Ailleurs dans le monde en 1789
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Calonne a écrit:En fait, on a en Occident une version fantasmée du harem, lieu fastueux où des femmes magnifiques couvertes de bijoux se prélassent sur des coussins toute la journée...
...
... en mangeant des loukoums à la rose, et des baklavas dégoulinants de miel ....
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
C'est koikoi l'adresse du harem le plus proche ? :n,,;::::!!!:
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Généreusement assaisonnés de cigüe ou d'arsenic... boudoi32 Sans oublier le verre pilé dans le café, moyen très prisé au Sérail pour se défaire d'une rivale et qui provoquait une agonie des plus douloureuses...
Calonne- Messages : 1124
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Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Evidemment, c'est ennuyeux ... cela donne à réfléchir ...
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Quittons l'atmosphère oppressante du Sérail pour d'autres cieux, ceux du Céleste Empire. Bien que nous risquions fort de tomber de Charybde en Scylla avec un autre monde clos et mystérieux, un empereur coupé du monde, un harem (nommé ici Gynécée) et, désolé cher Gouverneur Morris, encore des ennuques...
Nous voici donc à la cour de Kien Long, Fils du Ciel, Seigneur de 10 000 ans, issu de la dynastie Qing. Son règne est à la fois une apogée de la civilisation chinoise et le début d'un déclin profond. Un empire imposant de pas moins de 12 millions de kilomètres carrés, la mainmise sur le Tibet devenu protectorat, un âge d'or artistique et culturel avec un empereur esthète et amateur d'art...
Malheureusement, si ces nombreuses campagnes militaires furent victorieuses, elles coûtèrent fort cher et il fallût donner aux 18 provinces un sévère tour de vis fiscal. Vers 1770, une grave crise économique frappa l'empire de plein fouet, entraînant hausse des prix, troubles et émeutes tandis que la corruption s'étendait.
Et l'Occident ? Si à Versailles, les chinoiseries font fureur, au sein de la Cité Interdite, on ne se soucie guère de cette Révolution qui menace le beau royaume de France... La Chine s'est repliée sur elle-même, s'est figée, le temps s'y est arrêté. Pourtant, il y a des échanges : en 1765, l'empereur commande à Louis XV seize estampes de grand format illustrant ses campagnes victorieuses. Leur réalisation fut dirigée par Charles-Nicolas Cochin fils, à partir de dessins des jésuites français Giuseppe Castiglione et de Jean-Denis Attiret. Mais ça s'arrête là. Il faudra attendre 1792 pour voir débarquer une ambassade britannique dans l'Empire du Milieu. Une ambassade qui se soldera par un échec cuisant, la faute à une solide dose d'orgueil et de mépris des deux côtés. L'envoyé anglais, Lord Macartney refusera de se prosterner à trois reprises devant le Fils du Ciel, comme l'exige le protocole impérial. Shocking !
A l'époque qui nous interesse, 1789, le déclin a commencé : la crise économique se répand à travers tout l'empire et ce dernier vient de subir une série de défaites sévères en Birmanie (quatre campagnes, quatre échecs) ainsi qu'au Viet Nam. On comprendra que l'empereur, âgé et fatigué, ait eu d'autres soucis que ce qui se passait au royaume de France...
Nous voici donc à la cour de Kien Long, Fils du Ciel, Seigneur de 10 000 ans, issu de la dynastie Qing. Son règne est à la fois une apogée de la civilisation chinoise et le début d'un déclin profond. Un empire imposant de pas moins de 12 millions de kilomètres carrés, la mainmise sur le Tibet devenu protectorat, un âge d'or artistique et culturel avec un empereur esthète et amateur d'art...
Malheureusement, si ces nombreuses campagnes militaires furent victorieuses, elles coûtèrent fort cher et il fallût donner aux 18 provinces un sévère tour de vis fiscal. Vers 1770, une grave crise économique frappa l'empire de plein fouet, entraînant hausse des prix, troubles et émeutes tandis que la corruption s'étendait.
Et l'Occident ? Si à Versailles, les chinoiseries font fureur, au sein de la Cité Interdite, on ne se soucie guère de cette Révolution qui menace le beau royaume de France... La Chine s'est repliée sur elle-même, s'est figée, le temps s'y est arrêté. Pourtant, il y a des échanges : en 1765, l'empereur commande à Louis XV seize estampes de grand format illustrant ses campagnes victorieuses. Leur réalisation fut dirigée par Charles-Nicolas Cochin fils, à partir de dessins des jésuites français Giuseppe Castiglione et de Jean-Denis Attiret. Mais ça s'arrête là. Il faudra attendre 1792 pour voir débarquer une ambassade britannique dans l'Empire du Milieu. Une ambassade qui se soldera par un échec cuisant, la faute à une solide dose d'orgueil et de mépris des deux côtés. L'envoyé anglais, Lord Macartney refusera de se prosterner à trois reprises devant le Fils du Ciel, comme l'exige le protocole impérial. Shocking !
A l'époque qui nous interesse, 1789, le déclin a commencé : la crise économique se répand à travers tout l'empire et ce dernier vient de subir une série de défaites sévères en Birmanie (quatre campagnes, quatre échecs) ainsi qu'au Viet Nam. On comprendra que l'empereur, âgé et fatigué, ait eu d'autres soucis que ce qui se passait au royaume de France...
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J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1124
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Ainsi, si je puis m'exprimer ainsi :Mme de Sabran a écrit:Cette fois, Majesté et moi embrouillés tous les deux après long téléphone, je me suis renseignée auprès de la Faculté .
Résultat ( je n'entrerai pas dans les détails ) : même une érectiounette tristouille semble très douteuse .
: : : : : : : :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Ah, No milk today !!! ... souvenirs, souvenirs ... et troisième petit plaisir du matin, aujourd'hui !
:n,,;::::!!!: Merci, Majesté !!!
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Cette chanson prend un tout autre aspect dans ma situation. : Mais heureusement, j'ai du lait et en grande quantité en plus ! :n,,;::::!!!:
Invité- Invité
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Poursuivons notre périple en abordant les rivages de l'Inde.
Ah, les Indes... Pays de rêve, riche de mystères et de trésors et qui, en cette année 1789, est en pleine décadence, à qui veut la prendre, c'est à dire aux anglais.
Terminée la splendeur des seigneurs Moghols, leurs jardins et palais, leur cour raffinée à l'extrême, bâtisseurs de splendeurs comme le Taj Mahal "une larme sur le visage de l'éternité", bâti pour l'amour d'une femme... Le grand Moghol, réfugié à Delhi, n'est plus qu'un fantôme retranché dans un palais décrépi...
Et pourtant... Ce pays fabuleux a bien failli nous appartenir grâce à un certain Dupleix. Joseph François Dupleix, aventurier et négociant habile avait su s'attirer les faveurs et la bienveillance des Rajahs et seigneurs, bâtissant bientôt un véritable empire pour l'offrir à la France. Gouverneur général des établissements français de l'Inde, il relève le comptoir de Chandernagor de sa ruine, fait prospérer Pondichéry le "comptoir des plaisirs", négocie avec banquiers indiens, négociants et seigneurs, des bazars colorés aux palais des rajahs. Mais il va se heurter aux anglais, prélude d'une longue guerre meurtrière où les carences de Versailles et les querelles d'égo des français feront plus de ravages que les canons anglais... Dupleix fût littéralement sacrifié sur l'autel des négociations de paix alors en cours entre Paris et Londres, ruinées et fatiguées de ce long conflit. Malgré sa défense de Pondichéry où il résista 42 jours au siège des anglais, malgré tout ce qu'il avait fait pour la France, il sera brutalement rapellé. Pire encore : il sera conspué, regardé comme un aventurier sans scrupules et opportuniste, on accusera sa femme d'avoir ramené une fortune en diamants... Il tentera pendant des années (en vain) de se faire rembourser les sommes énormes qu'il avait engagé au nom de la France et mourra dans l'oubli et la misère... Son successeur, Lally Tollendal, manquant d'envergure, ne pourra rien contre les anglais qui étendent leur domination, irrésistiblement, depuis leur base de Calcutta, dans le golfe du Bengale.
De plus, les anglais pouvaient compter sur des hommes exceptionnels comme Robert Clive : maître de la Compagnie des Indes, guerrier redoutable et négociateur avisé, il chassa par la guerre ou par les intrigues avec les rajahs les français de tous les ports du Gange et soumit à son autorité tous les nababs du Bihar, du Bengale et de l'Orissa. Personnage étrange, cyclothimique et dépressif, passant de l'exultation à l'abattement, il finira par se suicider en 1774.
Son successeur comme gouverneur du Bengale fût le non moins remarquable Warren Hastings, homme intelligent, austère et méthodique. Admiratif de la culture indienne, il n'en reste pas moins déterminé à renforcer la mainmise britannique sur tout le pays. Il ose supprimer le tribut versé au Grand Moghol, dresse les rajahs les uns contre les autres pour mieux compter les points et obtient le monopole du commerce de l'opium à Calcutta. Il fît également la guerre, demandant pour cela de fortes sommes qu'il finira, devant les réticences de Londres, par emprunter aux seigneurs et banquiers locaux, ce qui lui vaudra à son retour d'être accusé de corruption. Il sera lavé de tout soupçon au terme de plusieurs années de procès qui lui coûteront une bonne part de sa fortune.
Homme de culture, il fera traduire le Bhagavad-Gîtâ, livre sacré des indiens et sera nommé Docteur à Oxford. Il se retirera sur ses terres de Daylesford, acclimatant des plantes indiennes et élevant des chevaux arabes. Il meurt à 86 ans en 1818.
Ah, les Indes... Pays de rêve, riche de mystères et de trésors et qui, en cette année 1789, est en pleine décadence, à qui veut la prendre, c'est à dire aux anglais.
Terminée la splendeur des seigneurs Moghols, leurs jardins et palais, leur cour raffinée à l'extrême, bâtisseurs de splendeurs comme le Taj Mahal "une larme sur le visage de l'éternité", bâti pour l'amour d'une femme... Le grand Moghol, réfugié à Delhi, n'est plus qu'un fantôme retranché dans un palais décrépi...
Et pourtant... Ce pays fabuleux a bien failli nous appartenir grâce à un certain Dupleix. Joseph François Dupleix, aventurier et négociant habile avait su s'attirer les faveurs et la bienveillance des Rajahs et seigneurs, bâtissant bientôt un véritable empire pour l'offrir à la France. Gouverneur général des établissements français de l'Inde, il relève le comptoir de Chandernagor de sa ruine, fait prospérer Pondichéry le "comptoir des plaisirs", négocie avec banquiers indiens, négociants et seigneurs, des bazars colorés aux palais des rajahs. Mais il va se heurter aux anglais, prélude d'une longue guerre meurtrière où les carences de Versailles et les querelles d'égo des français feront plus de ravages que les canons anglais... Dupleix fût littéralement sacrifié sur l'autel des négociations de paix alors en cours entre Paris et Londres, ruinées et fatiguées de ce long conflit. Malgré sa défense de Pondichéry où il résista 42 jours au siège des anglais, malgré tout ce qu'il avait fait pour la France, il sera brutalement rapellé. Pire encore : il sera conspué, regardé comme un aventurier sans scrupules et opportuniste, on accusera sa femme d'avoir ramené une fortune en diamants... Il tentera pendant des années (en vain) de se faire rembourser les sommes énormes qu'il avait engagé au nom de la France et mourra dans l'oubli et la misère... Son successeur, Lally Tollendal, manquant d'envergure, ne pourra rien contre les anglais qui étendent leur domination, irrésistiblement, depuis leur base de Calcutta, dans le golfe du Bengale.
De plus, les anglais pouvaient compter sur des hommes exceptionnels comme Robert Clive : maître de la Compagnie des Indes, guerrier redoutable et négociateur avisé, il chassa par la guerre ou par les intrigues avec les rajahs les français de tous les ports du Gange et soumit à son autorité tous les nababs du Bihar, du Bengale et de l'Orissa. Personnage étrange, cyclothimique et dépressif, passant de l'exultation à l'abattement, il finira par se suicider en 1774.
Son successeur comme gouverneur du Bengale fût le non moins remarquable Warren Hastings, homme intelligent, austère et méthodique. Admiratif de la culture indienne, il n'en reste pas moins déterminé à renforcer la mainmise britannique sur tout le pays. Il ose supprimer le tribut versé au Grand Moghol, dresse les rajahs les uns contre les autres pour mieux compter les points et obtient le monopole du commerce de l'opium à Calcutta. Il fît également la guerre, demandant pour cela de fortes sommes qu'il finira, devant les réticences de Londres, par emprunter aux seigneurs et banquiers locaux, ce qui lui vaudra à son retour d'être accusé de corruption. Il sera lavé de tout soupçon au terme de plusieurs années de procès qui lui coûteront une bonne part de sa fortune.
Homme de culture, il fera traduire le Bhagavad-Gîtâ, livre sacré des indiens et sera nommé Docteur à Oxford. Il se retirera sur ses terres de Daylesford, acclimatant des plantes indiennes et élevant des chevaux arabes. Il meurt à 86 ans en 1818.
Calonne- Messages : 1124
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Calonne a écrit:
De plus, les anglais pouvaient compter sur des hommes exceptionnels comme Robert Clive : maître de la Compagnie des Indes, guerrier redoutable et négociateur avisé, il chassa par la guerre ou par les intrigues avec les rajahs les français de tous les ports du Gange et soumit à son autorité tous les nababs du Bihar, du Bengale et de l'Orissa. Personnage étrange, cyclothimique et dépressif, passant de l'exultation à l'abattement, il finira par se suicider en 1774.
Robert Clive !!! J'avais parlé, dans le premier Boudoir, de Robert Clive et de sa tortue Adwaïta . Elle avait été la contemporaine de Marie-Antoinette et est morte au XXème siécle !!! ... une histoire dingue, une longévité sidérante !
Mais, à près de une heure du matin, je n'ai pas le courage de rechercher . Je dors debout, je l'avoue ...
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Patience donc, Eléonore !
Nous saurons attendre demain pour te lire !
Bien à toi...et bonne nuit !
Nous saurons attendre demain pour te lire !
Bien à toi...et bonne nuit !
Invité- Invité
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Bonne nuit à toi aussi, cher Majesté !
Cette fois, j'y vais ... dodo ... 3196910
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Calonne a écrit:
De plus, les anglais pouvaient compter sur des hommes exceptionnels comme Robert Clive : maître de la Compagnie des Indes, guerrier redoutable et négociateur avisé
.
Voici la "petite" bête ( elle était évidemment énoooorme ! ), que Marie-Antoinette aurait pu caresser, et de laquelle je me suis souvenue à la faveur du post de Calonne , hier soir ( ou plutôt ce matin ) !
Adwaita aurait été offert initialement par les marins qui l'ont capturé aux Seychelles comme animal de compagnie au major-général Robert Clive de la Compagnie anglaise des Indes orientales. Elle lui survécut très largement .
Adwaita fut transférée au zoo de Calcutta en 1875 par Carl Louis Schwendler, son fondateur, après le décès des trois autres tortues qui appartenaient à Robert Clive.
D'un poids d'environ 250 kg, Adwaita a vécu dans son enclos au zoo de Calcutta jusqu'à sa mort en 2006.
Sa longévité reste sujette à caution, son âge était évalué de 150 à plus de 250 ans.
Certaines sources avancent une date de naissance vers 1750, d'autres mentionnent même une naissance en 1705. ( !!! )
Adwaita, morte il y a huit ans, fut donc contemporaine de Marie-Antoinette, mais peut-être même de Louis XIV !!!
Sidérant, n'est-il pas ? :n,,;::::!!!:
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Etant de retour, je vous propose de reprendre notre petit tour du monde de 1789 et de partir pour le Japon.
Que se passait-il donc dans l'archipel du soleil levant au moment où Marie Antoinette voyait s'amonceler les orages sur le beau royaume de France ? Hé bien, pas de jolies choses...
En 1789, le Japon est dans l'ère EDO et s'est complètement replié sur lui-même, dans un isolationnisme total. Les seuls liens diplomatiques maintenus sont ceux établis avec la Chine et la Corée. Les européens sont interdits de séjour dans l'archipel sous peine de mort ! Terminée l'épopée des hardis portugais qui venaient mouiller près d'Hiroshima pour commercer avec les fiers samouraï...
Cette époque EDO n'est guère réjouissante : en 1641-1642, une famine terrible frappe le pays. En 1657, un incendie gigantesque fait 100 000 victimes. En 1703, un séisme frappe la région du Kanto : 150 000 morts. En 1707, le mont Fuji entre en éruption. A l'époque qui nous intéresse, 1789, le pays est en proie depuis 1782 à une terrible famine, on mange les morts... Une famine qui fera 900 000 victimes.
L'empereur n'est qu'un fantoche cantonné aux cérémonies. Partout, shoguns et samouraï s'enferment dans leurs forteresses tandis que pillards et bandits hantent les routes, pillent et incendient les villages. C'est pourtant au cours de ces années noires que le théâtre Kabuki fait son apparition, introduit par une femme, Dame Okuni. Mais les autorités interdisent bientôt cette activité aux femmes par peur de voir s'y développer la prostitution. Comme dans le théâtre grec ou romain, les rôles féminins seront désormais joués par des hommes. En fait, des éphèbes et des adolescents dans un premier temps, mais devant le risque de prostitution, on les remplace rapidement par des hommes adultes.
Bref, en 1789, le Japon n'est pas la destination la plus riante...
Que se passait-il donc dans l'archipel du soleil levant au moment où Marie Antoinette voyait s'amonceler les orages sur le beau royaume de France ? Hé bien, pas de jolies choses...
En 1789, le Japon est dans l'ère EDO et s'est complètement replié sur lui-même, dans un isolationnisme total. Les seuls liens diplomatiques maintenus sont ceux établis avec la Chine et la Corée. Les européens sont interdits de séjour dans l'archipel sous peine de mort ! Terminée l'épopée des hardis portugais qui venaient mouiller près d'Hiroshima pour commercer avec les fiers samouraï...
Cette époque EDO n'est guère réjouissante : en 1641-1642, une famine terrible frappe le pays. En 1657, un incendie gigantesque fait 100 000 victimes. En 1703, un séisme frappe la région du Kanto : 150 000 morts. En 1707, le mont Fuji entre en éruption. A l'époque qui nous intéresse, 1789, le pays est en proie depuis 1782 à une terrible famine, on mange les morts... Une famine qui fera 900 000 victimes.
L'empereur n'est qu'un fantoche cantonné aux cérémonies. Partout, shoguns et samouraï s'enferment dans leurs forteresses tandis que pillards et bandits hantent les routes, pillent et incendient les villages. C'est pourtant au cours de ces années noires que le théâtre Kabuki fait son apparition, introduit par une femme, Dame Okuni. Mais les autorités interdisent bientôt cette activité aux femmes par peur de voir s'y développer la prostitution. Comme dans le théâtre grec ou romain, les rôles féminins seront désormais joués par des hommes. En fait, des éphèbes et des adolescents dans un premier temps, mais devant le risque de prostitution, on les remplace rapidement par des hommes adultes.
Bref, en 1789, le Japon n'est pas la destination la plus riante...
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Calonne- Messages : 1124
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Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Fichtre, c'était encore pire que chez nous ! boudoi32
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Le plus surprenant, c'est que le Japon basculera dans l'attitude inverse au siècle suivant avec l'ère MEIJI (Lumière) : ouverture à l'occident, occidentalisation de la société, fonctionnaires habillés à l'occidentale, développement du chemin de fer, de l'éclairage électrique, réformes structurelles profondes... Pour anticiper un peu et aller plus loin, victoire écrasante contre les russes en 1905 à la stupéfaction de l'Europe, "années folles" avec même des japonaises en jupe courte, coiffure à la garçonne et fume-cigarette dansant le charleston, politique expansionniste en Chine avec le bombardement de Shanghaï jusqu'à l'attaque de Pearl Harbor. On connait la suite...
Mais en 1789, le Japon est bel et bien plongé dans un isolationnisme complet, coupé du monde. En 1640, des envoyés portugais ont même été exécutés pour avoir abordé l'archipel... Seigneurs et samouraï s'enferment dans leurs châteaux tandis que d'autres se réfugient dans les monastères bouddhistes. L'insécurité est partout, plus personne n'ose s'aventurer sur les routes. Beaucoup de samouraï pensent même à cette époque que le pays va devenir une colonie européenne un jour ou l'autre...
Mais en 1789, le Japon est bel et bien plongé dans un isolationnisme complet, coupé du monde. En 1640, des envoyés portugais ont même été exécutés pour avoir abordé l'archipel... Seigneurs et samouraï s'enferment dans leurs châteaux tandis que d'autres se réfugient dans les monastères bouddhistes. L'insécurité est partout, plus personne n'ose s'aventurer sur les routes. Beaucoup de samouraï pensent même à cette époque que le pays va devenir une colonie européenne un jour ou l'autre...
Calonne- Messages : 1124
Date d'inscription : 01/01/2014
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Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Cet isolationnisme plus que rigoureux eut en effet l'avantage d'éviter au Japon le sort terrible de leurs voisins, notamment de la Chine. Et finalement cela n'a pas empêché cette nation de connaître le modernisme.
Invité- Invité
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Cet isolationnisme aura eu un effet bénéfique dans le domaine culturel d'une certaine manière : le Japon a pu préserver une "identité" culturelle très forte préservée de toute influence extérieure pendant des dizaines d'années.
Pour la Chine, comme nous l'avons vu plus haut, elle aussi s'est repliée sur elle-même, devenant "L'empire immobile", mais elle n'échappera pas au déclin et à la conquête européenne au siècle suivant avec, par exemple, la guerre de l'opium.
Pour la Chine, comme nous l'avons vu plus haut, elle aussi s'est repliée sur elle-même, devenant "L'empire immobile", mais elle n'échappera pas au déclin et à la conquête européenne au siècle suivant avec, par exemple, la guerre de l'opium.
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Calonne- Messages : 1124
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Localisation : Un manoir à la campagne
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Partons maintenant pour la péninsule indochinoise. Que se passait-il donc dans la future Indochine française et alentours en 1789 ? Pas de jolies choses non plus...
Toute la péninsule est en proie au tumulte : le royaume du Siam (actuelle Thaïlande) qui avait envoyé une ambassade extraordinaire à Versailles à la fin du règne de Louis XIV, a fort à faire face aux incursions birmanes. A tel point que la capitale, Ayouthya, vient d'être transférée à Bangkok, moins exposée. La Birmanie, royaume de laque et d'or aux forêts de teck et aux pagodes d'or n'est pas le seul voisin encombrant : le Siam doit aussi compter avec le royaume Khmer, futur Cambodge. Bref, il ne fait pas bon traîner dans le coin...
En Indochine proprement dite, c'est pas la joie non plus : deux puissantes familles s'opposent, les Trinh depuis Hanoï et les Nguyên depuis Hué. Au milieu de tout ce désordre, les français avancent leurs pions : Louis XV avait jeté un regard intéressé sur les ports de Tourane et Faifo. Un neveu de Dupleix avait même été mandaté en secret pour une reconnaissance des lieux. Un autre envoyé, Dumont, visite la Cochinchine en 1748 et préconise une implantation française sur l'île de Cham. Le célèbre botaniste lyonnais Pierre Poivre (qui deviendra intendant de l'Isle de France) est envoyé à la cour de Hué pour étudier la possibilité d'y installer un comptoir commercial. Choiseul semble intéressé par le projet, mais la guerre de sept ans et le désastre du Traité de Paris de 1763 mettent un terme à l'aventure française en Indochine. Pour l'instant... Car avec Louis XVI, Vergennes reprend le projet abandonné dans les cartons et y porte un vif intérêt. La guerre d'Amérique fait avorter une fois de plus l'idée d'une implantation française durable en Indochine. Ce n'est que partie remise.
C'est ici qu'il faut nous pencher sur un personnage peu connu, le père Pierre-Joseph Pigneaux de Béhaine. Missionnaire fervent, à peine ordonné prêtre en 1765, il part pour Saïgon pour y enseigner au séminaire de Hon Dat. Exilé un temps à Pondichéry en raison des troubles qui agitent le pays, il revient sur place et se fait accréditer à la cour de Hué. Vicaire apostolique de Cochinchine, il devient le précepteur du jeune prince de la famille Nguyên, en lutte contre les Trinh de Hanoï. Ces derniers remportant victoires sur victoires, notre missionnaire s'embarque pour Versailles, décidé à demander de l'aide au roi. Il est accompagné du fils aîné de son élève princier, un gamin de quatre ans à peine, Nguyên Anh. Reçu par Louis XVI et Vergennes, l'infatiguable missionnaire obtient l'appui de ces derniers et la signature d'un traité entre la France et le "roi" de Cochinchine, traité nommé "Le petit traité de Versailles". Vergennes et Montmorin signent le traité au nom du roi. Une escadre de vingt navires de guerre français, embarquant cinq régiments, est placée sous les ordres de Nguyên Anh. Louis XVI s'engage à fournir dans les quatre mois l'équivalent d'un million de livres en espèces et fournitures militaires. De son côté, le souverain accepte que des consuls de France s'installent sur le littoral cochinchinois, là où ils le jugent convenable pour y implanter des comptoirs commerciaux et des représentations. Nous sommes en 1787, le père Pigneaux triomphe et est nommé évêque et Mandarin de Cochinchine ainsi qu'ambassadeur extraordinaire. Mais les évènements de 1789 et le mauvais état des finances vont faire très vite avorter ce traité... De 1789 à 1792, la guerre fait rage en Indochine, notre évêque, lâché par Versailles (qui a d'autres chats à fouetter...) paie de sa personne en finançant lui-même les campagnes de son protégé, prenant sous son aile le jeune prince Anh, celui qu'il avait emmené à Versailles avec lui, après la mort de son père. Ce jeune prince va finalement triompher et conquérir toute la Cochinchine pour y créer une nouvelle dynastie, celle des Nguyên. Mgr Pigneaux ne verra hélas pas ce triomphe : il meurt en 1799, dans sa tente de campagne, sans doute au cours des combats. Sa dépouille est transférée à Saïgon en présence du nouvel empereur et de sa cour au grand complet, puis déposée au mausolée d'Adran, édifié sur ordre de l'empereur pour servir de dernière demeure à ce prêlat pas comme les autres...
Nous resterons en Asie en nous intéressant prochainement à la "Mission française de Pékin", institution jésuite implantée en Chine par Louis XIV et dont Louis XVI aura à s'occuper également. A suivre...
Toute la péninsule est en proie au tumulte : le royaume du Siam (actuelle Thaïlande) qui avait envoyé une ambassade extraordinaire à Versailles à la fin du règne de Louis XIV, a fort à faire face aux incursions birmanes. A tel point que la capitale, Ayouthya, vient d'être transférée à Bangkok, moins exposée. La Birmanie, royaume de laque et d'or aux forêts de teck et aux pagodes d'or n'est pas le seul voisin encombrant : le Siam doit aussi compter avec le royaume Khmer, futur Cambodge. Bref, il ne fait pas bon traîner dans le coin...
En Indochine proprement dite, c'est pas la joie non plus : deux puissantes familles s'opposent, les Trinh depuis Hanoï et les Nguyên depuis Hué. Au milieu de tout ce désordre, les français avancent leurs pions : Louis XV avait jeté un regard intéressé sur les ports de Tourane et Faifo. Un neveu de Dupleix avait même été mandaté en secret pour une reconnaissance des lieux. Un autre envoyé, Dumont, visite la Cochinchine en 1748 et préconise une implantation française sur l'île de Cham. Le célèbre botaniste lyonnais Pierre Poivre (qui deviendra intendant de l'Isle de France) est envoyé à la cour de Hué pour étudier la possibilité d'y installer un comptoir commercial. Choiseul semble intéressé par le projet, mais la guerre de sept ans et le désastre du Traité de Paris de 1763 mettent un terme à l'aventure française en Indochine. Pour l'instant... Car avec Louis XVI, Vergennes reprend le projet abandonné dans les cartons et y porte un vif intérêt. La guerre d'Amérique fait avorter une fois de plus l'idée d'une implantation française durable en Indochine. Ce n'est que partie remise.
C'est ici qu'il faut nous pencher sur un personnage peu connu, le père Pierre-Joseph Pigneaux de Béhaine. Missionnaire fervent, à peine ordonné prêtre en 1765, il part pour Saïgon pour y enseigner au séminaire de Hon Dat. Exilé un temps à Pondichéry en raison des troubles qui agitent le pays, il revient sur place et se fait accréditer à la cour de Hué. Vicaire apostolique de Cochinchine, il devient le précepteur du jeune prince de la famille Nguyên, en lutte contre les Trinh de Hanoï. Ces derniers remportant victoires sur victoires, notre missionnaire s'embarque pour Versailles, décidé à demander de l'aide au roi. Il est accompagné du fils aîné de son élève princier, un gamin de quatre ans à peine, Nguyên Anh. Reçu par Louis XVI et Vergennes, l'infatiguable missionnaire obtient l'appui de ces derniers et la signature d'un traité entre la France et le "roi" de Cochinchine, traité nommé "Le petit traité de Versailles". Vergennes et Montmorin signent le traité au nom du roi. Une escadre de vingt navires de guerre français, embarquant cinq régiments, est placée sous les ordres de Nguyên Anh. Louis XVI s'engage à fournir dans les quatre mois l'équivalent d'un million de livres en espèces et fournitures militaires. De son côté, le souverain accepte que des consuls de France s'installent sur le littoral cochinchinois, là où ils le jugent convenable pour y implanter des comptoirs commerciaux et des représentations. Nous sommes en 1787, le père Pigneaux triomphe et est nommé évêque et Mandarin de Cochinchine ainsi qu'ambassadeur extraordinaire. Mais les évènements de 1789 et le mauvais état des finances vont faire très vite avorter ce traité... De 1789 à 1792, la guerre fait rage en Indochine, notre évêque, lâché par Versailles (qui a d'autres chats à fouetter...) paie de sa personne en finançant lui-même les campagnes de son protégé, prenant sous son aile le jeune prince Anh, celui qu'il avait emmené à Versailles avec lui, après la mort de son père. Ce jeune prince va finalement triompher et conquérir toute la Cochinchine pour y créer une nouvelle dynastie, celle des Nguyên. Mgr Pigneaux ne verra hélas pas ce triomphe : il meurt en 1799, dans sa tente de campagne, sans doute au cours des combats. Sa dépouille est transférée à Saïgon en présence du nouvel empereur et de sa cour au grand complet, puis déposée au mausolée d'Adran, édifié sur ordre de l'empereur pour servir de dernière demeure à ce prêlat pas comme les autres...
Nous resterons en Asie en nous intéressant prochainement à la "Mission française de Pékin", institution jésuite implantée en Chine par Louis XIV et dont Louis XVI aura à s'occuper également. A suivre...
Dernière édition par Calonne le Ven 22 Aoû 2014, 23:19, édité 1 fois
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Calonne- Messages : 1124
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Que diable allions-nous faire dans cette galère ?
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
C'est ce que beaucoup de diplomates et ministre français pensaient... Vergennes voulait-il prendre une revanche en Extrême-Orient après la perte des Indes en créant un empire indochinois français ? C'est possible. Si c'est le cas, son rêve s'est réalisé... un siècle plus tard.
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Calonne- Messages : 1124
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