Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
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La nuit, la neige
MARIE ANTOINETTE
Lucius
Mme de Sabran
Comte d'Hézècques
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Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
Cet ouvrage est un témoignage précieux sur la France à la veille de la Révolution.
Ce récit de voyage de l’allemande Sophie de La Roche offre un témoignage direct et vivant sur la France de 1785, traversée de Strasbourg à Bordeaux, en passant par Paris, comptant aussi une escapade au Havre pour voir la mer.
C’est un des témoignages les plus complets sur la capitale française et sur la métropole girondine avant 1789. Il a échappé jusqu’à aujourd’hui (sauf sa partie bordelaise) à l’historiographie française, probablement par absence de traduction.
Ce témoignage est moins « technique » que celui d’Arthur Young mais tout aussi irremplaçable. Il s’intéresse aux réalités sociologiques et culturelles des contrées traversées de la Champagne à l’Angoumois en passant par l’Ile de France, la Touraine et le Poitou.
Sophie offre une vision très réaliste de la capitale. La grande ville moderne où se côtoient la misère et la richesse, la pauvreté et le luxe a fait son entrée dans la littérature de voyage. La Révolution n’est ni annoncée ni envisagée, mais le lecteur ne peut s’empêcher de la pressentir.
Témoignage inoubliable donc qui confirme ou contredit, mais le plus souvent complète les grandes descriptions de Louis Sébastien Mercier ou même de Restif de la Bretonne.
Neuve et moderne est aussi l’attention portée par l’auteur au sort des femmes : éducation, travaux, maternité, rôle social et culturel sont scrutés et décrits avec beaucoup de précision et d’empathie, avec un regard déjà consciemment féministe.
Le « Journal » est également un « reportage » au sens journalistique du terme. Il fait assister à quelques « événements » politiques de l’année 1785 et voir des personnages importants de l’époque. A commencer par Louis XVI et Marie Antoinette. Sophie von La Roche a assisté à l’entrée du roi à Paris pour célébrer la naissance de son deuxième fils. Elle a vu les bousculades autour des voitures royales. Elle a remarqué le silence qui entoura l’entrée de la reine quelques semaines plus tard. Description précise aussi de Versailles, lieu de pouvoir mais également de représentation de la monarchie. Décorum et étiquette sont présentés in vivo.
Les Editions de l’Entre-deux-Mers proposent donc un ouvrage exceptionnel, traduit pour la première fois en français, qui fait littéralement « revivre » l’ancien Régime alors qu’il ignorait encore que ses jours étaient comptés. Un ouvrage indispensable pour comprendre l’atmosphère de cette époque avant qu’elle ne bascule dans un monde tout différent.
L’auteur : une romancière allemande cultivée.
Sophie La Roche (1730-1807) née Gutermann, s’est fait connaître en Allemagne et en Europe, à partir de 1771, grâce à son roman L’histoire de madame de Sternheim, traduit en français quelques années plus tard. Ce premier roman féminin allemand est suivi d’autres (Les lettres de Rosalie) qui ajoutent à sa notoriété. De 1771 à 1780, elle a tenu près de Coblence un véritable salon littéraire, fréquenté par des auteurs tels Goethe, Wieland auquel elle fut dans sa jeunesse fiancée, les frères Jacobi, Lavater, Heinse et d’autres. En 1783, elle lance une revue Pomona pour les filles d’Allemagne qui connaît pendant deux ans un succès remarqué. Après quoi, elle entreprend un voyage en Suisse, puis en France. Elle en fait le récit dans ce Journal d’un voyage à travers la France qui paraît en 1787, mais qui n’a jamais été réédité depuis, ni jamais traduit en français. Elle connaît aujourd’hui un regain d’intérêt en Allemagne, et dans le monde anglo-saxon, notamment en raison de son féminisme modéré mais affirmé. On redécouvre à cette occasion la modernité de son regard et de son écriture.
Tout en restant allemande, on sent cette femme des Lumières, grande admiratrice de Rousseau et de Montesquieu, éloignée de tout nationalisme, bien intégrée dans l’Europe culturelle de son temps, ce qui renforce la valeur de son témoignage.
Texte tiré du site des Editions de l'Entre-deux-Mers : http://www.editions-entre2mers.com/ouvrage/journal-dun-voyage-a-travers-la-france/
(En 2013, l’ouvrage Journal d’un voyage à travers la France, 1785 de Sophie Von La Roche, a été choisi par le jury du Cercle des amis de Montesquieu (La Brède) pour recevoir le 6ème prix Montesquieu)
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
... ça a l'air hyper intéressant !
Invité- Invité
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
En effet ! Merci, cher Félix .
Mme de Sabran- Messages : 55383
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
très intéressant en effet, alléchant !
Et pour cause, ça n'existe pas encore :éloignée de tout nationalisme
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
... le terme, mais la chose
Mme de Sabran- Messages : 55383
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
Nous avions déjà évoqué ce récit en le comparant avec le journal de MADAME CRADOCK qui voyageait en FRANCE de 1783 à 1786, mais c'était dans un autre temps - 2013...... il est possible de le lire ce voyage sur GALLICA.
Nos jardiniers pourraient aller "butiner" je trouve le terme plus joli que boutonner afin de mettre cette conversation sur les pages du FORUM .
D'avance Merci.
MARIE ANTOINETTE àè-è\':
Nos jardiniers pourraient aller "butiner" je trouve le terme plus joli que boutonner afin de mettre cette conversation sur les pages du FORUM .
D'avance Merci.
MARIE ANTOINETTE àè-è\':
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3725
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
Oui, je m’en souviens.MARIE ANTOINETTE a écrit:Nous avions déjà évoqué ce récit en le comparant avec le journal de MADAME CRADOCK qui voyageait en FRANCE de 1783 à 1786, mais c'était dans un autre temps
J’aime beaucoup les récits de voyage !
La nuit, la neige- Messages : 18096
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
MARIE ANTOINETTE a écrit:Nous avions déjà évoqué ce récit en le comparant avec le journal de MADAME CRADOCK qui voyageait en FRANCE de 1783 à 1786, mais c'était dans un autre temps - 2013...... il est possible de le lire ce voyage sur GALLICA.
Je me rappelle en effet des extraits que vous avez publiés dans le ci-devant boudoir !
Voici le lien vers le texte du récit de Mme Cradock : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1028087
Quant au récit de Mme Sophie von La Roche, je l'ai commandé chez mon libraire attitré à Bruxelles
Je pourrais le lire également en allemand, mais ce serait plus approprié de lire une description de Paris en français qu'en allemand
Voici un portrait de l'auteur :
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
Je voudrais bien le lire,qui l'a déjà lu?
_________________
"Moi qui ne cherche dans ce monde
Que la seule réalité,
Moi qui laisse fuir comme l'onde
Tout ce qui n'est que vanité,
Je préfère aux biens dont s'enivre
L'orgueil du soldat ou du roi,
L'ombre que tu fais sur mon livre
Quand ton front se penche sur moi."
Manon Danceny- Messages : 35
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Age : 28
Localisation : Cythère
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
... pas moi, hélas, pas encore !
Mme de Sabran- Messages : 55383
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
"Journal d'un voyage à travers la France"
De Sophie von la Roche.
Témoignage passionnant d'une dame allemande voyageant en France en 1785 , un bijou et je n'en suis qu'aux premières pages (les chats adorant venir se coucher sur le livre ouvert ....mais comme ils ne me suivront pas dans le train ....) , des tonnes de détails de la vie quotidienne .
Témoignage passionnant d'une dame allemande voyageant en France en 1785 , un bijou et je n'en suis qu'aux premières pages (les chats adorant venir se coucher sur le livre ouvert ....mais comme ils ne me suivront pas dans le train ....) , des tonnes de détails de la vie quotidienne .
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
Voilà, je savais que ce journal de Mme von La Roche allait vous plaire chère CLIO
Ps : est-ce qu'un des administrateurs pourra mettre ce message dans le fil qui existe déjà sur Sophie von La Roche et son journal ?
Ps : est-ce qu'un des administrateurs pourra mettre ce message dans le fil qui existe déjà sur Sophie von La Roche et son journal ?
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
Et encore du rouge qui me monte aux joues....J'avais zappé ce fil ,je n'avais pas trouvé ce livre sur notre forum et ne le trouve encore pas ce matin en "recherches"....
Encore un grand merci, cher comte pour ce "tuyau" remarqué sur FB et loupé sur notre cher forum .
Encore un grand merci, cher comte pour ce "tuyau" remarqué sur FB et loupé sur notre cher forum .
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
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Pas de problème, ma chère Clio : je viens de fusionner les deux sujets ! :n,,;::::!!!:
Pas de problème, ma chère Clio : je viens de fusionner les deux sujets ! :n,,;::::!!!:
Mme de Sabran- Messages : 55383
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
Le 7 juin 1785, notre charmante amie Sophie von La Roche assiste au déjeuner public du roi et de la reine. Une coutume que Marie-Antoinette avait en horreur, comme nous pouvons le lire dans les impressions notées par Sophie en voyant cette mise-en-scène d’une vieille étiquette révolue :
« Je vis le roi manger avec plaisir, mais je trouvais que la salle à manger et lui-même n’étaient ni royalement parés, ni bien propres. Cependant la table mise très simplement, ainsi que l’envie et la joie des gens à regarder le roi me plurent énormément.
J’aurais beaucoup aimé voir la reine manger de ses belles mains un petit quelque chose avec lui, car j’entendis autour de moi les gens se plaindre qu’elle ne déjeunât point avec le roi mais avec la duchesse de Polignac.
Deux dames étaient assises côte à côte, en face de la reine, sur ces fameux tabourets de modèle ancien qui sont des chaises sans dossier, en forme de croix, que l’on peut plier. Quelques-uns étaient inoccupés ; en effet ne peuvent s’asseoir sur ces tabourets avec leur coussin en velours rouge aux franges dorées, que les duchesses et les épouses des conseillers royaux.
Le roi paraissait de bonne humeur et parlait aimablement avec quelques messieurs qui se tenaient debout près de lui. La reine ne semblait pas sentir en son âme la même gaieté ni la même pureté que celle présente dans son teint si clair et extraordinairement beau. De la morosité et une certaine contrariété flottaient sur son visage, mais assurément, ni crêpe ni taffetas ne sont aussi blancs que sa peau. Ses mains sont un chef-d’œuvre de la nature, sa tête portait un ornement pittoresque de plumes blanches mais sans aucune exagération. Elle parla plusieurs fois avec le roi qui la regardait l’air amoureux et satisfait, et aussi avec les dames.
Vers la fin du repas, un monsieur entra soudain à qui le roi posa aussitôt la question : « A-t-il plu en Normandie ? » A la réponse attristée : « Non, Sire », le roi frappa dans ses mains tel un père affligé par l’infortune de ses enfants et dit : « Mon Dieu ! », en levant les yeux au ciel d’une façon qui me le rendit très sympathique. Il était beau de voir sa soumission au plus haut, au plus grand que lui, dont la toute-puissance peut donner la pluie, et de sentir le chagrin qu’il éprouvait pour son peuple.
Il ne resta pas plus longtemps à table et nous nous allâmes voir le Dauphin et le duc de Normandie. Les enfants royaux habitent en bas dans le château et ne sont pas du tout royalement meublés. Le jeune duc couche dans un berceau de damas vert sous un baldaquin de la même couleur, aux franges dorées. Le berceau est posé sur une petite estrade et la nourrice soulève un peu la couverture quand arrivent des visiteurs. Jamais je n’avais vu un enfant aussi grand à l’âge tendre de neuf semaines. Il ressemblera un jour, je crois, à la reine.
On appela le Dauphin dans son jardin et il arriva, muni d’une petite binette, un peu mécontent d’avoir été interrompu dans son petit travail. Il lui fallut nous faire une révérence et puis on lui permit de repartir. C’est un bel enfant d’un caractère doux qui, à mon avis, ressemble beaucoup au roi.
Dans le corridor je croisai une aimable dame, d’une beauté exquise, alors que son valet recousait sa traîne déchirée. Elle était si belle que je le dis tout haut à monsieur von Dorbach qui nous guidait. Elle l’entendit et me sourit gentiment, le regard modeste.
Nous fûmes toutefois dérangés par la foule qui nous suivait et j’oubliai de demander son nom. Comme je faisais l’éloge de la robe garnie de strass de cette dame, un homme de bon sens me dit : « Oui, elle brille doucement comme une nuit étoilée, et si les femmes comprenaient bien leur avantage, elles ne porteraient que des couleurs sombres et ne relèveraient pas leurs cheveux en l’air comme des furies ou sur les côtés en désordre, au lieu de les laisser retomber en boucles autour de leur visage. » On le contredit, on se moqua de lui, mais il déclara qu’il veut s’entendre avec la toute-puissante Bertin pour qu’elle ordonne ce changement. Peu après, l’on me fit savoir que c’était le marquis de Créquy qui a l’habitude de dire la vérité à toutes les princesses de la maison de Bourbon avec la plus grande franchise. »
Extrait du Journal d'un voyage à travers la France, 1785, par Sophie von La Roche, traduit par Michel Lung, Thomas Dunskus et Anne Lung-Faivre, d'après l'édition originale (1787), aux Éditions de l'Entre-deux-Mers, 2012.
« Je vis le roi manger avec plaisir, mais je trouvais que la salle à manger et lui-même n’étaient ni royalement parés, ni bien propres. Cependant la table mise très simplement, ainsi que l’envie et la joie des gens à regarder le roi me plurent énormément.
J’aurais beaucoup aimé voir la reine manger de ses belles mains un petit quelque chose avec lui, car j’entendis autour de moi les gens se plaindre qu’elle ne déjeunât point avec le roi mais avec la duchesse de Polignac.
Deux dames étaient assises côte à côte, en face de la reine, sur ces fameux tabourets de modèle ancien qui sont des chaises sans dossier, en forme de croix, que l’on peut plier. Quelques-uns étaient inoccupés ; en effet ne peuvent s’asseoir sur ces tabourets avec leur coussin en velours rouge aux franges dorées, que les duchesses et les épouses des conseillers royaux.
Le roi paraissait de bonne humeur et parlait aimablement avec quelques messieurs qui se tenaient debout près de lui. La reine ne semblait pas sentir en son âme la même gaieté ni la même pureté que celle présente dans son teint si clair et extraordinairement beau. De la morosité et une certaine contrariété flottaient sur son visage, mais assurément, ni crêpe ni taffetas ne sont aussi blancs que sa peau. Ses mains sont un chef-d’œuvre de la nature, sa tête portait un ornement pittoresque de plumes blanches mais sans aucune exagération. Elle parla plusieurs fois avec le roi qui la regardait l’air amoureux et satisfait, et aussi avec les dames.
Vers la fin du repas, un monsieur entra soudain à qui le roi posa aussitôt la question : « A-t-il plu en Normandie ? » A la réponse attristée : « Non, Sire », le roi frappa dans ses mains tel un père affligé par l’infortune de ses enfants et dit : « Mon Dieu ! », en levant les yeux au ciel d’une façon qui me le rendit très sympathique. Il était beau de voir sa soumission au plus haut, au plus grand que lui, dont la toute-puissance peut donner la pluie, et de sentir le chagrin qu’il éprouvait pour son peuple.
Il ne resta pas plus longtemps à table et nous nous allâmes voir le Dauphin et le duc de Normandie. Les enfants royaux habitent en bas dans le château et ne sont pas du tout royalement meublés. Le jeune duc couche dans un berceau de damas vert sous un baldaquin de la même couleur, aux franges dorées. Le berceau est posé sur une petite estrade et la nourrice soulève un peu la couverture quand arrivent des visiteurs. Jamais je n’avais vu un enfant aussi grand à l’âge tendre de neuf semaines. Il ressemblera un jour, je crois, à la reine.
On appela le Dauphin dans son jardin et il arriva, muni d’une petite binette, un peu mécontent d’avoir été interrompu dans son petit travail. Il lui fallut nous faire une révérence et puis on lui permit de repartir. C’est un bel enfant d’un caractère doux qui, à mon avis, ressemble beaucoup au roi.
Dans le corridor je croisai une aimable dame, d’une beauté exquise, alors que son valet recousait sa traîne déchirée. Elle était si belle que je le dis tout haut à monsieur von Dorbach qui nous guidait. Elle l’entendit et me sourit gentiment, le regard modeste.
Nous fûmes toutefois dérangés par la foule qui nous suivait et j’oubliai de demander son nom. Comme je faisais l’éloge de la robe garnie de strass de cette dame, un homme de bon sens me dit : « Oui, elle brille doucement comme une nuit étoilée, et si les femmes comprenaient bien leur avantage, elles ne porteraient que des couleurs sombres et ne relèveraient pas leurs cheveux en l’air comme des furies ou sur les côtés en désordre, au lieu de les laisser retomber en boucles autour de leur visage. » On le contredit, on se moqua de lui, mais il déclara qu’il veut s’entendre avec la toute-puissante Bertin pour qu’elle ordonne ce changement. Peu après, l’on me fit savoir que c’était le marquis de Créquy qui a l’habitude de dire la vérité à toutes les princesses de la maison de Bourbon avec la plus grande franchise. »
Extrait du Journal d'un voyage à travers la France, 1785, par Sophie von La Roche, traduit par Michel Lung, Thomas Dunskus et Anne Lung-Faivre, d'après l'édition originale (1787), aux Éditions de l'Entre-deux-Mers, 2012.
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
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Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
Sophie von la Roche a écrit:
Dans le corridor je croisai une aimable dame, d’une beauté exquise, alors que son valet recousait sa traîne déchirée. Elle était si belle que je le dis tout haut à monsieur von Dorbach qui nous guidait. Elle l’entendit et me sourit gentiment, le regard modeste.
Nous fûmes toutefois dérangés par la foule qui nous suivait et j’oubliai de demander son nom.
Ah bien, zut alors !!!
Peut-être était-ce Mme de Polignac ?
Mme de Sabran- Messages : 55383
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
Et notre Sophie est malheureuse de savoir tant d'animaux d'élevage abatus faute de nouriture (terrible sécheresse) ; elle plaint aussi les chevaus de poste maltraités par un postillon brutal ; à tel point qu'elle fait confectionner deux sacs de cuir que je donnerai aux maitres de poste pour qu'ils les mettent soigneusement sur les flancs du bricoliers afin qu'il ne reçoivent pas tant de coups de brancard."
Elle veut aussi visiter l'école vétérinaire et demande à un ami allemand étudiant à Maisons-Alfort de créer une pommade pour soigner les blessures infligées aux chevaux par la cruauté des hommes .
:c^ùù!!:
Qui connait un bon ouvrage sur la poste au XVIII ?
Elle veut aussi visiter l'école vétérinaire et demande à un ami allemand étudiant à Maisons-Alfort de créer une pommade pour soigner les blessures infligées aux chevaux par la cruauté des hommes .
:c^ùù!!:
Qui connait un bon ouvrage sur la poste au XVIII ?
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
Mme de Sabran a écrit:
Ah bien, zut alors !!!
Peut-être était-ce Mme de Polignac ?
Si cela avait été Mme de Polignac, Sophie l'aurait reconnue puisque quelques jours plus tard, le 16 juin, elle écrit ceci :
« Près de Saint-Cloud, nous aperçûmes dans un haut cabriolet tiré par quatre chevaux, la reine avec Madame de Polignac sa dame d'honneur (sic), et un haïdouk ; elle était en beauté et paraissait enjouée. »
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
Tout juste : c'est une autre dame !
Mme de Sabran- Messages : 55383
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
C'est passionnant !!! ::;\':;\':;
Le Grand Couvert, les attitudes du roi et de la reine, la visite aux deux petits princes...
Il faut absolument que je trouve ce livre ! :n,,;::::!!!:
Le Grand Couvert, les attitudes du roi et de la reine, la visite aux deux petits princes...
Il faut absolument que je trouve ce livre ! :n,,;::::!!!:
Invité- Invité
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
Mme de Sabran a écrit:Tout juste : c'est une autre dame !
Les vraies beautés ne furent pas légion à la Cour... :
Ce n'était pas non plus la duchesse de Guiche, car Sophie l'avait reconnue aussi pendant la fête champêtre au Trianon à la fin du mois, dont je vous donnerai à lire le magnifique extrait bientôt boudoi30
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
Reinette a écrit:C'est passionnant !!! ::;\':;\':;
Il faut absolument que je trouve ce livre ! :n,,;::::!!!:
On peut le trouver et commander ici
http://www.editions-entre2mers.com/ouvrage/journal-dun-voyage-a-travers-la-france/
Je l'ai trouvé moi-même à la Fnac de Châtelet les Halles.
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
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Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
C'est donc facilement trouvable !
Invité- Invité
Re: Journal d'un voyage à travers la France, 1785. Sophie de La Roche
CLIOXVIII a écrit:Et notre Sophie est malheureuse de savoir tant d'animaux d'élevage abatus faute de nouriture (terrible sécheresse) ; elle plaint aussi les chevaus de poste maltraités par un postillon brutal ; à tel point qu'elle fait confectionner deux sacs de cuir que je donnerai aux maitres de poste pour qu'ils les mettent soigneusement sur les flancs du bricoliers afin qu'il ne reçoivent pas tant de coups de brancard."
Elle veut aussi visiter l'école vétérinaire et demande à un ami allemand étudiant à Maisons-Alfort de créer une pommade pour soigner les blessures infligées aux chevaux par la cruauté des hommes .
:c^ùù!!:
Qui connait un bon ouvrage sur la poste au XVIII ?
Oui j'aime Sophie aussi pour son côté protectrice des animaux
J'aurais bien voulu la rencontrer et découvrir avec elle la France de 1785
Quant à la Poste au XVIIIème siècle... ouf, je ne pense pas qu'il y ait beaucoup d'ouvrages grand public autour de ce thème.
Par le biais de ce lien, tu trouveras déjà quelques références bibliographiques :
http://mappemonde.mgm.fr/num7/articles/art05301.html
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
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