Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

Étienne-François de Choiseul (1719-1785) est militaire et diplomate, un peu méchamment surnommé le "cocher de l'Europe".


Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul
Par Louis-Michel Van Loo
Photo : Château de Versailles

C'est en partie à Madame de Pompadour qu'il doit sa carrière brillante. Elle lui fait donner l'ambassade de Rome où il s'illustre de 1753 à 1757. Le Roi lui confie ensuite celle de Vienne et il y jette les bases d'une alliance franco-autrichienne.
Le Comte de Durfort négocie les détails du mariage de l'Archiduchesse Antoine et du Dauphin Louis-Auguste.

A son retour à Paris, Choiseul prend en charge les Affaires étrangères du royaume.
Il tiendra ce porte-feuille pendant une douzaine d'années en ménageant ses intérêts et ceux de la France , et en signant notamment le pacte de Famille avec les Bourbons d'Espagne , de Naples et de Parme (1761); il est également à la tête de la guerre et de la marine. Comblé d'honneurs et créé Duc, il touche d'importantes rentes grâce à différentes charges qu'il occupe.

La fortune de sa femme, Louise-Honorine Crozat (1737-1801), une proche amie de Madame du Deffand, lui permet d'accumuler une importante collection de tableaux.

Il se charge de la réforme de l'armée et est souvent cité par les philosophes comme un ministre idéal. Il encourage les projets d'exploration de Bougainville.

A la mort de sa protectrice, Madame de Pompadour (le 15 avril 1764 ) , Choiseul reste en place mais il se voit finalement intimer l'ordre de se retirer dans sa campagne de Chanteloup en décembre 1770; un an plus tard, on lui demande de démissionner de sa charge de colonel des Suisses. Marie-Thérèse déplore la décision et pense que le renvoi de Versailles et la mise à l'écart de sa fille ne manquerait de s'ensuivre.

Marie-Antoinette , quant à Elle, considère d'un très mauvais œil le départ de Choiseul, auquel Elle pense devoir Son mariage, et, témoignant pendant toute sa disgrâce une grande fidélité au Duc et aux siens, Elle le fait rappeler dès 1774, à l'avènement de Louis XVI, et lui donne une audience à Reims au moment du sacre.
Les grands séducteurs vieillissent mal : si son fils putatif , Lauzun, fut un proche de la jeune Reine, Choiseul ne jouera aucun rôle politique sous le nouveau règne.
Il meurt en 1785, criblé de dettes.

Bien à vous.

Le magnifique Marie-Antoinette, l'impossible bonheur  boudoi30 , de Jallut et Huisman, nous offre une mini B.D. de la vie du ministre Choiseul .

J'aime beaucoup ce livre qui a été aussi un joli cadeau pour mes 40 ans !!! :;\':;\':; :;\':;\':; :;\':;\':;

Cette manière d'accrocher les tableaux sur trois ou quatre rangs, c'est tout à fait extraordinaire - ça me rappelle Chantilly.

C'était tout à fait courant jusqu'au XXème siècle. C'est notre manière de faire récente qui en quelque sorte n'est pas ordinaire.

Il s'agit des miniatures qui ornent l'une des tabatières du duc de Choiseul, peinte par Nicolas Van Blarenberghe vers 1770-1771, en collection particulière.
Ce sont les vues les plus précises que j'en ai vu jusqu'alors, merci !

Lucius a écrit:Il s'agit des miniatures qui ornent l'une des tabatières du duc de Choiseul, peinte par Nicolas Van Blarenberghe vers 1770-1771, en collection particulière.

Oui, c'est précisé sous la deuxième image .

La quatrième miniature nous montre la grande galerie du Louvre (du bord de l'eau, aujourd'hui les peintures italiennes), avec son décor inachevé de Nicolas Poussin, et les plans et reliefs aujourd'hui aux Invalides...

Mme de Sabran a écrit:

Lucius a écrit:Il s'agit des miniatures qui ornent l'une des tabatières du duc de Choiseul, peinte par Nicolas Van Blarenberghe vers 1770-1771, en collection particulière.

Oui, c'est précisé sous la deuxième image .

Oups, pas lu !!

Merci pour ces quelques images...

Il serait d’ailleurs temps d’ouvrir un sujet sur Choiseul !

... et de nous adonner à un peu de bouturage, sans doute .

Le duc de Choiseul détestait le premier Dauphin, fils de Louis XV!
Il lui aurait même dit :

"Je peux être un jour votre sujet, je ne serai jamais votre serviteur."

Le duc aimait le pouvoir en lui-même, non pour les vulgaires satisfactions qui le font désirer. Il était monté lentement, avec sagesse, au poste suprême où ses amis lui marquaient depuis longtemps sa place, où sa femme, fille d'un financier, comptait le voir en l'épousant, où l'ambition inquiète de sa sœur, la duchesse de Gramont, cherchait à le pousser d'un seul coup, mais qu'il avait préféré conquérir pas à pas pour s'y maintenir toujours. C'est ainsi qu'il avait réuni en ses mains le ministère des Affaires étrangères, celui de la Guerre, la Surintendance générale des Postes, et qu'il avait fait donner la Marine à son cousin le duc de Praslin, avec le gouvernement des colonies et du commerce maritime du royaume, ce qui faisait autant de grands services de l'État réunis sous son influence. Il exerçait bien, sinon les fonctions, du moins l'autorité d'un premier ministre.
Le Roi, persuadé que les affaires n'iraient pas mieux avec un autre serviteur et sachant que celui-ci, malgré ses défauts, était honnête et comblé, avait abandonné peu à peu les rênes à ces mains habiles et souples. Rassuré dans sa conscience royale, satisfait dans sa paresse privée, il laissait la France à M. de Choiseul en échangé de son loisir.

( Marie-Antoinette dauphine )

Suite  ...

Cette omnipotence, mise au service d'une imagination superficielle mais vaste, donnait l'illusion d'un véritable génie politique. Aussi Choiseul, qui avait eu des rivaux, puis des adversaires, jouissait maintenant de haines solides et vigoureuses, de celles qui vont d'ordinaire aux hommes forts, et qui se trouvaient, par hasard, bien au-dessus de ses mérites d'homme d'esprit.
Le parti acquis aux Jésuites, étranglés par le ministre avec un élégant cynisme, le lui rendait en calomnies. C'était lui, disait-on, qui avait empoisonné le premier Dauphin (  boudoi29  ), puis la Dauphine de Saxe (  boudoi29  boudoi29  boudoi29  ) , pour faire disparaître toute influence contraire à la sienne et assurer la perpétuité de son règne.


Etienne-François (1719–1785), duc de Choiseul-Stainville, at His Desk
Adélaïde Labille-Guiard (1749–1803)
oil on canvas, 1786
Image : National Trust, Waddesdon Manor

Des victimes moins illustres avaient subi le même sort : quand le dépositaire du « secret du Roi », le commis des Affaires étrangères Tercier, était mort d'apoplexie, on avait encore parlé du poison ministériel. La Cour et la ville répétaient couramment ces anecdotes, où quelque obscure vérité non démêlée se cache peut-être. M. de Talleyrand défend Choiseul de ces abominables soupçons en un tour de phrase assez perfide : « Quelque persuadé que je sois qu'aucun n'ait été fondé, j'éprouve une sorte d'embarras de ne pouvoir tirer mes motifs de conviction de la moralité de sa vie, et d'être obligé d'aller les chercher dans la légèreté de son caractère. »
Le duc, qui dédaignait même de se venger de ses ennemis, laissait volontiers courir ces fables ; elles donnaient plus de liberté à son jeu d'intrigue ordinaire, beaucoup moins tragique et beaucoup plus sûr.

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Mme de Sabran a écrit:Le duc de Choiseul détestait le premier Dauphin, fils de Louis XV!
Il lui aurait même dit :

"Je peux être un jour votre sujet, je ne serai jamais votre serviteur."

C'était un risque à prendre !!!

Cet homme était incontestablement talentueux, un grand politique du XVIIIème siècle, avec des idées relativement avancées. Mais il était odieux. Je n'oublierai jamais les horreurs qu'il a pu écrire sur Louis XV.

Reinette a écrit:Je n'oublierai jamais les horreurs qu'il a pu écrire sur Louis XV.

Le monarque ombrageux, jaloux d'une autorité qu'il affirmait rarement, mais par à-coups d'une brutalité inattendue, après avoir promis au cardinal de Fleury et s'être juré à soi-même de n'avoir jamais plus à ses côtés de premier ministre, avait laissé fléchir ses répugnances ; il avait accepté peu à peu, par l'entraînement de son indolence et parce qu'il y voyait la garantie du Pacte de Famille et de l'alliance autri-
chienne, la tutelle souriante de M. de Choiseul.

( Marie-Antoinette, Dauphine )

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Mme de Sabran a écrit:

Reinette a écrit:Je n'oublierai jamais les horreurs qu'il a pu écrire sur Louis XV.

Le monarque ombrageux, jaloux d'une autorité qu'il affirmait rarement, mais par à-coups d'une brutalité inattendue, après avoir promis au cardinal de Fleury et s'être juré à soi-même de n'avoir jamais plus à ses côtés de premier ministre, avait laissé fléchir ses répugnances ; il avait accepté peu à peu, par l'entraînement de son indolence et parce qu'il y voyait la garantie du Pacte de Famille et de l'alliance autri-
chienne, la tutelle souriante de M. de Choiseul.

( Marie-Antoinette, Dauphine )

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Dans mon souvenir il y a bien pire.

Ah, mais ce n'est pas Choiseul qui écrit cela, c'est Pierre de Nolhac !

Choiseul... boudoi29

Un grand homme peut se révéler parfois bien petit ....

Ses idées sont intéressantes, ses initiatives politiques assez innovantes ... mais quel caractère ! et la manière est souvent douteuse ....
Il a cependant l'avantage de créer un gouvernement fort, qui manquera beaucoup au règne suivant.
Et grand amateur d'art, ce qui n'est pas pour me déplaire !

Lucius a écrit:Ses idées sont intéressantes, ses initiatives politiques assez innovantes ... mais quel caractère ! et la manière est souvent douteuse ....
Il a cependant l'avantage de créer un gouvernement fort, qui manquera beaucoup au règne suivant.
Et grand amateur d'art, ce qui n'est pas pour me déplaire !

Oui voilà, cétait mon ressenti pour il y a encore quelques mois. Je me pensais "choiseuliste" sans apprécier Choiseul. Désormais je sais que je ne peux être non plus choiseuliste. àè-è\':

Décidément, ce pauvre Choiseul est vraiment mal en cour. :