14 juillet 1789 : la prise de la Bastille

J'aime bien la Bastille ressurgie, près de sa colonne, au milieu de la circulation parisienne .  

La nuit, la neige a écrit:Avant de vous rendre au feu d'artifice communal ou au bal des pompiers..

Nous avons boycotté le bal des pompiers, quant à nous , mais nous nous sommes mêlés à l'énorme foule massée sur les bords du lac de Bagnoles de l'Orne pour admirer les feux d'artifices.  
...   une pensée pour le malheureux Launay !

À tout prendre, et s’il fallait choisir, je retiendrais le 14 juillet 1790 , la Fédération, car c’était la fête d’une certaine réconciliation, et la recherche d’un « compromis » ( comme on dirait aujourd’hui ). Bon, je sais que ça n’a pas marché bien longtemps, mais enfin, il y avait alors un peu d’espoir…

Mme de Sabran a écrit:
J'aime bien la Bastille ressurgie, près de sa colonne, au milieu de la circulation parisienne .  

Oui, l'image est originale mais ce ne serait pas l'emplacement de la forteresse si elle était toujours en place. Elle serait plutôt ici :


Notre sujet : La prison forteresse de la Bastille et ses environs

Pas si impressionnante, en comparaison de l'affreux bâtiment de l'Opéra...

Des pavés métalliques ont été replacés sur le sol de la place nouvellement refaite. Ils indiquent les contours de la forteresse, et sont particulièrement visibles quand on traverse la rue St Antoine.
C’est le même fournisseur que pour les plots qui indiquent la tour du Temple devant la mairie du 3 ( pardon… la mairie de Paris Centre…)
J’ai toujours été étonné par les dimensions modestes de cette forteresse, mais il fallait rajouter les douves et bâtiments annexes.
Si on veut se faire une idée des dimensions des tours, il faut aller voir les vestiges de la tour ( de la liberté, je crois ) , déplacée dans le square de Sully-Morland, en bas du Boulevard Henri IV.

La nuit, la neige a écrit:

Pas si impressionnante, en comparaison de l'affreux bâtiment de l'Opéra...

Oui mais lui, rappelons-le, n'a pas besoin du concours du peuple parisien pour voir tomber ses pierres

C'est fou le nombre de clés de la Bastille conservées ici ou là !

Celle-ci, très impressionnante, fut offerte en 1790 par le marquis de La Fayette à son ami George Washington, le premier président des Etats-Unis. Depuis plus de 200 ans, elle est conservée à Mount Vernon la résidence de George Washington, dans l'État de Virginie.


Image : Dan Chung / Twitter Mount Vernon


Key to the Bastille
Iron, 1370-1789
Dimensions Overall : 7 3/8 in. × 3 1/4 in. × 1 in. (18.73 cm × 8.26 cm × 2.54 cm)
Weight : 1.18 lb. (0.54 kg)  
Image : Mount Vernon Ladies’ Association


Image : Mount Vernon Ladies’ Association


Image : Mount Vernon Ladies’ Association

Label Text

"Give me leave, my dear General to present you with a picture of the Bastille, just as it looked a few days after I had ordered its demolition,- with the main key of the fortress of despotism. It is a tribute, which I owe, as a son to my adoptive father, as an Aide-de-Camp to my General, as a Missionary of liberty to its Patriarch."
Marquis de Lafayette to George Washington, March 17, 1790

The storming of the Bastille by a Parisian mob on July 14, 1789, marked the beginning of the French Revolution. As commander of the Paris National Guard in 1789, the Marquis de Lafayette received the keys to the loathsome political prison and symbol of absolute monarchy. In 1790, he sent this key and a drawing of the prison in ruins to George Washington, his former commander, who was serving his first term as America's first president in New York City. Washington prominently displayed the key as a "token of victory by Liberty over Despotism" in a custom-made, carved and gilded case in his Philadelphia executive residence and then in the Central Passage at Mount Vernon, where both objects remain to this day.

* Source : Emuseum Mount Vernon

Le 14 juillet 1789, 7 prisonniers sont enfermés à la Bastille (et seront libérés par les révolutionnaires) :

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789
Jean-Baptiste Lallemand (1716-1803)
Huile sur toile, fin 18e siècle
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris

° Auguste-Claude Tavernier qui avait tenté d'assassiner Louis XV lors des chasses en forêt de Sénart et qui était enfermé depuis le 4 août 1759, soit depuis 30 ans.  
° Le comte Jacques-François Xavier de Whyte de Malleville, atteint de folie et enfermé à la demande de sa famille depuis 1784.
° Le comte de Solages enfermé depuis 1765 (à la Bastille depuis 1784) à la demande de son père pour des « actes monstrueux » (voir ici L'Affaire de Solages).
° Quatre faux monnayeurs : Jean Lacorrège, Jean Béchade, Jean-Antoine Pujade, Bernard Larroche.

Les faux monnayeurs disparurent dans la foule dès leur libération. Les trois autres furent portés en triomphe dans les rues. Les deux premiers furent de nouveau incarcérés dès le lendemain à l'hospice de Charenton. Le comte de Solages regagna son pays près d'Albi où il mourut en 1824.

* Source texte : Wikipedia - Prise de la Bastille

Voici conservée aux Archives nationales la Liste des prisonniers enfermés à la Bastille du 1er au 14 juillet 1789 avec leur "coût d'incarcération", suivie de la liste des "dépenses extraordinaires" pendant les quatorze premiers jours du mois de juillet 1789.




Images : Archives nationales

Proposé prochainement en vente aux enchères...

La prise de la Bastille
Jean-Pierre Louis Laurent Houel (Rouen 1735-Paris 1813)
Plume et encre noire, aquarelle.
Annoté en bas Prise de la bastille a l’instant de la sortie du gouverneur Mar de Launay 14 juillet 5 heurs du Soir.
36,5 x 51 cm


Note au catalogue :

Notre dessin met en scène de manière anecdotique la fin de la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, vue depuis l’entrée du double pont-levis, entre les tours de la Bazinière et de la Comté. Lâché par ses troupes, le marquis de Launay, gouverneur de la Bastille, se rend contre la promesse d’avoir sa vie, ainsi que celle des soldats qui lui sont restés fidèles, sauve. Fait prisonnier, il est emmené à l’Hôtel de Ville. Le groupe armé de piques, au milieu de la composition, préfigure le sort funeste qui l’attend. Deux prisonniers sur les sept encore enfermés à la Bastille, s’échappent sur la gauche.


Il existe deux autres versions avec variantes, notamment sur la figure du gouverneur de la Bastille, l’une conservée au musée Carnavalet, la deuxième à la BNF.

* Source et infos complémentaires : Crait + Müller - Paris, vente du 23 juin 2023


Les deux autres compositions, du même artiste, évoquées ci-dessus :

Prise de la Bastille
Jean-Pierre-Louis-Laurent Houel (1735-1813)
Dessin, 1789
Image : Bibliothèque nationale de France


Prise de la Bastille le 14 juillet 1789
Jean Houel
Dessin, c. 1789
37,4 x 49,9 cm
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris

Merci des belles cartes de Balloy, entrepreneur a la maniere française d'alors habituellle du "Bel Ouvrage".

Voici encore un témoignage affirmant qu'il n'y eut pas " prise de la Bastille " mais bien reddition de la forteresse, c'est celui du chancelier Pasquier , le bon ami de la comtesse Mme de Boigne :

J'ai assisté à la prise de la Bastille. Ce que l'on appelle le combat ne fut pas sérieux. La résistance fut complètement nulle. La vérité est que ce grand combat n'a pas un instant effrayé les spectateurs, qui étaient accourus pour en voir le résultat. Parmi eux se trouvaient beaucoup de femmes, très élégantes. Elles avaient, afin de s'approcher plus aisément, laissé leurs  voitures à distance. A côté de moi était Mlle Contat, de la Comédie-Française. Nous restâmes jusqu'au dénouement et je lui donnai le bras jusqu'à sa voiture qui était Place Royale. La Bastille ne fut pas prise, il faut le dire, elle se livra !

https://www.mediterranee-antique.fr/Fichiers_PdF/DEF/Funck-Brentano/Bastille.pdf

Merci Eléo !

Cette curiosité des classes oisives pour les évènements violents - quelle inconscience - ne laisse pas de surprendre. On la retrouve à la fameuse première bataille de Manassas, sauf que là, cela faillit tourner au drame et se termina en sauve-qui-peut généralisé poour la bonne bourgeoisie de Washington :

https://www.smithsonianmag.com/smart-news/was-first-battle-bull-run-really-picnic-battle-180964084/

Si vous placez le curseur temps à 7min 50 secondes, vous aurez une bonne représentation deladite débandande :

Depuis mes premières classes d'histoire au lycée, in petto je m'oppose à cet apprenti de la Rochefoucauld qui s'était permis de reprendre Louis XVI, lequel savait évidemment : ce n'est pas une révolution, ce n'est qu'une révolte ! Viendra un jour, certes pas encore tout proche, où même en syldave et en Poldève, il faudra bien démonter la légende !

Lecréateur a écrit:
Depuis mes premières classes d'histoire au lycée, in petto je m'oppose à cet apprenti de la Rochefoucauld qui s'était permis de reprendre Louis XVI, lequel savait évidemment : ce n'est pas une révolution, ce n'est qu'une révolte !

...   bien plus qu'une révolte,  une manière d'apothéose de la fermentation dans la capitale, événement qui passe pour fondateur de la Révolution et prit à ce point valeur de symbole ( notamment grâce à la propagande du patriote Palloy ) que deux cents ans plus tard, oublieux de la Fédération du 14 juillet 1790, nous ne nous référons ( à tort ) le jour de la fête nationale qu'à la chute de la Bastille.

En complément de nos messages relatifs aux vainqueurs de la Bastille, page 2 de ce sujet, voici présentée en vente aux enchères cette...

Médaille ou insigne uniface de l'Association des Vainqueurs de la Bastille
Époque révolutionnaire
Médaillon ovale à bélière, en laiton doré, gravé de lauriers, centre argenté représentant le cachet des Vainqueurs de la Bastille ; beau ruban noué, bleu à bords blanc et rouge, brodé d'un médaillon en fils d'or, noué par un ruban tricolore, représentant, au centre, les trois ordres avec un coeur rouge au milieu, il est marqué en-dessous, en fils d'or : “Liberté - 14 JUILLET 1789”
Hauteur 55,5 mm, largeur 41 mm


* Source et infos complémentaires : Thierry de Maigret SVV - Paris, vente du 26 avril 2024


Pour rappel, nous dit Wikipedia - Les Vainqueurs de la Bastille :

Les Vainqueurs de la Bastille étaient les émeutiers qui participèrent à la prise de la Bastille le 14 juillet 1789. Une étude de Raymonde Monnier montre que 69 % de ses membres étaient des travailleurs du faubourg Saint-Antoine.

Les Vainqueurs de la Bastille créèrent une association qui comportait des statuts et des règlements. Tout comme des anciens combattants, ils prenaient part aux fêtes civiques et arboraient sur leur poitrine une couronne murale décorative en cuivre.


Médaille des Vainqueurs de la Bastille en forme de couronne murale (...) présentée avec un brevet sur parchemin, en partie imprimé, avec un ruban rouge et bleu portant le cachet en cire rouge des Vainqueurs de la Bastille et un autre cachet, également en cire rouge, très accidenté ; il est signé de : “Charles Lameth”, président de l'Assemblée nationale et de : “Pannetier”, président des Vainqueurs de la Bastille.
* Source et infos complémentaires : Thierry de Maigret SVV - Paris, vente du 26 avril 2024

Les Vainqueurs de la Bastille se distinguaient des autres révolutionnaires par une médaille où était inscrite la citation latine « Ignorant ne Datos ne quisquam serviat ensesnote » (« Ignorent-ils que les armes ont été données contre la servitude ? ») et dont le ruban était aux couleurs de la ville de Paris.

Insigne des vainqueurs de la Bastille
1789
Droit : "LA LIBERTE CONQUISE LE 14 JUILLET 1789" ; revers : "IGNORANT NE DATOS NE QUISQUAM SERVIAT ENSES".
Hauteur : 3 cm, Largeur : 2.4 cm
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris

Chacun détenait également un cachet en cuivre représentant les tours de la Bastille.

Héroine de la Bastille et cachet des vainqueurs de la Bastille
Héliogravure, fin 19e siècle
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris

Par un décret du 19 juin 1790, l'Assemblée constituante leur offrit un brevet, des décorations, un uniforme et des armes. Sur le canon du fusil et la lame du sabre était gravée cette phrase : « Donné par la Nation à […], vainqueur de la Bastille ».

Lors de la Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, on leur réserva les places d'honneur. Les mois passant, ils furent sujets aux railleries à force de ressasser leur geste héroïque.