Le collier dit de la reine Marie-Antoinette (L'affaire du collier de la reine), et ses répliques

Tant pis ! J'ouvre ici ce sujet plutôt que dans une autre rubrique...

A l'origine, les joailliers Charles-Auguste Boehmer et Paul Bassenge envisageaient que Louis XV pût offrir cet ultime présent à la comtesse Du Barry, mais le prix trop élevé demandé - 1 600 000 livres - n'attira aucun monarque ni grand seigneur.
Louis XVI pensa offrir ce collier à Marie-Antoinette, en 1778, lors de la naissance de Madame Royale.
Marie-Antoinette refusera ce collier à deux reprises.

Je n'entre pas ici dans les détails de cette affaire.
Voir notre sujet dédié :

Marie-Antoinette et l'Affaire du collier de la reine


Mais puisque nous en parlons dans la rubrique "En vente sur Ebay", un petit tour d'horizon de quelques répliques de ce célèbre collier...qui a donc existé, ne l'oublions pas !  
A quoi ressemblait-il ?

Nous connaissons plusieurs estampes dites représenter, avec exactitude, ce à quoi ressemblait le collier.


Représentation exacte du grand collier en brillants des sieurs Boehmer et Bassenge
Gravée d'après la grandeur des diamants
D’après Paul Bassenge et Charles-Auguste Boehmer
Ap. 1785 (XVIIIe siècle)
Gravure à l’eau forte
Photo : Château de Versailles (dist. RMN-GP) / C. Fouin

En version colorée...


Affaire du collier de la reine
«Représentation exacte du grand collier en brillants des sieurs Böhmer et Bassenge, gravé d'après la grandeur des diamants»
Gravure ancienne, rehaussée à l'aquarelle, conservée dans son cadre d'origine en bois doré.
Travail de la fin du XVIIIe siècle. H.: 43 cm - L.: 34, 5 cm

* Note : Coutau Begarie & Associés
* Photo : http://lehameaudemarieantoinette.blogspot.com/2018/03/il-gioiello-nella-storia-nella-moda-e.html

Ou encore cette autre, plus "grossière", et où l'on remarque davantage de perles dessinées...




Mais j'ignore de quand date précisément la gravure originale, et quelle est-elle ?  

Ce site internet, du " Vieux Papier - Société pour l'étude de la vie quotidienne à travers les documents et l'iconographie", présente un autre exemplaire et précise (extraits) :



Concernant l'affaire dite du « Collier de la Reine », nous avons pu admirer une gra­vure en taille douce (et en grandeur nature) du fameux collier, extraite des Mémoires de l'Abbé Georgel, le Collier dit de la Reine), ainsi qu'une suite de gravures en aquatinte représen­tant les portraits de principaux person­nages compromis dans cette affaire (le Cardinal de Rohan, le Comte de Cagliostro et son épouse Séraphina.
Voir ici : http://www.levieuxpapier-asso.org/reunion/4935

Or la première édition de ces Mémoires furent publiés en 1817.    
Passée récemment en ventes aux enchères, une version du collier aux rubans roses, cette fois-ci, mais même typographie pour le titre que l'exemplaire conservé à Versailles.

Mémoires pour servir à l'histoire des événemens de la fin du dix-huitième siècle, depuis 1760 jusqu'en 1806-1810, par un contemporain impartial
Paris, Alexis Eymery,
Delaunay, 1817-1818 6 volumes in-8



Note de la maison de vente :
Superbe exemplaire des Mémoires de Georgel, avec la fameuse planche gravée et coloriée du collier de la reine.
Edition originale, reliure de l'époque.
Demi-maroquin rouge à grain long, dos à quatre nerfs richement ornés, roulette dorée encadrant les plats.

Illustration : une grande planche repliée et coloriée représentant le collier de la reine en tête du tome 2.
Références : Fierro, 614 -- Tulard, 616.
Mémoires divisés en six sections. La première est consacrée à l'expulsion des Jésuites, la deuxième à la fin du règne de Louis XV, la troisième au règne de Louis XVI, la quatrième est consacrée à l'affaire du collier, la cinquième à la Révolution jusqu'en 1803, et la sixième au voyage de l'auteur en Russie, en 1799 et 1800.
« Ancien jésuite, secrétaire d'ambassade, grand vicaire à Strasbourg, déporté en Suisse sous la Révolution, il remplit diverses fonctions à la cour de Russie. C'est la partie la plus intéressante de ces mémoires » (Tulard).

* Source photo et texte : Pierre Bergé et Associés

J'imagine en effet que Boëhmer et Bassenge ont dessiné ce collier, et sans doute ces gravures sont-elles fidèles.

A noter que dès la fin du XVIIIe siècle, les représentations fantasques ne manquaient pas...

Nevers
Rare assiette à décor jaune et vert dit : "au collier de la Reine"
Représentant un collier de perles (dans la réalité il s'agissait de diamants) formant un M. Sur l'aile petits arceaux entre deux filets.
Fin du XVIIIe siècle.
D: 22,6 cm



Note au catalogue :
ll s'agit de la représentation stylisée mais très réaliste du fameux collier que le Cardinal de Rohan, berné par une intrigante Madame de la Motte, était censé avoir acheté pour la Reine; colossale escroquerie qui sera jugée par le Parlement de Paris en 1785, hostile à Marie Antoinette lequel blanchira le cardinal, et l'affaire du collier sera le premier signal des malheurs de la Reine. La révolution était en marche.
Il fut selon toute vraisemblance créé au moment où le Parlement de Paris a été saisi de l'affaire en 1785.
Dans la vente CHAVAILLON du 10 novembre 2002 trois exemplaires furent proposés.
Compte tenu de sa rareté il semble que ce décor qui portait atteinte à la Royauté n'eut pas à l'époque le succès escompté.
Ce décor au collier de la Reine existe avec des perles uniquement jaunes ou comme celui-ci avec des perles vertes et jaunes.
Modèle similaire au Musée National de la céramique à Sèvre

* Source image et texte : SVV Pescheteau-Badin




Voici donc quelques répliques modernes, au plus proche de ces gravures...

Présenté lors de l'exposition "Marie-Antoinette", à Versailles, en 1955.

Le collier de la reine
Reconstitution ancienne du célèbre collier de diamants dit "Collier de la reine".



Note au catalogue :
Le collier original était composé de 647 diamants, du poids de 2800 carats.
La reconstitution est rigoureusement identique au collier vendu par Boëhmer et Bassange en 1785, à l'exception des pierres qui sont en simili cristal de roche, elle appartient aux descendants des joailliers.
Exposition : Château de Nyon, Trésors du XVIIIe siècle, juin-Juillet 1951, n°78
Collection de Monsieur Lucien Baszanger.

Cette réplique ne semble pas être agrémentée de perles.


La réplique du collier conservée à Versailles, et créé au début des années 1960 par la Maison Burma.

C’est la première gravure postée dans ce sujet qui servit de modèle pour l’exécution de cette réplique avec des pierres semi-précieuses taillées à l’ancienne (tour de cou : cent quarante pièces ; guirlandes : cinq cent trente-cinq pièces) suivant l’idée émise par Alain Decaux en 1960.

Avec perles donc, cette fois-ci :


Fac similé du collier de la reine Marie-Antoinette, monté par Boehmer et Bassenge
Saphir blanc, perles, monture en argent, soie
D'après Bassenge, Paul (joaillier) et d'après Boehmer, Charles-Auguste (joaillier)
sous la direction de Laubie, Paulette (joaillier)
Guerrin, Albert (joaillier)
1960-1963
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin


Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

Note du site internet du musée :
Ce collier est une copie du collier dit "de la Reine" exécutée fidèlement d'après une gravure avec des saphirs blancs, imitation diamant, taillés et montés à la manière ancienne.
L'original, d'une valeur d'un million six cent mille livres, est à l'origine de "l'Affaire du collier".


Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

Réplique du collier dit "de la Reine" exécuté par les joailliers Boehmer et Bassenge (cf. gravure INV.GRAV 1455) et qui fut l'objet de l'escroquerie de Mme de la Motte amenant son arrestation et celle du cardinal de Rohan et un procès célèbre dit "affaire du collier".
Réplique réalisée par le joaillier Albert Guerrin de la Maison Burma à Paris, sous la direction de Paulette Laubie, en 1960-1963.
Don de madame Paulette Laubie en 1963.


Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin


Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin


Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

C'est ce collier qui fut exposé à l'occasion de l'exposition "Marie-Antoinette", au Grand Palais, Paris, en 2008.


Photo : Vue de l'expo marie Antoinette © Prises de vues : Rmn / Cristiano Mangione


Le collier présenté dans l’annonce de vente citée ici : Objets en vente sur Ebay


Photo : Ebay

Dont l’annonce précise, je cite :

Reconstitution
Création d'atelier PRIVILEGE-STEPHANE MARANT-PARIS 1994
Métal argenté et cristaux Swarovski collector "clear" et émail bleu "NATTIER" (bleu "Marie Antoinette")
Largeur 450mm/Hauteur 470mm approx
Stock d'atelier
Dimensions selon document représentatif du Musée des Arts Décoratifs


Photo : Ebay

Pièce qui a fait l'objet de nombreuses expositions à l'international
(figurant dans les catalogues avec photo) :
- Tokyo 1996 et 1998 expositions "MARIE ANTOINETTE O'TENNO"
- Boston "QUATRE SIECLES DE LUXE" 2002

- Japon (8 villes) 2012 exposition "MARIE ANTOINETTE"
- Château de Monte-Cristo 1994 "L'AFFAIRE DU COLLIER"
- Versailles bibliothèque historique 2006 exposition "MARIE ANTOINETTE femme réelle, femme mythique"

Pièce figurant dans de nombreuses publications dont :
- Beaux Arts magazine 2007 "MARIE ANTOINETTE, le triomphe de l'élégance et du luxe"
- "L'AFFAIRE DU COLLIER" couverture Evelyne Lever...

* Source images et textes, infos complémentaires, ici : Annonce Ebay

Dans le catalogue de l’exposition « Marie-Antoinette, femme réelle, femme mythique » (2006), en commentaire d’une image de ce collier, je lis :

Réplique moderne du "collier de la reine" des orfèvres Boehmer et Bassenge, vers 1770.
Métal argenté, cristal et émail, 1992, réalisé par Stéphane Marant, collection particulière.

Il n'y a pas de perles.


Le collier exposé au château de Breteuil
Puisqu'il ne s’agit donc pas du même que précédemment : à vu d’œil, la seule différence que je note sont les rubans de soie, et il n'est pas mentionné comme tel dans la référence biblio que j'ai citée, ni même, du reste, dans l'annonce de vente.  
Toujours sans les perles.


Photo : https://www.justacote.com/choisel-78460/musee/chateau-de-breteuil-928057.htm


Photo : https://es.m.wikipedia.org/wiki/Archivo:Collier_reine_Breteuil.jpg


Dans le film The Affair of the Necklace, réalisé en 2001, par Charles Shyer



Voir notre sujet : Film The Affair of the Necklace. Charles Shyer

La charmante actrice Hilary Swank, qui interprète le rôle de la comtesse de La Motte, portait alors une autre réplique de ce collier.



Les costumes (et probablement les accessoires ?) étaient de Milena Canonero, qui a notamment conçu ceux de Barry Lyndon de Stanley Kubrick, ou encore du Marie-Antoinette de Sofia Coppola...
J'ignore qui a fabriqué ce collier et ce qu'il est devenu ?
Sans aucune perle, à nouveau.

Oh, mais quelle excellente idée que l'ouverture de ce sujet !!!      

Ah ! Il n'est pas si mal celui-ci...
C'était quel film déjà ?

Je ne suis pas très "cinéma", il faut bien le dire. Je ne connais pas grand chose.

Nous avions présenté cette archive, revue de presse du film L'affaire du collier, de Marcel Lherbier



Voir notre sujet : Film : L'affaire du collier, de Marcel Lherbier

Le film date de 1946, mais le collier ressemble fort à celui que j'ai présenté en premier, et qui était exposé à Versailles lors de l'exposition "Marie-Antoinette" de 1955.



Réplique présentée alors comme celle des héritiers des joailliers !!

Une piste que j'aimerais bien creuser, notamment parce que je voudrais bien savoir :

- S'il existe une archive du dessin original des joailliers ou, du moins, quelle est la première gravure connue, et de quand date-t-elle ?
- Et si ce collier était également agrémenté de perles ou pas ?

Et bien, ce collier (beau, on ne peut le nier) n'a pas du tout mon adhésion, et je comprends très bien que la Reine ait toujours refusé de l'acheter.
Et puis, il y a des joailliers qui ont parfois un peu trop des idées de grandeur.

Merci LNLN. Rigoureux, limpide et exhaustif, comme toujours !!!

Gouverneur Morris a écrit:
Merci LNLN. Rigoureux, limpide et exhaustif, comme toujours !!!

...   comme toujours !    

La nuit, la neige a écrit:
Ah ! Il n'est pas si mal celui-ci...
C'était quel film déjà ?

Il s'agit du film de GeorgeCuckor,  1940,  The Philadelphia Story,  éblouissante distribution !!!
C'est Virginia Weidler, la désopilante petite Dinah Lord  qui joue les pétassines en se parant du fameux collier ( en strass ), pour bluffer James Stewart ( journaliste très remonté contre les riches ).  
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2528p25-marie-antoine-vue-a-l-arriere-plan-dans-les-films?highlight=PLAN

Merci pour ce beau sujet. 

La réplique du collier de Boehmer & Bassenge est exposée au 2ème étage des cabinets intérieurs de Marie-Antoinette à Versailles . Je l'avais prise en photo il y a quelques années :

Desolée de dire qu'en conclusion, le collier n'était pas pratique à porter vu la structure, vu le modèle! De plus il ne me plaît guère!

Il fait presque clinquant, on le croirait monté pour le poitrail d'un cheval de cirque.  Non?    Marie-Antoinette aurait eu l'air d'un sapin de noël avec une parure aussi ostentatoire.

Je confirme Monsieur de la Pérouse, vous avez l'œil

Monsieur de la Pérouse a écrit:Il fait presque clinquant, on le croirait monté pour le poitrail d'un cheval de cirque.  Non?    Marie-Antoinette aurait eu l'air d'un sapin de noël avec une parure aussi ostentatoire.

Gouverneur Morris a écrit:Je comprends de différentes publications sur les réseaux sociaux que Stéphane Bern nous concocte un numéro spécial de SH sur le sujet !

Super !  

En vérifiant sur Google images, je suis tombé sur ce film de 1962 que je ne connaissais pas :



En revanche j'ai vu le film de 1946 que j'ai bien aimé :



et aussi le film américain plus récent :



qui n'est pas mal non plus.

Tant que j'y suis, je poste ici des images d'archives de colliers créés par la Maison Cartier au début du 20e siècle et inspirés de celui de " l'affaire. "

Celui de droite fut créé pour la célèbre courtisane Caroline Otero (1868-1965), dite " La belle Otero " qui, pourtant, terminera ses jours dans la pauvreté.  

Cartier Belle Epoque necklaces
Images : https://www.instagram.com/cartierarchivist/

" La belle Otero " qui, pourtant, terminera ses jours dans la pauvreté.

Splendeur et misère des courtisanes...
En tous cas, si comme le veut la légende, les coupoles du Negresco (ou du Carlton, je sais plus) ont été conçues suivant la forme de ses seins, elle devait avoir les seins pointus...

Je viens de terminer une biographie du cardinal de Rohan. Le collier a été fractionné et le "Comte de la Motte" est parti à Londres et à vendu à deux joailliers quelques pierres, des agents français en ont eu la confirmation. Que sont devenus ces pierres, les seules dont on aurait gardé la trace peut-être ?????

Disparues dans la nature...

... Mais c'est pas compliqué, ces pierres ont été remontées sur d'autres parures, puis démontées avant d'être remontées... Ainsi va le destin des pierres précieuses.
Quelques " pistes ", peut-être, leur valeur en carat, leur taille, leur éclat... C'est un travail d'une équipe d'experts, et le résultat est loin d'être garanti.

Ceci dit, ce collier était hideux, trop de pierres, trop large, trop grand. Les plus grandes reines d'Europe n'en voulaient pas...

Vue à la Biennale, la maquette originale, aux 2/3 et en cristal de roche taillé, du fameux collier ! Cette maquette est celle que les joailliers présentaient aux différents souverains et princes pouvant potentiellement l’acquérir. Elle n’a jamais quitté la famille Bassange jusqu’à aujourd’hui !







Clichés personnels

Merci pour ces belles photos en exclusivité !
Ainsi donc les Baszanger actuels (Bassange) vendent quelques "bijoux de famille" ?

J'évoquais tout récemment la mise en vente aux enchères d'un...

Portrait de Marie-Antoinette en buste, robe de velours bleu, dans le goût d'Elisabeth Vigée Le Brun

...acquis par Lucien Baszanger (1890-1971), un descendant de Paul Bassenge. Vous retrouverez dans ce sujet l'histoire (moderne) de cette famille et notamment une image d'archive dudit collier.


Je déplacerai sans doute le tout dans notre sujet :

Le collier dit de la reine Marie-Antoinette et ses répliques

...où le "collier Bassenge" est encore présenté avec une photo ancienne prise lors de son exposition à Versailles, en 1955.

C'est curieux ; le collier paraît un peu à l'étroit dans ce beau cadre .

Merci LNLN

Merci à tous les deux .

Parfois ( mais pas dans cette reproduction originale ) des perles sont mêlées aux pierres.

La nuit, la neige a écrit:
Je déplacerai sans doute le tout dans notre sujet :

Le collier dit de la reine Marie-Antoinette et ses répliques

...   dans lequel justement tu nous présentais cette réplique du célébrissime collier,  dans son cadre d'origine. Mais il s'agissait d'une vieille photographie en noir et blanc .  
Celle de Momo est splendide !

La nuit, la neige a écrit:

Présenté lors de l'exposition "Marie-Antoinette", à Versailles, en 1955.

Le collier de la reine
Reconstitution ancienne du célèbre collier de diamants dit "Collier de la reine".



Note au catalogue :
Le collier original était composé de 647 diamants, du poids de 2800 carats.
La reconstitution est rigoureusement identique au collier vendu par Boëhmer et Bassange en 1785, à l'exception des pierres qui sont en simili cristal de roche, elle appartient aux descendants des joailliers.
Exposition : Château de Nyon, Trésors du XVIIIe siècle, juin-Juillet 1951, n°78
Collection de Monsieur Lucien Baszanger.

Gouverneur Morris a écrit:
Cette maquette est celle que les joailliers présentaient aux différents souverains et princes pouvant potentiellement l’acquérir.

Hormis Mme du Barry et Marie-Antoinette, à quels autres acheteurs potentiels Bœhmer et Bassange ont-ils présenté ce joyau, le savons-nous ? Ce doit être consigné dans les archives de ces bijoutiers, je suppose.

J'ai déplacé dans ce sujet les messages récemment postés dans celui relatif à L'affaire dite du collier de la reine afin donc de présenter ici la photo inédite de l'une des répliques du collier parmi celles que nous avons déjà publiées dans ce sujet.



Cette réplique du collier est intéressante car elle appartenait un temps, est-il précisé sur la cadre, à Lucien Baszanger.

Une même provenance que nous retrouvions au sujet d'un tableau, récemment vendu aux enchères, et que nous présentions longuement ICI avec pour informations complémentaires :

Note au catalogue a écrit:


Provenance : Acquis par Lucien Baszanger (1890-1971), avant 1953 ; puis par descendance à l'actuelle propriétaire.

Ce nom ne vous dit-il rien ?

Lucien Baszanger est un descendant de Paul Bassenge, l'associé de Charles Boehmer, les deux joailliers compromis dans la célèbre affaire du collier de la reine    

Voici un extrait d'un article publié sur le site de la Maison Baszanger - Historique, marque joaillère historique et familiale qui remonte au 18e siècle, co-dirigée par Yaël Baszanger, la petite fille de Lucien Baszanger :

À PROPOS DE BASZANGER

En 1771, Paul Bassange et Charles Boehmer, joailliers de la cour royale de France, ouvrent leur commerce Place Vendôme à Paris, où ils prospèrent grâce à leur notoriété grandissante. Suite à la retentissante “Affaire du Collier" (expliqué ici) Bassange et Boehmer sont ruinés.
Après la Révolution française et la mort de son associé, Paul Bassange quitte Paris et s’établit comme diamantaire en Hollande, à Amsterdam.

Un siècle plus tard, l’un de ses descendants, Lucien Baszanger (le nom Bassange porte désormais une orthographe hollandaise et s’écrit Baszanger) diamantaire et collectionneur de pierres rares, tombe gravement malade lors d’un séjour à Ceylan. Son médecin lui prescrit une cure thermale dans les bains glacés de l’Arve, à Genève, en Suisse. Il y rencontre sa future épouse et en 1915 ouvre sa bijouterie spécialisée dans les perles fines.

Lucien Baszanger et vue de l'ancienne boutique Baszanger de Genève

De ce mariage naît un fils, André Baszanger, joailler à son tour, et père de Yaël Baszanger, sixième génération et première femme de cette lignée prestigieuse. Aujourd’hui, Baszanger poursuit son histoire au féminin: Yaël Baszanger et Semaja Fulpius on relancé la Maison en 2016.


* Source et infos complémentaires : https://baszanger.com

Ne pas confondre avec une autre maison de haute joaillerie contemporaine, du nom de Boehmer & Bassenge, que nous présentions dans ce sujet :

Boehmer & Bassenge, maison de haute joaillerie contemporaine

Gouverneur Morris a écrit:Vue à la Biennale, la maquette originale, aux 2/3 et en cristal de roche taillé, du fameux collier !

Cette maquette est celle que les joailliers présentaient aux différents souverains et princes pouvant potentiellement l’acquérir. Elle n’a jamais quitté la famille Bassange jusqu’à aujourd’hui !

Suite à mon précédent message, je reviens commenter cette présentation de la "maquette" du fameux collier car elle me surprend.    

- Cette réplique du collier serait dans les mains de la famille Bassange depuis le 18e siècle ? La mention sur le cadre signale seulement la "collection Lucien Baszanger", l'un des descendants du joaillier, celui qui a ouvert une bijouterie à Genève, un siècle plus tard la ruine de son aïeul suite au scandale de "l'affaire". Voir sa biographie ci-dessus.

Nous retrouvons le collier encadré, ici photographié à l'occasion de l'exposition "Marie-Antoinette", en 1955, au château de Versailles.


Tirage de presse en noir et blanc montrant un gardien du musée présentant la réplique du collier de la Reine à des écoliers
Image : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin


- Aussi, le collier original est également composé de perles.

Je cite l'article Wikipedia - Affaire du collier :

(...) ce grand collier de diamants adopte une composition élaborée dite « en esclavage ». Un rang de 17 diamants de 5 à 8 carats forme un trois-quarts de cou qui se ferme dans le dos par des bandelettes de soie. Il soutient trois festons garnis de six solitaires en pendentifs taillés en poire. Sur les côtés, deux longs rubans de trois rangs de diamants passent sur les épaules et retombent dans le dos. Les deux rubans du milieu se croisent à la naissance des seins sur un solitaire de 12 carats entouré de perles pour retomber en panicule et s'achever, comme les rubans latéraux, par des mailles et des franges de diamants surmontées de nœuds de rubans bleus. Le bijou de 2 842 carats compte une centaine de perles et 674 diamants d'une pureté exceptionnelle taillés en brillants ou en poires. Il constitue la plus importante réunion de diamants dans l'histoire de la joaillerie.

Les perles sont visibles sur les gravures du temps que nous avons déjà présentées dans ce sujet, comme celle-ci par exemple :

Représentation exacte du grand collier en brillants
Published by Taunay, ca 1785
Engraving, hand-coloured
Image ; Bristish Museum

Perles que nous retrouvons sur une autre réplique du collier celle réalisée par le joaillier Albert Guerrin de la Maison Burma (Paris), sous la direction de Paulette Laubie, en 1960-1963.


Fac similé du collier monté par Boehmer et Bassenge
Exécuté fidèlement d'après une gravure avec des saphirs blancs imitation diamant taillés et montés à la manière ancienne
Saphir, soie (textile), perle (matériau), orfèvrerie (technique)
Image : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Marc Manaï


Image : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Marc Manaï

Si les gravures sont à considérer comme une illustration de référence du collier original, alors la dite "maquette" que Boehmer et Bassenge étaient supposés présenter à leurs rares et prestigieux clients (on se demande d'ailleurs pourquoi une copie d'ailleurs plutôt que le collier orginal ? ) est bien moins fidèle que la copie Burma.

Il donc manque les perles et le nombre de gros cailloux n'y est pas (en particulier dans la partie supérieure).


Répresentation Exacte du Grand Collier en Brillants des Srs. Boëhmer et Bassenge
Gravure, ca 1785
Image = The Metropolitan Museum of Art