La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
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Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Marie-Jeanne a écrit:Cher Hézècques, si vous voulez bien traduisez-moi les descriptifs des silhouettes postées plus haut. Rien ne presse !
Je vais m'atteler à la tâche cet été
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Merci Calonne pour votre point de vue sur la mode d'aujourd'hui. D'accord avec vous pour mes préférés, l'italienne et l'anglaise.
Je vais défendre un peu la France en vous disant juste d'aller marcher à Paris entre Opéra, Madeleine et Concorde. Vous verrez encore un peu le chic parisien, hommes comme femmes. A moins que ça ait changé, cela fait plusieurs années que je suis hors de France.
Vous n'êtes pas le premier homme à déplorer le style vestimentaire des jeunes femmes d'aujourd'hui. Faut-il en inculquer la faute à la mode actuelle (celle que l'on trouve dans la majorité des magasins). Dites-moi quelle beauté trouve-t-on à se mettre un pantalon déchiré, qui parfois vaut son pesant d'or. Cela signifie-t-il que vous êtes plus branché que les autres ? C'est vrai, c'est loin d'être la majorité.
Cher Calonne, je trouve agréable un jean avec le polo blanc. Chic intemporel.
J'aimerais tellement que certains d'entre vous, comme Calonne, donnent leur point de vue, sur la mode contemporaine. Ce n'est pas vitale, mais important et intéressant.
Je vais défendre un peu la France en vous disant juste d'aller marcher à Paris entre Opéra, Madeleine et Concorde. Vous verrez encore un peu le chic parisien, hommes comme femmes. A moins que ça ait changé, cela fait plusieurs années que je suis hors de France.
Vous n'êtes pas le premier homme à déplorer le style vestimentaire des jeunes femmes d'aujourd'hui. Faut-il en inculquer la faute à la mode actuelle (celle que l'on trouve dans la majorité des magasins). Dites-moi quelle beauté trouve-t-on à se mettre un pantalon déchiré, qui parfois vaut son pesant d'or. Cela signifie-t-il que vous êtes plus branché que les autres ? C'est vrai, c'est loin d'être la majorité.
Cher Calonne, je trouve agréable un jean avec le polo blanc. Chic intemporel.
J'aimerais tellement que certains d'entre vous, comme Calonne, donnent leur point de vue, sur la mode contemporaine. Ce n'est pas vitale, mais important et intéressant.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Pour revenir au XVIIIe siècle, voici une citation présumée de Melle Bertin « Il n’y a de nouveau que ce qui est oublié ». Elle s’applique très bien aux tendances vestimentaires actuelles, qui dans leur immense majorité, sont un remix des précédentes décennies revisitées par le marketing...
Pour avoir effectué une carrière dans différents métiers de la mode, je comprends qu'on puisse regretter la créativité et même l’élégance des temps révolus, mais la mode reste intéressante pour ce qu’elle reflète de la société, comme pour ce qu'elle raconte des individus.
Et puisque Balzac est à l’honneur aujourd’hui sur le Forum, je m’approprie sa phrase qui résume tout à fait ma pensée :
« L’homme qui ne voit que la mode dans la mode est un sot ». Traité de l’Élégance, 1830.
Pour avoir effectué une carrière dans différents métiers de la mode, je comprends qu'on puisse regretter la créativité et même l’élégance des temps révolus, mais la mode reste intéressante pour ce qu’elle reflète de la société, comme pour ce qu'elle raconte des individus.
Et puisque Balzac est à l’honneur aujourd’hui sur le Forum, je m’approprie sa phrase qui résume tout à fait ma pensée :
« L’homme qui ne voit que la mode dans la mode est un sot ». Traité de l’Élégance, 1830.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Et bien, soit. On en voit parfois à la télévision.Marie-Jeanne a écrit:Et puisque Balzac est à l’honneur aujourd’hui sur le Forum, je m’approprie sa phrase qui résume tout à fait ma pensée :
« L’homme qui ne voit que la mode dans la mode est un sot ». Traité de l’Élégance, 1830.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Marie-Jeanne a écrit:
Concernant l'habit masculin français à jamais disparu avec l'ancien régime, je suis bien d'accord avec vous cher Calonne. Mais comme en témoigne L.S. Mercier, les jeunes gens à la mode se piquaient de l'influence britannique, annonciatrice des habillements du XIXe siècle.
Le noir dans la mode masculine ne s'impose vraiment qu'à partir des années 1840.
Dans les années 1820 et 30 c'était la fête des couleurs et nuances niveau gilets et pardessus, mais c'est vrai que petit à petit le noir prend le dessus.
Voici par exemple une gravure de mode parue dans La Mode de 1831 :
Marie-Jeanne a écrit:
Et puisque Balzac est à l’honneur aujourd’hui sur le Forum, je m’approprie sa phrase qui résume tout à fait ma pensée :
« L’homme qui ne voit que la mode dans la mode est un sot ». Traité de l’Élégance, 1830.
Félix doit vous avouer qu'il est balzacien à ses heures
Il est même devenu membre de la Société des amis de Balzac l'année passée
Ce traité de la vie élégante, paru dans le journal La Mode est effectivement très intéressant à lire.
Balzac y dit aussi : La brute se couvre, le riche ou le sot se parent, l'homme élégant s'habille.
Trianon a écrit:
Et bien, soit. On en voit parfois à la télévision.
La télé, chère Trianon ? Mais dans quel siècle vivez-vous ?
Je dirais plutôt : sur Instagram
C'est là qu'on voit davantage de ces petits sots qui ne voient la mode que dans la mode
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Comte d'Hézècques a écrit:
Balzac y dit aussi : La brute se couvre, le riche ou le sot se parent, l'homme élégant s'habille.
Superbe ! J'aime ...
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55517
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Voici que je fais tilt sur un mot nouveau pour moi, les engageantes !
Merci, Momo !!!
Les engageantes
Par Pascale Debert
Détail Portrait de la Pompadour Maurice Quentin de la Tour
Au XVIIIe siècle, les dentelles aussi se piquent d’être libertines, et les engageantes qui virevoltent de bras en bras ne sont pas de belles dames papillonnantes mais les volants de dentelles et les fines broderies blanches parfois ornées de rubans qui prolongent les manches des robes pendant plus d’un siècle !
Les manches s’arrêtent légèrement au-dessous du coude et sont bordées de deux, trois ou quatre volants de dentelles, les engageantes mettent en valeur la finesse et la blancheur des bras.
Article DR Pascale Fourtier Debert
http://www.histoiresgalantes.fr/blog/2015/04/26/les-engageantes/
Je ne sais pas si l'accessoire de mode le plus adapté à la dentelle n'aura pas été les engageantes, ces volants de dentelles ou de fines broderies blanches , parfois ornés de rubans, qui prolongèrent les manches mi longues des robes pendant un peu plus d'un siècle, de 1670 environ, sous Louis XIV, jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, jusqu'à la révolution.
Voyez sur cette photo combien ces engageantes sont faites pour mettre magnifiquement en valeur la dentelle, mais aussi ... et surtout.... la grâce et la féminité de cette main.
Les engageantes apparaissent sur les robes somptueuses du règne de Louis XIV, ces robes surchargées de noeuds, de rubans, de broderies d'or, d'incrustations de dentelles.
Les manches de la robe s'arrêtaient légèrement au dessous du coude et étaient bordées de deux, trois ou parfois même quatre couches de dentelles.
Ces flots de dentelles, ces rangs de linon mousseux accompagnaient à merveille les gestes élégants et gracieux de ces bras à la peau si blanche, comme le voulait la mode à l'époque.
http://dentelle-et-papillon.over-blog.com/article-32607855.html
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Mme de Sabran- Messages : 55517
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Les engageantes, sujet cher à l'amie Clio, semblent être passées de mode avec la raréfaction des manches dites en pagodes.
Désormais mi longues ou longues et beaucoup plus étroites, les manches étaient bordées de manchettes adaptées, aux nouvelles modes, et au mode de vie.
Sous réserve de vérification approfondie, le terme engageante ne se trouve plus dans le vocabulaire marchand dès les années 1780.
Néanmoins, les nouveautés ne balayent pas d'un seul coup les habillements précédents. Exactement comme aujourd'hui, il faut plusieurs années pour qu'une mode passée disparaisse totalement des vestiaires. C'est encore plus vrai au XVIIIe par le coût du textile, en particuliers celui des dentelles, un luxe si hors de prix qu'elles se transmettaient de génération en génération.
Désormais mi longues ou longues et beaucoup plus étroites, les manches étaient bordées de manchettes adaptées, aux nouvelles modes, et au mode de vie.
Sous réserve de vérification approfondie, le terme engageante ne se trouve plus dans le vocabulaire marchand dès les années 1780.
Néanmoins, les nouveautés ne balayent pas d'un seul coup les habillements précédents. Exactement comme aujourd'hui, il faut plusieurs années pour qu'une mode passée disparaisse totalement des vestiaires. C'est encore plus vrai au XVIIIe par le coût du textile, en particuliers celui des dentelles, un luxe si hors de prix qu'elles se transmettaient de génération en génération.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Ce sont de biens jolis accessoires...
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Il y a une pièce de Marivaux dans laquelle une jeune fille se plaint des engageantes sales et jaunies offertes par sa marâtre... cela parle-t-il à quelqu’un ?
Et dire que j’ai vu la pièce au théâtre...
Et dire que j’ai vu la pièce au théâtre...
Gouverneur Morris- Messages : 11799
Date d'inscription : 21/12/2013
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
J'avoue, j'ai cédé, le bouquiniste chez qui j'avais acheté le volume de 1789 du "Journal des Luxus und der Moden" m'avait trouvé un autre volume dans ses cartons, celui-ci en pleine époque révolutionnaire : 1792
Cependant, en Allemagne on pouvait encore respirer et s'occuper de choses frivoles telle la mode.
Ce qui est amusant c'est que certaines figures sont décrites étant des élégants ou élégantes de Paris. Il me semblerait néanmoins risqué de se promener en plein Paris révolutionnaire de 1792 dans les tenues élégantes proposées dans ce volume
Le reporter sur place à Paris nous raconte en revanche que tout le monde était habillé de la même façon en 1792, sans façons et sans style, afin de passer inaperçu.
Voici la plupart des gravures qui se trouvent dans mon volume de 1792 :
Février 1792 :
Si je ne me trompe pas, c'était la reine qui portait un tel chapeau en forme de cône lors de la fuite direction Montmédy en 1791 ?
Mars 1792 :
Mai 1792 :
Juin 1792 :
Août 1792 :
Septembre 1792 :
Octobre 1792 :
On voit que la silhouette des coiffures à l'enfant et les robes à l'anglaise commencent à faire place à une mode plus austère, fatalement dû aux circonstances politiques.
Notez toutefois les charmants caraco dans la plupart des gravures.
Cependant, en Allemagne on pouvait encore respirer et s'occuper de choses frivoles telle la mode.
Ce qui est amusant c'est que certaines figures sont décrites étant des élégants ou élégantes de Paris. Il me semblerait néanmoins risqué de se promener en plein Paris révolutionnaire de 1792 dans les tenues élégantes proposées dans ce volume
Le reporter sur place à Paris nous raconte en revanche que tout le monde était habillé de la même façon en 1792, sans façons et sans style, afin de passer inaperçu.
Voici la plupart des gravures qui se trouvent dans mon volume de 1792 :
Février 1792 :
Si je ne me trompe pas, c'était la reine qui portait un tel chapeau en forme de cône lors de la fuite direction Montmédy en 1791 ?
Mars 1792 :
Mai 1792 :
Juin 1792 :
Août 1792 :
Septembre 1792 :
Octobre 1792 :
On voit que la silhouette des coiffures à l'enfant et les robes à l'anglaise commencent à faire place à une mode plus austère, fatalement dû aux circonstances politiques.
Notez toutefois les charmants caraco dans la plupart des gravures.
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
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Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Comte d'Hézècques a écrit:
Notez toutefois les charmants caraco dans la plupart des gravures.
Merci, mon cher Félix, pour ce florilège !
Toutes ces dames sont ravissantes . Toutes ont en main un éventail !
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Mme de Sabran- Messages : 55517
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Super achat
Pendant la période révolutionnaire, les habillements féminins étaient issus des innovations de la décennie précédente, préfigurées par la garde-robe de Marie-Antoinette. Les redingotes de la reine étaient devenues « Nationales », les robes en fourreaux et en chemise, se multipliaient sous différentes formes, le pierrot qu'elle affectionnait depuis longtemps était à son apogée, les fichus qu'elle collectionnait étaient partout. De même le blanc, considéré jusque là comme un luxe, était rentré dans les mœurs en s'accordant aux coloris patriotiques. La mode n’avait jamais été aussi à la mode !
On assista à une forme de « démocratisation » au détriment du luxe.
En juin 1790, Le Journal de la Mode et du Goût écrivait :
« Le luxe tombe s’écrient les marchands ; déjà l’or et l’argent ne sont plus employés dans la parure ; l’on ne porte plus que de l’uni. Tant mieux pour tout le monde, leur répondrais-je ; et vous marchands qui craignez d’y perdre, vous y gagnerez. Si l’usage de couvrir ses vêtements de métal est disparu, le goût ne l’est pas en France (…) parce qu’il sera désormais le seul moyen de se distinguer. (…)Alors le luxe ne consistera plus que dans l’aisance (le confort), la propreté, et l’élégance des formes (la silhouette) »
Ce que semble regretter le bien nommé Journal des Luxus und der Moden Il n'empêche qu'en terme de silhouettes, ses charmantes gravures sont quasiment des copier coller des modes parisiennes, qu'entre nous je ne trouve pas si austères que çà
Suite à une critique d'outre-Rhin sur les modes françaises, Le Journal de la Mode et du Goût lui répondit en lui assenant avec humour une petite leçon de modernité :
« N’en déplaise à un amateur de Saarbruk, qui leur préfère les harnois de chevaux, les pierrots sont d’un goût exquis, d’une tournure charmante, et rayés. Il n’y a point là d’indécence, comme le prétend notre amateur de Saarbruck ; et quoique les femmes de sa connaissance se proposent d’aller plutôt en chemise, que de porter plus longtemps des pierrots et des caracos, nous doutons que nos élégantes reviennent jamais à ces amples tudesques, sous lesquelles leurs aïeules étaient ensevelies. »
Pendant ce temps, Marie-Antoinette se montre en ville « vêtue d’une simple robe blanche et coiffée d’une baigneuse de gaze à rubans roses, absolument comme une simple bourgeoise », exactement comme elle aimait s'habiller à Trianon des années plus tôt. (source dans Marie-Antoinette l'affranchie)
Toujours en juin 1790, le Journal de la Mode et du Goût rend brièvement hommage à la reine pour son action sur les modes
« À l’avènement de Louis XVI au trône, la jeune reine secoua tous les préjugés et toutes les gènes antiques ; on s’empressa, même dans les jours de représentations, à suivre les modes nouvelles, qui, jusque là, n’avaient été admises que pour les simples négligés »
Les années suivantes, jusqu'à l'incarcération au Temple, et en dehors des représentations d'étiquette aux Tuileries, Marie-Antoinette continua de porter les tenues naturelles qu'elle affectionnait tout particulièrement depuis longtemps.
Sur les chapeaux pointus dit en entonnoir par Le Journal du Goût, ils étaient inspirés par ceux des flamands du siècle précédant, et apparurent au cour de l’hiver 1790, d’abord de petite taille, puis de plus en plus haut.
Pendant la période révolutionnaire, les habillements féminins étaient issus des innovations de la décennie précédente, préfigurées par la garde-robe de Marie-Antoinette. Les redingotes de la reine étaient devenues « Nationales », les robes en fourreaux et en chemise, se multipliaient sous différentes formes, le pierrot qu'elle affectionnait depuis longtemps était à son apogée, les fichus qu'elle collectionnait étaient partout. De même le blanc, considéré jusque là comme un luxe, était rentré dans les mœurs en s'accordant aux coloris patriotiques. La mode n’avait jamais été aussi à la mode !
On assista à une forme de « démocratisation » au détriment du luxe.
En juin 1790, Le Journal de la Mode et du Goût écrivait :
« Le luxe tombe s’écrient les marchands ; déjà l’or et l’argent ne sont plus employés dans la parure ; l’on ne porte plus que de l’uni. Tant mieux pour tout le monde, leur répondrais-je ; et vous marchands qui craignez d’y perdre, vous y gagnerez. Si l’usage de couvrir ses vêtements de métal est disparu, le goût ne l’est pas en France (…) parce qu’il sera désormais le seul moyen de se distinguer. (…)Alors le luxe ne consistera plus que dans l’aisance (le confort), la propreté, et l’élégance des formes (la silhouette) »
Ce que semble regretter le bien nommé Journal des Luxus und der Moden Il n'empêche qu'en terme de silhouettes, ses charmantes gravures sont quasiment des copier coller des modes parisiennes, qu'entre nous je ne trouve pas si austères que çà
Suite à une critique d'outre-Rhin sur les modes françaises, Le Journal de la Mode et du Goût lui répondit en lui assenant avec humour une petite leçon de modernité :
« N’en déplaise à un amateur de Saarbruk, qui leur préfère les harnois de chevaux, les pierrots sont d’un goût exquis, d’une tournure charmante, et rayés. Il n’y a point là d’indécence, comme le prétend notre amateur de Saarbruck ; et quoique les femmes de sa connaissance se proposent d’aller plutôt en chemise, que de porter plus longtemps des pierrots et des caracos, nous doutons que nos élégantes reviennent jamais à ces amples tudesques, sous lesquelles leurs aïeules étaient ensevelies. »
Pendant ce temps, Marie-Antoinette se montre en ville « vêtue d’une simple robe blanche et coiffée d’une baigneuse de gaze à rubans roses, absolument comme une simple bourgeoise », exactement comme elle aimait s'habiller à Trianon des années plus tôt. (source dans Marie-Antoinette l'affranchie)
Toujours en juin 1790, le Journal de la Mode et du Goût rend brièvement hommage à la reine pour son action sur les modes
« À l’avènement de Louis XVI au trône, la jeune reine secoua tous les préjugés et toutes les gènes antiques ; on s’empressa, même dans les jours de représentations, à suivre les modes nouvelles, qui, jusque là, n’avaient été admises que pour les simples négligés »
Les années suivantes, jusqu'à l'incarcération au Temple, et en dehors des représentations d'étiquette aux Tuileries, Marie-Antoinette continua de porter les tenues naturelles qu'elle affectionnait tout particulièrement depuis longtemps.
Sur les chapeaux pointus dit en entonnoir par Le Journal du Goût, ils étaient inspirés par ceux des flamands du siècle précédant, et apparurent au cour de l’hiver 1790, d’abord de petite taille, puis de plus en plus haut.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Comte d'Hézècques a écrit:J'avoue, j'ai cédé, le bouquiniste chez qui j'avais acheté le volume de 1789 du "Journal des Luxus und der Moden" m'avait trouvé un autre volume dans ses cartons, celui-ci en pleine époque révolutionnaire : 1792 .
Félicitations pour cet achat. Tes deux livres sont magnifiques, je suis jaloux.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Marie-Jeanne a écrit:
Ce que semble regretter le bien nommé Journal des Luxus und der Moden Il n'empêche qu'en terme de silhouettes, ses charmantes gravures sont quasiment des copier coller des modes parisiennes, qu'entre nous je ne trouve pas si austères que çà
Ah c'est très étrange, car quand je lis les descriptions et les opinions dans le Journal des Luxus, ils prônent justement l'élégance dans la simplicité.
Les figures sont d'ailleurs dessinées par des artistes allemands, notamment par Georg Melchior Kraus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Melchior_Kraus
Chaque livraison contient habituellement une figure de mode avec des habits français et une figure avec des habits allemands, souvent un peu plus austère que les modèles français
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Félicitations pour cet achat. Tes deux livres sont magnifiques, je suis jaloux.
Il n'y a pas de raison d'être jaloux
C'est deux volumes en assez mauvais état, mais qui contiennent heureusement la plupart des gravures. Ce sont de beaux témoignages d'une époque révolue
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
En tout cas vos gravures semblent en très bon état, très fraiches pour leur grand âge !
Quand je consulte les exemplaires de ce journal entièrement numérisé sur internet, je vois en effet que les pages mode détaillent les modes françaises, anglaises et allemandes. Malheureusement je ne lis pas l'allemand et ne peux pas analyser les textes. Quand j'aurai un moment, je regarderai de plus près la différence entre silhouettes françaises et allemandes.
Le Journal des Luxus und der Moden est d'autant plus précieux qu'il reflète les modes parisiennes de la période révolutionnaire, car en France Le Journal de la mode et du goût cessa de paraître en février 1792.
Quand je consulte les exemplaires de ce journal entièrement numérisé sur internet, je vois en effet que les pages mode détaillent les modes françaises, anglaises et allemandes. Malheureusement je ne lis pas l'allemand et ne peux pas analyser les textes. Quand j'aurai un moment, je regarderai de plus près la différence entre silhouettes françaises et allemandes.
Le Journal des Luxus und der Moden est d'autant plus précieux qu'il reflète les modes parisiennes de la période révolutionnaire, car en France Le Journal de la mode et du goût cessa de paraître en février 1792.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Comte d'Hézècques a écrit:
Il n'y a pas de raison d'être jaloux
Comte d'Hézècques a écrit:
C'est deux volumes en assez mauvais état, mais qui contiennent heureusement la plupart des gravures. Ce sont de beaux témoignages d'une époque révolue
Peu importe l'état de la reliure, les gravures sont superbes. Bravo encore.
Comme je le disais dans un autre sujet, le décor des porcelaines de Paris était souvent à l'imitation du tissu. En voici un exemple avec l'un des gravures de ton livre :
Tasse et soucoupe XVIIIème de la manufacture de Locré :
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Ah oui c'est amusant, je n'ai jamais vraiment fait le rapport entre la déco des porcelaines et les tissus des robes de l'époque
Merci
Merci
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Oui, bravo à Notre Grâce, pour ce rapprochement .
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Concernant les soieries chinées à la branche à motifs floutés si particuliers, on peut sans trop de risque les identifier comme source d’inspiration sur le service de porcelaine de l’autre sujet.
Pour le reste, en absence de datation, il est difficile de déterminer qui de la porcelaine ou du textile influençait l’autre.
Le cas du service de Marie-Antoinette à perles et barbeaux bordure merde d’oie, commandé en juillet 1781 et livré en janvier 1782, est à cet égard particulièrement intéressant. Du côté de la garde-robe de la reine pour le printemps 1782 (inventaire en novembre 1781), on trouve trois robes à fond merde d’oie, et deux à fond blanc à motifs de petits barbeaux. Comme un collier, les perles ponctuent le service.
Royale illustration de l’interaction entre les Arts décoratifs, l'artisanat textile, et la mode.
Pour le reste, en absence de datation, il est difficile de déterminer qui de la porcelaine ou du textile influençait l’autre.
Le cas du service de Marie-Antoinette à perles et barbeaux bordure merde d’oie, commandé en juillet 1781 et livré en janvier 1782, est à cet égard particulièrement intéressant. Du côté de la garde-robe de la reine pour le printemps 1782 (inventaire en novembre 1781), on trouve trois robes à fond merde d’oie, et deux à fond blanc à motifs de petits barbeaux. Comme un collier, les perles ponctuent le service.
Royale illustration de l’interaction entre les Arts décoratifs, l'artisanat textile, et la mode.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Je suis plutôt tenté de penser que c'était la porcelaine de Paris qui imitait le tissu. Les peintres des manufactures parisiennes suivaient la mode du temps. Le la était donné par les marchandes de mode, non ?
Un nouvel exemple avec cette tasse de la manufacture de la reine (rue Thiroux) à l'imitation du tissu :
Un nouvel exemple avec cette tasse de la manufacture de la reine (rue Thiroux) à l'imitation du tissu :
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Vous soulevez une question très intéressante à laquelle je ne suis pas compétente pour répondre précisément, n’étant pas du tout spécialiste des porcelaines.
Néanmoins, concernant le service aux perles et barbeaux, je suis incline à penser que son inspiration vient de la garde-robe de Marie-Antoinette et non l’inverse, sachant qu’à partir de 1776, les marchande de modes avait le droit de créer et de faire réaliser leurs matières premières, ce qui leur était interdit auparavant.
Le service rayé, évoquant bien les coloris en demi teinte des étoffes rayées très en vogue, pourrait bien en effet être inspiré par la mode vestimentaire.
Néanmoins, concernant le service aux perles et barbeaux, je suis incline à penser que son inspiration vient de la garde-robe de Marie-Antoinette et non l’inverse, sachant qu’à partir de 1776, les marchande de modes avait le droit de créer et de faire réaliser leurs matières premières, ce qui leur était interdit auparavant.
Le service rayé, évoquant bien les coloris en demi teinte des étoffes rayées très en vogue, pourrait bien en effet être inspiré par la mode vestimentaire.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Suite à notre jeu :
Cravate et jabot sont, sous l'Ancien Régime, deux choses différentes.
Commençons au commencement. La chemise d'Ancien-Régime ne comporte pas de col. Elle se ferme avec un lacet/ruban, ou bien boutonnée (cette dernière solution à priori plutôt XVIIIe)
Il convient alors de créer un protection pour le cou au contact des vêtements rigides qui se portent par dessus.
La cravate est une écharpe de tissus, indépendante du reste de l'habillement, qui se noue autours du cou. On la voit apparaître à partir du moment où la fraise et les rabats sont abandonnés. Elle est portée pendant tous le règne personnel de Louis XIV, et encore au début du XVIIIe siècle. Marie-Jeanne pourra sûrement nous donner une période précise de sa disparition dans le costume civil (je crois qu'elle demeure dans le costume militaire, mais je m'y connais très mal). Portée parfois de manière très lâche, elle est le plus souvent bien nouée, de manière à ne pas laisser voir la chaire en dessous (un peu comme nous portons aujourd'hui une écharpe sous un manteau).
En voici quelques exemples :
Ici modeste et pragmatique :
Il existe un certain nombre de représentation avec une courte frange de dentelle au bout, mais je n'en ai pas de bonne image.
La version la plus courante sur les portraits sous Louis XIV est la suivante : la partie en tissus simple sert à faire le tour et le noeud, afin de ne laisser apparaître que la dentelle en deux pans plus ou moins longs. Elle disparaît des portraits autours de 1740.
Pendant le règne de Louis XIV, quoiqu'étant déjà bien implantée, d'autres version existent, par exemple avec des pans plus courts retenus par un ruban faisant noeud papillon derrière.
Dans quelques portraits on note l'usage de retenir la dentelle dans la boutonnière, probablement de la même manière qu'aujourd'hui on la range dans la pochette de la chemise. (dans ce portrait de Parrocel, c'est léger, mais j'en ai vu qui y mettait toute la cravate).
Mme de Sabran a écrit:Lucius a écrit:
Ce sont deux choses différentes qui ont existé séparément ou ensemble aux XVIIIe siècle. Et l'ancêtre de la cravate actuelle, si il fallait lui trouver un ancêtre, serait bien plus la cravate ancienne que le jabot, dont il n'a ni la forme, ni la fonction, ni la structure.
Alors tu me diras comment il convient le mieux de l'appeler quand je posterai la photo .
Cravate et jabot sont, sous l'Ancien Régime, deux choses différentes.
Commençons au commencement. La chemise d'Ancien-Régime ne comporte pas de col. Elle se ferme avec un lacet/ruban, ou bien boutonnée (cette dernière solution à priori plutôt XVIIIe)
Il convient alors de créer un protection pour le cou au contact des vêtements rigides qui se portent par dessus.
La cravate est une écharpe de tissus, indépendante du reste de l'habillement, qui se noue autours du cou. On la voit apparaître à partir du moment où la fraise et les rabats sont abandonnés. Elle est portée pendant tous le règne personnel de Louis XIV, et encore au début du XVIIIe siècle. Marie-Jeanne pourra sûrement nous donner une période précise de sa disparition dans le costume civil (je crois qu'elle demeure dans le costume militaire, mais je m'y connais très mal). Portée parfois de manière très lâche, elle est le plus souvent bien nouée, de manière à ne pas laisser voir la chaire en dessous (un peu comme nous portons aujourd'hui une écharpe sous un manteau).
En voici quelques exemples :
Ici modeste et pragmatique :
Il existe un certain nombre de représentation avec une courte frange de dentelle au bout, mais je n'en ai pas de bonne image.
La version la plus courante sur les portraits sous Louis XIV est la suivante : la partie en tissus simple sert à faire le tour et le noeud, afin de ne laisser apparaître que la dentelle en deux pans plus ou moins longs. Elle disparaît des portraits autours de 1740.
Pendant le règne de Louis XIV, quoiqu'étant déjà bien implantée, d'autres version existent, par exemple avec des pans plus courts retenus par un ruban faisant noeud papillon derrière.
Dans quelques portraits on note l'usage de retenir la dentelle dans la boutonnière, probablement de la même manière qu'aujourd'hui on la range dans la pochette de la chemise. (dans ce portrait de Parrocel, c'est léger, mais j'en ai vu qui y mettait toute la cravate).
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: La mode et les vêtements au XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:
Nous pouvons admirer aujourd'hui cette cravate à Londres, au
Elle avait été fabriquée par Grinling Gibbons, 1648 - 1721, sculpteur anglais généralement considéré comme l'un des plus habiles sculpteurs sur bois d'Angleterre, et le seul dont le nom soit, à vrai dire, connu d'un large public.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grinling_Gibbons
Object Type
This wooden cravat is carved in imitation of Venetian needlepoint lace and is life size. It was made to demonstrate the carver's skill. Similar cravats appear in architectural decorative schemes associated with Gibbons. This piece was probably made to show and impress potential patrons.
People
The cravat belonged to Horace Walpole (1717-1797) who thought highly of Gibbons' work as a woodcarver. His family home, Houghton, Norfolk, included a room decorated with Gibbons' carving. Walpole thought that one of the ivory reliefs on his cabinet (W.52:1-1925) - that representing Judith with the head of Holofernes - was also carved by Gibbons although this attribution is not accepted today.
Place
Gibbons' cravat was displayed in the Tribune Room at Strawberry Hill with the Walpole Cabinet. It formed part of Horace Walpole's collection of special small objects. In 1769 Walpole wore the cravat to receive some distinguished French, Spanish and Portuguese visitors at his Twickenham home, Strawberry Hill.
On voit très bien sur cet exemple la jonction entre l'étoffe de la cravate et la dentelle, juste après le nœud. Elle est assez proche de certains exemples que j'ai montré.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
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