Des perles pas comme les autres

J'ai appris ce week-end qu'il existe des moules d'eau douce, oui, oui ! des moules de rivières ... et que ces moules sont perlières !!!
Or, si ces moules sont innombrables, rarissimes sont les perlières . Elles ont offert de tous temps leur trésor aux parures des hommes et femmes. Pensez donc ! pas moins de 32000 pour orner la robe de Marie de Médicis au baptême du futur Louis XIII .
Je gage que Marie-Antoinette n'a pas failli à cette tradition qui fit fureur jusqu'à la fin du XIXème siècle !

Heureusement, le holà a été mis depuis sur la recherche intensive de ces pauvres moules disparaissant de plus en plus de nos rivières.



http://www.life-moule-perliere.org/perles-precieuses.php

Mme de Sabran a écrit:
Or, si ces moules sont innombrables, rarissimes sont les perlières . Elles ont offert de tous temps leur trésor aux parures des hommes et femmes.   Pensez donc !  pas moins de 32000 pour orner la robe de Marie de Médicis au baptême du futur Louis XIII .
Je gage que Marie-Antoinette n'a pas failli à cette tradition qui fit fureur jusqu'à la fin du XIXème siècle !

Oh
Je l'ignorais aussi. Merci pour le partage de cet article fascinant !

On trouve encore des perles d’eau en Inde, à des prix très modiques...

Mme de Sabran a écrit:
Je gage que Marie-Antoinette n'a pas failli à cette tradition qui fit fureur jusqu'à la fin du XIXème siècle !  

D'un collier démonté / remonté, et perdues parmi toutes ces perles issues des collections de Marie-Antoinette, trois d'entre-elles provenaient d'eau douce...





Voir notre sujet : Bijoux de Marie-Antoinette, perles et diamants des Bourbon Parme

Ces trois-ci étaient donc tout à fait semblables aux perles de mer ?!!

Intéressant, merci.

Le numéro 101 de LA HULOTTE  ( le journal le plus lu dans les terriers    ) était consacré à la mulette perlière , comme on appelle la moule perlière.

...   un extrait :

 Pour espérer tomber sur une vraie belle perle, il fallait se donner le mal d'ouvrir entre mille et trois mille moules perlières, un travail de romain effectué le plus souvent dans l'eau glacée.   Mais cette perle de premier choix était susceptible d'être vendue ensuite tellement cher que les ramasseurs étaient prêts à écumer les rivières avec une frénésie de chercheurs d'or. Et quand ils tombaient sur de grands pavages de moules, plutôt que de se fatiguer à les sortir une par une à la main, il leur arrivait souvent de les déterrer à la bêche, comme des poireaux avant de les ouvrir et de jeter les malheureuses sur les berges : autant d'examinées, autant de mortes .

Cette macabre chasse au trésor faisait délirer tant de monde que, près de la Vologne et du Neuné, deux des plus célèbres rivières à perles d'Europe, le duc de Lorraine dut mettre en place des plantons, surnommés " gardes-perles ", pour surveiller les cours d'eau et empêcher qu'on ne vienne lui détrousser ses mulettes.

C'est que les perles étaient très recherchées, très chères, et follement à la mode chez les grands de ce monde.   Sur un tableau du roi François Ier, exposé à Fontainebleau, le vainqueur de Marignan exhibe une cotte dont chaque centimètre carré porte une perle.



Quant à la célèbre reine Marie de Médicis, elle s'était fait confectionner, dit-on, en vue du baptême de son fils, une robe ornée de 32 000 perles.  A supposer que pour obtenir chacune de ces perles, il ait fallu tuer 1000 mulettes, on peut estimer que ce luxueux chiffon avait coûté la vie à 32 millions de ces petites bêtes .

Personne ne se demandait une seule seconde si, après de pareilles hécatombes, les moules n'allaient pas disparaître à toute vitesse. Il y en avait toujours eu, il y en aurait donc toujours !  voilà ce que tout le monde pensait.   Pourtant, au fil des ans, le nombre des Mulettes perlières se mit à chuter de manière de plus en plus alarmante . Dans certains pays leur ramassage fut un peu réglementé : on institua des périodes de fermeture de la pêche; on rendit obligatoire un outil pour les entrouvrir précautionneusement sans les tuer, afin de pouvoir ensuite les remettre à l'eau, le tout sous la surveillance de la maréchaussée.   Mais, dans d'autres endroits, rien du tout .
 En France, par exemple, il fallut attendre l'année 1992 ( ! ) pour que la Mulette perlière soit enfin officiellement protégée.  Entre-temps, la plupart des rivières s'étaient presque entièrement vidées de leurs mollusques : plus de 95% des Mulettes ont disparu en l'espace de ce seul dernier siècle.

Merci Eléonore !

Ravi d'entendre parler pour une fois de la Vologne autre part que dans la rubrique fait divers au passage

Oui, n'est-ce pas ...  


Les perles de la Vologne
par Pascale Debert

Les poètes lorrains ont jadis chanté les perles de la Vologne (rivière qui se jette dans la Moselle près de Gérardmer).
Son lit était autrefois pavé de Margaritifera margaritifera, une moule d’eau douce (et non une pizza   ) appelée aussi mulette perlière qui donnait de très belles perles (très prisées pendant près de 4 siècles).
La pêche des perles était assez importante pour être réglementée par ordonnance des ducs de lorraine qui se l’étaient réservée ; elle était surveillée par des « gardes-perles » et avait lieu de juin à août.

Le bénédictin dom Calmet nous apprend que Marie Leczinska devenue reine de France, se parait à la cour de bijoux ornés de perles vosgiennes, mais elle n’était pas la seule à raffoler de ces petits trésors, les duchesses de Lorraine portaient toutes des colliers et pendants d’oreille en perles de la Vologne.

Origine divine de la Mulette :
Au début du XVIIIe Antoine de Chesnel composa une ode à cette moule perlière :

Vénus, voyageant pour son agrément rencontre la Vologne, admire ses eaux limpides et ses rives fleuries et veut y prendre un bain.




Entre les salves d’un être né d’une telle mère, quelle merveille ne peut on s’attendre à trouver !


Joséphine qui  découvre la Margaritana lors de son passage à Plombières, voulut l’acclimater dans ses bassins de la Malmaison mais c’était sans savoir que les larves du mollusque étaient transportées dans les branchies des truites ! Pas de truite, pas de mulette et donc pas de perle.
( ce que nous explique très bien le numéro de la HULOTTE )

La Margaritifera margaritifera mesure environ 11 centimètres sur 5, et a une espérance de vie de l’ordre de 80 à 100 ans, elle donne une perle blanche, jaune, ou nacrée aux reflets roses, de la taille d’un petit pois à un grain de riz.
Les mulettes des Vosges furent décimées en raison de la pollution que déversait dans les rivières les usines de textile. Mais il reste une jolie balade au lieu dit du pont « des Perles-de-la-Vologne » !


Sophie-Jeanne-Armande-Elisabeth Septimanie comtesse d’Egmont Pignatelli 1740-1773
par Alexandre Roslin en 1763.

Elle est la fille du duc de Richelieu et de sa seconde épouse Marie-Elisabeth-Sophie de Lorraine-Harcourt

...   et cette jolie illustration allégorique de la Vologne / Vénus    :  



« La mulette de la Vologne offre ses perles ».
Extrait de la Pompe funèbre de Charles III, gravée par
Claude de la Ruelle. 1609.
INHA, collections
Jacques Doucet, département des imprimés, NUM 4 RES 817.

Super intéressant, merci.

Et, pour la petite histoire, non contente de produire des perles, la Mulette appartient à l'espèce classée à la troisième place des animaux les plus vieux du monde, derrière la Tortue des Galapagos et le Quahog nordique qui peuvent atteindre respectivement 175 et 400 ans !!!
Une Mulette sibérienne a atteint gaillardement les 190 ans !  

Le Quahog nordique  ( pour ceux qui ne le connaîtraient pas ) n'est autre que la Praire d'Islande .
Mais elle ne produit aucune perle.