Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
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Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
Marie-Antoinette, d'après Krantzinger.
(C) RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet
"Conservé au château de Versailles, ce portrait de la Dauphine Marie-Antoinette a été considéré de manière infondée comme une copie de Jean-Baptiste Charpentier réalisée à l'huile, d'après l'un des pastels peints à Vienne par Joseph Ducreux, en 1769. Il pourrait en fait s'agir d'une copie d'après le portrait réalisé par Krantzinger." (Xavier Salmon, "Marie-Antoinette, images d'un destin").
(C) RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet
"Conservé au château de Versailles, ce portrait de la Dauphine Marie-Antoinette a été considéré de manière infondée comme une copie de Jean-Baptiste Charpentier réalisée à l'huile, d'après l'un des pastels peints à Vienne par Joseph Ducreux, en 1769. Il pourrait en fait s'agir d'une copie d'après le portrait réalisé par Krantzinger." (Xavier Salmon, "Marie-Antoinette, images d'un destin").
Invité- Invité
Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger
Majesté a écrit
Dim 3 Mai 2009 - 20:13
Voici un portrait de la nouvelle Dauphine par Krantzinger, d'après Ducreux :
Bien à vous.
La nuit, la neige te répond:
Eh bien, il m'intéresse car je crois ne l'avoir jamais vu !
As-tu l'image en pied ou seulement ce découpé ?
Sais-tu où il est conservé ?
Sûr qu'il s'agit d'un Krantzinger ?
En effet, le visage et la coiffe de perles nous rappelle tout à fait celui de Ducreux.
Cependant, j'y vois aussi, dans sa mise en scène (un bras le long du corps, l'autre qui désigne la couronne, le fauteuil et son jeté d'étoffe, le portrait en pied réalisé par Drouais en 1773).
Un mix de Drouais et Ducreux.
Dommage qu'il ne soit pas plus connu et en couleurs, car il est très beau.
La légende sur le tableau même, qui n'est pas si fréquente, me rappelle aussi celles des tableaux collectionnés par Marie-Thérèse dans le palais impérial d'Innsbruck.
Nous avions présenté dans le boudoir, l'un de ceux-ci, réalisé par Hautzinger.
Malheureusement, le site internet du musée est nullissime, on ne retrouve aucune base de données concernant les oeuvres ! boudoi29
Dim 3 Mai 2009 - 20:13
Voici un portrait de la nouvelle Dauphine par Krantzinger, d'après Ducreux :
Bien à vous.
La nuit, la neige te répond:
Eh bien, il m'intéresse car je crois ne l'avoir jamais vu !
As-tu l'image en pied ou seulement ce découpé ?
Sais-tu où il est conservé ?
Sûr qu'il s'agit d'un Krantzinger ?
En effet, le visage et la coiffe de perles nous rappelle tout à fait celui de Ducreux.
Cependant, j'y vois aussi, dans sa mise en scène (un bras le long du corps, l'autre qui désigne la couronne, le fauteuil et son jeté d'étoffe, le portrait en pied réalisé par Drouais en 1773).
Un mix de Drouais et Ducreux.
Dommage qu'il ne soit pas plus connu et en couleurs, car il est très beau.
La légende sur le tableau même, qui n'est pas si fréquente, me rappelle aussi celles des tableaux collectionnés par Marie-Thérèse dans le palais impérial d'Innsbruck.
Nous avions présenté dans le boudoir, l'un de ceux-ci, réalisé par Hautzinger.
Malheureusement, le site internet du musée est nullissime, on ne retrouve aucune base de données concernant les oeuvres ! boudoi29
Mme de Sabran- Messages : 54619
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
La nuit, la neige- Messages : 17777
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
Le troisième portrait (en noir et blanc ) présente une grâce que les autres n'ont pas... boudoi30
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
Paradoxale Marie-Thérèse... Dans ses lettres, elle ne cessait de reprocher à sa fille ses "cavalcades" et elle racontait pis que pendre sur les dangers du "monter à cheval".
Cependant, lorsque Marie Antoinette lui envoya ce pastel (réplique d'une huile peinte en 1771 par Krantzinger), l'impératrice se réjouit bruyamment. Toute la famille adore, tout le monde reconnaît parfaitement la chère Madame Antoine, c'est comme si elle était là, vivante... Sur le fait que le modèle soit en habit d'amazone, pas un mot! :
Bien à vous.
Cependant, lorsque Marie Antoinette lui envoya ce pastel (réplique d'une huile peinte en 1771 par Krantzinger), l'impératrice se réjouit bruyamment. Toute la famille adore, tout le monde reconnaît parfaitement la chère Madame Antoine, c'est comme si elle était là, vivante... Sur le fait que le modèle soit en habit d'amazone, pas un mot! :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
C'est vrai que je ne m'étais jamais fait la réflexion !
Ne serait-ce pas une provovation de la part de Marie-Antoinette envers sa mère ?
A quinze ans, c'est typique ! :
Ne serait-ce pas une provovation de la part de Marie-Antoinette envers sa mère ?
A quinze ans, c'est typique ! :
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
Des portraits que nous n'avions pas encore présentés ici...
Joseph Krantzinger réalisera, en 1770, deux portraits de la jeune Marie-Antoinette.
L'un en tenue de cour, qui lui est attribué :
Et l'autre en tenue de chasse, dont nous connaissons deux versions à ce jour.
- Celle présentée par Majesté, plus haut, est conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne.
Il s'agit de l'une des répliques commandée à l'artiste, en 1771, par l'impératrice Marie-Thérèse. Elle aimait tant ce pastel qu'il était disposé dans ses cabinets intérieurs.
Joseph Kranzinger : Marie Antoinette in a red hunting habit
Pastel on vellum
Photo : Schloß Schönbrunn Kultur- und Betriebsges.m.b.H
- Le portrait original aurait été réalisé pour l'appartement de Mesdames, à Versailles.
Il fut donc l'objet de plusieurs répliques : l'une pour Marie-Thérèse donc, une autre offerte en 1772 à la marquise de Flers, et celle qui appartient à la famille de Noailles (collection du duc de Mouchy).
Celui-ci est également conservé à Vienne, au sein d'une collection particulière :
Dans son livre Portraits de femmes, Olivier Blanc évoque ce portrait en ces termes, que je cite (extraits) :
(...) il la représenta en habit de chasse, reprenant l'idée de Drouais qui avait si bien réussi le portrait de Mme du Barry dans un costume identique.
Je n'ai pas retrouvé sur le net l'original de ce portrait, mais une des nombreuses gravures d'après celui-ci, ainsi qu'une variante :
Voir aussi notre sujet : Portraits de Marie-Antoinette en habit de cavalière
Joseph Krantzinger réalisera, en 1770, deux portraits de la jeune Marie-Antoinette.
L'un en tenue de cour, qui lui est attribué :
Et l'autre en tenue de chasse, dont nous connaissons deux versions à ce jour.
- Celle présentée par Majesté, plus haut, est conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne.
Il s'agit de l'une des répliques commandée à l'artiste, en 1771, par l'impératrice Marie-Thérèse. Elle aimait tant ce pastel qu'il était disposé dans ses cabinets intérieurs.
Joseph Kranzinger : Marie Antoinette in a red hunting habit
Pastel on vellum
Photo : Schloß Schönbrunn Kultur- und Betriebsges.m.b.H
- Le portrait original aurait été réalisé pour l'appartement de Mesdames, à Versailles.
Il fut donc l'objet de plusieurs répliques : l'une pour Marie-Thérèse donc, une autre offerte en 1772 à la marquise de Flers, et celle qui appartient à la famille de Noailles (collection du duc de Mouchy).
Celui-ci est également conservé à Vienne, au sein d'une collection particulière :
Dans son livre Portraits de femmes, Olivier Blanc évoque ce portrait en ces termes, que je cite (extraits) :
(...) il la représenta en habit de chasse, reprenant l'idée de Drouais qui avait si bien réussi le portrait de Mme du Barry dans un costume identique.
Je n'ai pas retrouvé sur le net l'original de ce portrait, mais une des nombreuses gravures d'après celui-ci, ainsi qu'une variante :
Voir aussi notre sujet : Portraits de Marie-Antoinette en habit de cavalière
La nuit, la neige- Messages : 17777
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
Re: Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
Merci, chère Yolande .Yolande a écrit:Ce devrait être le même portrait. Je m'excuse pour la résolution de l'image mais c'est un frame...
Est-ce que quelqu'un sait où il se trouve? Ce serait bien de voir le tableau dans un meilleur rendu et en entier...
Oui, c'est bien le même portrait, détails de la toilette, motif sur la manche ...
J'ignore totalement où il peut bien se trouver !
Vous n'avez rien de plus ? ... aucune explication ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54619
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
Malheureusement non, mais je pensais que cela pourrait être un dessus-de-porte de la Hofburg à Innsbruck
Re: Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
Cela y ressemble, vous avez raison, et j'ignore encore d'où sort cette attribution à Kranzinger évoquée au début de ce sujet...
Espérons que notre ami Bonnefoy du Plan lisent nos messages : il connaît comme personne tous les portraits de Marie-Antoinette.
Cependant, et pour revenir à la galerie de portraits du "Riesensaal" d'Innsbruck, je ne pense pas que Marie-Antoinette ait été reléguée sur un dessus de porte. Dans cette galerie, la famille impériale autrichienne est généralement représentée en pied ; ce sont les "bouts rattachés" qui sont dessinés mi corps et disposés au dessus de leurs époux, épouses ou fiancé(e)s...
Ici donc, c'est bien Louis XVI qui se trouve au dessus du portrait de Marie-Antoinette (à gauche de l'image) :
Les collections en ligne des musées allemands ou autrichiens étant catastrophiques, nullissimes, lamentables (en comparaison de celles des institutions ou musées anglo-américains), il est très difficile d'avoir accès à de bonnes images et à des informations intéressantes !
Ainsi, je n'ai jamais accompli cette tâche que j'évoquais, bien pompeusement, ici :
Portraits de la famille impériale par Martin van Meytens et son atelier
Espérons que notre ami Bonnefoy du Plan lisent nos messages : il connaît comme personne tous les portraits de Marie-Antoinette.
Cependant, et pour revenir à la galerie de portraits du "Riesensaal" d'Innsbruck, je ne pense pas que Marie-Antoinette ait été reléguée sur un dessus de porte. Dans cette galerie, la famille impériale autrichienne est généralement représentée en pied ; ce sont les "bouts rattachés" qui sont dessinés mi corps et disposés au dessus de leurs époux, épouses ou fiancé(e)s...
Ici donc, c'est bien Louis XVI qui se trouve au dessus du portrait de Marie-Antoinette (à gauche de l'image) :
Les collections en ligne des musées allemands ou autrichiens étant catastrophiques, nullissimes, lamentables (en comparaison de celles des institutions ou musées anglo-américains), il est très difficile d'avoir accès à de bonnes images et à des informations intéressantes !
Ainsi, je n'ai jamais accompli cette tâche que j'évoquais, bien pompeusement, ici :
Portraits de la famille impériale par Martin van Meytens et son atelier
La nuit, la neige- Messages : 17777
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
Le tableau sur lequel s’est arrêté Yolande se rattache aux derniers aménagements des appartements impériaux d’Innsbruck dans la décennie 1770, à la fin du règne de Marie-Thérèse.
Les portraits de famille multipliés par l’impératrice pour la décoration des différents palais impériaux constituent un sujet très intéressant à creuser, plus sans doute pour étudier les usages d’une telle production que pour se réjouir d’une contribution majeure à l’histoire de l’art…
Plusieurs livres peuvent être recommandés sur le sujet, certains assez récents, publiés à l’occasion du tricentenaire de l’impératrice en 2017 (en anglais ou allemand).
Je vous signalerai notamment …
L’intérieur est aussi austère que la couverture mais il contient une succession d’articles très riches et bien illustrés (uniquement en noir et blanc, un comble pour un livre de 2017 !)
Un autre livre concerne la collection accumulée par l’archiduchesse Marie-Anne à Klagenfurt. Nous en avions déjà parlé lors de nos échanges autour du fameux portrait de la série du Maître des Archiduchesses où les conservateurs autrichiens voient désormais Marie-Josèphe et non plus Marie-Antoinette.
Retour sur la série qui montre que tout n’est pourtant pas si simple :
histoires d'archiduchesses...
Enfin, il faut aussi mentionner une thèse en français, qui nous a été indiquée par Madame de Sabran. Elle déborde notre sujet mais se penche avec précision sur les usages du portrait sous le règne de Marie-Thérèse. De plus, il est très facile de la télécharger en ligne : Les portraits de Marie-Thérèse : échange et pouvoir entre la souveraine et les élites politiques de la Monarchie Anne-Sophie Banakas (HAL, archives ouvertes).
Les portraits de Marie-Thérèse
Nous découvrons dans le livre sur les collections de Marie-Anne à Klagenfurt les illustrations de tous les tableaux réunis par l’archiduchesse dans sa résidence de Carinthie, parmi lesquelles un inédit de Marie-Antoinette qui en son temps a réjoui le Forum et dont il est permis de penser le plus grand bien du modèle original (perdu ? caché ?) tant la copie d’usage pour Marie-Anne est déjà satisfaisante.
Je trouve dans ce livre sur Klagenfurt une illustration qui se rapproche en tout point du portrait de Marie-Antoinette qui nous intéresse. Il s’agit d’un de ses frères, l’archiduc Maximilien, et le format est identique à celui du tableau de la reine (72x165cm pour Maximilien ; 73 x163,5cm pour Marie-Antoinette).
Ce portrait rectangulaire de Maximilien s’inspire du tableau en dessus de porte conservé à la Hofburg d’Innsbruck, où il est exposé dans la Lothringerzimmer (Le Salon de Lorraine), qui fait suite à l’immense salle où sont accrochés les tableaux en pied de la famille de Marie-Thérèse et François-Etienne (Familiensaal). Il en garde le format et, si la composition est quelque peu modifiée et moins solennelle, le visage reste identique. Il faut imaginer le tableau de Marie-Antoinette installé de cette manière dans une autre salle d’Innsbruck (ce qu’un archiviste devrait pouvoir retrouver).
image Internet
Le portrait de Marie-Antoinette est aujourd’hui conservé dans les réserves du Kunsthistorisches Museum (Inventaire GG_3856) et j’en ai obtenu cette image à peu près correcte il y a quelques années.
image Kunsthistorisches Museum
Peu importe d’ailleurs si l’image est de qualité médiocre car nous ne contemplons pas un chef d’œuvre…
Vous apprécierez notamment ce détail qui fait de ce tableau une sorte de représentation de Marie-Antoinette à la grosse paluche.
Plus sérieusement, nous pouvons rattacher ce portrait à un ensemble de représentations peintes en Autriche après le départ de Marie-Antoinette alors même que Marie-Thérèse poursuit la décoration de ses palais, et notamment celui d’Innsbruck où l’empereur est mort en 1765. Ces tableaux sont réalisés tantôt en « vieillissant » des portraits anciens de l’archiduchesse, tantôt en s’inspirant des portraits envoyés depuis Versailles, même s’ils ne donnent guère satisfaction dans la décennie 1770. Sans doute faut-il pencher ici pour la deuxième hypothèse. Il faut donc souligner que ces portraits n’ont pas de véritable intérêt iconographique, ils valent avant tout pour ce qu’ils illustrent des pratiques visuelles et des usages du portrait de famille à la cour de Marie-Thérèse. Exprimé différemment, leur intérêt est au mieux secondaire;
Peints pour des emplacements prédéterminés, ces portraits affichent des formats improbables, qui – c’est le cas ici – défient le bon sens et tutoient parfois le mauvais goût. Ainsi, le tableau de Marie-Antoinette n’a-t-il pas été découpé car il a bien été peint pour servir de dessus de porte. Il semble que toute la fratrie fut réunie dans différentes salles des appartements impériaux d’Innsbruck. C’est un peu de la peinture au mètre carré et l’on s’attache à combler tous les vides sans prétendre au chef d’œuvre.
Selon l’adage bien connu de l’impératrice, qu’importe la ressemblance pourvu qu’on ait l’allure ! Personnellement;, ça se discute!
J’ajoute cet autre exemple, toujours à Innsbruck (est-ce la Lothringerzimmer ou une autre ?), avec Elisabeth-Thérèse de Sardaigne, née Lorraine, représentée in situ au-dessus de sa porte:
image Internet
Un autre exemple de ces portraits peints « au format » existe à Innsbruck avec deux tableaux du couple royal français dont on peut également penser qu’ils ont été peints pour être coincés entre des portes ou des fenêtres (je confirme que les images respectent scrupuleusement les formats originaux).
image Hofburg Innsbruck
image Hofburg Innsbruck
Une légende tenace a longtemps attribué à Duplessis le portrait de Marie-Antoinette, épaississant encore un peu plus les imprécisions autour de l’iconographie de la reine par le peintre de Carpentras. Aujourd’hui attribué de façon problématique à l’école française par les conservateurs autrichiens ( !) , le tableau fait pendant au portrait du roi. Le visage de Louis XVI reprend le modèle de Duplessis en 1775, celui de la reine correspond peut-être à l’un de ces portraits « parfaitement mauvais » auquel Mercy fait allusion dans sa lettre au baron de Neny, secrétaire de l »impératrice, en janvier 1775. Rien stylistiquement ne permet d’attribuer ces morceaux à Duplessis et rien ne les rattache non plus à l’école française dont ils s’écartent et par le style et par l’esprit. Marie-Antoinette est représentée couverte de bijoux, faisant la reine, statique et raide comme un mannequin. La couronne à son côté est disproportionnée et – comme celle du roi – sans relation aucune avec celles qui sont peintes sur les portraits français. Le roi et la reine sont littéralement comprimés à l’intérieur d’un cadre beaucoup trop étroit pour une figuration solennelle et les dimensions mesquines des deux effigies suggèrent bien que les tableaux ont été peints sur mesure dans le but d’être insérés dans quelque boiserie ou panneau. C’est un usage très utilitaire de la peinture et des portraits de famille à la Cour de Vienne qui se révèle ici. Il est permis de penser que ces deux portraits sont peints à la demande de l’impératrice à partir des modèles alors disponibles, pour les emplacements prédéfinis d’une pièce spécifique dans une des résidences impériales.
Je retiens pour ma part que tous ces portraits valent essentiellement pour illustrer les pratiques visuelles et les usages du portrait de famille à la cour de Marie-Thérèse. Je trouve d’un absolu ridicule les commentaires qui tendent à déceler sur ces images peintes en l’absence du modèle les accents d’une sincérité qui ferait prétendument défaut aux artistes devant qui la reine a vraiment posé…
Merci cher LNLN mais ne me perchez pas sur l'Aventin,
même si j'y serais vite rejoint par plus d'une contributrice, plus d'un contributeur, de cette aimable assemblée…
Ceci dit, je prépare un grand coup et n’hésite pas à prendre le risque de l’annoncer comme tel.
Rendez-vous le 25 août, jour de la Saint-Louis, 240 ans après l’ouverture du salon de 1783.
Mais j’en ai déjà trop dit, et vous êtes déjà sur la piste…
Les portraits de famille multipliés par l’impératrice pour la décoration des différents palais impériaux constituent un sujet très intéressant à creuser, plus sans doute pour étudier les usages d’une telle production que pour se réjouir d’une contribution majeure à l’histoire de l’art…
Plusieurs livres peuvent être recommandés sur le sujet, certains assez récents, publiés à l’occasion du tricentenaire de l’impératrice en 2017 (en anglais ou allemand).
Je vous signalerai notamment …
L’intérieur est aussi austère que la couverture mais il contient une succession d’articles très riches et bien illustrés (uniquement en noir et blanc, un comble pour un livre de 2017 !)
Un autre livre concerne la collection accumulée par l’archiduchesse Marie-Anne à Klagenfurt. Nous en avions déjà parlé lors de nos échanges autour du fameux portrait de la série du Maître des Archiduchesses où les conservateurs autrichiens voient désormais Marie-Josèphe et non plus Marie-Antoinette.
Retour sur la série qui montre que tout n’est pourtant pas si simple :
histoires d'archiduchesses...
Enfin, il faut aussi mentionner une thèse en français, qui nous a été indiquée par Madame de Sabran. Elle déborde notre sujet mais se penche avec précision sur les usages du portrait sous le règne de Marie-Thérèse. De plus, il est très facile de la télécharger en ligne : Les portraits de Marie-Thérèse : échange et pouvoir entre la souveraine et les élites politiques de la Monarchie Anne-Sophie Banakas (HAL, archives ouvertes).
Les portraits de Marie-Thérèse
Nous découvrons dans le livre sur les collections de Marie-Anne à Klagenfurt les illustrations de tous les tableaux réunis par l’archiduchesse dans sa résidence de Carinthie, parmi lesquelles un inédit de Marie-Antoinette qui en son temps a réjoui le Forum et dont il est permis de penser le plus grand bien du modèle original (perdu ? caché ?) tant la copie d’usage pour Marie-Anne est déjà satisfaisante.
Je trouve dans ce livre sur Klagenfurt une illustration qui se rapproche en tout point du portrait de Marie-Antoinette qui nous intéresse. Il s’agit d’un de ses frères, l’archiduc Maximilien, et le format est identique à celui du tableau de la reine (72x165cm pour Maximilien ; 73 x163,5cm pour Marie-Antoinette).
Ce portrait rectangulaire de Maximilien s’inspire du tableau en dessus de porte conservé à la Hofburg d’Innsbruck, où il est exposé dans la Lothringerzimmer (Le Salon de Lorraine), qui fait suite à l’immense salle où sont accrochés les tableaux en pied de la famille de Marie-Thérèse et François-Etienne (Familiensaal). Il en garde le format et, si la composition est quelque peu modifiée et moins solennelle, le visage reste identique. Il faut imaginer le tableau de Marie-Antoinette installé de cette manière dans une autre salle d’Innsbruck (ce qu’un archiviste devrait pouvoir retrouver).
image Internet
Le portrait de Marie-Antoinette est aujourd’hui conservé dans les réserves du Kunsthistorisches Museum (Inventaire GG_3856) et j’en ai obtenu cette image à peu près correcte il y a quelques années.
image Kunsthistorisches Museum
Peu importe d’ailleurs si l’image est de qualité médiocre car nous ne contemplons pas un chef d’œuvre…
Vous apprécierez notamment ce détail qui fait de ce tableau une sorte de représentation de Marie-Antoinette à la grosse paluche.
Plus sérieusement, nous pouvons rattacher ce portrait à un ensemble de représentations peintes en Autriche après le départ de Marie-Antoinette alors même que Marie-Thérèse poursuit la décoration de ses palais, et notamment celui d’Innsbruck où l’empereur est mort en 1765. Ces tableaux sont réalisés tantôt en « vieillissant » des portraits anciens de l’archiduchesse, tantôt en s’inspirant des portraits envoyés depuis Versailles, même s’ils ne donnent guère satisfaction dans la décennie 1770. Sans doute faut-il pencher ici pour la deuxième hypothèse. Il faut donc souligner que ces portraits n’ont pas de véritable intérêt iconographique, ils valent avant tout pour ce qu’ils illustrent des pratiques visuelles et des usages du portrait de famille à la cour de Marie-Thérèse. Exprimé différemment, leur intérêt est au mieux secondaire;
Peints pour des emplacements prédéterminés, ces portraits affichent des formats improbables, qui – c’est le cas ici – défient le bon sens et tutoient parfois le mauvais goût. Ainsi, le tableau de Marie-Antoinette n’a-t-il pas été découpé car il a bien été peint pour servir de dessus de porte. Il semble que toute la fratrie fut réunie dans différentes salles des appartements impériaux d’Innsbruck. C’est un peu de la peinture au mètre carré et l’on s’attache à combler tous les vides sans prétendre au chef d’œuvre.
Selon l’adage bien connu de l’impératrice, qu’importe la ressemblance pourvu qu’on ait l’allure ! Personnellement;, ça se discute!
J’ajoute cet autre exemple, toujours à Innsbruck (est-ce la Lothringerzimmer ou une autre ?), avec Elisabeth-Thérèse de Sardaigne, née Lorraine, représentée in situ au-dessus de sa porte:
image Internet
Un autre exemple de ces portraits peints « au format » existe à Innsbruck avec deux tableaux du couple royal français dont on peut également penser qu’ils ont été peints pour être coincés entre des portes ou des fenêtres (je confirme que les images respectent scrupuleusement les formats originaux).
image Hofburg Innsbruck
image Hofburg Innsbruck
Une légende tenace a longtemps attribué à Duplessis le portrait de Marie-Antoinette, épaississant encore un peu plus les imprécisions autour de l’iconographie de la reine par le peintre de Carpentras. Aujourd’hui attribué de façon problématique à l’école française par les conservateurs autrichiens ( !) , le tableau fait pendant au portrait du roi. Le visage de Louis XVI reprend le modèle de Duplessis en 1775, celui de la reine correspond peut-être à l’un de ces portraits « parfaitement mauvais » auquel Mercy fait allusion dans sa lettre au baron de Neny, secrétaire de l »impératrice, en janvier 1775. Rien stylistiquement ne permet d’attribuer ces morceaux à Duplessis et rien ne les rattache non plus à l’école française dont ils s’écartent et par le style et par l’esprit. Marie-Antoinette est représentée couverte de bijoux, faisant la reine, statique et raide comme un mannequin. La couronne à son côté est disproportionnée et – comme celle du roi – sans relation aucune avec celles qui sont peintes sur les portraits français. Le roi et la reine sont littéralement comprimés à l’intérieur d’un cadre beaucoup trop étroit pour une figuration solennelle et les dimensions mesquines des deux effigies suggèrent bien que les tableaux ont été peints sur mesure dans le but d’être insérés dans quelque boiserie ou panneau. C’est un usage très utilitaire de la peinture et des portraits de famille à la Cour de Vienne qui se révèle ici. Il est permis de penser que ces deux portraits sont peints à la demande de l’impératrice à partir des modèles alors disponibles, pour les emplacements prédéfinis d’une pièce spécifique dans une des résidences impériales.
Je retiens pour ma part que tous ces portraits valent essentiellement pour illustrer les pratiques visuelles et les usages du portrait de famille à la cour de Marie-Thérèse. Je trouve d’un absolu ridicule les commentaires qui tendent à déceler sur ces images peintes en l’absence du modèle les accents d’une sincérité qui ferait prétendument défaut aux artistes devant qui la reine a vraiment posé…
La nuit, la neige a écrit:Espérons que notre ami Bonnefoy du Plan lisent nos messages : il connaît comme personne tous les portraits de Marie-Antoinette.
Merci cher LNLN mais ne me perchez pas sur l'Aventin,
même si j'y serais vite rejoint par plus d'une contributrice, plus d'un contributeur, de cette aimable assemblée…
Ceci dit, je prépare un grand coup et n’hésite pas à prendre le risque de l’annoncer comme tel.
Rendez-vous le 25 août, jour de la Saint-Louis, 240 ans après l’ouverture du salon de 1783.
Mais j’en ai déjà trop dit, et vous êtes déjà sur la piste…
_________________
" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 388
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
Merci beaucoup. Je cherchais des informations sur le portrait depuis des années. C'est vraiment très beau! Merci pour la qualité de l'image.
Re: Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
Ah ! Je le savais : notre ami a (bonne) réponse à tous les portraits de la reine !
Merci beaucoup, cher Bonnefoy, pour ces images et pour tous ces intéressants commentaires.
Il ne me reste plus qu'à renommer ce sujet et/ou fusionner nos messages ailleurs.
Merci beaucoup, cher Bonnefoy, pour ces images et pour tous ces intéressants commentaires.
Il ne me reste plus qu'à renommer ce sujet et/ou fusionner nos messages ailleurs.
La nuit, la neige- Messages : 17777
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
Taratata !Bonnefoy du Plan a écrit:La nuit, la neige a écrit:Espérons que notre ami Bonnefoy du Plan lisent nos messages : il connaît comme personne tous les portraits de Marie-Antoinette.
Merci cher LNLN mais ne me perchez pas sur l'Aventin,
Vous venez à nouveau, cher Bonnefoy, de nous en faire une brillante démonstration .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54619
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette par et d'après Joseph Krantzinger (Kranzinger)
La robe que porte la reine me fait penser à celle d'un portrait célèbre de Marie Leczinska.....
lolo- Messages : 44
Date d'inscription : 20/12/2021
Age : 60
Localisation : lyon
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