Joseph Sève alias Soliman Pacha

Petit bouturage  si vous le voulez bien, les amis, de notre Jeu de l'Eté où nous venons de faire la connaissance d'un homme au destin vraiment exceptionnel .
Merci, Domi !    

Dominique Poulin a écrit:Né en France à la veille de la Révolution, il entra dans la marine, puis dans l'armée où il fut remarqué pour ses qualités de tacticien, de logisticien et d'organisateur.  
Après la chute de l'Empire, il plaque tout, famille, situation et son pays pour devenir l'une des figures les plus puissantes de sa nouvelle patrie.  
Qui est-il

Vicq d Azir a écrit:Merci Dominique ,
S’agirait-il donc de Soliman Pacha, né Joseph Seve, à Lyon ?

Dominique Poulin a écrit:Mais oui mon cher Vicq !!  
Je trouve extraordinaire la destinée de cet homme parti de rien et parvenu au sommet des honneurs loin de la France ! Le parcours de ces hommes de cette trempe est si rare que je voulais le mentionner dans nos énigmes, et tout de même il est né à la veille de la Révolution, a servi gamin comme valet de chambre de Bonaparte lors de son retour d'Egypte en 1799,
...   sur la frégate la Muiron


Napoleon.org

a subi une terrible épreuve lors de la semonce de Nelson contre Napoléon où il aurait pû perdre la vie comme tant de ses camarades, s'est enrôlé dans l'armée de terre où il gagna ses premiers galons ; ensuite chute de l'Empire, et ne voilà t-il pas que notre intrépide jeune homme s'embarque à nouveau pour l'Égypte avec une recommandation de M. de Ségur qui lui ouvre les portes de la carrière, grâce à l'attention de Mehemet Ali. Et puis l'envol et l'apogée.
La fiche Wikipédia vous renseignera bien mieux que moi dans ses détails.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Soliman_Pacha
En revanche, j'ai le sentiment que Soliman Pacha est bien mieux connu en Egypte qu'en France où il demeure largement ignoré et j'ai constaté à priori qu'aucune biographie occidentale ne lui a été consacrée, ce qui demeure doublement injuste à sa mémoire.

Eh bien, maintenant grâce à vous, cher Dominique, Soliman Pacha a un sujet chez nous !  



D'octobre 1797 à août 1798, il eut pour prof de Math André Marie Ampère .

Joseph est à bord du vaisseau amiral le Bucentaure pendant le désastre de Trafalgar au cours duquel il est blessé par une hache d'abordage. Le Bucentaure coule et une partie de l'équipage est sauvé par l’Indomptable qui sombre à son tour !!!
Sur les 1 200 hommes à bord, seuls 150 réussirent à regagner le rivage dont Joseph.


trafalgar-bataille-peinture -
magesco.fr

Sans grade, connaissant et parlant cinq langues, il se prénomme désormais Anthelme et est versé dans un régiment, « section spéciale ». Il devient un spécialiste du renseignement et des incursions en pays ami ou ennemi et étudie la diplomatie en parallèle. Il trouve un complice et ami, Octave Pontchapt, qui  n'est autre qu'Octave Gabriel Henri de Ségur, le fils aîné du comte Louis Philippe de Ségur, grand maître des cérémonies de l'Empereur.  Et nous voilà à nouveau en terrain de connaissance !  

En 1814 il est nommé lieutenant, porte-étendard du 14e chasseurs à cheval ; il rentre à Lyon à la chute de l’Empire, mais reprend du service en 1815 comme capitaine attaché à l’état-major du général Grouchy. Placé en demi-solde après les Cent-Jours, il s’essaye sans réussite au commerce de chevaux à Paris.

Au service de l'Égypte
En juillet 1819, il débarque en Égypte sous le nom de Colonel Joseph fils d'Anthelme Sève et se présente, grâce à une recommandation de Ségur, au souverain Méhémet Ali Pacha, qui lui donne sa première mission en Haute-Égypte comme ingénieur de recherche de mines de charbon.

En 1820, on le nomme instructeur en chef de l'armée égyptienne, avec le grade de colonel après la création d'une école d'infanterie.

En 1821, Méhémet Ali l'éleve à la dignité d'Agha.
Joseph Anthelme Sève se convertit alors à l'Islam et se fait appeler Sulayman Agha (سليمان آغا).

En 1824, après la création d'un camp de formation d'officiers à Assouan, Méhémet Ali met sous son autorité 500 mamelouks.

La même année, on lui confie la création d'un conseil supérieur de l'instruction publique.
Il est élevé à la dignité de Bey (Sulayman Bey سليمان باي).

En 1825, le voilà gouverneur de Tripolitza, reprise au général grec Theódoros Kolokotrónis.



En 1833, après s'être illustré à la bataille de Konya, Sulayman Bey est nommé par Méhémet Ali, Généralissime des armées égyptiennes et élevé à la dignité de Pacha (Sulayman Pacha سليمان باشا).

Il est considéré comme le principal réorganisateur de l'armée égyptienne, conduite sur le modèle des armées européennes, et surtout de celle de Napoléon Ier.

Il épouse Myriam Hanem, fille d'un commerçant grec du Péloponnèse, dont il a quatre enfants, Zohra (1830), Hazle (1833) (dont la petite-fille, qui deviendra la reine Nazli, est la mère du roi Farouk), Skander Bey (1836) et Aasna (1849) .

De retour en France en 1845 à l'occasion d'un voyage où il accompagne Ibrahim Pacha, le fils de Méhémet Ali, il est fait grand officier de la Légion d'honneur par le roi Louis-Philippe l'année suivante.


Famille souveraine4
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Ibrahim pacha, assistant à une parade aux Invalides, le 25 mai 1846, entouré des fils du Roi Louis-Philippe et suivi du Général Soliman Pacha.

Rentré en Égypte, il y poursuit sa carrière militaire jusqu'à sa mort en 1860 au Caire, où il est inhumé dans un mausolée sur l'île de Roda.