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La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791

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La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Empty Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791

Message par Mme de Sabran Sam 03 Aoû 2019, 14:10

Vicq d'Azyr a écrit: la Reine est fetichisée , bien plus que le Roi, qui apparaît, lors de ce retour, dans toute sa nudité: oui, le Roi est nu, c’est un gros homme somnolent qui s’en revient, et sur lequel on peut cracher sans être arrêté par la garde ...

Ceci me rappelle l'anecdote suivante ( que j'ignorais ) :

Le roi parut ne rien voir quand , le 2 juin ( 1790 ) jour de la Fête-Dieu, des gardes nationaux multiplièrent les outrages au Saint-Sacrement, et, unissant leur haine de la foi et leur mépris des femmes, s'essuyèrent les pieds, qu'ils avaient fort crottés car il avait plu, sur la traîne de la reine. Marie-Antoinette en pleura; Louis ne dit mot .

( Anne Bernet )

Vicq d'Azyr a écrit:Alors , j’aime bien imaginer ( mais les sources, les sources...) un combat très animal entre Marie-Antoinette et Barnave, un combat entre une tigresse et un loup ... C’est tellement « too much », que Pétion , qui n’a sans doute jamais vu ça ... pète les plombs...

Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing

Quel nul, ce Pétion !

... plutôt qu'un combat très animal, entre Marie-Antoinette et Barnave, je dirais une joute de séduction, non ?

Vicq d'Azyr a écrit:NB C’est bien Mme de Tourzel qui insiste sur le fait que Mme Elisabeth était pratiquement la seule à parler , et que la Reine ne faisait que reprendre ses arguments, ce qui affaiblissait son propos.... cf post page 1 de « retour de Montmedy à Paris », Ct d’Hezecques.  

Oui, c'est en note de bas de page .

Vicq d'Azyr a écrit:La Reine a démarré son trajet pour Montmedy avec Fersen. Elle revient, lors de ce retour forcé, avec un autre chevalier servant ( du moins le sera-t-il devenu en arrivant à Paris...). Deux hommes intelligents, très séduisants aussi, et pourtant tellement différents..

Hélas ! ... une rivalité si lourde de conséquence . La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 3177668066



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La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Empty Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791

Message par Vicq d Azir Lun 05 Aoû 2019, 01:37

Oui, vous avez raison... Cette situation est digne d’une tragédie grecque. A cet instant de l’Histoire, on pourrait résumer la situation à ceci : une Reine , deux chevaliers qui veulent la conduire dans des directions diamétralement opposées. L’un a tenté de lui rendre sa liberté, l’autre la ramène captive, et veut pourtant la sauver ...
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La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Empty Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791

Message par Mme de Sabran Jeu 02 Jan 2020, 20:12


J'aimerais bien savoir qui a rapporté ce récit à Victor Hugo ... La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 1123740815
Le nom est resté en blanc dans le manuscrit. (Note de l’éditeur.)

Quand Louis XVI fut arrêté à Varennes, dans la soirée du 22 juin 1791, il dînait. Le roi était assis à une table oblongue et carrée, dans une arrière-salle du rez-de-chaussée de l’auberge…. Le plafond de cette salle était fait de planches nues, soutenues par une longue solive transversale qui passait précisément au-dessus de la tête du roi. Le roi occupait seul le haut bout de la table. Il avait à sa droite la reine et madame Royale, à sa gauche monsieur le dauphin et madame Élisabeth. Le roi et la reine étaient assis sur des fauteuils, madame Royale et madame Élisabeth sur des chaises de paille grossière ; monsieur le dauphin mangeait debout, la table étant trop haute et les chaises trop basses. Cette table était formée de planches posées sur deux tréteaux. Les murs de la salle avaient un aspect délabré ; au-dessus de la porte qui était à plein-cintre et dans le style des portes rustiques du temps de Louis XIII, le plâtre était tombé et laissait dans plusieurs endroits la brique à nu. Le roi faisait face à cette porte ; il avait derrière lui un fauteuil vide, et au-dessus de sa tête, une planche adossée à la muraille supportait des vaisselles et des poteries. Une seule chandelle éclairait la table royale ; le roi était vêtu d’habits de couleur sombre et il avait sur la tête un de ces chapeaux à forme ronde et à larges bords comme nous en voyons encore aujourd’hui aux paysans d’opéra-comique. Le jeune dauphin était en veste avec collet de dentelle ; la reine et madame Royale étaient coiffées d’étroits chapeaux ronds à haute forme conique qui était une mode d’alors ; madame Élisabeth était en bonnet. La table était assez abondamment servie ; le roi seul mangeait avec appétit. Au moment où la porte s’ouvrit brusquement et où la foule armée de torches et de piques fit irruption dans la salle, le roi avait la main sur la bouteille posée à sa droite comme quelqu’un qui va se verser à boire, et il demeura quelques instants dans cette attitude.


(Dicté le 22 août 1842.)
https://fr.wikisource.org/wiki/Quatrevingt-treize/Notes

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Message par Marie-Jeanne Ven 03 Jan 2020, 17:12

« la reine et madame Royale étaient coiffées d’étroits chapeaux ronds à haute forme conique qui était une mode d’alors »

Peut-être quelque chose comme ci-dessous, mais sans aucune certitude. D'après un dessin de L.S. Faivre-Duffer, artiste né en 1818.

La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Img_3911

Chapeaux à formes coniques des années 90. Journal des luxus und der moden, 1790.

La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Journa10
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La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Empty VARENNES - dossier GOGUELAT et LES COCHERS

Message par MARIE ANTOINETTE Jeu 02 Avr 2020, 12:44

La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Img_0115
J'ai consulté un livre récent ce qui m'a permis de résoudre une colle concernant les cochers qui conduisaient la berline alors que pour moi c'était MOUSTIER qui avait servi de cocher depuis BONDY.

il était bien sur la berline à côté du cocher qui était fourni avec le postillon de tête à chaque relais et donc à chaque changement de chevaux !!!!!!

(il est à signaler que le cocher de CHAINTRIX n'était pas un habile conducteur, puisque la berline s'est prise une roue dans le pont !!!!!! -erreur ou faute pour retarder !!!!!)

voitures montées sur 2 roues avec brancard
chargées de 4 personnes seront conduites par un postillon, attelées de 4 chevaux et il en sera payé 5.

Voitures montées sur 4 roues ayant timon
chargées de 5 personnes seront conduites par 2 postillons attelées de 6 chevaux, et il en sera payé 7

chargées de 6 personnes, seront conduites par 3 postillons attelées de 8 chevaux et il sera payé 9

Voitures montées sur 4 roues, ayant un seul fond et limoniers

chargées de 4 personnes avec malle et vache, seront conduites par 2 postillons attelées de 6 chevaux
il sera en sus autant de chevaux qu'il y aura de domestiques derrière ou sur le siège.

Les postillons seuls peuvent conduire les chevaux de poste, nul courrier ne peut les faire remplacer par ses gens.

Les courriers à franc étrier ne peuvent se servir de brides à eux appartenant. Ils ne doivent pas passer le postillon qui les conduit ; le Maitre de Poste à laquelle ils arriveront
ne doit pas donner de chevaux avant que le postillon fut arrivé, qu'il n'ai reconnu l'état des chevaux et déclarés la course et les guides payés.



IL est à remarquer que les passagers de la berline étaient 4 adultes + 2 enfants - 1 adulte sur le siège du cocher.

amusant - tout courrier à franc étrier qui n'accompagne pas une voiture doit avoir un postillon monté pour lui service de guide.....
il doit être payé autant de chevaux qu'il y a de personnes ou d'enfant dans les voitures , derrière ou dessus le siège et de postillons employés à les conduire

L'avant courrier ne peut devancer que d'une poste la voiture qu'il précède..... il leur est défendu de partir et aux maitres de postes de leur fournir des chevaux avant l'arrivée de la voiture au relais et s'il part plus d'une quart d'heure après Elle, il lui sera donné un guide.

les courriers sans distinction doivent être servis selon l'ordre de leur arrivée au relais, ou celle de leur avant-courrier.

deux voitures de même espèce attelées d'une pareille quantité de chevaux ne peuvent se devancer sur le route et doivent marcher dans l'ordre où elles sont arrivées au relais ;
à moins qu'un incident ne soit survenu à celle qui précède.




pour nous résumer
une berline avec 6 personnes à bord + 1 sur le siège (MOUSTIER) - un courrier à franc étrier qui est en avance et prépare les relais (VALORY) 1 cavalier qui se tient près de la berline (MALDEN)
J'ai pris des extraits du règlement des postes qui est très complet et si un membre du forum le voulait dans son intégralité, je suis à sa disposition.

il est à noter dans le détail de la route PARIS/STRABOURG qui est la route prise par la berline jusqu'à CHARLONS EN CHAMPAGNE on passe par DORMANS. ROUTE XXIV

or page 106 on trouve le détail de la route qui est de LA FERTE SOUS JOUARRE à CHALONS - ROUTE XXIV mais en complément qui est la nouvelle route ouverte pour faciliter la circulation.

page 107 on aussi la route de PARIS à STRASBOURG et là on remarque que c'est la route qui a été empruntée par la BERLINE de CHALONS EN CHAMPAGNE
jusqu'à CLERMONT EN ARGONNE - ROUTE XXV
puis qui continue vers VERDUN avec embranchement vers METZ direction STRASBOURG.

on constate que les service des postes était important ,que les villes étaient bien desservies !!!! et nous sommes en 1788


MARIE ANTOINETTE La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 1123740815



la suite prochainement sur l'affaire GOGUELAT










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Message par Mme de Sabran Sam 04 Avr 2020, 11:49


Merci, chère Marie-Antoinette . Very Happy

MARIE ANTOINETTE a écrit:
la suite prochainement sur l'affaire GOGUELAT
Du nouveau, quant à ce bon et excellent Goguelat ?!

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Message par La nuit, la neige Sam 20 Juin 2020, 20:00

Si des enfants passent par là... La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 3236493444  Eventaille

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La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Empty Maria Theresia Imperatrice modele

Message par Arnould Dim 21 Juin 2020, 21:42

Merci pour cette tres vraie observation
que la femme s est sacrifie a la Reine:
Antonia etait aussi la fiere fille de sa mere Maria Theresia Imperatrice d Autriche qui etait une des regentes les plus capables et fideles a ses hauts principes. Telle mere telle fille!
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Message par Mme de Sabran Lun 22 Juin 2020, 08:58


Bonjour, Arnould, et bienvenue dans le Forum de Marie-Antoinette ! Very Happy

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Message par Comte d'Hézècques Lun 22 Juin 2020, 09:58

Marie-Jeanne a écrit:« la reine et madame Royale étaient coiffées d’étroits chapeaux ronds à haute forme conique qui était une mode d’alors »

Peut-être quelque chose comme ci-dessous, mais sans aucune certitude. D'après un dessin de L.S. Faivre-Duffer, artiste né en 1818.

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Des chapeaux charmants. Malheureusement dans aucun film ils ont su reconstituer des costumes et accessoires ressemblants.

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Message par Gouverneur Morris Mer 30 Sep 2020, 22:19

Alexandre Dumas : sur les traces de sa route de Varennes https://www.lepoint.fr/tiny/1-2393537 #Culture via @LePoint
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Message par Mme de Sabran Mer 30 Sep 2020, 22:39


Merci, mon cher Momo, pour cet intéressant article . Very Happy
Pas de doute, Dumas avait le sens de la formule :

En mettant le pied sur la première marche de l'escalier de l'épicier Sauce, Louis XVI mettait le pied sur le premier degré de son échafaud ...

Alexandre Dumas.

( C'est si vrai ! )

La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 20795910

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Message par Gouverneur Morris Mer 30 Sep 2020, 22:41

Mais puisqu’Aurore Chéry dit qu’il avait tout calculé ! Eventaille La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 3318396864
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Message par Mme de Sabran Mer 30 Sep 2020, 22:56


...   https://i58.servimg.    jocolor bom La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 1238448192



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Message par Mme de Sabran Sam 20 Fév 2021, 12:00

C'est l'huile de jasmin pour ses cheveux qui trahira Marie-Antoinette fuyant les révolutionnaires. Reconnue avec le roi, elle sera dénoncée par le cocher intrigué par cette "odeur de majesté", raconte encore Mme de Feydeau. 

https://www.lexpress.fr/actualites/1/culture/marie-antoinette-napoleon-coco-chanel-histoires-de-parfums_1132384.html

...   ah bon ?!   Shocked
Je n'ai jamais croisé ce détail dans aucune de mes lectures ...

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Message par Gouverneur Morris Sam 20 Fév 2021, 13:21

Alors elle, il est temps qu'elle arrête les huiles essentielles à base de cannabis La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 1238448192 La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 3318396864
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Message par Mme de Sabran Sam 20 Fév 2021, 13:32

Eventaille
...  de même que le shit citron et le shit orange, au plus vite.  geek

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Message par La nuit, la neige Sam 20 Fév 2021, 19:23

... Eventaille
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Message par Comte Valentin Esterhazy Lun 22 Fév 2021, 08:54

"C'est l'huile de jasmin pour ses cheveux qui trahira Marie-Antoinette fuyant les révolutionnaires. Reconnue avec le roi, elle sera dénoncée par le cocher intrigué par cette "odeur de majesté", raconte encore Mme de Feydeau".

Je n'en avais jamais entendu parler non plus mais cela me parait très possible.
Les gens se parfumaient beaucoup à cette époque pour cacher les odeurs corporelles, je crois....Very Happy
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Message par Marie-Jeanne Lun 22 Fév 2021, 22:31

L'huile de jasmin de Varennes Laughing  Laughing  Laughing  Mais où va t-elle donc chercher tout çà La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 2815550750

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Message par Monsieur de la Pérouse Jeu 15 Avr 2021, 15:33

Cette assiette n'est pas bien belle mais dans le thème.

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Message par Mme de Sabran Jeu 15 Avr 2021, 19:39

...   à réserver pour la prochaine scène de ménage . La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 1123740815 Eventaille

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Message par Mme de Sabran Mer 09 Fév 2022, 12:19

La reine avait poussé si loin la dissimulation qu’ayant rencontré Montmorin la veille du départ ( du périple qui devait aboutir à Varennes ) , elle lui avait demandé s’il avait vu Madame Elisabeth. « Je sors de chez elle, avait répondu Montmorin. — Elle m’afflige, répliqua la reine, j’ai fait tout au monde pour la décider à assister demain à la procession de la Fête-Dieu ; elle paraît s’y refuser : il me semble pourtant qu’elle pourrait bien faire à son frère le sacrifice de son opinion. »

( Agénor Bardoux, Pauline de Montmorin comtesse de Beaumont )

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Message par La nuit, la neige Ven 22 Avr 2022, 11:50

Voici un document rare, proposé prochainement en vente aux enchères et dont je recopie l'interminable présentation au catalogue. La maison de vente cite principalement un long article, écrit par un certain François-Aldabert Guegan de l'Institut Cartier de Poitiers (site internet inaccessible), sans préciser qui et que sont-ils ni de quand date ce texte ? Suspect

Bref, la source principale n'est pas correctement présentée. Quand au fond, c'est bien trop compliqué pour en faire ici des commentaires historiques.  La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 3236493444  La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 3177668066


Lettre autographe manuscrite signée de Louis XVI en date du 15 juin 1791 et Le général Bouillé en date du 21 juin 1791.
Taille 20,5 cm x 31,5cm. 2 feuillets. Papier vergé.
État correct, nombreuses petites déchirures avec infimes manques en marge.

La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Captu951

Présentation au catalogue

Voici le texte probablement rédigé par un secrétaire et signé de la main de Louis XVI. Nous savons que cette lettre a été envoyée à au moins 5 personnes, les protagonistes de l'organisation de la fuite du Roi. Bouillé a ensuite ajouté un ordre nominatif manuscrit, dans notre lettre, il s'agit de la lettre destinée au Général d'Heymann chargé de la protection du Roi et de sa famille.

« De par le Roy,
mon intention étant de me rendre le vingt juin prochain à Montmédy, il est ordonné au S.r de Bouillé, lieutenant général en mes armées, de placer des trouppes ainsi qu'il le jugera convenable pour la sureté de ma personne et celle de ma famille, sur la route depuis Chaâlons sur marne, jusqu'à Montmédy, voulant que les trouppes qui seront employées à cet effet exécutent tout ce qui leur sera prescrit par le dit S.r de Bouillé, les rendant responsables de l'exécution des ordres qu'il leur donnera.
Fait à Paris, le 15 juin 1791.
Louis. »

« Il est enjoint à M. d'Heymann, ainsi qu'aux officiers, aux sous officiers et [mot illisible] des différents corps d'exécuter et de faire exécuter le présent ordre autorisons [mots illisibles] le général Heymann à faire ou jugera convenable [mots illisibles] pour le service au Roy et sa famille. Stenay, le 21 juin 1791. Bouillé.»

La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Captu952

Cette lettre a une importance historique dans l'événement de la fuite manquée du Roi et de sa famille des 20 et 21 juin 1791 plus connue sous le nom de « fuite à Varennes » , épisode important de la Révolution française, au cours duquel le roi de France Louis XVI, sa femme Marie-Antoinette, et leur famille immédiate tentèrent de rejoindre le bastion royaliste de Montmédy, vers la frontière belge à partir duquel le roi espérait lancer une contre-révolution, et furent arrêtés en route à Varennes-en-Argonne dans la Meuse, en Lorraine.

A noter qu'une importante lettre du Marquis de Bouillé à Axel de Fersen en code, avait été envoyé en avril 1791 pour expliquer comment organiser cette fuite, mais le roi ne se décide qu'en juin 1791.En cas d'échec, le roi aurait pu demander l'aide des troupes étrangères dont celle de l'Autriche, mais l'Histoire en a décidé autrement.
La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Captu954
La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Capt3507
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Ce document, et tous les autres documents proviennent des descendants du Général de Heymann, totalement oublié de nos jours, mais qui a eut un rôle très important sous le règne de Louis XV et Louis XVI car il fut maître-espion et diplomate au service de Louis XVI et du Roi de Prusse après 1791.

Reprenons l'historique : Le Lieutenant Général du Roi Louis XVI, le marquis de Bouillé avait été chargé par Louis XVI d'organiser sa fuite, celui-ci avait fait appel au Général de Heymann, le Général de Klinglin, Le Général d'Hoffelize entre autres, le colonel de Mandel du Régiment Royal-Allemand, et même le Duc de Choiseul. [H. Tribout de Morambel]
Malheureusement pour Louis XVI et sa famille, lors de la fuite, ils ont été reconnus et furent arrêtés les 21 juin 1791 au soir. La plupart des protagonistes de cette affaire fuirent la France ou furent aussi arrêtés.

La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 11374610
Exécution populaire à Strasbourg des effigies du lieutenant-général BOUILLÉ et des maréchaux de camp KLINGLIN et HEYMANN
Image : Shenandoahdavis


Sur le rôle du Général Heymann, nous pouvons citer François-Aldabert Guegan de l'Institut Cartier de Poitiers qui a travaillé sur ce personnage.
Je cite l'article :

« Tout d'abord un rappel de la chronologie de la marche vers l'anéantissement final de la monarchie française.
· 15 juin 1791 : Louis XVI signe la lettre dans laquelle il annonce au marquis de Bouillé sa décision de s'enfuir de Paris avec la famille royale. Il sera arrêté à Varennes.
· 3 décembre 1791 : Louis XVI écrit au Roi de Prusse pour lui demander de former une alliance armée avec les autres Puissances afin de mettre fin à la Révolution française.
· 25 juillet 1792 - Le duc de Brunswick publie son manifeste.

1. Le désastre de Varennes

Voici le déroulement de la Fuite à Varennes, tel qu'il a pu être reconstitué jusqu'à présent essentiellement d'après les Mémoires des deux principaux protagonistes, le marquis de Bouillé et le duc de Choiseul qui se rejetèrent l'un sur l'autre la responsabilité de l'échec.
Le 23 octobre 1790, Louis XVI, Louis XVI envoya l'évêque de Pamiers, Monseigneur d'Agoult, auprès du marquis de Bouillé, gouverneur des Trois-Évêchés, c'est-à-dire gouverneur militaire de l'Est de la France, de la Sambre jusqu'à la Franche-Comté. Monseigneur d'Agoult lui transmit le message suivant : « Le Roy a formé le projet de quitter Paris, où il est en prison, et de se retirer dans l'une des villes frontières de votre commandement, dont il vous laisse le choix. Là, il se propose de rassembler autour de lui, les troupes et ceux de ses sujets qui lui sont restés fidèles, de s'efforcer de ramener son peuple, trompé par des factieux, au sentiment de ses devoirs, et dans le cas où ses moyens seraient insuffisants de réclamer le secours de ses alliés, pour l'aider à rétablir l'ordre et la tranquillité dans son royaume. »

Dès lors, la conspiration était enclenchée. Fersen devait s'occuper du volet parisien. Bouillé se chargeait de la mise en place des troupes à partir de Pont-de-Sommevesle (actuellement Somme-Vesle) à 10 kilomètres à l'est de Châlons-en-Champagne. Les troupes escorteraient la famille royale jusqu'à Montmédy, une forteresse située à proximité de la frontière du Luxembourg. De l'autre côté de la frontière, l'Empereur, le frère de Marie-Antoinette, masserait des troupes pour venir au secours du Roy si le besoin s'en faisait sentir. Au même moment, dans une opération coordonnée, le frère puîné du Roy, Monsieur, le comte de Provence, prendrait la route des Pays-Bas autrichiens (l'actuelle Belgique), tandis que son épouse, Madame, prendrait la route de la Savoie.

Louis XVI et la famille royale quittèrent le Palais des Tuileries dans la nuit du 20 au 21 juin 1791. Louis XVI laissa derrière lui un manifeste dans lequel il déclarait que c'était sous la contrainte qu'il a accepté et promulgué (sanctionné selon le terme de l'époque) les décrets élaborés par l'Assemblée nationale, que ceux-ci étaient donc nuls et non avenus et qu'il se rendait à Montmédy pour retrouver sa liberté et pouvoir traiter avec l'Assemblée loin de toute pression.

On connaît le dénouement : le cortège royal prit du retard, le duc de Choiseul-Stainville, chargé de l'attendre à Pont-de-Sommevesle avec un détachement de hussards, des troupes qu'il ne connaît pas, s'affola. Il pensa que le Roy n'était finalement pas parti et il leva le camp. La berline royale poussa vers l'est sans escorte. Elle s'arrêta au relais de poste de Sainte-Menehould où Drouet crut reconnaître le Roy. Drouet galopa jusqu'à l'étape suivante, Varennes, où le fils de Bouillé attendait le cortège royal avec un autre détachement de hussards. Drouet avertit le syndic de la commune. La famille royale fut retenue à l'auberge. Finalement le Roy fut démasqué. Le fils Bouillé s'affola et ne tenta pas de libérer le Roy alors qu'il en avait encore les moyens. Le tocsin sonna, la population accourut de toute part. Bouillé essaya de rassembler ses forces pour disperser les milliers de citoyens qui entouraient la berline royale. Deux régiments de hussards lui firent défaut : ceux qu'il avait chargé son adjoint le Général de Heymann de rallier et d'amener à Montmédy, à 50 kilomètres au nord-est de Varennes. La fuite avait échoué.

L'Assemblée nationale envoya trois députés pour ramener la famille royale, Barnave, l'un des trois triumvirs, Pétion, le futur maire de Paris, et un militaire, Mathieu Dumas, chargé de commander l'escorte. Du point de vue politique, les conséquences furent désastreuses pour Louis XVI : il fut suspendu et le peuple considéra qu'il était un parjure.

Lors de mes recherches sur mon ancêtre, le Général de Heymann, j'ai mis à jour de nouvelles archives qui m'amènent à considérer que la préparation de la Fuite à Varennes a été différente de ce qui est généralement admis.
Ma thèse est la suivante : c'est le Général de Heymann qui organisa la fuite.
 Suspect Tout à fait naturellement, il avait prévu que les troupes d'escorte seraient des hussards, des troupes allemandes qu'il avait commandées, qui lui étaient dévouées et qui n'étaient pas contaminées par les idées révolutionnaires. Fin mai, Bouillé aurait décidé de tirer tout le profit du sauvetage du Roy et de la famille royale pour sa famille et le duc de Choiseul-Stainville. C'est pour cette raison qu'il aurait décidé de confier à ce dernier et non à Heymann le commandement de l'escorte à Pont-de-Sommevesle, puis à son fils à Varennes.

Les éléments qui m'ont amené à cette conclusion sont les suivants :
La source principale est les Mémoires de Mathieu Dumas qui seront publiés en 1839 après sa mort, après donc que la version officielle de la Fuite à Varennes eut été gravée dans le marbre. Rentré triomphalement à Paris avec la famille royale, Dumas fut nommé maréchal de camp (général) par l'Assemblée nationale. Il fut envoyé à Metz pour prendre le poste de Heymann. Le nouveau gouverneur militaire lui demanda de perquisitionner le bureau de Bouillé. Dumas trouva alors tout le plan d'évasion de la famille royale établi par Heymann.
Voici ce qu'il écrit :

« Ce que je trouvai de plus important parmi les papiers de M. de Bouillé, ce fut la correspondance du général Heymann pendant son dernier séjour à Paris, où M. de Bouillé l'avait envoyé pour prendre les ordres relativement à son voyage, et pour arrêter la disposition des escortes de cavalerie qui devaient assurer son passage jusqu'à la frontière. Cette correspondance, si elle eût été connue, aurait compromis plusieurs personnes qu'on ne soupçonnait pas alors d'avoir été dans le secret du voyage du roi. Le général Heymann, que M. de Bouillé avait écarté du point où sa présence, son expérience, la vigueur de son caractère, auraient certainement assuré le succès de son entreprise, le général Heymann avait été envoyé ainsi à vingt-cinq lieues de Varennes au moment décisif i. »

De nombreux autres éléments viennent confirmer l'intervention de Heymann. On citera en particulier les faits suivants :

· Heymann était à Paris du 29 avril au 13 mai 1791. Nous le savons par les lettres adressées par Grimm (ambassadeur officieux de la Russie en France) à Catherine II. Celui-ci reçut Heymann qui avait été chargé par Bouillé de négocier leur recrutement par la Russie au cas où Louis XVI aurait persisté dans son indécision. Grimm fut si impressionné par la personnalité de Heymann qu'il écrivit longuement à la tsarine pour le recommander et détailler ses faits et gestes. Le 12 mai, Heymann fut reçu par le ministre de la Guerre. Or Choiseul relata qu'il avait avec lui des hussards et non pas un détachement de son régiment de dragons, car celui-ci venait d'être transféré en Alsace à Neuf-Brisach conformément à un ordre du ministre qui venait de tomber. Était-ce un effet de la réunion de travail entre le ministre et Heymann qui aurait agi ainsi pour que les seules troupes disponibles soient des hussards qui lui étaient tout dévoués ? Tout naturellement, il aurait donc commandé le détachement chargé d'escorter le Roy et sa famille et en aurait ainsi récolté les honneurs. Il conviendrait toutefois de retrouver la date de l'ordre de transfert du régiment de dragons pour être assuré que celui-ci a été signé durant ou après le séjour de Heymann à Paris, ce qui serait un indice de l'implication de ce dernier dans la décision de transfert à Neuf-Brisach.

· Le 1er mai 1791, Heymann fut nommé commandant militaire en second des départements de la Marne, de la Meuse et des Ardennes, c'est-à-dire les trois départements que devait traverser le cortège royal. Lorsque l'on ourdit un complot, on fait en sorte que les commandants militaires soient des hommes sûrs. Si Heymann n'avait pas été l'un des acteurs du complot, on l'aurait écarté de ce poste stratégique.

· Le 1er juin, Bouillé et Heymann demandèrent une avance sur solde au trésorier payeur de Metz. Toute enquête policière s'intéresse aux mouvements de fonds qui eux ne peuvent mentir ! A l'évidence, Bouillé et Heymann préparaient de concert leur départ.

· Et enfin, Heymann ordonna que ses équipages (chevaux, voiture) lui fussent envoyés avant que Bouillé n'informât officiellement les autres conspirateurs du projet même de fuite de la famille royale.

Un dernier point : Heymann est l'un des rares personnages qui trouvent grâce aux yeux de Bouillé dans ses Mémoires. Il lui tresse même des lauriers. Bouillé évoque un projet d'évasion qu'aurait organisé Heymann en avril 1792, mais il n'évoque aucunement le fait que Heymann aurait tout organisé pour la Fuite à Varennes. Ma thèse est qu'il ne pouvait le faire. En effet, Heymann était un orléaniste. Tout le monde s'en méfiait à l'état-major de Metz et en particulier le duc de Choiseul. Bouillé avait par contre une totale confiance en lui. L'affaire ayant échoué, Bouillé ne pouvait prendre le risque de révéler qu'il en avait confié l'organisation à Heymann. En effet, les ultras auraient eu beau jeu de clamer que Heymann avait trahi et que Bouillé, qui lui avait fait confiance, était coupable au moins de négligence.

Quoi qu'il en soit, il est certain que Louis XVI connaissait bien Heymann. Quatre lettres l'attestent :
· une lettre écrite de Berlin par Heymann à Louis XVI le 12 août 1791, dans laquelle Heymann proteste de sa loyauté. Le ton de cette lettre et le fait que Louis XVI l'ait conservée dans l'armoire de fer, donnent à penser que les deux hommes se connaissaient bien,
· fin novembre 1791, Louis XVI et son frère, le comte de Provence, écrivirent à Heymann. Ces deux lettres devaient l'assurer de leur bienveillance, car il les montra au Roi de Pologne chez lequel il résidait et qui n'avait aucun doute sur la faveur dont jouissait Heymann. Ces deux lettres ont malheureusement été dérobées par des espions, peut-être prussiens. Mais Louis XVI et son frère avaient un point commun : leur fuite de Paris le même jour organisée par le même homme. Heymann ?

· Enfin, et cela est déterminant, Louis XVI recommanda Heymann au Roi de Prusse dans sa lettre du 3 décembre 1791 dont j'ai expliqué la genèse dans mon article publié sur le site de l'Institut Jacques Cartier le 17 avril 2017 v. Si Louis XVI n'avait pas eu une dette à l'égard de Heymann, l'aurait-il cité dans une lettre aussi courte et aussi importante, une lettre qui allait précipiter l'Europe dans la guerre ?
Je pense que Louis XVI estimait être redevable à Heymann parce que c'est Heymann qui avait organisé l'évasion. C'est probablement la raison pour laquelle Heymann fut le seul émigré recommandé par Louis XVI au Roi de Prusse et probablement à un monarque européen.


2. La course à la guerre de fin 1791. Le double jeu de Louis XVI

Louis XVI a voulu fuir Paris. Il a été arrêté à Varennes. Il a été ramené à Paris sous la réprobation générale. Le peuple considéra qu'il était un parjure. On replâtra la Constitution pour donner au monarque un peu plus de pouvoir. L'Autriche et la Prusse tinrent une conférence à Pillnitz fin août 1791. Elles déclarèrent être profondément préoccupées par les avanies faites au roy de France et que, si la situation en France ne revenait pas à la normale et que, dans le cas contraire, si une condition « facile » à réunir, l'accord des Puissances, était remplie, elles pourraient envisager des mesures à définir pour remédier à la situation. Louis XVI leur fit savoir officiellement fin septembre qu'il avait accepté la Constitution. L'Europe poussa un « ouf ! » de soulagement : la crise française était terminée.

Rien n'était résolu cependant. L'Assemblée constituante fut remplacée par l'Assemblée que l'on connaîtra sous le nom d'Assemblée législative. Aucun des Constituants ne fut élu député, car cela était interdit. Un contingent important de députés de gauche fut élu dans la foulée de Varennes : ce seront les Girondins. Ils représentaient environ un tiers des députés. Ils se saisirent de la tribune et se répandirent en discours incendiaires contre les tyrans, c'est-à-dire les autres monarques européens. Les deux frères du roy en exil attisèrent le feu en publiant des déclarations incendiaires contre le nouveau régime et en clamant que Louis XVI n'était libre ni de ses mouvements ni de ses décisions.
Louis XVI se taisait. Il se reposait apparemment sur le ministère royaliste modéré qu'il avait nommé. Les deux hommes forts en étaient Narbonne, ministre de la Guerre, et Valdec de Lessart, ministre des Affaires étrangères. La situation se dégradait chaque jour. La guerre menaçait.

Fin novembre, début décembre 1791, une grande action diplomatique visant à isoler l'Autriche fut décidée :
· Talleyrand fut envoyé en Angleterre pour lui proposer un traité de commerce encore plus avantageux que celui signé en 1785. Nul doute que l'Angleterre, cette nation de boutiquiers, Shocked  Eventaille  préférerait le business à la guerre et se tiendrait donc à l'écart de la coalition.
· Le fils Custine avait pour mission de recruter le meilleur général d'Europe pour en faire le chef de l'armée française affaiblie par l'émigration massive des officiers nobles. Il avait pouvoir de proposer un pont d'or au duc de Brunswick qui, en 1787, avait envahi les Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) à la tête de l'armée prussienne et les avait terrassées.
· Enfin, le comte de Ségur fut chargé de la mission principale : briser l'alliance contre nature nouée entre l'Autriche et la Prusse à Pillnitz. Pour ce faire, il avait un atout maître d'après une lettre que le duc de Biron aurait adressée à Talleyrand, le Général de Heymann qui, bien qu'émigré, était toujours à eux. Celui-ci tenait dans sa main, grâce à la corruption, les entours du Roi, c'est-à-dire ses ministres ses maîtresses et leurs maris et familles, dont Biron dressait la liste. Ce qui est avéré par les dépêches diplomatiques du chargé d'affaires français à Berlin, c'est que Heymann appartenait au premier cercle du Roi de Prusse, qu'il dînait et soupait avec lui, qu'il était invité aux petits soupers chez sa maîtresse. Il convenait donc d'en faire l'agent de Louis XVI à Berlin.

Ségur partit le 26 décembre de Paris après avoir reçu ses instructions de Louis XVI le 24. Il arriva à Berlin le 9 janvier 1792. Sa mission peut être reconstituée par deux sources que l'on peut mettre en face à face : les dépêches qu'il adressa à Paris d'une part, les archives du Roi de Prusse et de son conseil conservées à Berlin.

Le 9 janvier arriva à Berlin la lettre autographe que Louis XVI avait écrite au Roi de Prusse et dont la genèse a été décrite dans l'article publié le 17 avril 2017 (cf note de fin de document). En résumé, Louis XVI y demandait au Roi de Prusse de former une alliance armée avec les autres Puissances européennes pour écraser la Révolution. Il terminait cette lettre très courte en remerciant le Roi de Prusse des bontés qu'il avait eues pour Heymann, ce qui suffit à démontrer la faveur dont jouissait Heymann auprès de lui.
Ségur, qui bien sûr ignorait tout de cette lettre, fut très satisfait de ses premiers contacts. Il dit être en en relation avec un homme qu'il ne nomme pas, mais qui est au coeur du pouvoir à Berlin et le renseigne. Je pense que cet homme était Heymann qui le manipule.
Toujours est-il que Ségur se procure un document explosif détenu par le secrétariat particulier du Roi de Prusse. C'est une liste de tous les dignitaires, maîtresses, etc que lui, Ségur, aurait pour mission de corrompre. Dans une dépêche qu'il adressa à Paris, à laquelle cette liste était jointe, il contesta formellement avoir reçu ces instructions de corruption. Cette liste correspond en tous points à celle de Biron, à l'exception de madame Rietz, ancienne maîtresse du Roi et alors sa favorite, qui en est absente.
Dans ses Mémoires, Madame Rietz, devenue comtesse de Lichtenau, raconte que le Roi était venu la trouver, lui avait montré la liste et avait exprimé sa satisfaction de constater qu'elle n'y figurait pas.

La comédie dura quelques jours. Puis tout s'effondra le 19 janvier lors d'une réception du corps diplomatique. Voici comment Le Moniteur rapporta la scène : « Quand M. Ségur se présenta pour faire sa cour au Roi, ce prince le toisa d'un coup d'oeil plein d'humeur ; en même temps, il affecta de sourire au général Heymann qu'il aborda. Monsieur de Schulenburg et Monsieur de Finckelstein se renvoyèrent le ministre français qui s'étonnait avec eux de cet étrange accueil. »
Dès lors, plus rien ne pouvait arrêter la course à la guerre.

Dumouriez, alors ministre des Affaires étrangères, dans une tentative désespérée, écrivit à Heymann le 9 avril 1792 pour le presser d'user de son influence pour briser l'alliance contre nature. Heymann lui adressa une fin de non-recevoir le 29 avril. Cela était d'autant plus compréhensible que Heymann était en train de finaliser le plan d'invasion de la France (Geheime Staatarchiv) qu'il présenta le 8 mai au conseil suprême austro-prussien (Le Moniteur).
Louis XVI avait fait ouvrir les portes du Temple de Janus ! La guerre de Troie aurait bien lieu !

Le manifeste de Brunswick et le 10 août 1792

Le 20 avril 1792, Louis XVI demanda à l'Assemblée législative de déclarer la guerre au roi de Bohême. Ainsi, la France marquait bien qu'elle ne défiait pas le Saint-Empire romain germanique, mais la seule Maison de Habsbourg. Tous les autres États de l'Empire pouvaient ainsi rester en dehors du conflit.
Les revers s'accumulèrent pour l'armée française affaiblie par l'émigration massive des officiers nobles.
Les Princes, c'est-à-dire les deux frères de Louis XVI, le comte de Provence et le comte d'Artois, et son lointain cousin, le Prince de Condé, parvinrent à persuader les coalisés que le nouveau régime allait s'effondrer comme un château de cartes. L'inquiétude monta à Paris. Le fossé se creusa entre les partisans de la monarchie constitutionnelle et les républicains. Le 7 juillet, l'Assemblée retrouva son unité. Monseigneur Lamourette, député et évêque constitutionnel du Rhône-et-Loire, s'était levé, était monté à la tribune et, après un discours des plus émouvants, s'était tourné vers le président et avait déclaré :
Je propose que Monsieur le président mette aux voix cette proposition simple : « Que ceux qui abjurent également et exècrent la république et les deux chambres se lèvent ! » Les tribunes s'étaient levées pour applaudir et les députés de droite et de gauche s'étaient mélangés et s'étaient embrassés. Ce fut l'embrassade Lamourette.
Ce répit dura quatre jours. Le 11 juillet l'assemblée déclara la Patrie en danger, ce qui impliquait la mise en oeuvre de mesures répressives.

Cependant, Louis XVI a demandé à un Suisse, Mallet du Pan, et à Heymann de préparer un projet de déclaration à publier par la coalition. Ils établirent un projet prévoyant une issue politique à la crise : la convocation de nouveaux États généraux que le gouvernement du roy contrôlerait étroitement. Le roy n'accorderait que ce qui aurait dû être accordé d'emblée en mai 1789. Le texte circula jusqu'auprès de la tsarine Catherine II. Le prince de Nassau revint à Berlin avec son approbation.

Les Princes s'opposèrent à ce texte relativement modéré et imposèrent une autre version autrement plus dure, connue sous le nom de Manifeste de Brunswick. La coalition y exigeait une reddition pure et simple du nouveau régime sous peine d'exécution de tous les séditieux. Le Manifeste parvint à Paris le 2 août.
On connaît la suite.
La fièvre saisit l'aile gauche de l'Assemblée et les sections parisiennes. L'assaut fut donné au Palais des Tuileries dans la nuit du 10 août et Louis XVI destitué. La monarchie était morte.

Certes, le Manifeste de Brunswick n'était pas le texte qu'avait souhaité Louis XVI, mais en prenant l'initiative, en suggérant de publier un tel texte, il avait ouvert la boîte de Pandore. Le vent de l'Histoire allait l'emporter.

Épilogue Valmy : Le trône proposé à la Maison d'Orléans.

Le 20 septembre 1792, l'armée de Kellermann tint tête à l'armée prussienne à Valmy. Il s'agit essentiellement d'un duel d'artillerie. L'armée française l'emporta, car les officiers d'artillerie, issus de la petite noblesse et de la bourgeoisie, avaient adhéré aux idées de la Révolution, et n'avaient donc pas émigré contrairement à leurs collègues aristocrates de l'infanterie et de la cavalerie qui avaient rejoint en masse l'armée des Princes qui marchait avec les coalisés.
Valmy apparut tout d'abord comme une affaire mineure. Après la bataille, les deux armées prirent leurs quartiers à quatre kilomètres l'une de l'autre. L'armée prussienne était en proie à la dysenterie et était isolée de sa base de ravitaillement. Elle était donc dans une situation difficile que chaque jour rendait plus périlleuse. Elle était tout simplement menacée d'anéantissement.

Le 23 septembre, trois jours donc après la bataille, eut lieu une conférence au sommet au quartier général de Kellermann. Côté français, les deux chefs Dumouriez et Kellermann et l'adjoint de celui-ci, le ci-devant duc de Chartres, futur roi Louis-Philippe Ier, fils du ci-devant duc d'Orléans, devenu Philippe Egalité. Côté prussien, le colonel von Manstein, aide de camp général du Roi de Prusse (on dirait maintenant chef d'état-major particulier du Roi de Prusse) et le général de Heymann, ministre plénipotentiaire auprès du duc de Brunswick, feld-maréchal général de l'Empire, commandant de l'armée prussienne, et par ailleurs conseiller pour les affaires françaises du Roi de Prusse. Heymann engageait donc aussi bien l'Empire que la Prusse. On notera que Heymann connaissait bien ses trois interlocuteurs français. On se souvient que Dumouriez l'avait supplié le 9 avril précédent de briser l'alliance contre nature. Kellermann, quant à lui, a succédé en 1784 à Heymann comme mestre de camp du régiment colonel-général de hussards, celui du duc d'Orléans. Enfin, Heymann, intime du duc d'Orléans, connaissait évidemment bien le futur Louis-Philippe.

Nous avons trois comptes-rendus de ces entretiens :
· un compte-rendu officiel de Kellermann au ministre de la défense conservé aux Archives du Ministère de la Défense,
· un compte-rendu particulier autographe de Kellermann au même et également conservé aux archives de la défense,
· enfin, une relation détaillée que le futur Louis-Philippe a consignée dans ses Mémoires. Ce texte est conservé dans les archives de la Maison d'Orléans. Le comte de Paris donna l'autorisation à une historienne, Marguerite Castillon du Perron, de les consulter à Londres en 1955. Celle-ci retranscrivit en annexe la totalité de ce texte tant il lui parut intéressant.

Quelle fut donc la teneur de ces entretiens ?
Les Prussiens assurèrent les Français qu'ils laissaient tomber les émigrés qui ne leur avaient apporté que des déboires et qu'ils s'engageaient à ne pas intervenir dans les affaires intérieures françaises.
Ensuite, avec la permission de Dumouriez et de Kellermann, Heymann prit à part le duc de Chartres et lui indiqua que les coalisés proposaient de mettre fin à leur intervention dans les affaires françaises si son père, le duc d'Orléans, était nommé lieutenant-général du royaume. Dans les faits, ceci revenait à proposer le trône à la Maison d'Orléans. Il proposa d'écrire une lettre en ce sens à son père qu'il demanda au jeune Louis-Philippe de lui transmettre. Louis-Philippe refusa de prendre en charge une lettre politique, mais accepta, avec l'assentiment de Dumouriez et de Kellermann, de recevoir une lettre de courtoisie.

Il est probable que Heymann rédigea en outre une lettre officielle au gouvernement français. En effet, le 26 septembre, le ministre des Affaires étrangères produisit à la Convention nationale une lettre des autorités prussiennes proposant la paix, proposition qu'il refusa d'examiner tant que les armées coalisées ne se seraient pas retirées du territoire national. Philippe Egalité monta ensuite à la tribune pour indiquer qu'il avait reçu une lettre du traître Heymann, qu'il ne l'avait pas ouverte et qu'il la remettait au bureau de l'Assemblée.
Une chose était acquise : les Puissances avaient abandonné la cause des Bourbons.

C'est le lendemain, le 24 septembre que Dumouriez et Kellermann reçurent la nouvelle de l'abolition de la monarchie, votée le 21 septembre 1792 par la Convention. La fin de l'Ancien Régime était consommée. »

* Source et infos complémentaires : Planète des Arts, Ver. Dubois, Marseille - Vente du 22 avril 2022
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La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Empty Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791

Message par Vicq d Azir Ven 22 Avr 2022, 18:00

Il me semble que cette lettre avait déjà été publiée quelque part au moment du bicentenaire…
Il est intéressant que l’original ressorte aujourd’hui. Il fera sans doute le bonheur d’un collectionneur…
On reconnaît bien la signature autographe de Louis XVI, en « forme de poire », dont l’authenticité ne fait aucun doute …
Encore une occasion de lever un peu plus le voile sur l’ (im) préparation de l’équipée de Montmedy, les trahisons probables, le jeu des émigrés, le projet propre de Louis XVI, les appétits des Puissances, etc .En cela, le personnage de Heymann apparaît déterminant…
Encore merci, cher LNLN !
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La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791 - Page 16 Empty Re: La fuite vers Montmédy et l'arrestation à Varennes, les 20 et 21 juin 1791

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