L'affaire du collier de la reine
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L'affaire du collier de la reine
L’affaire du collier de la reine est une escroquerie qui a pour victime, en 1785, le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, et qui éclaboussa la réputation de Marie-Antoinette.
En 1772, Louis XV souhaite faire un cadeau à Madame du Barry. Il demande aux joailliers parisiens Bœhmer et Bassange de créer un collier de diamants inégalable. Cela prend aux bijoutiers un temps certain, du fait de la qualité des pierres à collecter ; Louis XV mourut entretemps.
Le tout coûtait 1 600 000 livres... Peu de personnes devenaient aptes à y prétendre , donc.
Et c'est à la Reine que les joailliers s'adressent alors. En 1778 le nouveau roi, Louis XVI, souhaite lui offrir le collier, mais elle le refuse. Selon madame Campan, la Reine aurait déclaré que l'argent serait mieux dépensé pour l'équipement d'un navire de guerre.
Avec ce bijou si lourd en dépense, Bœhmer et Bassange sont menacés de ruine.
Aussi sautent-ils sur l'occasion lorsqu'un acquéreur se fait connaître : c'est le Cardinal de Rohan.
Enfin , celui-ci pense agir pour la Reine grâce à l'entremise de Jeanne de Lamotte, une descendante d'un bâtard de Henri II. Elle se fait donc passé pour une Valois ce qui la rend tout de suite plus crédible aux yeux du prélat . Louis de Rohan avait été ambassadeur de France en Autriche et sa lubricité avait scandalisé Marie-Thérèse qui avait communiqué son dégoût à Marie-Antoinette. La distance de la Reine à son égard affectait le Cadrinal.
C'est là qu'apparaît la comtesse de Lamotte qui se dit intime de Marie-Antoinette et se propose de tout régler entre eux.
Ivre d'argent, elle entend parler de la parure et imagine comment se l'approprier.
L’amant de Mme de La Motte, Marc Rétaux de Villette (un ami de son mari), possédant un talent de faussaire, imite parfaitement l’écriture de la reine. Il réalise pour sa maîtresse de fausses lettres signées « Marie-Antoinette de France » (alors qu’elle ne signait, que Marie-Antoinette, les reines de France ne signant que de leur prénom, Marie-Antoinette n’était d'ailleurs pas de France mais de Lorraine ou d’Autriche). La comtesse va ainsi entretenir une fausse correspondance, dont elle est la messagère, entre la reine et le cardinal dont le but affiché serait de les réconcilier.
Fac similé du collier de la reine Marie-Antoinette, monté par Boehmer et Bassenge
Réplique réalisé par le joaillier Albert Guerrin de la Maison Burma à Paris, sous la direction de Paulette Laubie, en 1960-1963.
Copie du collier dit "de la Reine" , exécutée fidèlement d'après une gravure avec des saphirs blancs imitation diamant taillés et montés à la manière ancienne
En 1772, Louis XV souhaite faire un cadeau à Madame du Barry. Il demande aux joailliers parisiens Bœhmer et Bassange de créer un collier de diamants inégalable. Cela prend aux bijoutiers un temps certain, du fait de la qualité des pierres à collecter ; Louis XV mourut entretemps.
Le tout coûtait 1 600 000 livres... Peu de personnes devenaient aptes à y prétendre , donc.
Et c'est à la Reine que les joailliers s'adressent alors. En 1778 le nouveau roi, Louis XVI, souhaite lui offrir le collier, mais elle le refuse. Selon madame Campan, la Reine aurait déclaré que l'argent serait mieux dépensé pour l'équipement d'un navire de guerre.
Avec ce bijou si lourd en dépense, Bœhmer et Bassange sont menacés de ruine.
Aussi sautent-ils sur l'occasion lorsqu'un acquéreur se fait connaître : c'est le Cardinal de Rohan.
Enfin , celui-ci pense agir pour la Reine grâce à l'entremise de Jeanne de Lamotte, une descendante d'un bâtard de Henri II. Elle se fait donc passé pour une Valois ce qui la rend tout de suite plus crédible aux yeux du prélat . Louis de Rohan avait été ambassadeur de France en Autriche et sa lubricité avait scandalisé Marie-Thérèse qui avait communiqué son dégoût à Marie-Antoinette. La distance de la Reine à son égard affectait le Cadrinal.
C'est là qu'apparaît la comtesse de Lamotte qui se dit intime de Marie-Antoinette et se propose de tout régler entre eux.
Ivre d'argent, elle entend parler de la parure et imagine comment se l'approprier.
L’amant de Mme de La Motte, Marc Rétaux de Villette (un ami de son mari), possédant un talent de faussaire, imite parfaitement l’écriture de la reine. Il réalise pour sa maîtresse de fausses lettres signées « Marie-Antoinette de France » (alors qu’elle ne signait, que Marie-Antoinette, les reines de France ne signant que de leur prénom, Marie-Antoinette n’était d'ailleurs pas de France mais de Lorraine ou d’Autriche). La comtesse va ainsi entretenir une fausse correspondance, dont elle est la messagère, entre la reine et le cardinal dont le but affiché serait de les réconcilier.
Fac similé du collier de la reine Marie-Antoinette, monté par Boehmer et Bassenge
Réplique réalisé par le joaillier Albert Guerrin de la Maison Burma à Paris, sous la direction de Paulette Laubie, en 1960-1963.
Copie du collier dit "de la Reine" , exécutée fidèlement d'après une gravure avec des saphirs blancs imitation diamant taillés et montés à la manière ancienne
Invité- Invité
Re: L'affaire du collier de la reine
Enoooorme bibliographie donnée par WIKI !
Mémoires des protagonistes
Lamotte-Valois, Affaire du Collier, Mémoires inédits du Comte de Lamotte-Valois sur sa vie et son époque (1754-1830), publiés d’après le manuscrit autographe avec un historique préliminaire, des pièces justificatives et des notes de Louis Lacour, Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1858.
Cagliostro, Mémoire Pour Le Comte de Cagliostro, Accusé : Contre M. Le Procureur-General, Accusateur, Kessinger Publishing, 1786 (lire en ligne)
Nicole d'Oliva, Mémoire pour la demoiselle Le Guay d'Oliva, fille mineure émancipée d'âge, accusée, contre M. le Procureur-Général, accusateur : En présence de M. le Cardinal Prince de Rohan, de la Dame de La Motte-Valois, du Sieur de Cagliostro, & autres ; tous co-accusés, Paris, P. G. Simon & N. H. Nyon, imprimeurs du Parlement, 1786 (lire en ligne)
Jean-François Georgel, Memoires pour servir à l'histoire des evenemens de la fin du dix-huitième siècle depuis 1760 jusqu'en 1806-1810, Paris, 1817 (lire en ligne)
Mme Campan, Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, Baudouin, 1823.
Bibliographie
La plupart des ouvrages couvrant les dernières années de la monarchie française comportent des développements plus ou moins long sur l'Affaire. Il en est de même naturellement des nombreuses biographies de Louis XVI et de Marie-Antoinette. La bibliographie ci-après recense les ouvrages essentiellement centrés sur le sujet.
Louis Combes, Marie-Antoinette et l'affaire du collier, G. Decaux 1876, Un des rares historiens à croire en la culpabilité de la reine
Frantz Funck-Brentano, L’affaire du collier, d’après de nouveaux documents recueillis en partie par A. Bégis, Paris, 1901
Frantz Funck-Brentano, Marie-Antoinette et l'Énigme du collier, J.Tallandier 1926
Louis Hastier, La Vérité sur l'affaire du collier, Fayard 1955
Alexander Lernet-Holenia, La Comtesse de Lamotte et l'Affaire du collier, Paris-Bruxelles, Elsevier-Séquoia 1974
Jacques de Boistel, Un Faux-mystère : l'Affaire du collier, éd. du Trident, 1986
Éric de Haynin, Louis de Rohan, le cardinal "Collier", Perrin 1997
Jean Poggi, L'Affaire du collier de la reine, De Vecchi 2001
Évelyne Lever, L’Affaire du collier, éditions Fayard, 2004.
Jean-Claude Fauveau, Le prince Louis cardinal de Rohan-Guéméné ou les diamants du roi, L’Harmattan, 2007
Philippe Delorme, Marie-Antoinette : épouse de Louis XVI, mère de Louis XVII, Pygmalion, 1999
(en) Antonia Fraser, Marie Antoinette, The Journey, Anchor, 2001 (ISBN 0-7538-1305-X)
(en) Nesta Webster, Marie-Antoinette in time, Paris, La Table ronde, 1981 (ISBN 2710300613)
Robert Muchembled, Les Ripoux des Lumières, éditions du Seuil, 2011, « La double affaire du collier de la reine »
Représentation exacte du grand collier en brillants des Srs Boehmer et Bassenge : gravé d'après la grandeur des diamans
Taunay, Nicolas Antoine (1755-1830). Graveur
1786
Eau-forte ; 47,5 x 37 cm
Image : Bibliothèque nationale de France
Mémoires des protagonistes
Lamotte-Valois, Affaire du Collier, Mémoires inédits du Comte de Lamotte-Valois sur sa vie et son époque (1754-1830), publiés d’après le manuscrit autographe avec un historique préliminaire, des pièces justificatives et des notes de Louis Lacour, Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1858.
Cagliostro, Mémoire Pour Le Comte de Cagliostro, Accusé : Contre M. Le Procureur-General, Accusateur, Kessinger Publishing, 1786 (lire en ligne)
Nicole d'Oliva, Mémoire pour la demoiselle Le Guay d'Oliva, fille mineure émancipée d'âge, accusée, contre M. le Procureur-Général, accusateur : En présence de M. le Cardinal Prince de Rohan, de la Dame de La Motte-Valois, du Sieur de Cagliostro, & autres ; tous co-accusés, Paris, P. G. Simon & N. H. Nyon, imprimeurs du Parlement, 1786 (lire en ligne)
Jean-François Georgel, Memoires pour servir à l'histoire des evenemens de la fin du dix-huitième siècle depuis 1760 jusqu'en 1806-1810, Paris, 1817 (lire en ligne)
Mme Campan, Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, Baudouin, 1823.
Bibliographie
La plupart des ouvrages couvrant les dernières années de la monarchie française comportent des développements plus ou moins long sur l'Affaire. Il en est de même naturellement des nombreuses biographies de Louis XVI et de Marie-Antoinette. La bibliographie ci-après recense les ouvrages essentiellement centrés sur le sujet.
Louis Combes, Marie-Antoinette et l'affaire du collier, G. Decaux 1876, Un des rares historiens à croire en la culpabilité de la reine
Frantz Funck-Brentano, L’affaire du collier, d’après de nouveaux documents recueillis en partie par A. Bégis, Paris, 1901
Frantz Funck-Brentano, Marie-Antoinette et l'Énigme du collier, J.Tallandier 1926
Louis Hastier, La Vérité sur l'affaire du collier, Fayard 1955
Alexander Lernet-Holenia, La Comtesse de Lamotte et l'Affaire du collier, Paris-Bruxelles, Elsevier-Séquoia 1974
Jacques de Boistel, Un Faux-mystère : l'Affaire du collier, éd. du Trident, 1986
Éric de Haynin, Louis de Rohan, le cardinal "Collier", Perrin 1997
Jean Poggi, L'Affaire du collier de la reine, De Vecchi 2001
Évelyne Lever, L’Affaire du collier, éditions Fayard, 2004.
Jean-Claude Fauveau, Le prince Louis cardinal de Rohan-Guéméné ou les diamants du roi, L’Harmattan, 2007
Philippe Delorme, Marie-Antoinette : épouse de Louis XVI, mère de Louis XVII, Pygmalion, 1999
(en) Antonia Fraser, Marie Antoinette, The Journey, Anchor, 2001 (ISBN 0-7538-1305-X)
(en) Nesta Webster, Marie-Antoinette in time, Paris, La Table ronde, 1981 (ISBN 2710300613)
Robert Muchembled, Les Ripoux des Lumières, éditions du Seuil, 2011, « La double affaire du collier de la reine »
Représentation exacte du grand collier en brillants des Srs Boehmer et Bassenge : gravé d'après la grandeur des diamans
Taunay, Nicolas Antoine (1755-1830). Graveur
1786
Eau-forte ; 47,5 x 37 cm
Image : Bibliothèque nationale de France
Mme de Sabran- Messages : 55557
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'affaire du collier de la reine
Le cardinal de Rohan a beau être crédule, il a besoin de preuves des écrits qu'il reçoit de la Reine.
Or le comte de Lamotte avait découvert par l'entremise de Cagliostro qu’une prostituée, Nicole Leguay que Lamotte fait appeler baronne d’Oliva pour l'introduire dans son salon), opérant au Palais-Royal, s'était forgé une réputation due à sa ressemblance avec Marie-Antoinette. Mme de Lamotte la reçoit et la convainc de bien vouloir, contre une somme de 15 000 livres, jouer le rôle de la reine recevant en catimini un ami, dans le but de jouer un tour...
C'est ainsi que se trame l'entrevue du bosquet :
La nuit du 11 août 1784, le cardinal se voit confirmer un rendez-vous au Bosquet de Vénus dans les jardins de Versailles à onze heures du soir. Là, Nicole Leguay, déguisée en Marie-Antoinette dans une robe de mousseline à pois (copiée d'après un tableau d'Élisabeth Vigée Le Brun, c'est ce qu'on dit toujours...mais à vrai dire, je ne sais trop à quel tableau cette tenue fait allusion àè-è\': ), le visage enveloppé d’une gaze légère noire, l’accueille avec une rose et lui murmure un « Vous savez ce que cela signifie. Vous pouvez compter que le passé sera oublié ».
Avant que le cardinal puisse poursuivre la conversation, Mme de Lamotte apparaît avec Rétaux de Villette en livrée de la reine avertissant que les comtesses de Provence et d’Artois, belles-sœurs de la reine, sont en train d’approcher. Ce contretemps, inventé par Mme de Lamotte, abrège l’entretien. Le lendemain, le cardinal reçoit une lettre de la « reine », regrettant la brièveté de la rencontre. Le cardinal est définitivement conquis, sa reconnaissance et sa confiance aveugle en la comtesse de La Motte deviennent plus que jamais inébranlables.
Bien à vous.
Or le comte de Lamotte avait découvert par l'entremise de Cagliostro qu’une prostituée, Nicole Leguay que Lamotte fait appeler baronne d’Oliva pour l'introduire dans son salon), opérant au Palais-Royal, s'était forgé une réputation due à sa ressemblance avec Marie-Antoinette. Mme de Lamotte la reçoit et la convainc de bien vouloir, contre une somme de 15 000 livres, jouer le rôle de la reine recevant en catimini un ami, dans le but de jouer un tour...
C'est ainsi que se trame l'entrevue du bosquet :
La nuit du 11 août 1784, le cardinal se voit confirmer un rendez-vous au Bosquet de Vénus dans les jardins de Versailles à onze heures du soir. Là, Nicole Leguay, déguisée en Marie-Antoinette dans une robe de mousseline à pois (copiée d'après un tableau d'Élisabeth Vigée Le Brun, c'est ce qu'on dit toujours...mais à vrai dire, je ne sais trop à quel tableau cette tenue fait allusion àè-è\': ), le visage enveloppé d’une gaze légère noire, l’accueille avec une rose et lui murmure un « Vous savez ce que cela signifie. Vous pouvez compter que le passé sera oublié ».
Avant que le cardinal puisse poursuivre la conversation, Mme de Lamotte apparaît avec Rétaux de Villette en livrée de la reine avertissant que les comtesses de Provence et d’Artois, belles-sœurs de la reine, sont en train d’approcher. Ce contretemps, inventé par Mme de Lamotte, abrège l’entretien. Le lendemain, le cardinal reçoit une lettre de la « reine », regrettant la brièveté de la rencontre. Le cardinal est définitivement conquis, sa reconnaissance et sa confiance aveugle en la comtesse de La Motte deviennent plus que jamais inébranlables.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: L'affaire du collier de la reine
Le 28 décembre 1784, se présentant toujours comme une amie intime de la reine, elle rencontre les joailliers Bœhmer et Bassange qui lui montrent le collier de 2 840 carats qu'ils souhaitent rapidement vendre car ils se sont endettés pour le constituer.
Tout de suite elle imagine un plan pour entrer en sa possession. Elle déclare au joaillier qu’elle va intervenir pour convaincre la reine d’acheter le bijou, mais par le biais d’un prête-nom. De fait, le cardinal de Rohan reçoit en janvier 1785 une nouvelle lettre, toujours signée « Marie-Antoinette de France » :roll: , dans laquelle la reine lui explique que ne pouvant se permettre d’acquérir ouvertement le bijou, elle lui fait demander de lui servir d’entremetteur, s’engageant par contrat à le rembourser en versements étalés dans le temps — quatre versements de 400 000 livres — et lui octroyant pleins pouvoirs dans cette affaire.
En outre la comtesse s’est ménagé la complicité de Cagliostro, dont le cardinal est fanatique (il ira jusqu’à déclarer « Cagliostro est Dieu lui-même ! » ). Devant le cardinal, le mage fait annoncer par un enfant médium un oracle dévoilant les suites les plus fabuleuses pour le prélat s’il se prête à cette affaire : la reconnaissance de la reine ne connaîtra plus de bornes, les faveurs pleuvront sur la tête du cardinal, la reine le fera nommer par le roi premier ministre.
Le 1er février 1785, convaincu, le cardinal signe les quatre traites et se fait livrer le bijou qu’il va porter le soir même à Mme de La Motte dans un appartement qu'elle a loué à Versailles. Devant lui, elle le transmet à un prétendu valet de pied portant la livrée de la reine (qui n’est autre que Rétaux de Villette). Pour avoir favorisé cette négociation, l’intrigante bénéficiera même de cadeaux du joaillier.
Bien à vous.
Tout de suite elle imagine un plan pour entrer en sa possession. Elle déclare au joaillier qu’elle va intervenir pour convaincre la reine d’acheter le bijou, mais par le biais d’un prête-nom. De fait, le cardinal de Rohan reçoit en janvier 1785 une nouvelle lettre, toujours signée « Marie-Antoinette de France » :roll: , dans laquelle la reine lui explique que ne pouvant se permettre d’acquérir ouvertement le bijou, elle lui fait demander de lui servir d’entremetteur, s’engageant par contrat à le rembourser en versements étalés dans le temps — quatre versements de 400 000 livres — et lui octroyant pleins pouvoirs dans cette affaire.
En outre la comtesse s’est ménagé la complicité de Cagliostro, dont le cardinal est fanatique (il ira jusqu’à déclarer « Cagliostro est Dieu lui-même ! » ). Devant le cardinal, le mage fait annoncer par un enfant médium un oracle dévoilant les suites les plus fabuleuses pour le prélat s’il se prête à cette affaire : la reconnaissance de la reine ne connaîtra plus de bornes, les faveurs pleuvront sur la tête du cardinal, la reine le fera nommer par le roi premier ministre.
Le 1er février 1785, convaincu, le cardinal signe les quatre traites et se fait livrer le bijou qu’il va porter le soir même à Mme de La Motte dans un appartement qu'elle a loué à Versailles. Devant lui, elle le transmet à un prétendu valet de pied portant la livrée de la reine (qui n’est autre que Rétaux de Villette). Pour avoir favorisé cette négociation, l’intrigante bénéficiera même de cadeaux du joaillier.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: L'affaire du collier de la reine
Immédiatement les escrocs dessertissent maladroitement le collier en abîmant les pierres précieuses et commencent à revendre les pierres. Rétaux de Villette a quelques ennuis en négociant les siennes. Leur qualité est telle, et, pressé par le temps, il les négocie si en dessous de leur valeur, que des diamantaires juifs soupçonnent le fruit d’un vol et le dénoncent. Il parvient à prouver sa bonne foi et part à Bruxelles vendre ce qu'il lui reste. Le comte de La Motte part de son côté proposer les plus beaux diamants à deux bijoutiers anglais de Londres. Ceux-ci, pour les mêmes raisons que leurs collègues israélites, flairent le coup fourré. Ils envoient un émissaire à Paris : mais aucun vol de bijoux de cette valeur n’étant connu, ils les achètent, rassurés. Les dernières pierres sont donc vendues à Londres.
Pendant ce temps, la première échéance est attendue par le joaillier et le cardinal pour le 1er août. Toutefois, l’artisan et le prélat s’étonnent de constater qu’en attendant, la reine ne porte pas le collier. Mme de La Motte les assure qu’une grande occasion ne s’est pas encore présentée, et que d’ici là, si on leur parle du collier, ils doivent répondre qu’il a été vendu au sultan de Constantinople. En juillet cependant, la première échéance approchant, le moment est venu pour la comtesse de gagner du temps. Elle demande au cardinal de trouver des prêteurs pour aider la reine à rembourser. Elle aurait, en effet, du mal à trouver les 400 000 livres qu’elle doit à cette échéance. Mais le bijoutier Bœhmer va précipiter le dénouement. Ayant eu vent des difficultés de paiement qui s’annoncent, il se rend directement chez la première femme de chambre de Marie-Antoinette, Mme Campan, et évoque l’affaire avec elle. Celle-ci tombe des nues et naturellement va immédiatement rapporter à la reine son entretien avec Boehmer. Marie-Antoinette, pour qui l’affaire est incompréhensible, charge le baron de Breteuil, ministre de la Maison du roi, de tirer les choses au clair. Le baron de Breteuil est un ennemi du cardinal de Rohan, ayant notamment convoité en vain son poste d'ambassadeur à Vienne. Découvrant l’escroquerie dans laquelle le cardinal est impliqué, il se frotte les mains, et compte bien lui donner toute la publicité possible.
Bien à vous.
Pendant ce temps, la première échéance est attendue par le joaillier et le cardinal pour le 1er août. Toutefois, l’artisan et le prélat s’étonnent de constater qu’en attendant, la reine ne porte pas le collier. Mme de La Motte les assure qu’une grande occasion ne s’est pas encore présentée, et que d’ici là, si on leur parle du collier, ils doivent répondre qu’il a été vendu au sultan de Constantinople. En juillet cependant, la première échéance approchant, le moment est venu pour la comtesse de gagner du temps. Elle demande au cardinal de trouver des prêteurs pour aider la reine à rembourser. Elle aurait, en effet, du mal à trouver les 400 000 livres qu’elle doit à cette échéance. Mais le bijoutier Bœhmer va précipiter le dénouement. Ayant eu vent des difficultés de paiement qui s’annoncent, il se rend directement chez la première femme de chambre de Marie-Antoinette, Mme Campan, et évoque l’affaire avec elle. Celle-ci tombe des nues et naturellement va immédiatement rapporter à la reine son entretien avec Boehmer. Marie-Antoinette, pour qui l’affaire est incompréhensible, charge le baron de Breteuil, ministre de la Maison du roi, de tirer les choses au clair. Le baron de Breteuil est un ennemi du cardinal de Rohan, ayant notamment convoité en vain son poste d'ambassadeur à Vienne. Découvrant l’escroquerie dans laquelle le cardinal est impliqué, il se frotte les mains, et compte bien lui donner toute la publicité possible.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: L'affaire du collier de la reine
Le scandale
La prétendue comtesse, sentant les soupçons, s’est entre-temps arrangée pour procurer au cardinal un premier versement de 35 000 livres, grâce aux 300 000 livres qu'elle a acquis de la vente du collier et dont elle s'est déjà servie pour s'acheter une gentilhommière. Mais ce versement, d’ailleurs dérisoire, est désormais inutile. Parallèlement, la comtesse informe les joailliers que la prétendue signature de la reine est un faux, afin de faire peur au cardinal de Rohan et l'obliger à régler lui-même la facture par crainte du scandale. L’affaire éclate. Entre-temps, les mêmes aigrefins, menés par l'ex-inspecteur des mœurs, agent secret et escroc Jean-Baptiste Meusnier, en profitent pour soutirer 60 000 autres livres à d'autres bijoutiers.
Le roi est prévenu de l'escroquerie le 14 août 1785. Le 15 août, alors que le cardinal — qui est également grand-aumônier de France — s’apprête à célébrer en grande pompe la messe de l’Assomption dans la chapelle du château de Versailles, il est convoqué dans les appartements du roi en présence de la reine, du garde des sceaux Miromesnil et du ministre de la Maison du roi Breteuil.
Il se voit sommé d’expliquer le dossier constitué contre lui. Le prélat comprend qu’il a été berné depuis le début par la comtesse de La Motte. Il envoie chercher les lettres de la « reine ». Le roi réagit : « Comment un prince de la maison de Rohan, grand-aumônier de France, a-t-il pu croire un instant à des lettres signées Marie-Antoinette de France ! ».
La reine ajoute : « Et comment avez-vous pu croire que moi, qui ne vous ai pas adressé la parole depuis quinze ans, j’aurais pu m’adresser à vous pour une affaire de cette nature ? ».
Le cardinal tente de s’expliquer.
« Mon cousin, je vous préviens que vous allez être arrêté. », lui dit le roi. Le cardinal supplie le roi de lui épargner cette humiliation, il invoque la dignité de l’Église, le souvenir de sa cousine la comtesse de Marsan qui a élevé Louis XVI. Le roi se retourne vers le cardinal : « Je fais ce que je dois, et comme roi, et comme mari. Sortez. » Au sortir des appartement du roi, il est arrêté dans la Galerie des Glaces au milieu des courtisans médusés. Le scandale éclate !
Le cardinal est emprisonné à la Bastille. Il commence immédiatement à rembourser les sommes dues, en vendant ses biens propres, dont son château de Coupvray (à la fin du XIXe siècle, les descendants de ses héritiers continueront de rembourser sporadiquement par fractions les descendants du joaillier ). La comtesse de La Motte est arrêtée, son mari s’enfuit à Londres (où il bénéficie du droit d'asile) avec les derniers diamants, Rétaux de Villette est déjà en Suisse.
On interpelle aussi Cagliostro et le 20 octobre Nicole Leguay à Bruxelles avec son amant dont elle est enceinte.
Bien à vous.
La prétendue comtesse, sentant les soupçons, s’est entre-temps arrangée pour procurer au cardinal un premier versement de 35 000 livres, grâce aux 300 000 livres qu'elle a acquis de la vente du collier et dont elle s'est déjà servie pour s'acheter une gentilhommière. Mais ce versement, d’ailleurs dérisoire, est désormais inutile. Parallèlement, la comtesse informe les joailliers que la prétendue signature de la reine est un faux, afin de faire peur au cardinal de Rohan et l'obliger à régler lui-même la facture par crainte du scandale. L’affaire éclate. Entre-temps, les mêmes aigrefins, menés par l'ex-inspecteur des mœurs, agent secret et escroc Jean-Baptiste Meusnier, en profitent pour soutirer 60 000 autres livres à d'autres bijoutiers.
Le roi est prévenu de l'escroquerie le 14 août 1785. Le 15 août, alors que le cardinal — qui est également grand-aumônier de France — s’apprête à célébrer en grande pompe la messe de l’Assomption dans la chapelle du château de Versailles, il est convoqué dans les appartements du roi en présence de la reine, du garde des sceaux Miromesnil et du ministre de la Maison du roi Breteuil.
Il se voit sommé d’expliquer le dossier constitué contre lui. Le prélat comprend qu’il a été berné depuis le début par la comtesse de La Motte. Il envoie chercher les lettres de la « reine ». Le roi réagit : « Comment un prince de la maison de Rohan, grand-aumônier de France, a-t-il pu croire un instant à des lettres signées Marie-Antoinette de France ! ».
La reine ajoute : « Et comment avez-vous pu croire que moi, qui ne vous ai pas adressé la parole depuis quinze ans, j’aurais pu m’adresser à vous pour une affaire de cette nature ? ».
Le cardinal tente de s’expliquer.
« Mon cousin, je vous préviens que vous allez être arrêté. », lui dit le roi. Le cardinal supplie le roi de lui épargner cette humiliation, il invoque la dignité de l’Église, le souvenir de sa cousine la comtesse de Marsan qui a élevé Louis XVI. Le roi se retourne vers le cardinal : « Je fais ce que je dois, et comme roi, et comme mari. Sortez. » Au sortir des appartement du roi, il est arrêté dans la Galerie des Glaces au milieu des courtisans médusés. Le scandale éclate !
Le cardinal est emprisonné à la Bastille. Il commence immédiatement à rembourser les sommes dues, en vendant ses biens propres, dont son château de Coupvray (à la fin du XIXe siècle, les descendants de ses héritiers continueront de rembourser sporadiquement par fractions les descendants du joaillier ). La comtesse de La Motte est arrêtée, son mari s’enfuit à Londres (où il bénéficie du droit d'asile) avec les derniers diamants, Rétaux de Villette est déjà en Suisse.
On interpelle aussi Cagliostro et le 20 octobre Nicole Leguay à Bruxelles avec son amant dont elle est enceinte.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: L'affaire du collier de la reine
Merci beaucoup Majesté !
En complément de la version reconstituée du collier conservée à Versailles et dont vous avez posté une photo, voici celle présentée à Breteuil :
On notera des variantes - plaisant jeu des 7 erreurs !
En complément de la version reconstituée du collier conservée à Versailles et dont vous avez posté une photo, voici celle présentée à Breteuil :
On notera des variantes - plaisant jeu des 7 erreurs !
Gouverneur Morris- Messages : 11807
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'affaire du collier de la reine
Le procès
Le roi laisse au cardinal le choix de la juridiction qui aura à se prononcer sur son cas : ou bien s’en remettre directement au jugement du roi en huis clos, ou être traduit devant le Parlement de Paris. Ceci s’avère fort malhabile de la part de Louis XVI : le cardinal décidant de mettre l’affaire dans les mains du Parlement qui est toujours, plus ou moins, en fronde contre l’autorité royale.
Le 22 mai 1786, le procès public s’ouvre devant les 64 magistrats de la Tournelle et la Grand-chambre du Parlement présidée par le marquis Étienne François d'Aligre assisté de conseillers honoraires et maîtres des requêtes. Le 30 mai, le parlement rend son verdict, face à une presse qui se déchaîne. Le cardinal est acquitté (aussi bien pour l'escroquerie que pour le crime de lèse-majesté envers la reine et ce malgré un mémoire à charge réalisé par un homme d'intrigue, sieur Bette d'Etienville et le réquisitoire du procureur Joseph Omer Joly de Fleury) à 26 voix de conseillers contre 23. La prétendue comtesse de La Motte, elle, est condamnée à la prison à perpétuité à la Salpêtrière, après avoir été fouettée et marquée au fer rouge sur les deux épaules du « V » de « voleuse » (elle se débattra tant que l’un des « V » sera finalement appliqué sur son sein). Son mari est condamné aux galères à perpétuité par contumace, et Rétaux de Villette est banni, il s'exile à Venise où il écrit en 1790 Mémoire historique des intrigues de la Cour, et de ce qui s'est passé entre la Reine, le comte d'Artois. Enfin, Nicole Leguay est déclarée « hors de cours » (mise hors de cause après avoir ému le tribunal avec son bébé dans les bras), Cagliostro après avoir été embastillé puis soutenu par Jacques Duval d'Eprémesnil, défendu par le brillant avocat Jean-Charles Thilorier, est bientôt expulsé de France (1786).
Marie-Antoinette est au comble de l’humiliation. Elle prend l’acquittement du cardinal comme un camouflet. De la part des juges, cet acquittement signifie qu’on ne saurait tenir rigueur au cardinal d’avoir cru que la reine lui envoyait des billets doux par l'intermédiaire d'une aventurière, lui accordait des rendez-vous galants dans le parc de Versailles et achetait des bijoux pharaoniques par le biais d’hommes de paille en cachette du roi. C’était sous-entendre que de telles frasques n'auraient rien eu d'invraisemblable de la part de la reine. Et c’est bien dans cet esprit que le jugement fut rendu, et pris dans l’opinion.
La reine, désormais consciente que son image s'est dégradée auprès de l'opinion, obtient donc du roi qu’il exile le cardinal de Rohan à l'abbaye de la Chaise-Dieu, l’une des abbayes en commende du cardinal, après l’avoir démis de son poste de grand aumônier. Il restera trois mois dans cette abbaye, après quoi il ira sous des cieux plus cléments, à l’abbaye de Marmoutier près de Tours. Ce n’est qu’au bout de trois ans, le 17 mars 1788, que le roi l’autorisera à retrouver son diocèse de Strasbourg.
Bien à vous.
Le roi laisse au cardinal le choix de la juridiction qui aura à se prononcer sur son cas : ou bien s’en remettre directement au jugement du roi en huis clos, ou être traduit devant le Parlement de Paris. Ceci s’avère fort malhabile de la part de Louis XVI : le cardinal décidant de mettre l’affaire dans les mains du Parlement qui est toujours, plus ou moins, en fronde contre l’autorité royale.
Le 22 mai 1786, le procès public s’ouvre devant les 64 magistrats de la Tournelle et la Grand-chambre du Parlement présidée par le marquis Étienne François d'Aligre assisté de conseillers honoraires et maîtres des requêtes. Le 30 mai, le parlement rend son verdict, face à une presse qui se déchaîne. Le cardinal est acquitté (aussi bien pour l'escroquerie que pour le crime de lèse-majesté envers la reine et ce malgré un mémoire à charge réalisé par un homme d'intrigue, sieur Bette d'Etienville et le réquisitoire du procureur Joseph Omer Joly de Fleury) à 26 voix de conseillers contre 23. La prétendue comtesse de La Motte, elle, est condamnée à la prison à perpétuité à la Salpêtrière, après avoir été fouettée et marquée au fer rouge sur les deux épaules du « V » de « voleuse » (elle se débattra tant que l’un des « V » sera finalement appliqué sur son sein). Son mari est condamné aux galères à perpétuité par contumace, et Rétaux de Villette est banni, il s'exile à Venise où il écrit en 1790 Mémoire historique des intrigues de la Cour, et de ce qui s'est passé entre la Reine, le comte d'Artois. Enfin, Nicole Leguay est déclarée « hors de cours » (mise hors de cause après avoir ému le tribunal avec son bébé dans les bras), Cagliostro après avoir été embastillé puis soutenu par Jacques Duval d'Eprémesnil, défendu par le brillant avocat Jean-Charles Thilorier, est bientôt expulsé de France (1786).
Marie-Antoinette est au comble de l’humiliation. Elle prend l’acquittement du cardinal comme un camouflet. De la part des juges, cet acquittement signifie qu’on ne saurait tenir rigueur au cardinal d’avoir cru que la reine lui envoyait des billets doux par l'intermédiaire d'une aventurière, lui accordait des rendez-vous galants dans le parc de Versailles et achetait des bijoux pharaoniques par le biais d’hommes de paille en cachette du roi. C’était sous-entendre que de telles frasques n'auraient rien eu d'invraisemblable de la part de la reine. Et c’est bien dans cet esprit que le jugement fut rendu, et pris dans l’opinion.
La reine, désormais consciente que son image s'est dégradée auprès de l'opinion, obtient donc du roi qu’il exile le cardinal de Rohan à l'abbaye de la Chaise-Dieu, l’une des abbayes en commende du cardinal, après l’avoir démis de son poste de grand aumônier. Il restera trois mois dans cette abbaye, après quoi il ira sous des cieux plus cléments, à l’abbaye de Marmoutier près de Tours. Ce n’est qu’au bout de trois ans, le 17 mars 1788, que le roi l’autorisera à retrouver son diocèse de Strasbourg.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: L'affaire du collier de la reine
Ce qui me sidèrera toujours dans cette histoire, c'est l'incommensurable crédulité de Rohan !
Il faut dire qu'il avait été bien conditionné par Cagliostro, d'accord, mais tout de même ...
Mme de Sabran- Messages : 55557
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'affaire du collier de la reine
Retentissement
Le résultat de cette affaire fut résumé par l'exclamation, au lendemain du verdict, de Fréteau de Saint-Just, magistrat du Parlement de Paris : « Un cardinal escroc, la reine impliquée dans une affaire de faux ! Que de fange sur la crosse et le sceptre ! Quel triomphe pour les idées de liberté ! »
Bien que Marie-Antoinette ait été étrangère à toute l'affaire , l’opinion publique ne voulut pas croire en l’innocence de la reine.
Accusée depuis longtemps de participer, par ses dépenses excessives, au déficit du budget du royaume, elle subit à cette occasion une avalanche d’opprobres sans précédent. Les libellistes laissèrent libre cours aux calomnies dans des pamphlets où « l’Autrichienne » se faisait offrir des diamants pour prix de ses amours avec le cardinal.
Mme de Lamotte qui a nié toute implication dans l'affaire, reconnaissant seulement être la maîtresse du cardinal, est parvenue à s'évader de la Salpêtrière et publie à Londres un récit, dans lequel elle raconte sa liaison avec Marie-Antoinette, la complicité de celle-ci depuis le début de l'affaire et jusqu'à son intervention dans l'évasion. On sait d'ailleurs que la Princesse de Lamballe a cherché à visiter Jeanne de Lamotte à la Salpétrière (pour l'aider à son évasion??? ) et qu'on l'a accueillie en ces mots :" Madame de Lamotte a été condamnée à être enfermée, pas à vous recevoir"...
Mais demeure le mystère de la raison de cette visite. Etait-ce en tant qu'émissaire de la Reine qui voulait prendre des nouvelles de la néfaste voleuse?
Par le discrédit qu'il jeta sur la Cour dans une opinion déjà très hostile et le renforcement du Parlement de Paris, ce scandale aura indirectement sa part de responsabilité dans le déclenchement de la Révolution française quatre ans plus tard et dans la chute de la royauté.
En effet, cette affaire prouve à l'opinion publique que la Royauté peut être rappelée à l'ordre par la justice...
Bien à vous.
Le résultat de cette affaire fut résumé par l'exclamation, au lendemain du verdict, de Fréteau de Saint-Just, magistrat du Parlement de Paris : « Un cardinal escroc, la reine impliquée dans une affaire de faux ! Que de fange sur la crosse et le sceptre ! Quel triomphe pour les idées de liberté ! »
Bien que Marie-Antoinette ait été étrangère à toute l'affaire , l’opinion publique ne voulut pas croire en l’innocence de la reine.
Accusée depuis longtemps de participer, par ses dépenses excessives, au déficit du budget du royaume, elle subit à cette occasion une avalanche d’opprobres sans précédent. Les libellistes laissèrent libre cours aux calomnies dans des pamphlets où « l’Autrichienne » se faisait offrir des diamants pour prix de ses amours avec le cardinal.
Mme de Lamotte qui a nié toute implication dans l'affaire, reconnaissant seulement être la maîtresse du cardinal, est parvenue à s'évader de la Salpêtrière et publie à Londres un récit, dans lequel elle raconte sa liaison avec Marie-Antoinette, la complicité de celle-ci depuis le début de l'affaire et jusqu'à son intervention dans l'évasion. On sait d'ailleurs que la Princesse de Lamballe a cherché à visiter Jeanne de Lamotte à la Salpétrière (pour l'aider à son évasion??? ) et qu'on l'a accueillie en ces mots :" Madame de Lamotte a été condamnée à être enfermée, pas à vous recevoir"...
Mais demeure le mystère de la raison de cette visite. Etait-ce en tant qu'émissaire de la Reine qui voulait prendre des nouvelles de la néfaste voleuse?
Par le discrédit qu'il jeta sur la Cour dans une opinion déjà très hostile et le renforcement du Parlement de Paris, ce scandale aura indirectement sa part de responsabilité dans le déclenchement de la Révolution française quatre ans plus tard et dans la chute de la royauté.
En effet, cette affaire prouve à l'opinion publique que la Royauté peut être rappelée à l'ordre par la justice...
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: L'affaire du collier de la reine
Personnellement c'est l'affaire du bosquet qui m'intrigue.
Beaucoup pensent que la reine était présente à observer de loin le cardinal se ridiculiser. Néanmoins malgré le caractère espiègle de notre souveraine j'a un peu du mal à y croire.
Beaucoup pensent que la reine était présente à observer de loin le cardinal se ridiculiser. Néanmoins malgré le caractère espiègle de notre souveraine j'a un peu du mal à y croire.
Angeblack- Messages : 53
Date d'inscription : 10/01/2014
Re: L'affaire du collier de la reine
Il est révoltant d'y songer fusse une seconde .
Cela impliquerait une connivence entre Marie-Antoinette et la Motte .
Mme de Sabran- Messages : 55557
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'affaire du collier de la reine
Pas obligatoirement.
C'est un sujet qui revient de plus en plus dans les conversations, ou dans différents ouvrages.
Pour ma part, je la trouve également peu probable
C'est un sujet qui revient de plus en plus dans les conversations, ou dans différents ouvrages.
Pour ma part, je la trouve également peu probable
Angeblack- Messages : 53
Date d'inscription : 10/01/2014
Re: L'affaire du collier de la reine
Angeblack a écrit:Pas obligatoirement.
C'est un sujet qui revient de plus en plus dans les conversations, ou dans différents ouvrages.
Ah bon ! ... lesquels ?
Mme de Sabran- Messages : 55557
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'affaire du collier de la reine
C'est Evelyne Lever qui défend la probabilité de la participation de loin de Marie-Antoinette à la scène du Bosquet... :roll: :roll: :roll:
Elle aura sans doute fumé trop de Fersen avant d'écrire cela... àè-è\':
Bien à vous.
Elle aura sans doute fumé trop de Fersen avant d'écrire cela... àè-è\':
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: L'affaire du collier de la reine
Disons qu'elle envisage la possibilité ...
Mme de Sabran- Messages : 55557
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'affaire du collier de la reine
Il serait au moins juste de mentionner que d'autres voient l'affaire sous un tout autre angle, semblant impliquer Monsieur et faire jouer au cardinal un tout autre rôle. Hélas, ces théories n'ont pas encore fait l'objet d'un développement qui permettrait de les comprendre et d'en juger. On ne peut qu’espérer une prochaine publication.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: L'affaire du collier de la reine
Oui, je me souviens . C'est le scoop que nous a fait M. Olivier Blanc .
Le cardinal, je ne sais pas . C'est surtout la Motte qui apparait subitement très différente de ce que tous les contemporains et historiens ont toujours dit jusqu'à aujourd'hui .
La voici présentée comme la première victime de la machination ... Je ne m'étendrai pas davantage vu que je n'ai à peu près rien compris à cette nouvelle version de l'affaire .
Attendons la sortie de ce livre .
Mme de Sabran- Messages : 55557
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'affaire du collier de la reine
Certains ont même évoqué une tombola organisée par le Duc d'Orléans dans le but de concocter une cagnotte pour faire évader la Lamotte...c'est Pierre Combescot qui parle de cela dans ses Diamants de la guillotine...mais lorsque je lui ai téléphoné pour lui demander quelles étaient ses sources, Monsieur Combescot n'a pas su s'en souvenir. S'il avait fait la trouvaille à laquelle nous avions failli croire, nul doute qu'il n'en aurait pas oublié une seule miette...
J'ai donc dû conclure à l'affabulation de la part du romancier...
Bien à vous.
J'ai donc dû conclure à l'affabulation de la part du romancier...
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: L'affaire du collier de la reine
Il ne l'a pas inventé : la baronne Guénard de Méré en parle dans ses mémoires . L'élément nouveau dans les diamants de la guillotine, c'est la source de la somme d'argent réunie : cette tombola organisée par Orléans .
Mme de Sabran- Messages : 55557
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'affaire du collier de la reine
Mme de Sabran a écrit:
Il est révoltant d'y songer fusse une seconde .
Cela impliquerait une connivence entre Marie-Antoinette et la Motte .
J'ai également beaucoup de mal à y croire. La colère de la reine envers Rohan ne milite pas en faveur de la thèse selon laquelle elle se serait jouée de lui.
J'ai également peine à croire que la "comtesse" de La Motte était de bonne foi. Son mémoire en défense devant le Parlement de Paris ne laisse aucune impression de ce genre au lecteur. : Les points clés de ce mémoire :
1/Après une assez longue introduction où elle tente de démontrer qu'elle descend de Henri II et qu'il serait inimaginable que la descendante d'un roi de France fût coupable d'escroquerie, Mme de La Motte explique les conditions dans lesquelles elle a connu Rohan : par l'intermédiaire de la marquise de Boulainvillers. Elle déclare avoir bénéficié de la protection de "Madame" (la comtesse de Provence ?) et obtenu grâce à elle une pension annuelle de 1.500 livres du roi (en 1784).
2/ Elle ne prétend pas avoir connu la reine. A la fin de son mémoire , elle qualifiera même d'"ineptie inconcevable" l'allégation de Rohan selon laquelle elle lui aurait fait croire qu'elle avait "des liaisons avec la reine". A cette allégation de Rohan, La Motte répond : "la comtesse de La Motte et son mari peuvent aspirer sans doute par leurs noms à être présentés à la Cour, mais ils n'ont pas encore obtenu les honneurs de la présentation ..." Cela étant, de façon quelque peu contradictoire, La Motte soutient ailleurs dans son mémoire que "tous les princes et toutes les princesses de sang royal" avaient pris "intérêt" à sa personne, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Le lecteur reste sur sa faim...
3/ Contrainte de s'expliquer sur la générosité de Rohan envers elle et son mari, elle reconnait que Rohan réglait souvent les dettes du couple. Mais La Motte reste très évasive sur la cause de ces dons d'argent (le cardinal prétend qu'elle monnayait ses prétendues relations avec la reine). Rohan aurait selon elle montré de l'"intérêt" pour ses "malheurs". Elle insinue néanmoins que le cardinal cherchait , ce faisant, à l'acheter . Elle prétend ainsi que le cardinal lui aurait déclaré : "Tantôt ce sont les aumônes du roi que tout le monde peut recevoir. Tantôt je ne fais que vous prêter, vous ne me devez que la reconnaissance d'un prêt ."
4/Lorsqu'elle en vient finalement au fait , ce qu'elle appelle la "négociation du collier", elle affirme qu'une personne de sa connaissance ( un avocat dénommé Me de la Porte) et le joaillier Bassanges, qu'elle ne connaissait pas, se seraient présentés chez elle, à l'improviste, en décembre 1784 et que Bassanges lui aurait alors montré le collier qu'il cherchait à vendre . Bassanges lui aurait dit : "Si vous pouviez, Madame, dans vos connaissances, nous en procurer la vente...". Elle en aurait parlé à Rohan, lequel lui aurait alors demandé l'adresse de Bassanges. Rohan aurait ensuite selon elle "négocié seul" le collier avec les joailliers.
5/ Au mois de mars 1785, Rohan lui aurait remis plusieurs diamants afin qu'elle les vende. Elle se serait alors mis en recherche d'acheteurs. C'est sur l'ordre de Rohan qu'elle-même, puis son mari auraient vendu des diamants à Paris puis à Londres. A Londres, c'est-à-dire pour tromper la vigilance de la police française ?! Pas du tout, à l'en croire, elle et son mari étaient totalement de bonne foi (elle se fout vraiment de notre gu*ule ). Elle prétend avoir vendu des diamants pour un total de 335.000 livres, et que le reste du collier aurait été vendu par Rohan lui-même (selon Bassanges le collier valait 1.600.000 livres au total).
6/ Elle ne s'explique pas clairement sur les raisons de sa fuite. La fuite, dit-on, montre ceux qui sont coupables. En réponse à cela, La Motte se contente de répondre : "c'était un coup de parti d'obliger le comte et la comtesse de La Motte à fuir. Le conseil en sera donné au milieu d'agitations nouvelles." La Motte explique qu'elle aurait pris le parti de fuir au vu des "agitations" causées par l'affaire, et d'un "conseil perfide" . Mais elle se contredit sur ce point, puisque plus loin dans son mémoire , elle prétend qu'elle ne fuyait pas et en donne pour preuve, le fait qu'elle a assisté en public à Clairveaux à l'événement d'un ballon qui devait s'élever... Alors, La Motte : fuyait ou fuyait pas ?! Son avocat s'est emmêlé les pinceaux lors de la rédaction du mémoire .
7/ La Motte ne mêle pas la reine à l'affaire . Elle dit que si la reine n'a jamais parlé du collier à Boehmer et Bassanges c'est "qu'elle n'en avait jamais entendu parler elle-même".
8/ La Motte explique dans son mémoire en défense être allée présenter ses hommages au duc de Penthièvre au mois d'août 1785 (juste après que l'affaire ait éclaté, alors que les La Motte sont en fuite). Elle soutient qu'à l'instar des "Princes et Princesses de la Famille et du Sang Royal", le duc de Penthièvre l'avait "singulièrement honoré de ses bontés", elle et son La Motte de mari, en 1782 et 1783, sans plus de précision (elle avait dû réussir à lui soutirer du fric je suppose). Est-ce là le "point d'entrée" de la princesse de Lamballe ? La connaissait-elle avant l'affaire du collier?…
Invité- Invité
Re: L'affaire du collier de la reine
Voici les points clés du mémoire de Mlle Le Guay d’Olive devant le Parlement de Paris :
1 / Née le 1er septembre 1761, âgée de 23 ans au moment des faits. Elle vit rue du Jour, près de l’Eglise Saint-Eustache, non loin du Palais Royal. Elle n’est rien, ne possède quasiment rien.
2 / Elle est abordée par le sieur de La Motte au mois de juillet 1784. Il tourne autour d’elle, l’osculte, la dévisage pendant plusieurs jours au Palais Royal, puis finit par lui adresser la parole. « J’eus le tort de lui répondre » dit-elle.
3 / Il l’attire chez lui et la présente à Jeanne de La Motte, qui lui déclare « J’ai toute la confiance de la reine ; je suis avec elle comme les deux doigts de la main. Elle vient de m’en donner une nouvelle preuve, en me chargeant de trouver une personne qui puisse faire quelque chose qu’on lui expliquera, lorsqu’il en sera temps. » Elle lui promet 15.000 livres si elle accepte de faire ce qu’on lui demandera, en temps voulu.
4 / L’entrevue du bosquet. Le Guay d’Oliva explique qu’elle ne savait pas qu’on lui faisait jouer le rôle de la reine. Jeanne de La Motte et son mari lui avaient donné pour instruction de remettre une lettre et une rose à « un très grand seigneur » et de lui dire « vous savez ce que cela veut dire ». Le Guay d’Oliva ne savait pas qu’il s’agissait de Rohan. Jeanne de La Motte lui avait fait croire que la reine assisterait à la scène et même, qu’elle s’adresserait à elle. C’est Jeanne de La Motte elle-même qui habille d’Oliva : « Je fus mise en robe blanche de linon moucheté. C’était, autant que je puis me souvenir, une robe à l’enfant, ou une gaule, espèce de vêtement qu’on désigne plus souvent sous le nom de chemise ; et l’on voulu que je fusse coiffée en demi-bonnet. » (On croirait le portait de Marie-Antoinette en gaule, par EVLB.) « Entre onze heures et minuit », dit-elle, d’Oliva sort avec Jeanne de La Motte et son mari. « J'étais couverte d'un mantelet blanc, et j'avais une thérèse sur la tête. » Point capital, d’Oliva indique que « la nuit était sombre, pas le moindre clair de lune, et je ne pouvais rien distinguer que les personnes et les objets qui m’étaient familiers. » Nuit noire et thérèse sur la tête : voilà sans doute ce qui explique pourquoi Rohan ne s’est pas aperçu qu’il n’avait pas affaire à la reine…
D’Oliva raconte la fameuse scène ainsi (ce sont ses propres termes) : « Je présente la rose au grand seigneur inconnu ; et je lui dis, vous savez ce que cela veut dire, ou quelque chose d’à peu près semblable. Je ne puis affirmer s’il la prit, ou s’il la laissa tomber. Pour la lettre, elle resta dans ma poche ; elle fut entièrement oubliée. Dans l’instant même que je venais de parler, la dame de La Motte accourt vers nous, et dit très bas, mais avec précipitation : vite, vite, venez. C’est du moins tout ce que je me rappelle avoir entendu. Je me sépare de l’inconnu, et me retrouve à quelques pas plus loin, avec le sieur de La Motte ; tandis que sa femme et l’inconnu partent ensemble et disparaissent. (…) Le sieur de La Motte me reconduit à l’hôtel garni. Nous restons à causer, en attendant le retour de la dame de La Motte. Elle arrive sur les deux heures après minuit (…) ».
Le témoignage de la demoiselle Le Guay d’Oliva est clair : La Motte, et son mari, ainsi que Rétaux de Villette ont tout manigancé. Elle a participé à une mise en scène destinée à tromper le cardinal. Ce témoignage capital est accablant pour La Motte et disculpant pour Rohan. Le témoignage de Le Guay d'Oliva est d'autant plus crédible, qu'on ne saurait la soupçonner de s'être entendue avec Rohan pour faire accuser La Motte : en effet, Rohan accuse d'Oliva, dans son mémoire, d'avoir été de mèche avec La Motte !..
1 / Née le 1er septembre 1761, âgée de 23 ans au moment des faits. Elle vit rue du Jour, près de l’Eglise Saint-Eustache, non loin du Palais Royal. Elle n’est rien, ne possède quasiment rien.
2 / Elle est abordée par le sieur de La Motte au mois de juillet 1784. Il tourne autour d’elle, l’osculte, la dévisage pendant plusieurs jours au Palais Royal, puis finit par lui adresser la parole. « J’eus le tort de lui répondre » dit-elle.
3 / Il l’attire chez lui et la présente à Jeanne de La Motte, qui lui déclare « J’ai toute la confiance de la reine ; je suis avec elle comme les deux doigts de la main. Elle vient de m’en donner une nouvelle preuve, en me chargeant de trouver une personne qui puisse faire quelque chose qu’on lui expliquera, lorsqu’il en sera temps. » Elle lui promet 15.000 livres si elle accepte de faire ce qu’on lui demandera, en temps voulu.
4 / L’entrevue du bosquet. Le Guay d’Oliva explique qu’elle ne savait pas qu’on lui faisait jouer le rôle de la reine. Jeanne de La Motte et son mari lui avaient donné pour instruction de remettre une lettre et une rose à « un très grand seigneur » et de lui dire « vous savez ce que cela veut dire ». Le Guay d’Oliva ne savait pas qu’il s’agissait de Rohan. Jeanne de La Motte lui avait fait croire que la reine assisterait à la scène et même, qu’elle s’adresserait à elle. C’est Jeanne de La Motte elle-même qui habille d’Oliva : « Je fus mise en robe blanche de linon moucheté. C’était, autant que je puis me souvenir, une robe à l’enfant, ou une gaule, espèce de vêtement qu’on désigne plus souvent sous le nom de chemise ; et l’on voulu que je fusse coiffée en demi-bonnet. » (On croirait le portait de Marie-Antoinette en gaule, par EVLB.) « Entre onze heures et minuit », dit-elle, d’Oliva sort avec Jeanne de La Motte et son mari. « J'étais couverte d'un mantelet blanc, et j'avais une thérèse sur la tête. » Point capital, d’Oliva indique que « la nuit était sombre, pas le moindre clair de lune, et je ne pouvais rien distinguer que les personnes et les objets qui m’étaient familiers. » Nuit noire et thérèse sur la tête : voilà sans doute ce qui explique pourquoi Rohan ne s’est pas aperçu qu’il n’avait pas affaire à la reine…
D’Oliva raconte la fameuse scène ainsi (ce sont ses propres termes) : « Je présente la rose au grand seigneur inconnu ; et je lui dis, vous savez ce que cela veut dire, ou quelque chose d’à peu près semblable. Je ne puis affirmer s’il la prit, ou s’il la laissa tomber. Pour la lettre, elle resta dans ma poche ; elle fut entièrement oubliée. Dans l’instant même que je venais de parler, la dame de La Motte accourt vers nous, et dit très bas, mais avec précipitation : vite, vite, venez. C’est du moins tout ce que je me rappelle avoir entendu. Je me sépare de l’inconnu, et me retrouve à quelques pas plus loin, avec le sieur de La Motte ; tandis que sa femme et l’inconnu partent ensemble et disparaissent. (…) Le sieur de La Motte me reconduit à l’hôtel garni. Nous restons à causer, en attendant le retour de la dame de La Motte. Elle arrive sur les deux heures après minuit (…) ».
Le témoignage de la demoiselle Le Guay d’Oliva est clair : La Motte, et son mari, ainsi que Rétaux de Villette ont tout manigancé. Elle a participé à une mise en scène destinée à tromper le cardinal. Ce témoignage capital est accablant pour La Motte et disculpant pour Rohan. Le témoignage de Le Guay d'Oliva est d'autant plus crédible, qu'on ne saurait la soupçonner de s'être entendue avec Rohan pour faire accuser La Motte : en effet, Rohan accuse d'Oliva, dans son mémoire, d'avoir été de mèche avec La Motte !..
Invité- Invité
Re: L'affaire du collier de la reine
Le mémoire en défense de Rétaux de Villette est également accablant pour Jeanne de La Motte. Mais la "bonne foi" de Rétaux ne crève pas l'écran. Il insinue qu'il n'aurait pas véritablement été conscient des conséquences de ses actes et que Jeanne se serait servie de lui à son insu.... Il louvoie. Les points clés du mémoire en défense de Rétaux de Villette:
1/ Né en février 1754, il avait 30 ans au moment de l'affaire du collier. Le sieur de La Motte était un ancien camarade qu'il avait connu d'abord à Lunéville et plus particulièrement ensuite à Bar sur Aube. Il retombe sur lui à Paris en mai 1784. Présenté à la dame de la Motte par son mari, Rétaux de Villette "reçut d'elle un accueil obligeant" dit-il. :
2/ Il reconnaît avoir fait des faux destinés au cardinal de Rohan, sur ordre de Jeanne de La Motte. C'est lui qui écrira le fameux "Marie-Antoinette de France", sous la dictée de Jeanne de La Motte. Il essaie néanmoins de se défausser de sa responsabilité sur Jeanne de La Motte, en laissant entendre (mollement) qu'il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait. L'avocat de Rétaux écrit : "... C'est au milieu de cette agitation vaine qu'on l'a, presque à son insu, fait servir d'instrument à l'infernale machination du collier, dont les suites ont été si funestes : ainsi la fraude adroite vint le surprendre au sein du délire...".
3/ Rétaux raconte comment il écrivît, sous la dictée de Jeanne, l'un des plus célèbres faux de l'Histoire de France : "Au mois de janvier 1785, la dame de La Motte me déclare, de ce ton de confidence qui pouvait flatter le plus mon amour propre et enflammer mon zèle, que M. le Cardinal de Rohan voulant faire l'acquisition d'un collier de diamants du plus grand prix, entend se servir de ma main pour mettre le dernier sceau à son marché avec les Joailliers; puis, sans laisser le temps à la réflexion, me présentant un écrit qui renfermait des conventions tracées par M. le Cardinal de Rohan, dont je reconnus parfaitement l'écriture ; mettez, dit-elle, sur chaque article, en marge, le mot approuvé. J'écrivis : approuvé. Portant ensuite le doigt au bas de la marge, écrivez-là ces autres mots : Marie-Antoinette de France (...)". Afin de se justifier, Rétaux prétend que Jeanne de la Motte lui aurait promis que ses écrits seraient gardés secrets et qu'on les lui rendrait bientôt.
4/ Il conteste avoir été le témoin de la "scandaleuse scène des jardins de Versailles", mais reconnaît qu'il a "bien pu en rire étourdiment, quelques minutes", quand on lui en a parlé…
5/ Jeanne de La Motte lui avait confié des diamants pour qu'il les vende. Il prétend qu'il ne savait pas que ces diamants venaient du collier volé.
6/ Il conteste avoir fui au moment où l'affaire éclatait. Il prétend que "curieux depuis longtemps d'aller voir l'Italie (tu m'étonnes : ) il voyageait si lentement que, parti le 3, il se trouvait encore le 20 août à Lyon, sa patrie".
7/ Pour conclure, Rétaux soutient qu'on ne saurait déceler "l'ombre d'un soupçon de fraude ou de complicité" dans "toute" sa conduite. (rien que ça ! : ). Il prétend que c'est "la confiance inconsidérée de M. le Cardinal en la dame de la Motte" qui l'aurait induit en erreur. Il prétend également qu'il n'a pas cherché à copier la signature de qui que ce soit. Il faisait des faux... sans le savoir !
8/ En résumé : tout en reconnaissant à demi-mot que Rohan a été abusé, Rétaux soutient qu'il s'est contenté d'écrire, "bêtement", ce que Jeanne de la Motte lui dictait, et qu'il ne soupçonnait pas de fraude, en raison de la confiance dont Jeanne de la Motte jouissait auprès du cardinal.
1/ Né en février 1754, il avait 30 ans au moment de l'affaire du collier. Le sieur de La Motte était un ancien camarade qu'il avait connu d'abord à Lunéville et plus particulièrement ensuite à Bar sur Aube. Il retombe sur lui à Paris en mai 1784. Présenté à la dame de la Motte par son mari, Rétaux de Villette "reçut d'elle un accueil obligeant" dit-il. :
2/ Il reconnaît avoir fait des faux destinés au cardinal de Rohan, sur ordre de Jeanne de La Motte. C'est lui qui écrira le fameux "Marie-Antoinette de France", sous la dictée de Jeanne de La Motte. Il essaie néanmoins de se défausser de sa responsabilité sur Jeanne de La Motte, en laissant entendre (mollement) qu'il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait. L'avocat de Rétaux écrit : "... C'est au milieu de cette agitation vaine qu'on l'a, presque à son insu, fait servir d'instrument à l'infernale machination du collier, dont les suites ont été si funestes : ainsi la fraude adroite vint le surprendre au sein du délire...".
3/ Rétaux raconte comment il écrivît, sous la dictée de Jeanne, l'un des plus célèbres faux de l'Histoire de France : "Au mois de janvier 1785, la dame de La Motte me déclare, de ce ton de confidence qui pouvait flatter le plus mon amour propre et enflammer mon zèle, que M. le Cardinal de Rohan voulant faire l'acquisition d'un collier de diamants du plus grand prix, entend se servir de ma main pour mettre le dernier sceau à son marché avec les Joailliers; puis, sans laisser le temps à la réflexion, me présentant un écrit qui renfermait des conventions tracées par M. le Cardinal de Rohan, dont je reconnus parfaitement l'écriture ; mettez, dit-elle, sur chaque article, en marge, le mot approuvé. J'écrivis : approuvé. Portant ensuite le doigt au bas de la marge, écrivez-là ces autres mots : Marie-Antoinette de France (...)". Afin de se justifier, Rétaux prétend que Jeanne de la Motte lui aurait promis que ses écrits seraient gardés secrets et qu'on les lui rendrait bientôt.
4/ Il conteste avoir été le témoin de la "scandaleuse scène des jardins de Versailles", mais reconnaît qu'il a "bien pu en rire étourdiment, quelques minutes", quand on lui en a parlé…
5/ Jeanne de La Motte lui avait confié des diamants pour qu'il les vende. Il prétend qu'il ne savait pas que ces diamants venaient du collier volé.
6/ Il conteste avoir fui au moment où l'affaire éclatait. Il prétend que "curieux depuis longtemps d'aller voir l'Italie (tu m'étonnes : ) il voyageait si lentement que, parti le 3, il se trouvait encore le 20 août à Lyon, sa patrie".
7/ Pour conclure, Rétaux soutient qu'on ne saurait déceler "l'ombre d'un soupçon de fraude ou de complicité" dans "toute" sa conduite. (rien que ça ! : ). Il prétend que c'est "la confiance inconsidérée de M. le Cardinal en la dame de la Motte" qui l'aurait induit en erreur. Il prétend également qu'il n'a pas cherché à copier la signature de qui que ce soit. Il faisait des faux... sans le savoir !
8/ En résumé : tout en reconnaissant à demi-mot que Rohan a été abusé, Rétaux soutient qu'il s'est contenté d'écrire, "bêtement", ce que Jeanne de la Motte lui dictait, et qu'il ne soupçonnait pas de fraude, en raison de la confiance dont Jeanne de la Motte jouissait auprès du cardinal.
Invité- Invité
Re: L'affaire du collier de la reine
Mme de Sabran a écrit:
Il est révoltant d'y songer fusse une seconde .
Cela impliquerait une connivence entre Marie-Antoinette et la Motte .
En effet, j'ai du mal à m'imaginer la reine (surtout en 1784), mère de deux enfants, se cacher le soir derrière un arbre dans le parc de Versailles pour voir comment Rohan se ridiculise, un homme tellement méprisable à ses yeux qu'il n'existait même pas pour elle (ici on peut se référer à son comportement glacial vis-à-vis de Mme du Barry). Elle ne lui a jamais adressé la parole, et quelle souffrance pour elle de devoir le supporter à la Cour comme grand-aumônier depuis 1777 ! En y pensant, on pourrait croire que l'affaire du collier fut un moyen sûr pour Marie Antoinette de se débarrasser de lui une fois pour toutes !
Trêve de plaisanterie, je crois fermement à l'affirmation de Marie Antoinette lors de son procès, qu'elle n'a pas connu la dame de la Motte.
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: L'affaire du collier de la reine
un article du "point" sur l'affaire du collier.
http://www.lepoint.fr/c-est-arrive-aujourd-hui/11-aout-1784-le-cardinal-de-rohan-croit-rencontrer-la-reine-dans-un-bosquet-c-est-une-putain-11-08-2012-1494957_494.php#xtor=CS1-31
http://www.lepoint.fr/c-est-arrive-aujourd-hui/11-aout-1784-le-cardinal-de-rohan-croit-rencontrer-la-reine-dans-un-bosquet-c-est-une-putain-11-08-2012-1494957_494.php#xtor=CS1-31
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