Les relations anglo-chinoises au XVIIIe siècle, George Macartney et Qianlong
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Les relations anglo-chinoises au XVIIIe siècle, George Macartney et Qianlong
Le 14 septembre 1793 à Jehol, l'empereur Qianlong reçoit l'hommage des représentations étrangères dans le cadre d'un protocole oriental qui voue le Fils du Ciel au rang de dieu vivant.
Parmi les représentants, Sir George Maccartney, préside l'ambassade d'Angleterre.
George Macartney, détail d'un tableau de Lemuel Francis Abbott
à la National Portrait Gallery de Londres.
Image WIKI
Or, Sir George Maccartney refuse comme c'est l'usage, de se prosterner devant l'empereur en signe de soumission et d'adoration. Il argue que le cérémonial de son pays ne le contraint pas à cette obligation devant son roi, Georges III et qu'en conséquence il n'a pas à se prosterner devant Qianlong, réfutant la pratique du Kotow, qui implique de se pencher plusieurs fois jusqu'à toucher le sol du front.
Ce malentendu entre l'Empire du Milieu et la Grande-Bretagne conduit les ambitions commerciales et économiques du cabinet de Londres à l'impasse et l'échec. La Cour de Pékin se ferme irrémédiablement face aux ouvertures de l'Occident en adoptant un isolationnisme étouffant et inquiétant au-delà de ses frontières.
Quelques décennies plus tard, la guerre de l'opium et le sac du palais d'été révéleront les faiblesses de l'empire de Chine, marqué par un declin de sa puissance, permettant l'immixtion des occidentaux et particulièrement des anglais dans l'inversion hégémonique des rôles au niveau international.
Lire le passionnant livre de Alain Peyreffite, Fayard, 1989 :
"L' Empire immobile, le choc des mondes."
Parmi les représentants, Sir George Maccartney, préside l'ambassade d'Angleterre.
George Macartney, détail d'un tableau de Lemuel Francis Abbott
à la National Portrait Gallery de Londres.
Image WIKI
Or, Sir George Maccartney refuse comme c'est l'usage, de se prosterner devant l'empereur en signe de soumission et d'adoration. Il argue que le cérémonial de son pays ne le contraint pas à cette obligation devant son roi, Georges III et qu'en conséquence il n'a pas à se prosterner devant Qianlong, réfutant la pratique du Kotow, qui implique de se pencher plusieurs fois jusqu'à toucher le sol du front.
Ce malentendu entre l'Empire du Milieu et la Grande-Bretagne conduit les ambitions commerciales et économiques du cabinet de Londres à l'impasse et l'échec. La Cour de Pékin se ferme irrémédiablement face aux ouvertures de l'Occident en adoptant un isolationnisme étouffant et inquiétant au-delà de ses frontières.
Quelques décennies plus tard, la guerre de l'opium et le sac du palais d'été révéleront les faiblesses de l'empire de Chine, marqué par un declin de sa puissance, permettant l'immixtion des occidentaux et particulièrement des anglais dans l'inversion hégémonique des rôles au niveau international.
Lire le passionnant livre de Alain Peyreffite, Fayard, 1989 :
"L' Empire immobile, le choc des mondes."
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les relations anglo-chinoises au XVIIIe siècle, George Macartney et Qianlong
Merci Dominique pour l'ouverture de ce sujet...
Je vous renvoie également à notre sujet consacré à Qianlong, empereur de Chine (1711-1799), où nous évoquons cette lamentable ambassade.
Portrait de l'empereur Qianlong
Giuseppe Castiglione
Peinture sur papier, 18e siècle
Image : RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
Et je copie / colle ici un extrait du message initialement posté dans le sujet consacré à L'impératrice Cixi (1835-1908) et aux guerres de l'Opium :
TZ'U HSI (Cixi) (1835-1908), empress dowager of China, 1875-1908.
Image : Pinterest
Je vous renvoie également à notre sujet consacré à Qianlong, empereur de Chine (1711-1799), où nous évoquons cette lamentable ambassade.
Portrait de l'empereur Qianlong
Giuseppe Castiglione
Peinture sur papier, 18e siècle
Image : RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
Et je copie / colle ici un extrait du message initialement posté dans le sujet consacré à L'impératrice Cixi (1835-1908) et aux guerres de l'Opium :
TZ'U HSI (Cixi) (1835-1908), empress dowager of China, 1875-1908.
Image : Pinterest
La nuit, la neige a écrit:
1856 n'est pas seulement l'année de naissance du fils de Cixi, mais aussi celle d'un incident à propos d'un vaisseau anglais baptisé Arrow, qui déclencha ce que l'on appelle la Seconde guerre de l'Opium(1856-1860).
Déjà fortement malmené par la Première guerre de l'Opium et la révolte des Taiping, rabaissé par l'indigne traité de Nankin, l'empire chinois vacille.
Xienfeng, l'époux de Cixi, qui déteste les Occidentaux pour tous les maux qu'ils ont infligés à son empire, se bat bec et ongle pour tenter de les maintenir hors de Chine.
(...)
Un siècle plus tôt (milieu et fin du XVIIIè siècle) :
L'empereur Qianlong (qui régna près des 60 ans de 1736 à 1795) ferme encore davantage la Chine aux étrangers qui essaient de s'y incruster depuis des siècles (missionnaires, entrepreneurs commerciaux, diplomates).
Seul le port commercial de Canton reste ouvert aux étrangers, où ils doivent impérativement restés bien cantonnés....boudoi32
Si le sujet vous intéresse (en anglais) : https://en.wikipedia.org/wiki/Thirteen_Factories
Nous connaissons l'engouement de toute l'Europe d'alors pour les "chinoiseries" : les exportations commerciales sont très importantes.
A celles-ci s'ajoutent, et plus particulièrement pour les Anglais, celles du thé (qu'ils consomment en énorme quantité) et la soie (en cette fin de XVIIIè siècle, elle n'est plus guère à la "mode" en France). Or, en retour, la Chine n'achète rien (aucun besoin), et ne veut rien qui vient de l'Occident !
Nous avions évoqué ici la fameuse ambassade de Lord Macartney (1793) qui, après des péripéties folles, parvient toutefois à se rendre à Pékin et tente de négocier avec l'empereur notamment : l'ouverture de nouveaux ports commerciaux ; la possibilité d'installer des ambassades étrangères dans la capitale ; l'acquisition d'une petite île le long des côtes de la Chine pour que s'y établissent des négociants ou pour y entreposer des marchandises ; ou encore l'autorisation "officielle" pour des missions chrétiennes d'entrer en Chine (quoique les jésuites y officient depuis longtemps déjà, et y sont vaguement "tolérés") etc.
Pour diverses raisons (et notamment protocolaires), l'ambassade se solde par un échec. Lord Macartney est prié de quitter la Chine le plus rapidement possible.
Il n'obtient rien.
Quianlong adressera même un courrier agressif au roi Georges III le menaçant de recourir à la force au cas où des navires marchands britanniques accosteraient en Chine : "N'allez pas me reprocher de ne pas vous avoir mis en garde".
Si le sujet vous intéresse (en anglais) : https://en.wikipedia.org/wiki/Macartney_Embassy
J'avais également, et déjà, recommandé la lecture de ce livre.
Quoique occidentalo-centré (les Anglais = le progrès / Les Chinois = un empire "immobile" donc englué dans ses traditions), le récit de cette ambassade n'en reste pas moins passionnant !! Mais ce serait l'occasion d'un autre vaste sujet...
L'empire immobile
de Roger Peyrefitte
Présentation :
Saviez-vous qu'en pleine Révolution française, les Anglais avaient envoyé une expédition de cinq voiliers et sept cents hommes dans l'Empire chinois, pour l'amener à " s'ouvrir " à eux ?
Qu'ils entendaient, bien qu'ils ne fussent encore que huit millions, négocier fièrement d'égal à égal avec un pays qui en comptait déjà trois cent trente, le tiers de l'humanité ? Que la Chine, considérant qu'elle était " la seule civilisation sous le Ciel ", repoussa brutalement toutes leurs demandes ?
Qu'elle traita leurs envoyés comme des prisonniers de marque ? Qu'ils furent soumis, de Macao à la Tartarie, à travers les rites de la Cour et les surprises de la Ville, parmi les bureaucrates célestes et les missionnaires-otages à un véritable voyage initiatique ?
Que cette occasion historique fut un rendez-vous manqué ?
En 1816, les Britanniques tentent une deuxième ambassade, dirigée par Lord Amherst : c'est à nouveau un fiasco ! A son retour, il fera même naufrage à Saint-Hélène, où il s'entretiendra longtemps avec Napoléon...
Ainsi les successeurs de Qianlong (son fils, et son petit-fils) s'en tinrent à la même ligne de conduite, alors que l'empire s'affaiblissait de plus en plus (notamment les progrès techniques du XIXè siècle, et en particulier militaires) : pas ou très peu de contacts (y compris commerciaux) avec l'Occident !
Frustrés de ne pouvoir commercer avec la Chine, et souhaitant "rééquilibrer" la balance commerciale entre les deux pays, les Britanniques décident de forcer l'ouverture de cette porte, restée jusqu'à présent fermée.
La Première guerre de l'Opium sera cette occasion, et le premier affrontement militaire entre la Chine et l'Occident.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les relations anglo-chinoises au XVIIIe siècle, George Macartney et Qianlong
La nuit, la neige a écrit: ... cette lamentable ambassade.
Comme tu dis !
Les cadeaux diplomatiques furent même méprisés de part et d'autre, précise WIKI : les Chinois s'étonnèrent de la petite étendue de la Chine sur un globe terrestre et Macartney traita un bijou en jade de pierre sans valeur.
https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Macartney_(1er_comte_Macartney)
Ambiance ambiance ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les relations anglo-chinoises au XVIIIe siècle, George Macartney et Qianlong
Dominique Poulin a écrit:
Quelques décennies plus tard, la guerre de l'opium et le sac du palais d'été révéleront les faiblesses de l'empire de Chine, marqué par un declin de sa puissance, permettant l'immixtion des occidentaux et particulièrement des anglais dans l'inversion hégémonique des rôles au niveau international.
Nous avions ouvert un sujet rappelant la rapacité décomplexée des gouvernements impérialistes anglais et français de l'époque, pressés par les affairistes et capitalistes du temps...
La destruction et le sac du Palais d'Eté de Pékin
En Chine - Le gâteau des Rois et... des Empereurs
Le Petit journal. Supplément du dimanche du 16 janvier 1898
Une galette des rois représentant la Chine est partagée par Victoria (Royaume-Uni), Guillaume II (Allemagne), Nicolas II (Russie), la Marianne française et l’Empereur Meiji (Japon).
Image : Bibliothèque nationale de France
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
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