Entretien avec Herman Lindqvist, biographe de Fersen.

Mme de Sabran a écrit:
D'autant, mon cher duc, qu'il ne suffisait que d'un poêle, oups ! pardon, un poil de psychologie, pour deviner des mots d'amour sous les caviardages.  

Hein, franchement  

Je peux comprendre que Delorme n'aime pas les poêles à bois, ceci dit.

Il fallut tout l'aplomb d'un Zweig pour l'affirmer le premier .  
... et toute sa finesse pour le pressentir.

Mme de Sabran a écrit:

Propos recueillis par votre servante, pour notre Forum.  

Voilà, j'ai placé mon téléphone portable sur la table, entre nous deux, pour retranscrire ensuite notre conversation.

Bravo pour cet entretien passionnant entre deux Fersinophiles !

Je suis toujours en faveur d'un échange international à propos d'un sujet qui couvre plusieurs nations et devrait en conséquence être examiné sous plusieurs angles, en ayant recours aux sources venant de différents pays.
Les recherches minutieuses de M. Herman Lindqvist sont incontournables dans le mystère Fersen, un mystère qui se dévoile petit à petit, même si des zones d'ombre persistent. A ce propos, quel dommage que son journal jusqu'en 1788 soit perdu !

Que le deuxième dauphin soit le fruit de l'amour de Fersen et Marie-Antoinette ne fait quasiment plus de doute, ainsi que la petite Sophie-Béatrix.

Je devrais vérifier dans mes livres sur Gustave III ce qu'il a vraiment observé pendant le mois de juin 1784, cela m'interpelle aussi...

Ah cette chère Sophie, j'aimerais tellement m'imaginer comment une rencontre entre Marie-Antoinette et elle se serait déroulée, toute en émotion, tendresse et reconnaissance mutuelle

Comte d'Hézècques a écrit:

Ah cette chère Sophie, j'aimerais tellement m'imaginer comment une rencontre entre Marie-Antoinette et elle se serait déroulée, toute en émotion, tendresse et reconnaissance mutuelle

C'était le souhait de Fersen, son plus cher désir . Dans l'été 1788, il écrit à Sophie qu'il voudrait les voir réunies.
Je vais rechercher la citation exacte.

Voilà ! j'ai retrouvé .

Fersen vient donc de passer plusieurs mois en Finlande auprès de Gustave III engagé dans une guerre désastreuse contre la Russie. Il écrit fidèlement à Sophie et, parlant de Louis XVI et Marie-Antoinette, le 3  juillet 1788 :

Ah, combien je serais plus heureux si je pouvais être avec vous. Je serais si tranquille et pour moi et pour les autres, mais leur inquiétude augmente ma peine. Je souffre non pas tant pour moi que pour eux, mais n'ayez pas peur. Je les aime trop et je vous aime trop pour n'avoir pas bien soin de moi; les revoir et vous, ma tendre amie, voilà tout mon bonheur. Voilà le véritable, le reste n'est que chimère .

( Comme Sophie, nous comprenons bien ce qu'il entend par les autres )

Puis, le 10 août, anticipant la paix prochaine :

Je n'ai que le temps de vous dire que tout ce qui se passe me fait grand plaisir, car tout ceci ( la guerre ) sera fini. Vous serez tranquille. Elle aussi, et je vous reverrai toutes deux . Ah Dieu ! que ne puis-je vous voir ensemble !

( Source : Evelyn Farr, La correspondance secrète )


Le 10 avril 1790, Fersen à Sophie

Je commence à être un peu plus heureux car je vois de temps en temps mon amie librement chez elle et cela nous console un peu de tous les maux qu'elle éprouve pauvre femme, c'est un ange pour la conduite, le courage et la sensibilité, jamais on n'a su aimer comme cela. Elle est infiniment sensible à tout ce que vous m'avez dit pour elle, elle en a bien pleuré et elle me charge de vous dire combien elle en a été touchée, elle serait si heureuse de vous voir quelquefois. Elle s'imagine que si notre projet réussissait, vous pourrez alors venir ici et cette idée la rend bien heureuse, en effet cela serait peut être possible alors.

Comte d'Hézècques a écrit:
Que le deuxième dauphin soit le fruit de l'amour de Fersen et Marie-Antoinette ne fait quasiment plus de doute, ainsi que la petite Sophie-Béatrix.

La coïncidence entre les deux prénoms ne serait pas fortuite :

Marie-Antoinette est enceinte pour la quatrième fois et accouche , le 9 juillet 1786, d'une fille baptisée Sophie, prénom très rare dans la famille des Bourbons. Une tante paternelle décédée de Louis XVI s'appelait bien Sophie, mais aucune reine, aucun personnage historique important en France ne porte ce nom.

( Herman Lindqvist, Axel von Fersen )

Chère Elie,

Tu pars donc pour une paternité fersennesque des deux derniers ?
Et pourquoi pas, j'avoue ne m'être jamais posé la question pour la petite sophie.
little'

Je pense aussi, mais sans certitude, que les deux derniers enfants de la reine, sont ceux de Fersen. Les travaux de Evelyn Farr penchent en ce sens.
Louis XVI en conséquence le savait. De ce postulat, l'influence de Marie-Antoinette a pesé très lourd dans  la sphère intime du couple royal afin de faire accepter ces enfants comme des Enfants de France.
A contrario, si cette hypothèse se révèle fausse un jour, l'histoire du couple royal devra être revue et corrigée.

madame de théus a écrit:
Tu pars donc pour une paternité fersennesque des deux derniers ?

Je penche plutôt, oui.

Dominique Poulin a écrit:
A contrario, si cette hypothèse se révèle fausse un jour, l'histoire du couple royal devra être revue et corrigée.

Comment l'entendez-vous, Domi ?

Dans l'hypothèse peu probable, selon mon opinion, de la relation non consommée entre la reine et Fersen, et de la paternité de Louis XVI des deux derniers Enfants de France, l'histoire intime des deux souverains devra s'écrire autrement, à savoir la fidélité de Marie-Antoinette, la virilité de Louis XVI, l'amour platonique de la reine et de Fersen.

Dominique Poulin a écrit: ...  l'histoire intime des deux souverains devra s'écrire autrement, à savoir la fidélité de Marie-Antoinette, la virilité de Louis XVI, l'amour platonique de la reine et de Fersen.

C'est cette thèse qui prévaut depuis plus de deux siècles, mon cher Dominique, quoique cette filiation de Louis-Charles ait été contestée dès l'époque-même et depuis,  ceci malgré les plus récents travaux d'historiens sérieux.  Je dis bien sérieux.
Mais songez donc, la petite Sophie, choupinette morte à un an, personne n'y pense même plus ...

Je n'ose penser à son avenir si elle avait vecu sous la Révolution, avec en contraste le destin de Louis-Charles, muré dans sa cellule dès 1794.

S'il y a des doutes, je pense que la vérité sur qui est le père de Louis-Charles et Sofia ne peut être déterminée que par une comparaison ADN.
Quant a moi.. Je garderais le secret caché..
Leos

Dominique Poulin a écrit:Je n'ose penser à son avenir si elle avait vecu sous la Révolution, avec en contraste le destin de Louis-Charles, muré dans sa cellule dès 1794.

Sans doute eût-elle eu le même sort que sa soeur Marie-Thérèse ...

Leos a écrit:S'il y a des doutes, je pense que la vérité sur qui est le père de Louis-Charles et Sofia ne peut être déterminée que par une comparaison ADN.
Leos

Hum ...   la traçabilité du coeur " de Pelletan " me laisse perplexe .    Les analyses de son A.D.N.   par les professeurs Cassiman et  Bernd Brinkmann indiquent seulement qu'il serait celui d’un enfant apparenté en ligne féminine aux Habsbourg.
C'est vraiment peu .
Vous y fieriez-vous, les amis ?  

Eh bien, maman est toujours sûre..
L

Oui, mon cher Leos, c'est certain, Marie-Antoinette devait savoir.  Et Louis XVI , n'ayant que de rares rapports avec elle, savait forcément aussi ...

Pardon, mais est-ce bien le même sujet ?

Le chimérique débarquement en Normandie de Gustave III

Je viens donc de déplacer les messages sur le projet de Gustave III.