Joseph Bologne de Saint-George, dit le chevalier de Saint-George

Joseph Boulogne, Chevalier de Saint-Georges (1739-1799) est fils d'un noble français et d'une esclave noire. Il est admiré par les contemporains pour ses qualités de violonistes et d'escrimeur. Il prend la tête du Concert des amateurs en 1773 à la suite de Gossec. Compositeur talentueux , auteur de quattuors fort appréciés , influencé par Boccherini, il est remarqué par Marie-Antoinette. Elle le soutient lorsqu'il est candidat à la direction de l'Académie de musique. Refusant l'idée d'avoir pour supérieur un mulâtre , des étoiles de la scène monte une cabale contre lui.

Saint-Georges compose la musique d'Ernestine , sur un livret de Laclos d'après Madame Riccoboni. La Reine est présente à la première au Théâtre Italien le 18 juillet 1777 (il y a 230 et onze jours Wink Very Happy ). Elle répète le cri du personnage de cocher : "Ohé! Ohé! " La salle s'en empare et les répliques deviennent des objets de dérision. L'opéra est retiré même si la presse en a , dans l'ensemble, salué la musique.

Saint-Georges survit à la révolution et dirige un Cercle d'harmonie dans les ci-devant appartements Orléans au Palias-Royal en 1797.
Le personnage fascinant que fut Saint-Georges a fait l'objet de travaux biographiques récents. Certaines de ses compositions ont été exhumées. En 2005 , ils constituent le fonds d'un opéra intitulé Le Nègre des Lumières, dans lequel Marie-Antoinette est l'un des personnages.


Bien à vous.

J'ai trouvé , par hasard, sur EBAY cet arrêt du CONSEIL D'ETAT DU ROI "pour la police des noirs, mulâtres, ou autres gens de couleurs qui sont dans la Ville de Paris" daté de 1778 -
C'est la première fois que je vois un tel document se rapportant à cette population et rappelez-vous que MARIE ANTOINETTE qui protégeait le CHEVALIER DE SAINT GEORGES n'a pu réaliser sa mission à cause de la couleur de l'artiste !!!
Dès réception de ces quatre pages, j'en mettrais le texte sur le FORUM !!!!!!

MARIE ANTOINETTE àè-è\':

voici le contenu de ce curieux document du 11 janvier 1778:

Le Roi s'étant fait représenter la déclaration du 9 août dernier, par laquelle Sa Majesté a ordonné que tous les Noirs, Mulâtres, ou autres Gens de couleurs qui seraient à l'avenir amenés dans son royaume, ou qui pourraient s'y introduire, seraient arrêtés et conduits au port le plus prochain pour y être rembarqués, § néanmoins aurait permis à tous ceux qui avaient à leur service des Noirs, Mulâtres ou autres Gens de couleur, d'en faire la déclaration aux greffes des Amirautés, § à ceux desdits Noirs ou Mulâtres qui n'étaient point en service, de se faire pareillement enregistrer auxdits greffes ;
Sa Majesté a jugé nécessaire de prendre des précautions qui puissent faire distinguer ceux desdits Noirs, Mulâtres ou autres Gens de couleur qui ont été enregistrés en exécution de ladite Déclaration, dans le délai prescrit par icelle, d'avoir ceux qui n'y ont pas satisfait, ou qui se seraient introduits  depuis dans la ville de Paris.

A quoi voulant pourvoir : Oui le rapport ; LE ROI ETANT EN SON CONSEIL, a ordonné et ordonne à tous les Noirs, Mulâtres ou autres Gens de couleur de l'un ou de l'autre sexe, étant actuellement dans la ville de Paris, qui ont été enregistrés en exécution de la Déclaration du 9 Août dernier, de se présenter audit greffe de l'Amirauté dans l'espace d'un mois, à compter du jour de la publication du présent arrêt, à l'effet de se faire délivrer un certificat, lequel contiendra leurs nom, leur âge, leur signalement, leur profession, le nom de leur Maître (s'ils sont en service) avec la date de la déclaration faite au greffe ; et sera, ledit certificat, visé par le Lieutenant Général de l'Amirauté, et délivré GRATIS et sans aucun frais par le Greffier audit Siège.

Veut et entend Sa Majesté, que passé ledit délai, les Noirs, Mulâtres, ou autres Gens de couleur qui seront trouvés sans êtres munis dudit certificat, ou qui ne pourront pas en justifier à la première réquisition, soient arrêtés et conduits au port du HAVRE, à l'effet d'y être embarqués pour les Colonies.

Enjoint SA MAJESTE au sieur LENOIR, Conseiller d'Etat, Lieutenant Général de Police de la Ville, prévôté et vicomté de Paris, de tenir la main à l'exécution du présent arrêt.

Fait au Conseil d'Etat du Roi, SA MAJESTE y étant, tenu à VERSAILLES le onze janvier mil sept cent soixante dix huit

Signé...........DE SARTINES


ce texte est curieux et rappelle certains faits du XX° siècle ....
je me pose une question LE CHEVALIER DE SAINT GEORGES avait-il eu l'obligation de faire une telle demande, malgré sa notoriété et ses origines ???????
aussi......... par les Gens de couleurs  - s'agit-il de personnes au teint bronzé  venant d'INDE ou d'autres pays d'Asie, sans oublier les territoires d'Afrique du Nord  ?


MARIE ANTOINETTE àè-è\':

MARIE ANTOINETTE a écrit:
aussi......... par les Gens de couleurs  - s'agit-il de personnes au teint bronzé  venant d'INDE ou d'autres pays d'Asie, sans oublier les territoires d'Afrique du Nord  ?

Je crois aussi que gens de couleur doit être entendu dans une acception très générale . Ainsi Zamor est-il un jeune indien et non pas un petit africain .

Le chevalier de Saint-Georges et « La chevalière d'Eon »

Homme de lettres, juriste, diplomate, écrivain érudit, capitaine de dragons et héros de « La Guerre de Sept Ans », la vie de d'Eon a inspiré de nombreux auteurs. C'est un personnage aussi éclectique que Saint-Georges pouvait l'être mais dans des domaines différents, l'escrime étant toutefois l'un de leurs centres d'intérêt communs.
Dans ses jeunes années, d'Eon est beau comme une fille avec un corps aussi tonique qu'un danseur de l'Opéra.
Le Roi Louis XV a l'idée incongrue de confier à d'Eon la mission d'approcher la tsarine Elisabeth Prétrovna revêtu de vêtements féminins pour signer un traité d'alliance.
Envoyé ensuite comme ambassadeur à Londres, il tombe bientôt en disgrâce et reste en Angleterre où il vit de façon précaire.
Il aurait accepté de porter définitivement des vêtements de femme à condition que sa pension lui soit restituée afin notamment d'apaiser les inquiétudes de George III, en proie à une jalousie morbide. Le Roi d'Angleterre est convaincu que son épouse, la princesse Sophie-Charlotte de Mecklembourg-Strélitz, voit d'Eon en secret. C'est du moins une explication, parmi d'autres, avancée par les historiens.

Opposer deux escrimeurs talentueux, un « Américain des îles », au Chevalier d'Eon, devenu « Chevalière », apparaît comme un spectacle tout à fait original. D'Eon a 59 ans lors de cette rencontre le 9 avril 1787. Saint-Georges, quant à lui, n'a que 42 ans.

Le score de l’assaut d’armes qu’ils disputèrent est source de controverses. Gabriel Banat écrit (page 297 de son livre) que Saint-Georges ne fut touché qu’une fois par son adversaire et c’est Saint-Georges qui remporta l’assaut.

On peut toutefois penser que cet assaut ne fut qu’une démonstration courtoise d’escrime en présence du Prince du Galles et que Saint-Georges fut complaisant en s'opposant à un partenaire en robe.

On peut rappeler aussi que Saint-Georges n'est déjà plus en possession de ses moyens physiques. Antoine La Boëssière nous apprend qu'à l'âge de quarante ans, il a le malheur de se rompre le tendon d'Achille du pied gauche. Cependant, il a toujours une bonne main pour parer et riposter. En dépit de son âge, d'Eon, escrimeur tout aussi exceptionnel que Saint-Georges, n'a jamais arrêté de s'entraîner. C'est toujours un escrimeur efficace si l'assaut ne se prolonge pas au-delà de quelques touches.

Bien à vous.

Lors de mes recherches d'hier, pour répondre à l'énigme d'Eléonore, j'ai aussi découvert que Saint-Georges vit à Lille quand éclate la Révolution en juillet 1789.
Si quelqu'un découvrait l'adresse à laquelle il logeait, cela m'intéresserait grandement :n,,;::::!!!:

Il s'engage dans la Garde Civile un peu plus tard de cette même année. Il obtient le grade de capitaine en 1790. Le fait d'être militaire, en garnison à Lille, ne l'empêche pas d'accepter des concerts et de faire des démonstrations d'escrime. Il écrit même un opéra, Guillaume-Tout-Coeur ou les Amis de village (William-All-Heart or the Village Friends) Le livret est de Monnet, un acteur lillois. Il crée cet opéra 8 septembre 1790.
Les liens de Saint-Georges avec L’Ancien Régime font maintenant de lui un suspect, ce qui explique que sur certains documents d’archives que l’on a découverts, il signe désormais simplement George.

Bien à vous.

J'avais déjà remarqué que l'on parlait très peu du Chevalier de Saint-Georges, on l'écoutait encore moins, alors qu'il avait un certain talent.
Il y a quelques mois, ici à la Guadeloupe, il y a eu un spectacle sur certains de ses oeuvres, je n'ai malheureusement pas pu y aller.
J'ai trop à lire, mais si quelqu'un peut me conseiller une biographie ou une musique, ce serait sympathique.
Merci Majesté pour ces informations.

Concernant le Chevalier d'Eon, j'ai lu un "Secrets d'Histoire" relatant très succintement sa vie.

J'ai un CD , très agréable musique .Lorsque Paris avait donné son nom à une rue , un concert y avait été donné .
"Anciennement rue Richepance 1,2, du nom du général Antoine Richepanse (1770-1802) dont le patronyme est aussi écrit Richepance.

Richepance ayant rétabli l'esclavage à la Guadeloupe sur ordre de Bonaparte, son nom a fini par déplaire. À l'initiative de George Pau-Langevin, alors conseillère du maire Bertrand Delanoë, la Ville de Paris a débaptisé cette voie qui porte depuis décembre 2001 le nom de Joseph Bologne de Saint-George, chevalier de Saint-George (1745-1799)"



Oui, Majesté, à Lille mais je ne sais pas l'adresse .

Mon association doit participer à un tournage sur la vie du chevalier, pour la 3 mais c'est long à mettre en place ....

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Wow ! ... un bien bel homme !

Du calme Mme de Sabran ! Reprenez vos esprits. Ne nous faites pas une Mme de Lamballe. :

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Rassurez-vous, chère Trianon, il m'en faut davantage pour perdre mes esprits ! : : :

Le chevalier de Saint-Georges était présent dans l'épisode de Nicolas Le Floch diffusé ce soir sur France 5 ... mais pas en tant que musicien... il y était duelliste.

Bien à vous.


The Chevalier de Saint-George (1745-99)
Alexandre-Auguste Robineau (1747-1828)
Oil on canvas. Signed and dated 1787
Image : Royal Collection Trust

Robineau was a composer and violinist as well as artist; he used the name Alexandre for his musical and Auguste for his artistic activities. He was in London a great deal in the 1780s coming into contact with the Prince of Wales in both his professional capacities.
The sitter was a celebrated fencer, who also appears in OM 1050, 400636. We see him here in what must be a position of challenge or triumph as he has cast his hat to the ground and an opponents sword lies waiting to be taken up or having just been cast down. The Chevalier is holding his sword in his left hand, his right arm is outstretched as if to beckon another challenger. He wears a blue coat over a striped yellow waistcoat and breeches.



The Fencing-Match between the Chevalier de Saint-George and the Chevalier d'Eon
Alexandre-Auguste Robineau (1747-1828)
Oil on canvas, c. 1787-89
Image : Royal Collection Trust

The subject of this painting can be ascertained through the print made after it published in 1789 by Victor Marie Picot. It records a celebrated fencing match between the Chevalier de Saint-Georges and Chevalier d’Eon which took place at Carlton House on the 9 April 1787 in the presence of the Prince of Wales, members of the nobility and fencing aficionados. The Chevalier d’Éon, was a decorated soldier, spy and diplomat and master fencer who lived the first half of their life as a man, and the second as a woman, and received a certain amount of notoriety for this reason. Medical examination after their death revealed them to be male. D’Eon’s opponent, Chevalier de St Georges was a celebrated composer, violinist and champion fencer; born Joseph Bologne in Guadaloupe, the son of a planter and African enslaved woman, he spent most of his life in Paris.

Oui, c'est vrai Majesté. J'ai lu cela quelque part. Il était une fine lame.

Je n'avais pas encore vu que ce fil existait.

Le Chevalier de Saint George est un de mes compositeurs fétiches, dont le portrait est l'avatar que j'ai choisi sur plusieurs forums dans lesquels je suis inscrit. Quant à Joachim, c'est en hommage à Joachim Raff, un autre compositeur fétiche trop peu connu.

Est-il autorisé ici de mettre des liens youtube ? Car il en existe quelques uns concernant le Chevalier.

Alain Guédé a écrit une biographie très complète du Chevalier et a créé un site où se trouvent biographie, catalogue des œuvres, etc

https://saint-george.phpnet.org

joachim a écrit:

Est-il autorisé ici de mettre des liens youtube ?

Et comment donc ! :n,,;::::!!!:

C'est un peu court mais si relaxant et si beau. On a souvent reproché au Chevalier de St-George de trop imiter Mozart. Bien sûr, quand on écoute ce petit clip, on y décèle une influence XVIIIème, donc évidemment de Mozart, mais n'étant pas une experte, je dirai simplement que St-George a sa place aussi au devant des scènes de musique classique. Je l'avais déjà dit : on ne l'entend pas assez souvent. Alors, merci Éléonore pour ce petit moment magique qui a sans doute permis à beaucoup de connaître le répertoire du Chevalier.

Le fascinant chevalier de Saint-Georges suscite beaucoup de curiosité  
et de commentaires .  

Bachaumont confirme dans ses mémoires, que le chevalier de Saint-George faisait de la musique avec Marie-Antoinette.
Il insinue semble-t-il que Saint-George aurait été attaqué par des hommes en armes à l'instigation de Louis XVI, qui soupçonnait sa femme d'en avoir fait son amant :

Si le film de Sofia Coppola est celui qu'on aime détester, il se pourrait bien pourtant qu'une scène, qualifiée d'erreur ou d'anachronisme, soit authentique. Cette scène, c'est celle où l'on voit Marie-Antoinette jouer du clavecin en compagnie d'un professeur de musique noir :



Hé bien, il ne s'agit pas d'une erreur. Cet homme a existé, il se nommait Joseph Bologne de Saint-Georges et il a effectivement joué avec la reine...

Notre homme est né le 25 décembre 1745 à Baillif, près de Basse-Terre (actuelle Guadeloupe). Né esclave, il est noir selon certains, mulâtre pour d'autres. Il arrive, affranchi, à Bordeaux en 1753. Son père a tué un homme en duel et, craignant d'être poursuivi, fuit avec sa femme et son fils (ne voulant pas les laisser derrière lui, de peur qu'ils ne soient vendus). C'est le début d'une vie de roman...

Si son père obtient finalement une grâce et rentre sur son île, son fils, lui, reste en France. Il passe sous la férule d'un maître d'armes, Nicolas Texier de la Boessière, qui détecte en lui des talents certains d'escrimeur mais aussi de musicien. La famille de ce brave maître d'armes adopte officieusement notre jeune homme, lui accordant une éducation soignée, malgré les préjugés et murmures de l'entourage. A 14 ans, Joseph, patronné par celui qu'il considère comme un second père, entre dans les gendarmes de la garde du roi. Il intègre également la Franc-maçonnerie.
Très vite, notre homme devient un escrimeur réputé, une des plus fines lames du royaume et un tireur de premier ordre, on le surnomme "l'inimitable".  Il est également un excellent cavalier et un très bon danseur. Il se lie de sympathie avec un certain Chevalier d'Eon (hé oui !), redoutable escrimeur lui-même, les deux hommes s'opposant en un duel qui marquera les esprits, en 1787, d'autant plus que d'Eon combat habillé en femme. Un duel de premier ordre, demandé par le prince de Galles en personne, entre un ancien esclave, noir, élevé comme un gentilhomme et un aventurier dont on ne sait s'il est homme ou femme... C'est d'ailleurs d'Eon qui en sortira vainqueur.



Une célébrité qui n'empêche pas Joseph d'être agressé à Paris, par six inconnus, un soir de 1779, alors qu'il rentre chez lui avec un ami. Les deux amis parviennent à repousser les assaillants, avant d'être sauvés par l'intervention du guet. Furieux, le duc d'Orléans, protecteur de notre homme, convoque le Noir, lieutenant de police, pour lui demander de retrouver les coupables sans faute. Mais en haut lieu, on fait comprendre au duc de rester discret sur cette affaire et les hommes arrêtés, soupçonnés d'être les assaillants, sont libérés... Certains auraient été reconnus comme membres de la police et nul ne saura jamais le fin mot de cette intrigue...

Grand, taillé en force, visiblement un athlète (mais souffrant d'un léger bégaiement), Joseph est également un grand musicien.
De 1779 à 1787, il entre au service du duc d'Orléans et de Madame de Montesson. Il sera ensuite au service de Philippe Egalité jusqu'à la mort de ce dernier. On le voit dans les salons, les cafés, au jardin du roi, au Palais Royal... On murmure que cet homme vigoureux serait également "champion en amour" et très recherché par les dames... Madame de Montesson le nomme directeur de son théâtre privé et il devient également son écuyer.
Il apparaît alors aux côtés de Marie-Antoinette, dans un rôle mal défini, souvent considéré comme professeur de musique. Ce qui est certain, c'est qu'il côtoie la reine, ce qui déplaît d'ailleurs fortement. Certains n'auraient pas accepté la présence d'un homme noir, ancien esclave, réputé pour ses qualités d'amant, aux côtés de la reine... Joseph de Saint-Georges est donc prié d'aller voir ailleurs et devient alors chef d'orchestre, notamment celui du Concert des amateurs, un des plus prestigieux de l'époque. Les préjugés, malgré tout, restent tenaces : quand il est proposé pour régir l'Académie royale de Musique, Sophie Arnould, Marie-Madeleine Guimard et Rosalie Levasseur, célèbres artistes, adressent un placet à la reine pour "représenter à Sa Majesté que leur honneur et la délicatesse de leur conscience ne leur permettraient jamais d’être soumises aux ordres d’un mulâtre"... Ce fût finalement Papillon de la ferté qui fût nommé. Ce qui n'empêche pas notre artiste de composer de nombreuses oeuvres dont concertos et symphonies qui eurent énormément de succès. Il a également joué la musique de plusieurs opéras, avec bien moins de succès cependant. En 1791, il doit même donner un concert aux Pays-Bas. Mais il est informé que sa présence suscite le rejet de nombreux réfugiés français qui n'apprécient pas son engagement révolutionnaire et il doit y renoncer, par crainte pour sa sécurité.

Vient la Révolution donc.
Ayant également entamé avec brio une carrière militaire, notre homme s'engage dans la Garde Nationale, comme Capitaine, et va servir la Révolution (modérément) pendant environ dix ans. Il commande ensuite son propre régiment, la prestigieuse Légion des Américains (qui existe toujours !), et obtient même le commandement militaire de la place de Lille. C'est à ce moment qu'il est mêlé, de façon mal définie, à l'affaire Dumouriez. Suspecté de sympathies royalistes, Saint-George est arrêté, le 4 novembre 1793, à Château-Thierry et, malgré le soutien de la municipalité, jugé. Il est incarcéré d’abord à Chantilly, puis au château d’Hondainville, dans l’Oise, avant d'être libéré un an plus tard (merci le neuf thermidor...). En 1795, Joseph serait parti à Saint-Domingue où il aurait rencontré Toussaint Louverture mais le flou subsiste sur ce voyage.

Fatigué par cette vie de roman et passablement dégoûté par la Révolution, notre homme se retire pour finir quasiment dans la misère et mourir d'un ulcère à la vessie, à 54 ans, en 1799. Les journaux de l'époque signalent sa mort et de nombreux militaires, hommes d'armes et autres lui rendent hommage, saluant un maître dans ce domaine. Il n'aurait pas eu d'enfants et le lieu de sa sépulture reste inconnu.

Et bien je découvre tout de cet homme, aussi brillant à travers la pratique de la musique que celle du duel, en passant par la séduction des femmes... En effet, les préjugés de cette fin du XVIIIe siècle sont grands envers un homme au sang noir. Sa fin est bien triste, il ne meritait pas un tel épilogue, ses manières, son éducation, son intégrité appelaient bien plus de considération. En somme, il fut la victime de ses comporains dits blancs, quelle injustice notoire.
D'emblée, Zamor fait triste figure en raison de ses lâchetés.
Merci Calonne pour cette découverte.

Il a quand-même mené une vie presque "normale" de gentilhomme en dépit de sa couleur de peau et des préjugés de l'époque. Il fréquentait les salons, on le croisait à la promenade et il a côtoyé jusqu'à la reine... Il était aussi sous la protection des Orléans, aussi bien le père que le fils et surtout Mme de Montesson.

Peu à peu, il a tout perdu avec la Révolution, ses protections ont disparues et il a sombré...

Tu m'as prise de vitesse : j'allais fusionner ...

Rhaaaaa !

J'ai pourtant soigneusement vérifié avant de poster ce sujet s'il n'existait pas déjà !
C'est bien moi ça : en guise de grand retour, c'est la grande gamelle !