Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
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Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Afin de compléter notre dernier jeu à énigmes, je présente ici les nièces de Potemkine, qualifiées de "presque grandes-duchesses" en raison de leur proximité avec Catherine II, la famille impériale de Russie et de la place et de la faveur dont elles beneficierent à la Cour.
Je me réfère essentiellement au livre de Simon Sebag Montefiore, " La Grande Catherine et Potemkine, une histoire d'amour impériale" dont je donne quelques extraits :
"Quand les cinq sœurs Engelhardt arrivèrent à la cour en 1775, belles filles de province, à peine instruites et orphelines de mère, elles furent immédiatement transformées par leur oncle en des créatures raffinées, et traitées comme des membres de la famille impériale, "presque comme des grandes-duchesses".
Lorsque Potemkine mit fin à sa relation avec l'impératrice de Russie, il se rapprocha aussitôt de Varvara Engelhardt, sa superbe nièce encore adolescente. Il ne fallut pas longtemps avant que les potins de la Cour affirment que le prince décadent avait séduit chacune de ces cinq jeunes filles.
Rien ne choqua tant ses contemporains que la légende des cinq nièces. Tous les diplomates écrivirent à ce sujet à leurs monarques captivés avec une délectation à peine dissimulée : " Vous aurez une idée de la morale russe, declare Corberon à Versailles ou régnait le prude nouveau roi Louis XVI, par la façon qu'a le prince Potemkine de protéger ses nièces. " Pour mieux souligner l'horreur de cette situation immorale, il ajouta dans un frisson : " Il en une qui n'a pas douze ans et qui subira sans aucun doute le même sort. " Simon Vorontzov aussi était dégouté : " Nous avons vu le prince Potemkine faire de sa propre famille un harem dans le palais impérial dont il occupait une partie. Quelle scandaleuse impudence ! " Pour ses contemporains, ce scandale était une réalité, mais séduisit-il vraiment ses cinq nièces, jusqu'à la plus jeune ?
Les "presque grandes-duchesses" devinrent les grâces dorées de la cour de Catherine, les plus riches héritières de Russie et matriarches de bien des dynasties aristocratiques de l'Empire. Aucune n'oublia jamais qui elle était et qui était son oncle : leurs vies furent illuminées par leur statut quasi royal et le prestige du Sérénissime, qui fit d'elles des mythes.
Cinq seulement des sœurs Engelhardt jouèrent un rôle à la cour parce que l'aînée, Anna, avait quitté la maison et épousé Mikhail Joukov avant l'ascension de Potemkine, bien qu'il ait veillé sur le couple et promu le mari gouverneur d'Astraskhan. La deuxième, la redoutable Alexandra Vassilieva, âgée de vingt-deux ans en 1776, fut la nièce préférée de Potemkine, son amie la plus chère en dehors de l'impératrice. Déjà femme quand elle arriva à la cour, elle lui fut difficile de s'adapter au raffinement ambiant. Mais elle était aussi hautaine que Potemkine l'avait été, "intelligente et volontaire". Douée d'une "sorte de grandeur", elle s'en servit pour masquer son "manque d'éducation". Elle était faite pour les affaires et la politique, mais aussi pour l'amitié. Ses portraits nous la décrivent comme une brune mince, les cheveux coiffés en arrière, avec des pommettes saillantes, des yeux bleus lumineux et intelligents, un petit nez et une peau d'albâtre, associant la sveltesse et la grandeur d'une femme qui était membre d'honneur de la famille impériale et la confidente de son plus grand homme d'État.
La troisième sœur était Varvara, vingt ans, qui se fraya un chemin dans la vie grâce à son charme. " Plenira aux cheveux d'or " comme la surnommait le poète Derjavine, était admirée pour sa blondeur rayonnante. Elle n'avait rien d'une politicienne, comme sa sœur Alexandra, mais elle était nerveuse, coquette, capricieuse, colérique et inlassablement exigeante. Nul ne pouvait critiquer son caractère déplorable quand le prince était encore en vie.
Nadejda avait quinze ans, et elle était à la fois rousse et basanée. Elle devait souffrir d'être le vilain petit canard d'une famille de cygnes, mais Potemkine n'en fit pas moins d'elle une demoiselle d'honneur comme les autres.
La cinquième sœur était la paisible et passive Ekaterina, incarnation idéale du physique familial : son portrait par Vigee-Lebrun en 1790 nous montre son visage séraphique encadré de boucles d'un blond auburn et chaud, en train de se comte moment dans un miroir. Enfin, Tatiana était la plus jeune - elle n'avait que sept ans en 1776 - mais en grandissant, elle devint aussi belle et intelligente qu'Alexandra. Quand Potemkine quitta l'alcôve de Catherine, il tomba amoureux de Varvara."
La suite de cette saga familiale, ou la grandeur côtoie la décadence, si vous le voulez bien, sous la plume de Simon Sebag Montefiore.
Je me réfère essentiellement au livre de Simon Sebag Montefiore, " La Grande Catherine et Potemkine, une histoire d'amour impériale" dont je donne quelques extraits :
"Quand les cinq sœurs Engelhardt arrivèrent à la cour en 1775, belles filles de province, à peine instruites et orphelines de mère, elles furent immédiatement transformées par leur oncle en des créatures raffinées, et traitées comme des membres de la famille impériale, "presque comme des grandes-duchesses".
Lorsque Potemkine mit fin à sa relation avec l'impératrice de Russie, il se rapprocha aussitôt de Varvara Engelhardt, sa superbe nièce encore adolescente. Il ne fallut pas longtemps avant que les potins de la Cour affirment que le prince décadent avait séduit chacune de ces cinq jeunes filles.
Rien ne choqua tant ses contemporains que la légende des cinq nièces. Tous les diplomates écrivirent à ce sujet à leurs monarques captivés avec une délectation à peine dissimulée : " Vous aurez une idée de la morale russe, declare Corberon à Versailles ou régnait le prude nouveau roi Louis XVI, par la façon qu'a le prince Potemkine de protéger ses nièces. " Pour mieux souligner l'horreur de cette situation immorale, il ajouta dans un frisson : " Il en une qui n'a pas douze ans et qui subira sans aucun doute le même sort. " Simon Vorontzov aussi était dégouté : " Nous avons vu le prince Potemkine faire de sa propre famille un harem dans le palais impérial dont il occupait une partie. Quelle scandaleuse impudence ! " Pour ses contemporains, ce scandale était une réalité, mais séduisit-il vraiment ses cinq nièces, jusqu'à la plus jeune ?
Les "presque grandes-duchesses" devinrent les grâces dorées de la cour de Catherine, les plus riches héritières de Russie et matriarches de bien des dynasties aristocratiques de l'Empire. Aucune n'oublia jamais qui elle était et qui était son oncle : leurs vies furent illuminées par leur statut quasi royal et le prestige du Sérénissime, qui fit d'elles des mythes.
Cinq seulement des sœurs Engelhardt jouèrent un rôle à la cour parce que l'aînée, Anna, avait quitté la maison et épousé Mikhail Joukov avant l'ascension de Potemkine, bien qu'il ait veillé sur le couple et promu le mari gouverneur d'Astraskhan. La deuxième, la redoutable Alexandra Vassilieva, âgée de vingt-deux ans en 1776, fut la nièce préférée de Potemkine, son amie la plus chère en dehors de l'impératrice. Déjà femme quand elle arriva à la cour, elle lui fut difficile de s'adapter au raffinement ambiant. Mais elle était aussi hautaine que Potemkine l'avait été, "intelligente et volontaire". Douée d'une "sorte de grandeur", elle s'en servit pour masquer son "manque d'éducation". Elle était faite pour les affaires et la politique, mais aussi pour l'amitié. Ses portraits nous la décrivent comme une brune mince, les cheveux coiffés en arrière, avec des pommettes saillantes, des yeux bleus lumineux et intelligents, un petit nez et une peau d'albâtre, associant la sveltesse et la grandeur d'une femme qui était membre d'honneur de la famille impériale et la confidente de son plus grand homme d'État.
La troisième sœur était Varvara, vingt ans, qui se fraya un chemin dans la vie grâce à son charme. " Plenira aux cheveux d'or " comme la surnommait le poète Derjavine, était admirée pour sa blondeur rayonnante. Elle n'avait rien d'une politicienne, comme sa sœur Alexandra, mais elle était nerveuse, coquette, capricieuse, colérique et inlassablement exigeante. Nul ne pouvait critiquer son caractère déplorable quand le prince était encore en vie.
Nadejda avait quinze ans, et elle était à la fois rousse et basanée. Elle devait souffrir d'être le vilain petit canard d'une famille de cygnes, mais Potemkine n'en fit pas moins d'elle une demoiselle d'honneur comme les autres.
La cinquième sœur était la paisible et passive Ekaterina, incarnation idéale du physique familial : son portrait par Vigee-Lebrun en 1790 nous montre son visage séraphique encadré de boucles d'un blond auburn et chaud, en train de se comte moment dans un miroir. Enfin, Tatiana était la plus jeune - elle n'avait que sept ans en 1776 - mais en grandissant, elle devint aussi belle et intelligente qu'Alexandra. Quand Potemkine quitta l'alcôve de Catherine, il tomba amoureux de Varvara."
La suite de cette saga familiale, ou la grandeur côtoie la décadence, si vous le voulez bien, sous la plume de Simon Sebag Montefiore.
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Je poursuis...
"Petite Mère, Varenka, mon âme, ma vie écrivait Potemkine à Varvara. Tu as dormi, petite sotte, et tu ne très souvenue de rien. Moi, en te quittant, je t'ai embrassée et revêtue de la couverture et d'une robe, puis je t'ai bénie." Il est tout à fait possible de prétendre que c'était la lettre d'un oncle qui avait simplement bordé et embrassé sa nièce pour lui souhaiter bonne nuit, mais on peut aussi considérer qu'il l'avait quittée le matin après avoir passé la nuit avec elle.
Même en cette ère de la sensibilité et même sous la plume d'un prince émotif et décomplexé, ces sentiments ne sont pas ceux d'un oncle conventionnel. Le prince avait maintenant trente sept ans, dix-sept de plus que Varvara, aussi, tout au moins en terme d'âge, leur histoire d'amour n'avait rien de remarquable. Désormais, les sœurs, ainsi que leur colosse de frère, Vassili, vivaient la journée à la cour, et dans les demeures de Potemkine. Il assistaient à ses dîners et le regardaient jouer aux cartes avec l'impératrice dans son Petit Ermitage. Ses nièces étaient ses plus précieux ornements. Pour ce que nous en savons, il n'avait pas de"enfants ; elles étaient donc aussi ses héritières. Ce n'est pas un hasard si Varvara devint sa maîtresse, car elle était la séductrice et lui le héros de la famille.
La rumeur de cette liaison scandaleuse parvint à Daria Potemkina à Moscou. Consternée, la mère du prince tenta d'y mettre fin. Furieux, le Sérénissime jeta ses lettres dans la cheminée sans les lire.
Indulgente, Catherine taquinait Potemkine à propos de sa nièce maîtresse, ce qui traduit bien la liberté de leur relation : " Écoute, ma petite Varenka ne va pas bien du tout, c'est ton départ qui en est la cause. C'était très mal de ta part. Cela va la tuer, or, elle m'est de plus en plus chère. Ils veulent la saigner. "
La rusee jouait peut être à un double jeu avec le prince. Potemkine était toujours amoureux d'elle, mais il savait qu'il faudrait bien qu'elle se marie. Elle était désormais une femme, elle voulait vivre effectivement une autre vie. Elle avait déjà rencontré le prince Fédor Golitszyne, un autre représentant de cette famille aussi nombreuses que puissante, et était tombée amoureuse de lui.
Nous ne savons pas si Potemkine en eut le cœur brisé pendant longtemps, mais il savait en tout cas décidé que ses nièces devraient faire de riches mariages, leur attribuant des fortunes pour faciliter les choses. La liaison dut donc prendre fin au nom du devoir familial. " Maintenant tout est fini, lui écrivait-elle. Je m'y suis attendue à tout instant depuis un mois, quand j'ai commencé à remarquer ton changement d'attitude envers moi. Je te renvois toutes tes lettres. " Mais les torts étaient semble t-il partagés. " Si je me suis mal comportée, dit-elle souvient toi qui en fut la cause. "
Potemkine se montra généreux. En septembre 1778, il obtint que le prince Golitszyne l'épouse. En janvier 1779, comme pour tous les mariages des Engelhardt, l'impératrice assista aux noces de Varvara. Varvara et Potemkine restèrent proches tout au long de sa vie, et elle continua à lui écrire des lettres galantes et affectueuses. Elle signait toujours : " Le petit chat de Grichenka. "
Varvara et Serge Golitszyne vécurent heureux et eurent dix enfants. L'impératrice et le Sérénissime furent marraine et parrain de l'aîné, baptisé Grigori, et qui naquit cette année là. Les contemporains ont laissé entendre qu'il était le fils de Potemkine. C'était fort possible, puis adulte, Grigori Golitszyne afficha une étrange ressemblance avec son grand-oncle - encore un mystère de la consanguinité. "
" Au lendemain du mariage de Varvara, " Alexandra Engelhardt semblait avoir un pouvoir encore plus grand " sur Potemkine. Apparemment, le prince s'était tourne vers la nièce avec laquelle il avait le plus en commun. Leurs contemporains étaient convaincus qu'ils étaient amants. Alexandra, ou " Sachenka " était " une jeune femme d'une personnalité très agréable, de bonne composition et d'une aptitude très supérieure à mener des intrigues de cour ".
Sachenka devint inséparable de l'impératrice et du Sérénissime. La position de Sachenka en tant que membre non officiel de la famille impériale était encore reconnue quarante ans plus tard. Elle devint l'hôtesse de Potemkine. Femme d'affaires efficace, elle gagna des millions en vendant des céréales et du bois - et, pourtant, elle était célèbre pour sa générosité envers ses serfs. A la fin de 1779, la relation intense entre Potemkine et Sachenka prit fin, mais ils restèrent très proches.
Le prince s'engagea dans une relation durable avec la cinquième sœur Ekaterina. Ekaterina ou " le chaton " comme l'appelaient l'impératrice et Potemkine, était la Vénus d'une famille de beautés. " Gracieusement dotée d'un visage ravissant, écrivait Vigee-Lebrun et d'une douceur angélique, elle avait un charme irrésistible. Elle était inculte et peu curieuse, mais tout à fait séduisante. Elle était trop rêveuse et passive pour lui, qui ne tombait amoureux que de femmes passionnées ou calculatrice MS. Ainsi, si elle fut celle des trois qu'il aimait le moins, c'est avec elle qu'il resta le plus longtemps. "
Hé bien, hé bien, il est bien difficile et impossible de concevoir ces liaisons incestueuses à nos yeux de contemporains ! Même si le recul de l'étude du temps et la compréhension du contexte, reste indispensable pour tout amateur ou spécialiste en histoire, ce scandale n'en demeure pas moins.
"Petite Mère, Varenka, mon âme, ma vie écrivait Potemkine à Varvara. Tu as dormi, petite sotte, et tu ne très souvenue de rien. Moi, en te quittant, je t'ai embrassée et revêtue de la couverture et d'une robe, puis je t'ai bénie." Il est tout à fait possible de prétendre que c'était la lettre d'un oncle qui avait simplement bordé et embrassé sa nièce pour lui souhaiter bonne nuit, mais on peut aussi considérer qu'il l'avait quittée le matin après avoir passé la nuit avec elle.
Même en cette ère de la sensibilité et même sous la plume d'un prince émotif et décomplexé, ces sentiments ne sont pas ceux d'un oncle conventionnel. Le prince avait maintenant trente sept ans, dix-sept de plus que Varvara, aussi, tout au moins en terme d'âge, leur histoire d'amour n'avait rien de remarquable. Désormais, les sœurs, ainsi que leur colosse de frère, Vassili, vivaient la journée à la cour, et dans les demeures de Potemkine. Il assistaient à ses dîners et le regardaient jouer aux cartes avec l'impératrice dans son Petit Ermitage. Ses nièces étaient ses plus précieux ornements. Pour ce que nous en savons, il n'avait pas de"enfants ; elles étaient donc aussi ses héritières. Ce n'est pas un hasard si Varvara devint sa maîtresse, car elle était la séductrice et lui le héros de la famille.
La rumeur de cette liaison scandaleuse parvint à Daria Potemkina à Moscou. Consternée, la mère du prince tenta d'y mettre fin. Furieux, le Sérénissime jeta ses lettres dans la cheminée sans les lire.
Indulgente, Catherine taquinait Potemkine à propos de sa nièce maîtresse, ce qui traduit bien la liberté de leur relation : " Écoute, ma petite Varenka ne va pas bien du tout, c'est ton départ qui en est la cause. C'était très mal de ta part. Cela va la tuer, or, elle m'est de plus en plus chère. Ils veulent la saigner. "
La rusee jouait peut être à un double jeu avec le prince. Potemkine était toujours amoureux d'elle, mais il savait qu'il faudrait bien qu'elle se marie. Elle était désormais une femme, elle voulait vivre effectivement une autre vie. Elle avait déjà rencontré le prince Fédor Golitszyne, un autre représentant de cette famille aussi nombreuses que puissante, et était tombée amoureuse de lui.
Nous ne savons pas si Potemkine en eut le cœur brisé pendant longtemps, mais il savait en tout cas décidé que ses nièces devraient faire de riches mariages, leur attribuant des fortunes pour faciliter les choses. La liaison dut donc prendre fin au nom du devoir familial. " Maintenant tout est fini, lui écrivait-elle. Je m'y suis attendue à tout instant depuis un mois, quand j'ai commencé à remarquer ton changement d'attitude envers moi. Je te renvois toutes tes lettres. " Mais les torts étaient semble t-il partagés. " Si je me suis mal comportée, dit-elle souvient toi qui en fut la cause. "
Potemkine se montra généreux. En septembre 1778, il obtint que le prince Golitszyne l'épouse. En janvier 1779, comme pour tous les mariages des Engelhardt, l'impératrice assista aux noces de Varvara. Varvara et Potemkine restèrent proches tout au long de sa vie, et elle continua à lui écrire des lettres galantes et affectueuses. Elle signait toujours : " Le petit chat de Grichenka. "
Varvara et Serge Golitszyne vécurent heureux et eurent dix enfants. L'impératrice et le Sérénissime furent marraine et parrain de l'aîné, baptisé Grigori, et qui naquit cette année là. Les contemporains ont laissé entendre qu'il était le fils de Potemkine. C'était fort possible, puis adulte, Grigori Golitszyne afficha une étrange ressemblance avec son grand-oncle - encore un mystère de la consanguinité. "
" Au lendemain du mariage de Varvara, " Alexandra Engelhardt semblait avoir un pouvoir encore plus grand " sur Potemkine. Apparemment, le prince s'était tourne vers la nièce avec laquelle il avait le plus en commun. Leurs contemporains étaient convaincus qu'ils étaient amants. Alexandra, ou " Sachenka " était " une jeune femme d'une personnalité très agréable, de bonne composition et d'une aptitude très supérieure à mener des intrigues de cour ".
Sachenka devint inséparable de l'impératrice et du Sérénissime. La position de Sachenka en tant que membre non officiel de la famille impériale était encore reconnue quarante ans plus tard. Elle devint l'hôtesse de Potemkine. Femme d'affaires efficace, elle gagna des millions en vendant des céréales et du bois - et, pourtant, elle était célèbre pour sa générosité envers ses serfs. A la fin de 1779, la relation intense entre Potemkine et Sachenka prit fin, mais ils restèrent très proches.
Le prince s'engagea dans une relation durable avec la cinquième sœur Ekaterina. Ekaterina ou " le chaton " comme l'appelaient l'impératrice et Potemkine, était la Vénus d'une famille de beautés. " Gracieusement dotée d'un visage ravissant, écrivait Vigee-Lebrun et d'une douceur angélique, elle avait un charme irrésistible. Elle était inculte et peu curieuse, mais tout à fait séduisante. Elle était trop rêveuse et passive pour lui, qui ne tombait amoureux que de femmes passionnées ou calculatrice MS. Ainsi, si elle fut celle des trois qu'il aimait le moins, c'est avec elle qu'il resta le plus longtemps. "
Hé bien, hé bien, il est bien difficile et impossible de concevoir ces liaisons incestueuses à nos yeux de contemporains ! Même si le recul de l'étude du temps et la compréhension du contexte, reste indispensable pour tout amateur ou spécialiste en histoire, ce scandale n'en demeure pas moins.
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Merci Dominique...
Est-ce bien ce portrait ? Je ne vois pas de miroir, mais un médaillon.
Conservé au Musée Jacquemart André, il est dit dans la note descriptive :
Le modèle regarde, songeuse, un médaillon qu’elle tient dans sa main gauche. Sur celui-ci, se trouve le portrait de son mari, Comte Skavronsky, ambassadeur de Russie.
Mais ce que je vois, c'est que c'est yeux ne se portent pas davantage sur le prétendu portrait de l'époux...
Portrait de la comtesse Skavronskaïa
Elisabeth Vigée Le Brun, 1790
Source : http://www.musee-jacquemart-andre.com/fr/oeuvres/portrait-comtesse-catherine-skavronskaia
Sauf erreur de ma part, à nouveau un portrait de cette même Catherine de qui Elisabeth Vigée Le Brun disait :
La comtesse était douce et jolie comme un ange... Le jour, elle restait constamment oisive ; elle n’avait aucune instruction, et sa conversation était des plus nulles : en dépit de tout cela, grâce à sa ravissante figure et à une douceur angélique, elle avait un charme invincible.
En effet...
Portrait de la comtesse Skavronskaia (1761-1829)
Dame d’honneur de l'impératrice Catherine II
Elisabeth Vigée Le Brun, 1796
Photo : Musée du Louvre
Dominique Poulin a écrit:
La cinquième sœur était la paisible et passive Ekaterina, incarnation idéale du physique familial : son portrait par Vigee-Lebrun en 1790 nous montre son visage séraphique encadré de boucles d'un blond auburn et chaud, en train de se comte moment dans un miroir.
Enfin, Tatiana était la plus jeune - elle n'avait que sept ans en 1776 - mais en grandissant, elle devint aussi belle et intelligente qu'Alexandra.
Est-ce bien ce portrait ? Je ne vois pas de miroir, mais un médaillon.
Conservé au Musée Jacquemart André, il est dit dans la note descriptive :
Le modèle regarde, songeuse, un médaillon qu’elle tient dans sa main gauche. Sur celui-ci, se trouve le portrait de son mari, Comte Skavronsky, ambassadeur de Russie.
Mais ce que je vois, c'est que c'est yeux ne se portent pas davantage sur le prétendu portrait de l'époux...
Portrait de la comtesse Skavronskaïa
Elisabeth Vigée Le Brun, 1790
Source : http://www.musee-jacquemart-andre.com/fr/oeuvres/portrait-comtesse-catherine-skavronskaia
Dominique Poulin a écrit:
Le prince s'engagea dans une relation durable avec la cinquième sœur Ekaterina. Ekaterina ou " le chaton " comme l'appelaient l'impératrice et Potemkine, était la Vénus d'une famille de beautés. " Gracieusement dotée d'un visage ravissant, écrivait Vigee-Lebrun et d'une douceur angélique, elle avait un charme irrésistible. Elle était inculte et peu curieuse, mais tout à fait séduisante. Elle était trop rêveuse et passive pour lui, qui ne tombait amoureux que de femmes passionnées ou calculatrice MS. Ainsi, si elle fut celle des trois qu'il aimait le moins, c'est avec elle qu'il resta le plus longtemps. "
Sauf erreur de ma part, à nouveau un portrait de cette même Catherine de qui Elisabeth Vigée Le Brun disait :
La comtesse était douce et jolie comme un ange... Le jour, elle restait constamment oisive ; elle n’avait aucune instruction, et sa conversation était des plus nulles : en dépit de tout cela, grâce à sa ravissante figure et à une douceur angélique, elle avait un charme invincible.
En effet...
Portrait de la comtesse Skavronskaia (1761-1829)
Dame d’honneur de l'impératrice Catherine II
Elisabeth Vigée Le Brun, 1796
Photo : Musée du Louvre
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Dominique Poulin a écrit:Ce n'est pas un hasard si Varvara devint sa maîtresse, car elle était la séductrice et lui le héros de la famille.
(...)
Potemkine se montra généreux. En septembre 1778, il obtint que le prince Golitszyne l'épouse. En janvier 1779, comme pour tous les mariages des Engelhardt, l'impératrice assista aux noces de Varvara. Varvara et Potemkine restèrent proches tout au long de sa vie, et elle continua à lui écrire des lettres galantes et affectueuses. Elle signait toujours : " Le petit chat de Grichenka. "
Sauf erreur de ma part, la voici, l'année de son mariage donc...
PORTRAIT OF PRINCESS VARVARA GOLITSYNA
By Dmitry Grigorievich Levitsky, dated 1779
Varvara Vasilievna Golitsyna, née von Engelhardt (1757/1761–1815) was one of Prince Georgy Potemkin’s four nieces. She and her sisters were presented at the Imperial court in 1775 and two years later Varvara became a lady-in-waiting to Catherine the Great. Varvara was always a favourite of Potemkin, who in his private correspondence called her ‘treasure’ and ‘divine Varyushka (...)
Source : http://www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/2015/russian-pictures-l15115/lot.10.html
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Si les portraits d'Ekaterina sont sublimes, celui de Varvara est décevant.
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Oui ... ne casse pas trois pattes à un canard !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Ah ! C'est que tous les peintres n'ont pas le talent d'Elisabeth Vigée Le Brun...
Vous préférez ce portrait-ci, je suppose ?
Varvara von Engelhardt
From the book Russian portraits of the 18th and 19th centuries (Edition of Grand Duke Nicholas Mikhailovich of Russia)
Afin de ne pas briser le mythe, je vous ai épargné certains portraits .
Ben ouais, l'âge et les friandises, que voulez-vous...
Et toujours sauf erreur de ma part (parce que les noms russes... )
La même une année après son mariage. Ah bon ?
Barbara Golicyn
Par Johann Baptist von Lampi, 1780
Et un peu plus tard encore...
Varvara Vasilievna Golitsyna, née Engelhardt.
Par Giovanni Battista Ortolani Damon
Notons que sur le portrait présenté chez Sotheby's la couleur des yeux est marron, pas sur ces autres, me semble-t-il.
Vous préférez ce portrait-ci, je suppose ?
Varvara von Engelhardt
From the book Russian portraits of the 18th and 19th centuries (Edition of Grand Duke Nicholas Mikhailovich of Russia)
Afin de ne pas briser le mythe, je vous ai épargné certains portraits .
Ben ouais, l'âge et les friandises, que voulez-vous...
Et toujours sauf erreur de ma part (parce que les noms russes... )
La même une année après son mariage. Ah bon ?
Barbara Golicyn
Par Johann Baptist von Lampi, 1780
Et un peu plus tard encore...
Varvara Vasilievna Golitsyna, née Engelhardt.
Par Giovanni Battista Ortolani Damon
Notons que sur le portrait présenté chez Sotheby's la couleur des yeux est marron, pas sur ces autres, me semble-t-il.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
C'est probablement le portrait que vous dévoilez LNLN pour le miroir qui n'est en fait qu'une miniature.
Dernière édition par Dominique Poulin le Mer 04 Avr 2018, 12:24, édité 1 fois
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
C'est comme vous préférez !
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Varvara du moins pour ses grâces, heu non !
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Et bien quelle histoire avec ces 5 soeurs !!!!
Qu'elles auraient été les réactions des français si cela c'était passé à la Cour de France avec Louis XVI. Marie-Antoinette à côté était un MODELE DE DROITURE ET DE FIDELITE, même avec Axel de Fersen.
Qu'elles auraient été les réactions des français si cela c'était passé à la Cour de France avec Louis XVI. Marie-Antoinette à côté était un MODELE DE DROITURE ET DE FIDELITE, même avec Axel de Fersen.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Trianon a écrit:
Marie-Antoinette à côté était un MODELE DE DROITURE ET DE FIDELITE, même avec Axel de Fersen.
... surtout avec Axel de Fersen, Tritri ! un peu flirt avec tous les autres, mais fidèle à un seul .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Mme de Sabran a écrit:Trianon a écrit:
Marie-Antoinette à côté était un MODELE DE DROITURE ET DE FIDELITE, même avec Axel de Fersen.
... surtout avec Axel de Fersen, Tritri ! un peu flirt avec tous les autres, mais fidèle à un seul .
Oui, effectivement, vous m'arrachez les mots de la bouche. C'est là qu'on voit la grandeur d'âme de ces 2 personnages.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
La chère Mme Varvara s'est enrobée peut-être aussi à cause de nombreuses grossesses (friandises dites-vous LNLN ?) ? même s'il semble sur le portrait de EVL qu'elle était déjà plutôt grassouillette mais quand même......
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Ce n'est pas la même, chère Trianon. Celle du portrait dEVLB est sa soeur...Trianon a écrit:La chère Mme Varvara s'est enrobée peut-être aussi à cause de nombreuses grossesses (friandises dites-vous LNLN ?) ? même s'il semble sur le portrait de EVL qu'elle était déjà plutôt grassouillette mais quand même......
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Je poursuis l'illustration de votre sujet, cher Dominique...
Et toujours sauf erreur de ma part, voici Alexandra. J'espère que les portraits vous plairont...
Portrait de la comtesse Branicka, née Engelhardt (1754-1838)
Dame d'honneur de Catherine II, épouse du comte François-Xavier Branicki
Comtesse Alexandra Branitskya
Par Joseph Maria Grassy, 1793
Countess Alexandra Branicka With Her Children
Par Angelika Kauffmann
Dominique Poulin a écrit:
" Au lendemain du mariage de Varvara, " Alexandra Engelhardt semblait avoir un pouvoir encore plus grand " sur Potemkine. Apparemment, le prince s'était tourne vers la nièce avec laquelle il avait le plus en commun. Leurs contemporains étaient convaincus qu'ils étaient amants. Alexandra, ou " Sachenka " était " une jeune femme d'une personnalité très agréable, de bonne composition et d'une aptitude très supérieure à mener des intrigues de cour ".
Et toujours sauf erreur de ma part, voici Alexandra. J'espère que les portraits vous plairont...
Portrait de la comtesse Branicka, née Engelhardt (1754-1838)
Dame d'honneur de Catherine II, épouse du comte François-Xavier Branicki
Comtesse Alexandra Branitskya
Par Joseph Maria Grassy, 1793
Countess Alexandra Branicka With Her Children
Par Angelika Kauffmann
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Merci LNLN !
C’est la Comtesse Branicka qui hérita du fameux diamant Potemkine, offert par l’impératrice à son favori.
J’en parlais justement dans le sujet sur le Trianon de la Comtesse d’Artois
Wiki en parle également ici :
https://en.m.wikipedia.org/wiki/Empress_Eugénie_(diamond)?wprov=sfti1
C’est la Comtesse Branicka qui hérita du fameux diamant Potemkine, offert par l’impératrice à son favori.
J’en parlais justement dans le sujet sur le Trianon de la Comtesse d’Artois
Wiki en parle également ici :
https://en.m.wikipedia.org/wiki/Empress_Eugénie_(diamond)?wprov=sfti1
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
On l'achète à 2 Momo ?
Dites-moi ce diamant a 120 facettes !! Chapeau pour celui qui les a comptées.
Dites-moi ce diamant a 120 facettes !! Chapeau pour celui qui les a comptées.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Dominique Poulin a écrit:
Nadejda avait quinze ans, et elle était à la fois rousse et basanée. Elle devait souffrir d'être le vilain petit canard d'une famille de cygnes, mais Potemkine n'en fit pas moins d'elle une demoiselle d'honneur comme les autres.
La voici...
Nadejda von Engelhardt, épouse du colonel Pavel Izmaïlov, mort en 1781, puis de Piotr Chepelev (1737-1828)
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Nadejda a un visage un peu asiatique je trouve. Merci LNLN.
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Dominique Poulin a écrit: " Vous aurez une idée de la morale russe, declare Corberon à Versailles ou régnait le prude nouveau roi Louis XVI, par la façon qu'a le prince Potemkine de protéger ses nièces. " Pour mieux souligner l'horreur de cette situation immorale, il ajouta dans un frisson : " Il en une qui n'a pas douze ans et qui subira sans aucun doute le même sort. "
Enfin la petite dernière, mais qui n'a pas douze ans sur le portrait ci-après...
Tatiana von Engelhardt, épouse du prince Mikhaïl Potemkine, puis du prince Nicolas Youssoupoff
Elisabeth Vigée Le Brun, 1797
Portrait de la princesse Tatiana Vasilievna Yusupova
Jean-Louis Voile
Et bien plus tard...
Yusupova Tatyana Vasilievna (née Engelhardt), nièce du Saint-Prince GA Potemkin-Tauride
Kristina Robertson, 1841
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Merci pour tous ces portraits !
Que de recherches !
Je trouve comme Dominique que Nadejda a un visage un peu asiatique, comme beaucoup de russes du reste.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Non, pas tant que ça. Merci Google...Mme de Sabran a écrit:
Que de recherches !
Ceci dit, les noms russes et francisés, c'est un cauchemar !
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Suite de la saga des nièces de Potemkine sous la plume de Simon Sebag Montefiore :
" A la fin de 1780, les diplomates affirmerent que le "harem familial" de Potemkine avait provoqué une " querelle diabolique " à la cour. Varvara, obstinée et d'une arrogante respectabilité maintenant qu'elle était mariée, exprima son point de vue sur la vie de l'impératrice. Cette maladresse brutale irrita Catherine. Varvara aggrava encore son cas en clamant haut et fort que le fait d'avoir dit la vérité ne méritait pas le knout. Potemkine était tout aussi furieux et il l'a renvoya sur le domaine de Golitszyne.
A ce moment gênant, Ekaterina, " l'ange incarné ", serait tombée enceinte de son oncle . Le docteur Rogerson lui prescrivit de prendre les eaux dans une station thermale. Le Sérénissime persuadua Varvara d'emmener sa sœur. Avec son habileté coutumière, il donna l'impression que Varvara se contentait d'accompagner sa sœur pour des raisons médicales au lieu d'être exilée, et qu'Ekaterina, elle, n'etait pas renvoyée pour cacher son ventre, mais partait simplement en voyage avec les Golitszyne. Le temps qu'elle s'en aille, elle aurait déjà été enceinte de six mois.
Catherine eut alors une idée qui bouleversa un peu plus Potemkine et déclencha une nouvelle dispute. Quand Ekaterina fut nommée demoiselle d'honneur durant l'été 1777, elle attira immédiatement l'attention de Bobrinski, le fils de Catherine et du prince Orlov, au grand amusement de l'impératrice qui plaisanta à ce sujet dans ses lettres à Potemkine. Bobrinski tomba amoureux de la jeune fille. L'impératrice, selon Corberon, lui avait même promis qu'il pourrait l'épouser. Bobrinski était un séducteur sans envergure, victime de sa naissance qui faisait de lui à la fois tout et rien . Beaucoup de bâtards royaux menaient de brillantes carrières à l'époque, mais ce ne fut pas le cas de Bobrinski, qui était un bon à rien notoire . Refusa t-il finalement d'épouser une jeune fille enceinte de son oncle ? Ou Potemkine s'y opposa t-il parce qu'il considérait Bobrinski comme un imbécile et pire encore, un Orlov ? Ce casse-tête éthique, sexuel et familial nous permet d'entrevoir un peu de la moralité qui régnait à la cour.
Ekaterina revint quand à elle sans l'ombre d'un bébé, pour ce que l'on en sait. (On s'en doute ! )
La plus jeune nièce, Tatiana, était déjà " pleine d'esprit " quand, âgée de douze ans en 1781, elle fut nommée demoiselle d'honneur. Elle ne devint jamais sa maîtresse.
Tout le clan Potemkine était traité comme un membre de la famille de Catherine, dont faisait également partie Lanskoi, son amant. L'impératrice se souciait non seulement des sœurs Engelhardt, mais aussi d'autres représentants de la famille de Potemkine - son cousin Pavel Potemkine, après avoir servi contre Pougatchev, devint vice-roi du Caucase, et son frère Mikhail inspecteur en chef du collège de la Guerre et l'un des intimes de Catherine. Le vaillant neveu du prince, Alexandre Samoilov, fils de sa sœur Maria, devint secrétaire du Conseil d'Etat et un général "courageux mais inutile".
On a le sentiment que, loin des luttes politiques, l'impératrice, dans une certaine mesure, avait réussi à créer une famille recomposée autour de ses - ou, comme elle le disait "nos" - " parents " Potemkine et de son bien aimé Lanskoi. Elle avait choisi sa famille comme d'autres choisissent leurs amis. Il y avait une symétrie entre les favoris de Catherine et les nièces de Potemkine. Quand la politique devenait plus sereine, elle traitait les nièces comme ses filles et les favoris comme ses fils. Ensemble, ils étaient presque les enfants de ce mariage sans enfant et si peu conventionnel. "
Oui, il semblerait pourtant que Catherine et Grigori Potemkine aimaient beaucoup les très jeunes gens dont ils avaient au moins le double d'age. Le trône et la puissance confèrent des libertés au dessus des simples mortels apparemment , mais coucher et concevoir des enfants avec ses nièces, cela ne se conçoit pas . Pourquoi eut-il donc l'idée scabreuse d'en séduire au moins deux, alors que son nom brillait comme un firmament pour la plupart des femmes de la Cour et au-delà ? Étrange, mais bien réel pourtant !
" A la fin de 1780, les diplomates affirmerent que le "harem familial" de Potemkine avait provoqué une " querelle diabolique " à la cour. Varvara, obstinée et d'une arrogante respectabilité maintenant qu'elle était mariée, exprima son point de vue sur la vie de l'impératrice. Cette maladresse brutale irrita Catherine. Varvara aggrava encore son cas en clamant haut et fort que le fait d'avoir dit la vérité ne méritait pas le knout. Potemkine était tout aussi furieux et il l'a renvoya sur le domaine de Golitszyne.
A ce moment gênant, Ekaterina, " l'ange incarné ", serait tombée enceinte de son oncle . Le docteur Rogerson lui prescrivit de prendre les eaux dans une station thermale. Le Sérénissime persuadua Varvara d'emmener sa sœur. Avec son habileté coutumière, il donna l'impression que Varvara se contentait d'accompagner sa sœur pour des raisons médicales au lieu d'être exilée, et qu'Ekaterina, elle, n'etait pas renvoyée pour cacher son ventre, mais partait simplement en voyage avec les Golitszyne. Le temps qu'elle s'en aille, elle aurait déjà été enceinte de six mois.
Catherine eut alors une idée qui bouleversa un peu plus Potemkine et déclencha une nouvelle dispute. Quand Ekaterina fut nommée demoiselle d'honneur durant l'été 1777, elle attira immédiatement l'attention de Bobrinski, le fils de Catherine et du prince Orlov, au grand amusement de l'impératrice qui plaisanta à ce sujet dans ses lettres à Potemkine. Bobrinski tomba amoureux de la jeune fille. L'impératrice, selon Corberon, lui avait même promis qu'il pourrait l'épouser. Bobrinski était un séducteur sans envergure, victime de sa naissance qui faisait de lui à la fois tout et rien . Beaucoup de bâtards royaux menaient de brillantes carrières à l'époque, mais ce ne fut pas le cas de Bobrinski, qui était un bon à rien notoire . Refusa t-il finalement d'épouser une jeune fille enceinte de son oncle ? Ou Potemkine s'y opposa t-il parce qu'il considérait Bobrinski comme un imbécile et pire encore, un Orlov ? Ce casse-tête éthique, sexuel et familial nous permet d'entrevoir un peu de la moralité qui régnait à la cour.
Ekaterina revint quand à elle sans l'ombre d'un bébé, pour ce que l'on en sait. (On s'en doute ! )
La plus jeune nièce, Tatiana, était déjà " pleine d'esprit " quand, âgée de douze ans en 1781, elle fut nommée demoiselle d'honneur. Elle ne devint jamais sa maîtresse.
Tout le clan Potemkine était traité comme un membre de la famille de Catherine, dont faisait également partie Lanskoi, son amant. L'impératrice se souciait non seulement des sœurs Engelhardt, mais aussi d'autres représentants de la famille de Potemkine - son cousin Pavel Potemkine, après avoir servi contre Pougatchev, devint vice-roi du Caucase, et son frère Mikhail inspecteur en chef du collège de la Guerre et l'un des intimes de Catherine. Le vaillant neveu du prince, Alexandre Samoilov, fils de sa sœur Maria, devint secrétaire du Conseil d'Etat et un général "courageux mais inutile".
On a le sentiment que, loin des luttes politiques, l'impératrice, dans une certaine mesure, avait réussi à créer une famille recomposée autour de ses - ou, comme elle le disait "nos" - " parents " Potemkine et de son bien aimé Lanskoi. Elle avait choisi sa famille comme d'autres choisissent leurs amis. Il y avait une symétrie entre les favoris de Catherine et les nièces de Potemkine. Quand la politique devenait plus sereine, elle traitait les nièces comme ses filles et les favoris comme ses fils. Ensemble, ils étaient presque les enfants de ce mariage sans enfant et si peu conventionnel. "
Oui, il semblerait pourtant que Catherine et Grigori Potemkine aimaient beaucoup les très jeunes gens dont ils avaient au moins le double d'age. Le trône et la puissance confèrent des libertés au dessus des simples mortels apparemment , mais coucher et concevoir des enfants avec ses nièces, cela ne se conçoit pas . Pourquoi eut-il donc l'idée scabreuse d'en séduire au moins deux, alors que son nom brillait comme un firmament pour la plupart des femmes de la Cour et au-delà ? Étrange, mais bien réel pourtant !
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les nièces de Potemkine, les "presque grandes-duchesses"
Merci Dominique pour cette suite...
Il est mignon ce portrait...
Alexey Grigorievich Bobrinsky
Par Carl-Ludwig-Johann Christinek, vers 1769
Photo : State Hermitage Museum
Il voyagera dans toute l'Europe de 1782 à 1788 (dont pratiquement 3 ans à Paris), menant la belle vie avec ses amis...
Voici un portrait d'Alexey Bobrinsky, alors tout jeune.Dominique Poulin a écrit:Quand Ekaterina fut nommée demoiselle d'honneur durant l'été 1777, elle attira immédiatement l'attention de Bobrinski, le fils de Catherine et du prince Orlov, au grand amusement de l'impératrice qui plaisanta à ce sujet dans ses lettres à Potemkine.
Il est mignon ce portrait...
Alexey Grigorievich Bobrinsky
Par Carl-Ludwig-Johann Christinek, vers 1769
Photo : State Hermitage Museum
Il voyagera dans toute l'Europe de 1782 à 1788 (dont pratiquement 3 ans à Paris), menant la belle vie avec ses amis...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
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