Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les femmes du XVIIIe siècle
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Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
J'entame ce nouveau sujet afin d'aborder l'esprit des salons aristocratiques de l'ancien régime. En 1852, Sainte-Beuve a écrit Les causeries en référence "aux causeries du lundi". Il prit l'idée d'une galerie de femmes importantes moins comme auteurs que pour leur rôle social et mondain. A travers Le monde des salons d'Antoine Lilti et la très complète biographie de Maurice Hamon : Madame Geoffrin je vous livrerai différents extraits qui nous mettrons dans l'ambiance des dîners qui se déroulaient sous le règne de Louis XV et de Louis XVI.
Mais en premier lieu, j'aimerais m'arrêter sur le terme : "salon", qui n'existait pas au XVIIIème siècle et qui est une pure invention du XIXème (comme d'hab ! boudoi29 )
Au siècle des Lumières, on appelle "salon" : "société" d'une façon générale. Quant au terme "bureau d'esprit" il s'agit là de nommer une société ou salon de manière ironique, voire carrément insultante ces assemblées où les femmes prétendaient jouer un rôle mondain et intellectuel.
Mais pour l'heure, je suis au regret de vous ennuyer avec encore un peu "de géographie parisienne" afin de comprendre l'enjeu de localisation de certaines maisons.
La géographie mondaine est aussi une géographie symbolique qui donne un sens et une lisibilité à la ville, en distinguant des quartiers "à la mode"
Le Marais est le lieu d'une sociabilité démodée, alors qu'il abritait encore au XVIIIème siècle une certaine diversité sociale, il faisait déjà figure aux yeux des élites mondaines de repoussoir.
Dans la seconde moitié du siècle, l'opposition sociale se double d'une opposition idéologique, Grimm après avoir fait un portrait au vitriol de l'avocat Marchand, autour d'une brochure contre Voltaire, affirme :
"Il y a cependant telle maison dans le Marais où Marchand passe pour le plus ingénieux écrivain du siècle, et où ses plaisanteries ont un sel qui n'a jamais pu se tranporter au-delà des bornes ST martin. Ainsi une plaisanterie qu'a le plus grand succès dans les rues Portefoin et Transnonain reste absolument ignorée dans le quartier du Palais-Royal et dans le Faubourg St-Germain. C'est ce qui est arrivé cet hiver au Testament politique de Voltaire, fabriqué par Marchand, pour l'amusement des soupers du Marais."
Palissot qualifie Fanny de Beauharnais de "caillette du Marais". Toutes les descriptions satiriques insistent sur ce thème de l'extrême localisme et de l'enfermement dans un horizon géographiquement borné.
Les limites du Marais sont des frontières étanches aux nouvelles et aux modes, qui enferment ses habitants dans un particularisme dénuet et étriqué.
A l'opposé les Faubourgs St Honoré ou St-Germain, ce dernier abrite la plupart des hôtels aristocratiques et des salons mais ne parvient pas à se construire une mythologie.
St Honoré, est quant à lui le véritable quartier à la mode, du Palais Royal à la place Louis XV, que l'on identifie à la fois à l'aristocratie de Cour, aux boutiques de mode et à la littérature.
Pour Duclos : "Ceux qui vivent à cent lieues de la Capitale en sont à un siècle pour les façons de penser et d'agir" Seule la fréquentation assidue des cercles parisiens permet d'entretenir cette aisance mondaine qui, pour le meilleur ou pour le pire, est la marque de la Capitale :
"Qu'un homme, aprés avoir été longtemps absent de la Capitale, y revienne, on le trouve ce qu'on appelle "rouillé" "
Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, ce thème du retard provincial devient un véritable lieu commun et aboutit à faire de la sociabilité parisienne la quintessence d'un caractère français défini par la civilité : "C'est dans Paris qu'il faut considérer le Français, parce qu'il y est plus français qu'ailleurs.( On croit rêver !)
Suite au prochain numéro.
Mais en premier lieu, j'aimerais m'arrêter sur le terme : "salon", qui n'existait pas au XVIIIème siècle et qui est une pure invention du XIXème (comme d'hab ! boudoi29 )
Au siècle des Lumières, on appelle "salon" : "société" d'une façon générale. Quant au terme "bureau d'esprit" il s'agit là de nommer une société ou salon de manière ironique, voire carrément insultante ces assemblées où les femmes prétendaient jouer un rôle mondain et intellectuel.
Mais pour l'heure, je suis au regret de vous ennuyer avec encore un peu "de géographie parisienne" afin de comprendre l'enjeu de localisation de certaines maisons.
La géographie mondaine est aussi une géographie symbolique qui donne un sens et une lisibilité à la ville, en distinguant des quartiers "à la mode"
Le Marais est le lieu d'une sociabilité démodée, alors qu'il abritait encore au XVIIIème siècle une certaine diversité sociale, il faisait déjà figure aux yeux des élites mondaines de repoussoir.
Dans la seconde moitié du siècle, l'opposition sociale se double d'une opposition idéologique, Grimm après avoir fait un portrait au vitriol de l'avocat Marchand, autour d'une brochure contre Voltaire, affirme :
"Il y a cependant telle maison dans le Marais où Marchand passe pour le plus ingénieux écrivain du siècle, et où ses plaisanteries ont un sel qui n'a jamais pu se tranporter au-delà des bornes ST martin. Ainsi une plaisanterie qu'a le plus grand succès dans les rues Portefoin et Transnonain reste absolument ignorée dans le quartier du Palais-Royal et dans le Faubourg St-Germain. C'est ce qui est arrivé cet hiver au Testament politique de Voltaire, fabriqué par Marchand, pour l'amusement des soupers du Marais."
Palissot qualifie Fanny de Beauharnais de "caillette du Marais". Toutes les descriptions satiriques insistent sur ce thème de l'extrême localisme et de l'enfermement dans un horizon géographiquement borné.
Les limites du Marais sont des frontières étanches aux nouvelles et aux modes, qui enferment ses habitants dans un particularisme dénuet et étriqué.
A l'opposé les Faubourgs St Honoré ou St-Germain, ce dernier abrite la plupart des hôtels aristocratiques et des salons mais ne parvient pas à se construire une mythologie.
St Honoré, est quant à lui le véritable quartier à la mode, du Palais Royal à la place Louis XV, que l'on identifie à la fois à l'aristocratie de Cour, aux boutiques de mode et à la littérature.
Pour Duclos : "Ceux qui vivent à cent lieues de la Capitale en sont à un siècle pour les façons de penser et d'agir" Seule la fréquentation assidue des cercles parisiens permet d'entretenir cette aisance mondaine qui, pour le meilleur ou pour le pire, est la marque de la Capitale :
"Qu'un homme, aprés avoir été longtemps absent de la Capitale, y revienne, on le trouve ce qu'on appelle "rouillé" "
Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, ce thème du retard provincial devient un véritable lieu commun et aboutit à faire de la sociabilité parisienne la quintessence d'un caractère français défini par la civilité : "C'est dans Paris qu'il faut considérer le Français, parce qu'il y est plus français qu'ailleurs.( On croit rêver !)
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Invité- Invité
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Merci.
Je vais vous lire avec plaisir ; ce sujet me rappellera bien des souvenirs... boudoi32
Le salon de Mme Geoffrin est digne d’intérêt, peut-être le plus important du XVIIIème siècle, si l’on passe outre le bouillonnement politique de la fin du siècle (que Mme Geoffrin aurait détesté de toutes les manières).
Je vais vous lire avec plaisir ; ce sujet me rappellera bien des souvenirs... boudoi32
Le salon de Mme Geoffrin est digne d’intérêt, peut-être le plus important du XVIIIème siècle, si l’on passe outre le bouillonnement politique de la fin du siècle (que Mme Geoffrin aurait détesté de toutes les manières).
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
C'est vraiment intéressant. Ne serait-ce que d'apprendre que le mot salon n'existait pas !
Lecture de la tragédie "L'orphelin de la Chine" de Voltaire dans le salon de madame Geoffrin
Anicet Charles Gabriel Lemonnier (1743–1824)
Huile sur toile, entre 1814 et 1824
Réplique à taille réduite d'un tableau conservé au musée de Malmaison
Image : Musée des Beaux-Arts de Rouen, Wikipedia
Lecture de la tragédie "L'orphelin de la Chine" de Voltaire dans le salon de madame Geoffrin
Anicet Charles Gabriel Lemonnier (1743–1824)
Huile sur toile, entre 1814 et 1824
Réplique à taille réduite d'un tableau conservé au musée de Malmaison
Image : Musée des Beaux-Arts de Rouen, Wikipedia
Invité- Invité
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
" Le beau monde consacre quatre ou cinq heures, deux ou trois fois la semaine à faire des visites. Les équipages courent toutes les rues de la ville et des faubourgs. Aprés bien des reculades, on s'arrête à vingt portes pour s'y faire écrire; on parait un quart d'heure dans une demi-douzaine de maisons; c'est le jour de la maréchale, de la présidente, de la duchesse; il faut paraître au salon, saluer, s'asseoir tour à tour sur le fauteuil vide, et l'on croit sérieusement pouvoir cultiver la connaissance de cent soixante à quatre vingt personnes. Ces allées et venues dans Paris distinguent un homme du monde; il fait tous les jours dix visites, cinq réelles et cinq à blanc; et lorsqu'il a mené cette vie ambulante et oisive, il dit avoir rempli les plus importants devoirs de la société."
L.S.Mercier,Tableau de Paris(1783)
A vrai dire, qu'est-ce que le salon de Madame Geoffrin ?
On imagine en général une réunion hebdomadaire de gens du monde et d'écrivains, réunis comme un tableau de Lemonnier. Pourtant les choses sont beaucoup plus compliquées. Il n'y avait pas un dîner hebdomadaire chez Madame Geoffrin mais deux : celui du mercredi, fondé au début des années 1740 pour Fontenelle et théoriquement consacré aux hommes de lettres et aux étrangers, et celui du lundi, fréquenté par des artistes, des amateurs d'art et une poignée d'hommes de lettres comme Marmontel.
Fondé puis animé par le comte de Caylus, ce second dîner permettait à Geoffrin de se construire une figure de mécène, grâce à la fortune que son mari avait amassée à la manufacture de St Gobain;
Aux dîners et aux soupers, il faut encore ajouter les nombreuses visites que recevait Madame Geoffrin. Chaque jour, de cinq heures de l'aprés-midi jusqu'à neuf heures- heure du souper, elle recevait des visiteurs sans interruption, dans sa chambre.
Dans les années 1770, d'Alembert, qui était un des visiteurs assidus, ne venait chez elle que le matin à neuf heures. Lorsque l'on était présenté lors d'une visite, ce n'était donc pas nécessairement dîner et converser avec des hommes de lettres.
Walpole, muni d'une lettre de recommandation lors de son premier séjour à Paris en 1765, rend d'abord à Madame Geoffrin de simples visites où il ne rencontre que la Duchesse de Cossé et une fois, Antoine-Léonard Thomas. Ce n'est que dans un second temps qu'il est convié à dîner un mercredi.
Les salons parisiens sont donc loin d'être hermétiques à la cour. De la cour à la ville donc, on empreinte le même protocole par mimétisme. On calque ainsi la vie curiale parfois même dans le détail :
Lorsqu'on est noble et que l'on doit rendre visite au Château de Versailles, on se doit d'arriver obligatoirement en carosse, car nul ne doit franchir la cour d'honneur à pied ! Arrivé au niveau de la cour de marbre, on utilise alors une chaise à porteur (prononcer porteu) avec biensûr ses armoiries afin d'être facilement reconnaissable. Sinon on emprunte une chaise à porteur de location disposée dans la cour ( comme un système de vélib) qui coûte très peu cher, mais l'effet est moindre, on vous juge donc avec une moindre importance.
Eh bien à Paris, lors de dîners ou soupers dans les maisons "aristo", on se doit aussi d'arriver en voiture et non à pied. Citée plus haut,la première présentation qui respecte certains codes comme pouvait l'être la première présentation devant le Roi et la Reine, avant de pouvoir faire ses entrées régulières au Palais.
"Quand on est du monde, prévient Moravan de Bellegarde, il faut remplir tous les devoirs de la bienséance et de la civilité. La plupart des gens de qualité, qui sont d'ordinaire assez oisifs, et qui n'ont nulle occupation, passent leur temps à rendre et à recevoir des visites et il est trés important pour eux de s'instruire de tout ce qu'il faut faire pour y être agréables, et pour y soutenir leur caractère. C'est là qu'on juge de leur mérite, et on les blâme, ou on les loue selon qu'ils se tirent bien ou mal d'une conversation."
Suite au prochain numéro
L.S.Mercier,Tableau de Paris(1783)
A vrai dire, qu'est-ce que le salon de Madame Geoffrin ?
On imagine en général une réunion hebdomadaire de gens du monde et d'écrivains, réunis comme un tableau de Lemonnier. Pourtant les choses sont beaucoup plus compliquées. Il n'y avait pas un dîner hebdomadaire chez Madame Geoffrin mais deux : celui du mercredi, fondé au début des années 1740 pour Fontenelle et théoriquement consacré aux hommes de lettres et aux étrangers, et celui du lundi, fréquenté par des artistes, des amateurs d'art et une poignée d'hommes de lettres comme Marmontel.
Fondé puis animé par le comte de Caylus, ce second dîner permettait à Geoffrin de se construire une figure de mécène, grâce à la fortune que son mari avait amassée à la manufacture de St Gobain;
Aux dîners et aux soupers, il faut encore ajouter les nombreuses visites que recevait Madame Geoffrin. Chaque jour, de cinq heures de l'aprés-midi jusqu'à neuf heures- heure du souper, elle recevait des visiteurs sans interruption, dans sa chambre.
Dans les années 1770, d'Alembert, qui était un des visiteurs assidus, ne venait chez elle que le matin à neuf heures. Lorsque l'on était présenté lors d'une visite, ce n'était donc pas nécessairement dîner et converser avec des hommes de lettres.
Walpole, muni d'une lettre de recommandation lors de son premier séjour à Paris en 1765, rend d'abord à Madame Geoffrin de simples visites où il ne rencontre que la Duchesse de Cossé et une fois, Antoine-Léonard Thomas. Ce n'est que dans un second temps qu'il est convié à dîner un mercredi.
Les salons parisiens sont donc loin d'être hermétiques à la cour. De la cour à la ville donc, on empreinte le même protocole par mimétisme. On calque ainsi la vie curiale parfois même dans le détail :
Lorsqu'on est noble et que l'on doit rendre visite au Château de Versailles, on se doit d'arriver obligatoirement en carosse, car nul ne doit franchir la cour d'honneur à pied ! Arrivé au niveau de la cour de marbre, on utilise alors une chaise à porteur (prononcer porteu) avec biensûr ses armoiries afin d'être facilement reconnaissable. Sinon on emprunte une chaise à porteur de location disposée dans la cour ( comme un système de vélib) qui coûte très peu cher, mais l'effet est moindre, on vous juge donc avec une moindre importance.
Eh bien à Paris, lors de dîners ou soupers dans les maisons "aristo", on se doit aussi d'arriver en voiture et non à pied. Citée plus haut,la première présentation qui respecte certains codes comme pouvait l'être la première présentation devant le Roi et la Reine, avant de pouvoir faire ses entrées régulières au Palais.
"Quand on est du monde, prévient Moravan de Bellegarde, il faut remplir tous les devoirs de la bienséance et de la civilité. La plupart des gens de qualité, qui sont d'ordinaire assez oisifs, et qui n'ont nulle occupation, passent leur temps à rendre et à recevoir des visites et il est trés important pour eux de s'instruire de tout ce qu'il faut faire pour y être agréables, et pour y soutenir leur caractère. C'est là qu'on juge de leur mérite, et on les blâme, ou on les loue selon qu'ils se tirent bien ou mal d'une conversation."
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Invité- Invité
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Et une seule femme étrangère à sa famille : Julie de Lespinasse !l'amour menaçant a écrit:
On imagine en général une réunion hebdomadaire de gens du monde et d'écrivains, réunis comme un tableau de Lemonnier. Pourtant les choses sont beaucoup plus compliquées. Il n'y avait pas un dîner hebdomadaire chez Madame Geoffrin mais deux : celui du mercredi, fondé au début des années 1740 pour Fontenelle et théoriquement consacré aux hommes de lettres et aux étrangers, et celui du lundi, fréquenté par des artistes, des amateurs d'art et une poignée d'hommes de lettres comme Marmontel.
l'amour menaçant a écrit:Walpole, muni d'une lettre de recommandation lors de son premier séjour à Paris en 1765, rend d'abord à Madame Geoffrin de simples visites où il ne rencontre que la Duchesse de Cossé et une fois, Antoine-Léonard Thomas. Ce n'est que dans un second temps qu'il est convié à dîner un mercredi.
Je rebondis sur ce que vous écrivez en vous copiant une lettre de Walpole à son ami Thomas Gray.
C’était en avant qu’il passe dans le camp de Mme du Deffand... :
Le 25 Janvier 1766
Mme Geoffrin, dont vous avez beaucoup entendu parler, est une femme extraordinaire, avec plus de sens commun que je n’en ai presque jamais rencontré.
Une grande promptitude de coup d’oeil à découvrir les caractères, de la pénétration à aller au fond de chacun, et un crayon qui ne manque jamais la ressemblance ; et elle est rarement en beau.
Elle exige pour elle et sait se conserver, en dépit de sa naissance et de leurs absurdes préjugés d’ici sur la noblesse, une grande cour et des égards soutenus.
Elle y réussit par mille petits artifices et bons offices d’amitié, et par une liberté et une sévérité qui semblent être sa seule fin en tirant le monde à elle ; car elle ne cesse de gronder ceux qu’elle a une fois enjôlés.
Elle a peu de goût et encore moins de savoir, mais elle protège les artistes et les auteurs, et elle fait la cour à un petit nombre de gens pour avoir le crédit d’être utile à ses protégés.
Elle a fait son éducation sous la fameuse Mme de Tencin, qui lui a donné pour règles de ne jamais rebuter aucun homme car, disait l’habile matrone : « quand même neuf sur dix ne se donneraient pas un liard de peine pour vous, le dixième peut vous devenir un ami utile ».
Elle n’a pas adopté ni rejeté en entier ce plan, mais elle a tout à fait gardé l’esprit de la maxime.
En un mot, elle nous offre un abrégé d’empire qui subsiste au moyen de récompenses et de peines.
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Par rapport à Julie de Lespinasse, ce qui est important de noter, est qu'elle arrive dans le cercle Geoffrin car elle s'est fait jeter dehors par son infâme tante : Madame de Deffand. Quand bien même on retrouve de nombreuses louanges dans différents mémoires à l'égard de Madame Geoffrin, celle-ci garde un oeil interessé à l'affaire et bien que son dévouement à l'égard des autres et surtout vis à vis de Julie n'est pas à remettre en cause; il n'empêche que c'est un coup de poker que d'attirer la nièce de son ennemie dans sa société, de la prendre sous son aile et donc de renforcer son image de sociabilité d'une part, et en plus cela nous montre que Geoffrin est suffisamment avisée pour repérer que Julie commençait déjà à se faire repérer pas seulement pour ses déboires avec" Tatie Danièle du XVIIIème", mais pour ses aptitudes et ses qualités à mener une société. Geoffrin fait donc d'une pierre, deux coups : elle fait taire une adversaire encombrante et se place presque comme une mère pour Julie de Lespinasse qui aurait pu dans l'avenir devenir une rivale plus que potentielle !
Invité- Invité
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
T’ention ! Je sais bien qu’elle est terrible, mais c’est ma chouchoute... :l'amour menaçant a écrit:Par rapport à Julie de Lespinasse, ce qui est important de noter, est qu'elle arrive dans le cercle Geoffrin car elle s'est fait jeter dehors par son infâme tante : Madame de Deffand.
l'amour menaçant a écrit:Quand bien même on retrouve de nombreuses louanges dans différents mémoires à l'égard de Madame Geoffrin, celle-ci garde un oeil interessé à l'affaire et bien que son dévouement à l'égard des autres et surtout vis à vis de Julie n'est pas à remettre en cause; il n'empêche que c'est un coup de poker que d'attirer la nièce de son ennemie dans sa société, de la prendre sous son aile et donc de renforcer son image de sociabilité d'une part
Julie est aussi et surtout très proche de d’Alembert : ils sont inséparables.
Mme Geoffrin reprend aussi d’Alembert (la star de Paris) à Mme du Deffand.
Julie de Lespinasse lui doit beaucoup ; Mme Geoffrin l’a beaucoup aidée (financièrement, d’abord) et ensuite la prenant affectueusement sous son aile.l'amour menaçant a écrit:et en plus cela nous montre que Geoffrin est suffisamment avisée pour repérer que Julie commençait déjà à se faire repérer pas seulement pour ses déboires avec" Tatie Danièle du XVIIIème", mais pour ses aptitudes et ses qualités à mener une société. Geoffrin fait donc d'une pierre, deux coups : elle fait taire une adversaire encombrante et se place presque comme une mère pour Julie de Lespinasse qui aurait pu dans l'avenir devenir une rivale plus que potentielle !
Sa fille, la célèbre marquise de La Ferté Imbault, en témoignera toujours bien de la jalousie. :
Elle a bon fond, Julie, mais elle est un peu coucou néanmoins : à se glisser ainsi dans de bons gros nids accueillants avant de prendre un envol triomphant.
Enfin, elle le méritait cependant.
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
T'ention ! Julie un coucou ? J'en doute, c'est ma chouchoute...
Moi j'aime beaucoup Madame Geoffrin, la rivale de votre bien-aimée : . Cependant, j'aimerais apporter une petite précision concernant D'Alembert (MON PREFERE :c^ùù!!: ) Geoffrin n'a pas pris D'Alembert à Mme du Deffand, c'est lui qui est parti afin de rejoindre Julie en autre. Il a fait son choix en tout état de cause.
Comme j'ai dis dans le sujet, Geoffrin la peut-être prise sous son aile, mais il y avait de l'intérêt là dessous. D'ailleurs pour la petite histoire, six mois aprés la disparition de Julie, tout le monde l'avait déjà oubliée, sauf D'Alembert qui sombra dans une grande dépression.
Moi j'aime beaucoup Madame Geoffrin, la rivale de votre bien-aimée : . Cependant, j'aimerais apporter une petite précision concernant D'Alembert (MON PREFERE :c^ùù!!: ) Geoffrin n'a pas pris D'Alembert à Mme du Deffand, c'est lui qui est parti afin de rejoindre Julie en autre. Il a fait son choix en tout état de cause.
Comme j'ai dis dans le sujet, Geoffrin la peut-être prise sous son aile, mais il y avait de l'intérêt là dessous. D'ailleurs pour la petite histoire, six mois aprés la disparition de Julie, tout le monde l'avait déjà oubliée, sauf D'Alembert qui sombra dans une grande dépression.
Invité- Invité
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Je taquine, je taquine.l'amour menaçant a écrit:T'ention ! Julie un coucou ? J'en doute, c'est ma chouchoute...
Mais bien nourrie dans le nid de Mme du Deffand, puis dans celui de Mme Geoffrin...
Mais je l’ai dit, elle a bon coeur.
Je sais bien, si vous voulez.l'amour menaçant a écrit:Cependant, j'aimerais apporter une petite précision concernant D'Alembert (MON PREFERE :c^ùù!!: ) Geoffrin n'a pas pris D'Alembert à Mme du Deffand, c'est lui qui est parti afin de rejoindre Julie en autre. Il a fait son choix en tout état de cause.
Je voulais surtout préciser que Mme Geoffrin s’intéressait plus certainement à d’Alembert qu’à la petite Julie.
Ensuite, elle a été séduite, comme l’était son ami.
C’est une manière de voir les choses que je ne partage pas tout à fait.l'amour menaçant a écrit:Comme j'ai dis dans le sujet, Geoffrin la peut-être prise sous son aile, mais il y avait de l'intérêt là dessous.
Même si la Geoffrin a compris que le charme et la spontanéité de Julie agrémenteraient son salon, et qu’elle ferait aussi la nique à la mère Deffand, sa générosité et son attachement pour Julie étaient sincères.
Souviens-toi que tu es né poussière et que tu redeviendras poussière.l'amour menaçant a écrit:D'ailleurs pour la petite histoire, six mois aprés la disparition de Julie, tout le monde l'avait déjà oubliée, sauf D'Alembert qui sombra dans une grande dépression.
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Geoffrin recevait déjà D'Alembert avant de recevoir Julie, et même si elle éprouve beaucoup d'affection pour Julie elle n'en reste pas moins une femme d'ambition et qui sait calculer. Que ce soit Du Deffand, Geoffrin ou les autres, nous sommes face à des femmes de pouvoir dans une société de pouvoir, alors croire que leurs agissements ne sont dûs qu'à leur altruisme et leur générosité serait vraiment illusoire.
Invité- Invité
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Je sais. C’est pour cette raison que je disais qu’elle est ravie de le retrouver après son escapade chez Mme du Deffand, et qu’elle le retrouve en compagnie de Julie, puisqu’ils sont devenus inséparables.l'amour menaçant a écrit:Geoffrin recevait déjà D'Alembert avant de recevoir Julie,
Ce n’est pas ce que j’ai dit ; et je vous reprends de même en pensant, de mon côté, qu’elles ne sont pas, non plus, que des femmes de pouvoir et de calcul.l'amour menaçant a écrit:Que ce soit Du Deffand, Geoffrin ou les autres, nous sommes face à des femmes de pouvoir dans une société de pouvoir, alors croire que leurs agissements ne sont dûs qu'à leur altruisme et leur générosité serait vraiment illusoire.
Mme Geoffrin n’a jamais cessé de pensionner, sans que personne ne le sache, Julie de Lespinasse.
Y compris lorsqu’elle celle-ci a « monté » son propre salon.
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Dans ce cas je vous renvoie l'ascenseur mon ami, car je n'ai jamais dit qu'elles n'étaient que des femmes de pouvoir et de calcul, relisez mon post. Quand vous employez le terme "escapade" je trouve ça plutôt léger, car pour d'Alembert comme pour Julie qui ont fait partie de la société de Madame du Deffand, c'était loin d'une passade où l'on se retire quand on n'a plus envie de rester. Chaque individu est un enjeu pour les salonnières car leur obsession est que leur société perdure dans le temps (façon à elles de rentrer dans l'Histoire), dans sa correspondance Madame du Deffand en témoigne elle-même après la mort de sa nièce et fait savoir à qui veut l'entendre qu'elle aurait aimé que Julie disparaisse quinze avant, de cette façon elle n'aurait pas perdu d'Alembert ! Y a mieux pour témoigner sa cordialité, non ?
Invité- Invité
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Marmontel nous livre un peu l'étendu du problème relationnel entre Julie et sa tante Madame du Deffand :
"Mlle de Lespinasse, retirée dans sa petite chambre sur la cour du même couvent, ne se levait guère qu'une heure avant sa dame; mais cette heure si précieuse, dérobée à son esclavage (Entre-nous, il y a plus confortable pour un coucou ... ) était employée à recevoir chez elle ses amis personnels, d'Alembert, Chastellux, Turgot et moi de temps en temps. Or ces messieurs étaient aussi la compagnie habituelle de Mme du Deffand. Mais ils s'oubliaient quelquefois chez Mlle de Lespinasse, et c'était des moments qui lui étaient dérobés; aussi ce rendez-vous particulier était-il pour elle un mystère, car on prévoyait bien qu'elle en serait jalouse. Elle le découvrit, ce ne fut, à l'entendre, rien de moins qu'une trahison. Elle en fit les hauts cris, accusant cette pauvre fille de lui soustraire ses amis et déclarant qu'elle ne voulait plus nourrir ce serpent dans son sein."
N'aurait-elle pas été un tantinet "soupe au lait" cette bonne vieille Madame du Deffand, au demeurant si avenante, cher LNLN ?
"Mlle de Lespinasse, retirée dans sa petite chambre sur la cour du même couvent, ne se levait guère qu'une heure avant sa dame; mais cette heure si précieuse, dérobée à son esclavage (Entre-nous, il y a plus confortable pour un coucou ... ) était employée à recevoir chez elle ses amis personnels, d'Alembert, Chastellux, Turgot et moi de temps en temps. Or ces messieurs étaient aussi la compagnie habituelle de Mme du Deffand. Mais ils s'oubliaient quelquefois chez Mlle de Lespinasse, et c'était des moments qui lui étaient dérobés; aussi ce rendez-vous particulier était-il pour elle un mystère, car on prévoyait bien qu'elle en serait jalouse. Elle le découvrit, ce ne fut, à l'entendre, rien de moins qu'une trahison. Elle en fit les hauts cris, accusant cette pauvre fille de lui soustraire ses amis et déclarant qu'elle ne voulait plus nourrir ce serpent dans son sein."
N'aurait-elle pas été un tantinet "soupe au lait" cette bonne vieille Madame du Deffand, au demeurant si avenante, cher LNLN ?
Invité- Invité
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
l'amour menaçant a écrit:" Walpole, muni d'une lettre de recommandation lors de son premier séjour à Paris en 1765, rend d'abord à Madame Geoffrin de simples visites où il ne rencontre que la Duchesse de Cossé et une fois, Antoine-Léonard Thomas. Ce n'est que dans un second temps qu'il est convié à dîner un mercredi.
Faut-il préciser que cette duchesse de Cossé n'est autre que Adélaïde Diane Mancini, l'épouse de Louis Hercule de Brissac, alors duc de Cossé, le futur capitaine des Cent Suisses de Louis XVI. Elle est ici mentionnée dans l'intimité de Mme Geoffrin, n'étant autre que la fille du duc de Nevers, l'un des piliers du salon.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Eh bien, nous sommes donc quasi sur la même longueur d’ondes, tout compte fait... :\\\\\\\\:l'amour menaçant a écrit:Dans ce cas je vous renvoie l'ascenseur mon ami, car je n'ai jamais dit qu'elles n'étaient que des femmes de pouvoir et de calcul, relisez mon post.
Dites-donc, faut-il à ce point être précis avec les mots employés...? :l'amour menaçant a écrit:Quand vous employez le terme "escapade" je trouve ça plutôt léger, car pour d'Alembert comme pour Julie qui ont fait partie de la société de Madame du Deffand, c'était loin d'une passade où l'on se retire quand on n'a plus envie de rester.
Je ne saisis finalement pas où vous voulez en venir ?l'amour menaçant a écrit:Chaque individu est un enjeu pour les salonnières car leur obsession est que leur société perdure dans le temps (façon à elles de rentrer dans l'Histoire), dans sa correspondance Madame du Deffand en témoigne elle-même après la mort de sa nièce et fait savoir à qui veut l'entendre qu'elle aurait aimé que Julie disparaisse quinze avant, de cette façon elle n'aurait pas perdu d'Alembert ! Y a mieux pour témoigner sa cordialité, non ?
Je ne parlais pas de Mme du Deffand précisément, mais plus particulièrement de Mme Geoffrin.
Et quand même, au moment où elle écrit ceci, Mme du Deffand a fait une croix sur Mle de Lespinasse, qu’elle considère, depuis leur rupture, comme une traitresse ingrate.
D’Alembert était un enjeu, si vous voulez, mais aussi un proche, un protégé. Elle avait un coup de coeur pour lui : il n’était pas seulement un « produit ». Aussi rongée d’ambition la considérez-vous...
Enfin, à mon humble avis.
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Mais oui je suis d'accord avec vous sur le fait que Geoffrin était aussi une protectrice (c'est pas moi qui vais dire le contraire : ). Mais dès que je tente de vous faire comprendre qu'elle n'était pas que cela, vous vous obstinez à croire que je ne la vois que comme une mégère. Ce sont des femmes intelligentes, et qui savent mener "leur barque" mais parfois derrière la carapace on peut deviner une autre facette de ce qu'elles tentent de laisser voir, je posterai demain " l'aventure Stanislas", je l'appelle ainsi car elle considère le futur roi Stanislas comme son propre fils pendant un certain temps pourtant quand il sera déchu de son trône, elle se détournera peu à peu de lui...
Invité- Invité
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Rooh ! Entre-nous, il y a bien pire comme « esclavage » que de faire la lecture à une vieille dame, et lui tenir compagnie. boudoi29l'amour menaçant a écrit:
"Mlle de Lespinasse, retirée dans sa petite chambre sur la cour du même couvent, ne se levait guère qu'une heure avant sa dame; mais cette heure si précieuse, dérobée à son esclavage (Entre-nous, il y a plus confortable pour un coucou ...
Certes c’est une vieille bique capricieuse, mais Mme du Deffand lui avait laissé une sorte de choix (pas facile, je le reconnais... ) : le couvent, la misère, l’ensevelissement et l’oubli d’une fille illégitime dans une petite ville provinciale, ou sa compagnie à Paris (et elle l’avertie des contraintes et autres obligations).
Elle avait le (non) choix entre plusieurs sortes « d’esclavages » familiaux ou sociaux, mais bon... boudoi29
Pas facile d’être une femme rejetée par les siens, sans guère de fortune, et sans protection à cette époque.
Soupe au lait ? M’ouais.l'amour menaçant a écrit:N'aurait-elle pas été un tantinet "soupe au lait" cette bonne vieille Madame du Deffand, au demeurant si avenante, cher LNLN ?
Impérieuse, possessive, jalouse et, en l’occurence, femme blessée : certainement.
Et c’est la grosse goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
La petite Julie avait un coeur qui s’enflammait tout aussi promptement.
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Nous nous sommes sans doute mal compris, et nous nous aventurons du coup sur des hors-sujets.l'amour menaçant a écrit:Mais oui je suis d'accord avec vous sur le fait que Geoffrin était aussi une protectrice (c'est pas moi qui vais dire le contraire). Mais dès que je tente de vous faire comprendre qu'elle n'était pas que cela, vous vous obstinez à croire que je ne la vois que comme une mégère.
Mais poursuivez sur Mme Geoffrin, bien sûr...
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
C'est sûr ! Et je veux bien reconnaître de mon côté que Madame du Deffand étant une femme trés dépressive, ses débordements peuvent paraître alors à mes yeux parfois comme légitimes.( Bon, c'est pas trés français, mais la fin de la journée approche et je commence à fatiguer, mais je pense que vous avez compris
Invité- Invité
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
V'oui...
Même si, pour ce qui concerne cet ultime clash entre les deux femmes, je ne le mets pas sur le compte du caractère « dépressif » de Mme du Deffand.
Mais ce n’est pas le débat dans ce sujet ! boudoi26
Donc....l’aventure Stanislas ! :\\\\\\\\:
Même si, pour ce qui concerne cet ultime clash entre les deux femmes, je ne le mets pas sur le compte du caractère « dépressif » de Mme du Deffand.
Mais ce n’est pas le débat dans ce sujet ! boudoi26
Donc....l’aventure Stanislas ! :\\\\\\\\:
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Je tentais juste de lui trouver des circonstances aténuantes... à votre méch...gentiiiille grand-mère :
Invité- Invité
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Ah !?l'amour menaçant a écrit:Je tentais juste de lui trouver des circonstances aténuantes... à votre méch...gentiiiille grand-mère
C’est que, pour ma part, je ne lui en tiens guère rigueur, à vrai dire. boudoi26
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
En 1753, l'accueil de Stanislas Poniatowski chez Madame Geoffrin est d'abord chaleureux, mais il a vite fallu apprendre à filer doux. "Le petit garçon", "la grosse bête" ( comme elle se plaît à l'appeler ) se souvient encore des réprimandes de son hôtesse, le reprenant sur la naïveté de ses échanges avec le maréchal de Noailles ou le président Hénaut. Les grondements tyranniques tenaient lieu de pédagogie et d'imitation mondaine.
Si Stanislas appelle Madame Geoffrin : "Maman", il n'a pas l'exclusivité de ce terme, les jeunes étrangers de haut rang formés rue St Honoré : Kaunitz, le comte de Hessenstein, frère naturel du roi de Suède, et le futur Gustave III lui-même.
Geoffrin a donc cédé, comme d'autres à ces maternités spirituelles, trés à la mode au 18é siècle.
pour Maurice Hamon, le voyage de Varsovie a constitué en 1766, l'apogée de la renommée européenne de Madame Geoffrin, résultante d'une remarquable opération de relations publiques.
L'auteur s'interroge sur les motivations et les agissements de Geoffrin.
Quelle est la part de naïveté qui la fait se mêler, réellement ou non, de politique étrangère, au milieu du jeu des grandes puissances ?
Le 6 et 7 septembre 1764, Stanislas est élu à l'unanimité mais par 2000 électeurs seulement, ce qui trahit une trés forte abstention.
L'abondante correspondance entre Madame Geoffrin et le roi, à la disposition des historiens depuis fort longtemps ( publication de Charles de Mouÿ (1875) ) n'en soulève pas moins nombre de questions, la perte d'un certain nombre de lettres (Mme Geoffrin elle-même détruit des lettres du roi lors de leur brouille de 1768) L'ensemble est beaucoup plus avare de confidences politiques et diplomatiques que d'abondants détails sur les sentiments et effusions des deux protagonistes.
C'est ce déséquilibre qui a lancé le 19é siècle sur la fiction romantique d'un grand amour partagé entre Madame Geoffrin et le roi ( Barbey d'Aurevilly : "le plus bel amour du 18é siècle")
L'élection de Stanislas-Augute déclenche chez Madame Geoffrin une grande crise d'exaltation :
"Mon cher fils, mon cher roi [...] vous voilà trois personnes en une seule, vous êtes ma trinité ! [...] Je supplie votre Majesté de me donner ses belles mains à baiser et de les appuyer sur mon coeur."
Le leitmotiv de toute société aristocratique est de se rapprocher de toute part de la Cour. On peut donc voir ici que si Madame Geoffrin, déploie des trésors de sociabilité dans son cercle, elle peut néanmoins sortir de ses conventions afin de s'approprier une opportunité qui ne peut lui échapper. A un âge avancé, elle fera le voyage jusqu'à Varsovie pour être prés de son "cher fils" une fois roi, comme ci ne comptait plus que lui.
Nous verrons qu'elle va vite déchanter et finalement s'éloigner d'un roi pas à la hauteur de ses espérances.
Suite au prochain numéro
Si Stanislas appelle Madame Geoffrin : "Maman", il n'a pas l'exclusivité de ce terme, les jeunes étrangers de haut rang formés rue St Honoré : Kaunitz, le comte de Hessenstein, frère naturel du roi de Suède, et le futur Gustave III lui-même.
Geoffrin a donc cédé, comme d'autres à ces maternités spirituelles, trés à la mode au 18é siècle.
pour Maurice Hamon, le voyage de Varsovie a constitué en 1766, l'apogée de la renommée européenne de Madame Geoffrin, résultante d'une remarquable opération de relations publiques.
L'auteur s'interroge sur les motivations et les agissements de Geoffrin.
Quelle est la part de naïveté qui la fait se mêler, réellement ou non, de politique étrangère, au milieu du jeu des grandes puissances ?
Le 6 et 7 septembre 1764, Stanislas est élu à l'unanimité mais par 2000 électeurs seulement, ce qui trahit une trés forte abstention.
L'abondante correspondance entre Madame Geoffrin et le roi, à la disposition des historiens depuis fort longtemps ( publication de Charles de Mouÿ (1875) ) n'en soulève pas moins nombre de questions, la perte d'un certain nombre de lettres (Mme Geoffrin elle-même détruit des lettres du roi lors de leur brouille de 1768) L'ensemble est beaucoup plus avare de confidences politiques et diplomatiques que d'abondants détails sur les sentiments et effusions des deux protagonistes.
C'est ce déséquilibre qui a lancé le 19é siècle sur la fiction romantique d'un grand amour partagé entre Madame Geoffrin et le roi ( Barbey d'Aurevilly : "le plus bel amour du 18é siècle")
L'élection de Stanislas-Augute déclenche chez Madame Geoffrin une grande crise d'exaltation :
"Mon cher fils, mon cher roi [...] vous voilà trois personnes en une seule, vous êtes ma trinité ! [...] Je supplie votre Majesté de me donner ses belles mains à baiser et de les appuyer sur mon coeur."
Le leitmotiv de toute société aristocratique est de se rapprocher de toute part de la Cour. On peut donc voir ici que si Madame Geoffrin, déploie des trésors de sociabilité dans son cercle, elle peut néanmoins sortir de ses conventions afin de s'approprier une opportunité qui ne peut lui échapper. A un âge avancé, elle fera le voyage jusqu'à Varsovie pour être prés de son "cher fils" une fois roi, comme ci ne comptait plus que lui.
Nous verrons qu'elle va vite déchanter et finalement s'éloigner d'un roi pas à la hauteur de ses espérances.
Suite au prochain numéro
Invité- Invité
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Lucius a écrit:
Faut-il préciser que cette duchesse de Cossé n'est autre que Adélaïde Diane Mancini, l'épouse de Louis Hercule de Brissac, alors duc de Cossé, le futur capitaine des Cent Suisses de Louis XVI. Elle est ici mentionnée dans l'intimité de Mme Geoffrin, n'étant autre que la fille du duc de Nevers, l'un des piliers du salon.
... et cousine de Jules de Polignac !
Mme de Sabran- Messages : 55609
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le salon de Madame Geoffrin, de la Cour à la ville
Mme du Deffand surnommait Stanislas Poniatowski : le prince Geoffrin.
Et pour sa « maman » : La Geoffrinska.
La méchante... :
C’est le comte Poniatoswki, père de Stanislas, qui appelait Mme Geoffrin « ma femme ».
Il lui envoie son fils pour « parfaire » son éducation, à Paris.
Il a 21 ans, et sa mère vient de mourir. Il restera quelques mois chez Mme Geoffrin.
Et pour sa « maman » : La Geoffrinska.
La méchante... :
C’est le comte Poniatoswki, père de Stanislas, qui appelait Mme Geoffrin « ma femme ».
Il lui envoie son fils pour « parfaire » son éducation, à Paris.
Il a 21 ans, et sa mère vient de mourir. Il restera quelques mois chez Mme Geoffrin.
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
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