14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
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14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
Le 14 juillet, prise de la Bastille. J'assistai, comme spectateur, à cet assaut contre quelques invalides et un timide gouverneur : si l'on eût tenu les portes fermées, jamais le peuple ne fût entré dans la forteresse. Je vis tirer deux ou trois coups de canon, non par les invalides, mais par des gardes-françaises, déjà montés sur les tours. De Launay, arraché de sa cachette, après avoir subi mille outrages, est assommé sur les marches de l'Hôtel de Ville ; le prévôt des marchands, Flesselles, a la tête cassée d'un coup de pistolet ; c'est ce spectacle que des béats sans coeur trouvaient si beau. Au milieu de ces meurtres, on se livrait à des orgies, comme dans les troubles de Rome, sous Othon et Vitellius. On promenait dans des fiacres les vainqueurs de la Bastille, ivrognes heureux, déclarés conquérants au cabaret ; des prostituées et des sans-culottes commençaient à régner, et leur faisaient escorte. Les passants se découvraient avec le respect de la peur, devant ces héros, dont quelques-uns moururent de fatigue au milieu de leur triomphe. Les clefs de la Bastille se multiplièrent ; on en envoya à tous les niais d'importance dans les quatre parties du monde. Que de fois j'ai manqué ma fortune ! Si moi, spectateur, je me fusse inscrit sur le registre des vainqueurs, j'aurais une pension aujourd'hui.
Mais la nation qui se trompa sur la grandeur du fait matériel, ne se trompa pas sur la grandeur du fait moral: la Bastille était à ses yeux le trophée de la servitude; elle lui semblait élevée à l'entrée de Paris, en face des seize piliers de Montfaucon, comme le gibet de ses libertés. En rasant une forteresse d'Etat, le peuple crut briser le joug militaire, et prit l'engagement tacite de remplacer l'armée qu'il licenciait: on sait quels prodiges enfanta le peuple devenu soldat.
François-René de Chateaubriand - Mémoires d'outre-tombe - 1848
J'ai placé " prise " entre guillemets, car la Bastille n'a pas été prise . Ce fut une reddition de la forteresse .
J'avais copié-collé de Google ce jeu des 7 erreurs de la " prise de la Bastille ", autrefois à la Conciergerie :
14 juillet 1789 :
La prise de la Bastille
La prise de la Bastille possède une particularité étonnante, et qui mérite d'être signalée :
- Racontée par les Français, elle représente selon eux l'essence même de la France ; et c'est beau.
- Ramenée à la réalité historique, elle représente aussi, pour le reste du monde, l'essence même de la France ; et c'est vraiment autre chose.
Il s'agit donc d'un événement consensuel ; tout le monde s'y retrouve, même si on ne s'y retrouve pas ensemble.
Cet accord séparateur, cet étonnant consensus dissociatif, devrait être connu et apprécié dans le monde entier.
Voici les deux versions :
- La Bastille était une forteresse imprenable.
- La Bastille a été prise à chaque fois qu'elle a été attaquée. Le 16 janvier 1649, pendant la Fronde, elle avait capitulé après avoir essuyé cinq ou six coups de canon.
Selon le cardinal de Retz : "Ce fut un assez plaisant spectacle de voir les femmes à ce fameux siège porter leurs sièges dans le jardin de l'arsenal, où étaient les batteries, comme elles le font au sermon."
*
- Dans la Bastille s'entassaient les victimes de l'arbitraire. La Gazette de la Régence annonce :" Je sais par un commissaire au Chatelet qui était préposé pour la Bastille que, l'un portant l'autre, il y entrait bien dix ou douze prisonniers par semaine et qu'il en sortait peu comparativement ".
(calculez : celà fait plus de 500 prisonniers par an...)
- Les scoops des journaux parisiens, surtout s'ils se réclament des milieux bien informés, ne sont bien souvent que du flan.
Les registres d'écrou conservés à la Bibliothèque de l'Arsenal montre qu'à l'époque du scoop il entrait une moyenne de 25 prisonniers par an.
Pour la plupart, la détention était de courte durée. Sous Louis XIV, il y eut à passer par là 40 détenus en moyenne par an ; sous Louis XV il y en eut 43 ; sous Louis XVI il y en eut 19. De toutes façons, la forteresse ne pouvait contenir que 42 détenus logés séparément.
*
- La Bastille est une prison royale. Le roi y enferme qui bon lui semble, sans durée et sans procès, par des lettres de cachet.
- La Bastille, sous Louis XVI, est devenue une prison d'État. Le procès des détenus est instruit au Châtelet ou au Parlement. Les conseillers du Parlement viennent inspecter la Bastille. Breteuil, ministre de Louis XVI, informe les intendants qu'il ne sera plus délivré de lettres de cachet sans motif et sans durée de peine.
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- La Bastille est le temple de l'injustice.
- Sur 279 personnes embastillées pendant les quinze dernières années de l'ancien régime, 38 ont bénéficié d'une ordonnance de non-lieu. Les victimes d'une erreur judiciaire étaient largement indemnisées. Voltaire toucha, à sa sortie de la Bastille, une pension de 1200 livres, qu'il ne refusa pas.
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- La royauté entretient la forteresse pour garder en soumission le peuple de Paris.
- La démolition de la Bastille était décidée depuis longtemps, du fait de son coût d'entretien trop élevé. Le donjon de Vincennes, succursale de la bastille, est fermé en 1784, faute de prisonniers. La même année est dressé le plan d'une place Louis XVI à l'emplacement de la Bastille.
*
- L'alliance de la démagogie et du délire paranoïaque
Le 12 juillet, Louis XVI renvoie son contrôleur général des finances, Jacques Necker, un banquier d'origine genevoise qui n'a fait que creuser le déficit.
Camille Desmoulins harangue la foule dans les jardins du Palais-Royal. Il rajoute à la défense du démagogue son propre délire paranoïaque : " Citoyens ! Il n'y a pas un moment à perdre. J'arrive de Versailles ; M. Necker est renvoyé. Ce renvoi est le tocsin d'une Saint-Barthélémy des patriotes ; ce soir tous les bataillons suisses et allemands sortiront du Champ de Mars pour nous égorger. Il ne nous reste qu'une ressource, c'est de courir aux armes ! "
Au matin du 14 juillet, les Parisiens sont à cran ; d'autres y voient sans doute une opportunité. Ils cherchent des armes et se rendent à l'Hôtel des Invalides.
La foule fait irruption dans l'arsenal et emporte 28.000 fusils et une vingtaine de bouches à feu.
Maintenant qu'ils ont des armes, il faut des munitions. La rumeur se répand que la poudre est entreposée à la Bastille.
Les Sans-culottes parisiens représentent le peuple français , les pauvres, les exploités.
- Les Sans-culottes sont les petits bourgeois de Paris, déstabilisés par les mauvaises récoltes agricoles ainsi que par le laxisme de la politique économique et sociale de Louis XVI. Ce qu'ils voulaient, c'est que la famine qui sévissait dans les campagnes ne les atteignent pas.
Arrogance et égoïsme local forcené.
Selon Albert Soboul (Les Sans-culottes parisiens de l'an II, Ed Seuil, 1968), 45,3% sont des maîtres artisans, 18,5% sont des commerçants, 10,5% sont des professions libérales. Une bonne partie d'entre eux emploient des ouvriers.
Coincés entre les prémices du grand capitalisme (les "accapareurs") et les revendications de leurs salariés, ils imposeront en 1793 la Loi du maximum, qui bloquait les salaires et les prix.
*
- Les canons de la Bastille sont pointés sur le peuple de Paris
- Les canons de la Bastille ne servaient qu'à tirer des salves les jours de fête. Depuis la Fronde, aucun boulet n'en était sorti. Tous les habitants du faubourg le savaient. Mais l'échauffement des esprit fait que ce matin là, on leur trouva une allure suspecte. Les "électeurs" envoyèrent des délégués au gouverneur de la Bastille, de Launey (ou de Launay), qui fit retirer sans manière les canons de leurs embrasures et fermer celles-ci par des planches.
*
- La Bastille a été prise au nom de la liberté, contre la tyrannie.
- Tous les témoignages d'époque sont unanimes. L'objectif des émeutiers était de se procurer des armes et des munitions.
La prise de la forteresse s'est faite aux cris de "Vive le roi !", comme les pillages de grains dans les provinces depuis plusieurs mois.
*
- Face au peuple, une troupe aguerrie, avide de sang...
- La garnison de la Bastille se compose de 82 vétérans, dits Invalides, auxquels s'est adjoint le 7 juillet un détachement de 32 gardes suisses du régiment de Salis-Samade commandés par le lieutenant de Flüe.
*
- Le pont-levis qui donnait accès dans la cour intérieure avait été relevé. Deux assaillants grimpèrent sur la toiture d'un petit bâtiment voisin, d'où ils purent, à l'aide de haches, rompre les chaînes du pont levis qui retomba lourdement. Cet acte fut véritablement héroïque car il se déroula sous le feu des assiégés.
La foule s'était avancée en confiance, parce que le gouverneur de Launay avait envoyé de menteuses paroles de paix. Mais le traître, quand la foule fut à portée, ordonna la mitraille, et beaucoup de citoyens furent massacrés.
- L'Histoire authentique, principale source documentaire, indique que les hommes de M. de Launay s'en tiennent aux menaces.
Quand le pont levis retombe, les émeutiers entrent dans la place et tirent sur la garnison.
C'est seulement alors que le gouverneur de la Bastille, s'apercevant enfin de la gravité de la situation, ordonne aux soldats de faire feu. Les héroïques assaillants, confrontés à une résistance imprévue, refluent en désordre.
Les deux seuls blessés graves de cet épisode, Cholat et Baron, dit La Giroflée, l'ont été par le recul du canon qu'ils avaient dirigé et mis à feu.
*
- Ah les honnêtes hommes !
- Les émeutiers prennent en otage une adolescente, fille du capitaine des Invalides, M. de Monsigny, et tentent de la brûler vive.
Le père accourt, et il est tué de deux balles.
*
- Les insurgés parisiens firent preuve d'un courage indomptable face à une puissance militaire impressionnante.
- Deux détachements de gardes françaises commandés par Élie et Hulin arrivent en traînant avec eux deux canons.
Ceux-ci, mis en batterie, causent un début d'incendie à l'entrée de la forteresse.
Les canons des gardes françaises et l'assassinat de Monsigny font disparaître toute velléité de résistance chez les Invalides qui exigent dès lors la reddition de leur gouverneur.
Témoignage d'Élie : "La Bastille n'a pas été prise de vive force. Elle s'est rendue, avant d'être attaquée, sur la parole que j'ai donnée, foi d'officier français, qu'il ne serait fait aucun mal à personne si elle se rendait".
- Le chancelier Pasquier confirme : "Ce qu'on a appelé le "combat" ne fut pas sérieux : la résistance fut complètement nulle. (...) La vérité est que ce grand combat n'a pas un instant effrayé les nombreux spectateurs qui étaient accourus pour en voir le résultat. (...) A côté de moi était Mlle Contat, de la Comédie-Française. Nous restâmes jusqu'au dénouement et je lui donnai le bras jusqu'à sa voiture."
*
- Le génie parisien...
- Encore un coup des Allemands !...
Selon Marat : La Bastille, mal défendue, fut prise par quelques soldats et une foule d'infortunés, la plupart Allemands et provinciaux. Les Parisiens, ces éternels badauds, venaient là par curiosité .
*
- La première réaction des vainqueurs de la Bastille fut de délivrer les prisonniers.
- La première réaction des vainqueurs de la Bastille fut de courir au pillage et aux caves. Les pillards, ne connaissant plus que leurs intérêts personnels, se tiraient les uns sur les autres.
Les clés de la prison royale furent portés triomphalement dans Paris, sans avoir préalablement ouvert les portes des cellules. Celles-ci durent être enfoncées pour délivrer les prisonniers.
*
- Le peuple de Paris a délivré les victimes du despotisme.
- Les prisonniers étaient au nombre de sept :
- Béchade, Laroche, La Corrège et Pujade étaient des faussaires qui avaient arnaqué deux banquiers parisiens. Ils furent remis en prison le lendemain. Après une journée de triomphe, les sans-culottes les ont trouvés incorrigibles.
- Le comte de Solages, installé là par sa famille pour éviter les rigueurs de l'asile psychiatrique, était un pervers sexuel. Il le resta.
- Tavernier et de Whyte étaient fous. Ils furent transférés à l'asile de Charenton, où ils furent moins bien traités qu'à la Bastille.
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- On découvre dans la Bastille de terrifiants instruments de torture. "Un corselet de fer, inventé pour retenir un homme par toutes les articulations et le fixer dans une immobilité éternelle."
- On découvrit aussi une machine "non moins destructive qui fut exposée au grand jour, mais personne ne put en découvrir ni le nom ni l'usage direct." Dans le magasin d'armes anciennes de la Bastille figurait une armure de chevalier du moyen-âge.
La machine "non moins destructive, etc." était une imprimerie clandestine saisie chez un nommé François Lenormand en 1786.
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- On retrouva des os humains en creusant dans le bastion, ce qui éveilla le spectre d'exécutions secrètes et inspira à Mirabeau une terrible apostrophe : "Les ministres ont manqué de prévoyance, ils ont oublié de manger les os".
- Il s'agissait de restes anciens de Protestants qui ne pouvaient être enterrés, selon les prescriptions religieuses de l'époque, dans des cimetières catholiques.
Parmi les emprisonnés de la Bastille, celui qui éveilla le plus d'émotion fut le comte de Lorges. Il vivait depuis 32 ans, enchaîné et presque nu, au fond d'un cachot noir et humide. Il fut porté en triomphe par une foule généreuse. Pendant quinze jours, tout Paris vint visiter le sinistre cachot, symbole de la tyrannie.
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- Parmi les emprisonnés de la Bastille, celui qui éveilla le plus d'émotion fut le comte de Lorges. Il vivait depuis 32 ans, enchaîné et presque nu, au fond d'un cachot noir et humide. Il fut porté en triomphe par une foule généreuse. Pendant quinze jours, tout Paris vint visiter le sinistre cachot, symbole de la tyrannie.
Délivrance du comte de Lorges.
- Le comte de Lorges, prisonnier de la Bastille, n'a jamais existé.
Les chroniqueurs sans-culottes (et sans scrupule) parisiens ont inventé le personnage, sa libération, son triomphe, et son cachot.
*
- Les Parisiens, révoltés par l'iniquité et la férocité du régime, ont fait preuve d'une grandeur d'âme exemplaire.
- Le marquis de Launay est lynché par la foule. Il est décapité au canif par un garçon cuisinier nommé Desnot, qui "savait travailler les viandes".
Celui-ci avouera que son exploit charcutier avait été accompli dans l'espoir d'obtenir une médaille.
*
- Le peuple de Paris se réjouit de la prise de la Bastille avec sa bonhomie habituelle.
- Cannibalisme :
Je ne sache pas qu'on ait jamais vu porter la tête, fut-ce des plus odieux personnages, au bout des lances, boire leur sang, leur arracher le coeur, le manger... Je l'ai vu dans Paris ; j'ai entendu les cris de joie du peuple effréné qui jouait avec des lambeaux de chair en criant : Vive la liberté ! Vive le roi ! écrit Saint-Just
*
- La prise de la Bastille, combat titanesque, fit des centaines de martyrs de la liberté.
- Les assiégeants comptèrent quatre-vingt dix huit morts, dont une partie provenait du fait qu'ils s'étaient tirés les uns sur les autres au moment du pillage. Plusieurs autres s'étaient tués en tombant dans les fossés du donjon.
Sur le total, dix-neuf seulement étaient mariés et cinq avaient des enfants. Curieuse sociologie pour un "peuple".
On ne songea pas plus à enterrer les vainqueurs que les vaincus.
*
- La liste définitive des vainqueurs de la Bastille porte 863 noms.
- A vrai dire, la confection de cette liste fut assez laborieuse. Plusieurs "vainqueurs" avaient déjà été pendus du fait de leurs débordements, et les autres ne souhaitaient pas forcément être connus.
Quand on sut que les héros bénéficieraient de médailles et de pensions, plusieurs centaines de personnes restées jusqu'alors dans un modeste anonymat se persuadèrent être allés, elles aussi, en première ligne.
Une voyageuse anglaise, Miss Helena Williams, raconte que tous les Parisiens qui viennent en province racontent être monté à l'assaut de la Bastille ; la plupart d'entre eux avaient même pris au collet le gouverneur.
*
- Les vainqueurs de la Bastille, de fiers républicains !
- Sous l'Empire, les vainqueurs de la Bastille tentent de se faire décorer de la légion d'honneur en bloc.
Ils sont encore là à quémander des pensions jusqu'en 1833, puis de nouveau en 1848 (59 ans après).
Démolition de La Bastille. Elle fut attribuée (d'abord par lui-même) au citoyen Palloy. Avec les pierres, notre entrepreneur fabriqua en série des « petites bastilles » qu’il vendait en province en les recommandant à la vénération des gogos.
Pendant les fêtes civiques, ces bibelots sacrés étaient exposés à la ferveur du public.
Avec les chaînes des prisonniers, Palloy fit fabriquer des médailles patriotiques.
Pour la clientèle riche, il fabriqua des bijoux avec les célèbres pierres. Madame de Genlis, successivement maîtresse du Duc d’Orléans puis d’une brochette de meneurs révolutionnaires, portait au cou un pendentif en pierre de la Bastille, sur lequel étaient incrusté des diamants qui composaient le mot Liberté.
Sous la Restauration, le citoyen Palloy, devenu Monsieur Palloy, se fit royaliste et sollicita d’être décoré de l’Ordre du Lys.
Il le fût.
.
Dernière édition par Mme de Sabran le Lun 05 Jan 2015, 20:37, édité 1 fois
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
la nuit, la neige a écrit:
Je ne sais pas où les auteurs de cet article sont allés pêcher ces versions supposées "françaises" à opposer aux....quoi ? Réalités historiques ?
Non, vraiment...où ? Dans quoi ?
Car pour ce qui est donc avéré, euh...rien de bien neuf ou d'inédit.
Tout se trouve dans n'importe quel bouquin historique un peu sérieux, même français !
En revanche, à mon avis, il y a aussi des omissions de certaines vérités et/ou des interprétations aussi rapides que légères.
Le pseudo chapitre le plus criant de malhonnêteté intellectuelle étant celui titré L'alliance de la démagogie et du délire paranoïaque.
Je dis "pseudo", parce qu'il est vide, évidemment ; et ne contextualise rien de ce qui a fait que ces appels à l'insurrection (fussent-ils exagérés) ne sont pas tombés du ciel, ou ont été planifiés (comme il était supposé dans un autre sujet du Boudoir).
Aussi, et vraiment, je ne comprends pas trop vers quelles sortes de conclusions pointent leurs "arguments" ?
Mais bon, je ne voudrais pas briser là l'enthousiasme général.
Reinette a écrit:
Mais enfin quand Desmoulins crie qu'ils vont tous se faire massacrer, qu'il s'agit d'une saint Barthélémy des patriotes, c'est bien de la démagogie alliée à de la paranoïa !
Qui vraiment dans les promeneurs du Palais-Royal pouvaient se sentir concernés par le renvoi de Necker. Le regretter, je veux bien l'admettre (enfin quoique... boudoi29 ) mais de là à croire que les troupes du roi allaient venir les tuer, tout de même !
Le pompon est qu'il met le feu aux poudres mais après nous ne retrouvons plus du tout son nom dans les émeutes.
Vraiment ! boudoi29
_Louis XVI était un nouveau Charles IX ;
_Marie-Antoinette devenait à la fois une Catherine de Médicis (calculatrice), une reine de Navarre (dépravée), plus une Elisabeth d'Autriche (pour le nom et le rang) ;
_Monsieur et le comte d'Artois des futurs Henri III et duc d'Alençon (eux aussi aux moeurs dépravées d'après les légendes historiques et traîtres, ce qui pour le coup n'est pas faux ) ;
_le pauvre Necker subissait le sort de Coligny (des deux ministres, l'un a nettement mieux fini sa vie que l'autre...)
_le duc d'Orléans, un nouveau Henri de Navarre, pauvre cousin du roi victime ?
_et ces pauvres "patriotes" , je sors mes mouchoirs... De plus, impossible alors à reconnaître puisque quiconque aimant son pays et son roi pouvait se dire patriote, du moins encore en 1789. Bombelles n'hésite pas à utiliser ce terme pour se qualifier et Louis XVI le substitue bien volontiers au terme de sujet bien archaïque. Les protestants eux s'habillaient en noir, facile.
Et puis vraiment comment comparer des fidèles d'une foi à des personnes qui ne savent pas du tout où elles vont idéologiquement ?
Donc plus démagogique et paranoïaque, je ne vois pas... Aussi absurde que ceux qui aujourd'hui diraient que Hollande est un nouveau Louis XVI, Treiweveler Marie-Antoinette etc.
Qui vraiment a pu prendre au sérieux Desmoulins ?
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
la nuit, la neige a écrit:
Bon... boudoi29 Relis ce que j’ai écrit !
Je parle de malhonnêteté intellectuelle, parce que ces auteurs mettent en exergue une harangue (je l'ai dit : excessive !!!!. Bah, bien sûr que Desmoulins agite le chiffon rouge ! S’il était resté à compter les pâquerettes bien sagement dans je ne sais quel parc de Paris, on ne parlerait pas de lui ) comme si elle était sortie de nulle part ! Enfin, c’est tout de même hallucinant !
Tu as commencé à évoquer une partie du contexte ; je n’ai pas envie de lister tout ce qui, depuis 1787/88 et surtout depuis Juin 89, avec une montée en puissance des tensions 2 ou 3 jours avant, fait que le discours de Desmoulins s’inscrit dans une logique de crise aigüe ! Et tu le sais aussi bien que moi.
Qu’est-ce qui est à l’origine de cette paranoïa ? Rien ? C’est un peu court comme raisonnement non ?
Le fait est et demeure, la mèche étant donc allumée depuis belle lurette, que le baril prend feu !
Enfin, vraiment, je ne comprends pas pourquoi on souligne ainsi un point de détail, et cependant on passe à côté, tranquilou, des causes réelles, premières, de cet évènement ?
La masse des insurgés étant soit de parfaits moutons, imbéciles, qui s’agitent, on se demande bien pourquoi, aux premiers coups de sifflets venus ; soit des hommes de mains qui oeuvrent pour je ne sais qui ? boudoi29
Et ça marche ! Bingo ! Dingue !
Reinette a écrit:
Qui vraiment a pu prendre au sérieux Desmoulins ?
Que veux tu que je te dise ?
Personne ? Ceux qui étaient là ? Tous les émeutiers ?
La Bastille est bien tombée ce jour là, ou pas ?
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
Reinette a écrit:
Je remets juste les choses en contexte. Qui, comme tu le constates toi-même, prouvent à quel point les propos de Desmoulins sont absurdes.
la nuit, la neige a écrit:
Je ne pense pas que Desmoulins et son auditoire soient partis si loin dans l’interprétation, mais bon...
Le contexte historique est celui que l’on connait : la crainte d’une répression plus importante encore que celle de l’affaire Reveillon : Paris est entourée par des bataillons étrangers (en dépit de l’appel de Mirabeau au roi de faire éloigner ces troupes) ; l’annonce du renvoi de Necker et son remplacement par Breteuil avec, en prime, la nomination du duc de Broglie comme ministre de la guerre (noms, en effet, qui attisent les craintes) ; Besenval qui fait transférer poudre et munitions à la Bastille ; de Launay qui demande du renfort et s’organise pour la défense de la Bastille (ce que les habitants du Fbg St-Antoine prennent pour une préparation offensive).
Ajoute à cela ce qui suivra : la Bourse, les commerces, les salles de spectacle qui ferment ; l’attaque des barrières d’octroi qu’on incendie ; les électeurs de l’hôtel de ville de Paris qui décide de sièger en « état de crise » ; Besenval qui fait mettre en ordre de bataille sur la place Louis XV trois régiments ; et le prince de Lambesc qui charge avec ses dragons des manifestants regroupés aux Tuileries.
Les propos de Desmoulins n'arrivent donc pas tout à fait comme un cheveu sur la soupe.
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
Reinette a écrit:la nuit, la neige a écrit:
Les propos de Desmoulins n'arrivent donc pas tout à fait comme un cheveu sur la soupe.
Je n'ai jamais dit le contraire. Mais il parle bien (encore que je ne sais pas qui l'a noté car impossible de trouver ce discours in extenso, donc fions-nous à nos souvenirs glanés ici ou là) de saint Barthélémy des patriotes.
La saint Barthélémy, je ne te ferais pas l'injure de t'expliquer ce que c'est : Desmoulins savait très bien ce qu'il disait. De quoi vraiment effrayer n'importe quel gogo.
Malgré des troupes entourant Paris, les lieux militaires de la capitale renforcés, qui pouvait vraiment croire que Louis XVI se la jouerait Charles IX ?
Vu les événements avant et surtout ceux après, il est heureux que Louis XVI ait pris l'initiative d'assurer la sécurité de Paris. Les troupes et les canons n'étaient pas là pour massacrer les Parisiens mais bien pour les protéger. Et il y avait de quoi, la preuve !
Des patriotes : je le répète, terme des plus flous. Bombelles se disait patriote. Or, je doute que Desmoulins l'aurait placé dans cette catégorie. Donc n'importe qui pouvait se sentir concerné.
Donc des propos sans queue ni tête.
Mme de Sabran a écrit:
la nuit, la neige a écrit:
Les propos de Desmoulins n'arrivent donc pas tout à fait comme un cheveu sur la soupe.
Non, bien sûr que non, pas comme un cheveu sur la soupe .
Mais, tu le dis toi-même, tout le grabuge commence par le sac de l'entreprise Réveillon .
Or, Chamfort explique tout uniment à Marmontel comment les fauteurs de troubles sont payés pour une besogne, faire peur aux bons parisiens, à laquelle certainement ils prennent plaisir car ils sont un ramassis de voyous :
L'argent surtout et l'espoir du pillage sont tout puissants parmi ce peuple. Nous venons d'en faire l'essai au faubourg Saint-Antoine; et vous ne sauriez croire combien peu il en a coûté au duc d'Orléans pour faire saccager la manufacture de cet honnête Réveillon qui, dans ce même peuple, faisait subsister cent familles.
Mirabeau soutient plaisamment qu'avec un millier de louis, on peut faire une jolie sédition. ( ... ) Les gens de bien sont faibles, personnels et timides; il n'y a que les vauriens qui soient déterminés. L'avantage du peuple, dans les révolutions, est de n'avoir point de morale.
Je sais, j'ai déjà posté dix fois ces trois lignes, mais elles sont essentielles pour comprendre les rouages secrets de la fermentation. Tous les remous côté peuple que tu énumères ci-dessus sont noyautés par des agitateurs patentés ( si j'ose dire ).
Il y a toute cette canaille stipendiée mais aussi les plumes vénales, et parfois talentueuses, qui se vendent au plus offrant pour répandre n'importe quoi .
Cette Saint-Barthélémy des Patriotes, agitée comme un épouvantail par Desmoulins, sera mise en couplets dans le pamphlet Les Imitateurs de Charles IX.
Et bientôt l'on chantera:
Madame Véto avait promis,
de faire égorger tout Paris .
Tu ne trouves pas que ce soit de l'intox caractérisée ?
Les bonnes gens sont tétanisés par la peur.
Sur le passage des hordes avinées, ils se découvrent avec respect, dit Chateaubriand, ben oui, tu m'étonnes ! plutôt que de se faire embrocher par une pique.
Cela n'empêche pas les revendications des cahiers de doléances d'être justes et l'aspiration à l'égalité totalement légitime . Nous sommes bien d'accord qu'il fallait mettre un terme aux abus de l'Ancien Régime . Mais le peuple aurait-il bougé sans être savamment aiguillonné ?
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
Le bouturage a repris, les aminches ! ça sent le printemps !!! :n,,;::::!!!:
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
la nuit, la neige a écrit:
Reinette a écrit:
ce discours va mettre le feu aux poudres pour des événements qui se dérouleront seulement deux jours plus tard...
Tu penses bien que ce n’est pas CE discours, et lui seul, tombé du ciel, qui met le feu au poudre ! C’est justement ce que je reproche aux auteurs de cet article et ce pourquoi nous débattons.Reinette a écrit:
de ce 12 juillet 1789 à son entrée à la Convention, qu'a fait Desmoulins entre temps ? :Son journal lui donne à peine le rang de jacobin connu.Il n'est pas du tout du calibre d'un Marat, d'un Danton ou d'un Robespierre, qui faisaient déjà parler d'eux avant le 10 août 1792. Or, celui qui aurait mis le feu aux poudres pour la prise de la Bastille n'en a tiré aucune gloire. Enfin, même après, il reste un Montagnard de seconde
Moi je ne vous suis plus du tout dans votre raisonnement !
Toi qui est de ceux qui contestent toute forme de spontanéité à cet événement, tu es en train de dire que l’un des meneurs « supposés » n’en tire aucune gloire, aucun bénéfice !
Desmoulins donc ? Nada. Robespierre n’est pas encore sur le devant de la scène. Danton ? Il loupe tellement le coche de l’événement qu’il se pointera le 15 ou le 16 (je ne sais plus) à la porte de la Bastille pour faire une sorte d’esclandre, embarquer le gouverneur par interim à l’Hôtel de ville et y faire un sketch pour « justifier » son rôle de meneur aux Cordeliers (mais tout le monde se foutra alors de sa gueule : trop tard, coco) ; Necker ? Il a quitté la France dès son renvoi et ce n’est que quelques jours plus tard qu’il apprend la nouvelle de la chute de la Bastille (il est en Suisse) ; Orléans ? Piteux, la queue entre les jambes, il demande à Breteuil de passer en Grande-Bretagne au cas où les « choses » s’aggravent !
Alors qui en a profité de ce mouvement si...préparé ? Qui ?Reinette a écrit:
La saint Barthélémy, je ne te ferais pas l'injure de t'expliquer ce que c'est : Desmoulins savait très bien ce qu'il disait. De quoi vraiment effrayer n'importe quel gogo.
Evidemment. La phrase fait mouche, c’est fait pour !
Mais, compte tenu de la situation, elle tombe à pic, aussi exagérée soit-elle (je le répète, s’il le faut boudoi29 ).Reinette a écrit:
Malgré des troupes entourant Paris, les lieux militaires de la capitale renforcés, qui pouvait vraiment croire que Louis XVI se la jouerait Charles IX ?
Pardon, mais on s’en cogne de Charles IX, c’est une image. Le message que Desmoulins voulait faire passer était que la ville était sur le point d’être investie, assiégée.
Une action en force des « conservateurs », aussi musclée et sanglante que l’épisode Réveillon déjà évoqué.
Reinette a écrit:
Vu les événements avant et surtout ceux après, il est heureux que Louis XVI ait pris l'initiative d'assurer la sécurité de Paris. Les troupes et les canons n'étaient pas là pour massacrer les Parisiens mais bien pour les protéger.
C’est justement pas ce qui était perçu par les parisiens, ou, si tu veux, par un nombre « suffisant » d’entre-eux.
Les protéger de quoi ?
Une fois n’est pas coutume, Louis XVI a le cul entre 2 chaises !!
Après son discours du 23 juin, plutôt conciliant, de bonne volonté, il ordonne la dispersion des trois ordres.
On connait la suite : les députés proclament leur assemblée comme « nationale ». Ils siègeront ensemble. Et Louis XVI lâche son fameux : Eh bien foutre ! Qu’ils restent !
Et que fait-il alors ? Il accélère les déplacements des troupes éloignées de Paris vers la capitale et Versailles.
Ordre est donné qu’elles arrivent le 13 juillet, au plus tard.
Que crois-tu que pensent les Parisiens ? Compte tenu de la situation orageuse, et des bras de fer déjà engagés avec les députés, les rumeurs les plus folles circulent !
Necker s’en inquiète, tout comme les députés.
Mirabeau (qui ne s’attaque pas à Louis XVI) s’adresse aux conseillers du roi, dès le 8 juillet :
Déjà un grand nombre de troupes nous environnait ; il en est arrivé davantage, il en arrive chaque jour, elles accourent de toutes parts.
Trente cinq mille hommes rodés sont déjà répartis entre Paris et Versailles. On en attend vingt mille. Des trains d’artillerie les suivent. Des points sont désignés pour les batteries. On s’assure de toutes les communications. On intercepte tous les passages.
Les préparatifs de guerre, en un mot, frappent tous les yeux et remplissent d’indignation tous les coeurs.
Motion est votée, le lendemain, d’une demande de retrait des troupes ; et c’est une adresse officielle au roi qui lui est communiquée, en main propre, le 10 :
La France ne souffrira pas que l’on abuse le meilleur des Rois et qu’on l’écarte, par des vues sinistres, du noble plan qu’il a lui-même tracé.
Sire, nous vous en conjurons, au nom de la patrie, au nom de votre bonheur et de votre gloire, renvoyez vos soldats. Votre Majesté n’en a pas besoin. Pourquoi un Monarque adoré de vingt-cinq millions de Français ferait-il accourir à grands frais autour du Trône quelques milliers d’étrangers ?
Sire, au milieu de vos enfants, soyez gardé par leur amour.
Et que fait Louis XVI, le soir même ?
Il conseille à l’Assemblée de s’éloigner si elle ne se sent pas en sécurité à Versailles.
Réponse de Mirabeau :
C’est aux troupes de s’éloigner de l’Assemblée et non à l’Assemblée de s’éloigner des troupes. Nous avons réclamé une translation pour l’armée et non pas pour nous.
S’en suit le renvoi de Necker, et la nomination, je l’ai dit, de Breteuil et Broglie connus pour leurs « fermetés ».
Désolé, mais ça a bien la gueule d’une sorte de bras de fer !
Et là, Paris s'enflamme en effet. Avec, en renfort (certes !), les agitateurs qui n’ont donc pas eu à aller chercher bien loin de quoi exciter les esprits.
Et j’ai déjà parlé de ce qui suit. Desmoulins donc, Besenval, la Bastille qui a déjà vu sa garnison renforcée depuis début juillet qui se « prépare », le prince de Lambesc et ses dragons, les incendies des barrières d’octroi etc.
Reinette a écrit:
Et il y avait de quoi, la preuve !
Quelle preuve ? La sécurité a-t-elle été assurée ?
Louis XVI annoncera le retrait des troupes....le 15.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
En parcourant à la va-vite ce sujet, je me souviens en effet de nos débats... :
Et entre-nous soit dit, convenons que cette « reddition » (que je mets, moi, entre guillemets boudoi32 ) est tout bonnement la conséquence d’une prise d’assaut.
Et entre-nous soit dit, convenons que cette « reddition » (que je mets, moi, entre guillemets boudoi32 ) est tout bonnement la conséquence d’une prise d’assaut.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
la nuit, la neige a écrit:
Mme de Sabran a écrit:
Non, bien sûr que non, pas comme un cheveu sur la soupe .
Mais, tu le dis toi-même, tout le grabuge commence par le sac de l'entreprise Réveillon.
Non. Pas « commence ». Je disais qu’il y a eu aussi le sac de l’entreprise Réveillon, et avec l’idée que les troupes de Besenval et les forces de l’ordre ont laissé des centaines de morts sur le pavé.
A juste titre ou pas, ce n’est pas mon propos : les parisiens savent que le sang peut couler.
Mme de Sabran a écrit:
Je sais, j'ai déjà posté dix fois ces trois lignes, mais elles sont essentielles pour comprendre les rouages secrets de la fermentation.
Oui, oui. Je sais. Et aussi la duchesse d’Orléans qui passe en carrosse dans le coin.Mme de Sabran a écrit:
Tous les remous côté peuple que tu énumères ci-dessus sont noyautés par des agitateurs patentés ( si j'ose dire ).
Tu ne trouves pas que ce soit de l'intox caractérisée ?
Les bonnes gens sont tétanisés par la peur.
J’ai bien compris. Nous ne prenons pas le « problème » par les mêmes bouts, que veux-tu.
Je ne nie pas la présence et l’influence active des agitateurs ; tu ne nies pas l’action de quelques autres : des voyous et ce qui reste du peuple, téléguidé.
Bien. Pas grave.
Mais pour ce qui concernerait « l’intox caractérisée », non. Franchement pas.
Mme de Sabran a écrit:la nuit, la neige a écrit:
C’est justement ce que je reproche aux auteurs de l’article cité par Eléonore .
Orléans ? Piteux, la queue entre les jambes, il demande à Breteuil de passer en Grande-Bretagne au cas où les « choses » s’aggravent !
Il est piteux parce que couard, dégonflé, une lavette . Il était censé prendre la situation en main au soir du 14, selon le plan arrêté, une fois la Bastille tombée.
Il déçoit tous les partisans, Mirabeau le premier, du changement dynastique ( avec lui, Orléans ) pour instaurer une monarchie constitutionnelle .
la nuit, la neige a écrit:
Si ma mémoire est bonne, pour l’instant, on en est pas encore là. Il s’agissait plutôt de se placer en médiateur, une lieutenance générale du royaume.
Hop ! Plus personne au rendez-vous, et il se fait griller la place par La Fayette, si l’on veut, quoiqu’il ne soit pas du même bord.
Mais bon, certes, l’opportunisme est bien là ; et je ne nie pas que lui, et surtout sa clique, ont participé à tout ça.
Mme de Sabran a écrit:
Bien sûr . Ne grillons pas les étapes .
Mais tu connais assez bien Mirabeau pour savoir, comme nous tous, que c'est ce qu'il avait derrière la tête .
Après avoir vu ce fantoche d'Orléans se déballonner comme un pleutre, Mirabeau change son fusil d'épaule : c'est l'entrevue de Saint-Cloud.
la nuit, la neige a écrit:
Hop ! Plus personne au rendez-vous, et il se fait griller la place par La Fayette, si l’on veut, quoiqu’il ne soit pas du même bord.
Mais bon, certes, l’opportunisme est bien là ; et je ne nie pas que lui, et surtout sa clique, ont participé à tout ça.
... surtout sa clique, oui . Orléans est complètement dépassé par les événements .
Il fiche le camp plutôt que de saisir sa chance . Mais son fils ( boudoi32 ) régnera .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
La nuit, la neige a écrit:En parcourant à la va-vite ce sujet, je me souviens en effet de nos débats... :
Ils étaient animés, hein! crois-tu !!! : : :
La nuit, la neige a écrit: Et entre-nous soit dit, convenons que cette « reddition » (que je mets, moi, entre guillemets boudoi32 ) est tout bonnement la conséquence d’une prise d’assaut.
Là, nous sommes d'accord !
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
Je considère la cause plus importante que la conséquence qui suit (forcément), donc personnellement, cela ne me gêne pas de dire la prise (d’assaut) de la Bastille. boudoi32Mme de Sabran a écrit:
Là, nous sommes d'accord !
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
Bon ... j'ôte les guillemets, rien que pour te faire plaisir !
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
Meuh non, tu peux bien les laisser....
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Iconographie de la prise de la Bastille
L'attaque de la forteresse :
À 11 h 30, une délégation mené à l'initiative de Jacques Alexis Thuriot, accompagné de Louis Ethis de Corny, procureur de la ville, se rend au fort de la Bastille.
La délégation a pour mission de demander le retrait des canons et la distribution de la poudre et des balles aux Parisiens qui forment la « milice bourgeoise » .
Thuriot qui souhaite éviter un affrontement, presse les Invalides pour passer la seconde enceinte, inspecte les lieux et demande des garanties. Le gouverneur s'engage à ne pas prendre l'initiative des tirs. Il invite fort civilement Thuriot et Corny à partager son déjeuner.
La foule des émeutiers armée des fusils pris aux Invalides se rassemble devant la Bastille. Elle amène avec elle cinq des canons pris la veille aux Invalides et au Garde-Meubles, dont deux canons damasquinés d’argent offerts un siècle auparavant par le roi de Siam à Louis XIV. Ils sont servis par des militaires ralliés à la foule et tirent sur les portes de la forteresse.
Une explosion, prise à tort par les émeutiers comme une canonnade ordonnée par le gouverneur, déclenche les premiers assauts. Des émeutiers pénètrent dans l'enceinte par le toit du corps de garde et attaquent à coups de hache les chaînes du pont-levis.
À 13 h 30, les quatre-vingt-deux invalides défenseurs de la Bastille et trente-deux gardes suisses détachés du régiment de Salis-Samade ouvrent le feu sur les émeutiers qui continuent leurs assauts sur la forteresse, faisant une centaine de tués. Durant trois heures et demie, la Bastille est alors soumise à un siège régulier.
Les fausses infos pour justifier l'horreur du sort que l'on fera à Launay :
Une nouvelle délégation se rend à la Bastille à 14 h, dont l’abbé Claude Fauchet, suivi à 15 h d'une dernière voulue dans les formes par le comité permanent de l'Hôtel de Ville, affublée d'un tambour et d'un drapeau pour afficher son caractère officiel . Le marquis de Launay ne concède toujours rien. Pire, les parlementaires reçoivent une décharge de mousqueterie qui toucha la foule. Les soldats de la garnison de la Bastille et les assiégeants échangent des tirs. Dans la confusion, même cette dernière délégation fut prise à partie par la foule des assiégeants. Les négociations sont dès lors closes, et c'est par la force que l'on compte prendre la forteresse.
À 15 h 30, un détachement de soixante-et-un garde-françaises se présentent devant la Bastille avec cinq canons. Ces canons sont mis en batterie contre les portes et le pont-levis du château. L'attaque proprement dite de la forteresse débute.
La reddition de la Bastille
À 17 h, la garnison de la Bastille rend les armes, sur promesse des assiégeants qu’aucune exécution n’aura lieu s’il y a reddition. Launay n'a que peu de confiance sur les forces de ses garnisons et trop peu de vivres pour tenir un siège. Les émeutiers, parmi lesquels on dénombre une centaine de tués et soixante-treize blessés envahissent la forteresse, s’emparent de la poudre et des balles, puis libèrent les sept captifs qui y étaient emprisonnés.
Arrestation du marquis de Launay :
La garnison de la Bastille, prisonnière, est conduite à l’Hôtel de Ville pour être jugée.
Sur le chemin, Launay est massacré.
Sa tête est découpée au canif par un garçon cuisinier nommé Desnot, avant d'être promenée au bout d'une pique dans les rues de la capitale. Les têtes de Launay et de Jacques de Flesselles, prévôt des marchands de Paris sont promenées au bout d’une pique dans les rues de la capitale jusqu’au Palais-Royal.
Plusieurs des invalides trouvent aussi la mort pendant le trajet.
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
Majesté a écrit:Merci Eléonore pour ce reportage "photo" si précis !
J'ai toujours été impressionné par cette représentation post-mortem du gouverneur de Launay :
... moi aussi .
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
Trop tard ! ... schpounk ! je les ai ôtés. :n,,;::::!!!:
Louise-Adélaïde a écrit: les malentendus, naïvetés, anachronismes, approximations se répètent = a-t-on assez ri du fameux "Rien" écrit sur son journal par Louis-Auguste le 14 juillet.....Qui fut un jour très banal, la fameuse prise de la Bastille ayant été une émeute qui n'a de résonance qu'à posteriori, et que, d'ailleurs Chateaubriand évoque dans ses Mémoires avec un réalisme qui devrait ouvrir les yeux et poser question;
La légende veut que le Roi ne put être tenu informé des événements parisiens le jour même, mais qu'au lendemain, le 15 juillet, à 8 heures, au moment de son réveil, quand le duc de La Rochefoucauld-Liancourt lui annonça la prise de la Bastille.
Le dialogue suivant ( bien connu ) aurait eu lieu :
— C’est une révolte ? demanda Louis XVI.
— Non sire, ce n’est pas une révolte, c’est une révolution. répondit le duc de La Rochefoucauld.
Néanmoins il est avéré que dès le jour même Versailles et le roi étaient au courant de la prise de la Bastille.
Le récit est de la marquise de La Rochejaquelein:
Le 13 juillet 1789, les régiments de Bouillon et de Nassau arrivèrent à Versailles. On les logea dans l'Orangerie; nous fumes les voir. Le lendemain, 14 juillet, une foule brillante et nombreuse se promenait dans le parterre du midi, au-dessus de l'Orangerie. Les officiers avaient rassemblé la musique, qui jouait des airs charmants ; la joie brillait sur tous les visages : c'était un tableau ravissant ; mais jamais je n'oublierai le changement subit qui s'opéra. Nous entendîmes d'abord des chuchotements. M. de Bonsol, officiers des gardes du corps, vint à nous, et dit tout bas : Rentrez, rentrez, le peuple de Paris est soulevé ; il a pris la Bastille ; on dit qu'il marche sur Versailles. Nous nous dirigeâmes aussitôt vers notre appartement. Partout la crainte succédait à la gaieté, et en un instant les terrasses furent désertes.
http://www.pierre-alain-reynaud.com/pages/dans-nos-memoires/la-revolution-francaise.html#WmDfJf0wFzuRbmZk.99
.
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Re: 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
Je me faufile dans la mitraille......
Qu'en fut-il de la prise ( ou reddition) de la Bastille ?
C'est difficile à évaluer; à Paris et ses environs, les bruits circulaient assez vite;
En province, moins;
Je vais tenter de remettre la main sur un roman que je conseille Les souffleurs de verre de Daphné du Maurier; car les ancêtres de cet écrivain anglais moins bien connue en France sont issus d'une longue lignée de souffleurs de verre, au moins jusqu'à la révolution; et dans ce roman qui est un peu l'histoire de ses ancêtres, D. du Maurier évoque les nombreuses "paniques" et rumeurs qui circulèrent en France durant cette période révolutionnaire, créant des situations de crise, peur, révolte, massacres, jointes à des "razzias" de pillards et de bandits, bien connus à l'époque; il doit y avoir des documents là aussi;
En tous cas, c'est bien passionnant......
Qu'en fut-il de la prise ( ou reddition) de la Bastille ?
C'est difficile à évaluer; à Paris et ses environs, les bruits circulaient assez vite;
En province, moins;
Je vais tenter de remettre la main sur un roman que je conseille Les souffleurs de verre de Daphné du Maurier; car les ancêtres de cet écrivain anglais moins bien connue en France sont issus d'une longue lignée de souffleurs de verre, au moins jusqu'à la révolution; et dans ce roman qui est un peu l'histoire de ses ancêtres, D. du Maurier évoque les nombreuses "paniques" et rumeurs qui circulèrent en France durant cette période révolutionnaire, créant des situations de crise, peur, révolte, massacres, jointes à des "razzias" de pillards et de bandits, bien connus à l'époque; il doit y avoir des documents là aussi;
En tous cas, c'est bien passionnant......
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