La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: L'histoire de Marie-Antoinette :: Marie-Antoinette et la Révolution française
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Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
Oui . Le roi et Marie-Antoinette avaient très mauvaise presse .
Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
Il me semble que c'est vers la classe de troisième seconde que les interrogations se sont fait jour; c'est à dire qu'il y a eu, déjà une critique de l'absolutisme de Louis XIV qui a dirigé le royaume et la monarchie vers un exercice "totalitaire" et qui a sapé toute possibilité d'une monarchie pas parlementaire vraiment, mais tenant compte d'autre chose que la volonté d'un seul et vers la classe de troisième la question = que penser de la monarchie et de l'aristocratie a été posée et on y a répondu de façon nuancée; à cette époque là, ( 66/67/68) c'était d'une grande audace; mais j'étais dans un lycée "d'élite" !!!!
Enfin, mieux vaut regarder ces superbes gravures.....Mamie se sauve......
Enfin, mieux vaut regarder ces superbes gravures.....Mamie se sauve......
Invité- Invité
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
Louise-Adélaïde a écrit:Je reste songeuse devant ces illustrations......A l'école primaire lorsque j'étais petite la "fuite de Varennes" était expliquée de la façon suivante "OUF ! heureusement on a pu les arrêter" ; je n'ai par contre aucun souvenir de commentaires sur l'exécution du Roi et de la Reine; toute une époque; Marie-Antoinette était "l'Autrichienne" disait notre institutrice femme intelligente, fine pédagogue, voilà, c'était une petite bouffée de "l'air du temps" ( 1959/60) par Louise-Adélaïde;
Oui, tout cela ne m'étonne pas.
Mais, je pense que depuis quelques années, la Reine a été un peu réhabilitée. Même face aux irréductibles l'affublant du nom "l'Autrichienne" si méprisant pour notre Reine qui voulait tant être française. Il faut être patient.
Trianon- Messages : 3306
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
Louise-Adélaïde a écrit:Je reste songeuse devant ces illustrations......A l'école primaire lorsque j'étais petite la "fuite de Varennes" était expliquée de la façon suivante "OUF ! heureusement on a pu les arrêter"
Tout est une question de vague...
Il semble qu'à l'époque de cette gravure, fin XIXème, l'on voyait la famille royale (y montrée comme la lumière dans la composition) d'un oeil meilleur que celui de Jules Michelet (1798-1874) ... de même les publications récentes les réhabilitent-elles par rapport à certaines littératures d'il y a un siècle ... àè-è\':
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
Oui Majesté, c'est vrai.
Je trouve qu'aujourd'hui, en ce début de siècle, on parle BEAUCOUP de Marie-Antoinette.... Et tant mieux.
Peut-être est-ce "une question de vague" comme vous dites, et que progressivement on connaîtra mieux la Reine, le peuple français l'aimera davantage à sa juste valeur.
Je trouve qu'aujourd'hui, en ce début de siècle, on parle BEAUCOUP de Marie-Antoinette.... Et tant mieux.
Peut-être est-ce "une question de vague" comme vous dites, et que progressivement on connaîtra mieux la Reine, le peuple français l'aimera davantage à sa juste valeur.
Trianon- Messages : 3306
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
Le départ de Louis XVI et cette réunion d'accidents qui vinrent s'opposer au passage de la famille royale à Varennes, est certainement un des incidents les plus funestes et les plus affligeants de la révolution française. L'héritier de nos rois quitte furtivement son palais au milieu de la nuit ; il rejoint en silence une épouse alarmée, ses enfants, sa sœur et quelques serviteurs fidèles. Il a eu le bonheur de pouvoir éviter tous les pièges qui sont tendus autour de lui pour le perdre ; il a échappé à tous les dangers qu'il pouvait prévoir, et tandis que la voiture qui renferme le Roi, le Dauphin, la Reine, Madame Royale et Madame Élizabeth, se dirige avec rapidité vers la frontière du Nord, il se trouve qu'à cent lieues de sa capitale, il est reconnu, ou pour mieux dire, il est deviné par un homme du peuple, qui n'avait jamais vu de lui que l'écu du prince et l'empreinte de son effigie sur la monnaie. Agité par un instinct sanguinaire et par un ardeur de nuire inexplicable, à moins qu'elle ne fût inspirée par la furie du régicide et de l'impiété, cet homme s'est mis à poursuivre la voiture du Roi jusqu'à Varennes : il y secoue pendant la nuit les torches de la rébellion, et les habitants, qui s'éveillent à ses cris, s'élancent à demi-nus sur le pavé de cette infâme bourgade. On les aurait pris pour des spectres ou des messagers de l'enfer ; les uns portant des fourches, comme le génie de la révolte et les démons séditieux du poète ; les autres armés de faulx comme des ministres de la mort. On arrête la voiture du Roi, et le tocsin rassemble autour de lui dix mille forcenés. Retenu dans une chambre de l'auberge avec sa famille, il attend et finit par y recevoir un décret de l'Assemblée législative qui commandait aux citoyens, aux militaires, aux magistrats et autres sujets du Roi, de s'opposer à son départ. « Il n'y a plus de Roi en France ! » répondit le martyr à l'envoyé de Lafayette ; ensuite il posa l'insolent décret sur une couchette grossière ou le Dauphin sommeillait paisiblement à côté de sa sœur. La Reine, qui restait assise et qui veillait auprès de ses enfants, jette un regard assuré sur ces prétendus mandataires du peuple, et prenant le message de l'Assemblée qu'elle laisse tomber à ses pieds : « Je ne veux pas, dit-elle, que cet indigne écrit souille la couche de mon fils ! »
Qui pourrait exprimer la dignité, la délicatesse et la bonté d'un maître si généreux ? Qui pourra déplorer avec assez de larmes l'effroi, les tourments et les afflictions de cette femme toute royale ? Au milieu des clameurs impies dont sa personne et sa famille étaient l'objet, à travers les flots d'une populace irritée, on entraîne le Roi, la Reine et leurs enfants pour les ramener à Paris.... Ainsi, des ordres bien observés, des mesures si bien prises, et tant de précautions dictées par la sagesse du Roi, la fidélité des soldats, la bravoure et le dévouement des chefs de l'entreprise, tout cela vient échouer dans une bourgade obscure, par la malveillance d'un maître de poste ; en sorte que c'est vraisemblablement un misérable nommé Drouet, à qui nous devons les crimes de la Convention, trois années de carnage et douze ans de calamités sans nombre avec des regrets éternels.
( Souvenirs de la marquise de Créquy )
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Qui pourrait exprimer la dignité, la délicatesse et la bonté d'un maître si généreux ? Qui pourra déplorer avec assez de larmes l'effroi, les tourments et les afflictions de cette femme toute royale ? Au milieu des clameurs impies dont sa personne et sa famille étaient l'objet, à travers les flots d'une populace irritée, on entraîne le Roi, la Reine et leurs enfants pour les ramener à Paris.... Ainsi, des ordres bien observés, des mesures si bien prises, et tant de précautions dictées par la sagesse du Roi, la fidélité des soldats, la bravoure et le dévouement des chefs de l'entreprise, tout cela vient échouer dans une bourgade obscure, par la malveillance d'un maître de poste ; en sorte que c'est vraisemblablement un misérable nommé Drouet, à qui nous devons les crimes de la Convention, trois années de carnage et douze ans de calamités sans nombre avec des regrets éternels.
( Souvenirs de la marquise de Créquy )
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Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
Le sentiment qui résulte de cette catastrophe de Varennes est doublement pénible, en ce qu'il s'y joint la contrariété la plus douloureuse et l'irritation de la haine et du mépris contre les révolutionnaires, à la terreur de la Providence, à cet effroi de la conscience et de la raison qui vient saisir le cœur humain, quand la destinée de l'homme juste nous apparaît comme le Destin de l'antiquité païenne, ou comme la Fatalité de l'islamisme, en opposition directe avec la justice de Dieu. Non est sapientia contra Dominum, et propter peccata terræ multi principes ejus. Sans doute, il n'est point de sagesse contre le Seigneur, et quand les tyrans se multiplient, c'est à la raison de l'iniquité des peuples.
En vous parlant de la bravoure et du dévouement des chefs de l'expédition, il ne saurait être question que du comte Charles de Damas, du comte de Raigecourt et du marquis de Bouillé ; car, en vérité ; je n'ai pas eu l'intention d'y comprendre le duc de Choiseul, qui ne se serait pas conduit différemment s'il avait agi de concert avec le duc d'Orléans et les autres ennemis du roi, pour faire manquer l'entreprise. Il avait écrit (sans commission ni permission de le faire) à tous les chefs de tous les détachemets qu'on avait échelonnés sur la route du roi, de manière à leur faire supposer qu'il ne fallait plus s'attendre à voir arriver personne ; M. de Damas n'en tint compte, parce qu'il savait à quoi s'en tenir sur la pauvre tête et le peu de jugement de ce donneur d'avis, de sorte que le détachement qui se trouvait à Clermont n'en fit pas moins son office d'escorte ; mais M. d'Andoins, qui ne connaissait pas assez bien le duc de Choiseul, pour savoir qu'il ne fallait jamais écouter ce qu'il disait ni prendre garde à ce qu'il écrivait, M. d'Andoins se crut obligé de faire desseller tous les chevaux, et d'envoyer dormir tous les cavaliers du détachement qu'il commandait à Sainte-Menehould, en sorte qu'ils ne purent arriver à temps jusqu'à Varennes, où la présence de ces fidèles soldats aurait infailliblement déterminé l'inaction du peuple et la libération de la famille royale. Ce pauvre d'Andoins en est mort inconsolable ; — je ne connaissais de ce duc de Choiseul, nous disait-il, que le nom qu'il porte et qu'il doit à sa femme. — Hélas ! s'écriaient tous les Choiseul de la nature (en gémissant à double intention), c'est un nom qui se trouve bien mal porté !... Toujours est-il que ce malheureux Choiseul éprouve continuellement une agitation pour faire, avec une impuissance d'opérer qui le rend insupportable et qui pourrait en faire un homme dangereux. On n'a jamais compris pourquoi ni comment il avait été mis dans la confidence d'une chose importante, et surtout d'une affaire aussi majeure que ce départ du Roi. Si le duc de Choiseul devient jamais démocrate ou révolutionnaire, il pourra se vanter d'avoir été la première cause de tous les malheurs de la famille royale ; il pourra demander sa part des honneurs de 93 avec Drouet le maître de poste, et Rublatout le taillandier.
( Mme de Créquy )
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Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
La pseudo marquise de Créquy a écrit:
je n'ai pas eu l'intention d'y comprendre le duc de Choiseul, qui ne se serait pas conduit différemment s'il avait agi de concert avec le duc d'Orléans et les autres ennemis du roi, pour faire manquer l'entreprise.
J'ignorais que le duc de Choiseul s'était concerté avec le duc d'Orléans...
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
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Lettre du mois de mai 1791 de la duchesse de Sudermanie .
Pour le moment, entièrement occupé des affaires de la France, le Roi est charmé de pouvoir garder la bonne intelligence qui existe entre nous et la Russie. On dit qu'il désire opérer une contre-révolution en France, mais peut-être ne sera-t-il pas aussi heureux dans un autre pays que dans le sien.Tous lés papiers publics le déchirent; il y en a même qui l'appellent le Don Quichotte des rois en ajoutant que, voulant suivre les traces de Gustave-Adolphe et de Charles XII, dont jusqu'ici il a cherché à imiter l'exemple, il finira comme Cartouche. Malgré tout ce que l'on peut écrire contre lui, je suis certain qu'il. poursuivra son projet. On prend ici toutes les mesures nécessaires.
Pour aider la France sous main, on met l'armée sur pied et la flotte se répare également. On vient même d'envoyer un officier de fortune en France pour se procurer des cartes particulières de ce pays. Comme, cependant, le roi de France est d'un caractère extrêmement faible, il reste à savoir si, même avec les meilleures volontés du monde, on pourra lui être utile. Pour un pays aussi éloigné que la Suède, c'est, d'ailleurs, toujours une folie, qui ne pourra qu'entraîner sa ruine totale quoique nullement remuante, la nation ne saura point voir avec tranquillité une nouvelle guerre éclore et l'on ne pourra pas, comme l'on fit à la dernière guerre, lui faire accroire à une attaque, les lieux sont, cette fois. trop éloignés. On murmure déjà tout bas dans les provinces de ce que le Roi soit parti pour Aix-la-Chapelle, mais le peuple se tait étant donné le prétexte de la santé du Roi; même on prie dans toutes les églises pour son rétablissement. Ainsi le peuple abusé élève son cœur vers le ciel les personnes plus instruites considèrent comme un sacrilège que de jouer ainsi la comédie avec la divinité, mais les personnes moins religieuses s'en moquent et tournent le tout en ridicule.
Lettre du mois de juillet 1791
Les événements ont prouvé que je n'avais nullement tort en vous avançant, le mois dernier, que le véritable but du voyage du •Roi à Aix-la-Chapelle devait être d'opérer une contre-révolution en France. Ce fut au commencement de ce mois que le roi de France s'est éloigné de Paris; le comte Fersen, fils du sénateur, qui fut mis en prison pendant la dernière Diète, était le premier mobile de cette fuite; ce fut lui qui fit faire la voiture et il accompagna le Roi en route. C'était du reste par ordre de notre Roi qu'il agissait. Malheureusement cette fuite ne réussit pas aussi bien que l'on avait espéré. La Reine était dans la berline avec ses enfants, leur gouvernante et Madame Elisabeth, le Roi courait devant comme postillon, trois gardes du corps de confiance étaient sur le siège de la voiture déguisés en laquais. A sept lieues de Paris, le Roi fut fatigué et se mit dans la voiture, mais comme les stores n'en étaient point baissés, on le reconnut à Menehould. Il poursuivit cependant sa route jusqu'à Varennes, où il fut repris. Le comte Fersen fut heureusement sauvé ayant quitté le Roi pour une commission spéciale de rejoindre Monsieur, qui avait pris une autre route. L'affaire manquée, notre Roi doit-en être au désespoir et avoir l'intention de revenir le plus tôt possible, n'ayant plus rien à faire de ce côté. Armfeft, qui ne sait jamais se taire, n'a pas manqué de faire part à plusieurs personnes des circonstances les plus secrètes ayant rapport à la fuite du roi de France. Il m'a assuré que le voyage du Roi n'était que pour cette raison. Pour moi, ce n'était point une nouvelle, car je m'en doutais mais que le roi d'Espagne eût offert au Roi d'être le premier mobile de la contre-révolution et de commander lui-même les troupes, voilà une nouvelle que le secret des cabinets seul pouvait dévoiler. Cette offre doit cependant être très vraie; le roi d'Espagne veut bien donner de l'argent, mais pas de troupes. Jusqu'ici l'Empereur ne s'est point déclaré, mais il doit avoir promis à sa sœur la reine de France de venir à son secours, s'il lui est possible. Depuis que le roi de France vient d'être arrêté et ainsi que sa famille ramené comme prisonnier à Paris, les puissances intéressées ont profité de l'occasion pour déclarer leur intention -d'agir offensivement afin de lui procurer la liberté, puisque n'étant pas libre il ne peut lui-même décider de rien. On dit même qu'une ligue consistante des rois de Sardaigne, d'Espagne et de Prusse, de l'Impératrice et de nous doit se former pour rétablir le roi de France dans ses droits: reste à savoir si toutes ces puissances pourront convenir ensemble, chacun ayant son propre intérêt il est cependant fort à craindre que la France en sera la partie souffrante. Ce sont les princes frères du Roi qui, présentement, s'occupent des négociations avec les puissances. Pour un citoyen bien pensant et attaché à sa patrie, ça doit, à vrai dire, être fort désagréable d'y amener des troupes étrangères, mais la guerre civile étant le seul remède aux troubles et aux désordres journellement augmentant de la France, il leur est impossible, même avec les meilleures intentions du monde, de ne rien entreprendre sans avoir des alliés et une armée pour se seconder. Leur situation, quoique glorieuse elle puisse devenir avec le temps, est pour sûr très délicate, car on pourrait du reste les accuser de vouloir usurper le pouvoir légitime et la couronne de leur frère, qui lui est due par le droit incontestable d'aînesse.
On suppose que M. de Saint-Priest, ancien ministre du roi de France, qui vient d'arriver ici peu de jours après qu'on sut la nouvelle de l'évasion manquée du roi de France, doit avoir quelque mission secrète. Il a toujours été contraire aux intentions de l'Assemblée nationale et fut nommé ambassadeur ici après avoir donné sa démission comme ministre. Les soupçons de l'existence d'une telle mission furent augmentés par la déclaration qu'il fit, dès son arrivée, qu'il ne comptait rester que peu de temps à Stockholm, mais y revenir après avoir fait avant l'hiver une tournée en Russie. II paraît donc assez probable qu'il cherche un appui pour le Roi son maître non seulement chez l'Impératrice, mais aussi chez notre Roi.
C'est bien vrai qu'il y avait de grands abus dans le gouvernement français, mais l'anarchie qu'a amenée la révolution est bien pire encore. Ce pays qui, jadis, donnait des lois à la moitié de l'Europe, en sera totalement ruiné pour des années, et ne pourra qu'avec beaucoup de peine s'en relever y il lui faudra surtout des siècles pour rétablir ses finances, dont l'état est affreux.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2728385/f1.vocalTextePage
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Lettre du mois de mai 1791 de la duchesse de Sudermanie .
Pour le moment, entièrement occupé des affaires de la France, le Roi est charmé de pouvoir garder la bonne intelligence qui existe entre nous et la Russie. On dit qu'il désire opérer une contre-révolution en France, mais peut-être ne sera-t-il pas aussi heureux dans un autre pays que dans le sien.Tous lés papiers publics le déchirent; il y en a même qui l'appellent le Don Quichotte des rois en ajoutant que, voulant suivre les traces de Gustave-Adolphe et de Charles XII, dont jusqu'ici il a cherché à imiter l'exemple, il finira comme Cartouche. Malgré tout ce que l'on peut écrire contre lui, je suis certain qu'il. poursuivra son projet. On prend ici toutes les mesures nécessaires.
Pour aider la France sous main, on met l'armée sur pied et la flotte se répare également. On vient même d'envoyer un officier de fortune en France pour se procurer des cartes particulières de ce pays. Comme, cependant, le roi de France est d'un caractère extrêmement faible, il reste à savoir si, même avec les meilleures volontés du monde, on pourra lui être utile. Pour un pays aussi éloigné que la Suède, c'est, d'ailleurs, toujours une folie, qui ne pourra qu'entraîner sa ruine totale quoique nullement remuante, la nation ne saura point voir avec tranquillité une nouvelle guerre éclore et l'on ne pourra pas, comme l'on fit à la dernière guerre, lui faire accroire à une attaque, les lieux sont, cette fois. trop éloignés. On murmure déjà tout bas dans les provinces de ce que le Roi soit parti pour Aix-la-Chapelle, mais le peuple se tait étant donné le prétexte de la santé du Roi; même on prie dans toutes les églises pour son rétablissement. Ainsi le peuple abusé élève son cœur vers le ciel les personnes plus instruites considèrent comme un sacrilège que de jouer ainsi la comédie avec la divinité, mais les personnes moins religieuses s'en moquent et tournent le tout en ridicule.
Lettre du mois de juillet 1791
Les événements ont prouvé que je n'avais nullement tort en vous avançant, le mois dernier, que le véritable but du voyage du •Roi à Aix-la-Chapelle devait être d'opérer une contre-révolution en France. Ce fut au commencement de ce mois que le roi de France s'est éloigné de Paris; le comte Fersen, fils du sénateur, qui fut mis en prison pendant la dernière Diète, était le premier mobile de cette fuite; ce fut lui qui fit faire la voiture et il accompagna le Roi en route. C'était du reste par ordre de notre Roi qu'il agissait. Malheureusement cette fuite ne réussit pas aussi bien que l'on avait espéré. La Reine était dans la berline avec ses enfants, leur gouvernante et Madame Elisabeth, le Roi courait devant comme postillon, trois gardes du corps de confiance étaient sur le siège de la voiture déguisés en laquais. A sept lieues de Paris, le Roi fut fatigué et se mit dans la voiture, mais comme les stores n'en étaient point baissés, on le reconnut à Menehould. Il poursuivit cependant sa route jusqu'à Varennes, où il fut repris. Le comte Fersen fut heureusement sauvé ayant quitté le Roi pour une commission spéciale de rejoindre Monsieur, qui avait pris une autre route. L'affaire manquée, notre Roi doit-en être au désespoir et avoir l'intention de revenir le plus tôt possible, n'ayant plus rien à faire de ce côté. Armfeft, qui ne sait jamais se taire, n'a pas manqué de faire part à plusieurs personnes des circonstances les plus secrètes ayant rapport à la fuite du roi de France. Il m'a assuré que le voyage du Roi n'était que pour cette raison. Pour moi, ce n'était point une nouvelle, car je m'en doutais mais que le roi d'Espagne eût offert au Roi d'être le premier mobile de la contre-révolution et de commander lui-même les troupes, voilà une nouvelle que le secret des cabinets seul pouvait dévoiler. Cette offre doit cependant être très vraie; le roi d'Espagne veut bien donner de l'argent, mais pas de troupes. Jusqu'ici l'Empereur ne s'est point déclaré, mais il doit avoir promis à sa sœur la reine de France de venir à son secours, s'il lui est possible. Depuis que le roi de France vient d'être arrêté et ainsi que sa famille ramené comme prisonnier à Paris, les puissances intéressées ont profité de l'occasion pour déclarer leur intention -d'agir offensivement afin de lui procurer la liberté, puisque n'étant pas libre il ne peut lui-même décider de rien. On dit même qu'une ligue consistante des rois de Sardaigne, d'Espagne et de Prusse, de l'Impératrice et de nous doit se former pour rétablir le roi de France dans ses droits: reste à savoir si toutes ces puissances pourront convenir ensemble, chacun ayant son propre intérêt il est cependant fort à craindre que la France en sera la partie souffrante. Ce sont les princes frères du Roi qui, présentement, s'occupent des négociations avec les puissances. Pour un citoyen bien pensant et attaché à sa patrie, ça doit, à vrai dire, être fort désagréable d'y amener des troupes étrangères, mais la guerre civile étant le seul remède aux troubles et aux désordres journellement augmentant de la France, il leur est impossible, même avec les meilleures intentions du monde, de ne rien entreprendre sans avoir des alliés et une armée pour se seconder. Leur situation, quoique glorieuse elle puisse devenir avec le temps, est pour sûr très délicate, car on pourrait du reste les accuser de vouloir usurper le pouvoir légitime et la couronne de leur frère, qui lui est due par le droit incontestable d'aînesse.
On suppose que M. de Saint-Priest, ancien ministre du roi de France, qui vient d'arriver ici peu de jours après qu'on sut la nouvelle de l'évasion manquée du roi de France, doit avoir quelque mission secrète. Il a toujours été contraire aux intentions de l'Assemblée nationale et fut nommé ambassadeur ici après avoir donné sa démission comme ministre. Les soupçons de l'existence d'une telle mission furent augmentés par la déclaration qu'il fit, dès son arrivée, qu'il ne comptait rester que peu de temps à Stockholm, mais y revenir après avoir fait avant l'hiver une tournée en Russie. II paraît donc assez probable qu'il cherche un appui pour le Roi son maître non seulement chez l'Impératrice, mais aussi chez notre Roi.
C'est bien vrai qu'il y avait de grands abus dans le gouvernement français, mais l'anarchie qu'a amenée la révolution est bien pire encore. Ce pays qui, jadis, donnait des lois à la moitié de l'Europe, en sera totalement ruiné pour des années, et ne pourra qu'avec beaucoup de peine s'en relever y il lui faudra surtout des siècles pour rétablir ses finances, dont l'état est affreux.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2728385/f1.vocalTextePage
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Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
Très intéressant. Merci !
Invité- Invité
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
En tout cas, le comte de Provence voyagea dans une voiture légère et mourut dans son lit, couronne sur la tête.
pilayrou- Messages : 672
Date d'inscription : 06/03/2014
Age : 63
Localisation : Guilers (Brest)
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
Merci !
C'est la première fois que je lis que Louis XVI avait galopé une partie du voyage au devant de la berline, comme postillon...
En suivant le lien-source, je découvre le mode de lecture automatique et audio des textes...
La lecture est très hachée, telle celle d'un robot, mais cela s'écoute ! :
Plusieurs autres lettres ou extraits sont cités, précédés d'une introduction intéressante.
En fait, il s'agissait d'un Journal, écrit sous la forme de lettres que la duchesse de Sudermanie (future reine de Suède) adressait à son amie intime la comtesse Piper (soeur d'Axel de Fersen).
Ce doit être un journal intéressant à lire.
C'est la première fois que je lis que Louis XVI avait galopé une partie du voyage au devant de la berline, comme postillon...
En suivant le lien-source, je découvre le mode de lecture automatique et audio des textes...
La lecture est très hachée, telle celle d'un robot, mais cela s'écoute ! :
Plusieurs autres lettres ou extraits sont cités, précédés d'une introduction intéressante.
En fait, il s'agissait d'un Journal, écrit sous la forme de lettres que la duchesse de Sudermanie (future reine de Suède) adressait à son amie intime la comtesse Piper (soeur d'Axel de Fersen).
Ce doit être un journal intéressant à lire.
La nuit, la neige- Messages : 18062
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
La nuit, la neige a écrit: C'est la première fois que je lis que Louis XVI avait galopé une partie du voyage au devant de la berline, comme postillon...
Moi aussi...
Cela va en harmonie avec la décontraction qu'on fait adopter à la Famille Royale dans le docu-fiction L’Évasion de Louis XVI ... Cela va cependant en contradiction avec la répartie du Roi qui dit à ses proches dans la berline:
"Dès que j'aurai le cul sur selle, vous me verrez comme jamais vous ne m'avez vu..." (je cite de mémoire...).
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
Cette petite photo montrant la Famille dans la maison SAUCE est dans la réalité une énorme image montée sur un carton qui était autrefois installée sur les murs de nos classes - je l'ai achetée à cause des souvenirs mais elle reste roulée car je n'ai pas de place pour la présenter.
Pour finir ce papotage - quelques images souriantes
dessin du regretté CABU en 1991
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3719
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
.
Voici un document émouvant .
Il s'agit d'une facture d'accessoires de voyage livrés pour la fuite de la famille royale.
Kiki nous précisait que Fersen emprunte 300 000 livres aux dames Stegleman et von Korff, 300 000 à Madame Sullivan et 3 000 à son concierge Louvet.
Cela me paraît énorme !
En tous cas, son livre de dépenses montre que, dans les années qui suivirent, il paya ( à grand peine ) les intérêts de ces emprunts.
Voici un document émouvant .
Il s'agit d'une facture d'accessoires de voyage livrés pour la fuite de la famille royale.
Kiki nous précisait que Fersen emprunte 300 000 livres aux dames Stegleman et von Korff, 300 000 à Madame Sullivan et 3 000 à son concierge Louvet.
Cela me paraît énorme !
En tous cas, son livre de dépenses montre que, dans les années qui suivirent, il paya ( à grand peine ) les intérêts de ces emprunts.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
merci pour ce trésor totalement inconnu - il est rangé dans le dossier VARENNES et mis sur papier dans l'autre énorme classeur que je transporte lors de mes voyages de PARIS à MONTMEDY !!!!!
MARIE ANTOINETTE :
MARIE ANTOINETTE :
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3719
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Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
L'ensemble du projet du départ du roi et de sa famille avait été estimé à plusieurs millions de livres que Fersen, Mercy et d'autres étaient supposés pouvoir rassembler.
N'oublions pas que la date du départ des Tuileries avait été, aussi, planifiée en fonction de celle à laquelle le roi devait toucher 2 millions (sur les fonds de sa liste civile accordée).
C'est à dire au début du mois de juin.
Sans argent, rien n'était possible.
Ci-après le compte rendu de M. de Bouillé concernant l'état de compte des fonds qu'il avait reçu du roi.
Adressé à Fersen après Varennes.
Un total ici d'environ 993 000 livres.
N'oublions pas que la date du départ des Tuileries avait été, aussi, planifiée en fonction de celle à laquelle le roi devait toucher 2 millions (sur les fonds de sa liste civile accordée).
C'est à dire au début du mois de juin.
Sans argent, rien n'était possible.
Ci-après le compte rendu de M. de Bouillé concernant l'état de compte des fonds qu'il avait reçu du roi.
Adressé à Fersen après Varennes.
Un total ici d'environ 993 000 livres.
Dernière édition par La nuit, la neige le Dim 24 Jan 2016, 18:34, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18062
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55310
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
La grosse dame de gauche est-elle Madame Élisabeth ?
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
"Le 21 juin 1791, Louis XVI, Marie-Antoinette et sa famille ont été capturés à Varennes après s'être échappé des Tuileries à Paris. Le Roi a demandé au commerçant de ne pas les remettre aux autorités en disant : je suis votre roi, c'est la reine et la famille royale. Entouré dans la capitale de poignards et de baïonnettes, j'en suis arrivé là, au milieu de mes fidèles sujets, pour trouver la paix et la liberté que nous avons tous appréciées. Je ne pouvais pas rester à Paris, elle aurait été la mort pour moi et ma famille. Je suis venu vivre parmi vous, mes enfants, à qui je n'abandonnerai pas... Sauvez mon épouse, sauvez mes enfants ".
(Louis XVI et Marie Antoinette pendant la révolution, Nesta Webster, 1937)
Bien à vous.
(Louis XVI et Marie Antoinette pendant la révolution, Nesta Webster, 1937)
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
Mais non, dans la grosse dame on reconnait aisément les traits de Marie-Antoinette ; la dame au livre doit être Mme Élisabeth.
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
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Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
Comte d'Hézècques a écrit:Mais non, dans la grosse dame on reconnait aisément les traits de Marie-Antoinette
... par Botero alors ! :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791
Botéro avant la lettre ! :\\\\\\\\:
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Localisation : Pays-Bas autrichiens
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