L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
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Teresa-Cabarrus
Mme de Sabran
La nuit, la neige
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Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Ben si, c'est au Savoy que cela s'est passé ....
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Ah, d'accord, c'est une personne du Savoy qui a crié au scandale !
Faut-il être ridicule et pudibond ... boudoi29
Quand Margot dégrafait son corsage
Pour donner la gougoutte à son chat
Tous les gars, tous les gars du village,
Etaient là
Et Margot qu'était simple et très sage
Présumait qu'c'etait pour voir son chat
Qu' tous les gars tous les gars du village,
Etaient là
L'maître d'école et ses potaches
Le maire, le bedeau, le bougnat
Négligeaient carrément leur tâche
Pour voir ça
Le facteur d'ordinaire si preste
Pour voir ça, ne distribuait plus
Les lettres que personne, au reste
N'aurait lues
Pour voir ça, Dieu le leur pardonne!
Les enfants de choeur, au milieu
Du Saint Sacrifice, abandonnent
Le Saint lieu
Les gendarmes, même les gendarme
Qui sont par nature' si ballots
Se laissaient toucher par les charmes
Du joli tableau
..........
.
Mme de Sabran- Messages : 55517
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Localisation : l'Ouest sauvage
Mme de Sabran- Messages : 55517
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Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Maman et bébé paraissent anémiés....
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Allaiter ma fille fut un des moments les plus merveilleux de ma vie. boudoi30
J'ai adoré et je le conseillerai vivement à toutes les jeunes futures mamans. C'est du pur bonheur. A la condition de suivre quelques règles toutes simples. Je n'ai jamais eu aucune crevasse.
J'ai adoré et je le conseillerai vivement à toutes les jeunes futures mamans. C'est du pur bonheur. A la condition de suivre quelques règles toutes simples. Je n'ai jamais eu aucune crevasse.
Invité- Invité
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Reçu de Mâcon où se trouve le tableau
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Réponse n° 1
MNR 86
Peinture
France
MOSNIER Jean-Laurent
Paris, 1743/1744 (?) ; Saint-Pétersbourg, 1808
Femme allaitant
18e siècle
Toile ; peinture à l'huile
H. 1,33 ; La. 1,07 m
Inscriptions,
signature
S. D. m. g. : J.L. Mosnier pinxit 1782
Historique Collection Cailleux (cat. exp. 1938) ; acheté 60 000 F (3 000 RM) à
Cailleux, Paris, le 3 mars 1941 par le Kaiser-Wilhelm Museum de
Krefeld (inv. 207) [1].
Attribué au musée du Louvre par l'Office des Biens et Intérêts Privés en
1950 ; déposé au musée municipal de Mâcon en 1955 (inv. A. 890).
Autres n° 207 (Krefeld)
A.890 (Mâcon)
Localisation Mâcon ; musée municipal des Ursulines
Expositions Paris, musée Galliera, 1938, Costumes d'autrefois, XVIe, XVIIe, XVIIIe
siècles, n° 337 (à M. Cailleux)
Venise, palazzo Grassi, 1952, La Leggenda del filo d'oro. Le vie della
seta, salle XV n° 21 ; exposition itinérante au Japon, 1954-1955,
L'Exposition d'art français au Japon, n° 25, repr.
Paris, Grand Palais, 1989, La Révolution et l'Europe 1789-1799, t. I, n°
43
Louveciennes, musée-promenade, Cholet, musée d'Art et d'Histoire,
2003, L'enfant chéri au siècle des Lumières, p. 13 et 177, repr. p. 12.
Représentation scène (femme, nourrisson, allaitement, assis, de trois-quarts, robe,
nudité : sein, berceau)
Bibliographie Répertoire des biens spoliés en France durant la guerre 1939-1945, t.
II, n° de classement 1185, n° OBIP 37761, p. 3, repr.
Cat. somm., V, 1986, p. 308
Musée des Ursulines, Mâcon, 100 peintures des collections, 1999, p.
52, repr.
Notes [1] MAEE/ARD/RA/C 118 A 54, C 247 B 62, C 430 P 84 et C 824 ; AP
3314-III/71/1 80 art. 6, Nantes S 37761 et facture NARA OMGUS RG
260 boxes 86 & 464
Mise à jour 2014/06/30
Droits photo © Réunion des musées nationaux
Réponse n° 1
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1 sur 1 19/12/2014 11:10
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Merci, chère Clio . Nous voilà comblés ! :n,,;::::!!!:
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
C'est ce qu'on appelle un renseignement complet
Merci Clio :n,,;::::!!!:
Bien à vous.
Merci Clio :n,,;::::!!!:
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
CLIOXVIII a écrit:
Site Rose-Valland
Musées Nationaux Récupération
MNR : Définition
Catalogue des MNR
Pour mémoire, les oeuvres MNR sont celles qui ont été récupérées aux nazis par les alliés au terme de la seconde guerre mondiale, et qui sont conservées dans les musées dans l’attente (ou pas, hélas) que leurs propriétaires les réclament.
Et tant que j’y suis dans le hors-sujet, je vous conseille de regarder en vidéo (plus que deux jours seulement pour le faire) ce reportage diffusait sur Arte mercredi dernier : « Main basse sur l’art. La méthode nazie ».
Ici : http://www.arte.tv/guide/fr/050780-000/main-basse-sur-l-art
Et maintenant... boudoi26
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Je me souviens que tu nous avais fait un beau reportage sur Rose Valland, autrefois, à la Conciergerie .
C'était un petit bout de femme formidable !
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Oui, une héroïneLa nuit, la neige a écrit:CLIOXVIII a écrit:
Site Rose-Valland
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MNR : Définition
Catalogue des MNR
Pour mémoire, les oeuvres MNR sont celles qui ont été récupérées aux nazis par les alliés au terme de la seconde guerre mondiale, et qui sont conservées dans les musées dans l’attente (ou pas, hélas) que leurs propriétaires les réclament.
Et tant que j’y suis dans le hors-sujet, je vous conseille de regarder en vidéo (plus que deux jours seulement pour le faire) ce reportage diffusait sur Arte mercredi dernier : « Main basse sur l’art. La méthode nazie ».
Ici : http://www.arte.tv/guide/fr/050780-000/main-basse-sur-l-art
Et maintenant... boudoi26
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
As-tu vu, Clio, la maman porte un superbe chapeau à la Devonshire ! :n,,;::::!!!:
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Je plains ces femmes qui devaient laisser leurs bébés à des inconnues, souvent à de grandes distances, plusieurs jours (semaines/mois, au choix) sans les voir.
Entre autres résultats désastreux, bien montré sur ce tableau, l'enfant ne sait pas qui est cette dame et s'accroche désespéremment à sa nourrice. àè-è\':
Quelle souffrance !
Entre autres résultats désastreux, bien montré sur ce tableau, l'enfant ne sait pas qui est cette dame et s'accroche désespéremment à sa nourrice. àè-è\':
Quelle souffrance !
Invité- Invité
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Oui, chère Eléonore
Reinette, autres temps autres mœurs....Et une telle mortalité infantile
Reinette, autres temps autres mœurs....Et une telle mortalité infantile
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Reinette a écrit:
Entre autres résultats désastreux, bien montré sur ce tableau, l'enfant ne sait pas qui est cette dame et s'accroche désespéremment à sa nourrice. àè-è\':
Quelle souffrance !
Oui, n'est-ce pas !
Eh bien, voici un autre tableau, celui-ci riant et charmant, pour le premier anniversaire d'Eugénie le premier pas du petit enfant des bras de sa nounou vers ceux de sa maman.
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
C'est parfait ! :c^ùù!!: Nous sommes en plein dedans ! 4 pas pour l'instant à son actif sans appui. smiley12
Depuis une bonne semaine, c'est "Viens voir Maman", "Viens voir Papa". Chez mes parents : "Viens voir Mamie", "Viens voir Papy." Mais c'est soit en s'accrochant aux meubles, soit en se fiant au bon "quatre pattes". Cascadeuse mais prudente. :
Depuis une bonne semaine, c'est "Viens voir Maman", "Viens voir Papa". Chez mes parents : "Viens voir Mamie", "Viens voir Papy." Mais c'est soit en s'accrochant aux meubles, soit en se fiant au bon "quatre pattes". Cascadeuse mais prudente. :
Invité- Invité
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
.
Notre marquise de Créquy, à la langue bien pendue, est farouchement contre l'allaitement maternel !
Une inconcevable folie de ce temps-là, c'était la manière de nourrir ses enfants. D'abord on commençait par les allaiter soi-même ; on n'avait que du mauvais lait à leur donner, et même on n'en avait pas du tout ; mais c'était égal : — à la Jean-Jacques !
Vous pensez bien que tous les enfants de ce temps-là n'étaient pas assez résolument constitués pour résister à une nourriture insuffisante ou de qualité chétive ; il en mourait les deux tiers à la mamelle, et le surplus n'en échappait que pour aller mourir d'étisie après dix-huit ou vingt années de souffrance continuelle et de consomption. Mesdames de Rieux, d'Estaing, de Lusignan et de Gouffier, s'étaient opiniâtrées à nourrir leurs poupons, attendu que le lait et la sollicitude d'une mère ne sauraient être remplacés par le lait et les soins d'une mercenaire, etc. ( Mais, parfaitement, Marquise ! Tout le monde sait cela !!! )
Ce qu'il en est arrivé, c'est que leurs héritiers sont allés "ad patres", ainsi qu'on aurait dû le pressentir avec de pareilles nourrices.
La sollicitude maternelle de ces dames ne s'étant exercée que sur leurs garçons, il ne leur est resté que des filles, et quand M. de Gouffier rencontrait chez moi Jean-Jacques Rousseau, il ne manquait pas de me dire :
— C'est pourtant grâce à lui que ma maison va se trouver éteinte, vilain songe-creux !
— Mais mon Dieu, Madame, qu'est-ce que c'est donc que la maison de Gouffier, me demanda-t-il ensuite (Jean-Jacques). Avez-vous jamais ouï parler de l'Amiral de Bonnivet ?
— Sans aucun doute.
— N'avez-vous rien lu sur les ducs de Roannez ?
— Voilà par exemple une famille dont je ne sais rien du tout.
— Eh bien, lisez donc l'Histoire de France avant de faire des livres sur l'éducation. A la place du marquis de Gouffier, je vous étranglerais !
... :::!!!ùùù^^^^:
.
Notre marquise de Créquy, à la langue bien pendue, est farouchement contre l'allaitement maternel !
Une inconcevable folie de ce temps-là, c'était la manière de nourrir ses enfants. D'abord on commençait par les allaiter soi-même ; on n'avait que du mauvais lait à leur donner, et même on n'en avait pas du tout ; mais c'était égal : — à la Jean-Jacques !
Vous pensez bien que tous les enfants de ce temps-là n'étaient pas assez résolument constitués pour résister à une nourriture insuffisante ou de qualité chétive ; il en mourait les deux tiers à la mamelle, et le surplus n'en échappait que pour aller mourir d'étisie après dix-huit ou vingt années de souffrance continuelle et de consomption. Mesdames de Rieux, d'Estaing, de Lusignan et de Gouffier, s'étaient opiniâtrées à nourrir leurs poupons, attendu que le lait et la sollicitude d'une mère ne sauraient être remplacés par le lait et les soins d'une mercenaire, etc. ( Mais, parfaitement, Marquise ! Tout le monde sait cela !!! )
Ce qu'il en est arrivé, c'est que leurs héritiers sont allés "ad patres", ainsi qu'on aurait dû le pressentir avec de pareilles nourrices.
La sollicitude maternelle de ces dames ne s'étant exercée que sur leurs garçons, il ne leur est resté que des filles, et quand M. de Gouffier rencontrait chez moi Jean-Jacques Rousseau, il ne manquait pas de me dire :
— C'est pourtant grâce à lui que ma maison va se trouver éteinte, vilain songe-creux !
— Mais mon Dieu, Madame, qu'est-ce que c'est donc que la maison de Gouffier, me demanda-t-il ensuite (Jean-Jacques). Avez-vous jamais ouï parler de l'Amiral de Bonnivet ?
— Sans aucun doute.
— N'avez-vous rien lu sur les ducs de Roannez ?
— Voilà par exemple une famille dont je ne sais rien du tout.
— Eh bien, lisez donc l'Histoire de France avant de faire des livres sur l'éducation. A la place du marquis de Gouffier, je vous étranglerais !
... :::!!!ùùù^^^^:
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Quel plaisir de retomber sur le forum en faisant une recherche de tableau Mère/enfant ! Les tableaux de ce post sont très beaux (ah la nourrice c'est dur!).
Je vous souhaite à tous une belle journée
Je vous souhaite à tous une belle journée
_________________
auteur du livre jeunesse "Un mystérieux cadeau pour Marie-Antoinette"
page Facebook https://www.facebook.com/sabine.stamm.auteur/
zadigsab- Messages : 33
Date d'inscription : 09/12/2016
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Les abandons d'enfants ( https://marie-antoinette.forumactif.org/t2403-les-tours-d-abandon-des-nouveaux-nes#96132 ) me conduisent à cet autre sujet, celui des nourrices, puisque voici un article qui vient compléter les informations sur l'hôpital des enfants trouvés ( H. E. T. )
LES MENEURS
Si par bonheur l'enfant passe le cap de l'abandon et du séjour à l'hôpital, il est mis en nourrice généralement à la campagne. Pour recruter les nourrices, les hôpitaux ont recours à l'intermédiaire des "meneurs". Ce système restera en vigueur jusqu'en 1821. On ne peut s'improviser meneur, des règlements assez stricts veillent à la moralité et à l'honorabilité des personnes qui postulent. Les meneurs doivent verser une caution généralement du quart de la somme qu'ils ont à convoyer jusqu'aux nourrices. Ils doivent déclarer leurs biens et hypothèques éventuels devant notaire. Le curé de leur paroisse doit leur fournir un certificat de bonne conduite qui est légalisé par un juge royal.
C'est le meneur qui achemine la rétribution des nourrices. Celles-ci doivent être payées "en argent et non en blé, orge ou autres denrées" comme quelques meneurs peu scrupuleux ont dû le faire.
Le métier est fort lucratif : le règlement de 1723 de l'HET de Paris prévoit que le meneur perçoit le vingtième de l'argent porté aux nourrices. Quand il conduit les enfants à la campagne le meneur touche le quart du premier mois de nourrice. Les sommes qu'il remet doivent figurer sur le bordereau, signé de la nourrice, qu'il remet à la Maison de la Couche. L'argent qu'il n'a pas rétribué doit être retourné à l'HET.
En cas de mort de l'enfant, le meneur doit rapporter le certificat de décès signé par le curé, et à partir de 1765 les linges.
Tous les six mois il doit visiter les pensionnaires qu'il a déposé dans son secteur.
Souvent les nourrices recrutés par les meneurs ne se présentent pas en nombre suffisant à l'HET, ce qui provoque une surmortalité comme en 1772, à Paris, où 2650 enfants sur 7676 périrent de ce fait. Il faut alors convoyer les bébés chez les mères nourricières qui n'ont pas pu se déplacer, pour cause de travaux agricoles ou de difficulté des transports en hiver. C'est le travail des femmes que l'on appelle commissionnaires.
Généralement elles se chargent de deux enfants de sexe différent pour éviter les substitutions volontaires ou non. Cette pratique est très rémunératrice pour... le meneur car c'est lui qui commandite ces femmes et les salarie. De 1783 à 1788, pour l'HET de Paris, près de 10000 enfants ont ainsi gagné la province contre 9100 par des nourrices patentées.
Certains meneurs abusent de la situation. Ainsi en 1757, dans les environs d'Evreux (Normandie), le meneur habitant Orgeville, paie à retardement les nourrices de son secteur et utilise les sommes retenues pour ses propres affaires. Il fait de même avec les vêtements des enfants. Il sera révoqué et remplacé par un meneur habitant Vernon.
UNE NOURRICE... DOIT ETRE SAINE
Il est fréquent que les familles aisées confient les enfants à des nourrices pour décharger la mère de l'allaitement.
Cela est une obligation pour les enfants abandonnés.
Il est rare que les nourrices agrées soient des citadines. Les administrateurs des hôpitaux craignent d'être trompés par des mères qui abandonnent leur enfant puis se le font confier en nourrice et reçoivent alors un salaire.
C'est cette pratique que dénonce un "voisin bien intentionné" à Rouen :
" ces deux lignes sont pour vous aviser que Nicolas Guillou qui demeure sur la paroisse de Saint-Maclou n'est pas marié. Il y a quatorze ans qu'il vit avec une fille qu'il fait passer pour sa femme. Il vous ont présenté un enfant à qui vous avez donné le plomb (le collier - voir ci-dessus) et la paie de 50 livres par an attendu qu'elle le nourrit chez-elle... Ils ne sont pas de Rouen ils sont de Caen".
Ainsi à Reims seuls 4% des enfants sont mis en nourrice dans la ville même. Par contre, on autorise des nourrices de province à s'installer dans la capitale et à y faire profession. C'est le cas, en 1675, de Françoise Dupuy, "nourrice de Jeanne Dulong, depuis 1 an environ et qui est venue habiter Paris rue Aumaire car son mari a dû quitter le bourg de Clermont (dans l'Oise) à cause de la pauvreté..."
D'une manière générale les nourrices sont recrutées dans les campagnes environnantes. On évite de les chercher trop loin pour réduire le voyage des enfants : 100 kilomètres semblent être la distance maximum, ce qui fait tout de même 3 jours de trajet.
L'hôpital de Marseille prospecte la Haute Provence, celui de Rouen vers le Pays de Bray, celui de Reims ne peut trouver de places dans le vignoble, évite la Champagne Pouilleuse, et préfère la direction de Paris (où de toute façon on pourra laisser l'enfant à l'HET de la capitale). L'hôpital de Lyon trouve des nourrices jusqu'en Vivarais et Savoie, mais avec de grosses concentrations dans le Bugey, celui de Paris essaime dans tout le bassin parisien jusqu'en Bourgogne !
N'est pas nourrice qui veut.
Les hôpitaux s'entourent de garanties. L'HET de Paris exige de ses nourrices qu'elles se présentent à la Maison de la Couche munies d'un certificat du curé ou à défaut des syndics de la communauté villageoise et de deux principaux habitants du village, et reconnu valable par le meneur du secteur.
Ce certificat atteste " qu'elle et son mari sont de la religion catholique et de bonnes moeurs, qu'elle est en l'état d'allaiter l'enfant qu'on voudra bien lui confier, et que l'âge de son lait est de X mois, qu'elle n'a point de nourrissons ou que l'âge du dernier nourrisson de l'hôpital qu'elle a chez elle est de X mois et qu'il est en l'état d'être sevré".
Dès son arrivée à l'hôpital, la nourrice est examinée par le chirurgien et les soeurs pour s'assurer de la qualité de son lait. Comme le spécifie le répertoire de jurisprudence de Guyot "la bonne constitution de son corps est une chose des plus essentielle. Il faut nécessairement qu'elle soit saine, d'une santé ferme et d'un bon tempérament, ni trop grasse, ni trop maigre; ses mamelles doivent être entières, sans cicatrices, médiocrement fermes et charnues, assez amples pour contenir une quantité suffisante de lait, sans être néanmoins grosses avec excès. Les bouts de mamelles ne doivent point être trop gros, durs, calleux, enfoncés, il faut au contraire qu'ils soient un peu élevés, de grosseur et de fermeté médiocres, bien percés de plusieurs trous, afin que l'enfant n'ai point trop de peine en les suçant et les pressant avec la bouche. Son lait ne doit être ni trop aqueux ni trop épais... Il doit être très blanc, de saveur douce et sucrée, sans aucun goût étranger à celui du lait.
Enfin, outre les moeurs requises dans la nourrice, il faut qu'elle soit vigilante, sage, prudente, douce, joyeuse, gaie, sobre et modérée dans son penchant à l'amour". Que de qualités qu'il devait être bien difficile de trouver réunies dans une même personne !
Le lieutenant général de police de Lyon (2) déplore en 1781 : "on remet des enfants souvent à des nourrices enceintes ou qui ont un lait de 3 ou 4 ans, à des vieilles femmes ou à des vagabondes sans maris, qui faisant de l'allaitement un trafic infâme, prennent plusieurs nourrissons à la fois, les font végéter avec du lait de vache, ou de chèvre, souvent même avec une nourriture plus malsaine pour les enfants, et font périr misérablement la plupart de ces infortunés, ou les rendent infirmes ou estropiés".
C'est qu'être nourrice rapporte. Peu il est vrai, mais c'est bien souvent un appréciable complément de ressources. D'autres causes poussent certains foyers à être nourriciers. Mais que penser de ce jardinier de Fismes (Champagne) qui pour repeupler sa maison vide depuis la disparition 15 mois plus tôt de son enfant mort-né, prend 2 bébés ? Sa femme ne peut allaiter le nourrisson, qui meurt immédiatement, et a du mal à s'occuper de celui de 16 mois, qui a la chance de survivre !
http://www.jeanlouis-garret.fr/Abandons_enfants_sous_ancien_regime.html
LES MENEURS
Si par bonheur l'enfant passe le cap de l'abandon et du séjour à l'hôpital, il est mis en nourrice généralement à la campagne. Pour recruter les nourrices, les hôpitaux ont recours à l'intermédiaire des "meneurs". Ce système restera en vigueur jusqu'en 1821. On ne peut s'improviser meneur, des règlements assez stricts veillent à la moralité et à l'honorabilité des personnes qui postulent. Les meneurs doivent verser une caution généralement du quart de la somme qu'ils ont à convoyer jusqu'aux nourrices. Ils doivent déclarer leurs biens et hypothèques éventuels devant notaire. Le curé de leur paroisse doit leur fournir un certificat de bonne conduite qui est légalisé par un juge royal.
C'est le meneur qui achemine la rétribution des nourrices. Celles-ci doivent être payées "en argent et non en blé, orge ou autres denrées" comme quelques meneurs peu scrupuleux ont dû le faire.
Le métier est fort lucratif : le règlement de 1723 de l'HET de Paris prévoit que le meneur perçoit le vingtième de l'argent porté aux nourrices. Quand il conduit les enfants à la campagne le meneur touche le quart du premier mois de nourrice. Les sommes qu'il remet doivent figurer sur le bordereau, signé de la nourrice, qu'il remet à la Maison de la Couche. L'argent qu'il n'a pas rétribué doit être retourné à l'HET.
En cas de mort de l'enfant, le meneur doit rapporter le certificat de décès signé par le curé, et à partir de 1765 les linges.
Tous les six mois il doit visiter les pensionnaires qu'il a déposé dans son secteur.
Souvent les nourrices recrutés par les meneurs ne se présentent pas en nombre suffisant à l'HET, ce qui provoque une surmortalité comme en 1772, à Paris, où 2650 enfants sur 7676 périrent de ce fait. Il faut alors convoyer les bébés chez les mères nourricières qui n'ont pas pu se déplacer, pour cause de travaux agricoles ou de difficulté des transports en hiver. C'est le travail des femmes que l'on appelle commissionnaires.
Généralement elles se chargent de deux enfants de sexe différent pour éviter les substitutions volontaires ou non. Cette pratique est très rémunératrice pour... le meneur car c'est lui qui commandite ces femmes et les salarie. De 1783 à 1788, pour l'HET de Paris, près de 10000 enfants ont ainsi gagné la province contre 9100 par des nourrices patentées.
Certains meneurs abusent de la situation. Ainsi en 1757, dans les environs d'Evreux (Normandie), le meneur habitant Orgeville, paie à retardement les nourrices de son secteur et utilise les sommes retenues pour ses propres affaires. Il fait de même avec les vêtements des enfants. Il sera révoqué et remplacé par un meneur habitant Vernon.
UNE NOURRICE... DOIT ETRE SAINE
Il est fréquent que les familles aisées confient les enfants à des nourrices pour décharger la mère de l'allaitement.
Cela est une obligation pour les enfants abandonnés.
Il est rare que les nourrices agrées soient des citadines. Les administrateurs des hôpitaux craignent d'être trompés par des mères qui abandonnent leur enfant puis se le font confier en nourrice et reçoivent alors un salaire.
C'est cette pratique que dénonce un "voisin bien intentionné" à Rouen :
" ces deux lignes sont pour vous aviser que Nicolas Guillou qui demeure sur la paroisse de Saint-Maclou n'est pas marié. Il y a quatorze ans qu'il vit avec une fille qu'il fait passer pour sa femme. Il vous ont présenté un enfant à qui vous avez donné le plomb (le collier - voir ci-dessus) et la paie de 50 livres par an attendu qu'elle le nourrit chez-elle... Ils ne sont pas de Rouen ils sont de Caen".
Ainsi à Reims seuls 4% des enfants sont mis en nourrice dans la ville même. Par contre, on autorise des nourrices de province à s'installer dans la capitale et à y faire profession. C'est le cas, en 1675, de Françoise Dupuy, "nourrice de Jeanne Dulong, depuis 1 an environ et qui est venue habiter Paris rue Aumaire car son mari a dû quitter le bourg de Clermont (dans l'Oise) à cause de la pauvreté..."
D'une manière générale les nourrices sont recrutées dans les campagnes environnantes. On évite de les chercher trop loin pour réduire le voyage des enfants : 100 kilomètres semblent être la distance maximum, ce qui fait tout de même 3 jours de trajet.
L'hôpital de Marseille prospecte la Haute Provence, celui de Rouen vers le Pays de Bray, celui de Reims ne peut trouver de places dans le vignoble, évite la Champagne Pouilleuse, et préfère la direction de Paris (où de toute façon on pourra laisser l'enfant à l'HET de la capitale). L'hôpital de Lyon trouve des nourrices jusqu'en Vivarais et Savoie, mais avec de grosses concentrations dans le Bugey, celui de Paris essaime dans tout le bassin parisien jusqu'en Bourgogne !
N'est pas nourrice qui veut.
Les hôpitaux s'entourent de garanties. L'HET de Paris exige de ses nourrices qu'elles se présentent à la Maison de la Couche munies d'un certificat du curé ou à défaut des syndics de la communauté villageoise et de deux principaux habitants du village, et reconnu valable par le meneur du secteur.
Ce certificat atteste " qu'elle et son mari sont de la religion catholique et de bonnes moeurs, qu'elle est en l'état d'allaiter l'enfant qu'on voudra bien lui confier, et que l'âge de son lait est de X mois, qu'elle n'a point de nourrissons ou que l'âge du dernier nourrisson de l'hôpital qu'elle a chez elle est de X mois et qu'il est en l'état d'être sevré".
Dès son arrivée à l'hôpital, la nourrice est examinée par le chirurgien et les soeurs pour s'assurer de la qualité de son lait. Comme le spécifie le répertoire de jurisprudence de Guyot "la bonne constitution de son corps est une chose des plus essentielle. Il faut nécessairement qu'elle soit saine, d'une santé ferme et d'un bon tempérament, ni trop grasse, ni trop maigre; ses mamelles doivent être entières, sans cicatrices, médiocrement fermes et charnues, assez amples pour contenir une quantité suffisante de lait, sans être néanmoins grosses avec excès. Les bouts de mamelles ne doivent point être trop gros, durs, calleux, enfoncés, il faut au contraire qu'ils soient un peu élevés, de grosseur et de fermeté médiocres, bien percés de plusieurs trous, afin que l'enfant n'ai point trop de peine en les suçant et les pressant avec la bouche. Son lait ne doit être ni trop aqueux ni trop épais... Il doit être très blanc, de saveur douce et sucrée, sans aucun goût étranger à celui du lait.
Enfin, outre les moeurs requises dans la nourrice, il faut qu'elle soit vigilante, sage, prudente, douce, joyeuse, gaie, sobre et modérée dans son penchant à l'amour". Que de qualités qu'il devait être bien difficile de trouver réunies dans une même personne !
Le lieutenant général de police de Lyon (2) déplore en 1781 : "on remet des enfants souvent à des nourrices enceintes ou qui ont un lait de 3 ou 4 ans, à des vieilles femmes ou à des vagabondes sans maris, qui faisant de l'allaitement un trafic infâme, prennent plusieurs nourrissons à la fois, les font végéter avec du lait de vache, ou de chèvre, souvent même avec une nourriture plus malsaine pour les enfants, et font périr misérablement la plupart de ces infortunés, ou les rendent infirmes ou estropiés".
C'est qu'être nourrice rapporte. Peu il est vrai, mais c'est bien souvent un appréciable complément de ressources. D'autres causes poussent certains foyers à être nourriciers. Mais que penser de ce jardinier de Fismes (Champagne) qui pour repeupler sa maison vide depuis la disparition 15 mois plus tôt de son enfant mort-né, prend 2 bébés ? Sa femme ne peut allaiter le nourrisson, qui meurt immédiatement, et a du mal à s'occuper de celui de 16 mois, qui a la chance de survivre !
http://www.jeanlouis-garret.fr/Abandons_enfants_sous_ancien_regime.html
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
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Mme de Sabran- Messages : 55517
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Re: L’allaitement, et les bureaux de placement des nourrices, au XVIIIe siècle
Un hochet avec une extrémité permettant la succion. Catherine II en avait offert un incrusté de diamants et à l’extrémité en corail à la naissance du Dauphin.
Il avait alors rejoint les collections précieuses du Garde-Meuble.
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Gouverneur Morris- Messages : 11798
Date d'inscription : 21/12/2013
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