement démodé dès 1780 !

L'anecdote du bonnet à la bonne maman provient de La feuille sans titre, un quotidien Liégeois imprimé à Amsterdam en 1777, qui publia la même année l'Épitre à Beaulard, poésie sarcastique sur les talents du marchand de modes.
Elle a été reprise par les Goncourt dans La femme au XVIIIe siècle. (un livre que je n'aime pas du tout)

Celle des 24 000 livres dépensées annuellement par la comtesse de Matignon provient d'Oberkirch, qui parle de coiffure nouvelle ( bonnet ou autre parure de tête), d'où la confusion avec la profession de coiffeur.

Le tout repris au premier degré par différents auteurs.  Lesquels sont cités comme source dans l'article Wikipédia en anglais sur Madame de Matignon.