Qianlong, empereur de Chine
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Qianlong, empereur de Chine
A l'heure où Marie-Antoinette se promenait dans les jardins de Trianon, que se passait-il à l'autre bout du monde, au sein de l'Empire du Milieu ?
A notre date règne Qianlong, parfois orthographié Kien-long. Né en 1711, mort en 1799, il traverse quasiment tout le XVIIIème siècle. Il est le quatrième empereur de la dynastie Qing, fils de l'empereur Yongzheng et d'une concubine impériale Xiao Sheng Xian. Son long règne est considéré comme l'un des âges d'or de la Chine impériale. Poète, peintre, calligraphe émérite, l'empereur fût aussi un collectionneur passionné, constituant au fil des années une des plus fabuleuses collections d'art au monde. La France y est présente puisqu'en 1765, l'empereur passa commande auprès de Louis XV de 16 estampes grand format racontant "les batailles de l'empereur de Chine". Leur réalisation fut dirigée par Charles-Nicolas Cochin fils, à partir, entre autres, de dessins des jésuites français Giuseppe Castiglione et de Jean-Denis Attiret et d'après les peintures sur papier d'An Deyi. Les gravures furent livrées à l'empereur avec les plaques de cuivre ainsi que les outils d'impression nécessaires.
Pour autant, les contacts avec les autres pays européens furent nettement moins agréables... En 1792, une ambassade britannique se passe mal, point de départ des funestes "guerres de l'opium" du siècle suivant.
En 1794, ce sont les hollandais qui s'y cassent les dents, les envoyés n'approchant même pas le souverain.
Les jésuites, eux, étaient bien vus du Fils du Ciel. L'empereur les soutînt même contre le Pape Clément XI. Irrité par l'intervention de l'empereur, le Pape interdit aux chinois convertis au christianisme de participer aux rites en l'honneur de Confucius, ce qui ne fît que tendre la situation entre les deux souverains.
Voilà pour l'Europe.
En Asie, l'empereur mena une politique de conquête importante, prouvant qu'il n'était pas seulement un esthète raffiné. L'empire céleste atteignît son apogée territoriale, plus de 12 millions de kilomètres carrés et une zone d'influence s'étendant de la Mongolie à la Birmanie en passant par le Tibet et le Viet Nam actuel. En 1788 et 1791, l'empereur se permet même de virer du Tibet à grands coups de pied les anglais qui tentent de s'y installer à partir de l'Inde. Appelé à l'aide par les tibétains, l'empereur rétablit le Daïla Lama, mais lui impose un Résident général et une garnison d'élite. En 1792, la monnaie tibétaine est désormais frappée en Chine.
Si ces guerres furent majoritairement victorieuses, elles saignèrent le trésor impérial.
Sur le plan intérieur, le Fils du Ciel renforça considérablement l'administration impériale et l'empire fût véritablement quadrillé par un maillage administratif serré. Ce qui n'empêcha pas une crise économique importante d'éclater en 1770. Les impôts et taxes augmentèrent pour renflouer les caisses, déjà malmenées par les nombreuses campagnes impériales.
Quant à l'homme en lui-même, il est complexe, surtout avec un si long règne (60ans). Qianlong abdiqua en effet par respect pour son grand-père, l'empereur Kangxi, afin de ne pas régner plus longtemps que lui. Son fils préféré deviendra l'empereur Jiaqing, mais Qianlong conservera en fait les pleins pouvoirs jusqu'à sa mort.
L'empereur esthète et collectionneur était du genre à décider seul. Maniaque du détail, peu de choses lui échappaient et s'il aimait prendre conseil auprès de son entourage, la décision finale lui revenait. Polyglotte, Il parlait chinois, mandchou, mongol et tibétain. Comme pour Louis XIV, il avait une vie disciplinée, réglée comme une horloge dans une nuée de rites et de protocole.
Bien qu'ayant eu 44 épouses, 17 fils et 10 filles, l'empereur aima profondément sa première femme, l'impératrice Xiao Xian. Elle mourût brusquement au bout de 16 ans de mariage, décès qui causa au souverain un choc dont il ne se remît jamais véritablement.
Cela ne l'empêcha pas de succomber au charme d'Heshen, un haut fonctionnaire qui ressemblait de manière troublante à une concubine impériale qui s'était suicidée. On ne sait si l'empereur et son favori eurent une relation physique mais Heshen profita de sa position pour acquérir fortune et pouvoir, exerçant une grande influence sur le souverain tout au long du règne. A la mort de l'empereur, convaincu de corruption à grande échelle, il se vît contraint au suicide par le nouveau souverain et sa (colossale) fortune fût confisquée.
Ajoutons à cela les intrigues de la secte du Lotus Blanc. Quésako ? Un ensemble assez disparate de sectes syncrétiques actives du XIVème au XXème siècle, prétendant remonter à une école bouddhiste du XIIème siècle et qui connut en son temps un grand succès. Sous le règne de Quianlong, une centaine d'écoles se réclamaient de ce mouvement, totalisant plus de deux millions de membres. La secte professait une philosophie compliquée, issue de plusieurs courants de pensée et religions, baignés de mysticisme et qui avait pris une tournure politique considérable, à l'origine semble-t-il de révoltes populaires et de nombreux soulèvements. On comptait par exemple parmi leur affidés les fameux "turbans rouges", un groupe de chefs rebelles qui, de 1351 à 1368, fomentèrent une succession de soulèvements et rébellions qui menèrent à la chute de la dynastie Yuan.
Vers la fin de son règne, Qianlong mena contre la secte une opération militaire d'envergure qui échoua. Symbole d'un règne long, éblouissant mais qui vers la fin, montrait les signes évidents d'un grave déclin... Allait venir le temps de ce qu'Alain Peyrefitte a appelé "L'empire immobile"...
Calonne- Messages : 1022
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 51
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Qianlong, empereur de Chine
Dans son livre Le premier janvier 1789, Arthur Conte signale la présence, dans le Cabinet Intérieur de Louis XVI, d'un biscuit de Sèvres représentant l'empereur de Chine.
Cherchant sur le Net, j'ai trouvé ceci :
J'ignore s'il s'agit de celui qui se trouvait dans les appartement de Louis XVI.
En tous cas, ce biscuit n'est pas une figure fantaisiste mais bien un véritable portrait de l’empereur de Chine Qianlong. Il s’inspire d’une aquarelle du père Panzi, jésuite attaché à la cour impériale, aquarelle prêtée à la manufacture de Sèvres par le secrétaire d’État Henri Bertin.
Érudit passionné par la Chine, ce dernier fit publier en 1776 des Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts et techniques des Chinois. En 1776, l’année même de la création du biscuit, une première plaque, peinte par le peintre Charles-Éloi Asselin, était vendue à Louis XVI au prix coquet de 480 livres. Vraisemblablement élaborée au cours de l’année 1775, la figurine représentant l’Empereur a été attribuée au sculpteur Josse-François-Joseph Le Riche, modeleur à Sèvres. Le premier exemplaire du biscuit fut vendu en août l’année suivante à la duchesse de Mazarin. L’œuvre était proposée au prix de 72 livres, somme relativement modeste mais qui s’explique par la simplicité de la figurine (qui requérait sept moules pour sa fabrication alors que les groupes les plus ambitieux en nécessitaient jusqu’à cent).
(Source : Musée des Arts Décoratifs de Paris. madparis.fr)
Cherchant sur le Net, j'ai trouvé ceci :
J'ignore s'il s'agit de celui qui se trouvait dans les appartement de Louis XVI.
En tous cas, ce biscuit n'est pas une figure fantaisiste mais bien un véritable portrait de l’empereur de Chine Qianlong. Il s’inspire d’une aquarelle du père Panzi, jésuite attaché à la cour impériale, aquarelle prêtée à la manufacture de Sèvres par le secrétaire d’État Henri Bertin.
Érudit passionné par la Chine, ce dernier fit publier en 1776 des Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts et techniques des Chinois. En 1776, l’année même de la création du biscuit, une première plaque, peinte par le peintre Charles-Éloi Asselin, était vendue à Louis XVI au prix coquet de 480 livres. Vraisemblablement élaborée au cours de l’année 1775, la figurine représentant l’Empereur a été attribuée au sculpteur Josse-François-Joseph Le Riche, modeleur à Sèvres. Le premier exemplaire du biscuit fut vendu en août l’année suivante à la duchesse de Mazarin. L’œuvre était proposée au prix de 72 livres, somme relativement modeste mais qui s’explique par la simplicité de la figurine (qui requérait sept moules pour sa fabrication alors que les groupes les plus ambitieux en nécessitaient jusqu’à cent).
(Source : Musée des Arts Décoratifs de Paris. madparis.fr)
Calonne- Messages : 1022
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 51
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Qianlong, empereur de Chine
Oui, nous évoquions également ces portraits ici : La Chine à Versailles
La reine passera également commande d'un exemplaire de cette statuette.
Et voici le portrait peint sur plaque de porcelaine :
L'empereur de Chine Qianlong
Charles-Eloi Asselin, d'après Giuseppe Panzi
Manufacture de Sèvres, 1776
Achetée en 1776 par Louis XVI, qui l'accrocha dans son cabinet intérieur à Versailles, cette plaque de porcelaine figure parmi les vingt-deux tableaux de porcelaine décrits dans l’inventaire dressé dans l’appartement intérieur de Louis XVI à Versailles en 1791.
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Jean-Marc Manaï
La reine passera également commande d'un exemplaire de cette statuette.
Et voici le portrait peint sur plaque de porcelaine :
L'empereur de Chine Qianlong
Charles-Eloi Asselin, d'après Giuseppe Panzi
Manufacture de Sèvres, 1776
Achetée en 1776 par Louis XVI, qui l'accrocha dans son cabinet intérieur à Versailles, cette plaque de porcelaine figure parmi les vingt-deux tableaux de porcelaine décrits dans l’inventaire dressé dans l’appartement intérieur de Louis XVI à Versailles en 1791.
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Jean-Marc Manaï
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Qianlong, empereur de Chine
C'est fou ce que la statuette et le portrait se ressemblent .
Je trouve un peu curieux ce bouc planté, non pas sur le menton, mais sous .
Je trouve un peu curieux ce bouc planté, non pas sur le menton, mais sous .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54458
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Qianlong, empereur de Chine
Logique ! Réalisés la même année, et donc d'après la même source d'inspiration, c'est à dire le dessin de Giuseppe Panzi.Mme de Sabran a écrit:C'est fou ce que la statuette et le portrait se ressemblent .
Ici une gravure d'après ce dessin original :
An Engraving by Martinet after a Drawing by Panzi.
In: DU HALDE, Jean-Baptiste, S. J., A Description of the empire of China and Chinese Tartary [...]
2 vols., London, Printed by T. Gardner for Edward Cave, 1738-1741, vol.1, fly page - detail.
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Qianlong, empereur de Chine
Si le portrait date donc de 1775 (ce qui est probable puisque son auteur arrive à la cour impériale en 1773), l'empereur a alors environ 65 ans.
Et à moins que le portrait soit flatté, on peut dire qu'il n'est guère marqué ou ridé… Il a le visage un peu plus creusé et marqué sur la figurine cependant je trouve.
Et à moins que le portrait soit flatté, on peut dire qu'il n'est guère marqué ou ridé… Il a le visage un peu plus creusé et marqué sur la figurine cependant je trouve.
Calonne- Messages : 1022
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 51
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Qianlong, empereur de Chine
La nuit, la neige a écrit:Oui, vous avez raison, on lui donnerait plus volontiers 20 ans de moins !
Allons donc ! 65 ans, c'est la fleur de l'âge ...
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 54458
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Qianlong, empereur de Chine
Sa tenue est assez étonnante par sa sobriété. Quand on pense au faste délirant des tenues de cour chinoises…
Quant au fait qu'il ait l'air très jeune pour 65 ans, la médecine chinoise sans doute… Diététique, Taï Chi, méditation, acupuncture, yoga peut-être…
- Comment son impériale Majesté se porte-elle aujourd'hui ?
- Oooommm… Bien, je suis bien. Oooommm...
Quant au fait qu'il ait l'air très jeune pour 65 ans, la médecine chinoise sans doute… Diététique, Taï Chi, méditation, acupuncture, yoga peut-être…
- Comment son impériale Majesté se porte-elle aujourd'hui ?
- Oooommm… Bien, je suis bien. Oooommm...
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J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1022
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 51
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Qianlong, empereur de Chine
Calonne a écrit:Sa tenue est assez étonnante par sa sobriété. Quand on pense au faste délirant des tenues de cour chinoises…
.
Non pas étonnante du tout au contraire , il s'agit là d'une tenue mandchoue , le type de tenue sobre que portaient les empereurs et courtisans tous les jours.
Les tenues fastueuses très peu pratiques étaient réservées aux cérémonies .
Là c'est visiblement une tenue d'hiver en fourrure avec la toque de même , mais le plus souvent il s'agissait de la même coupe en toile bleue foncée avec le petit chapeau en calotte surmonté d'une perle.
Les fastes des tenues c'était surtout la dynastie chinoise Ming précédente renversée au début du XVIIème siècle , mais les mandchous Qin introduisirent entre autre un style plus "tribal" , proche des mongols.
hastur- Messages : 541
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Qianlong, empereur de Chine
hastur a écrit:
Les tenues fastueuses très peu pratiques étaient réservées aux cérémonies
J'aime beaucoup ce portrait de l'empereur, avec l'une de ses armures de cérémonie :
The Qianlong Emperor in Ceremonial Armour
Giuseppe Castiglione, 郎世寧, 1758
Collection Palace Museum, Beijing
Source : https://arthistoryproject.com/artists/giuseppe-castiglione/
Voir ici : http://dragonsarmory.blogspot.com/2018/04/qing-qianlong-emperors-armor.html
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Qianlong, empereur de Chine
L'empereur est absolument magnifique mais nous sentons bien que, sur ce portrait, son cheval partage la vedette avec lui !
Sans doute cet animal splendide fait-il partie du tribut de chevaux versé par les Kazakhs à Qianlong, en signe d’allégeance au régime mandchou. ( merci Wiki )
Peinture sur papier à l'encre sur rouleau horizontal, réalisée par le missionnaire jésuite milanais Giuseppe Castiglione.
( 1757 )
https://fr.wikipedia.org/wiki/Qazaq_pr%C3%A9sentant_leur_tribut_de_chevaux_%C3%A0_l%27empereur_Qianlong
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Mme de Sabran- Messages : 54458
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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