Jacques Necker
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Jacques Necker
Protestant de Genève, Jacques Necker (1732-1804) arrive à Paris en 1747.
Portrait de Jacques Necker
Par Duplessis, Louis-Joseph-Siffrède
Photo : Château de Versailles
Il est commis de banque. Peu doué pour les mondanités, il doit beaucoup au salon animé par sa femme Suzanne, née Curchod, qui reçoit écrivains, économistes et hommes politiques.
L'Académie française lui attribue un prix pour son Eloge de Colbert . Il publie d'autres ouvrages, et son opposition à la politique de Turgot lui vaut de succéder en 1777 à ce dernier à la tête du Trésor royal et aux Finances.
Si Joseph II et Marie-Thérèse l'admirent, Marie-Antoinette a des relations en dents de scie avec ce financier astucieux qui aspire à faire entrer la France dans une période d'austérité.
Conscient du coût de la guerre en Amérique, il lance des emprunts et prête à l'Etat de fortes sommes tirées de sa cassette personnelle. Il ambitionne également de réformer les procédures criminelles et l'administration régionale. Son Compte rendu au Roi pour l'année 1781 dévoile en partie la situation véritable de la France , ruinée par les dépenses liées à la guerre.
Il est contraint de démissionner mais sera rappelé le 25 août 1788, sur l'intervention de la Reine, semble-t-il , après le départ de Loménie de Brienne. Il dispose alors de pouvoirs élargis. Il fait accepter le doublement des représentants du tiers aux Etats généraux, ce qui lui vaut une reconnaissance populaire durable. Il prononce à l'ouverture un discours de plus de deux heures ( affraid). Renvoyé le 11 juillet 1789, ce qui encourage les émeutes _ sa tête en cire est promenée en triomphe avec celle du Duc d'Orléans_, il est rappelé dès le 15.
N'arrivant pas à rétablir la situation, il se retire de la politique après les troubles du 2 septembre 1790 et passe ses dernières années dans sa propriété de Coppet sur les bords du lac Léman.
Bien à vous.
Portrait de Jacques Necker
Par Duplessis, Louis-Joseph-Siffrède
Photo : Château de Versailles
Il est commis de banque. Peu doué pour les mondanités, il doit beaucoup au salon animé par sa femme Suzanne, née Curchod, qui reçoit écrivains, économistes et hommes politiques.
L'Académie française lui attribue un prix pour son Eloge de Colbert . Il publie d'autres ouvrages, et son opposition à la politique de Turgot lui vaut de succéder en 1777 à ce dernier à la tête du Trésor royal et aux Finances.
Si Joseph II et Marie-Thérèse l'admirent, Marie-Antoinette a des relations en dents de scie avec ce financier astucieux qui aspire à faire entrer la France dans une période d'austérité.
Conscient du coût de la guerre en Amérique, il lance des emprunts et prête à l'Etat de fortes sommes tirées de sa cassette personnelle. Il ambitionne également de réformer les procédures criminelles et l'administration régionale. Son Compte rendu au Roi pour l'année 1781 dévoile en partie la situation véritable de la France , ruinée par les dépenses liées à la guerre.
Il est contraint de démissionner mais sera rappelé le 25 août 1788, sur l'intervention de la Reine, semble-t-il , après le départ de Loménie de Brienne. Il dispose alors de pouvoirs élargis. Il fait accepter le doublement des représentants du tiers aux Etats généraux, ce qui lui vaut une reconnaissance populaire durable. Il prononce à l'ouverture un discours de plus de deux heures ( affraid). Renvoyé le 11 juillet 1789, ce qui encourage les émeutes _ sa tête en cire est promenée en triomphe avec celle du Duc d'Orléans_, il est rappelé dès le 15.
N'arrivant pas à rétablir la situation, il se retire de la politique après les troubles du 2 septembre 1790 et passe ses dernières années dans sa propriété de Coppet sur les bords du lac Léman.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Jacques Necker
Le surnom dont Marie-Antoinette a gratifié Necker fut "le petit commis marchand"...Il en dit long sur l'estime qu'Elle lui portait...
Cela n'est pas sans rappeler le surnom donné à Marie de Médicis : la grosse banquière... :
Bien à vous.
Cela n'est pas sans rappeler le surnom donné à Marie de Médicis : la grosse banquière... :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Jacques Necker
La fille de Necker, Germaine, fera parler d'elle sous le nom de madame de Staël... son mari était un ami de Fersen...qui a convoité la main de la future auteure des Réflexions sur le procès de la Reine...
Kiki écrivait à la Conciergerie le 8 août 2007 :
Voici deux anecdotes que j'ignorais. Il est vrai que madame de Staël se souciait beaucoup de la condition féminine. Brillant esprit, elle eut l'idée de s'attirer les faveurs d'un certain général Bonaparte lequel, détestant les bas bleus et les "abats canaille" (traduisez par attaches épaisses) l'éconduisit assez sèchement. Elle ne le lui pardonna jamais.
Pou a dit :
Un témoignage intéressant de Sénac de Meilhan, qui montre que Marie-Antoinette avait de l'estime pour Necker dans les années 1781, année de sa première démission :Very Happy
"Lorsque M. Necker quitta le ministère en 1781, dit Senac de Meilhan, la reine, entraînée par le sentiment général, crut que la disgrâce de ce ministre était une calamité pour l'Etat. Elle passa un jour entier dans sa chambre avec quelques personnes de sa société, et ses larmes manifestaient la part qu'elle prenait au regret public".
Madame Campan confirme cet état d'esprit, et le revirement futur de l'opinion qu'avait Marie-Antoinette pour cet homme qu'elle a fini par détester.
Kiki :
Il est vrai que Necker était particulièrement orgueilleux, et surtout très démagogue, sachant retourner sa veste au gré des influences. Le pire pour le couple royal a dû être la journée du 23 juin 1789. Ce jour-là, après avoir fait mine de démissionner puis avoir été rappelé par Marie-Antoinette, il a terriblement humilié le Roi.
On ne connaît finalement qu'un seul portrait de Necker qui semble décliné:
Bien à vous.
Kiki écrivait à la Conciergerie le 8 août 2007 :
Voici deux anecdotes que j'ignorais. Il est vrai que madame de Staël se souciait beaucoup de la condition féminine. Brillant esprit, elle eut l'idée de s'attirer les faveurs d'un certain général Bonaparte lequel, détestant les bas bleus et les "abats canaille" (traduisez par attaches épaisses) l'éconduisit assez sèchement. Elle ne le lui pardonna jamais.
Pou a dit :
Un témoignage intéressant de Sénac de Meilhan, qui montre que Marie-Antoinette avait de l'estime pour Necker dans les années 1781, année de sa première démission :Very Happy
"Lorsque M. Necker quitta le ministère en 1781, dit Senac de Meilhan, la reine, entraînée par le sentiment général, crut que la disgrâce de ce ministre était une calamité pour l'Etat. Elle passa un jour entier dans sa chambre avec quelques personnes de sa société, et ses larmes manifestaient la part qu'elle prenait au regret public".
Madame Campan confirme cet état d'esprit, et le revirement futur de l'opinion qu'avait Marie-Antoinette pour cet homme qu'elle a fini par détester.
Kiki :
Il est vrai que Necker était particulièrement orgueilleux, et surtout très démagogue, sachant retourner sa veste au gré des influences. Le pire pour le couple royal a dû être la journée du 23 juin 1789. Ce jour-là, après avoir fait mine de démissionner puis avoir été rappelé par Marie-Antoinette, il a terriblement humilié le Roi.
On ne connaît finalement qu'un seul portrait de Necker qui semble décliné:
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Jacques Necker
L'un des nôtres écrivait le 9 juin 2009 :
Je n'ai pas fini de lire le livre de M. Taillemite mais je vais le lire en alternance avec le livre sur Necker.
C'est une biographie de Necker que j'ai dans ma bibliothèque et dont l'auteur est Pierre Jolly, parue aux oeuvres françaises, 1947.
Ce livre commence par une phrase singulière : " Tout homme est l'addition de sa race". L'auteur veut faire remarquer par là l'ascendance allemande et plus précisément prussienne du personnage. Son père était un petit avocat besogneux à Küstrin dans le Brandebourg. Il devint professeur de droit public allemand à Genève dont, avec l'autorisation du roi de Prusse, il fut fait bourgeois en 1726.
Charles Frédéric Necker avait épousé en 1726 , la fille du premier syndic Gautier dont la famille descendait d'un ministre huguenot de Gex et s'ennorgueillissait d'avoir Jacques Coeur pour ancêtre.
Eléonore a écrit :
Jacques Coeur !!! Tiens, c'est drôle ça !
Kiki a écrit :
Eh oui, n'est-ce pas ? Il semble bien que les grands argentiers se rencontrent et s'assemblent !
En tout cas, Necker s'est adressé au directoire pour obtenir le remboursement de son prêt au Trésor Royal.
Ce serait intéressant de connaître la réponse du directoire.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1960_num_15_5_420657
Momo a écrit :
Un autre banquier de l'époque :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Frédéric_Perregaux -
Perregaux est l'ami du major Gall, espion de l'Angleterre qui demeurait à Paris, ... Il est lié intimement avec Necker et toute sa famille. ...
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Re: Jacques Necker
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55504
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Localisation : l'Ouest sauvage
Mme de Sabran- Messages : 55504
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Re: Jacques Necker
J'adore sa toilette si tendrement champagne ..
Mme de Sabran- Messages : 55504
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Jacques Necker
Mme de Chimay a écrit :
Necker se plaignait de sa qualité d'étranger encore que la capitale française a fait sa fortune, garni son salon et consacré sa célébrité.
Mais en même temps, Necker s'ennorgueillait de sa qualité d'étranger.
L'électeur de Hanovre qui venait d'accéder au trône d'Angleterre avait confié au père de Necker le soin de tenir à Genève un pensionnat subventionné pour jeunes anglais. L'ex-avocat de Küstrin devait cette faveur à la recommandation de Bernstorf, parrain de Georges Ier.
Après son départ du Brandebourg , Charles-Frédéric Necker avait exercé plusieurs préceptorats dont celui du fils de Bernstorf.
Jacques Necker nourrira une admiration constante pour l'Angleterre , ses gens et ses institutions. N'est-il pas à noter dès maintenant que celui auquel sa femme voua son premier amour était anglais et qu'il fut question que Germaine Necker épousât William Pitt ?
Elonore a écrit :
La Bastille vient d'être prise. Mme de Polignac et les siens prennent la route de l'exil. A Bâle, elle rencontre Necker et lui transmet le souhait de Louis XVI de son retour en France. Tout cela est rigoureusement vrai; ce qui est rigoureusement apocryphe , c'est le dialogue qui suit:
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Invité- Invité
Re: Jacques Necker
Eléonore a écrit :
Vous notez les " Oh régénération !!! " de Necker . Je rappelle que le terme est typiquement maçonnique. :
Mme de Chimay a écrit :
Il est étonnant , ce dialogue . Mais que Necker soit franc maçon , cela est bien possible...
A confirmer en lisant une bio sur lui.
Merci, chère Madame de Sabran pour votre document original.
Je me pose une question . Necker nourrissait une profonde admiration pour l'Angleterre et ses institutions. Pourquoi alors n'est-il pas allé exercer ses talents en Angleterre plutôt qu'en France ?
Mme de Sabran a écrit :
Dans Le Livre noir de la Révolution française on souligne l'ambiguïté de sa conduite. Il est clair que ce monsieur n'est pas clair.
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Invité- Invité
Re: Jacques Necker
Mme de Sabran a écrit :
Lamartine écrira que le visage dans M. Necker était l'homme. Le duc de Lévis y lisait lui, tous les symptômes de l'orgueil , de la suffisance et de l'arrogance.
Je cite Pierre Jolly : " Selon l'opinion de Montyon : " le fond de son caractère était un amour propre qui excédait la mesure ordinaire de la vanité humaine. Ce sentiment , élément en lui de tous les autres, perçait dans ses discours, dans ses écrits, dans ses entreprises, dans ses actions, et semblait s'échapper par tous ses pores."
Necker avait une haute idée de lui-même. il se croyait marqué par le génie. C'est dire toute la suffisance du personnage. Il était vaniteux et il ne reconnaissait pas ses erreurs. Les pamphlets lui mettront les nerfs à vif car il ne supportait pas la moindre critique. ( " Selon Montyon, toute critique était à ses yeux un crime ".)
Il était très distant. Et comme le dit Pierre Jolly, " l'affectation semble être la clé principale de son comportement. Lamartine ne voit en lui qu'un " parvenu infatué". Il s'observe , sans cesse , de crainte de faire des faux pas et de se compromettre. En toutes occasions, il cherche à se composer une attitude à ses yeux avantageuse. "
Sa vie durant, il courtisera l'opinion publique. " Après ses devoirs religieux, " elle l'était " ce qui l'occupait le plus. Il était animé d'un désir insatiable de renommée. Selon l'abbé de Véri : " l'amour de la célébrité...paraît son unique but."
Selon Benjamin Constant, Necker se considérait " lui, sa femme et sa fille, comme d'une espèce privilégiée et presque au-dessus de l'humanité" , mais les hommages qu'il se rendait et quémandait" l'engageaient à en rester digne à ses propres yeux.
Pour nuancer un peu ce portrait sombre, disons qu'il avait le désir de bien faire. La bonne volonté le remplissait à pleins bords. Il était de mœurs austère et possédait une certaine probité morale. Pénétré de son devoir, la vertu l'obsédait au point que sur ses lèvres, sous sa plume, elle finirait par rebuter.
Au point de vue religieux, il était calviniste et déiste. Lamartine exagère en le proclamant : " un philosophe équivoque qui se laissait caresser par l'athéisme et qui se prosternait devant les cultes d'état. Necker devait se croire investi d'une mission supplémentaire qui couronnerait de l'auréole du Ciel ses talents d'homme d'état.
Il était aussi franc-maçon. On ajoute aussi cet autre argument de Louis Madelin : " La prodigieuse carrière de Necker serait presque impossible à expliquer sans l'appui constant de la puissante société internationale. Necker, à Paris, était voisin de loge de Mirabeau. "
Voilà, tout ce que Pierre Jolly explique.
Mme de Chimay a écrit:
Voici une bio récente sur Necker et sa famille :
Une singulière famille par Jean-Denis Bredin
Fayard , 1999, 453 p. : 23 euros
Vous trouverez un résumé de ce livre :
http://www.ffsa.fr/webffsa/risques.nsf/b724c3eb326a8defc12572290050915b/.../$FILE/Risques_41_0029.htm -
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Invité- Invité
Re: Jacques Necker
La Nuit, la neige a écrit :
Loménie de Brienne vient d'être renvoyé, Necker rappelé, Marie-Antoinette écrit à Mercy:
"Je tremble, passez-moi cette faiblesse, de ce que c'est moi qui le fais revenir. Mon sort est de porter malheur. Et si les machinations infernales le font encore manquer, ou qu'il fasse reculer l'autorité du Roi, on m'en détestera davantage."
" Madame Necker et sa fille prirent possession du Contrôle-Général comme d'une souveraineté héréditaire et légitimes dont on les aurait précédemment évincées : elles y rentrèrent en triomphe : ce fut tout un ensemble plaisant et ridicule et de mauvais augure."
( Mémoires de la comtesse d'Adhémar )
La baronne d'Oberkirch ne semble pas aimer ni estimer davantage ces Necker !
Elle n'y va pas avec le dos de la cuiller :
" Quant à moi, M. Necker ne me plut point. Je fus frappée de sa ressemblance inouïe avec Cagliostro, mais sans son étincelant regard, sans sa physionomie étourdissante. ( en tartignol, quoi ! ) C'était un Cagliostro guindé, aux formes roides et désagréables; un vrai bourgeois de Genève. Il n'a rien d'aimable, malgré sa volonté de l'être.
Madame Necker est bien pire encore ! (dites-le avec des fleurs ! ) En dépit des grandes positions qu'elle a occupées, c'est une institutrice et rien de plus. Elle est pédante et prétentieuse au-delà de tout. Fille d'un ministre de village du nom de Curchod, elle a reçu une excellente éducation dont elle profite de travers. Elle est belle et elle n'est point agréable; elle est bienfaisante et elle n'est point aimée. Dieu, avant de la créer, la trempa en dedans et en dehors dans un baquet d'empois. Pour tout dire, en un mot, elle ne sait ni pleurer ni sourire.
Elle fut amenée à Paris par Madame de Vermenoux, liée avec l'abbé Raynal, M. de Marmontel, avec d'autres philosophes, enfin avec M. Necker. Celui-ci l'ennuya bientôt, je le conçois du reste. Il m'eût ennuyée bien autant; pour s'en débarrasser, elle imagina de la faire épouser Mlle Curchod : " Ils s'ennuieront tant ensemble, dit-elle, que cela leur fera une occupation. "
Ils ne s'ennuyèrent point, mais ils ennuyèrent les autres, et se mirent à s'adorer, à se complimenter, à s'encenser sans cesse (les chaussettes de l'archiduchesse ..... )
Ils s'établirent en thuriféraires l'un de l'autre, surtout Madame Necker devant son mari.
"Mademoiselle Necker (voilà notre Germaine ! ) me parut une tout autre personne que ses parents, bien qu'elle eût aussi son petit coin de genevois et son grand coin de thuriféraire. Ses yeux sont admirables; à cela près, elle est laide; elle a une belle taille, une belle peau et quelque chose de parfaitement intelligent dans le regard; c'est une flamme. Je portai d'elle un jugement qui s'est réalisé depuis; c'est et ce sera une femme remarquable. "
( Mémoires de la baronne d'Oberkirch )
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Invité- Invité
Re: Jacques Necker
Buffon, à madame Necker, l'ange de ses lumières :
Montbard, le 23 juillet 1779.
Ma très respectable amie,
J'ai pris congé avec bien du regret ; j'avois la larme à l'oeil en vous quittant tous deux, et cet attendrissement s'est souvent renouvellé depuis sans s'être attiédi, car c'est pour la vie que je me suis dévoué et à l'une et à l'autre ; je m'en fais une gloire et j'y attache mon bonheur. J'aurois pu et peut-être dû vous l’écrire ; mais je fais peu de cas du sentiment en récif, et souvent ceux qui en ont le moins ont le plus de paroles. Je vais vous consulter : croiés-vous, ange de mes lumière (car vous les avés souvent rectifiées), croiés-vous que le sentiment puisse s'exprimer autrement que par les faits ? Le papier, ce me semble, ne peut recevoir l'empreinte de ce qui se grave au
fond du coeur, on n'y trace que le produit de l'esprit et non les sensations de l'âme ; je l'éprouve en voulant vous peindre celles qui me sont les plus chères, et vous-même, ma belle et noble amie, vous qui êtes mon guide et mon modèle en sentimens, avés-vous jamais pu rendre autrement que par de grandes actions les sublimes élans de cette tendresse divine qui fait le fond de vos vertus et qui se
répand par votre bienfaisance sur l'humanité tout entière ? et même en amitié, n'est- ce pas encore par les faits que vous exprimés ? m'avés-vous jamais dit, autant, que vous avés fait pour moi ? Mais pourais-je a mon tour faire quelque chose pour vous? J'ai beau tenir mémoire de vos bienfais, de vos insignes bontés, de vos attentions particulières, je ne vois nul moien de m'acquitter que dans votre propre cour auquel je voudrois joindre le mien, mon adorable amie.
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Mme de Sabran- Messages : 55504
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Re: Jacques Necker
Mme de Sabran a écrit :
Necker a commencé sa carrière de bonne heure puisqu'il est entré à l'âge de 15 ans à la banque Issac Vernet.
Pourtant, il semple que le surdoué de la famille ait été son frère Louis qui raflait tous les prix.
En tout cas, très vite Necker n'a eu qu'une idée en tête : gagner de l'argent, en gagner le plus possible.
Quoi qu'il en soit, il était très estimé par son patron qui ne tarissait pas d'éloges sur lui. Cependant, Pierre Jolly met un bémol à ces louanges. voici ce qu'il dit : " Il eut davantage l'instinct que l'intelligence de son métier".
Cela suppose un fin caractère psychologique, un sens inné de la clientèle, beaucoup de doigté. D'où sa dextérité dans la manipulation des crédits, des emprunts...
Il avait le sens des initiatives et un jour , il fit gagner à sa banque un bénéfice de 500 000 livres sur lesquelles il lui revint 12 000 livres à titre de gratification. Après cela, comme le dit Pierre Jolly" , il eut le vent en poupe". Il était lancé, il était à la mode !
Aujourd'hui, nous dirions que c'est un habile trader !
L'un des nôtres a écrit :
Dans son fameux compte-rendu (que Maurepas qualifiait de "conte bleu" ) , Necker mentionnait "comme un frein aux talents qu'il déployait" , la somme considérable de vingt-huit millions de pensions que le Roi distribuait chaque année aux grandes charges et courtisans. " Il osait conclure qu'il doutait que tous les souverains d'Europe ENSEMBLE acquittassent en pensions plus de la moitié de pareille somme, car c'était là, disait-il, un genre de dépenses inconnu à plusieurs États..."
( Claude Emile Laurent : L'Autrichienne )
Mme Chimay a écrit :
Autrement dit , si je vous suis bien, chère Madame de Sabran, Necker aurait voulu dans son escarcelle ces 28 millions de pension que Louis XVI distribuait aux grandes charges et courtisans.
Mais par sa conclusion, il critiquait ouvertement Louis XVI de se montrer généreux avec son personnel.
Mais ça ne m'étonne pas. Necker était un brasseur d'argent . L'argent, il n'y avait que cela qui le motivait.
Mme de Sabran a écrit :
L'argent, certainement, mais plus encore l'ambition !
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Necker a commencé sa carrière de bonne heure puisqu'il est entré à l'âge de 15 ans à la banque Issac Vernet.
Pourtant, il semple que le surdoué de la famille ait été son frère Louis qui raflait tous les prix.
En tout cas, très vite Necker n'a eu qu'une idée en tête : gagner de l'argent, en gagner le plus possible.
Quoi qu'il en soit, il était très estimé par son patron qui ne tarissait pas d'éloges sur lui. Cependant, Pierre Jolly met un bémol à ces louanges. voici ce qu'il dit : " Il eut davantage l'instinct que l'intelligence de son métier".
Cela suppose un fin caractère psychologique, un sens inné de la clientèle, beaucoup de doigté. D'où sa dextérité dans la manipulation des crédits, des emprunts...
Il avait le sens des initiatives et un jour , il fit gagner à sa banque un bénéfice de 500 000 livres sur lesquelles il lui revint 12 000 livres à titre de gratification. Après cela, comme le dit Pierre Jolly" , il eut le vent en poupe". Il était lancé, il était à la mode !
Aujourd'hui, nous dirions que c'est un habile trader !
L'un des nôtres a écrit :
Dans son fameux compte-rendu (que Maurepas qualifiait de "conte bleu" ) , Necker mentionnait "comme un frein aux talents qu'il déployait" , la somme considérable de vingt-huit millions de pensions que le Roi distribuait chaque année aux grandes charges et courtisans. " Il osait conclure qu'il doutait que tous les souverains d'Europe ENSEMBLE acquittassent en pensions plus de la moitié de pareille somme, car c'était là, disait-il, un genre de dépenses inconnu à plusieurs États..."
( Claude Emile Laurent : L'Autrichienne )
Mme Chimay a écrit :
Autrement dit , si je vous suis bien, chère Madame de Sabran, Necker aurait voulu dans son escarcelle ces 28 millions de pension que Louis XVI distribuait aux grandes charges et courtisans.
Mais par sa conclusion, il critiquait ouvertement Louis XVI de se montrer généreux avec son personnel.
Mais ça ne m'étonne pas. Necker était un brasseur d'argent . L'argent, il n'y avait que cela qui le motivait.
Mme de Sabran a écrit :
L'argent, certainement, mais plus encore l'ambition !
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Invité- Invité
Re: Jacques Necker
Reinette a écrit :
L'argent et l'ambition sont souvent liés en pareil cas !
Et les patrons de Necker aussi , étaient motivés par l'argent et l'ambition. Voici ce que dit Pierre Jolly à ce sujet : " Les larges possibilités d'une France , alors en pleine évolution économique, ne manquèrent pas d'exciter l'esprit d'entreprise des banquiers génevois. Précédent en cela Napoléon, Louis XVI avait favorisé l'installation de plusieurs de ces " manieurs d'argent".
Le principal établissement de la banque Vernet était transféré à Paris lorsque Necker, alors âgé de 18 ans , s'y signala par l'initiative qui lui valut d'avoir désormais le vent en poupe. Son patron, qui se l'était associé, le légua à son neveu Thélusson. En moins de 10 ans, la banque Thélusson-Necker se situa au premier rang des maisons de la place. Lorsque Thélusson gagna Londres en 1765 , Jacques Necker était à la tête d'une fortune considérable. On le disait multimillionnaire. il avait les plus flatteuses relations. Choiseul ne jurait que par lui. quand sa situation fut aussi solidement assise, sa patrie ne manqua pas de l'honorer et le " Magnifique Petit Conseil" le choisit pour Ministre de la République de Genève à Paris, ce qui lui valut d'être présenté au roi.
Son activité diplomatique ne le distrayait pas de la direction de sa banque. Il n'était pas banquier attitré de la Cour. Mais c'était tout comme et même mieux puisqu'il était le banquier des banquiers du roi.
Tandis qu'il venait de leur avancer un million 300 000 livres, Choiseul lui écrivit ce chaleureux billet : " La Borde et La Balue ( banquiers du roi ) sont enchantés de vous. Que de remerciements ne vous dois-je point ! "
Necker était traité en ami par les bureaux des finances.
Cette vigoureuse ascension pose question : N'a-t-il dû qu'à son génie, voire à la chance d'amasser en un temps record , une des fortunes les plus considérables d'Europe ? "
Mme de Sabran a écrit :
Il semble que cette fortune se soit faite sur le dos de la Compagnie des Indes. Voici ce que dit à ce sujet l'abbé Morellet et je cite Pierre Jolly : " On a recherché avec malignité les sources de sa fortune, pour appuyer cette accusation ; mais ce reproche est injuste et dicté par la haine. Il a dû sa fortune à la banque et à quelques opérations avantageuses avec la Compagnie des Indes, avant qu'il en fût directeur. Les profits de ce genre , quelque médiocre que soit l'intérêt, sont toujours considérables avec de gros capitaux ; et , lorsqu'ils sont au taux de la place...il n'y a que l'ignorance ou la méchanceté, et le plus souvent l'une et l'autre, qui puissent en faire un crime".
Car évidemment , cette fortune excitait les jalousies.
Sénac de Meilhan s'est montré très sévère . Il a accusé Necker d'opérations frauduleuses avec la Compagnie des Indes. Il lui a fait reproche d'avoir profité des indiscrétions d'un commis des Affaires Etrangères pour se livrer à des spéculations qui se seraient soldées par des bénéfices que Necker aurait, ensuite, refusé de partager avec ce commis et Favier, son associé.
Il n'est pas douteux que Necker ait mis à profit la connaissance de plusieurs stipulations , réputées secrètes , de la convention préliminaire de paix, signée le 3 novembre 1762 avec l'Angleterre.
" L'un de ces articles stipulait le remboursement intégral de toutes les sommes dues par la France aux habitants des colonies cédées à l'Angleterre , spécialement aux habitants du Canada, et se négociant à 70 ou 80 % de perte sur le marché. Necker, instruit de la clause secrète du traité de 1762, racheta ces effets , avec l'énorme rabais de leur cours, puis les envoya à Londres. Là, un de ses correspondants, muni de lettres supposées d'habitants du Canada , en demanda le remboursement au pair par l'intermédiaire du gouvernement anglais , comme s'il s'agissait de créances appartenant à des Canadiens , garanties en vertu du traité. La manœuvre réussit et procura de gros bénéfices à la maison de banque. "
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L'argent et l'ambition sont souvent liés en pareil cas !
Et les patrons de Necker aussi , étaient motivés par l'argent et l'ambition. Voici ce que dit Pierre Jolly à ce sujet : " Les larges possibilités d'une France , alors en pleine évolution économique, ne manquèrent pas d'exciter l'esprit d'entreprise des banquiers génevois. Précédent en cela Napoléon, Louis XVI avait favorisé l'installation de plusieurs de ces " manieurs d'argent".
Le principal établissement de la banque Vernet était transféré à Paris lorsque Necker, alors âgé de 18 ans , s'y signala par l'initiative qui lui valut d'avoir désormais le vent en poupe. Son patron, qui se l'était associé, le légua à son neveu Thélusson. En moins de 10 ans, la banque Thélusson-Necker se situa au premier rang des maisons de la place. Lorsque Thélusson gagna Londres en 1765 , Jacques Necker était à la tête d'une fortune considérable. On le disait multimillionnaire. il avait les plus flatteuses relations. Choiseul ne jurait que par lui. quand sa situation fut aussi solidement assise, sa patrie ne manqua pas de l'honorer et le " Magnifique Petit Conseil" le choisit pour Ministre de la République de Genève à Paris, ce qui lui valut d'être présenté au roi.
Son activité diplomatique ne le distrayait pas de la direction de sa banque. Il n'était pas banquier attitré de la Cour. Mais c'était tout comme et même mieux puisqu'il était le banquier des banquiers du roi.
Tandis qu'il venait de leur avancer un million 300 000 livres, Choiseul lui écrivit ce chaleureux billet : " La Borde et La Balue ( banquiers du roi ) sont enchantés de vous. Que de remerciements ne vous dois-je point ! "
Necker était traité en ami par les bureaux des finances.
Cette vigoureuse ascension pose question : N'a-t-il dû qu'à son génie, voire à la chance d'amasser en un temps record , une des fortunes les plus considérables d'Europe ? "
Mme de Sabran a écrit :
Il semble que cette fortune se soit faite sur le dos de la Compagnie des Indes. Voici ce que dit à ce sujet l'abbé Morellet et je cite Pierre Jolly : " On a recherché avec malignité les sources de sa fortune, pour appuyer cette accusation ; mais ce reproche est injuste et dicté par la haine. Il a dû sa fortune à la banque et à quelques opérations avantageuses avec la Compagnie des Indes, avant qu'il en fût directeur. Les profits de ce genre , quelque médiocre que soit l'intérêt, sont toujours considérables avec de gros capitaux ; et , lorsqu'ils sont au taux de la place...il n'y a que l'ignorance ou la méchanceté, et le plus souvent l'une et l'autre, qui puissent en faire un crime".
Car évidemment , cette fortune excitait les jalousies.
Sénac de Meilhan s'est montré très sévère . Il a accusé Necker d'opérations frauduleuses avec la Compagnie des Indes. Il lui a fait reproche d'avoir profité des indiscrétions d'un commis des Affaires Etrangères pour se livrer à des spéculations qui se seraient soldées par des bénéfices que Necker aurait, ensuite, refusé de partager avec ce commis et Favier, son associé.
Il n'est pas douteux que Necker ait mis à profit la connaissance de plusieurs stipulations , réputées secrètes , de la convention préliminaire de paix, signée le 3 novembre 1762 avec l'Angleterre.
" L'un de ces articles stipulait le remboursement intégral de toutes les sommes dues par la France aux habitants des colonies cédées à l'Angleterre , spécialement aux habitants du Canada, et se négociant à 70 ou 80 % de perte sur le marché. Necker, instruit de la clause secrète du traité de 1762, racheta ces effets , avec l'énorme rabais de leur cours, puis les envoya à Londres. Là, un de ses correspondants, muni de lettres supposées d'habitants du Canada , en demanda le remboursement au pair par l'intermédiaire du gouvernement anglais , comme s'il s'agissait de créances appartenant à des Canadiens , garanties en vertu du traité. La manœuvre réussit et procura de gros bénéfices à la maison de banque. "
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Re: Jacques Necker
Mme de Sabran :
Aujourd'hui, que dirait-on si ce n'est qu'il y a délit d'initié ?
" Il ne parlait même pas de créer de nouveaux impôts ! Était-ce de la malhonnêteté intellectuelle? s'interroge Georges Bordonove. Certainement pas. Necker se grisait lui-même de sa réussite; il finissait par croire que l'amortissement des emprunts se ferait effectivement de lui-même ! Banquier heureux, il avait quelque peu la mentalité d'un joueur."
G. Bordonove: Les Rois qui ont fait la France. Louis XVI
Mme de Chimay a écrit :
Oui, il y avait un côté joueur chez Necker. A chaque fois qu'il gagnait, cela renforcait son côté joueur. Et il a trempé dans de nombreuses affaires. Son réseau était bien établi .
Absolument , il était vaniteux par nature mais aussi , il pouvait compter sur tout un réseau. On peut en juger avec ce que nous dit Pierre Jolly : " Necker fut toujours puissamment aidé , dans ses spéculations aux formes très modernes , par les relations qu'il entretenait avec plusieurs ministres et leurs bureaux. Avec habileté , il sut exploiter les renseignements qu'il devait à leur confiance et plus encore à leur gratitude. Car la complaisance de Necker à l'endroit du Trésor Royal l'entourait d'une considération qu'une publicité agissante s'employait à faire valoir. Il était le puissant ami dont l'aide paierait, le cas échéant, ce qui , tel jour, lui avait été dit sous le sceau du secret. Choiseul l'obligea , ainsi, et de manière fort avantageuse , non seulement lors des négociations de paix avec l'Angleterre mais en lui communiquant , en 1764 , des " renseignements" qui permirent à Necker de se livrer à de très fructueuses opérations sur les grains.
En 1772 et après fortune faite, il céda sa banque à son frère aîné Louis. Celui-ci que le tout Paris l'époque connaîtra sous le nom de M. de Germany- vocable sous lequel était désigné une propriété qu'il avait hérité de son père-avait abandonné sa chaire de mathématiques à Genève, à la suite de l'aventure galante qui avait tant amusé Voltaire et si fort scandalisé le Consistoire. Il était venu faire de la banque à Paris avec Girardot et Haller. Puis, il s'était établi à Marseille où il resta jusqu'au jour où son frère fit de lui et de Girardot ses successeurs. Louis Necker ne fut-il qu'un prête nom ? On l'a prétendu. Mais Mme Necker s'inscrit en faux contre de telles allégations. C'est incroyable comme cette femme a défendu la mémoire de son mari".
Fortune faite , il ne leur restait plus qu'à marier leur fille. Mais il leur fallait d'abord trouver un beau parti.
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Aujourd'hui, que dirait-on si ce n'est qu'il y a délit d'initié ?
" Il ne parlait même pas de créer de nouveaux impôts ! Était-ce de la malhonnêteté intellectuelle? s'interroge Georges Bordonove. Certainement pas. Necker se grisait lui-même de sa réussite; il finissait par croire que l'amortissement des emprunts se ferait effectivement de lui-même ! Banquier heureux, il avait quelque peu la mentalité d'un joueur."
G. Bordonove: Les Rois qui ont fait la France. Louis XVI
Mme de Chimay a écrit :
Oui, il y avait un côté joueur chez Necker. A chaque fois qu'il gagnait, cela renforcait son côté joueur. Et il a trempé dans de nombreuses affaires. Son réseau était bien établi .
Absolument , il était vaniteux par nature mais aussi , il pouvait compter sur tout un réseau. On peut en juger avec ce que nous dit Pierre Jolly : " Necker fut toujours puissamment aidé , dans ses spéculations aux formes très modernes , par les relations qu'il entretenait avec plusieurs ministres et leurs bureaux. Avec habileté , il sut exploiter les renseignements qu'il devait à leur confiance et plus encore à leur gratitude. Car la complaisance de Necker à l'endroit du Trésor Royal l'entourait d'une considération qu'une publicité agissante s'employait à faire valoir. Il était le puissant ami dont l'aide paierait, le cas échéant, ce qui , tel jour, lui avait été dit sous le sceau du secret. Choiseul l'obligea , ainsi, et de manière fort avantageuse , non seulement lors des négociations de paix avec l'Angleterre mais en lui communiquant , en 1764 , des " renseignements" qui permirent à Necker de se livrer à de très fructueuses opérations sur les grains.
En 1772 et après fortune faite, il céda sa banque à son frère aîné Louis. Celui-ci que le tout Paris l'époque connaîtra sous le nom de M. de Germany- vocable sous lequel était désigné une propriété qu'il avait hérité de son père-avait abandonné sa chaire de mathématiques à Genève, à la suite de l'aventure galante qui avait tant amusé Voltaire et si fort scandalisé le Consistoire. Il était venu faire de la banque à Paris avec Girardot et Haller. Puis, il s'était établi à Marseille où il resta jusqu'au jour où son frère fit de lui et de Girardot ses successeurs. Louis Necker ne fut-il qu'un prête nom ? On l'a prétendu. Mais Mme Necker s'inscrit en faux contre de telles allégations. C'est incroyable comme cette femme a défendu la mémoire de son mari".
Fortune faite , il ne leur restait plus qu'à marier leur fille. Mais il leur fallait d'abord trouver un beau parti.
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Re: Jacques Necker
Mme de Chimay a écrit :
A la lecture de mon livre , il me vient une hypothèse . Elle demande à être vérifiée par la lecture complète de mon livre, voire d'être complétée par d'autres lectures. Je vous soumets cette hypothèse. Voilà, je pense que Necker avait un grand pouvoir de décision sur Louis XVI , voire sur d'autres souverains ( Cf sur Gustave III comme on l'a vu pour le mariage de Germaine ). Ce pouvoir , c'était celui de l'argent. Necker exerçait le chantage à l'argent sur Louis XVI et avait donc placé le monarque et la monarchie française sous une grande dépendance. D'où le fait que Louis XVI n'était pas libre de ses décisions ( renvoi de Sartine par exemple ). Car il en faut un grand courage pour couper les chaînes de la dépendance, de toutes les dépendances quelles qu'elles soient.
Que pensez-vous de mon hypothèse ?
Eléonore a écrit :
Donc on peut dire que Necker était un grand manipulateur.
Petit Louis a écrit :
Je crois qu'on peut le dire chère Mme de Chimay mais je crois surtout que Necker était un personnage très complexe et extrèmement populaire alors que pendant les dernières années de la monarchie Louis XVI était devenu impopulaire et je crois que le Roy s'en rendait compte...
Mme Chimay a écrit :
Vous avez raison , Petit Louis. Necker surfait sur l'opinion publique . il en a toujours tenu compte dans toutes ses actions. Le roi s'en rendait compte. Il s'est laissé enfermer dans toutes ces chaînes de la dépendance et il n'avait pas le courage de secouer le cocottier. Mon Dieu, quel poids Louis XVI a t-il dû porter !
Et cette chaîne de la dépendance , du chantage à l'argent était un cadeau de son grand père...
Bien funeste cadeau , en vérité !
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Invité- Invité
Re: Jacques Necker
Pou a écrit :
Par contre je ne dirais quand même pas que Necker était manipulateur, du moins consciemment. Il a joué de sa popularité pour se faire entendre et imposer ses idées, mais plus par rapport à ce qu'on lui demandait que pour manipuler
Mme de Chimay a écrit :
Ah, Pou. Je réserve mon avis. J'attends d'en savoir plus sur Necker. Néanmoins, je pense que pour installer autrui dans la dépendance financière, quelque part , il faut avoir un côté manipulateur. C'est un jeu cruel entre le chat et la souris. C'est un jeu malsain. D'où ni le manipulateur et le manipulé ne sortent indemnes ! Et c'est là tout le drame !
Pou a écrit :
Il serait intéressant de lire des écrits de Necker et de connaître ses motivations et sa manière de penser
Mme de Chimay a écrit :
Tout à fait mais encore faut-il les trouver....
Ce n'est pas toujours facile de trouver des écrits d'époque !
Ce soir, j'ai trouvé un livre sur Amazone.fr dont voici les références :
-Les Idees de Necker par Grange H.
Klincksieck , 1974, 669 p. : 29,73 euros
Cela peut être intéressant pour notre sujet. Je l'inscris sur ma liste.
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Re: Jacques Necker
Mme de Sabran a écrit :
Pierre Jolly consacre le chapitre suivant à Suzanne Necker. voici ce qu'il dit : " Suzanne Necker était née Curchod. ce n'est que postérieurement à son arrivée à Paris qu'elle se fit appeler Curchod de Nasse. Son père, un modeste pasteur de Crassier, aux environs de Genève, avait épousée une coreligionnaire réfugiée du Dauphiné. Aux dires qui ne semble pas vérifié de sa fille, Mme Curchod avait des attaches nobiliaires. Ayant des lettres et des loisirs, le pasteur enseigna et éduqua Suzanne. Elle le paya de retour en devenant vite une très brillante élève.
(...)
Pressée par la nécessité, elle enseigna. Mais combien cet état lui pesait !Sa mère était morte en 1763 et la jeune institutrice menait, à Genève, une existence médiocre lorsque le pasteur Paul Moultou lui fit connaître Mme de Vermenoux. Française, veuve d'un officier suisse , elle chargea Mme Curchod d'enseigner le latin à son fils. Peu après elle l'emmena à Paris.
La suite nous est donnée par l'abbé Morellet : " Mme de Vermenoux, belle-sœur de Thélusson, ayant attaché M. Necker à son char, ne voulut pas l'épouser, et se substitua adroitement Mlle Curchod....M. Necker , la voyant sans cesse chez Mme de Vermenoux, se prit de goût pour elle et l'épousa.
Lorsque Mme de Vermenoux apprit que l'union avait été célébrée dans la plus stricte intimité à la chapelle de l'ambassade de Hollande, elle eut cette réflexion : " Ils s'ennuieront tellement ensemble que cela leur fera une occupation."
Necker avait 43 ans et Melle Curchod 26.
(...)
Femme savante, Mme Necker témoignera à son mari toute sa vie ,sa reconnaissance de l'avoir épousée sans fortune."
Mme de Chimay a écrit :
Madame Necker exerça son talent dans son salon littéraire. C'est ainsi qu'elle recevait chez elle tous les vendredis une brillante société. Qu'on en juge un peu : Les abbés Arnaud, Delille, Galiani, Sieyès étaient des habitués. Mais il y avait aussi Buffon, le chevalier de Chastellux, le marquis de Carracioli, le comte de Creutz, Grimm, La Harpe , Marmontel, Thomas, Mme Du Deffand, Mme Geoffrin et Mme Marchai. D'Alembert fréquentait aussi son salon.
Pourtant , la santé de Madame Necker laissait à désirer. Voici ce que dit Pierre Jolly à ce sujet : "De fort bonne heure, elle fut soumise à des angoisses nerveuses tellement pénibles que , par degrés, elle perdit le sommeil ; et le jour, obligée de céder à un mouvement d'agitation, elle se tenait debout même en société et n'obtenait un peu de repos que dans le bain".
Cette extrême nervosité de Mme Necker est décrite par le Comte d'Hézecques: " De violentes attaques de nerfs faisaient de sa personne un mouvement perpétuel. A peine assise , elle devait céder à l'impulsion donnée à toutes ses fibres , et se relever pour reprendre son fatiguant balancement. Je l'ai vue au spectacle , toujours debout dans une loge grillée, ne cesser de s'agiter pendant trois heures entières".
Son salon avait du succès. Cependant , Marmontel lui reproche une pensée souvent confuse et vague.
Il n'en parut pas moins remarquable que le salon fût fréquenté par des philosophes dont Mme Necker ne se cachait pas de détester la philosophie.
La plupart, cependant , s'accordent à rendre hommage au tact avec lequel elle intervenait pour écarter les sujets qui auraient pu offenser ses convictions religieuses. "
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Re: Jacques Necker
Je parie que tu as lu cela, cher la nuit, la neige !
... et que tu saurais nous en raconter bien plus long que cet article un peu light du journal SUD OUEST !
Parmi tous les salons littéraires qui ont fleuri au XVIIIe siècle, un des plus animés fut celui de Suzanne Necker au moment où son mari était Premier ministre de Louis XVI. Rien ne prédisposait cette fille de pasteur suisse à régner sur l'intelligentsia parisienne. Elle aurait probablement vécu dans l'anonymat si son mari n'avait fait, en quinze ans, la plus grosse fortune d'Europe.
Devenue son faire-valoir et sa meilleure attachée de presse, Suzanne Necker, poussée par sa fille Louise qui deviendra Germaine de Staël, se mit à recevoir les beaux esprits. Buffon, Grimm, Mably, Bernardin de Saint-Pierre, Diderot, d'Alembert et le tout-Paris de la finance et de la vanité se mirent à fréquenter ce salon, bientôt le plus couru d'Europe.
Dire qu'on n'y parlait que de littérature serait mentir. On y faisait et défaisait les gouvernements, on y décidait de fructueux coups de bourse et on y préparait avec ardeur la Révolution sans se douter un seul instant qu'on serait emporté avec elle.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55504
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Re: Jacques Necker
Miche a écrit :
Oui, le costume est intéressant aussi. On y voit très bien à quel point la taille descendait bas, et comme le ventre était comprimé. Pauvres femmes, tout de même... que ces atours devaient être inconfortables...
Mme de Sabran a écrit:
Alors, plus que de nos jours, il fallait véritablement souffrir pour être belle ! Le carcan du corset empêchait de respirer. Les perruques et poufs empêchaient de bouger sous peine d'écroulement desastreux de l'édifice .... Toutes ces contraintes interdisaient d'oublier le sacro-saint maintien .
Mme Chimay a écrit:
Eh oui, sous l'Ancien Régime, le corps devait être éduqué, maîtrisé, maintenu. A ce sujet, Mesdames , je vous recommande un livre intéressant dont voici les références :
La Culture des apparences : Une histoire du vêtement (XVIIe-XVIIIe siècle) / Daniel Roche
Points , 2007, 564 p. : 11 euros
Sinon, pour en revenir à Suzanne Necker , voici ce qu'en dit Jolly : " Elle n'aimait pas converser mais plutôt écrire. Elle écrivit donc Des Pensées et fut en correspondance suivie avec des gens de lettres et de nombreuses relations.
Ses Réflexions sur le divorce , plaidoyer en faveur de l'indissolubilité des liens du mariage, sont consacrés à le renommée de sa propre union : " Veille , grand Dieu, sur l'ami, l'unique ami qui recevra nos derniers soupirs , qui fermera nos yeux et ne craindra pas de donner un baiser d'adieu sur des lèvres flétries par la mort"...
Un seul ouvrage parut de son vivant : il était consacré aux Inhumations précipitées. Elle-même redoutait d'être enterrée vivante . Le comte d'Haussonville explique que l'expérience qu'elle " avait acquise en s'occupant de la création de l'hôpital Necker lui avait appris combien, dans les hôpitaux de Paris, ces inhumations étaient fréquentes."
Sainte Beuve qui ne ménagea son indulgence ni au mari , ni à la femme, regrette que la littérature n'ait pas réservé une place plus marquée à Madame Necker : " La France lui doit Mme de Staël et ce magnifique présent a trop fait oublier le reste".
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Invité- Invité
Re: Jacques Necker
Mme de Sabran a écrit:
Jolly nous apprend que le salon de Madame Necker était utilisé à des fins politiques. Ce salon était un outil de propagande, de marketing, de publicité , de lancement, de soutien. Comme dit Jolly : " En faveur du banquier et ensuite du ministre, Mme Necker et son salon excellèrent dans l'une et l'autre.
Même Marmontel n'est pas dupe : Mme Necker était " toute occupée à se rendre agréable à sa société empressée à bien recevoir ceux qu'elle y avait admis, attentive à dire à chacun ce qui pouvait lui plaire davantage ; mais tout cela était prémédité. Ce n'était point pour nous, ce n'était point pour elle qu'elle se donnait tous ses soins, c'était pour son mari...Nous le faire connaître, lui concilier nos esprits, faire parler de lui avec éloge dans le monde et commencer sa renommée."
Lacretelle le confirme : "Elle n'avait de pensées, de combinaisons ( et elle combinait sans cesse ), que pour l'objet de son culte.
Quand Necker abandonnait son rôle muet, ses sorties n'avaient d'imprévu que l'apparence. Elles s'effectuaient , d'après les plans d'une stratégie préétablie. Chez lui, tout était prudence et calcul. Et aussi, il ne cherchait point tant à briller qu'à intriguer ceux et celles qui prenaient place dans le " Sanctuaire " ( nom donné au salon )."
Donc Les Necker , contrairement au couple royal, avaient un sens aiguë et consommé de la communication. Chez eux, cela relevait même de l'art. Un art qu'ils consommaient à merveille !
Mme de Sabran:
Le divorce était un thème tout nouveau et à la pointe de la mode. On commence à en parler. Jusqu'alors, on se séparait de corps, ou bien il y avait répudiation de l'épouse (jamais l'inverse ), mais très peu de gens divorçaient. Ce sera l'une des innovations de la Révolution que de faciliter les procédures administratives du divorce, et donc un encouragement à y remédier ....... C'est pourquoi Mme Necker, qui sent ce vent venir, prend le problème à bras le corps et la défense du mariage comme un saint devoir.
Mme de Chimay a écrit :
Vous avez raison, Madame de Sabran, le divorce était un thème novateur et par son salon littéraire, Madame Necker était bien placée pour voir le vent ourner.
Germaine de Staël tient de ses deux parents car Necker aussi s'est essayé à la littérature. Avant même d'avoir l'âge de 20 ans, il s'essayait à composer de petites pièces de théâtre. Mais comme le dit Jolly : "Necker ne publia rien et s'en félicita : " Toute ma carrière s'en fut ressentie ; jamais la réputation d'auteur comique n'eut été compatible avec la dignité sérieuse que l'on exigeait d'un premier ministre".
Ayant renoncé " à la réputation d'auteur comique, il se dédommagea en écrivant sur l'économie, la finance , l'administration, la politique et la religion. Ses premiers essais abondent en tournures singulières. La pensée , souvent obscure, s'y noie dans l'emphase et la redondance.
(...)
Necker aurait inventé un nouveau style, le style ministériel. Style singulier qui, pour Sainte Beuve, se ramène à " une certaine façon compliquée , un peu subtile, un peu hautaine, de prendre et de présenter les choses, qui n'est pas l'usage des esprits ordinaires , ni même des esprits très naturels".
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Invité- Invité
Re: Jacques Necker
Mme de Sabran:
Les talents de Germaine pouvaient se déployer à l'envi dans le salon de sa mère. Elle, aussi , participait au culte rendu à son père. Comme le dit Jolly, " dans leur système , Necker se place au centre du monde".
Quelle singulière famille !
Suzanne de Necker avait un fonds d'austérité et de vertu et elle a élevé Germaine là-dedans. Mais c'est quand même une singulière famille où tourne autour du père, du culte du père.
Je dirais presque que Necker a un côté bling bling. Rien de ce qu'il fait n'est gratuit. Tout est calculé , pesé , mesuré sous l'angle de la communication . Tout est au service d'un marketing redoutable et efficace. Bref, il est aux antipodes de Louis XVI.
[...]
C'est très probable, vu la position importante dans l'appareil d'Etat de Necker (on disait "Neckre" ). Le porte-feuille de ministre du contrôle général des finances du royaume, Chou, ce ne saurait être roupie de sansonnet ! Non, non, soyez tranquille, la place était bonne et toute la petite smala Necker aise et épanouie !!!!
D'autant qu'il y a chez eux cette mentalité d'arrivistes (je parle des parents, pas de Germaine), on dirait aujourd'hui " nouveaux riches ", dont se gausse la baronne d'Oberkirch. Ils ont réussi, ils frayent avec la plus haute noblesse. lls sont très imbus d'eux-mêmes. C'est pourquoi papa Necker brigue pour sa Germaine particule et titre de noblesse.
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Invité- Invité
Re: Jacques Necker
Pou a écrit:
J'imagine aussi Mme de Sabran mais bon sait-on jamais...Necker en bon économe aurait pu refuser tous ces bonus
Voici le discours qu'il prononça lors de son retour à paris en Juillet 1789, pour demander la libération du baron de Besenval :
"Ce n'est pas seulement devant vous, c'est devant le plus inconnu, le plus obscur des citoyens de Paris, que je me prosterne, que je me jette, à genoux pour demander que l'on exerce, ni envers M. de Besenval, ni envers personne aucune rigueur semblable en aucune manière à celles qu'on m'a récitées...Ce que je demande, ce sont des égards pour un général étranger, s'il ne lui faut que cela; c'est de l'indulgence et de la bonté, s'il a besoin de plus...Je serais bien plus heureux si cet exemple devenait le signal d'une amnistie qui rendrait le calme à la France."
J'avais oublié que la libération de Besenval était dûe à Necker. Bailly a très vite senti le danger qu'avait cette demande d'amnistie, très bien accueillie par l'Assemblée et les députés qui s'exécutèrent d'ailleurs. Mais le peuple de paris quant à lui semble ne pas avoir apprécié la libération de certains, et à priori ce fût l'une des premières désillusions de Necker
Mme de Sabran a écrit:
En effet, Chou, je m'en souviens fort bien. Mais Necker n'a pas obligé un ingrat !
Besenval est arrêté, le 28 juillet 1789, à Villeroy. Craignant de le voir découpé en morceaux comme les malheureux Foullon et Berthier, les commissaires ont cru plus prudent de l'enfermer dans une vieille tour à Brie-Comte-Robert, sous la protection de la garde nationale. On sait ce qu'elle vaut cette protection de la garde nationale !!!!!!! boudoi29 boudoi29 boudoi29 Enfin ... L'idée de Brie-Comte-Robert était de Necker :
" M. Necker, invoqué par un jeune officier que je connaissais à peine, raconte Besenval lui-même, fit changer notre marche, et ravit aux pendeurs la proie que nous leur amenions en poste."
Le marquis de Paroy, rendant visite à Besenval dans sa prison, en passant pour aller dans ses terres, a trouvé notre baron jouant au piquet avec le concierge-geolier. Besenval semblait très tranquille sur son sort. En fait il donne bien le change et, en réalité, n'en mène pas large, puisqu'il consigne dans ses mémoires:
" M. Necker m'a sauvé la vie. Sans fléchir d'opinion sur ses opérations politiques et sur ses erreurs, tranchons le mot, je lui voue, jusqu'à mon dernier jour, attachement et reconnaissance ."
Madame de Chimay:
Pour en revenir à Necker et à son action, il donnera toujours à espérer qu'il disposait , pour le futur et à une heure de son choix, d'un énorme potentiel.
Comme le dit Jolly : " L'abbé de Véri l'avait trouvé facile en arrangement. "
En marge d'une dépêche de son ambassadeur, Gustave III écrivait le 9 juillet 1789 : "Il faut demander au baron de Staël quel est le véritable plan de M. Necker car je n'en vois pas d'autre encore que de briller en paraissant le modérateur du royaume et cela aux dépens du roi et de la France".
Mme de Sabran a écrit:
Il y a tout un côté méconnu chez Necker. Jolly dit que c'est un indécis doublé d'un anxieux. Voici ce que dit Jolly à ce sujet : " Sa femme ne cache pas les retours fâcheux qu'il fait sur ses résolutions quand elles sont exécutées...Il se repent ....même de ce qu'il a fait de mieux..."
A Meister, il fera même cette confidence que durant les premières années de son séjour à Paris , il lui était arrivé cent fois de rester plus d'un quart d'heure dans son fiacre avant de parvenir à se décider sur la maison où il devait se faire conduire d'abord...
Sa " tendance à voir les mauvais côtés des choses " le fait arrêter sur les inconvénients des résolutions à prendre ou des conseils à donner".
En fait , Necker affichait une assurance et un aplomb qu'il était loin de posséder...
La chose est curieuse.
Finalement, il doutait de lui-même autant que Louis XVI.
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J'imagine aussi Mme de Sabran mais bon sait-on jamais...Necker en bon économe aurait pu refuser tous ces bonus
Voici le discours qu'il prononça lors de son retour à paris en Juillet 1789, pour demander la libération du baron de Besenval :
"Ce n'est pas seulement devant vous, c'est devant le plus inconnu, le plus obscur des citoyens de Paris, que je me prosterne, que je me jette, à genoux pour demander que l'on exerce, ni envers M. de Besenval, ni envers personne aucune rigueur semblable en aucune manière à celles qu'on m'a récitées...Ce que je demande, ce sont des égards pour un général étranger, s'il ne lui faut que cela; c'est de l'indulgence et de la bonté, s'il a besoin de plus...Je serais bien plus heureux si cet exemple devenait le signal d'une amnistie qui rendrait le calme à la France."
J'avais oublié que la libération de Besenval était dûe à Necker. Bailly a très vite senti le danger qu'avait cette demande d'amnistie, très bien accueillie par l'Assemblée et les députés qui s'exécutèrent d'ailleurs. Mais le peuple de paris quant à lui semble ne pas avoir apprécié la libération de certains, et à priori ce fût l'une des premières désillusions de Necker
Mme de Sabran a écrit:
En effet, Chou, je m'en souviens fort bien. Mais Necker n'a pas obligé un ingrat !
Besenval est arrêté, le 28 juillet 1789, à Villeroy. Craignant de le voir découpé en morceaux comme les malheureux Foullon et Berthier, les commissaires ont cru plus prudent de l'enfermer dans une vieille tour à Brie-Comte-Robert, sous la protection de la garde nationale. On sait ce qu'elle vaut cette protection de la garde nationale !!!!!!! boudoi29 boudoi29 boudoi29 Enfin ... L'idée de Brie-Comte-Robert était de Necker :
" M. Necker, invoqué par un jeune officier que je connaissais à peine, raconte Besenval lui-même, fit changer notre marche, et ravit aux pendeurs la proie que nous leur amenions en poste."
Le marquis de Paroy, rendant visite à Besenval dans sa prison, en passant pour aller dans ses terres, a trouvé notre baron jouant au piquet avec le concierge-geolier. Besenval semblait très tranquille sur son sort. En fait il donne bien le change et, en réalité, n'en mène pas large, puisqu'il consigne dans ses mémoires:
" M. Necker m'a sauvé la vie. Sans fléchir d'opinion sur ses opérations politiques et sur ses erreurs, tranchons le mot, je lui voue, jusqu'à mon dernier jour, attachement et reconnaissance ."
Madame de Chimay:
Pour en revenir à Necker et à son action, il donnera toujours à espérer qu'il disposait , pour le futur et à une heure de son choix, d'un énorme potentiel.
Comme le dit Jolly : " L'abbé de Véri l'avait trouvé facile en arrangement. "
En marge d'une dépêche de son ambassadeur, Gustave III écrivait le 9 juillet 1789 : "Il faut demander au baron de Staël quel est le véritable plan de M. Necker car je n'en vois pas d'autre encore que de briller en paraissant le modérateur du royaume et cela aux dépens du roi et de la France".
Mme de Sabran a écrit:
Il y a tout un côté méconnu chez Necker. Jolly dit que c'est un indécis doublé d'un anxieux. Voici ce que dit Jolly à ce sujet : " Sa femme ne cache pas les retours fâcheux qu'il fait sur ses résolutions quand elles sont exécutées...Il se repent ....même de ce qu'il a fait de mieux..."
A Meister, il fera même cette confidence que durant les premières années de son séjour à Paris , il lui était arrivé cent fois de rester plus d'un quart d'heure dans son fiacre avant de parvenir à se décider sur la maison où il devait se faire conduire d'abord...
Sa " tendance à voir les mauvais côtés des choses " le fait arrêter sur les inconvénients des résolutions à prendre ou des conseils à donner".
En fait , Necker affichait une assurance et un aplomb qu'il était loin de posséder...
La chose est curieuse.
Finalement, il doutait de lui-même autant que Louis XVI.
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Invité- Invité
Re: Jacques Necker
Mme de Sabran a écrit:
Eh oui, Necker est un personnage complexe, un homme avec ses forces et ses faiblesses comme tout un chacun.
Pour en revenir à la situation politique de la France d'antan , Pierre Jolly nous apprend ceci : " A l'honnête Turgot avait succédé Clugny. Celui-ci, au dire d'Augeard , " renouvela les affaires des finances, pour en tirer des pots de vin secrets et établit des croupes au profit de ses maîtresses et de ses créatures. Le contrôle général était réellement devenu un mauvais lieu et le rassemblement des fripons et des catins de Paris...Trois semaines après sa nomination , Clugny était si décrié dans le public, l'administration et dans le parlement que M. de Maurepas lui-même en était tout honteux. "Clugny eut le bon esprit de mourir en octobre 1776.
Oui, mais voilà, les finances publiques étaient si ébranlées qu'il fallait un magicien sauveur pour leur venir en aide. Un nom circulait à Paris , propagé via les salons , à savoir celui de Necker. Maurepas avait la solution. Taboureau, un conseiller d'état, humble à souhait , croyait-on , se verrait attribuer le poste de Contrôleur général et confier des tâches administratives secondaires. Un " directeur des finances lui serait adjoint en la personne de Necker. "
Plus loin , Jolly nous apprend que Necker est très préoccupé de s'attirer les bonnes grâces de la reine. Sa souplesse de politicien en marche vers la plénitude de son ambition lui impose des devoirs. En janvier 1777, se colportait à Versailles et à Paris un petit fait dont le chroniqueur qui le rapporte déclare qu'il " n'est peut-être qu'un cancan malin d'antichambre ".
"La reine a envoyé dernièrement demander à M. Necker une ordonnance pour toucher au trésor royal 150 000 livres comptant, dont elle avait un besoin urgent. Le directeur a écrit fort respectueusement à la reine : " L'état du trésor ne me permet absolument point d'accorder à Votre Majesté sa demande, mais ma fortune me met à même de lui offrir cette même somme de ma bourse, et j'aurai l'honneur de la lui porter ce soir". Il a tenu parole. La reine l'a reçu à miracle, a pris l'argent sans compter , et va partout disant : " Ce M. Necker est un homme charmant ; je n'ai jamais vu un tel ministre."
Cela prouve , si l'anecdote est vraie bien sûr que Necker avait des arguments on ne peut plus persuasifs. Et qu'il pouvait charmer et séduire...
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Invité- Invité
Re: Jacques Necker
Mme de Sabran a écrit:
Effarant !!! Il me semble bien avoir déjà croisé cette anecdote, mais sans la répartie de Marie-Antoinette. Cela prouve aussi à quel point Necker ne tirait pas le diable par la queue ! Nous savions que sa fortune le mettait à même d'offrir à sa fille une dot considérable. Mais de là à avancer de l'argent à la Reine. C'est choquant, non ?
Madame de Chimay:
Oui, c'est choquant . Mais si cette anecdote est vraie cela prouve que j'avais raison en disant que Necker exerçait un chantage d'argent sur les souverains, qu'il avait prise sur eux via l'argent, que ceux-ci dépendaient financièrement de lui.
Est-ce que quelqu'un de ce forum peut nous dire si cette anecdote est vraie ou pas ?
Reinette a écrit:
Qui décidait du montant de la cassette personnelle du Roi et de celle de la Reine ? Ce n'était pas le Contrôleur Général tout de même !!!
Pou a écrit:
La réplique de Marie-Antoinette me semble douteuse car elle ne me dit rien non plus et à priori elle détestait Necker donc je la vois mal dire cela
J'ai déjà lu que Necker lui avait refusé de l'argent, mais je ne savais pas (ou j'ai oublié) qu'il lui en avait prêté sur sa fortune personnelle
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Invité- Invité
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