De l'éducation des jeunes Polignac, Jules en particulier
3 participants
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: La famille Polignac - Axel de Fersen - La princesse de Lamballe :: Les Polignac et leur entourage
Page 1 sur 1
De l'éducation des jeunes Polignac, Jules en particulier
Roi-cavalerie a écrit:
Nota: cet extrait de lettre est cité par Pierre Robin-Harmel, page 35, dans son livre "Le prince Jules de Polignac, Ministre de Charles X" Les livres nouveaux 1941, tome I, page 35. A la même page, un autre passage à propos de l'éducation du prince Jules m'intrigue car j'ignorais ce point:
" Sur ce point les enseignements de sa mère qui, en 1788 insistait pour que les Etats Généraux fussent convoqués, ont toujours rejoints ceux de son ancien précepteur."
En effet, je ne savais pas que la duchesse avait été favorable à la tenue des Etats Généraux alors que, d'une façon générale, il me semblait que le roi et son entourage y étaient plutôt opposés. Qu'en était-il de la reine?
Par ailleurs, je n'ai pas identifié avec certitude le précepteur qui est évoqué ici. Il s'agit peut être d François Fortunat de la Grèze qui, outre ses fonctions de secrétaire des commandements de la Maison des EF, s'occupait de l'éducation d'Armand, l'aîné des Polignac ( Bombelles). L'auteur écrit à son propos:
i]" Pour cette partie si délicate de son éducation [ les humanités ], les Polignac trouvèrent heureusement un ferme appui auprès du précepteur qu'ils avaient choisi. D'une nature généreuse, d'ailleurs fort partisan des idées nouvelles et admirateur des philosophes, celui-ci chercha à émouvoir l'esprit de son élève en lui montrant la nécessité d'une réforme de l'état, en l'entretenant des idées de Turgot, des projets de Necker. Souvent il abordait avec lui les problèmes politiques, lui représentant les courtisans qui entouraient le Roi comme inutiles au souverain et au pays..... Mais la révolution poursuit son cours et bientôt il [Jules] que son ancien précepteur, lui le libéral partisan si convaincu des idées du jour, a é[té envoyé à la guillotine."[/i]
.
Sur quoi vous m'écrivez aujourd'hui , cher Roi-cavalerie :
Roi-cavalerie a écrit:
J'ai récemment trouvé que les propos de Robin-Harmel quant à l'éducation reçue par le prince Jules provenaient sans doute d'Antoine Mazas dans son livre Ham Aout 1829- Janvier 1834 par un ancien attaché de la présidence des anciens ministres, Paris 1834 page 15, 16, 17. Il précise d'ailleurs à son sujet dans son propre livre : "Aussi abandonne-t-il (le prince Jules) sa défense à l'histoire et le livre publié par un ancien attaché de son cabinet n'est pas pour lui déplaire car sa vie y est très fidèlement retracée." Ainsi, on peut estimer sans crainte de trop se tromper que l'anecdote traitant de l'éducation du prince Jules a vraisemblablement été recueillie par son auteur auprès du prince lui même car, jusqu'à cette découverte, j'avais préféré rester prudent quant à son authentcité.
Merci mille fois pour ces nouvelles précisions ! :n,,;::::!!!:
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: De l'éducation des jeunes Polignac, Jules en particulier
;
Je scinde le sujet qui était celui des lettres de Louis XVI aux Polignac en exil .
Et je continue de vous citer, cher ami, avec le plus grand plaisir !
Il y a lieu, en effet, de s'étonner de l'éducation du jeune Jules telle que nous la décrit Alexandre Mazas .
Je scinde le sujet qui était celui des lettres de Louis XVI aux Polignac en exil .
Et je continue de vous citer, cher ami, avec le plus grand plaisir !
Il y a lieu, en effet, de s'étonner de l'éducation du jeune Jules telle que nous la décrit Alexandre Mazas .
Roi-cavalerie a écrit:
Le texte d'Alexandre Mazas publié en 1834 ( Ham aout 1929-janvier 1834 par un ancien attaché à la présidence du Conseil des derniers ministres Paris Canel 1834, consultable sur la toile), certainement d'après les confidences du prince Jules, lui même, était le suivant :
Un fait remarquable, dans une famille et dans un homme que l'on a représentés comme les fauteurs, de l'absolutisme, c'est que les premiers enseignements que reçut Jules de Polignac , les premiers sentiments qu'il adopta furent tous favorables aux idées nouvelles, autant qu'un enfant pouvait les comprendre. Ainsi , l'amour de l'indépendance , et le mot de liberté, dont la puissance était alors irrésistible , firent partie de l'éducation première d'un fils de grand seigneur d'un enfant qui avait la cour pour école.
Necker, à cette époque , était encore le maître de l'opinion, le souverain du jour, dans un temps où il y eut tant de règnes et pas un roi. Imbu des doctrines nouvelles , le précepteur du prince de Polignac l'entretenait souvent, malgré l'extrême jeunesse de son élève, du ministre genevois, des états-généraux, des réformes qu'on méditait[. Jules de Polignac, sans saisir la portée de ces paroles, y trouvait quelque chose qui satisfaisait son jeune cœur. Son précepteur ranimait surtout contre les gens de cour , qu'il lui représentait comme inutiles au souverain et à l'état. Sans doute, au lieu d'une proscription aussi générale de toutes les notabilités qui avaient accès à Versailles, un esprit plus juste, en excluant rigoureusement de tout droit à la faveur royale quiconque n'était que courtisan, eut conçu la possibilité de légitimes et nombreuses exceptions : mais l'opinion qu'on ne pouvait être en même temps l'ami du roi et l'ami du pays commençait à s'accréditer ; l'enthousiasme révolutionnaire du précepteur, et l'admiration enfantine de son élève pour des doctrines qui avaient sur le grec et le latin le privilège de la nouveauté, leur dictaient une condamnation en masse et sans appel.
Souvent, en se promenant dans la grande galerie de Versailles, ou les personnes de distinction venaient tous les dimanches présenter leurs respects au roi y il arrivait à Jules de Polignac, comme il l'a plus d'une fois raconté depuis, de leur faire l'application de ce yers de La Fontaine :"Belle tête, dit-il, mais de cervelle point"
Sans doute l'opinion d'un enfant de cet âge n'a rien d'immuable ( elle doit se modifier inévitablement dans la suite de la vie ) ou plutôt ce n'est pas une opinion , c'est une simple sensation , le résultat des premières impressions qu'on a reçues. Il n'est pas moins vrai que chacun, en remontant jusqu'aux premières années de son enfance, retrouvera le germe de bien des sentiments, de bien des idées, à travers toutes les modifications, toutes les transformations que ces idées et ces sentiments ont pu subir par les progrès de l'âge, le contact des hommes et des événements.
Cependant , quelque temps après sa sortie de France , le même précepteur qui lui avait donné des leçons de libéralisme, ayant embrassé chaudement la cause révolutionnaire, mourait victime d'une de ces nombreuses luttes de 93 , dont le champ de bataille était toujours l'échafaud ; d'une de ces complications politiques, dont le nœud gordien se dénouait
toujours par la main du bourreau. Cette mort du maître dut produire une profonde impression sur l'élève ; c'était un dernier enseignement plus instructif et plus solennel que tous les autres., Puis vint la fin déplorable de Marie-Antoinette, cette noble reine, cette charmante femme, qui avait présidé aux jeux de son enfance, la mort de Louis XVI, celle de sa mère elle-même, qui fut, comme nous l'avons dit, la conséquence presque immédiate de la mort de Marie- Antoinette. La révolution entassait ainsi les cercueils autour de Jules de Polîgnac. Eh bien ! si son premier enthousiasme se trouva ainsi modifié par les faits , s'il repoussa loin de lui l'esprit et le système révolutionnaires, on verra que sa raison ne rejeta jamais les idées d'une sage liberté : le jeune admirateur de Necker et des états-généraux ne fut jamais un 'absolutiste.
Il me reste à identifier le nom de ce précepteur. Comme je l'avais écrit, il y a quelques mois, il est possible que cela soit Fortunat de La Grèze, qui, introduit auprès de la duchesse par Vaudreuil, puis secrétaire d'ambassade d'Adhémar à Bruxelles, devint ensuite l'homme à tout faire de la duchesse et son secrétaire des commandements lorsque celle-ci était la gouvernante des Enfants de France. Bombelles en dit pis que pendre dans son Journal (T 3). J'émets cette hypothèse car il a accompagné Vaudreuil et Armand de Polignac lorsque ceux-ci sont partis à Rome pour plusieurs mois en 1787-1788. Mais cela n'est qu'une hypothèse. Par contre, nous connaissons bien l'identité du précepteur des enfants Polignac durant la période de l'émigration. Il s'agit de l'abbé de Chalenton qui termina sa vie comme bibliothécaire du Château de Fontainebleau où le comte Melchior de Polignac, alors gouverneur du château, l'avait introduit en 1828. Cela ne peut donc être celui-ci.
En tous les cas, cette anecdote me parait à la fois curieuse et intéressante car, elle pourrait signifier que le duc et la duchesse de Polignac, s'ils ont eu vent des idées modernes du précepteur en question (mais l'ont-ils effectivement appris ?), étaient capables de faire preuve d'une certaine largeur de vues quant aux idées qui agitaient alors la société française. Cela n'est pas impossible, mais malgré Vaudreuil, son amitié pour Chamfort et ses relations avec Mirabeau, malgré la promotion de la pièce de Beaumarchais que la coterie Polignac a appuyée, je reste un peu dubitatif sur ce point et je pencherais plutôt pour un enseignement qui a été prodigué à leur insu.
.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: De l'éducation des jeunes Polignac, Jules en particulier
Roi-cavalerie a écrit:
En tous les cas, cette anecdote me parait à la fois curieuse et intéressante car, elle pourrait signifier que le duc et la duchesse de Polignac, s'ils ont eu vent des idées modernes du précepteur en question (mais l'ont-ils effectivement appris ?), étaient capables de faire preuve d'une certaine largeur de vues quant aux idées qui agitaient alors la société française. Cela n'est pas impossible, mais malgré Vaudreuil, son amitié pour Chamfort et ses relations avec Mirabeau, malgré la promotion de la pièce de Beaumarchais que la coterie Polignac a appuyée, je reste un peu dubitatif sur ce point et je pencherais plutôt pour un enseignement qui a été prodigué à leur insu.
C'est que, comme vous l'écrivez dans votre ouvrage, cher Roi-cavalerie, les Polignac n'étaient pas hostiles aux réformes tant qu'elles ne s'attaquaient pas au principe monarchique .
Je vous cite :
Il faut reconnaître que les soutiens apportés à Calonne et à Vergennes, le furent à deux grands ministres qui, quoiqu'on en ait dit, auraient peut-être permis à notre pays l'économie d'une révolution sanglante ...
Et je rappelle le lien vers le sujet de votre livre : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2738-au-coeur-du-pouvoir-de-jean-pierre-bernard?highlight=coeur
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: De l'éducation des jeunes Polignac, Jules en particulier
Mme de Sabran a écrit: les Polignac n'étaient pas hostiles aux réformes tant qu'elles ne s'attaquaient pas au principe monarchique
C'est un peu comme la convocation des Etats généraux, dont il était question précédemment.
C'est à dire qu'il n' y avait plus guère d'autres choix !
Les réformes financières (il ne s'agissait pas d'autre chose) étaient plus que nécessaires, obligatoires.
Tous les expédients avaient été imaginés, mais sans guère de succès.
L'Assemblée des notables n'ayant rien donné, bien au contraire, l'idée d'une convocation des états généraux vient comme le moyen de déverrouiller la situation bloquée par les Parlements et les notables
Louis XVI n'est pas "chaud bouillant" à cette idée, puisqu'il annonce en 88 une convocation des états généraux pour...1792.
Et l'idée initiale n'est pas de réformer tout le système ou la société, mais principalement de faire agréer les réformes financières envisagées.
La lettre de convocation aux Etats généraux
« De par le Roi,
Notre aimé et féal.
Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour Nous aider à surmonter toutes les difficultés où Nous Nous trouvons relativement à l'état de Nos finances, et pour établir, suivant nos vœux, un ordre constant et invariable dans toutes les parties du gouvernement qui intéressent le bonheur de nos sujets et la prospérité de Notre royaume.
Ces grands motifs Nous ont déterminé à convoquer l'Assemblée des États de toutes les provinces de notre obéissance, tant pour Nous conseiller et Nous assister dans toutes les choses qui seront mises sous nos yeux, que pour Nous faire connaître les souhaits et doléances de nos peuples, de manière que par une mutuelle confiance et par un amour réciproque entre le souverain et ses sujets, il soit apporté le plus promptement possible un remède efficace aux maux de l'État, que les abus de tous genre soient réformés et prévenus par de bons et solides moyens qui assurent la félicité publique et qui nous rendent à Nous particulièrement, le calme et la tranquillité dont Nous sommes privés depuis si longtemps.
Donné à Versailles, le 24 janvier 1789. »
Et si Necker parvient à lui arracher l'idée d'un doublement du Tiers (à laquelle souscrit Marie-Antoinette) ce n'est que pour forcer la main aux deux autres ordres.
Le vote par tête, qui est ensuite réclamé, n'a pas ses faveurs...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: De l'éducation des jeunes Polignac, Jules en particulier
la nuit, la neige a écrit:
Et si Necker parvient à lui arracher l'idée d'un doublement du Tiers (à laquelle souscrit Marie-Antoinette) ce n'est que pour forcer la main aux deux autres ordres.
Le vote par tête, qui est ensuite réclamé, n'a pas ses faveurs...
Eh oui, notamment parce qu'entre temps les princes, ses frères, et la faction Polignac poussent Marie-Antoinette à lui prôner l'autorité.
Quand je dis la faction Polignac, c'est Vaudreuil en tête : souviens-toi qu'il avait demandé à son ami ( et protégé ) Chamfort d'écrire contre le doublement du Tiers . Ce que Chamfort n'a pas fait . Mais Artois, en revanche, s'était fendu d'un très véhément manifeste contre ce doublement du Tiers.
Roi-cavalerie a écrit:
Par ailleurs, je n'ai pas identifié avec certitude le précepteur qui est évoqué ici. Il s'agit peut être d François Fortunat de la Grèze qui, outre ses fonctions de secrétaire des commandements de la Maison des EF, s'occupait de l'éducation d'Armand, l'aîné des Polignac ( Bombelles).
.
Mais oui, c'est curieux . Sans doute les petits Polignac ont-ils eu plusieurs précepteurs .
Ainsi lorsque Georges Paul a écrit son petit fascicule très émouvant Les derniers jours de la duchesse de Polignac, il prête au précepteur de Jules et Melchior la description de l'agonie de leur mère ( Les médecins n'ont rien connu à sa maladie parce qu'elle était au fond de l'âme ... etc ...etc ... ) . Georges Paul se demande qui est ce précepteur . Il nomme l'abbé de la Balivière, qui a suivi Jules, Yolande et la comtesse Diane sur la route de l'exil, ou bien Elzéar de Sabran ( mon fils ) , probablement placé auprès des jeunes Polignac par l'entremise de leur tante Diane, ma grande amie . Cependant Elzéar devait être bien trop jeune à pareille époque !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: De l'éducation des jeunes Polignac, Jules en particulier
Chère Eléonore,
Le précepteur des enfants Polignac Jules, Melchior et sans doute Héraclius et Edmond de Villerot, le le fils naturel de la comtesse Diane, en fonction à cette époque était sans aucun doute l'abbé de Chalenton qui les accompagna jusqu'en Ukraine pendant quelques années puis devint le précepteur des enfants de la comtesse Potocki. Il est signalé par Bombelles dans son Journal (T 3) comme occupant cette fonction dès l'année 1790 alors que la famille se trouvait à Venise.
Amitiés Roi-cavalerie
Le précepteur des enfants Polignac Jules, Melchior et sans doute Héraclius et Edmond de Villerot, le le fils naturel de la comtesse Diane, en fonction à cette époque était sans aucun doute l'abbé de Chalenton qui les accompagna jusqu'en Ukraine pendant quelques années puis devint le précepteur des enfants de la comtesse Potocki. Il est signalé par Bombelles dans son Journal (T 3) comme occupant cette fonction dès l'année 1790 alors que la famille se trouvait à Venise.
Amitiés Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: De l'éducation des jeunes Polignac, Jules en particulier
.
Nous pouvons nous fier à Bombelles, et à vous, cher Roi-cavalerie !
Dans ses Fêtes et souvenirs du Congrès de Vienne: tableaux des salons, scènes ..., Auguste Louis Charles comte de La Garde-Chambonas confirme: J'ai su depuis, par l'abbé Chalenton, le précepteur de MM. de Polignac, que M. Cast...., ayant suivi le comte de Witt en Russie, s'était marié à Tulczim avec une demoiselle bien née qui lui apporta en dot une rente ..
En effet, le voilà chez la comtesse Potocki : Voyage de Moscou à Vienne par Kiew, Odessa, Constantinople, Bucharest et ...
Par Auguste-Louis-Charles de Messence La Garde-Chambonas ...
Vous nous aviez déjà cité l'abbé de Chalenton dans le sujet de la comtesse Diane . Il s'agissait d'une lettre du comte Esterhazy à son épouse en octobre 1795 :
"... Je suis donc parti, mon cher cœur, avant hier après diner pour aller voir la comtesse Diane. J'ai mis quatre heures pour aller à Libitzin et quand j'y suis arrivé, on m'a dit que la comtesse était à la résidence du comte Severin, au delà du Bogh dans un village nommé Boghowska, à un quart de mille de Libitzin. Je me suis mis en chemin et au bout d'un quart d'heure j'y suis arrivé. J'ai trouvé la comtesse bien portante ; mais vieillie et maigrie, entourée de sa colonie. Elle a avec elle, Jules qui ressemble à sa mère, Melchior qui est gentil et annonce de l'esprit, un Louis, fils du père de la comtesse par son mariage avec cette paysanne de Claye et qui a quatorze ans, Édouard qui est frais et à l'air d'un bon vivant, Agénor de Grammont, fils de la princesse de Guiche, qui est ce que j'ai vu de plus joli,- c'est l'amour- Corisande et Aglaé, ses sœurs dont la comtesse Diane est la gouvernante, l'abbé Chalenton précepteur et un secrétaire du duc, M Sigol, qui est chargé de la dépense et des détails. A cette colonie sont joints le comte de Pontmartin et ses deux fils et une de ses cousines, fort bossue, Mlle de Calvel et le baron et la baronne de Forget avc leurs petites-filles, ce qui fait dix sept, tant maitres qu'enfants, une seule femme de chambre pour tout cela, un valet de chambre marié, un cuisinier, deux domestiques en tout. Nous avons beaucoup causé d'abord de sa position. La vie à Vienne épuisait ce qui lui restait de ressources, au moins du duc. Pour sauver le reste et tâcher d'améliorer la situation, il est allé à Saint Petersbourg, elle est venue ici pour être plus près de lui. D'après les circonstances, on passera l'hiver chez Mme Séverin Potocka, qui leur prête son château avec quatre murailles, mais du bois, des légumes, enfin les facilités d'une campagne qu'on n'habite pas. Ils sont venus avec des chevaux de louage à raison à peu près de deux kopeks par verste et par cheval.... La comtesse Diane ne se plaint que des gîtes ; ils étaient si mauvais qu'elle a beaucoup été dans des châteaux, pour qui elle avait des lettres de recommandation.
Le soi-disant château qu'elle habite, et comme notre maison à Luka, un peu plus grand, cependant, quoique bâti sur les mêmes dimensions, parce qu'il y dix chambres de plus, ce qui fait dix pièces en tout. … La situation n'est pas mal, c'est à dire celle du village, car celle de la maison est sans aucune vue, un petit jardin mal tenu... Après avoir parlé de leurs affaires personnelles, de leurs espérances, de leurs ressources, et avoir admiré le courage, la suite et l'ordre de la comtesse Diane, qui a vendu ses ouvrages pour ne pas être à charge de son frère et qui se fait à la lettre la gouvernante de ses petites filles, avec une exactitude dont je ne l'aurais cru peu susceptible, nous avons passé aux choses générales. Elles ne sont pas satisfaisantes. Le Roi à Vérone, mange, digère et n'agit pas....
Pendant le chemin, j'ai fait force réflexions sur la fortune, sur le bonheur. Si toute cette famille, depuis le grand père jusqu'aux petits-enfants, avait Luka seul pour y vivre, elle y serait peut être plus heureuse que dans le brillant de sa faveur, où les besoins factices toujours renaissants l'obligeaient à de nouvelles demandes. Les uniques rejetons de la maison de Gramont sont vêtus d'indienne grossière, telle que nous en donnons à Anouschka, ou de drap commun. Le vieux père est resté à Vienne avec le prince de Guiche et Idalie sa belle-sœur, et les deux cadets qu'il a eus de sa paysanne de sorte que les grands oncles sont plus jeunes que Corisande. Le duc de Guiche est à Vérone, Armand avec le comte d'Artois, et le duc de Polignac à Pétersbourg. Cet éparpillement est encore une peine; mais les grands chagrins absorbent les petits. La comtesse Diane ne prononcera pas le nom de sa belle-sœur sans fondre en larmes et c'est la promesse qu'elle lui a faite au lit de mort de prendre soin de ses enfants qui lui donne le courage et la force physique de la remplir..
Et vous ajoutiez :
C'est donc dans un premier temps chez le comte Séverin Potocki ( 1762-1829) que Diane de Polignac trouva refuge à Boghowska.
C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t739p75-la-comtesse-diane-de-polignac
Nous pouvons nous fier à Bombelles, et à vous, cher Roi-cavalerie !
Dans ses Fêtes et souvenirs du Congrès de Vienne: tableaux des salons, scènes ..., Auguste Louis Charles comte de La Garde-Chambonas confirme: J'ai su depuis, par l'abbé Chalenton, le précepteur de MM. de Polignac, que M. Cast...., ayant suivi le comte de Witt en Russie, s'était marié à Tulczim avec une demoiselle bien née qui lui apporta en dot une rente ..
En effet, le voilà chez la comtesse Potocki : Voyage de Moscou à Vienne par Kiew, Odessa, Constantinople, Bucharest et ...
Par Auguste-Louis-Charles de Messence La Garde-Chambonas ...
Vous nous aviez déjà cité l'abbé de Chalenton dans le sujet de la comtesse Diane . Il s'agissait d'une lettre du comte Esterhazy à son épouse en octobre 1795 :
"... Je suis donc parti, mon cher cœur, avant hier après diner pour aller voir la comtesse Diane. J'ai mis quatre heures pour aller à Libitzin et quand j'y suis arrivé, on m'a dit que la comtesse était à la résidence du comte Severin, au delà du Bogh dans un village nommé Boghowska, à un quart de mille de Libitzin. Je me suis mis en chemin et au bout d'un quart d'heure j'y suis arrivé. J'ai trouvé la comtesse bien portante ; mais vieillie et maigrie, entourée de sa colonie. Elle a avec elle, Jules qui ressemble à sa mère, Melchior qui est gentil et annonce de l'esprit, un Louis, fils du père de la comtesse par son mariage avec cette paysanne de Claye et qui a quatorze ans, Édouard qui est frais et à l'air d'un bon vivant, Agénor de Grammont, fils de la princesse de Guiche, qui est ce que j'ai vu de plus joli,- c'est l'amour- Corisande et Aglaé, ses sœurs dont la comtesse Diane est la gouvernante, l'abbé Chalenton précepteur et un secrétaire du duc, M Sigol, qui est chargé de la dépense et des détails. A cette colonie sont joints le comte de Pontmartin et ses deux fils et une de ses cousines, fort bossue, Mlle de Calvel et le baron et la baronne de Forget avc leurs petites-filles, ce qui fait dix sept, tant maitres qu'enfants, une seule femme de chambre pour tout cela, un valet de chambre marié, un cuisinier, deux domestiques en tout. Nous avons beaucoup causé d'abord de sa position. La vie à Vienne épuisait ce qui lui restait de ressources, au moins du duc. Pour sauver le reste et tâcher d'améliorer la situation, il est allé à Saint Petersbourg, elle est venue ici pour être plus près de lui. D'après les circonstances, on passera l'hiver chez Mme Séverin Potocka, qui leur prête son château avec quatre murailles, mais du bois, des légumes, enfin les facilités d'une campagne qu'on n'habite pas. Ils sont venus avec des chevaux de louage à raison à peu près de deux kopeks par verste et par cheval.... La comtesse Diane ne se plaint que des gîtes ; ils étaient si mauvais qu'elle a beaucoup été dans des châteaux, pour qui elle avait des lettres de recommandation.
Le soi-disant château qu'elle habite, et comme notre maison à Luka, un peu plus grand, cependant, quoique bâti sur les mêmes dimensions, parce qu'il y dix chambres de plus, ce qui fait dix pièces en tout. … La situation n'est pas mal, c'est à dire celle du village, car celle de la maison est sans aucune vue, un petit jardin mal tenu... Après avoir parlé de leurs affaires personnelles, de leurs espérances, de leurs ressources, et avoir admiré le courage, la suite et l'ordre de la comtesse Diane, qui a vendu ses ouvrages pour ne pas être à charge de son frère et qui se fait à la lettre la gouvernante de ses petites filles, avec une exactitude dont je ne l'aurais cru peu susceptible, nous avons passé aux choses générales. Elles ne sont pas satisfaisantes. Le Roi à Vérone, mange, digère et n'agit pas....
Pendant le chemin, j'ai fait force réflexions sur la fortune, sur le bonheur. Si toute cette famille, depuis le grand père jusqu'aux petits-enfants, avait Luka seul pour y vivre, elle y serait peut être plus heureuse que dans le brillant de sa faveur, où les besoins factices toujours renaissants l'obligeaient à de nouvelles demandes. Les uniques rejetons de la maison de Gramont sont vêtus d'indienne grossière, telle que nous en donnons à Anouschka, ou de drap commun. Le vieux père est resté à Vienne avec le prince de Guiche et Idalie sa belle-sœur, et les deux cadets qu'il a eus de sa paysanne de sorte que les grands oncles sont plus jeunes que Corisande. Le duc de Guiche est à Vérone, Armand avec le comte d'Artois, et le duc de Polignac à Pétersbourg. Cet éparpillement est encore une peine; mais les grands chagrins absorbent les petits. La comtesse Diane ne prononcera pas le nom de sa belle-sœur sans fondre en larmes et c'est la promesse qu'elle lui a faite au lit de mort de prendre soin de ses enfants qui lui donne le courage et la force physique de la remplir..
Et vous ajoutiez :
C'est donc dans un premier temps chez le comte Séverin Potocki ( 1762-1829) que Diane de Polignac trouva refuge à Boghowska.
C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t739p75-la-comtesse-diane-de-polignac
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Sujets similaires
» Les enfants de Jules de Polignac
» Le comte Jules de Polignac (1746-1817)
» Lettre de Calonne à Jules de Polignac
» Lettres de Jules de Polignac à Georgiana de Devonshire
» Lettre de Guichette à Jules de Polignac, son père
» Le comte Jules de Polignac (1746-1817)
» Lettre de Calonne à Jules de Polignac
» Lettres de Jules de Polignac à Georgiana de Devonshire
» Lettre de Guichette à Jules de Polignac, son père
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: La famille Polignac - Axel de Fersen - La princesse de Lamballe :: Les Polignac et leur entourage
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum