Joseph Bologne de Saint-George, dit le chevalier de Saint-George

Messages fusionnés dans ce sujet existant.   Dans le doute, j'ai laissé les deux orthographes du nom Saint-George ou GeorgeS.


Merci Calonne pour ces informations et illustrations complémentaires.  

Calonne a écrit:Rhaaaaa !

J'ai pourtant soigneusement vérifié avant de poster ce sujet s'il n'existait pas déjà !
C'est bien moi ça : en guise de grand retour, c'est la grande gamelle !

Taratata !
Charles-Alexandre, tes grands retours nous font toujours de grands plaisirs .  Nous en redemandons !

Calonne a écrit:Rhaaaaa !
J'ai pourtant soigneusement vérifié avant de poster ce sujet s'il n'existait pas déjà ! C'est bien moi ça : en guise de grand retour, c'est la grande gamelle !

Meuh nan ! Ce n'est pas grave du tout !  

C'est désormais presque impossible de s'y retrouver dans nos rubriques biographiques " Les hommes et les femmes du XVIIIe siècle ", car elles sont surchargées de sujets !!
Je cherche toujours une solution pour diviser ces rubriques et rendre la recherche plus facile.    

Aussi, la difficulté de retrouver un personnage s'accroît lorsque son nom est orthographié de deux façons différentes, ou que l'on ajoute ou pas les traits d'union entre les prénoms ou les noms.  
Bref...  

Sur la mystérieuse agression de 1779, le témoignage troublant de Bachaumont :

"1er mai 1779. M. de Saint George est un mulâtre, c'est-à-dire fils d'une négresse […] Dernièrement, dans la nuit, il a été assailli par six hommes, il étoit avec un de ses amis, ils se sont défendus de leur mieux contre des bâtons dont les quidams vouloient les assommer ; on parle même d'un coup de pistolet qui a été entendu : le guet est survenu & a prévenu les suites de cet assassinat,- de sorte que M. de Saint George en est quitte pour des contusions & blessures légères ; il se montre même déjà dans le monde. Plusieurs des assassins ont été arrêtés. M. le duc d'Orléans a écrit à M. le Noir, dès qu'il a été instruit du fait, pour lui recommander les recherches les plus exactes, & qu'il fût fait une justice éclatante des coupables. Au bout de 24 heures M. le duc d'Orléans a été invité de ne pas se mêler de cette affaire là, & les prisonniers, qui ont été reconnus pour des gens de la police, parmi lesquels étoit un nommé Desbrugnieres, si renommé dans l'affaire du comte de Morangiès, ont été élargis, ce qui donne lieu à mille conjectures".

Beaucoup pensent qu'en effet, ces agresseurs étaient des agents du roi. Ce dernier n'aurait pas apprécié la présence du vigoureux athlète auprès d'une Marie-Antoinette à la réputation de dépravée déjà bien établie...
Franchement, même si j'ai souvent trouvé Louis XVI sournois, je l'imagine mal ordonner ce genre d'expédition. Ou alors, ça s'est fait sans qu'il le sache. Pourrait-on même penser que notre Joseph aurait été utilisé (malgré lui) par les Orléans pour compromettre un peu plus la réputation de la reine ? On est en plein roman là, mais bon...

Je découvre et lis avec beaucoup de plaisir cette biographie de Joseph Saint-George .
Il semble que ce soit bien George sans s.



RÉSUMÉ
Né des amours d’un riche colon et d’une esclave de la Guadeloupe, Joseph de Bologne de Saint-George (1745-1799), violoniste et compositeur talentueux, escrimeur redouté et cavalier inimitable, accède enfin à une légitime notoriété après avoir été injustement oublié.

Officier de la Maison du roi, agent secret initié aux plus hauts degrés de la franc-maçonnerie, colonel d’un régiment de l’an II, bretteur hors pair et surtout brillant musicien, il a mené une vie digne d’un film de cape et d’épée.

De la Guadeloupe à Paris et à la Cour, ce grand séducteur devient l’intime de Marie-Antoinette, croise Laclos, le chevalier d’Éon, le général Dumas, Haydn, Philippe Égalité, Mirabeau et les plus belles femmes de son temps.

Mais Saint-George était né esclave. Cette révélation, qui met en lumière un tabou de l’histoire de France, amène aussi à reconsidérer un siècle dont on croyait tout savoir.

Calonne a écrit: Notre homme est né le 25 décembre 1745 à Baillif, près de Basse-Terre (actuelle Guadeloupe). Né esclave, il est noir selon certains, mulâtre pour d'autres. Il arrive, affranchi, à Bordeaux en 1753.

...   ce n'est pas si simple !  

Pour amener un esclave en France, un maître doit solliciter autorisation de sortie auprès du gouverneur de la colonie d'origine.  Cette demande et l'autorisation qui en résulte sont obligatoirement enregistrées au greffe de la juridiction du lieu de résidence du maître, ainsi qu'au greffe de l'amirauté du port de débarquement.

L'édit de 1716 était destiné à répondre à une difficulté que le Code noir n'avait pas prévue et que la pratique rendait chaque jour plus difficile à résoudre. Le problème était de savoir si, lorsqu'un maître des Antilles venait séjourner en France avec ses esclaves, ces derniers acquéraient ou non la liberté.  Il était en effet de tradition qu'il n'y ait pas d'esclaves en France. Ce principe découlait d'une proscription fondée sur le droit naturel et solennellement affirmée dès le 3 juillet 1316  par le roi Louis X le Hutin.   Les parlements ne plaisantaient pas avec ce principe. Un marchand, qui s'était avisé vers 1571 de vendre des esclaves en Guyenne, l'avait appris à ses dépens.  Les esclaves avaient été affranchis. La France ne peut admettre aucune servitude, avait déclaré le Parlement de Bordeaux.


... le séjour est également accordé s'il a pour but d'instruire l'esclave dans la religion catholique.  Cela n'a pas dû arriver souvent ...

Mme de Montesson fit obtenir au chevalier de Saint-George le poste de lieutenant des chasses à Raincy, une sinécure qui lui permettait   de s'adonner également entièrement à la musique.
En ce printemps  1779, Saint-George est au sommet de son art.

Madame de Montesson, voulant se l'attacher pour ses spectacles, a fait créer par Monsieur le duc d'Orléans une place pour lui dans ses chasses avec toutes sortes d'agréments et beaucoup d'utiles.
( Bachaumont )

Les Chroniques de l’Œil״ de ״Bœuf (1779) :
« M. le Duc d’Orléans a attaché M. de Saint-Georges à sa Maison, en qualité d’officier des Chasses ».

Souvenirs de Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun :
En 1782, j’ai séjourné quelque temps au Raincy ; le duc d’Orléans, père de Philippe Egalité, qui l’habitait alors, m ’y fit venir pour y faire son portrait et celui de Madame de Montesson. A l’exception du plaisir que je pris à voir de grandes parties de chasse, je m’ennuyai passablement au Raincy... Saint-Georges, le mulâtre, si fort et si adroit, était du nombre des chasseurs...

Henry Charles William Angelo    (1756–1835)  
mémorialiste et maître d'escrime anglais, en 1817,  réédite l'École d'escrime de son père , sous le titre Traité de l'utilité et des avantages de l'escrime , avec en annexe une biographie de son ami, le compositeur et escrimeur chevalier de Saint-Georges .
« En 1779, Saint-Georges fut nommé, par le Duc d’Orléans, Lieutenant des Chasses du Raincy ; il obtint cette charge qui lui rapportait honneur et profit, sans s’être livré à des intrigues ou manœuvres secrètes ».


Et que remarquons-nous sur le mur de la salle d'escrime d'Angelo ?     ...  le portrait de son ami le chevalier de Saint-George peint par Mather Brown, en 1787.


Roger de Beauvoir et certains biographes ont prétendu que Mme de Montesson, épouse morganatique du duc d’Orléans, devait
être inscrite sur la liste des conquêtes amoureuses du Chevalier de Saint-Georges.  C’est là pure invention : Mme de Montesson ne fut pas la maîtresse de Saint-Georges, qu’elle protégeait. Ses contemporains ont rendu hommage à sa vertu qui, à cette époque où il n ’était pas de bon ton d’observer la fidélité conjugale, paraissait être une chose anormale. Et tous les historiens qui se sont intéressés à elle s’accordent pour reconnaître qu’elle eut des mœurs honnêtes.

Gaston Bourgeois, le chevalier de Saint-Georges

Calonne a écrit:Sur la mystérieuse agression de 1779, le témoignage troublant de Bachaumont :

Spoiler:

Beaucoup pensent qu'en effet, ces agresseurs étaient des agents du roi. Ce dernier n'aurait pas apprécié la présence du vigoureux athlète auprès d'une Marie-Antoinette à la réputation de dépravée déjà bien établie...
Franchement, même si j'ai souvent trouvé Louis XVI sournois, je l'imagine mal ordonner ce genre d'expédition. Ou alors, ça s'est fait sans qu'il le sache. Pourrait-on même penser que notre Joseph aurait été utilisé (malgré lui) par les Orléans pour compromettre un peu plus la réputation de la reine ? On est en plein roman là, mais bon...

Voici, mon cher Calonne, la version de Claude Ribbe.  Elle me semble un peu fantasmée, parce que je ne crois pas à un degré d'intimité compromettant pour Marie-Antoinette entre elle et le chevalier.  
Mais bien-sûr, pourquoi pas, Saint-George a pu très possiblement être introduit auprès de la reine et jouer un peu de musique avec elle. Aller supposer plus ...  c'est du domaine de l'imagination .

On retrouve aux Archives la declaration de Nanon la maman du Chevalier.
Joseph a refusé de se présenter à cette table de marbre et c'est Texier de La Boëssière qui la déclaré sous le pseudonyme de RITOUDAINE.
Amitiés

MARIE ANTOINETTE a écrit:
J'ai trouvé , par hasard, sur EBAY cet arrêt du CONSEIL D'ETAT DU ROI "pour la police des noirs, mulâtres, ou autres gens de couleurs qui sont dans la Ville de Paris" daté de 1778 -
C'est la première fois que je vois un tel document se rapportant à cette population et rappelez-vous que MARIE ANTOINETTE qui protégeait le CHEVALIER DE SAINT GEORGES n'a pu réaliser sa mission à cause de la couleur de l'artiste !!!
Dès réception de ces quatre pages, j'en mettrais le texte sur le FORUM !!!!!!

MARIE ANTOINETTE àè-è\':

Incroyable, les esclaves étaient déclarés auprès de la Table de Marbre ?! Triste inhumanité règlementaire s'ajoutant à l'ignominie de leur statut...

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Marie-Antoinette voulait celui qu’on appelle le "Mozart noir", pourquoi Saint-George n’a-t-il pas été directeur de l’Académie royale de musique ?




Outre-mer la 1ère vous propose un podcast en six épisodes de 30 mn sur le parcours exceptionnel du chevalier de Saint-George (1745-1799). Des interviews d’écrivains, d’historiens, des archives illustrent le récit. En bonus, un article interview accompagne le podcast. Troisième épisode : un chevalier très en cour.

Cécile Baquey • Publié le 14 avril 2024

Né esclave en Guadeloupe, le chevalier de Saint-George est parvenu à se hisser au sommet de la société aristocratique du 18e siècle aussi bien en France qu’en Angleterre. Il côtoyait Marie-Antoinette, Louis XVI, le duc d’Orléans ou le prince de Galles. Comment le chevalier a-t-il pu ainsi se mouvoir avec autant d’aisance dans une société si difficile d’accès ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir avec notre série de podcasts consacrée au chevalier de Saint-George.


Pour chaque épisode, nous vous proposons en bonus une interview écrite de l’un des invités du podcast.  Cette semaine, il s'agit de la martiniquaise Cécilia Elimort-Trani, doctorante en histoire moderne à Paris I et enseignante.


Outre-mer la 1ère : au XVIIIᵉ siècle, le chevalier de Saint-George est métis, mulâtre, disait-on à l’époque, mais il est très bien accepté par l'aristocratie française. Comment expliquer son intégration parfaite dans la haute société ?

Cécilia Elimort-Trani :
Il accède effectivement à certains grades de la noblesse. Donc, il est anobli en 1757, il a la charge ordinaire de la chambre du roi, comme son père. C’est un titre honorifique. Son père va lui acheter une charge à Versailles. Il devient trésorier de l'extraordinaire des guerres et entre en 1761 dans les gendarmes de la garde du roi Louis XV. Et du fait de toutes ses relations, il va accéder à différentes branches de la noblesse. On le verra après avec la marquise de Montesson, Philippe d'Orléans et surtout les francs-maçons. Il va côtoyer un certain nombre de personnes plus ou moins importantes et c'est ce qui va lui permettre d'avoir une intégration assez aisée dans la haute aristocratie du fait des relations qu'il peut avoir.

Le chevalier de Saint-Georges a plusieurs fois croisé le chemin de la reine Marie-Antoinette. Ils se connaissent. Il lui a même rendu visite à Versailles. L'Ascension du chevalier de Saint-George est telle qu'il envisage de prendre la direction de l'Académie royale de musique vers 1775. Mais là, trois femmes s'opposent à lui et adressent un placet à la reine. Que s'est-il passé exactement ?

Effectivement, le nom de Saint-George est proposé à la direction de l'Opéra de Paris, donc l'Académie royale. Mais quelques dames de la maison, leurs noms sont cités dans les archives, Mesdemoiselles Arnould, Guimard, Levasseur et autres vont effectivement faire un placet à la reine. Un placet, c'est une sorte de missive, de courrier dans lequel on fait part de son mécontentement, toujours en essayant de garder la bienséance. Dans le texte, elles écrivent que selon "leur condition, leur humanité, elles se disent offusquées à l'idée d'être sous l'autorité d'un mulâtre". C'est ça qui pose problème. La reine Marie-Antoinette va décider d'accéder à leur demande et donc d'empêcher la nomination du chevalier de Saint-George.



Est-ce qu'on peut dire que c'est le premier scandale raciste de la deuxième moitié du XVIIIᵉ siècle ?

Je ne sais pas, mais ça fait quand même du mal à la carrière du chevalier de Saint-George, le fait qu'il ne soit pas nommé alors qu'il était en pleine ascension à l'époque. On est en plein dans le préjugé de couleur. Et puis la présence des gens de couleur à Paris pose question, notamment avec la police des noirs. Donc, on est vraiment dans un contexte particulier.

Au siècle des Lumières, est-ce que les noirs étaient bien acceptés dans l'hexagone ?

Non, ils subissent le préjugé de couleur.    Et puis surtout la police des noirs va être mise en application en août 1777. L'idée, c'est de maintenir l'ordre parce qu'on considère que le nombre de personnes de couleur dans l'Hexagone est trop important. Et donc cette police des noirs va être adoptée pour essayer de limiter leur nombre et éviter que ces gens de couleur, s'ils retournent dans les colonies, ne créent des troubles. On a aussi un mécontentement au niveau des propriétaires dans les colonies qui disent qu'ils manquent de main d'œuvre. Donc l'idée, c'est de restreindre le nombre de gens de couleur en métropole.

Après l’affaire de l’Académie royale, le chevalier de Saint-George va se tourner vers la famille d’Orléans. En 1777, il dirige le théâtre de la marquise de Montesson, l'épouse du duc Louis-Philippe d'Orléans. Est-ce que ce cousin du roi était très puissant ?

Oui, c'est un prince de sang, donc il fait partie de l'entourage très proche du roi. Son fils qui prendra le titre de duc d’Orléans puis de Philippe-Egalité jouera un rôle prépondérant dans la déchéance de son cousin Louis XVI pendant la Révolution.

En plus d'être directeur du théâtre de la famille d'Orléans, le chevalier de Saint-George était leur lieutenant des chasses. Est-ce que c'était prestigieux à cette époque d'organiser les chasses d'une famille aussi puissante que la famille d'Orléans ?

Oui, c'est très prestigieux. Et puis c'est surtout très important de faire partie de cette élite-là aussi. Donc c'est une sorte de tremplin pour le chevalier de Saint-George à ce moment-là également.

Est-ce que le chevalier de Saint-George était franc-maçon ?

Oui, il va rejoindre plus tard le cercle révolutionnaire du jeune duc d'Orléans. Et ce jeune duc d'Orléans est le grand maître d’Orient de France, l'une des premières loges maçonniques à l'époque. On considère que le chevalier de Saint-George est le premier homme de couleur franc-maçon.

Retrouvons ici les trois premiers épisodes de Zistoir consacrés au chevalier de Saint-George.  

https://la1ere.francetvinfo.fr/marie-antoinette-voulait-celui-qu-on-appelle-le-mozart-noir-pourquoi-saint-george-n-a-t-il-pas-ete-directeur-de-l-academie-royale-de-musique-1476506.html