Marie-Adélaïde de France, dite Madame Adélaïde

Autant pour moi.
Tellement l'habitude de voir Madame Adélaïde en vieille fille revêche coincée dans son corset que j'ai vraiment été surpris en découvrant cette toile...

Attends ! Je ne te confirme pas pour autant qu'il s'agisse de Madame Adélaïde ...

J'ai un gros doute aussi mais dans tous les articles que j'ai consulté, le titre du tableau est "Marie-Adélaïde de France"...

Ne s’agit-il pas plutôt de la Princesse Adélaïde d’Orléans ( 1777-1847), sœur de Louis-Philippe, qu’on appelait aussi Madame Adélaïde ?

Les dates ne correspondent pas, le tableau datant de 1753.

Ce n'est pas un portrait de Mme Adélaïde.

Lire ici pourquoi : Jean-Etienne Liotard - Marie-Adélaïde de France ?

Encore une enquête rondement menée...
Bravo, et merci LNLN !

L'attribution à un membre de la famille royale ne vient il pas du manteau de velours rouge brodé de fleurs de lis ?

Si on cherche des Adélaïdes, ont trouve aussi Mlle de Penthièvre ou Mlle de Bourbon (qui sont toutes belles-soeurs !)

Hum...
Je distingue, vaguement, un motif du manteau qui pourrait ressembler à une fleur de lys, mais je pense que c'est simplement un hasard.

Pour rappel, cette huile sur toile (dont il existe trois variantes) est inspirée de dessins de Liotard, dessinés lors de son voyage et séjour en Grèce et Turquie en 1740 / 41.
Il croquait alors le portrait de femmes de "l'aristocratie" locale, dans leurs tenues traditionnelles (et l'on retrouve très souvent ce manteau brodé et orné de fourrure).
Je ne pense pas que l'on puisse faire un rapprochement avec une quelconque princesse française.

Merci pour ces éclaircissements !
Ce n'était donc pas "Marie-Adélaïde de France". Encore une fake news…

Cher Calonne avant d'être "une vieille fille revêche coincé dans son corset" , Madame Adélaïde fut une très belle jeune fille , en témoigne tous ces portraits de Nattier des années 40 et 50 , dont le plus fameux est celui de la jeune princesse faisant des nœuds

C'est vrai, elle est très jolie et avenante sur cette toile.
Mais le caractère n'était pas aussi avenant que le minois...

Illustrons...
C'est vrai que Nattier nous peint une charmante jeune fille.



Marie-Adélaïde de France, dite Madame Adélaïde, en Diane
Par Jean-Marc Nattier
Huile sur toile, 1745
Réplique du tableau exposé au Salon de 1745 (n°96) commandée pour la chambre du roi à Choisy
Photo : RMN-GP (Château de Versailles)


Marie-Adélaïde de France, dite Madame Adélaïde
Par Jean-Marc Nattier
Huile sur toile, 1749
Photo : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot


Marie-Adélaïde de France, dite Madame Adélaïde
Par Jean-Marc Nattier
Huile sur toile, 1750
Réemployé par Nattier pour son allégorie de l'Air livrée en 1751 pour le grand cabinet du Dauphin à Versailles ; probablement mis à la disposition des peintres du cabinet du roi à Versailles.
RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot


Marie-Adélaïde de France, dite Madame Adélaïde
D'après Jean-Marc Nattier, vers 1752 (XVIIIe siècle)
Copie d'un original fait à Compiègne, 28 mars 1752
Photo : RMN-GP (Château de Versailles) / Jean Schormans



Marie-Adélaïde de France, faisant des noeuds
Par Jean-Marc Nattier
Huile sur toile, 1756
Commandé pour Madame Victoire en 1756
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet




Marie-Adélaïde de France, dite Madame Adélaïde
Par Jean-Marc Nattier
Huile sur toile, 1758
Commandé pour Madame Infante
Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

La nuit, la neige a écrit:Hum...
Je distingue, vaguement, un motif du manteau qui pourrait ressembler à une fleur de lys, mais je pense que c'est simplement un hasard.

Vous avez probablement raison, ce doit être une royalite compulsive aiguë !

...

Calonne a écrit:C'est vrai, elle est très jolie et avenante sur cette toile.
Mais le caractère n'était pas aussi avenant que le minois...

je ne vous le fais pas dire mais je pense aussi que l'éducation qu'elle avait reçue y était pour quelque chose , pour qui aucun parti d'Europe n'était assez digne de sa naissance et de son rang selon elle.

Jolis portraits, merci. 
Ce qui la rend détestable, c'est (entre autres) la manière dont elle a instrumentalisé la jeune Marie-Antoinette pour contrer Mme du Barry. Engluée dans l'étiquette et son célibat, Madame Adélaïde était pétrie de haine.

Et d'une pointe de jalousie aussi , la jeune dauphine en France , elle cessait d'être la 1ère dame du royaume , encore plus à la mort de Louis XV .
Merci La Nuit La Neige pour cette belle galerie de portraits

Des portraits que nous n'avions pas encore présentés ici, dont...

Le grand portrait en pied, peint par Adélaïde Labille-Guiard, présenté au Salon de 1787.
Madame Adélaïde y est représentée peignant les portraits en médaillon de ses parents et de son frère, le Dauphin, décédés.
J'ai retrouvé au moins trois versions.

Celle conservée au château de Versailles :

Adélaïde de France, fille de Louis XV, dite "Madame Adélaïde"
Adélaïde Labille-Guiard
Huile sur toile, 1787
Salon de 1787 ; payé 5000 francs à l'artiste par Madame Adélaïde ; collection de Madame Adélaïde ; placé aux Tuileries.
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot / Jean Schormans



Photos : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot / Jean Schormans


Celle conservée au Orlando Museum of Art (USA) :

Portrait of Madame Adélaïde
Adelaïde Labille Guiard
Oil on canvas, about 1787
Collection of the Speed Art Museum, Gift of Mrs. Berry V. Stoll
Photo : Orlando Museum of Art


Celle conservée au Phoenix Art Museum (USA)


Portrait of Madame Adélaïde
Adélaïde Labille Guillard
Oil on canvas, c. 1787
Photo : Phoenix Art Museum


* Source : Artforum.com


Voir aussi notre sujet :

Adélaïde Labuille-Guiard, peintre de Mesdames

Duc d'Ostrogothie a écrit:Jolis portraits, merci. 
Ce qui la rend détestable, c'est (entre autres) la manière dont elle a instrumentalisé la jeune Marie-Antoinette pour contrer Mme du Barry. Engluée dans l'étiquette et son célibat, Madame Adélaïde était pétrie de haine.

Oui, non seulement elle n'a pas une gueule avenante et sa psycho-rigidité nous saute aux yeux ! 

Ce n'est pas terminé, chère comtesse...
Voici donc quelques autres portraits de la princesse, où elle n'est guère plus avenante.


Marie-Adélaïde de France, dite Madame Adélaïde
Johann Ernst Jules Heinsius
Huile sur toile, 1785
Collection de Louis XVI
Image : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / image RMN-GP

J'ignore si la qualité et la résolution des couleurs sont mauvaises, car voici une autre version, qui fut présentée récemment en vente aux enchères (mars 2018, chez Artcurial).
Si ce tableau est dans un triste état, les couleurs présumées sont toutefois plus franches.

Marie-Adélaïde de France, dite Madame Adélaïde, fille de Louis XV
Johan Ernest Heinsius
Huile sur toile, 1784
Signée et datée 'Heinsius pinxit / 1784' à gauche
Photo :Arcurial

Note au catalogue (extrait) :

Madame Marie-Adélaïde de France (1731-1800) est représentée telle une reine sur notre portrait. En 1784, elle est une tante respectée et d'un âge avancé pour son neveu le roi Louis XVI, sur le trône depuis dix ans. Il ne lui manque que la couronne ; nous distinguons la haute idée qu'elle avait d'elle-même et de son sang, cette fierté Bourbon.
Elle fut celle qui ambitionnait le plus de jouer un rôle politique à la cour mais Louis XV puis Louis XVI surent tous deux la maintenir soigneusement à l'écart des affaires. Elle assuma son rôle d'ainée des filles du roi après le décès d'Henriette et son influence se fit grandissante au cours du temps

Photo : Artcurial

Notre tableau, daté de 1784, constitue la première version de ce portrait dont des répliques sont conservées au Louvre et à Versailles.
Nous distinguons la marque de la toile centrale, portrait en buste dans le portrait, que réalisa Heinsius qui - sans doute content de son travail - l'agrandit ensuite sur le pourtour.


Et le voici donc, une fois magnifiquement restauré, et vendu dans la galerie parisienne du marchand d'art Alexis Bordes, qui propose toujours de très belles oeuvres.

Marie-Adélaïde de France, dite Madame Adélaïde, fille de Louis XV
Johan Ernst Heinsius (1740-1812)
Huile sur toile, signée et datée Heinsius pinxit /1784
Provenance : offert par Madame Adélaïde à son premier aumônier, Monseigneur Joseph Green de Saint Marsault, évêque in partibus infidelium de Pergame (1729-1818) (selon une étiquette au revers).
Photo : Alexis Bordes - Source : Alexis Bordes


Pour ces deux oeuvres, le peintre attribué est Johann Ernst Jules Heinsius ou Johan Ernst Heinsius (1740-1812)
Sauf confusion de ma part, je ne comprends pas ce que vient faire le prénom "Ernst".    
Car à consulter les notes Wikipedia :

- Johann-Ernst Heintze, dit Heinsius (1731-1794) est portraitiste et miniaturiste allemand, qui n'a jamais fait carrière en France.
Voir sa biographie Wikipedia, ici : Johann-Ernst Heintze, dit Heinsius

- En revanche, dans la famille Heinsius, nous avons bien un Johann-Julius Heintze, dit « Heinsius ».
Sa fiche biographique Wikipedia nous dit (extrait) :

À partir de 1779, il a fait carrière à la cour de France et exposé régulièrement dans les salons de peinture et de sculpture.
À la Révolution française, après la décapitation de Louis XVI et de Marie-Antoinette, auxquelles il était relié, il est invité à quitter Paris pour Orléans, d’où il exécutera néanmoins, par la suite, sous Napoléon, les commandes à Paris.
Il était le frère cadet de Johann-Ernst Heinsius, également peintre, avec qui il est souvent confondu.
(...)
Voir sa biographie complète, ici : Johann-Julius Heinsius


Autre portrait, réalisé quelques années plus tard...

Marie-Adélaïde de France, dite Madame Adélaïde
Johann Ernst Jules Heinsius
Huile sur toile, 1788
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Madame Adélaïde n'était sans doute pas aussi noire que cela ( diantre ! la voici habillée pour l'hiver ! ) puisqu'elle est la seule ou l'une des rares personnes qui aient témoigné un peu d'attention et de tendresse au jeune duc de Berry, d'une part, et de manière désintéressée car c'est à Bourgogne et non pas lui que le trône était promis, mais aussi puisqu'elle a su être assez passionnément amoureuse pour que Louis XV en pique une colère noire et éloigne promptement l'obscur garde du corps qui faisait l'objet de sa flamme . Enfin, nous savons que la Révolution la fera revenir à de meilleurs sentiments sur Marie-Antoinette, la brisera elle aussi mais ne l'empêchera pas de veiller sur sa soeur sur la galère de l'exil.

La nuit, la neige a écrit: Et le voici donc, une fois magnifiquement restauré, et vendu dans la galerie parisienne du marchand d'art Alexis Bordes, qui propose toujours de très belles oeuvres.

Marie-Adélaïde de France, dite Madame Adélaïde, fille de Louis XV
Johan Ernst Heinsius (1740-1812)
Huile sur toile, signée et datée Heinsius pinxit /1784
Provenance : offert par Madame Adélaïde à son premier aumônier, Monseigneur Joseph Green de Saint Marsault, évêque in partibus infidelium de Pergame (1729-1818) (selon une étiquette au revers).
Photo : Alexis Bordes - Source : Alexis Bordes

Te souviens-tu ? J'ai essayé de le photographier lors de notre visite à la biennale    mais ce n'était pas aisé. Je poste la photo pour le cadre armorié cependant :

Ah ! Très bien ! Merci Gouv'.  
J'ai repris l'information source du site internet, qui n'a donc pas été modifiée comme nous pouvons ainsi et pourtant le voir sur ce cartel.

Belle restauration, et beau portrait !
Et je comprends d'autant moins l'aspect "râpé" et "délavé" de celui conservé à Versailles...  
C'est d'ailleurs aussi le cas avec les portraits de Mme Victoire, du même peintre, que je présenterai dans son sujet.