Yolande de Polastron, duchesse de Polignac (1749-1793)

Cela n'a pas dû la réconforter davantage.  

Elle a sans doute imaginé son amie morte de privations dans un cachot.  

Tout cela a dû lui faire très mal 

Je suis convaincu que si cela n'avait dépendu que de la duchesse seule, elle serait peut-être restée auprès de son amie, mais peut-être ai-je tort... en tout cas, jusqu'en 1792 les deux amies s'envoient des lettres, écrites à la hâte, avec les moyens du bord ; lettres qui traversaient les montagnes, les plaines et les chemins boueux, afin de donner un signe de vie, de partager ses peines, comme le prouve cet extrait d'une lettre de la reine à la duchesse de Polignac, le 7 janvier 1790 :

« Je ne peux résister au désir de vous embrasser, mon cher coeur, mais ce sera en courant, car l'occasion qui se présente est subite, mais elle est sûre, et elle jettera ce mot dans un gros paquet qui est pour vous.

Nous sommes surveillés comme des criminels, et en vérité, cette contrainte est horrible à supporter.

Avoir sans cesse à craindre pour les siens, ne pas s'approcher d'une fenêtre sans être abreuvée d'insultes, ne pouvoir conduire à l'air de pauvres enfants sans exposer ces chers innocents aux vociférations, quelle position, mon cher coeur ! (...) »

On ne le saura sans doute jamais, mais je suis convaincu que Madame de Polignac aurait montré beaucoup de grandeur d'âme. Il est heureux que la populace ne l'ait pas trouvée à Versailles le 6 octobre 1789, où même aux Tuileries lors des deux émeutes de 1792. Dieu seul sait ce qui lui serait arrivé. Et sans aucun doute, elle aurait trouvé la même mort terrible que la princesse de Lamballe.

On peut imaginer l'horreur de ce qu'elle a dû ressentir quand elle a appris la fin horrible de son ancienne rivale et d'autres serviteurs de la monarchie, tels que le duc de Brissac, le ministre Montmorin ou le premier valet de la chambre du roi, Thierry de Ville d'Avray.

 

Tout à fait d'accord avec toi.  

Comte d'Hézècques a écrit:Je suis convaincu que si cela n'avait dépendu que de la duchesse seule, elle serait peut-être restée auprès de son amie, mais peut-être ai-je tort...

Non, je crois que vous avez raison .   

Mme de Polignac quitte Versailles et la France pour plusieurs raisons : la première, c'est que le Roi le lui ordonne.
Mais en s'éloignant de Marie-Antoinette, elle croit sincèrement que les esprits échauffés contre la reine vont se calmer.
Par ailleurs, elle n'a pas le choix, son mari et sa belle-soeur décident (toujours) pour elle, en l'occurrence il s'agit de sauver sa tête mise à prix .
Et puis, et ce n'est pas la moindre des raisons : Mme de Polignac est mère. Elle se doit à ses enfants. Jules et Melchior sont encore très jeunes et à sa charge .
Enfin les Polignac, quittant Versailles le 17 juillet, s'imaginent s'éloigner quelques mois, puis rentrer paisiblement dans leurs pantoufles une fois le calme revenu .
Ils sont à mille mille d'imaginer qu'ils partent pour toujours ! Du reste n'emportent-ils rien, ou pas grand-chose .

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Si madame de Polignac est partie, c'est surtout parce que sa vie était menacée. Elle n'est pas partie par peur, elle était véritablement en danger. Madame Campan nous donne quelques détails dans ses mémoires. Le couple dont elle a rapporté la conversation dans la cour de marbre l'avait interpellée quelques instants avant, en la citant par son nom et en rapportant des paroles pleines de menaces envers elle et la famille royale. Et là-dessus, je ne pense pas que la femme de chambre de la reine ait brodé.

Les ennemis de la reine avaient sans doute des antennes à l’intérieur même du château. C'est bien pour ça que d'autres personnes avaient averti la reine. Les paroles de ce genre envers madame de Polignac où les autres proches de la Reine, Madame Campan les avaient sans doute entendues bien des fois. Mais cette fois là, c'était différent. Avant la prise de la Bastille, Madame de Polignac avait été porter des gâteaux aux soldats qui campaient dans  l’orangerie et que le roi avait fait venir pour protéger Versailles et la cour. Le peuple ne l'avait sans doute pas oublié...

Louis XVI, et même Marie Antoinette devaient sans aucun doute être au courant de tout cela. Madame Campan nous rapporte encore que plusieurs fois, la reine était allée la trouver, lui demandant de ne pas se rendre tels jours dans Paris, parce qu'elle savait qu'il allait y avoir du grabuge. Si elle a demandé à la duchesse de ne pas se montrer au balcon ce jour là, c'est très certainement parce qu'elle savait sa vie réellement menacée. Elle connaissait l'attachement de la duchesse pour elle et pour ses enfants et elle savait qu'une telle demande allait lui briser le cœur.

Il est fort possible aussi que les Polignacs, autant que la reine, aient pensé que tout cela n'allait pas durer. Mais si ils sont partis sans rien emporter avec eux, c'est tout simplement parce qu'ils n'en ont pas eu le temps matériel. Et le danger devait être si grand qu'il valait mieux pour elle voyager léger et ne pas se faire remarquer.

C'est bien passionnant tout cela; merci à vous tous.  :n,,;::::!!!: 

Diane ne faisait pas dans la dentelle semble-t-il et pour arriver à être crainte du roi ... c'est qu'elle possédait un caractère très trempé   Mais le roi, peut-être voulait-il avoir la paix aussi en la jouant diplomate ?

Quant à Yolande, elle est noble jusqu'au bout des ongles. Noblesse et intelligence du coeur en toutes circonstances !

Oui, Louis XVI voulait avoir la paix.  : 
Diane auprès de Louis XVI me fait irrésistiblement penser à Chon du Barry auprès de Louis XV.
Ne voyez-vous pas là une certaine analogie ?

La comtesse Jules figure aussi dans les mémoires de Mme de Genlis, quand elle évoque les années 1768-1770. Cela prouve bien que la comtesse Jules n'était pas cette femme obscure qui venait de débarquer de sa campagne lorsque la reine s'éprit de cette comtesse enchanteresse... même la Genlis fut sous le charme. Ecoutons-la  

« Il y avait à cette époque à la cour de fort jolies femmes, entre autres la vicomtesse de Laval, et la comtesse Jules, depuis duchesse de Polignac. Cette dernière avait une vilaine taille, quoique parfaitement droite, mais petite, sans délicatesse et sans élégance ; son visage eût été sans défaut, si elle avait eu un front passable ; ce front était grand, d'une forme désagréable, et un peu brun, quoique le reste de son visage fût très blanc. Quand la mode s'établit de rabattre les cheveux presque jusqu'aux sourcils, le visage de la comtesse Jules devint véritablement enchanteur ; il y avait dans sa physionomie une candeur touchante, et en même temps de la finesse ; son regard et son sourire étaient célestes. Les portraits qui restent d'elle sont très enlaidis, et ne donnent même pas l'idée de ce délicieux visage. Elle était douce et bienveillante, ses manières étaient simples, et par conséquent aimables, et la faveur dont elle a joui depuis n'a jamais rien changé à son extérieur. On disait qu'elle avait peu d'esprit ; pour moi, je ne la trouvais dans la société ni bornée ni même insipide. »

source :  Mercure de France, collection Le Temps Retrouvé, "Mémoires de Madame de Genlis", 2004

Merci, Comte !   
La sournoise Félicité distille avec un art consommé le fiel et le miel ...

Mme de Sabran a écrit:
La sournoise Félicité distille avec un art consommé le fiel et le miel ...

Oui. C’est ce que je me disais aussi... : 

Que cela ne nous empêche pas de revenir à nos moutons !

Cosmo a écrit:

Mme de Sabran a écrit:
Ah! pour ma rencontre avec le duc, ma chère Diane, je vais sauter à nouveau dans le sujet de Mme de Polignac car ce sera répondre à Cosmo quant à la relation qui unissait Yolande et Vaudreuil .
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J'attends cela avec impatience !

J'y viens !   
C'était donc en juillet 2010.

Mon entretien avec le duc fut plutôt un long monologue de sa part, dans lequel j'ai parfois pu glisser un mot ou deux .
Armand de Polignac m'a dit, en substance, que personne n'était habilité à écrire sur la duchesse, son aïeule, parce qu'elle ne saurait être connue à travers les sources diverses plus ou moins fantaisistes et fallacieuses auxquelles le public a accès . Il visait surtout les propos diffamatoires des contemporains, les Mémoires Secrets de Bachaumont, toute la prose au vitriol des libelles bien-sûr ... En conclusion, et il a bien insisté là-dessus, seules les archives familiales peuvent permettre de cerner qui fut au juste cette dame .

Une étude, qui ne fut pas publiée, aurait été écrite, basée sur les lettres personnelles, et avec son agrément ...
Il aurait aimé que je me présente à lui . Je lui ai répondu que je lui avais écrit dans ce sens, par deux fois, sans avoir obtenu de réponse .

Il me brossa un aperçu de la vie de Jules et Yolande qui n'étaient pas complètement désargentés, comme on l'a dit trop souvent . Ils avaient de la fortune, lui, héritée du côté Mancini Mazarini, elle, par les Hérault . Le duc a mentionné le bel hôtel de la rue Payenne , où j'étais allée, au printemps, en très charmante boudoiresque compagnie : la nuit, la neige ( notre guide ), Majesté, François ! ( nous n'avions pas pu entrer ... mais je me suis rattrapée depuis !    )
Or donc, M. et Mme de Polignac n'aimaient pas la vie à la Cour ( où ils avaient été présentés bien avant l'arrivée en France de la dauphine ) et lui préféraient la quiétude de leur château de Claye-en-Brie . Mais Louis XVI et Marie-Antoinette voulaient absolument les garder auprès d'eux, tout simplement parce qu'ils étaient des gens absolument délicieux .
Yolande n'était ni ambitieuse, ni intrigante, ni vénale, mais d'autres si, dans ses entours . Elle ne fut nommée gouvernante des Enfants de France qu'à son corps défendant .
Elle ne consentit à s'éloigner de Versailles que parce que c'était un ordre que lui intimait le Roi et parce qu'elle croyait sincèrement que cela calmerait les ennemis de Marie-Antoinette . L'exil fut une longue souffrance . Son fils Armand redoutant de lui dire la vérité, elle ignora que la reine avait été guillotinée, la crut morte de privations dans sa prison et se laissa mourir à son tour .

Le duc me parla aussi de Vaudreuil qui aurait voué à Yolande une affection quasi-paternelle ( il avait presque dix ans de plus qu'elle ), veillant sur elle tendrement et la protégeant depuis sa plus tendre enfance et la mort de sa mère . Il m'a affirmé qu'ils n'étaient pas amants, que c'était là une simple calomnie . Il fonde cette certitude sur le fait que le duc et la duchesse formaient un couple uni et harmonieux . Il mentionna une lettre des archives familiales qui en fournit la preuve .
Je la connaissais : elle fut publiée en janvier 1975, par Jean-Héracle de Polignac ( père du duc actuel ) dans son livre La Maison de Polignac, étude d'une évolution sociale de la noblesse . Elle est de la main de Mme de La Tour Landhorte, née de Polastron et demi-soeur de Yolande.

Et puis, il me toucha un mot du devenir de Jules et Diane en Russie , et s'étendit encore beaucoup sur la carrière politique de Jules junior et sa loyauté royaliste ......

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Il ne semble pas être des plus chaleureux Armand et très préoccupé de la réputation de sa famille !
 

Remarquez, ma chère Diane, cela se comprend . Rares ont été les familles aussi traînées dans l'opprobre que la vôtre !  àè-è\': 

Mme de Sabran a écrit:

Le duc me parla aussi de Vaudreuil qui aurait voué à Yolande une affection quasi-paternelle ( il avait presque dix ans de plus qu'elle ), veillant sur elle tendrement et la protégeant depuis sa plus tendre enfance et la mort de sa mère . Il m'a affirmé qu'ils n'étaient pas amants, que c'était là une simple calomnie . Il fonde cette certitude sur le fait que le duc et la duchesse formaient un couple uni et harmonieux . Il mentionna une lettre des archives familiales qui en fournit la preuve .
Je la connaissais : elle fut publiée en janvier 1975, par Jean-Héracle de Polignac ( père du duc actuel ) dans son livre La Maison de Polignac, étude d'une évolution sociale de la noblesse . Elle est de la main de Mme de La Tour Landhorte, née de Polastron et demi-soeur de Yolande.
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Avez-vous cette lettre ?   :::!!!ùùù^^^^: Je veux tout savoir concernant ma belle-soeur !  :::!!!ùùù^^^^:
En attendant ce grand moment de lecture, je patiente !  :::!!!ùùù^^^^:

Mme de Sabran a écrit: Le duc a mentionné le bel hôtel de la rue Payenne , où j'étais allée, au printemps, en très charmante boudoiresque compagnie : la nuit, la neige ( notre guide ), Majesté, François ! ( nous n'avions pas pu entrer ... mais je me suis rattrapée depuis !    )

 :n,,;::::!!!:  :;\':;\':;  :n,,;::::!!!: 

Mme de Sabran a écrit: Son fils Armand redoutant de lui dire la vérité, elle ignora que la reine avait été guillotinée, la crut morte de privations dans sa prison et se laissa mourir à son tour ..

Une telle fin n'aurait-elle pas été d'autant plus sinistre?   
Au moins , on sait que dans Sa prison Marie-Antoinette était bien traitée...

Bien à vous.

Comtesse Diane a écrit:
 Avez-vous cette lettre ?   :::!!!ùùù^^^^: Je veux tout savoir concernant ma belle-soeur !  :::!!!ùùù^^^^:

Mais bien sûr !   :n,,;::::!!!:   Et je vous la produis sans attendre !

Majesté a écrit:

Mme de Sabran a écrit:  Le duc a mentionné le bel hôtel de la rue Payenne , où j'étais allée, au printemps, en très charmante boudoiresque compagnie : la nuit, la neige ( notre guide ), Majesté, François ! ( nous n'avions pas pu entrer ... mais je me suis rattrapée depuis !    )

 :n,,;::::!!!:  :;\':;\':;  :n,,;::::!!!: 
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N'est-ce pas ! ...   

Diane, la lettre que vous me réclamiez est sur la page précédente !   

Le pape m'a téléphoné entre temps ...  :::!!!ùùù^^^^: 
 
Cette lettre ne semble pas de parti pris pourtant j'ai un doute ... boudoi29 

Cette lettre ne répond à rien sinon à un protectionisme familial bienveillant et rassurant pour la bienséance.

Dis-je des âneries ? Allez ! Je tente !

La nuit, la neige a écrit:

Mme de Sabran a écrit:
La sournoise Félicité distille avec un art consommé le fiel et le miel ...

Oui. C’est ce que je me disais aussi... :

Rien de plus plaisant que les écrits d'une femme... sur une autre femme  

Concernant le duc/prince de Polignac, j'ai le souvenir d'un vieux documentaire sur les Monarchistes d'aujourd'hui (c'était il y a 20 ans  ), dans lequel le vieux prince déclarait voter FN car [c'était]  le parti le moins à gauche. Un vieillard charmant...

Intéressant ces Polignac tout de même :

http://www.evous.fr/L-hotel-Polignac-siege-de-la-fondation-Polignac-Singer,1173622.html

Mais bien entendu, chère Comtesse .
Mme de la Tour Landhorte ne va pas annoncer la bouche en coeur à Jules junior que sa mère aimait Vaudreuil !
Vous vous en doutez un peu, non ?
C'est, au contraire, tellement universellement admis qu'elle se sent obligée d'en combattre l'affirmation . Il y va de l'honneur de la famille, que diable ! et peut-être même ( pire ! ) d'un doute possible sur la filiation des enfants Polignac ...

Mais lorsque que l'on s'en rapporte aux faits, à tous les contemporains, et, surtout !!! , qu'on lit la correspondance échangée entre Vaudreuil et Artois, le doute n'est plus permis .
Je citais dans le sujet de Vaudreuil son joli mot ( si désespéré ) à la mort de Yolande :
Je ne suis plus premier objet pour personne au monde .

Du reste, je suis allée rechercher dans l'ouvrage d'Hedwige de Polignac, Les Polignac, quelle nature de sentiments cette dame prête à Vaudreuil, pour Yolande . Et je lis, page 154:

Cependant, la duchesse de Polignac était allée à Rome où son parent, le cardinal de Bernis, la reçut avec générosité, puis dans un palais loué près de Venise, en compagnie de toute sa famille, Diane, Mme de Polastron, et le toujours amoureux Vaudreuil .........

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Mme de Sabran a écrit:
Diane, la lettre que vous me réclamiez est sur la page précédente ! 

Merci Elie.
Une fois encore, l’image est tronquée : je ne vais pas au bout des phrases !  54385210 
Est-ce ton scan ou encore ce problème récurrent du Forum ?

Bref, encore de ces sortes d'amour platoniques, hum !?  :roll: 

Gouverneur Morris a écrit:

Concernant le duc/prince de Polignac, j'ai le souvenir d'un vieux documentaire sur les Monarchistes d'aujourd'hui (c'était il y a 20 ans  ), dans lequel le vieux prince déclarait voter FN car [c'était]  le parti le moins à gauche. Un vieillard charmant...

Les Polignac sont nombreux, j'ignore duquel vous parlez là . Mais en tous cas, je tiens de source fiable que Jean-Héracle ( 1914 - 1999 ) , septième duc du nom, était un monsieur affable et agréable .   

Gouverneur Morris a écrit:Intéressant ces Polignac tout de même :

http://www.evous.fr/L-hotel-Polignac-siege-de-la-fondation-Polignac-Singer,1173622.html

Oui, certes ! le mécénat est un côté positif de cette famille .   

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La nuit, la neige a écrit:
Bref, encore de ces sortes d'amour platoniques, hum !?  :roll: 

Non, à mon avis, pas platonique du tout mais bien réel .   
Tu n'as pas lu la suite ?