Mozart, ses visites à Paris et Versailles
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Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Ah ? Quelles sont les sources, plus précisément ?
Car nous en étions restés, pour l'instant, à une absence d'information à ce sujet, ce qui laisserait plutôt présumer que Marie-Antoinette ne rencontra pas Mozart lors de son séjour à Paris en 1778.
Il était alors le maître de musique de la fille du duc de Guines pour qui il composa un concerto pour flûte, harpe et orchestre.
Je cite Wiki :
Le concerto pour flûte et harpe K.299 date de mai 1778 et répond à la commande du duc de Guisnes.
Celui-ci demanda à Mozart de lui composer un concerto qu'il pourrait jouer avec sa fille, harpiste.
Après audition, Mozart est enthousiaste : il écrit à son père que le père joue très bien de la flûte, et que sa fille se débrouille très bien à la harpe, et commence la composition avec entrain.
Enfin, le duc de Guines demande à Mozart des leçons de composition à sa fille.
L'entrain premier du compositeur laissera vite place à la déception, le duc de Guisnes ayant à peine payé à Mozart la moitié des leçons, et pas un sou pour le concerto.
Qui plus est, au fil des leçons, Mozart se rendra compte que la jeune fille était, comme il l'écrivit à son père, « Non seulement complètement sotte, mais aussi tout à fait paresseuse ».
* Infos complémentaires, ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Concertos_pour_fl%C3%BBte_de_Mozart#Concerto_pour_fl%C3%BBte,_harpe_et_orchestre_K.299
Extrait du concerto : ce passage bien connu et si joli...
Car nous en étions restés, pour l'instant, à une absence d'information à ce sujet, ce qui laisserait plutôt présumer que Marie-Antoinette ne rencontra pas Mozart lors de son séjour à Paris en 1778.
Il était alors le maître de musique de la fille du duc de Guines pour qui il composa un concerto pour flûte, harpe et orchestre.
Je cite Wiki :
Le concerto pour flûte et harpe K.299 date de mai 1778 et répond à la commande du duc de Guisnes.
Celui-ci demanda à Mozart de lui composer un concerto qu'il pourrait jouer avec sa fille, harpiste.
Après audition, Mozart est enthousiaste : il écrit à son père que le père joue très bien de la flûte, et que sa fille se débrouille très bien à la harpe, et commence la composition avec entrain.
Enfin, le duc de Guines demande à Mozart des leçons de composition à sa fille.
L'entrain premier du compositeur laissera vite place à la déception, le duc de Guisnes ayant à peine payé à Mozart la moitié des leçons, et pas un sou pour le concerto.
Qui plus est, au fil des leçons, Mozart se rendra compte que la jeune fille était, comme il l'écrivit à son père, « Non seulement complètement sotte, mais aussi tout à fait paresseuse ».
* Infos complémentaires, ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Concertos_pour_fl%C3%BBte_de_Mozart#Concerto_pour_fl%C3%BBte,_harpe_et_orchestre_K.299
Extrait du concerto : ce passage bien connu et si joli...
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Sur le site internet dudit théâtre
D'éon- Messages : 213
Date d'inscription : 27/12/2013
Age : 51
Localisation : Normandie
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Merci.
Depuis le début du 19ème siècle, dans cet espace de 200 mètres de long, datant de 1770 appartenant au comte d’Artois, frère de Louis XVI et Louis XVIII, édifié en un jeu de paume par l’architecte François-Joseph Bélanger où Mozart s’y produit devant la reine Marie-Antoinette lors de son voyage à Paris que s’est en effet instaurée la permanence de la fête, une fête ininterrompue que rien, pas même une émeute ou une épidémie de choléra qui a fait à Paris plus de 18 000 morts, ne pourra suspendre plus d’un jour.
C'est ici : http://www.dejazet.com/dejazet-historique/lage-dor-du-boulevard-du-crime/
Bon...mystère.
Je crois n'avoir jamais lu que Marie-Antoinette ait assisté à un concert de Mozart à Paris.
Et le concert aurait eu lieu au sein du Jeu de Paume ?
Drôle d'endroit pour une représentation devant la reine de France et le frère du roi.
Depuis le début du 19ème siècle, dans cet espace de 200 mètres de long, datant de 1770 appartenant au comte d’Artois, frère de Louis XVI et Louis XVIII, édifié en un jeu de paume par l’architecte François-Joseph Bélanger où Mozart s’y produit devant la reine Marie-Antoinette lors de son voyage à Paris que s’est en effet instaurée la permanence de la fête, une fête ininterrompue que rien, pas même une émeute ou une épidémie de choléra qui a fait à Paris plus de 18 000 morts, ne pourra suspendre plus d’un jour.
C'est ici : http://www.dejazet.com/dejazet-historique/lage-dor-du-boulevard-du-crime/
Bon...mystère.
Je crois n'avoir jamais lu que Marie-Antoinette ait assisté à un concert de Mozart à Paris.
Et le concert aurait eu lieu au sein du Jeu de Paume ?
Drôle d'endroit pour une représentation devant la reine de France et le frère du roi.
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
J’ai pour ma part toujours trouvé étonnant que Mozart ne soit pas allé jouer à Versailles devant le Roi et la Reine.
Il est vrai que c’est lors de ce deuxième voyage que sa mère, qui l’accompagnait, mourut brutalement à Paris, n’est ce pas ?
Lors du premier voyage, il joua devant Louis XV et Mme. de Pompadour.
Alors, peut-on imaginer qu’il alla jouer au Temple, chez Artois, cette fois dans le Jeu de Paume, réaménagé en salle de spectacle ? Il avait joué, petit ,dans le salon du palais pour la princesse de Conti...( le fameux « thé à l’anglaise »...)
Comme la Reine venait souvent souper chez son beau-frère Artois, il n’est pas absurde de concevoir qu’elle aurait pu être présente...
Mais pourquoi aucune trace dans les écrits du temps? Il faudrait aller voir chez Bachaumont...
Il est vrai que c’est lors de ce deuxième voyage que sa mère, qui l’accompagnait, mourut brutalement à Paris, n’est ce pas ?
Lors du premier voyage, il joua devant Louis XV et Mme. de Pompadour.
Alors, peut-on imaginer qu’il alla jouer au Temple, chez Artois, cette fois dans le Jeu de Paume, réaménagé en salle de spectacle ? Il avait joué, petit ,dans le salon du palais pour la princesse de Conti...( le fameux « thé à l’anglaise »...)
Comme la Reine venait souvent souper chez son beau-frère Artois, il n’est pas absurde de concevoir qu’elle aurait pu être présente...
Mais pourquoi aucune trace dans les écrits du temps? Il faudrait aller voir chez Bachaumont...
Dernière édition par Vicq d Azir le Mer 05 Sep 2018, 16:38, édité 1 fois
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Chers amis.
J'ai un livre à la maison.. La correspondance de Mozart.
Mozart a écrit avec son père ses soeurs musiciens, amis .. longues lettres ..
Mais de la période parisienne ... aucune mention d'une rencontre avec la reine. Et ici il aurait certainement noté ..
/Il est possible que certaines des lettres manquent .. ils doivent cacher les inormations demandées/
Il n'écrit pas non plus une visite à Versailles.
Mozart se plaint de la saleté dans les rues de Paris, il ne pouvait pas monter dans une voiture .. il lui manquait de l'argent ..
De la littérature, je sais seulement qu'on lui a offert le travail d'organiste, mais il l'a refusé. C'était en dessous de son niveau.
Leos
J'ai un livre à la maison.. La correspondance de Mozart.
Mozart a écrit avec son père ses soeurs musiciens, amis .. longues lettres ..
Mais de la période parisienne ... aucune mention d'une rencontre avec la reine. Et ici il aurait certainement noté ..
/Il est possible que certaines des lettres manquent .. ils doivent cacher les inormations demandées/
Il n'écrit pas non plus une visite à Versailles.
Mozart se plaint de la saleté dans les rues de Paris, il ne pouvait pas monter dans une voiture .. il lui manquait de l'argent ..
De la littérature, je sais seulement qu'on lui a offert le travail d'organiste, mais il l'a refusé. C'était en dessous de son niveau.
Leos
Leos- Messages : 799
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 55
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
organiste a Versailles..
Leos- Messages : 799
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 55
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Rappel des dates des séjours de Mozart à Paris (sauf erreur de ma part) :
1: 18 mars 63 - 10 avril 64
2: 18 mai 66 - septembre 66.
3: 23 mars 78 - 26 septembre 78.
1: 18 mars 63 - 10 avril 64
2: 18 mai 66 - septembre 66.
3: 23 mars 78 - 26 septembre 78.
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
La nuit, la neige a écrit:
Car nous en étions restés, pour l'instant, à une absence d'information à ce sujet, ce qui laisserait plutôt présumer que Marie-Antoinette ne rencontra pas Mozart lors de son séjour à Paris en 1778.
Ce qui est d'ailleurs tout à fait extraordinaire ( ... ) quand on songe à la réputation qu'il avait déjà !
Mais apparemment le public ne jurait que par Gluck ou Piccini, quitte à se battre .
Pauvre Wolfie ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Oui, je me souviens aussi avoir lu des extraits de ses lettres où il décrit l'enfer qu'est devenu Paris (et les Parisiens) à ses yeux.Leos a écrit:
Mozart se plaint de la saleté dans les rues de Paris, il ne pouvait pas monter dans une voiture .. il lui manquait de l'argent ..
De la littérature, je sais seulement qu'on lui a offert le travail d'organiste, mais il l'a refusé. C'était en dessous de son niveau.
Il n'est pas tendre...
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Gouverneur Morris a écrit:
... le tombeau du Maréchal de Saxe :
... que tu nous présentes ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t4790-le-tombeau-du-marechal-de-saxe-par-pigalle-a-strasbourg#148818
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Leos a écrit:Mozart se plaint de la saleté dans les rues de Paris, il ne pouvait pas monter dans une voiture .. il lui manquait de l'argent ..
De la littérature, je sais seulement qu'on lui a offert le travail d'organiste, mais il l'a refusé. C'était en dessous de son niveau.
La nuit, la neige a écrit:Oui, je me souviens aussi avoir lu des extraits de ses lettres où il décrit l'enfer qu'est devenu Paris (et les Parisiens) à ses yeux.
Il n'est pas tendre...
Vient d'être publié ce mois-ci :
Voyage à Paris
Wolfgang Amadeus Mozart
Traduit par Henri de Curzon
Editions Libretto (jan. 21)
144 pages
Présentation de l'éditeur :
Le souvenir des séjours dans la capitale de la France est resté si vif chez Leopold Mozart, père de Wolfgang, que c’est à Paris qu’il décide d’envoyer son fils âgé de vingt-deux ans tenter sa chance en 1778. Paris, ville cosmopolite, accueille alors de nombreux musiciens allemands.
Wolfgang accompagné de sa mère, Anna Maria, s’y installe le 23 mars tandis que la saison des concerts bat son plein. C’est son deuxième voyage dans la capitale où « à pied, tout est trop loin, ou trop sale, car à Paris, il y a une saleté indescriptible ».
Il trouve les Français « désormais bien près de la grossièreté et affreusement orgueilleux » (lettre du 1er mai 1778) ; ils « n’ont aucun savoir-vivre » (18 juillet)…
Peu de temps après son installation, il rencontre Joseph Legros, directeur du Concert-Spirituel. Il lui commande une symphonie concertante destinée aux concerts de la Semaine Sainte, et sympathise aussi avec Jean-Georges Noverre, maître de ballet de l’Opéra.
Mais à l’insouciance des premiers jours succèdent vite les désillusions...
_________________
Si le sujet de Mozart à Paris vous intéresse, et en complément de nos discussions dans ce sujet, je vous recommande la lecture de cet article très intéressant :
Le rendez-vous manqué entre Mozart et l'aristocratie parisienne (1778). De David Hennebelle (AHRF 2015)
Mozart à la cour de Marie-Antoinette
V.de PAREDES
Gravure
Imprimé chez BLECHINGER et LAEYKAUF à Vienne
Et je rappelle notre sujet biographique, consacré à :
Wolfgang Amadeus Mozart
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Oui, c'est certain, alors tu penses, Mozart ! Mozart qui avait ( à si juste titre ) une très haute opinion de lui-même !La nuit, la neige a écrit:
Sans doute, les génies se soumettent très difficilement (les voyous aussi, t’ention ! ), même si tous les artistes de l’époque avaient besoin de « protecteurs ».
Comment aurait-il pu faire des courbettes, grimaces et simagrées, bref ramper auprès des " grands " de ce monde ? Pas question. Son père l'a pourtant chaudement recommandé au baron Grimm qui , avec Mme d'Epinay, s'intéresse mollement mollement à son sort, en 1778. C'est le dernier et peu concluant séjour de Mozart à Paris, avec sa mère. Au beau milieu de la guerre qui fait rage entre le parti de l’opéra français autour de Gluck et de la reine, et celui de l’opéra italien autour de Piccini et des encyclopédistes, Mozart est comme transparent, incolore:
« C’était un jeune homme, dont on disait ça et là qu’il avait fait preuve d’un talent précoce dans sa petite enfance, mais dont on ignorait tout sur le plan de ses compositions récentes, un jeune Allemand au physique peu attirant (il était petit, avait une tête légèrement trop grosse pour son corps, un nez trop grand, un visage trop pâle) ; il s’exprimait avec un fort accent tudesque dont nous retrouvons les traces dans les fautes lorsqu’il écrit en français. Gêné par son accent, ou son manque de vocabulaire, il était gauche et timide… pour ceux qui le connaissaient mieux, sous un aspect policé, devait vite apparaître, en même temps que le coté légèrement sarcastique de son caractère, son amour de la bonne grosse plaisanterie…. Si l’on ajoute à cela, ce que tout le monde savait, c’est-à-dire qu’il était à la recherche d’une situation et qu’il s’était brouillé avec son prince, le personnage de Wolfgang Mozart n’était pas fait pour subjuguer ce milieu au sein duquel… il était forcé de s’immerger »
( Jean et Brigitte Massin, Mozart )
Mozart rate vraiment le coche quand le duc de Guines, mélomane et bon flûtiste, lui demande de donner des cours à sa fille qui taquine gentiment la harpe. Le duc de Guines ( oui, oui, celui-là même de la culotte trop étroite ), très bien en Cour, est l'un des électrons libres des entours de Mme de Polignac qui forment la société intime de la reine. Marie-Antoinette avait chaleureusement pris fait et cause pour lui dans l'affaire qui l'avait opposé à son secrétaire Tort de la Sonde, en 1771. Louis XVI venait de le faire duc en 1776. Il aurait pu être un tremplin décisif pour Mozart qui, pour le père et la fille, compose le fameux concerto pour flûte et harpe K 299 en ut majeur. Mais Mozart ne fait rien pour cultiver les bonnes grâces du duc et se pousser dans le monde.
Au début du mois d'avril, il essuie une terrible humiliation chez le duc de Rohan-Chabot où il donne un concert privé que personne n'écoute, ou ne semble écouter :
... ce qui était le plus gênant c’est que Madame et tous ces messieurs n’interrompirent pas un seul instant leur dessin, mais le continuèrent tout autant, de telle sorte qu’il me fallut jouer pour les sièges, les tables et les murs.
Il va de déconvenues en déconvenues : début mai, l’exécution de sa symphonie concertante au Concert Spirituel est tout simplement annulée par le directeur Joseph Legros ( 1739- 1793 ) qui prétexte avoir perdu la partition .Une symphonie concertante similaire de Cambini est programmée à la place.
Quelques jours plus tard, Rodolphe ( 1730-1812 ) , violoniste et corniste réputé, signale à Mozart une possibilité de poste d’organiste à la Chapelle Royale de Versailles et se propose d'intervenir en sa faveur. Il dédaigne cette opportunité pourtant inespérée ... mais qu'il juge très en dessous de ses ambitions, de surcroît payée avec un lance-pierre . Il sombre dans le découragement et compose inlassablement coup sur coup quelques sonates pour piano et violon empreintes de tristesse .
Le 11 juin, le ballet de Noverre « Les petits riens » sur SA musique est un succès... mais, camouflet inouï, on ne mentionne nulle part le nom du compositeur !!!
Le 18 juin, enfin ! sa symphonie « Parisienne » spécialement écrite pour le Concert Spirituel est un réel triomphe ! Legros lui commande une autre symphonie et envisage un oratorio. Mozart caresse le projet d’un opéra et s'attèle à la recherche d’un livret.
Cet état de grâce ne dure pas. L'état de sa mère malade du typhus s'aggrave soudain. Dans leur appartement de la rue du Gros Chenet, à l’Hôtel des 4 fils Aymon ( clin d'oeil à Notre Grâce ) , Anna-Maria meurt dans les bras de Wolfgang, le 3 juillet.
Désormais agréablement installé chez Mme d’Epinay et Grimm, rue de la Chaussée d’Antin, Mozart surmonte son deuil et retrouve l’énergie de composer une série des sonates pour piano parmi lesquelles la célébrissime « marche turque », les charmantes variations sur « Ah vous dirai-je maman » , « La belle Française » et aussi un petit prélude pour l’offrir à Nanerl, sa soeur.
Avec le goût de la composition, son moral revient aussi . Il veut faire venir Aloysia à Paris où il compte passer l’hiver. C’est alors que, singulièrement, il se heurte l’opposition de Grimm qui voit sans doute d’un mauvais œil ce jeune homme talentueux, mais peu docile s’établir sans s’assujettir.
Le 31 juillet Grimm écrit froidement à Léopold Mozart :
« il est maintenant depuis quatre mois à Paris et il est presque aussi peu avancé que le premier jour, ayant pourtant mangé près de mille livres… Il ne me reste aucun moyen de m’occuper de M. votre fils ou de lui chercher des ressources. »
Autrement dit, retour à l'envoyeur, et sans beaucoup de ménagement encore !
( source : Gilles Corbi, 1778. Heurs et malheurs de Mozart à Paris )
_______________
Le rendez-vous manqué entre Mozart et l’aristocratie parisienne (1778)
David Hennebelle
Dans Annales historiques de la Révolution française 2015/1 (n° 379), pages 35 à 45
Durant l’été, alors qu’une vague de chaleur s’abattait sur le Bassin parisien et que l’aristocratie était à la campagne, Mozart fut invité chez le duc de Noailles (1713-1793) dans son château de Saint-Germain-en-Laye. Le duc de Noailles était un mécène de premier plan : ancien chanteur amateur des spectacles des « Petits Cabinets » sous l’égide de la marquise de Pompadour à la fin des années 1740, il était aussi un dédicataire recherché, l’un des souscripteurs de la Société Olympique et, surtout, entretenait un ensemble musical. Sous son patronage, Mozart passa dix jours agréables en compagnie des musiciens allemands du duc, du castrat italien Tenducci (1736-1790) et du plus jeune des fils de Johann Sebastian Bach, Johann Christian (1735-1782). Le témoignage de ce bain musical autant qu’amical dans lequel Mozart se plongea fut la composition de la scène dramatique pour Tenducci avec accompagnement de piano, hautbois, cor et basson K. 315b, laquelle n’est malheureusement pas parvenue jusqu’à nous.
Ce répit fut de courte durée. Sitôt revenu à Paris à la fin du mois d’août, Mozart se trouva aux prises avec le baron Grimm qui émettait des doutes sérieux sur ses capacités à réussir à Paris et décida d’en faire part à Léopold à l’insu du compositeur. Les deux hommes, l’un à Paris, l’autre à Salzbourg, les mêmes qui s’étaient engagés à tout faire pour sa réussite, commencèrent un siège méthodique pour ramener le musicien sur sa terre natale. La tension entre Mozart et Grimm devint très vive et provoqua la rancœur de Mozart : « Je lui ai ouvert mon cœur, comme à un véritable ami – et il en a fait usage ; il m’a toujours mal conseillé parce qu’il savait que je le suivrai »
En fait le désaccord se situait d’abord sur le terrain musical. Grimm, critique influent mais à la formation musicale superficielle, se heurtait à un compositeur de génie, conscient de l’être et très indépendant dans ses goûts. Aujourd’hui, les écrits de Grimm apparaissent contestables et bien souvent contradictoires. Son revirement le plus spectaculaire concerna l’œuvre de Rameau qu’il commença par trouver grande et originale en 1754 et qu’il jeta au caniveau dix ans plus tard : « Je veux mourir si Rameau et toutes ses notes ont jamais compté pour quelque chose dans le reste de l’Europe »
L’examen de sa bibliothèque inventoriée au moment des saisies révolutionnaires révèle son goût quasiment exclusif pour l’opéra italien (près de 82 % du total)
[ On comprend mieux alors l’exaspération de Mozart qui voyait en lui un godillot du « parti » italien.
23Le 26 septembre 1778, c’est un Mozart écumant de rage, avec la sensation d’avoir été joué, qui refranchit, en sens inverse, les barrières de la ville. Ce départ précipité imposé par Grimm, lequel a été jusqu’à lui réserver une place dans la lente diligence de Strasbourg, scelle définitivement l’échec de ce troisième séjour parisien.
Nombre de musicologues se sont penchés sur ce rendez-vous manqué de Mozart avec la bonne société parisienne afin d’en rechercher les causes. Son caractère ombrageux ou son physique peu attirant ont ainsi été mis en avant. Mais que dire alors d’un Rameau ou d’un Gluck ? On a également insisté sur son fort accent tudesque, mais alors comment expliquer le succès de centaines de musiciens étrangers à Paris ? Dans le même registre, on a pointé du doigt son incapacité à adopter les usages de la sociabilité et de la mondanité aristocratiques. Qui pourtant mieux que lui, qui avait arpenté depuis sa tendre enfance toutes les cours européennes, pouvait en être le meilleur connaisseur ? Mozart était tout à fait capable de s’y adapter parfaitement, ainsi qu’il le dit lui-même : « Par ma complaisance, je me suis acquis amitié et protection ; si je devais tout écrire – j’aurai mal aux doigts »
On argue aussi le fait que Mozart n’aurait pas été lui-même, durant ces six mois, éloigné de celle dont il était tombé follement amoureux à Mannheim, la chanteuse Aloysia Weber. Mais alors, comment expliquer son regret maintes fois répété, jusqu’à un mois et demi après son départ, de quitter Paris précipitamment ?
Outre ces éléments imputés à Mozart lui-même, certaines analyses ont invoqué le contexte historique. Mozart aurait été ainsi la victime de la réaction aristocratique. Le contexte musical est tout autant sollicité. La querelle des Gluckistes et des Piccinnistes, la concurrence avec les Cambini, Grétry et autres Gossec… auraient rendu impossible toute percée mozartienne. Sans se soucier du péril téléologique, des biographes ont énoncé les conclusions qui les arrangeaient jusqu’à affirmer que quitter Paris et retourner en Autriche était ce que Mozart avait à faire de mieux .
https://www.cairn.info/revue-annales-historiques-de-la-revolution-francaise-2015-1-page-35.htm
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Joseph Haydn se rendit assez nettement compte de l'impossibilité où il se trouvait, malgré son génie, de rivaliser avec Gluck ou Mozart.
La lettre par laquelle il répondit à une invitation venue de Prague en 1787, prouve à la fois sa modestie et le juste sentiment qu'il avait de son infériorité sur ce terrain :
« Vous désirez de moi un opéra bouffe ; bien volontiers s'il vous est agréable de posséder pour vous seul quelque œuvre vocale de ma composition. Mais quant à l'exécuter sur le théâtre de Prague, en ce cas, je ne puis vous servir, car tous mes opéras sont trop liés à notre personnel d'Esterhaz, et ils ne produiraient jamais au dehors l'effet que j'ai calculé pour cette localité. Il en serait autrement si j'avais le bonheur inestimable de pouvoir composer pour ce théâtre sur un livret entièrement nouveau : mais là encore, je courrais trop de risques, car il serait difficile à n'importe qui de se placer à côté du grand Mozart. C'est pourquoi je voudrais pouvoir imprimer dans l'âme de tous les amateurs de musique, et surtout des grands, les inimitables travaux de Mozart aussi profondément et avec une connaissance musicale et un sentiment aussi vifs que ceux que je ressens moi-même à leur égard ; alors les nations se disputeraient la possession d'un tel trésor. Il faut que Prague retienne un homme aussi précieux et qu'elle le récompense ; car sans cela, l'histoire d'un grand génie est triste et ne donne à la postérité que peu d'encouragements à poursuivre l'œuvre. C'est pourquoi, malheureusement, tant de beaux génies pleins d'espérances succombent. Je suis tout en colère de ce que cet unique Mozart ne soit pas encore attaché à une cour impériale ou royale ! Pardonnez-moi si je sors ainsi de mes gonds : c'est que j'aime trop l'homme ! »
Cette lettre adressée à Roth, de Prague,
est citée par Michel Brenet dans son Haydn, pp. 105 et sq. (Alcan, collection les Maîtres de la Musique).
Cette lettre fait aimer aussi, en Haydn, l'homme, comme on aime, comme on admire le symphoniste qu'il fut : il est rare qu'un confrère se montre aussi généreux et aussi clairvoyant. Il est plus rare encore de voir un musicien de génie s'incliner avec autant de vraie et sincère modestie devant un autre musicien de génie — plus jeune que lui de vingt-quatre ans.
https://www.artlyriquefr.fr/dicos/Dumesnil.html
La lettre par laquelle il répondit à une invitation venue de Prague en 1787, prouve à la fois sa modestie et le juste sentiment qu'il avait de son infériorité sur ce terrain :
« Vous désirez de moi un opéra bouffe ; bien volontiers s'il vous est agréable de posséder pour vous seul quelque œuvre vocale de ma composition. Mais quant à l'exécuter sur le théâtre de Prague, en ce cas, je ne puis vous servir, car tous mes opéras sont trop liés à notre personnel d'Esterhaz, et ils ne produiraient jamais au dehors l'effet que j'ai calculé pour cette localité. Il en serait autrement si j'avais le bonheur inestimable de pouvoir composer pour ce théâtre sur un livret entièrement nouveau : mais là encore, je courrais trop de risques, car il serait difficile à n'importe qui de se placer à côté du grand Mozart. C'est pourquoi je voudrais pouvoir imprimer dans l'âme de tous les amateurs de musique, et surtout des grands, les inimitables travaux de Mozart aussi profondément et avec une connaissance musicale et un sentiment aussi vifs que ceux que je ressens moi-même à leur égard ; alors les nations se disputeraient la possession d'un tel trésor. Il faut que Prague retienne un homme aussi précieux et qu'elle le récompense ; car sans cela, l'histoire d'un grand génie est triste et ne donne à la postérité que peu d'encouragements à poursuivre l'œuvre. C'est pourquoi, malheureusement, tant de beaux génies pleins d'espérances succombent. Je suis tout en colère de ce que cet unique Mozart ne soit pas encore attaché à une cour impériale ou royale ! Pardonnez-moi si je sors ainsi de mes gonds : c'est que j'aime trop l'homme ! »
Cette lettre adressée à Roth, de Prague,
est citée par Michel Brenet dans son Haydn, pp. 105 et sq. (Alcan, collection les Maîtres de la Musique).
Cette lettre fait aimer aussi, en Haydn, l'homme, comme on aime, comme on admire le symphoniste qu'il fut : il est rare qu'un confrère se montre aussi généreux et aussi clairvoyant. Il est plus rare encore de voir un musicien de génie s'incliner avec autant de vraie et sincère modestie devant un autre musicien de génie — plus jeune que lui de vingt-quatre ans.
https://www.artlyriquefr.fr/dicos/Dumesnil.html
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Les ouvrages cités dans les messages précédents donnent tous d'utiles précisions sur les circonstances de l’échec relatif du séjour de Mozart à Paris, merci Mme de Sabran!
Je retiens de ces lectures, comme de l’analyse conforme de Patrick Barbier dans son récent « Marie-Antoinette et la musique » (Grasset, 2022), les points suivants :
1 - Mozart effectue un séjour de courte durée, qui lui laisse peu de temps pour constituer et entretenir un réseau. Ce réseau était pourtant d’autant plus nécessaire à son succès qu’il a négligé de préparer le voyage en s’assurant de recommandations et d'appuis utiles ;
2 - II effectue ce court séjour à contretemps de la Saison musicale, laquelle se déploie principalement en automne et en hiver. Or il arrive le 23 mars pour partir dès le 26 septembre...
3 - Paris n’est pas alors un désert musical où le premier musicien international de passage se verrait assuré d’un succès immédiat. C’est au contraire une ville qui s’affirme comme une des capitales musicales en Europe, où sont alors présents de nombreux talents internationaux. Le séjour de Mozart prend ainsi place au cœur de la fameuse querelle entre les partisans de Gluck (que Mozart ne cherchera pas même à rencontrer...) et ceux de Piccinni. Un tel contexte n’est pas fait pour assurer une visibilité immédiate...
4 - Mozart, fragilisé un temps par la mort de sa mère et par l'isolement, ne bénéficie que d'un soutien très modéré de la part de Grimm chez qui il est accueilli à Paris pendant une partie du séjour. Loin de l’encourager à persévérer en le conseillant utilement pour préparer la saison 1778-1779, Grimm n’a de cesse au contraire d’inciter le musicien à aller voir « ailleurs ».
5 - Alors qu’il est proche du duc de Guines, très en faveur auprès de la reine, Mozart ne cherche pas à approcher Marie-Antoinette par cet intermédiaire. (Inversement, il ne vient pas à l’idée du duc, qui admire Mozart, de faire sa cour à la reine en lui présentant cet hôte exceptionnel...).
Aux différents ouvrages cités par Mme de Sabran, j’ajouterais le Programme des Grandes Journées du CMBV (Centre de Musique baroque de Versailles), en 2006, où Alexandre et Benoît Dratwicki déploient leur érudition habituelle. Je cite ici leur épilogue, qui me semble très bien résumer ce qui peut être dit au sujet de ce voyage. J’en retiens surtout cette phrase :
« Mozart devait attendre – ou aurait dû attendre – son tour. Mais, dans l’impatience de la jeunesse et avec la fougue et l’exubérance qui le caractérisent, il préféra renoncer au rêve français. »
page 83 de Mozart, 1778, le voyage à Paris (CMBV, 2006)
Quant au recueil des lettres envoyées depuis Paris par Wolfgang et publié ici par Libretto, il aurait été judicieux d’ajouter celles de son père et aussi celles envoyées par sa mère avant sa disparition tragique en juillet. Nous aurions ainsi pu lire sous la plume de Léopold, le 28 mai, cette réflexion de bon sens :
« Mon cher fils, je t’en prie, cherche à te préserver l’amitié du duc de Guines et à jouir de son crédit. J’ai souvent lu des mentions à son sujet dans les journaux, il est très influent à la cour royale. Comme la Reine est maintenant enceinte, il y aura de grandes festivités au moment de la naissance, tu pourrais avoir quelque chose à faire pour ton bonheur, car dans de telles circonstances on fait ce que la reine désire. C’est vraiment une connaissance fort propice. »
Et notre reine si musicienne, me direz-vous, n’aurait-elle pas pu (et dû) être plus attentive de son côté et faire venir à elle ce Mozart si apprécié de son frère Joseph ?
Je vous dirai ce que j’en pense la prochaine fois.
Je retiens de ces lectures, comme de l’analyse conforme de Patrick Barbier dans son récent « Marie-Antoinette et la musique » (Grasset, 2022), les points suivants :
1 - Mozart effectue un séjour de courte durée, qui lui laisse peu de temps pour constituer et entretenir un réseau. Ce réseau était pourtant d’autant plus nécessaire à son succès qu’il a négligé de préparer le voyage en s’assurant de recommandations et d'appuis utiles ;
2 - II effectue ce court séjour à contretemps de la Saison musicale, laquelle se déploie principalement en automne et en hiver. Or il arrive le 23 mars pour partir dès le 26 septembre...
3 - Paris n’est pas alors un désert musical où le premier musicien international de passage se verrait assuré d’un succès immédiat. C’est au contraire une ville qui s’affirme comme une des capitales musicales en Europe, où sont alors présents de nombreux talents internationaux. Le séjour de Mozart prend ainsi place au cœur de la fameuse querelle entre les partisans de Gluck (que Mozart ne cherchera pas même à rencontrer...) et ceux de Piccinni. Un tel contexte n’est pas fait pour assurer une visibilité immédiate...
4 - Mozart, fragilisé un temps par la mort de sa mère et par l'isolement, ne bénéficie que d'un soutien très modéré de la part de Grimm chez qui il est accueilli à Paris pendant une partie du séjour. Loin de l’encourager à persévérer en le conseillant utilement pour préparer la saison 1778-1779, Grimm n’a de cesse au contraire d’inciter le musicien à aller voir « ailleurs ».
5 - Alors qu’il est proche du duc de Guines, très en faveur auprès de la reine, Mozart ne cherche pas à approcher Marie-Antoinette par cet intermédiaire. (Inversement, il ne vient pas à l’idée du duc, qui admire Mozart, de faire sa cour à la reine en lui présentant cet hôte exceptionnel...).
Aux différents ouvrages cités par Mme de Sabran, j’ajouterais le Programme des Grandes Journées du CMBV (Centre de Musique baroque de Versailles), en 2006, où Alexandre et Benoît Dratwicki déploient leur érudition habituelle. Je cite ici leur épilogue, qui me semble très bien résumer ce qui peut être dit au sujet de ce voyage. J’en retiens surtout cette phrase :
« Mozart devait attendre – ou aurait dû attendre – son tour. Mais, dans l’impatience de la jeunesse et avec la fougue et l’exubérance qui le caractérisent, il préféra renoncer au rêve français. »
page 83 de Mozart, 1778, le voyage à Paris (CMBV, 2006)
Quant au recueil des lettres envoyées depuis Paris par Wolfgang et publié ici par Libretto, il aurait été judicieux d’ajouter celles de son père et aussi celles envoyées par sa mère avant sa disparition tragique en juillet. Nous aurions ainsi pu lire sous la plume de Léopold, le 28 mai, cette réflexion de bon sens :
« Mon cher fils, je t’en prie, cherche à te préserver l’amitié du duc de Guines et à jouir de son crédit. J’ai souvent lu des mentions à son sujet dans les journaux, il est très influent à la cour royale. Comme la Reine est maintenant enceinte, il y aura de grandes festivités au moment de la naissance, tu pourrais avoir quelque chose à faire pour ton bonheur, car dans de telles circonstances on fait ce que la reine désire. C’est vraiment une connaissance fort propice. »
Et notre reine si musicienne, me direz-vous, n’aurait-elle pas pu (et dû) être plus attentive de son côté et faire venir à elle ce Mozart si apprécié de son frère Joseph ?
Je vous dirai ce que j’en pense la prochaine fois.
_________________
" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
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Localisation : Le Maine
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
[quote="Mme de Sabran"][quote="Lucius"]
... cucul-la-prasline et tartignol ? ...
Justement a t'on une idée d'où vient cette expression.
Parce que praline cul cul je cherche et tartignole aussi
... cucul-la-prasline et tartignol ? ...
Justement a t'on une idée d'où vient cette expression.
Parce que praline cul cul je cherche et tartignole aussi
Mr ventier- Messages : 1133
Date d'inscription : 18/11/2020
Age : 58
Localisation : Rouen normandie
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
cucul la praline [exp]
niais ; ridicule ; fleur bleue ; stupide ; qui est ridiculement niais ; naïf
https://www.expressio.fr/expressions/cucul-la-praline
Et voici, pour votre gouverne, cher M. Ventier :
niais ; ridicule ; fleur bleue ; stupide ; qui est ridiculement niais ; naïf
https://www.expressio.fr/expressions/cucul-la-praline
Et voici, pour votre gouverne, cher M. Ventier :
- Spoiler:
- Origine et définition
Qu'est-ce qu'une praline ?
Pour les Français, c'est une amande entourée d'une croûte de sucre parfumé ou coloré. Pour les Belges, c'est un bonbon au chocolat. Et pour les truands, c'est une balle d'arme à feu. Les deux premières sont souvent appréciées, la troisième un peu moins.
Le nom vient du Maréchal de Plessis-Praslin dont le cuisinier inventa la confiserie (la version française) au XVIIe siècle.
'Cucul' (ou 'cucu') est un simple redoublement enfantin de 'cul', sans qu'on sache vraiment pourquoi il est devenu un adjectif synonyme de niais ou ridicule.
Pour une raison tout aussi incertaine, on lui a accroché un substantif féminin supposé l'intensifier, comme dans "cucul la praline", "cucul la fraise" ou bien "cucul la rainette", par exemple.
Cette expression date de la première moitié du XXe siècle. Colette, en 1933, employait 'cucu'.
Certains prétendent que ce qualificatif vient des Seychelles, à Praslin, où on trouve une grosse noix de coco à la forme très suggestive qu'on appelle le "coco-fesses" ().
'Fesses' et 'Praslin' auraient donné cucul la praline.
C'est probablement une galéjade, d'autant plus que le lien entre cette noix et 'niais' ou 'ridicule' n'est pas très facile à établir.
Compléments
Une cuculle est un peu moins ridicule qu'un cucul, puisqu'il s'agit de la capuche d'un moine.
Exemples
« Tous les regards s'étaient tournés vers lui et le public se mit à rire gaiement, du reste sans hostilité. On le trouvait simplement cornichon, cucul la rainette, ratapoil et rantanplan. »
Marcel Aymé - Travelingue
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Qu'il est plaisant, chère madame de Sabran, d'enrichir ses connaissances. Du coup ce midi, un petit dessert praliné en votre honneur...
Mr ventier- Messages : 1133
Date d'inscription : 18/11/2020
Age : 58
Localisation : Rouen normandie
Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Bonnefoy du Plan a écrit:
Et notre reine si musicienne, me direz-vous, n’aurait-elle pas pu (et dû) être plus attentive de son côté et faire venir à elle ce Mozart si apprécié de son frère Joseph ?
Je vous dirai ce que j’en pense la prochaine fois.
Oh oui, s'il vous plaît, cher Bonnefoy ! Cette question me torture.
Leopold s'était beaucoup illusionné sur l'appui que Grimm aurait à coeur d'offrir à son fils, nous l'avons vu, mais il se trompait lourdement aussi sur celui que le duc de Guines serait prêt à consentir à Wolfgang. Le duc de Guines eût été pourtant tout naturellement ( du fait de la faveur royale dont il jouissait ) le marchepied de Mozart vers Marie-Antoinette . Mais faut-il rappeler que Guines paiera à peine à Mozart la moitié des leçons prodiguées à sa fille, et pas un sou vaillant pour le concerto ? ( message de la nuit, la neige, juste en amont ) . Quels procédés pour un grand seigneur !
Et l'on peut se demander également pourquoi Joseph II qui a si chaleureusement ( et très pesamment ) recommandé à Mercy de faire l'article de Salieri à la reine n'a pas eu la même démarche pour Mozart ? C'est parce que, me direz-vous, Salieri était compositeur de la Cour de Vienne ... oui, oui, sans doute.
Marie-Antoinette entend-elle parler du séjour de Mozart à Paris ? s'interroge Patrick Barbier . Tout porte à penser que oui, tant elle est bien informée de ce qui se passe autour d'elle sur le plan musical; de plus elle a assisté à cette soirée du 13 juin à l'Opéra pendant laquelle on a donné " le Finte Gemelle " de Piccinni et le ballet de Mozart " Les Petits riens ". Est-elle restée jusqu'au bout puisque le roi a quitté la salle après le premier acte de l'opéra ?
Et si elle a regardé tout le spectacle, rien ne dit non plus qu'elle ait su qui a écrit ce ballet : le chorégraphe Noverre a pris soin de masquer le nom de cet étranger peu connu pour mieux mettre en valeur le sien . ( !!! )
Quel que soit son degré de connaissance de la présence de Mozart à Paris, ce n'est de toute façon pas à elle de faire le premier pas.
Oui bien sûr, c'est ce que l'on est tenté de penser. Mais dans la réalité des faits, plusieurs fois quand elle avait un engouement irrépressible, l'on a vu Marie-Antoinette oublier son rang et toute préséance pour marquer à une personne qu'elle la distinguait. Cette spontanéité et cette franchise étaient dans son caractère et ne contribuaient pas peu à son charme.
Comment n'a-t-elle pas ressenti cela, le soir des délicieux et virevoltants Petits Riens ? Comment n'a-t-elle pas été irrésistiblement subjuguée par la musique de Mozart ?
Reste, me direz-vous, les mots durs et méprisants dont Mozart assaisonnait les Français. Il les clamait, les écrivait... sa correspondance en est pleine.
Comment aurait-il pu nous aimer quand nous prétendions le traiter comme un valet, l'écraser de notre morgue ? Il croyait n'avoir qu'à paraître et jouer sa musique pour que son génie éclate aux yeux de tous ... pfffff ! point du tout : il passait pour roupie de sansonnet auprès de faiseurs qui ne lui arrivaient pas à la cheville.
Avez-vous revu, lundi soir dernier, le fabuleux Amadeus de Milos Foreman, cher Bonnefoy ? Nous savons bien que ce grand cinéaste porte à l'écran une fable de Pouchkine. J'étais pourtant à nouveau en larmes à la fin du film...
Je m'étais étendue sur ce sujet, ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t4588p25-wolfgang-amadeus-mozart?highlight=mozart
- Spoiler:
- Mme de Sabran a écrit:Je vois dans la correspondance Mercy / Joseph / Kaunitz que Salieri était un protégé de Joseph II ( et son maître de chapelle ) . Il était donc plus que chaleureusement recommandé à Mercy de le recommander à Marie-Antoinette. C'est ainsi qu'au contraire de Mozart qui n'y fut jamais reçu, Salieri était le très bienvenu à la Cour de France .... or qui connaît Salieri aujourd'hui ?Antonio Salieri a le statut de légende qu'on n'octroie qu'aux criminels célèbres... pourtant il n'a pas assassiné Mozart !
Qui connaîtrait ce compositeur de talent du XVIIIème siècle sans la sortie du film de Milos Forman ?
C'est bien simple : personne, ou à peu près personne .
Point n'est besoin de présenter Wolfy que nous adorons tous, mais Salieri qui est-il ?
A Vienne où l'a emmené son maître, Florian Gassmann, en 1766, il rencontre Métastase, le professeur d'italien de la petite archiduchesse Marie-Antoinette, et devient le "dauphin" de Gluck, le professeur de musique de la princesse. Gassmann, personnage important à Vienne, le présente et l'introduit dans les plus hautes sphères de la société. Grâce à lui, Salieri se prépare à un avenir prestigieux. Il profite aussi du soutien de Gluck Ses compositions rencontrent le plus vif succès . Il est joué partout et court l'Europe, Milan, Venise, Rome et Paris pour les représentations de ses opéras.
À la mort de Gassmann en 1774,
Salieri est nommé compositeur de la Cour et directeur de l'opéra italien. Il a 24 ans. En 1788, il sera également nommé maître de chapelle de l'empereur Joseph II qui s'est toqué de lui, cumulant tous les postes supérieurs et assumant de ce fait une fonction de direction de la musique à la Cour d'Autriche, le fameux da Ponte étant « Poète impérial », responsable des livrets.
Gluck ayant accepté la commande de l'opéra Les Danaïdes à contrecœur, la confie secrètement à Salieri.
Les Danaïdes seront données à Paris.
Aussitôt Joseph II se met en quatre pour Salieri .
Il écrit à son ambassadeur en France :
Vienne, ce 30 novembre 1783.
— Mon cher comte de Mercv, le porteur de la présente est Salieri , mon maître de chapelle, qui se rend à Paris pour y faire exécuter un opéra, qu'il a composé sous la dictée de Gluck. Je vous prie de lui prêter tout l'appui et les secours dont il pourrait avoir besoin pour le succès de son ouvrage. Je vous adresse aussi, à cet effet, une lettre à la Reine, que vous remettrez à Salieri, en lui procurant l'occasion et les moyens, afin de pouvoir la présenter lui-même. Je crois que s'il n'y a pas de cabale, ce jeune homme, qui a déjà fait de très bonnes musiques italiennes, et qui d'ailleurs est un élève de Gluck, dont il est fort estimé, sera seul capable de le remplacer un jour, étant mis hors de combat.
Salieri arrive sans encombre à Paris, et le voilà sous l'aile protectrice de Mercy qui répond à Joseph, le 14 février 1784 :
Il y a plus d'un mois que Salieri m'a apporté les ordres de V. M. à son sujet, en date du 30 novembre passé. Ce maître de chapelle a présenté lui-même la lettre de V. M. à la Reine; il a été ensuite mandé plusieurs fois à Versailles: je lui ai donné tous les renseignements utiles à son sujet, et je vois que l'opinion publique lui est favorable, malgré l'enthousiasme où l'on est encore ici de quelques ouvrages italiens donnés récemment .
( Mercy fait sans doute allusion à la Didon , de Piccinni , représentée pour la première fois avec le plus grand succès à la Cour, à Fontainebleau le 16 octobre 1783, et à l'Opéra de Paris le 1" décembre, ainsi qu'à la Chimène de Sacchini, donnée à l'Opéra le 8 février 1784. )
Pour le présent, lui répond Joseph, je ne puis vous marquer autre chose, mon cher Comte, et quand vous saurez comment l'opéra de Salieri aura réussi, je vous prie de m'en instruire, m'intéressant à ce jeune homme.
Et Mercy de répondre, dans la foulée :
Relativement à l'ordre que V. M. me donne, de Lui rendre compte de l'opéra de Salieri, je crois pouvoir annoncer d'avance que cet ouvrage aura le plus grand succès par l'opinion générale que je vois que le public en a. Salieri a été plusieurs fois à Versailles, la Reine est parfaitement contente de cette musique; mais il me semble que le maître de chapelle ne l'est pas du talent des acteurs qui doivent l'exécuter. On a fait une quantité de répétitions auxquelles personne, sans exception, n'a été admis, de façon que je n'ai encore rien pu entendre de cet opéra. Il devait être mis en scène cette semaine, et ce qui prouve l'opinion et l'empressement du public, c'est que depuis deux mois toutes les loges du théâtre sont retenues pour les six premières représentations.
Joseph II :
Je vous suis obligé des nouvelles que vous me donnez de Salieri et je souhaite d'apprendre bientôt que son opéra ait réussi, même avec les changements qu'on désire.
Mercy rassure Joseph :
Les légers changements faits à l'ouvrage de Salieri en ont établi le succès décidé le théâtre est toujours rempli quand on y joue les Danaïdes, et la confiance que l'on a prise dans leur auteur a donné lieu à la demande d'une permission, pour qu'il puisse rester encore
La première représentation de cet opéra est donnée le 6 avril à l'Académie royale de musique, et la pièce est ainsi annoncée : paroles, sous le nom de M. ***; musique, sous ceux de MM. Gluck et Salieri. Mais, par une lettre insérée dans le Journal de Paris, Gluck déclare bientôt que la musique est en entier l'œuvre de son élève Salieri.
La création des Danaïdes suscite la plus grande effervescence, et le public avait cru reconnaître en cette œuvre un sommet de l'art de Gluck... jusqu'à ce communiqué dans le Journal de Paris ! Du jour au lendemain, Salieri devient la coqueluche de Paris. Marie Antoinette, qui a assisté à la première et reçu le "véritable" compositeur à plusieurs reprises, le récompense à hauteur de l'événement.
A en croire Meister, l'opéra de Salieri n'aurait pas eu autant de succès que le dit Mercy à Joseph ; mais Meister est un picciniste avéré et, sur ce point, sa partialité est manifeste, car, même encore en 1817, l'Opéra fit une reprise aussi brillante que fructueuse des Danaïdes de Salieri.
( Correspondance littéraire de Grimm, Meister et autres )
Qu'à cela ne tienne ...
Joseph pleinement satisfait écrit à Mercy, de Laxenbourg le 18 juin :
Je suis charmé que Salieri ait bien rencontré avec son opéra. Dans les lettres qu'il a écrites ici, il se loue infiniment des bontés que vous avez eues pour lui. Il est singulier que depuis que le secret est dévoilé et qu'on sait que cette pièce est tout entière de lui, elle trouve plus d'approbation . Cela fait voir que le public est indulgent pour ce premier essai en faveur de la bonne volonté du compositeur.
Salieri en pleine gloire s'atèle en 1787 au premier opéra de Beaumarchais : Tarare, autour duquel l'auteur a articulé une campagne médiatique inouïe, interdisant tout accès aux répétitions, et suscitant une telle attente qu'il faut poster quatre-cent gardes autour de l'opéra pour contenir l'affluence de la première en 1787 !
L'œuvre, qui mêle à la turquerie une violente critique des excès du despotisme, était "révolutionnaire" à plus d'un titre, et fut un triomphe extraordinaire, restant pendant plusieurs décennies le spectacle le plus lucratif de l'Opéra de Paris ! Salieri et Da Ponte refondirent l'œuvre pour une version italienne, Axur, Re d'Ormuz créée à Vienne pour l'empereur en 1788, et qui fit le tour du monde, de la Russie au Brésil.
Dénonçant la violence du despotisme, le valeureux général persécuté par le méchant sultan voit le peuple se soulever, mettre à mort le tyran, acclamer le général et le mettre sur le trône : cette intrigue préfigure sans le savoir la Révolution, la mort de Louis XVI et Bonaparte ! Au point qu'en 1790 à Paris, à l'occasion des événements commandés pour la Fête de la Fédération, Beaumarchais fit réaliser un acte final complémentaire pour créer Le Couronnement de Tarare, qui remporta également un très grand succès._______________________
Selon WIKI, la rumeur accusant Salieri d'avoir organisé la mort de Mozart - son cadet de six ans - semble être colportée depuis la parution de la nouvelle de Pouchkine, Mozart et Salieri qui parut cinq ans après la mort du musicien en 1830 (mis en musique par Rimski-Korsakov).
Cette nouvelle a été reprise par Peter Shaffer dans sa pièce célèbre Amadeus dont Miloš Forman tira le film du même nom. Cette accusation n'est basée sur aucun fait réel, malgré la jalousie qu'aurait pu légitimement ressentir Salieri à l'égard de la musique de Mozart. Cette hypothèse est actuellement abandonnée car Salieri était un puissant personnage à Vienne et ne pouvait être jaloux de Mozart, qui obtenait des succès moindres.
Salieri a plutôt aidé Mozart et fut une des cinq personnes présentes à ses obsèques. En outre, on imagine mal la veuve du compositeur, Constance Mozart, confier son fils Franz-Xaver à Salieri pour le former - et celui-ci accepter - si les relations personnelles entre les deux hommes avaient été si mauvaises. Par ailleurs, Salieri s'évertua à faire connaître la musique de Mozart, dont il avait, comme Joseph Haydn, reconnu le véritable génie.
Le livret de Così fan tutte, écrit par Lorenzo Da Ponte sur commande de Joseph II, fut tout d'abord proposé à Salieri, qui en composa quelques numéros, avant de devoir abandonner (sans doute avait-il trop de travail). Ce fut finalement Mozart qui composa l'œuvre que nous connaissons. Il en va de même de la composition de La Clemenza di Tito, proposée préalablement à Salieri qui recommanda Mozart. Salieri félicita Mozart pour La Flûte enchantée, singspiel allemand, après avoir assisté à une représentation.
Il n'a donc pu éprouver du remords d'un assassinat si improbable. Le rôle que, selon cette légende, Salieri aurait joué dans la commande du Requiem de Mozart est contredit par les recherches des historiens, qui ont mis en lumière le mystérieux commanditaire du Requiem de Mozart : il s'agit de son ami Michael Puchberg, qui agissait pour le compte du comte Franz de Walsegg, souhaitant honorer la mémoire de son épouse. Mozart mourut épuisé, très malade, abandonné et ruiné par ses excès. Il recevait de la Cour un traitement de musicien de 800 florins par an, une somme importante.
Concernant les vraies causes de la mort à 35 ans de Mozart, on trouve chez les biographes des versions différentes. Plusieurs causes sont évoquées et le débat n'est pas clos. Le médecin appelé lors du décès a fait état d'une fièvre miliaire expliquant son obésité.
akg-images -
https://www.chateauversailles-spectacles.fr/programmation/salieri-tarare_e1993
https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonio_Salieri
https://archive.org/stream/bub_gb_G68JAAAAIAAJ/bub_gb_G68JAAAAIAAJ_djvu.txt
Le vrai Salieri demeure un personnage sympathique, qui n'a que six ans de plus que Mozart ( contrairement à ce que nous montre le film ) et n'a pas cessé de l'aider dans la mesure de ses moyens. Il était l'une des cinq ou six personnes présentes aux obsèques de Wolfgang, et c'est à lui que Constance, la veuve de Mozart, confia son fils Franz-Xavier après la mort de son mari; de ce jour Salieri fit tout ce qu'il put pour faire connaître la musique de Mozart, en Autriche et à l'étranger .
( Patrick Barbier, Marie-Antoinette et la musique )
notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5483-marie-antoinette-et-la-musique-de-patrick-barbier?highlight=barbier
En venant à Paris, Mozart avait laissé derrière lui l’enthousiasmante vie musicale de Mannheim où résidait le plus bel orchestre du monde, dont le chef Christian Cannabich, Johann Baptiste Wendling : 1723-1797, flûtiste virtuose, Friedrich Ramm : 1744-1813, Hautboiste virtuose qui l’avaient accueilli comme un véritable ami. Il y avait rencontré le dramaturge Otto von Gemmingen qui travaillait sous l’impulsion du prince électeur palatin à la création d’un théâtre national allemand et surtout il était tombé fol amoureux de la jeune cantatrice Aloysia Weber. Il composait pour elle et lui dédiait de magnifiques airs de concerts. Il échafaudait le projet de l’accompagner en Italie pour se consacrer pleinement à l’opéra, sa passion de toujours.
Alors, Paris, exigence de son père, de sa famille, dont les finances sont saignées à blanc par ce long voyage, et conseil de ses amis de Mannheim, était bien éloigné des projets ensoleillés d’Italie et de la belle voix cristalline d’Aloysia. Mozart était triste et avait abordé Paris dans les plus mauvaises conditions psychologiques.
( 1778. Heurs et malheurs de Mozart à Paris
Gilles Corbi )
Anton Raaff : 1714-1797, Ténor de Mannheim de renommée qui conservera toujours pour Mozart une grande affection écrira avec justesse : « Mozart n’est pas tout entier ici. Pour admirer Paris, il faudrait qu’il n’ait pas laissé la moitié de lui-même là d’où je viens ».
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Mozart, ses visites à Paris et Versailles
Le baron Grimm dans sa Correspondance littéraire, le 1er décembre 1763 :
Les vrais prodiges sont assez rares pour qu’on n’oublie pas des les signaler lorsqu’on a l’occasion d’en voir un. Un maître de chapelle de Salzbourg, nommé Mozart, vient d’arriver ici avec deux enfants de la plus jolie figure du monde. Sa fille âgée de onze ans, touche le clavecin de la manière la plus brillante ; elle exécute les plus grandes pièces et les plus difficiles avec une précision à étonner. Son frère, qui aura sept ans au mois de janvier prochain, est un phénomène si extraordinaire qu’on a de la peine à croire ce qu’on voit de ses yeux et ce qu’on entend de ses oreilles. C’est peu pour cet enfant d’exécuter avec la plus grande précision les morceaux les plus difficiles avec des mains qui peuvent à peine atteindre la sixte ; ce qui est incroyable, c’est de le voir jouer de tête, pendant une heure de suite, et là, s’abandonner à l’inspiration de son génie et à une foule d’idées ravissantes qu’il sait encore faire succéder les unes aux autres avec goût et sans confusion. Le maître de chapelle le plus consommé ne saurait être plus profond que lui dans la science de l’harmonie et des modulations, qu’il sait conduire par les routes les moins connues mais toujours exactes. […] Vous jugez bien qu’il ne lui coûte rien de transposer et de jouer l’air qu’on lui présente, dans le temps qu’on exige ; mais voici ce que j’ai encore vu, et qui n’en est pas moins incompréhensible. Une femme lui demande l’autre jour s’il accompagnerait bien d’oreilles, sans la voir, une cavatine italienne qu’elle savait par cœur ; elle se mit à chanter. L’enfant essaya une basse qui n’était pas absolument exacte, parce qu’il est impossible de préparer d’avance l’accompagnement d’un chant qu’on ne connaît pas ; mais l’air fini, il pria la dame de recommencer, et à cette reprise, il joua non seulement de la main droite le chant de l’air, mais il mit, de l’autre, la basse sans embarras. Après quoi, il pria dix fois de suite de recommencer, et à chaque reprise, il changea le caractère de son accompagnement ; il l’aurait fait répéter vingt fois si on ne l’avait fait cesser. Je ne désespère pas que cet enfant ne me fasse tourner la tête, si je l’entends encore souvent ; il me fait concevoir qu’il est difficile de se garantir de la folie en voyant des prodiges.
Grimm, à Léopold Mozart, le 27 juillet 1778 :
Il est trop confiant, peu actif, trop aisé à attraper, trop peu occupé des moyens qui peuvent conduire à la fortune. Ici, pour percer, il faut être retors, entreprenant, audacieux. Je lui voudrais, pour sa fortune, la moitié moins de talent et le double plus d’entregent, et je n’en serais pas embarrassé. Au reste, il ne peut tenter ici que deux chemins pour se faire un sort. Le premier, c’est de donner des leçons de clavecin […] Ce métier ne lui plaira pas, parce qu’il l’empêchera d’écrire, ce qu’il aime par-dessus tout. Il pourrait donc s’y livrer tout à fait, mais en ce pays-ci le gros du public ne se connaît pas en musique. On donne par conséquence tout aux noms, et le mérite de l’ouvrage ne peut être jugé que par un petit nombre. Le public est dans ce moment-ci ridiculement partagé entre Piccinni et Gluck, et tous les raisonnements qu’on entend sur la musique font pitié ; il est donc très difficile pour votre fils de réussir entre ces deux partis.
https://www.resmusica.com/2006/02/06/mozart-en-france/
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