Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
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Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
A l'heure où Marie-Antoinette se promenait dans les jardins de Trianon, que se passait-il à l'autre bout du monde, au sein de l'Empire du Milieu ?
A notre date règne Qianlong, parfois orthographié Kien-long. Né en 1711, mort en 1799, il traverse quasiment tout le XVIIIème siècle. Il est le quatrième empereur de la dynastie Qing, fils de l'empereur Yongzheng et d'une concubine impériale Xiao Sheng Xian. Son long règne est considéré comme l'un des âges d'or de la Chine impériale. Poète, peintre, calligraphe émérite, l'empereur fût aussi un collectionneur passionné, constituant au fil des années une des plus fabuleuses collections d'art au monde. La France y est présente puisqu'en 1765, l'empereur passa commande auprès de Louis XV de 16 estampes grand format racontant "les batailles de l'empereur de Chine". Leur réalisation fut dirigée par Charles-Nicolas Cochin fils, à partir, entre autres, de dessins des jésuites français Giuseppe Castiglione et de Jean-Denis Attiret et d'après les peintures sur papier d'An Deyi. Les gravures furent livrées à l'empereur avec les plaques de cuivre ainsi que les outils d'impression nécessaires.
Pour autant, les contacts avec les autres pays européens furent nettement moins agréables... En 1792, une ambassade britannique se passe mal, point de départ des funestes "guerres de l'opium" du siècle suivant.
En 1794, ce sont les hollandais qui s'y cassent les dents, les envoyés n'approchant même pas le souverain.
Les jésuites, eux, étaient bien vus du Fils du Ciel. L'empereur les soutînt même contre le Pape Clément XI. Irrité par l'intervention de l'empereur, le Pape interdit aux chinois convertis au christianisme de participer aux rites en l'honneur de Confucius, ce qui ne fît que tendre la situation entre les deux souverains.
Voilà pour l'Europe.
En Asie, l'empereur mena une politique de conquête importante, prouvant qu'il n'était pas seulement un esthète raffiné. L'empire céleste atteignît son apogée territoriale, plus de 12 millions de kilomètres carrés et une zone d'influence s'étendant de la Mongolie à la Birmanie en passant par le Tibet et le Viet Nam actuel. En 1788 et 1791, l'empereur se permet même de virer du Tibet à grands coups de pied les anglais qui tentent de s'y installer à partir de l'Inde. Appelé à l'aide par les tibétains, l'empereur rétablit le Daïla Lama, mais lui impose un Résident général et une garnison d'élite. En 1792, la monnaie tibétaine est désormais frappée en Chine.
Si ces guerres furent majoritairement victorieuses, elles saignèrent le trésor impérial.
Sur le plan intérieur, le Fils du Ciel renforça considérablement l'administration impériale et l'empire fût véritablement quadrillé par un maillage administratif serré. Ce qui n'empêcha pas une crise économique importante d'éclater en 1770. Les impôts et taxes augmentèrent pour renflouer les caisses, déjà malmenées par les nombreuses campagnes impériales.
Quant à l'homme en lui-même, il est complexe, surtout avec un si long règne (60ans). Qianlong abdiqua en effet par respect pour son grand-père, l'empereur Kangxi, afin de ne pas régner plus longtemps que lui. Son fils préféré deviendra l'empereur Jiaqing, mais Qianlong conservera en fait les pleins pouvoirs jusqu'à sa mort.
L'empereur esthète et collectionneur était du genre à décider seul. Maniaque du détail, peu de choses lui échappaient et s'il aimait prendre conseil auprès de son entourage, la décision finale lui revenait. Polyglotte, Il parlait chinois, mandchou, mongol et tibétain. Comme pour Louis XIV, il avait une vie disciplinée, réglée comme une horloge dans une nuée de rites et de protocole.
Bien qu'ayant eu 44 épouses, 17 fils et 10 filles, l'empereur aima profondément sa première femme, l'impératrice Xiao Xian. Elle mourût brusquement au bout de 16 ans de mariage, décès qui causa au souverain un choc dont il ne se remît jamais véritablement.
Cela ne l'empêcha pas de succomber au charme d'Heshen, un haut fonctionnaire qui ressemblait de manière troublante à une concubine impériale qui s'était suicidée. On ne sait si l'empereur et son favori eurent une relation physique mais Heshen profita de sa position pour acquérir fortune et pouvoir, exerçant une grande influence sur le souverain tout au long du règne. A la mort de l'empereur, convaincu de corruption à grande échelle, il se vît contraint au suicide par le nouveau souverain et sa (colossale) fortune fût confisquée.
Ajoutons à cela les intrigues de la secte du Lotus Blanc. Quésako ? Un ensemble assez disparate de sectes syncrétiques actives du XIVème au XXème siècle, prétendant remonter à une école bouddhiste du XIIème siècle et qui connut en son temps un grand succès. Sous le règne de Quianlong, une centaine d'écoles se réclamaient de ce mouvement, totalisant plus de deux millions de membres. La secte professait une philosophie compliquée, issue de plusieurs courants de pensée et religions, baignés de mysticisme et qui avait pris une tournure politique considérable, à l'origine semble-t-il de révoltes populaires et de nombreux soulèvements. On comptait par exemple parmi leur affidés les fameux "turbans rouges", un groupe de chefs rebelles qui, de 1351 à 1368, fomentèrent une succession de soulèvements et rébellions qui menèrent à la chute de la dynastie Yuan.
Vers la fin de son règne, Qianlong mena contre la secte une opération militaire d'envergure qui échoua. Symbole d'un règne long, éblouissant mais qui vers la fin, montrait les signes évidents d'un grave déclin... Allait venir le temps de ce qu'Alain Peyrefitte a appelé "L'empire immobile"...
Calonne- Messages : 1132
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Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Dans son livre Le premier janvier 1789, Arthur Conte signale la présence, dans le Cabinet Intérieur de Louis XVI, d'un biscuit de Sèvres représentant l'empereur de Chine.
Cherchant sur le Net, j'ai trouvé ceci :
J'ignore s'il s'agit de celui qui se trouvait dans les appartement de Louis XVI.
En tous cas, ce biscuit n'est pas une figure fantaisiste mais bien un véritable portrait de l’empereur de Chine Qianlong. Il s’inspire d’une aquarelle du père Panzi, jésuite attaché à la cour impériale, aquarelle prêtée à la manufacture de Sèvres par le secrétaire d’État Henri Bertin.
Érudit passionné par la Chine, ce dernier fit publier en 1776 des Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts et techniques des Chinois. En 1776, l’année même de la création du biscuit, une première plaque, peinte par le peintre Charles-Éloi Asselin, était vendue à Louis XVI au prix coquet de 480 livres. Vraisemblablement élaborée au cours de l’année 1775, la figurine représentant l’Empereur a été attribuée au sculpteur Josse-François-Joseph Le Riche, modeleur à Sèvres. Le premier exemplaire du biscuit fut vendu en août l’année suivante à la duchesse de Mazarin. L’œuvre était proposée au prix de 72 livres, somme relativement modeste mais qui s’explique par la simplicité de la figurine (qui requérait sept moules pour sa fabrication alors que les groupes les plus ambitieux en nécessitaient jusqu’à cent).
(Source : Musée des Arts Décoratifs de Paris. madparis.fr)
Cherchant sur le Net, j'ai trouvé ceci :
J'ignore s'il s'agit de celui qui se trouvait dans les appartement de Louis XVI.
En tous cas, ce biscuit n'est pas une figure fantaisiste mais bien un véritable portrait de l’empereur de Chine Qianlong. Il s’inspire d’une aquarelle du père Panzi, jésuite attaché à la cour impériale, aquarelle prêtée à la manufacture de Sèvres par le secrétaire d’État Henri Bertin.
Érudit passionné par la Chine, ce dernier fit publier en 1776 des Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts et techniques des Chinois. En 1776, l’année même de la création du biscuit, une première plaque, peinte par le peintre Charles-Éloi Asselin, était vendue à Louis XVI au prix coquet de 480 livres. Vraisemblablement élaborée au cours de l’année 1775, la figurine représentant l’Empereur a été attribuée au sculpteur Josse-François-Joseph Le Riche, modeleur à Sèvres. Le premier exemplaire du biscuit fut vendu en août l’année suivante à la duchesse de Mazarin. L’œuvre était proposée au prix de 72 livres, somme relativement modeste mais qui s’explique par la simplicité de la figurine (qui requérait sept moules pour sa fabrication alors que les groupes les plus ambitieux en nécessitaient jusqu’à cent).
(Source : Musée des Arts Décoratifs de Paris. madparis.fr)
Calonne- Messages : 1132
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Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Oui, nous évoquions également ces portraits ici : La Chine à Versailles
La reine passera également commande d'un exemplaire de cette statuette.
Et voici le portrait peint sur plaque de porcelaine :
L'empereur de Chine Qianlong
Charles-Eloi Asselin, d'après Giuseppe Panzi
Manufacture de Sèvres, 1776
Achetée en 1776 par Louis XVI, qui l'accrocha dans son cabinet intérieur à Versailles, cette plaque de porcelaine figure parmi les vingt-deux tableaux de porcelaine décrits dans l’inventaire dressé dans l’appartement intérieur de Louis XVI à Versailles en 1791.
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Jean-Marc Manaï
La reine passera également commande d'un exemplaire de cette statuette.
Et voici le portrait peint sur plaque de porcelaine :
L'empereur de Chine Qianlong
Charles-Eloi Asselin, d'après Giuseppe Panzi
Manufacture de Sèvres, 1776
Achetée en 1776 par Louis XVI, qui l'accrocha dans son cabinet intérieur à Versailles, cette plaque de porcelaine figure parmi les vingt-deux tableaux de porcelaine décrits dans l’inventaire dressé dans l’appartement intérieur de Louis XVI à Versailles en 1791.
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Jean-Marc Manaï
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
C'est fou ce que la statuette et le portrait se ressemblent .
Je trouve un peu curieux ce bouc planté, non pas sur le menton, mais sous .
Je trouve un peu curieux ce bouc planté, non pas sur le menton, mais sous .
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Logique ! Réalisés la même année, et donc d'après la même source d'inspiration, c'est à dire le dessin de Giuseppe Panzi.Mme de Sabran a écrit:C'est fou ce que la statuette et le portrait se ressemblent .
Ici une gravure d'après ce dessin original :
An Engraving by Martinet after a Drawing by Panzi.
In: DU HALDE, Jean-Baptiste, S. J., A Description of the empire of China and Chinese Tartary [...]
2 vols., London, Printed by T. Gardner for Edward Cave, 1738-1741, vol.1, fly page - detail.
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Si le portrait date donc de 1775 (ce qui est probable puisque son auteur arrive à la cour impériale en 1773), l'empereur a alors environ 65 ans.
Et à moins que le portrait soit flatté, on peut dire qu'il n'est guère marqué ou ridé… Il a le visage un peu plus creusé et marqué sur la figurine cependant je trouve.
Et à moins que le portrait soit flatté, on peut dire qu'il n'est guère marqué ou ridé… Il a le visage un peu plus creusé et marqué sur la figurine cependant je trouve.
Calonne- Messages : 1132
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
La nuit, la neige a écrit:Oui, vous avez raison, on lui donnerait plus volontiers 20 ans de moins !
Allons donc ! 65 ans, c'est la fleur de l'âge ...
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Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Sa tenue est assez étonnante par sa sobriété. Quand on pense au faste délirant des tenues de cour chinoises…
Quant au fait qu'il ait l'air très jeune pour 65 ans, la médecine chinoise sans doute… Diététique, Taï Chi, méditation, acupuncture, yoga peut-être…
- Comment son impériale Majesté se porte-elle aujourd'hui ?
- Oooommm… Bien, je suis bien. Oooommm...
Quant au fait qu'il ait l'air très jeune pour 65 ans, la médecine chinoise sans doute… Diététique, Taï Chi, méditation, acupuncture, yoga peut-être…
- Comment son impériale Majesté se porte-elle aujourd'hui ?
- Oooommm… Bien, je suis bien. Oooommm...
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J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1132
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Calonne a écrit:Sa tenue est assez étonnante par sa sobriété. Quand on pense au faste délirant des tenues de cour chinoises…
.
Non pas étonnante du tout au contraire , il s'agit là d'une tenue mandchoue , le type de tenue sobre que portaient les empereurs et courtisans tous les jours.
Les tenues fastueuses très peu pratiques étaient réservées aux cérémonies .
Là c'est visiblement une tenue d'hiver en fourrure avec la toque de même , mais le plus souvent il s'agissait de la même coupe en toile bleue foncée avec le petit chapeau en calotte surmonté d'une perle.
Les fastes des tenues c'était surtout la dynastie chinoise Ming précédente renversée au début du XVIIème siècle , mais les mandchous Qin introduisirent entre autre un style plus "tribal" , proche des mongols.
hastur- Messages : 541
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
hastur a écrit:
Les tenues fastueuses très peu pratiques étaient réservées aux cérémonies
J'aime beaucoup ce portrait de l'empereur, avec l'une de ses armures de cérémonie :
The Qianlong Emperor in Ceremonial Armour
Giuseppe Castiglione, 郎世寧, 1758
Collection Palace Museum, Beijing
Source : https://arthistoryproject.com/artists/giuseppe-castiglione/
Voir ici : http://dragonsarmory.blogspot.com/2018/04/qing-qianlong-emperors-armor.html
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
L'empereur est absolument magnifique mais nous sentons bien que, sur ce portrait, son cheval partage la vedette avec lui !
Sans doute cet animal splendide fait-il partie du tribut de chevaux versé par les Kazakhs à Qianlong, en signe d’allégeance au régime mandchou. ( merci Wiki )
Peinture sur papier à l'encre sur rouleau horizontal, réalisée par le missionnaire jésuite milanais Giuseppe Castiglione.
( 1757 )
https://fr.wikipedia.org/wiki/Qazaq_pr%C3%A9sentant_leur_tribut_de_chevaux_%C3%A0_l%27empereur_Qianlong
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Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Nous écrivions, quelques messages en amont...
Annoncée en vente aux enchères, l'une des trèsrares versions de...
«L’Empereur de la Chine» - Portrait de l’empereur Qianlong (1711-1799)
Attribué à Josse-François-Joseph LE RICHE (1741-1812), sous la direction de Louis-Simon BOIZOT (1743-1809)
Manufacture royale de Sèvres
Biscuit de porcelaine dure, entre 1775 et 1779
Marques en creux sur le socle«B» (pour Boizot) et «9» (numéro de moule).
Quelques éclats et manques au socle.
H. 40,5x L. 14,5x P. 14 cm.
Provenance :
Un des treize biscuits au portrait de «L’Empereur de la Chine» réalisés par la Manufacture royale de Sèvres entre 1775 et 1779, et l’un des trois connus à ce jour.
Collection privée française, cité dans une attestation d’expertise de la Manufacture nationale de porcelaine de Sèvres le 6 juillet 1883 : «L’Empereur de Chine / Modèle de Sèvres de 1760 à 1780 (sic) / Biscuit en porcelaine pâte tendre (sic), modèle très rare et d’une grande valeur. L. Lenoy, commis principal Musée Céramique de Sèvres». M. Poulet, antiquaire à Versailles. Achetée 6000 francs le 14 décembre 1929 par Madame la Comtesse Claude de Choiseul-
Praslin, née Yvonne Tempez (1895-1982), auprès de M. Poulet (facture jointe). Puis à son filleul (donné vers le 19 juillet 1960), père de l’actuelle propriétaire.
Oeuvres en rapport
Un exemplaire numéroté «20», H. 40,5 cm, est conservé au Musée des Arts Décoratifs, Paris (inv. 23723, Legs Adèle Michon, 1923).
Un exemplaire numéroté «17», H. 40,6 cm, est conservé au Museum of Fine Arts, Boston (inv. 2003.119).
La terre cuite originale de 1775 sous la direction de Boizot est conservée au Musée National de Céramique, Sèvres (inv. MNC 12971).
Liste des 13 destinataires du biscuit de L’Empereur de la Chine livrés selon les archives de la Manufacture de Sèvres :
- Madame la duchesse de Mazarin, le 10 août 1776 (Vy 7, fol. 118 v°).
- Marie-Antoinette, reine de France, en 1776 (Vy 6, fol. 208 v°).
- Madame Adélaïde, tante de Louis XVI, en 1776, à Versailles (Vy 7, fol. 128).
- Un exemplaire vendu au comptant le 21 décembre 1776 (Vy 6, fol. 118).
- Un exemplaire vendu au comptant le 22 décembre 1776 (Vy 6, fol. 120).
- Un exemplaire vendu au comptant le 27 décembre 1776 (Vy 6, fol. 130).
- Monsieur le prince de Croÿ (avec un pied de 48 livres), le 23 mai 1777 (Vy 6, fol. 186).
- Au marchand Grouet, première moitié de l'année 1777 (Vy 6, fol. 223).
- Madame la comtesse d’Artois, le 28 décembre 1777, à Versailles (Vy 6, fol. 246 v°).
- Madame de Durfort, le 11 décembre 1777 (Vy 7, fol. 111 v°).
- Un exemplaire vendu au comptant le 16 décembre 1778 (Vy 7, fol. 58).
- Monsieur L’ambassadeur de Sardaigne, le 27 avril 1779 (Vy 7, fol. 137).
- Un exemplaire vendu au comptant le 26 mai 1779 (Vy 7, fol. 144).
(....)
* Source et infos complémentaires : Auctie's - Paris, vente en préparation du 28 mai 2024
Ainsi donc, si l'exemplaire de Marie-Antoinette est bien précisé dans cet inventaire des "13 premiers collectionneurs" de cette figure, il n'en est pas de même concernant Louis XVI. N'y aurait-il pas confusion avec la plaque de porcelaine avec comme décor un même portrait de Qianlong ?
Concernant l'historique de l'oeuvre, je vous renvoie à nos messages illustrés ci-dessus, ou bien à la présentation complète de l'oeuvre sur le site du Musée d'arts décoratifs de Paris :
MANUFACTURE ROYALE DE SÈVRES, « L’EMPEREUR DE CHINE », ENTRE 1776 ET 1785
Contrairement aux décors de chinoiserie en faveur à la Manufacture de Sèvres depuis sa création, cette statuette n’est pas une figure de fantaisie mais un véritable portrait, celui de l’empereur de Chine Qianlong (1736-1795). Il s’inspire d’une aquarelle du père Panzi, jésuite attaché à la cour de Pékin, prêtée à la manufacture par le secrétaire d’État Henri Bertin. Cet important client n’hésitait pas à influer sur les choix artistiques de l’entreprise, suggérant des décors et apportant des modèles. Érudit passionné par la Chine, il fit publier en 1776 les Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts […] des Chinois dont le frontispice reprenait la transcription en gravure du portrait de Qianlong.
Source image : Catawiki
Ce portrait aquarellé servit également de modèle pour des tableaux sur porcelaine ; en 1776, l’année même de la sortie du biscuit, une première plaque, peinte par le peintre Charles-Éloi Asselin, était vendue à Louis XVI au prix considérable de 480 livres, suivie de deux autres.
L'empereur de Chine Qianlong
Charles-Eloi Asselin, d'après Giuseppe Panzi
Manufacture de Sèvres, 1776
Achetée en 1776 par Louis XVI, qui l'accrocha dans son cabinet intérieur à Versailles, cette plaque de porcelaine figure parmi les vingt-deux tableaux de porcelaine décrits dans l’inventaire dressé dans l’appartement intérieur de Louis XVI à Versailles en 1791.
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Jean-Marc Manaï
Vraisemblablement élaborée au cours de l’année 1775, la figure de L’Empereur de la Chine a été attribuée au sculpteur Josse-François-Joseph Le Riche, modeleur à Sèvres de 1757 à 1801, sans qu’aucun document d’archive ne vienne confirmer cette hypothèse.
Le premier exemplaire en biscuit fut vendu en août l’année suivante à la duchesse de Mazarin. L’œuvre était proposée au prix de 72 livres, somme relativement modeste mais qui s’explique par la simplicité de la figure qui requérait sept moules pour sa fabrication, alors que les groupes les plus ambitieux en nécessitaient jusqu’à cent.
La production de petite sculpture en biscuit, c’est-à-dire sans couverte, avait assuré à la manufacture le prestige d’un nouveau matériau céramique, à la surface blanche finement polie évoquant le marbre. Son développement à partir du milieu du siècle fut tel qu’en 1757 la Manufacture de Sèvres nomma un directeur de la sculpture, poste tenu jusqu’en 1766 par Étienne-Maurice Falconet (1716-1791), alors remplacé par le peintre Jean-Jacques Bachelier (1724-1806) jusqu’en 1773, puis par le sculpteur Louis-Simon Boizot (1743-1809) qui l’occupa jusqu’à sa mort.
The Emperor of China
Made at: Sèvres Manufactory (France); Supervised by: Simon-Louis Boizot (1743–1809); Possibly modeled by: Josse-Francois-Joseph Le Riche (French, 1741–1812)
Bisque porcelain, about 1775
Height: 40.6 cm (16 in.)
Images : Museum of Fine Arts Boston
Au sein de cette production exportée puis imitée dans toute l’Europe, L’Empereur de la Chine, malgré le prestige de ses principaux acheteurs – la reine Marie-Antoinette, Madame Adélaïde, tante de Louis XVI, la duchesse de Durfort ou l’ambassadeur de Sardaigne… –, connut un succès limité puisque seuls treize exemplaires en furent vendus. L’austérité de ce portrait d’un souverain étranger, empreint d’une ironique sagesse, avait sans doute dérouté les clients, habitués à des créations plus aimables. Mais elle n’avait pas détourné la manufacture de la création de ces effigies de princes de royaumes lointains, puisque en 1787 Boizot modelait la statuette d’une figure en pied d’un jeune Prince de Cochinchine « afin de piquer la curiosité par du nouveau ». Le premier exemplaire fut vendu au roi à la fin de l’année, au même prix que la figure de Qianlong.
B.R.
- Tamara Préaud, « Sèvres, la Chine et les “chinoiseries” au XVIIIe siècle », The Journal of the Walters Art Gallery, n°47, 1989, p. 39-52.
- Louis-Simon Boizot (1743-1809) : sculpteur du roi et directeur de l’atelier de sculpture à la Manufacture de Sèvres, catalogue d’exposition, Versailles, musée Lambinet, 2001, Paris, Somogy, 2001.
* Source et infos complémentaires : Mad Paris - Sèvres , l'empereur de Chine
Calonne a écrit:Dans son livre Le premier janvier 1789, Arthur Conte signale la présence, dans le Cabinet Intérieur de Louis XVI, d'un biscuit de Sèvres représentant l'empereur de Chine.
La nuit, la neige a écrit:La reine passera également commande d'un exemplaire de cette statuette.
Annoncée en vente aux enchères, l'une des trèsrares versions de...
«L’Empereur de la Chine» - Portrait de l’empereur Qianlong (1711-1799)
Attribué à Josse-François-Joseph LE RICHE (1741-1812), sous la direction de Louis-Simon BOIZOT (1743-1809)
Manufacture royale de Sèvres
Biscuit de porcelaine dure, entre 1775 et 1779
Marques en creux sur le socle«B» (pour Boizot) et «9» (numéro de moule).
Quelques éclats et manques au socle.
H. 40,5x L. 14,5x P. 14 cm.
Provenance :
Un des treize biscuits au portrait de «L’Empereur de la Chine» réalisés par la Manufacture royale de Sèvres entre 1775 et 1779, et l’un des trois connus à ce jour.
Collection privée française, cité dans une attestation d’expertise de la Manufacture nationale de porcelaine de Sèvres le 6 juillet 1883 : «L’Empereur de Chine / Modèle de Sèvres de 1760 à 1780 (sic) / Biscuit en porcelaine pâte tendre (sic), modèle très rare et d’une grande valeur. L. Lenoy, commis principal Musée Céramique de Sèvres». M. Poulet, antiquaire à Versailles. Achetée 6000 francs le 14 décembre 1929 par Madame la Comtesse Claude de Choiseul-
Praslin, née Yvonne Tempez (1895-1982), auprès de M. Poulet (facture jointe). Puis à son filleul (donné vers le 19 juillet 1960), père de l’actuelle propriétaire.
Oeuvres en rapport
Un exemplaire numéroté «20», H. 40,5 cm, est conservé au Musée des Arts Décoratifs, Paris (inv. 23723, Legs Adèle Michon, 1923).
Un exemplaire numéroté «17», H. 40,6 cm, est conservé au Museum of Fine Arts, Boston (inv. 2003.119).
La terre cuite originale de 1775 sous la direction de Boizot est conservée au Musée National de Céramique, Sèvres (inv. MNC 12971).
Liste des 13 destinataires du biscuit de L’Empereur de la Chine livrés selon les archives de la Manufacture de Sèvres :
- Madame la duchesse de Mazarin, le 10 août 1776 (Vy 7, fol. 118 v°).
- Marie-Antoinette, reine de France, en 1776 (Vy 6, fol. 208 v°).
- Madame Adélaïde, tante de Louis XVI, en 1776, à Versailles (Vy 7, fol. 128).
- Un exemplaire vendu au comptant le 21 décembre 1776 (Vy 6, fol. 118).
- Un exemplaire vendu au comptant le 22 décembre 1776 (Vy 6, fol. 120).
- Un exemplaire vendu au comptant le 27 décembre 1776 (Vy 6, fol. 130).
- Monsieur le prince de Croÿ (avec un pied de 48 livres), le 23 mai 1777 (Vy 6, fol. 186).
- Au marchand Grouet, première moitié de l'année 1777 (Vy 6, fol. 223).
- Madame la comtesse d’Artois, le 28 décembre 1777, à Versailles (Vy 6, fol. 246 v°).
- Madame de Durfort, le 11 décembre 1777 (Vy 7, fol. 111 v°).
- Un exemplaire vendu au comptant le 16 décembre 1778 (Vy 7, fol. 58).
- Monsieur L’ambassadeur de Sardaigne, le 27 avril 1779 (Vy 7, fol. 137).
- Un exemplaire vendu au comptant le 26 mai 1779 (Vy 7, fol. 144).
(....)
* Source et infos complémentaires : Auctie's - Paris, vente en préparation du 28 mai 2024
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Ainsi donc, si l'exemplaire de Marie-Antoinette est bien précisé dans cet inventaire des "13 premiers collectionneurs" de cette figure, il n'en est pas de même concernant Louis XVI. N'y aurait-il pas confusion avec la plaque de porcelaine avec comme décor un même portrait de Qianlong ?
Concernant l'historique de l'oeuvre, je vous renvoie à nos messages illustrés ci-dessus, ou bien à la présentation complète de l'oeuvre sur le site du Musée d'arts décoratifs de Paris :
MANUFACTURE ROYALE DE SÈVRES, « L’EMPEREUR DE CHINE », ENTRE 1776 ET 1785
Contrairement aux décors de chinoiserie en faveur à la Manufacture de Sèvres depuis sa création, cette statuette n’est pas une figure de fantaisie mais un véritable portrait, celui de l’empereur de Chine Qianlong (1736-1795). Il s’inspire d’une aquarelle du père Panzi, jésuite attaché à la cour de Pékin, prêtée à la manufacture par le secrétaire d’État Henri Bertin. Cet important client n’hésitait pas à influer sur les choix artistiques de l’entreprise, suggérant des décors et apportant des modèles. Érudit passionné par la Chine, il fit publier en 1776 les Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts […] des Chinois dont le frontispice reprenait la transcription en gravure du portrait de Qianlong.
Source image : Catawiki
Ce portrait aquarellé servit également de modèle pour des tableaux sur porcelaine ; en 1776, l’année même de la sortie du biscuit, une première plaque, peinte par le peintre Charles-Éloi Asselin, était vendue à Louis XVI au prix considérable de 480 livres, suivie de deux autres.
L'empereur de Chine Qianlong
Charles-Eloi Asselin, d'après Giuseppe Panzi
Manufacture de Sèvres, 1776
Achetée en 1776 par Louis XVI, qui l'accrocha dans son cabinet intérieur à Versailles, cette plaque de porcelaine figure parmi les vingt-deux tableaux de porcelaine décrits dans l’inventaire dressé dans l’appartement intérieur de Louis XVI à Versailles en 1791.
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Jean-Marc Manaï
Vraisemblablement élaborée au cours de l’année 1775, la figure de L’Empereur de la Chine a été attribuée au sculpteur Josse-François-Joseph Le Riche, modeleur à Sèvres de 1757 à 1801, sans qu’aucun document d’archive ne vienne confirmer cette hypothèse.
Le premier exemplaire en biscuit fut vendu en août l’année suivante à la duchesse de Mazarin. L’œuvre était proposée au prix de 72 livres, somme relativement modeste mais qui s’explique par la simplicité de la figure qui requérait sept moules pour sa fabrication, alors que les groupes les plus ambitieux en nécessitaient jusqu’à cent.
La production de petite sculpture en biscuit, c’est-à-dire sans couverte, avait assuré à la manufacture le prestige d’un nouveau matériau céramique, à la surface blanche finement polie évoquant le marbre. Son développement à partir du milieu du siècle fut tel qu’en 1757 la Manufacture de Sèvres nomma un directeur de la sculpture, poste tenu jusqu’en 1766 par Étienne-Maurice Falconet (1716-1791), alors remplacé par le peintre Jean-Jacques Bachelier (1724-1806) jusqu’en 1773, puis par le sculpteur Louis-Simon Boizot (1743-1809) qui l’occupa jusqu’à sa mort.
The Emperor of China
Made at: Sèvres Manufactory (France); Supervised by: Simon-Louis Boizot (1743–1809); Possibly modeled by: Josse-Francois-Joseph Le Riche (French, 1741–1812)
Bisque porcelain, about 1775
Height: 40.6 cm (16 in.)
Images : Museum of Fine Arts Boston
Au sein de cette production exportée puis imitée dans toute l’Europe, L’Empereur de la Chine, malgré le prestige de ses principaux acheteurs – la reine Marie-Antoinette, Madame Adélaïde, tante de Louis XVI, la duchesse de Durfort ou l’ambassadeur de Sardaigne… –, connut un succès limité puisque seuls treize exemplaires en furent vendus. L’austérité de ce portrait d’un souverain étranger, empreint d’une ironique sagesse, avait sans doute dérouté les clients, habitués à des créations plus aimables. Mais elle n’avait pas détourné la manufacture de la création de ces effigies de princes de royaumes lointains, puisque en 1787 Boizot modelait la statuette d’une figure en pied d’un jeune Prince de Cochinchine « afin de piquer la curiosité par du nouveau ». Le premier exemplaire fut vendu au roi à la fin de l’année, au même prix que la figure de Qianlong.
B.R.
- Tamara Préaud, « Sèvres, la Chine et les “chinoiseries” au XVIIIe siècle », The Journal of the Walters Art Gallery, n°47, 1989, p. 39-52.
- Louis-Simon Boizot (1743-1809) : sculpteur du roi et directeur de l’atelier de sculpture à la Manufacture de Sèvres, catalogue d’exposition, Versailles, musée Lambinet, 2001, Paris, Somogy, 2001.
* Source et infos complémentaires : Mad Paris - Sèvres , l'empereur de Chine
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Shieshie LNLN !
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Puisque nous parlions mode à propos de l'empereur un peu plus haut, que portait-on à la cour impériale ?
Une civilisation millénaire comme la chinoise a connu de nombreuses modes et de nombreux styles. Néanmoins, c'est le Hanfu qui est resté pendant des siècles la base du costume traditionnel, pour les hommes comme pour les femmes.
Le Hanfu (littéralement "vêtement des Han") s'est maintenu jusqu'au XVIIème siècle. Il disparaît ensuite sous le règne de la dernière dynastie, la dynastie Qing, d'origine mandchoue, jusqu'en 1912.
Le Hanfu comporte trois éléments : le vêtement supérieur, qui peut être une veste ou une robe. Le vêtement inférieur, qui est une jupe large et fluide pour les femmes, plus près du corps et droite pour les hommes, attachée à une ceinture au niveau de la taille. Le troisième est une sorte de pardessus, qui peut être long ou court, épais pour l'hiver ou léger pour l'été.
Le col se croise toujours de la même manière, de façon à former un Y. Le Hanfu ne comporte pas de boutons, on se sert en fait de petits cordons, discrètement placés à l'intérieur du vêtement, des nœuds de cordons plus exactement, qui s'insèrent dans une boucle. Principalement chez les femmes, les manches sont très longues, plus longues que les bras, certaines pouvant dépasser un mètre et flotter ainsi dans les airs lors de la marche ou de la danse.
Le Hanfu est majoritairement en soie et peut être richement brodé : oiseaux, fleurs, phénix et dragons, de véritables paysages parfois. Les couleurs ne doivent rien au hasard : les cinq couleurs primaires chinoises (bleu, rouge, jaune, blanc et noir) représentent chacune un élément de la nature. Le jaune, couleur de la terre, est réservé à l'empereur. Le rouge est symbole de prospérité, de richesse. Le dragon, symbole du pouvoir impérial, est également réservé à l'empereur tandis que le phénix est réservé à l'impératrice. Les canards mandarins symbolisent la fidélité. La pivoine représente la prospérité, tandis que le lotus incarne la pureté. Enfin, le col croisé symbolise l'harmonie et l'équilibre du Yin et du Yang.
Au niveau des accessoires :
L'éventail et l'ombrelle étaient utilisés aussi bien par les hommes que les femmes. Les hommes portaient les cheveux longs attachés en chignon (la dynastie Qing imposera le crâne rasé orné d'une unique natte) et parfois fine moustache et barbiche en pointe. Les femmes portaient souvent un haut chignon vertical, orné de fleurs. Le culte du teint clair imposait aux hommes comme aux femmes de se poudrer le visage. Comme au Japon, une grande bouche était considérée comme vulgaire : les femmes se redessinaient donc la bouche au rouge à lèvres en la faisant plus petite. Les fonctionnaires portaient des coiffes "aux pieds tendus", ornées de petites ailes rigides afin de les empêcher de se parler à l'oreille lors des conseils et cérémonies... On portait des chaussons en soie, parfois pourvus d'un petit talon. On trouvait aussi chez les deux sexes les fameux chaussons aux extrémités relevées.
Une mode qui dura très longtemps et qui étonnait énormément les visiteurs occidentaux. Ses origines restent mystérieuses.
Pour certains, ces extrémités relevées permettaient tout simplement d'éviter de se prendre les pieds dans les plis des amples robes et de tomber. Pour d'autres, elles permettaient d'éviter de se blesser les orteils en heurtant un caillou ou une pierre. D'autres enfin pensent qu'il s'agissait d'un symbole, en rapport avec les toits aux extrémités relevées de l'architecture chinoise.
Sous la dynastie Qing (1644-1912), d'origine mandchoue, dernière dynastie a avoir régné avant l'instauration de la république, le Hanfu devient interdit. Les robes de cour et de cérémonie deviennent d'une complexité et d'un raffinement incroyables, pour les deux sexes. On superpose les couches de vêtements, chaque centimètre carré est brodé, décoré, ornementé. Les manches sont désormais étroites et couvrent le dos de la main. On fixe des épaulettes ouvragées, on se pare de longs colliers de perles en sautoir, de manchettes richement brodées et amovibles, les coiffures se font sophistiquées...
Certaines robes pouvaient demander plusieurs années de travail (jusqu'à cinq ans pour celles du couple impérial), présentant une minutie et un raffinement inouïs :
Comme vu plus haut, les hommes se rasent alors la tête, ne laissant qu'une natte qui devient le symbole de leur masculinité. Ils portent souvent une toque circulaire surmontée de rouge qui symbolise le lever du soleil. Les poches sont extérieures, de petites bourses suspendues à la taille.
Les fameuses épaulettes sont des parures à elles seules, véritables armatures ouvragées couvrant les épaules et même le haut du corps, prolongées par des rubans ou des pendentifs.
Sous les robes, les hommes délaissent désormais les chaussons et portent des bottes aux semelles épaisses, richement ornées, en laine, en coton, en soie ou satin, souvenir des origines nomades de la dynastie.
Les femmes portent elles d'inconfortables socques surélevées, qui les obligent à adopter une démarche lente et prudente, à petits pas, démarche qui confirme, symboliquement, leur statut inférieur et leur soumission. Hors de question de courir.
Mais cela va aller encore plus loin avec la terrible mode des pieds bandés qui dura plus de mille ans (je vous épargne les photos, affreuses) : les femmes se comprimaient les pieds dès le plus jeune âge avec des bandelettes, ce qui était censé leur conférer une démarche érotique ou sensuelle. Ce serait un empereur, Li Yu, qui aurait demandé à sa favorite de se comprimer ainsi les pieds pour avoir une démarche plus ondoyante et sensuelle. Ce qui mena à de véritables mutilations.
C'était surtout un moyen de les "brider" en les empêchant de courir ou de marcher vite, les forçant à marcher à petits pas. Les pieds bandés étaient la règle dans l'aristocratie, limitant l'activité de la femme noble confinée dans son intérieur, contrairement à celle des classes populaires qui devait sortir pour travailler. Comme le teint clair, les pieds bandés étaient quelque part signe d'appartenance aux classes supérieures.
Au niveau des cheveux, terminés les chignons dressés, parfois remplacés par des postiches. Ces dames arborent désormais d'immenses coiffures, de véritables échafaudages enrichis de postiches, de fleurs et d'ornements divers, le tout pouvant peser plusieurs kilos, causant migraines et douleurs cervicales.
Enfin, les femmes (et parfois les hommes) laissaient pousser leurs ongles de façon démesurée, preuve encore une fois qu'elles n'avaient pas besoin d'utiliser leurs mains pour travailler et donc qu'elles faisaient partie de l'élite. Il était d'usage de laisser le pouce et l'index avec les ongles courts pour pouvoir saisir les objets et écrire. Pour protéger ces ongles, souvent laqués,, on utilisait des doigtiers dont certains étaient magnifiquement ouvragés, parfois même ornés de pierres précieuses...
Il faut souffrir pour être belle...
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Une civilisation millénaire comme la chinoise a connu de nombreuses modes et de nombreux styles. Néanmoins, c'est le Hanfu qui est resté pendant des siècles la base du costume traditionnel, pour les hommes comme pour les femmes.
Le Hanfu (littéralement "vêtement des Han") s'est maintenu jusqu'au XVIIème siècle. Il disparaît ensuite sous le règne de la dernière dynastie, la dynastie Qing, d'origine mandchoue, jusqu'en 1912.
Le Hanfu comporte trois éléments : le vêtement supérieur, qui peut être une veste ou une robe. Le vêtement inférieur, qui est une jupe large et fluide pour les femmes, plus près du corps et droite pour les hommes, attachée à une ceinture au niveau de la taille. Le troisième est une sorte de pardessus, qui peut être long ou court, épais pour l'hiver ou léger pour l'été.
Le col se croise toujours de la même manière, de façon à former un Y. Le Hanfu ne comporte pas de boutons, on se sert en fait de petits cordons, discrètement placés à l'intérieur du vêtement, des nœuds de cordons plus exactement, qui s'insèrent dans une boucle. Principalement chez les femmes, les manches sont très longues, plus longues que les bras, certaines pouvant dépasser un mètre et flotter ainsi dans les airs lors de la marche ou de la danse.
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Le Hanfu est majoritairement en soie et peut être richement brodé : oiseaux, fleurs, phénix et dragons, de véritables paysages parfois. Les couleurs ne doivent rien au hasard : les cinq couleurs primaires chinoises (bleu, rouge, jaune, blanc et noir) représentent chacune un élément de la nature. Le jaune, couleur de la terre, est réservé à l'empereur. Le rouge est symbole de prospérité, de richesse. Le dragon, symbole du pouvoir impérial, est également réservé à l'empereur tandis que le phénix est réservé à l'impératrice. Les canards mandarins symbolisent la fidélité. La pivoine représente la prospérité, tandis que le lotus incarne la pureté. Enfin, le col croisé symbolise l'harmonie et l'équilibre du Yin et du Yang.
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Au niveau des accessoires :
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Pour certains, ces extrémités relevées permettaient tout simplement d'éviter de se prendre les pieds dans les plis des amples robes et de tomber. Pour d'autres, elles permettaient d'éviter de se blesser les orteils en heurtant un caillou ou une pierre. D'autres enfin pensent qu'il s'agissait d'un symbole, en rapport avec les toits aux extrémités relevées de l'architecture chinoise.
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La dynastie Qing
Sous la dynastie Qing (1644-1912), d'origine mandchoue, dernière dynastie a avoir régné avant l'instauration de la république, le Hanfu devient interdit. Les robes de cour et de cérémonie deviennent d'une complexité et d'un raffinement incroyables, pour les deux sexes. On superpose les couches de vêtements, chaque centimètre carré est brodé, décoré, ornementé. Les manches sont désormais étroites et couvrent le dos de la main. On fixe des épaulettes ouvragées, on se pare de longs colliers de perles en sautoir, de manchettes richement brodées et amovibles, les coiffures se font sophistiquées...
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Mais cela va aller encore plus loin avec la terrible mode des pieds bandés qui dura plus de mille ans (je vous épargne les photos, affreuses) : les femmes se comprimaient les pieds dès le plus jeune âge avec des bandelettes, ce qui était censé leur conférer une démarche érotique ou sensuelle. Ce serait un empereur, Li Yu, qui aurait demandé à sa favorite de se comprimer ainsi les pieds pour avoir une démarche plus ondoyante et sensuelle. Ce qui mena à de véritables mutilations.
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Calonne- Messages : 1132
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Merci cher Calonne.
En complément, et puisque je reconnais des acteurs et actrices sur ces images, je vous renvoie à nos deux sujets, copieusement illustrés, des deux séries TV-fleuves chinoises dont les intrigues de cour se déroulent au 18e siècle :
La légende de Zhen Huan (Empress in the Palace) dont l'histoire débute en 1722 sous le règne de l'empereur Yongzheng (1678 - 1735) jusqu'à sa mort en 1735.
Et encore plus spectaculaire (décors et costumes ) :
L'histoire du palais Yanxi, dont l'action se déroule justement sous le règne de son fils, Qianlong, empereur de Chine (1711 - 1799).
Bande annonce sous-titrée en français : ICI
En complément, et puisque je reconnais des acteurs et actrices sur ces images, je vous renvoie à nos deux sujets, copieusement illustrés, des deux séries TV-fleuves chinoises dont les intrigues de cour se déroulent au 18e siècle :
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Et encore plus spectaculaire (décors et costumes ) :
L'histoire du palais Yanxi, dont l'action se déroule justement sous le règne de son fils, Qianlong, empereur de Chine (1711 - 1799).
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La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Merci, c'est en pensant à vos messages et à votre intérêt pour ce sujet que m'est venue l'idée de ce petit écart sur la mode chinoise
_________________
J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1132
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Oui, en effet. Merci !!!
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Pour aller plus loin...
Sous la dynastie Qing, les robes de cérémonie deviennent donc très complexes et très riches. Il fallait en moyenne deux ans de travail entre la commande et le premier jour où vous pouviez porter (enfin) votre robe. Pas moins de 500 artisans travaillaient au palais pour les seules robes du couple impérial. Des robes que seuls l'empereur et l'impératrice pouvaient porter mais que les serviteurs étaient autorisés à revendre.
Les longues manches étaient un héritage du mode de vie nomade où il fallait se protéger les mains du froid. Mais elles étaient si peu pratiques que l'on prenait l'habitude de les remonter, roulées sur le bras et on les déroulait à la hâte lorsque l'on croisait quelqu'un. On finit même par créer des manchettes amovibles.
Le dragon et la couleur jaune étaient réservés à l'empereur.
Mais ce dernier se réservait aussi de porter la "robe dragon".
C'est à dire une robe ornée de douze symboles, à savoir "sept choses précieuses" et "cinq préceptes". Dans le détail : le soleil, la lune, les constellations, la montagne, le dragon, le faisan, deux vases rituels, le feu, les céréales en grains, la hache et le diagramme fu, qui symbolise la distinction, la noblesse.
S'y ajoutait le dragon, symbole impérial. Ou plutôt neuf dragons, brodés à des endroits précis : un sur chaque épaule, un sur le dos, un sur chaque vêtement au niveau de la poitrine et quatre dans le bas de la robe.
L'empereur seul pouvait porter la "robe dragon", ornée des neufs dragons, des sept choses précieuses et des cinq préceptes.
Sous la dynastie Qing, les robes de cérémonie deviennent donc très complexes et très riches. Il fallait en moyenne deux ans de travail entre la commande et le premier jour où vous pouviez porter (enfin) votre robe. Pas moins de 500 artisans travaillaient au palais pour les seules robes du couple impérial. Des robes que seuls l'empereur et l'impératrice pouvaient porter mais que les serviteurs étaient autorisés à revendre.
Les longues manches étaient un héritage du mode de vie nomade où il fallait se protéger les mains du froid. Mais elles étaient si peu pratiques que l'on prenait l'habitude de les remonter, roulées sur le bras et on les déroulait à la hâte lorsque l'on croisait quelqu'un. On finit même par créer des manchettes amovibles.
Le dragon et la couleur jaune étaient réservés à l'empereur.
Mais ce dernier se réservait aussi de porter la "robe dragon".
Daderot
C'est à dire une robe ornée de douze symboles, à savoir "sept choses précieuses" et "cinq préceptes". Dans le détail : le soleil, la lune, les constellations, la montagne, le dragon, le faisan, deux vases rituels, le feu, les céréales en grains, la hache et le diagramme fu, qui symbolise la distinction, la noblesse.
S'y ajoutait le dragon, symbole impérial. Ou plutôt neuf dragons, brodés à des endroits précis : un sur chaque épaule, un sur le dos, un sur chaque vêtement au niveau de la poitrine et quatre dans le bas de la robe.
L'empereur seul pouvait porter la "robe dragon", ornée des neufs dragons, des sept choses précieuses et des cinq préceptes.
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Calonne- Messages : 1132
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Qianlong (1711-1799), empereur de Chine
Calonne a écrit:... m'est venue l'idée de ce petit écart sur la mode chinoise
... pour notre plus grand plaisir ! Ces costumes sont fascinants, tellement chamarrés, on en prend plein les mirettes, c'est splendide, et la " robe dragon " vraiment impériale.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55510
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