Portraits croisés de Louise Michel et Marie-Antoinette
2 participants
Page 1 sur 1
Portraits croisés de Louise Michel et Marie-Antoinette
MARIE-ANTOINETTE ET LOUISE MICHEL,
DES FEMMES POLITIQUES ÉLEVÉES AU RANG DE MYTHES
Un article rédigé par Frédéric Mounier, Odile Riffaud - mars 2024 -
Les Racines du présent
Deux femmes, deux France(s) ? Marie-Antoinette et Louise Michel
L'une était souveraine de l'Ancien Régime, l'autre militante anarchiste du XIXe siècle. Marie-Antoinette et Louise Michel ont peu de choses en commun si ce n'est qu'elles ont été élevées au rang de mythes. Les récupérations politiques dont elles ont pu faire l'objet ont souvent masqué l'identité, toujours complexe, du personnage historique. On en parle à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars.
Marie-Antoinette et Louise Michel sont deux figures féminines rarement associées. Et pour cause : L’une était reine de France, figure de l’Ancien Régime, et l’autre anarchiste du XIXe siècle. Pourtant, elles ont en commun un engagement politique et une expérience de la prison. Et surtout elles ont été récupérées comme des figures symboliques et élevées au rang de mythes.
Deux légendes
Malgré les quelque 400 biographies de Marie-Antoinette, il reste difficile d’approcher le vrai personnage historique, au-delà de la figure romanesque. Du côté de Louise Michel, pas moins de 190 établissement scolaires portent son nom aujourd’hui en France. La gauche en a fait une icône, l'extrême gauche une "égérie", estime Marie-Hélène Baylac auteure de la biographie "Louise Michel" (éd. Perrin, 2024).
Dans les deux cas ce qui frappe c’est "la plasticité de la mémoire du personnage", note Charles-Éloi Vial. Selon le biographe de Marie-Antoinette, faire d’un personnage historique un mythe s’accompagne souvent d’une simplification. "On en fait ce qu’on veut, on la dépolitise, on la réduit à une légende plutôt romantique, individualiste." Au risque de mettre à l’arrière-plan des éléments qui ont leur importance. Dans le cas de Marie-Antoinette : sa carrière politique, ses idées et ses ambitions. Dans le cas de Louise Michel, la récupération politique dont elle a fait l’objet occulte la grande singularité du personnage.
Aujourd’hui on dit que Louise Michel est queer
La marque Louise Michel
Le nom de Louise Michel est en quelque sorte devenu une marque, si l’on considère la façon dont la gauche l’a récupéré. Une marque, c’est-à-dire qu’un peu comme Jeanne d’Arc, "on peut l’utiliser plus facilement", souligne Marie-Hélène Baylac, auteure de la biographie "Louise Michel" (éd. Perrin, 2024). La biographe montre comment les partis de gauche ont récupéré la figure de cette anarchiste qui était contre tout système électoral et n’a jamais été élue. Les communistes en ont fait "une figure de la Commune". Plus tard, Ségolène Royal ou Martine Aubry l’ont élevée au rang d’égérie du féminisme. "Aujourd’hui on dit qu’elle est queer", rapporte Marie-Hélène Baylac.
Ce qui est fascinant chez Louise Michel c’est sa grande singularité. Cette fille de servante, dont on a longtemps qu’elle était née d’un viol - mais "probablement pas" selon sa biographe - était probablement l'enfant fille naturelle d’un châtelain de Haute-Marne. Louise Michel a puisé dans son éducation catholique une sensibilité aux pauvres. Admiratrice de Victor Hugo, "son gourou", selon Marie-Hélène Baylac, puis d’Auguste Blanqui, elle s'est détournée de l'Église catholique pour embrasser la cause républicaine. Déçue par la Commune, elle en a conclu que le pouvoir, quel qu’il soit, était intrinsèquement mauvais.
Louise Michel l'intransigeante
C’est lors de son procès en 1871, après la Semaine sanglante, qu’elle a été "propulsée sur la scène publique". Louise Michel, adoptant "une attitude intransigeante", a refusée d’être graciée. Elle a même "demandé la mort", ce qui a fortement marqué les esprits. Sa biographe révèle que Louise Michel était tombée amoureuse de Théophile Ferré (1846-1871), l’une des têtes pensantes de la Commune qui a été exécuté juste avant le procès de l’anarchiste. Pour Marie-Hélène Baylac, "cet aspect personnel a joué aussi un rôle dans son attitude lors du procès".
10.000 personnes attendaient Louise Michel à son retour de Nouvelle-Calédonie, où elle avait été exilée. Durant sept ans à l’autre bout du monde, "un séjour vécu comme une retraite", l'anarchiste n’a pas perdu de sa notoriété. En exil, elle a développé une vision politique originale, à la fois sombre et utopiste. Inspirée par la nature, elle voyait la révolution comme un cyclone qui détruit l’ancien monde pour laisser place au nouveau. Pour elle, "l’État est mauvais, il faut le détruire par une révolution totale, elle plaide pour une table rase", décrit Marie-Hélène Baylac.
Marie-Antoinette, un personnage "construit"
Marie-Antoinette : un nom qui à lui seul charrie d'innombrables clichés et fantasmes. "Marie-Antoinette est un personnage construit et entièrement reconstruit, explique Charles-Éloi Vial, auteur de la biographie « Marie-Antoinette » (éd. Perrin, 2024). Archiviste paléographe et conservateur à la Bibliothèque nationale de France (BNF), il a eu accès à des documents inédits. Il a pu notamment accéder au journal intime du maréchal de Castries. Le ministre de la Marine de Louis XVI avait noté durant plusieurs années ses conversations avec Marie-Antoinette durant plusieurs années.
Marie-Antoinette n’était pas repliée sur elle-même avec ses dames de compagnie à jouer à la bergère, au contraire !
Qui connaît Marie-Antoinette, la femme politique ?
On parle peu de Marie-Antoinette la "femme politique". Charles-Éloi Vial souligne le réel intérêt qu’elle avait "pour la diplomatie et la politique intérieure". "Elle n’était pas repliée sur elle-même avec ses dames de compagnie à jouer à la bergère, au contraire !" Marie-Antoinette a développé "une vision politique" certes "peu construite" mais la souveraine était "peu éduquée" en matière de politique.
Marie-Antoinette a toutefois développé une vision politique différente de celle de son époux. Si Louis XVI était "prêt à accepter une monarchie constitutionnelle à l’anglaise", elle était plus "radicale". La souveraine a essayé de "lutter contre la Révolution" et a entretenu "un réseau de correspondants à l’étranger" dans le but de "faire pression sur l’Assemblée nationale, sur la France révolutionnaire pour qu’elle rende le pouvoir au roi".
Accusée de tous les maux lors de son procès, Marie-Antoinette a servi de "bouc-émissaire" : à travers elle, on a voulu "punir toute la société de cour", raconte Charles-Éloi Vial. Pour lui, c’est "une femme imaginaire" que l’on a jugée. Accusée d’inceste, de débauche, de cruauté, d’hypocrisie, Marie-Antoinette a fait preuve de "dignité" et de "courage", elle qui était malade lors de son procès. "Elle se défend parce qu’elle veut revoir ses enfants, c’est pour ça qu’elle se bat même si elle sait qu’elle va mourir." Vraisemblablement mourante au moment de monter à l’échafaud, elle a sans doute accueilli la mort avec légèreté.
https://www.rcf.fr/articles/culture/marieantoinette-et-louise-michel-des-femmes-politiques-elevees-au-rang-de-mythes
DES FEMMES POLITIQUES ÉLEVÉES AU RANG DE MYTHES
Un article rédigé par Frédéric Mounier, Odile Riffaud - mars 2024 -
Les Racines du présent
Deux femmes, deux France(s) ? Marie-Antoinette et Louise Michel
L'une était souveraine de l'Ancien Régime, l'autre militante anarchiste du XIXe siècle. Marie-Antoinette et Louise Michel ont peu de choses en commun si ce n'est qu'elles ont été élevées au rang de mythes. Les récupérations politiques dont elles ont pu faire l'objet ont souvent masqué l'identité, toujours complexe, du personnage historique. On en parle à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars.
Marie-Antoinette et Louise Michel sont deux figures féminines rarement associées. Et pour cause : L’une était reine de France, figure de l’Ancien Régime, et l’autre anarchiste du XIXe siècle. Pourtant, elles ont en commun un engagement politique et une expérience de la prison. Et surtout elles ont été récupérées comme des figures symboliques et élevées au rang de mythes.
Deux légendes
Malgré les quelque 400 biographies de Marie-Antoinette, il reste difficile d’approcher le vrai personnage historique, au-delà de la figure romanesque. Du côté de Louise Michel, pas moins de 190 établissement scolaires portent son nom aujourd’hui en France. La gauche en a fait une icône, l'extrême gauche une "égérie", estime Marie-Hélène Baylac auteure de la biographie "Louise Michel" (éd. Perrin, 2024).
Dans les deux cas ce qui frappe c’est "la plasticité de la mémoire du personnage", note Charles-Éloi Vial. Selon le biographe de Marie-Antoinette, faire d’un personnage historique un mythe s’accompagne souvent d’une simplification. "On en fait ce qu’on veut, on la dépolitise, on la réduit à une légende plutôt romantique, individualiste." Au risque de mettre à l’arrière-plan des éléments qui ont leur importance. Dans le cas de Marie-Antoinette : sa carrière politique, ses idées et ses ambitions. Dans le cas de Louise Michel, la récupération politique dont elle a fait l’objet occulte la grande singularité du personnage.
Aujourd’hui on dit que Louise Michel est queer
La marque Louise Michel
Le nom de Louise Michel est en quelque sorte devenu une marque, si l’on considère la façon dont la gauche l’a récupéré. Une marque, c’est-à-dire qu’un peu comme Jeanne d’Arc, "on peut l’utiliser plus facilement", souligne Marie-Hélène Baylac, auteure de la biographie "Louise Michel" (éd. Perrin, 2024). La biographe montre comment les partis de gauche ont récupéré la figure de cette anarchiste qui était contre tout système électoral et n’a jamais été élue. Les communistes en ont fait "une figure de la Commune". Plus tard, Ségolène Royal ou Martine Aubry l’ont élevée au rang d’égérie du féminisme. "Aujourd’hui on dit qu’elle est queer", rapporte Marie-Hélène Baylac.
Ce qui est fascinant chez Louise Michel c’est sa grande singularité. Cette fille de servante, dont on a longtemps qu’elle était née d’un viol - mais "probablement pas" selon sa biographe - était probablement l'enfant fille naturelle d’un châtelain de Haute-Marne. Louise Michel a puisé dans son éducation catholique une sensibilité aux pauvres. Admiratrice de Victor Hugo, "son gourou", selon Marie-Hélène Baylac, puis d’Auguste Blanqui, elle s'est détournée de l'Église catholique pour embrasser la cause républicaine. Déçue par la Commune, elle en a conclu que le pouvoir, quel qu’il soit, était intrinsèquement mauvais.
Louise Michel l'intransigeante
C’est lors de son procès en 1871, après la Semaine sanglante, qu’elle a été "propulsée sur la scène publique". Louise Michel, adoptant "une attitude intransigeante", a refusée d’être graciée. Elle a même "demandé la mort", ce qui a fortement marqué les esprits. Sa biographe révèle que Louise Michel était tombée amoureuse de Théophile Ferré (1846-1871), l’une des têtes pensantes de la Commune qui a été exécuté juste avant le procès de l’anarchiste. Pour Marie-Hélène Baylac, "cet aspect personnel a joué aussi un rôle dans son attitude lors du procès".
10.000 personnes attendaient Louise Michel à son retour de Nouvelle-Calédonie, où elle avait été exilée. Durant sept ans à l’autre bout du monde, "un séjour vécu comme une retraite", l'anarchiste n’a pas perdu de sa notoriété. En exil, elle a développé une vision politique originale, à la fois sombre et utopiste. Inspirée par la nature, elle voyait la révolution comme un cyclone qui détruit l’ancien monde pour laisser place au nouveau. Pour elle, "l’État est mauvais, il faut le détruire par une révolution totale, elle plaide pour une table rase", décrit Marie-Hélène Baylac.
Marie-Antoinette, un personnage "construit"
Marie-Antoinette : un nom qui à lui seul charrie d'innombrables clichés et fantasmes. "Marie-Antoinette est un personnage construit et entièrement reconstruit, explique Charles-Éloi Vial, auteur de la biographie « Marie-Antoinette » (éd. Perrin, 2024). Archiviste paléographe et conservateur à la Bibliothèque nationale de France (BNF), il a eu accès à des documents inédits. Il a pu notamment accéder au journal intime du maréchal de Castries. Le ministre de la Marine de Louis XVI avait noté durant plusieurs années ses conversations avec Marie-Antoinette durant plusieurs années.
Marie-Antoinette n’était pas repliée sur elle-même avec ses dames de compagnie à jouer à la bergère, au contraire !
Qui connaît Marie-Antoinette, la femme politique ?
On parle peu de Marie-Antoinette la "femme politique". Charles-Éloi Vial souligne le réel intérêt qu’elle avait "pour la diplomatie et la politique intérieure". "Elle n’était pas repliée sur elle-même avec ses dames de compagnie à jouer à la bergère, au contraire !" Marie-Antoinette a développé "une vision politique" certes "peu construite" mais la souveraine était "peu éduquée" en matière de politique.
Marie-Antoinette a toutefois développé une vision politique différente de celle de son époux. Si Louis XVI était "prêt à accepter une monarchie constitutionnelle à l’anglaise", elle était plus "radicale". La souveraine a essayé de "lutter contre la Révolution" et a entretenu "un réseau de correspondants à l’étranger" dans le but de "faire pression sur l’Assemblée nationale, sur la France révolutionnaire pour qu’elle rende le pouvoir au roi".
Accusée de tous les maux lors de son procès, Marie-Antoinette a servi de "bouc-émissaire" : à travers elle, on a voulu "punir toute la société de cour", raconte Charles-Éloi Vial. Pour lui, c’est "une femme imaginaire" que l’on a jugée. Accusée d’inceste, de débauche, de cruauté, d’hypocrisie, Marie-Antoinette a fait preuve de "dignité" et de "courage", elle qui était malade lors de son procès. "Elle se défend parce qu’elle veut revoir ses enfants, c’est pour ça qu’elle se bat même si elle sait qu’elle va mourir." Vraisemblablement mourante au moment de monter à l’échafaud, elle a sans doute accueilli la mort avec légèreté.
https://www.rcf.fr/articles/culture/marieantoinette-et-louise-michel-des-femmes-politiques-elevees-au-rang-de-mythes
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55597
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits croisés de Louise Michel et Marie-Antoinette
Louis XVI prêt à accepter une monarchie constitutionnelle à l'anglaise ?!
Excusez-moi, on parle bien de Louis XVI là ?
S'il y en a bien un qui n'avait pas l'intention de changer quoique ce soit, c'est bien lui. Irrigué par une foi religieuse très vive, profonde, par un ordre divin qui faisait de lui le lieutenant de Dieu sur Terre ("Je suis le seul représentant de mon peuple"), Louis XVI ne voyait pas d'autres possibilités que la société à ordres, dont l'agencement était quasi "divin" depuis des siècles : un peuple qui travaille et nourrit une noblesse chargée de défendre le royaume (l'impôt du sang comme on disait), le tout béni par le clergé. A côté de ça, on sait que Louis XVI était traditionnaliste, n'avait rien d'un réformateur, c'était un homme d'habitudes, fortement attaché à l'héritage transmis par ses prédécesseurs, qui avait le changement en horreur. Il était sans doute prêt à quelques concessions et aménagements mais je le vois vraiment pas prêt à devenir un souverain constitutionnel. Après, je suis pas historien...
Excusez-moi, on parle bien de Louis XVI là ?
S'il y en a bien un qui n'avait pas l'intention de changer quoique ce soit, c'est bien lui. Irrigué par une foi religieuse très vive, profonde, par un ordre divin qui faisait de lui le lieutenant de Dieu sur Terre ("Je suis le seul représentant de mon peuple"), Louis XVI ne voyait pas d'autres possibilités que la société à ordres, dont l'agencement était quasi "divin" depuis des siècles : un peuple qui travaille et nourrit une noblesse chargée de défendre le royaume (l'impôt du sang comme on disait), le tout béni par le clergé. A côté de ça, on sait que Louis XVI était traditionnaliste, n'avait rien d'un réformateur, c'était un homme d'habitudes, fortement attaché à l'héritage transmis par ses prédécesseurs, qui avait le changement en horreur. Il était sans doute prêt à quelques concessions et aménagements mais je le vois vraiment pas prêt à devenir un souverain constitutionnel. Après, je suis pas historien...
_________________
J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1147
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Portraits croisés de Louise Michel et Marie-Antoinette
Calonne a écrit:Louis XVI prêt à accepter une monarchie constitutionnelle à l'anglaise ?!
Excusez-moi, on parle bien de Louis XVI là ?
..
Est-ce que Louis XVI n'avait pas un côté un peu girouette ? Il était un jour prêt à soutenir tel contrôleur général réformateur ( Turgot , Calonne ... ) et puis le jour d'après le même ministre était en disgrâce et pouvait aller se faire voir ailleurs. Louis XVI prête l'oreille aux propos progressistes de Necker ... que toute la Cour prend en grippe : Louis XVI écoute le parti adverse ( les princes, Marie-Antoinette, sa société ... ), se tourne vers Breteuil, vire Necker, rappelle Necker, vire à nouveau Necker, le rappelle ...
Je ne trouve pas qu'il sache toujours bien ce qu'il veut.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55597
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits croisés de Louise Michel et Marie-Antoinette
Je suis bien d'accord.
Mais justement, sur ça, sur son pouvoir, je trouve que c'est le seul domaine où il ne voulait rien lâcher.
Encore une fois, on ne peut pas parler de Louis XVI sans prendre en compte sa foi, profonde. Il était "le lieutenant de Dieu sur Terre", n'avait de comptes à rendre qu'à Dieu, il était l'héritier d'un dépôt sacré, une monarchie quasi millénaire, transmise de génération en génération. Encore une fois, citons-le : "Je suis le seul représentant de mon peuple".
Vous imaginez un type comme ça accepter soudain d'être un roi "civil", un fonctionnaire appointé par la Nation, accepter de partager l'autorité sacrée qu'il tient de Dieu ? La Constitution Civile du clergé l'a déjà rendu malade, physiquement, ébranlant au plus profond de sa conscience. Alors la Constitution tout court...
Mais justement, sur ça, sur son pouvoir, je trouve que c'est le seul domaine où il ne voulait rien lâcher.
Encore une fois, on ne peut pas parler de Louis XVI sans prendre en compte sa foi, profonde. Il était "le lieutenant de Dieu sur Terre", n'avait de comptes à rendre qu'à Dieu, il était l'héritier d'un dépôt sacré, une monarchie quasi millénaire, transmise de génération en génération. Encore une fois, citons-le : "Je suis le seul représentant de mon peuple".
Vous imaginez un type comme ça accepter soudain d'être un roi "civil", un fonctionnaire appointé par la Nation, accepter de partager l'autorité sacrée qu'il tient de Dieu ? La Constitution Civile du clergé l'a déjà rendu malade, physiquement, ébranlant au plus profond de sa conscience. Alors la Constitution tout court...
_________________
J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1147
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Portraits croisés de Louise Michel et Marie-Antoinette
Personnalité complexe que celle de Louis XVI. Il avait des phases, tantôt blanc, tantôt noir, des phases d'autorité mystique, tu as raison, et des phases d'incurable faiblesse . C'est la faiblesse qui l'a emporté sur l'autorité.
Il n'était pas dans la phase " lieutenant de Dieu sur Terre" , hélas ! quand il a dit à Varennes : " Il n'y a plus de roi en France. "
C'était des sursauts d'autorité, comme des coups de boutoir, typiques de ce manque de confiance en soi qui l'accablait.Calonne a écrit:
Il était "le lieutenant de Dieu sur Terre", n'avait de comptes à rendre qu'à Dieu, il était l'héritier d'un dépôt sacré, une monarchie quasi millénaire, transmise de génération en génération. Encore une fois, citons-le : "Je suis le seul représentant de mon peuple".
...
Il n'était pas dans la phase " lieutenant de Dieu sur Terre" , hélas ! quand il a dit à Varennes : " Il n'y a plus de roi en France. "
Dernière édition par Mme de Sabran le Lun 11 Mar 2024, 21:14, édité 1 fois
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55597
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits croisés de Louise Michel et Marie-Antoinette
Mme de Sabran a écrit:Il n'était pas dans la phase " lieutenant de Dieu sur Terre" quand il a dit à Varennes : " Il n'y a plus de roi en France. "
Je crois qu'à ce moment-là, il ne savait plus depuis longtemps où il était et dans quoi il était...
Je ne crois pas qu'il s'agissait de sursauts d'autorité, je crois que c'est quelque chose qui était profondément ancré en lui. Dès le début, il s'applique à son métier de roi, il s'y investit, il y croit. Pour moi, à aucun moment il ne doute de son droit divin à régner et je ne le vois vraiment pas prêt à remettre ça en cause, à devenir un simple fonctionnaire de la Nation. Même chose pour Marie-Antoinette, l'aspect religieux mis à part, sa foi étant bien plus superficielle : elle ne connaît que la société à ordres, la monarchie absolue dans laquelle elle est née, dans laquelle elle baigne depuis toujours (surtout avec le modèle qu'est sa mère) et n'imagine pas autre chose. Pour les deux, un autre régime n'est pas dans leur logiciel de pensée.
_________________
J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1147
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Portraits croisés de Louise Michel et Marie-Antoinette
J'ai beaucoup de mal avec le concept de droit divin ... et encore plus avec la conviction intime de le posséder, ce droit divin . De la part de Louis XVI, c'est possible, car il a ce côté naïf, un peu benêt ( selon ses contemporains ) , mais pas de Marie-Antoinette. Je la crois imbue de son rang, de sa naissance, de sa puissance et se battant pour ne rien lâcher.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55597
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Sujets similaires
» Conférence "Le Hameau, de Marie-Antoinette à Marie-Louise" - Journées du Patrimoine 2019
» Exposition « L'anti Marie-Antoinette : Marie-Joséphine Louise de Savoie » à la chapelle expiatoire
» Marie-Antoinette, par Michel de Decker
» Marie-Antoinette, par Pierre-Michel Alix
» Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
» Exposition « L'anti Marie-Antoinette : Marie-Joséphine Louise de Savoie » à la chapelle expiatoire
» Marie-Antoinette, par Michel de Decker
» Marie-Antoinette, par Pierre-Michel Alix
» Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum