La collection de laques de Marie-Antoinette

Je poursuis, tout doucement, l'illustration de ce sujet...

Avec notamment l'une des pièces parmi celles les plus connues :




Boîte en forme de petit chien allongé sur une table basse (socle)
Anonyme, Japon (XVIIIe siècle)
Dimensions : 9,6 x 1,6 x 1,1 cm / Bois, laque noir et or.
Ancienne collection de la reine Marie-Antoinette à Versailles, Cabinet doré
Transférée du Louvre à Guimet, puis à Versailles, le 15 février 1965
Photos : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin




Boîte
Anonyme, Japon vers 1700 (XVIIIe siècle)
Dimensions : 5,4 x 12,2 x 14,4 cm / Bois, laque
Anc. coll. de la reine Marie-Antoinette à Versailles, Cabinet doré "Dessus de la cage aux laques [...]" ; déposée chez Daguerre en octobre 1789 ; versée au Musée national ; transférée du Louvre à Guimet, puis à Versailles, le 15 février 1965.
Photos : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Thierry Ollivier





Boîte en forme de panier hexagonal
Anonyme, Japon vers 1700 (XVIIIe siècle)
Dimensions : 6,5 x 9,9 x 9,4 cm / Bois, décor en maki-e, laque rouge, or
Ancienne collection de la reine Marie-Antoinette à Versailles
Photos : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Thierry Ollivier






Boîte
Anonyme, Japon vers 1700 (XVIIIe siècle)
Dimensions : 11,8 x 12,5 x 12,5 cm / Bois, laque
Anc. coll. de la reine Marie-Antoinette à Versailles, Cabinet doré (l'inventaire du 10 octobre 1789 ne mentionne pas précisément de boîte présentant un décor et une forme similaire) ; déposée chez Daguerre en octobre 1789 ; versée au Musée national ; transférée du Louvre à Guimet, puis à Versailles, le 15 février 1965.
Photos : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Thierry Ollivier





Boîte rectangulaire en forme de jeu de go, prise en forme de Chinois allongé, ou karoko.
Anonyme, Japon vers 1700 (XVIIIe siècle)
Dimensions : 7,5 x 10,5 x 9,3 cm / Bois, laque décor en maki-e, or
Anc. coll. Blondel d'Azincourt en 1783 ; anc. coll. de la reine Marie-Antoinette à Versailles, Cabinet doré "Dedans la cage [aux laques] septième tablette [...]" ; déposée chez Daguerre en octobre 1789 ; versée au Musée national ; transférée du Louvre à Guimet après 1945, puis à Versailles, le 15 février 1965.
Photos : Château de Versailles, Dist. RMN / Jean-Marc Manaï et Thierry Ollivier





Paire de boîtes en forme d'éventail, garnies de boîtes
Anonyme, Japon vers 1700 (XVIIIe siècle)
Dimensions : 8,8 x 18 x 25,5 cm / Bois, laque noire décor emaki-e, or
Anc. coll. de la reine Marie-Antoinette à Versailles, Cabinet doré "Dedans la cage [aux laques ] Huitième tablette : deux idem [ boëtes ] forme d' éventail fond or, bordure en mosaïque, dans l'intérieur sont quatre autres petites boëtes de même forme." ; déposée chez Daguerre en octobre 1789 ; versée au Musée national ; transférée du Louvre à Guimet, puis à Versailles, le 15 février 1965.
Photos : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Thierry Ollivier

Ta chouchoute est très jolie ! 

Marie-Antoinette était une vraie collectionneuse. 

Merci La Nuit La neige pour ce travail de récolement

Plaisir pour nos yeux d'admirer cette fabuleuse collection.
Il y a en 1/3 au Louvre et je me souviens en voir vu il y a longtemps un autre tiers au musée Guimet .
Dommage que l'ensemble ne puisse être réuni pour témoigner de son abondance , mais il faut avouer que les conditions d'exposition à Versailles ne sont pas favorables .
Je pense que c'est à Guimet que ces laques sont le mieux mises en valeur actuellement.

hastur a écrit:Merci La Nuit La neige pour ce travail de récolement.

Je vais y aller tout doux pour davantage illustrer ce sujet.
C'est qu'il y a plus d'une soixantaine de pièces, si ma mémoire est bonne !! Et ce sans compter les boîtes, dans les boîtes, dans les boîtes...  








Petit écritoire (suzuribako) de type inrô-buta-zukuri
Japon, Anonyme vers 1700 (XVIIIe siècle)
Dimensions : 13,6 x 9,6  x 5,1 cm / Bois, laque
Ancienne collection de la reine Marie-Antoinette
Paris, musée Guimet - Musée national des Arts asiatiques
Photos : RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

C'est magnifique, merci.

La nuit, la neige a écrit:

Je vais y aller tout doux pour davantage illustrer ce sujet.
C'est qu'il y a plus d'une soixantaine de pièces, si ma mémoire est bonne !! Et ce sans compter les boîtes, dans les boîtes, dans les boîtes...  

... tant mieux, ces tout petits objets sont à vendre son âme au Diable !
Merci !

Je ne saurai quoi choisir. Merci LNLN pour ce travail de fourmis.

Voici le courrier de Joseph qui annonce à Mercy l'arrivée à Versailles de laques, héritage de Marie-Thérèse, pour Marie-Antoinette, Louis XVI et la petite Madame Royale :

Vienne, le 17 février 1781

— Mon cher comte Mercy, l'huissier Moritz , qui était autrefois courrier, vous remettra celle-ci et, en même temps six ballots qui contiennent le légat en laque et les souvenirs, qui en conséquence du testament de feu S. M. ont été destinés pour la Reine, le Roi et la petite Madame. Je souhaite que tout arrive en bon
état, et vous prie, en remettant cette lettre à la Reine en même temps, de prendre d'Elle les ordres, comment et quand Elle voudra que vous lui fassiez parvenir tous ces objets. La liste ci-jointe vous fera voir ce qui est destiné à un chacun de ces trois personnes royales. Comme cette lettre sera de très vieille date , cet envoi se faisant par roulier, je n'entre dans aucun autre détail et vous pourrez garder ce Moritz aussi longtemps que vous le jugerez à propos, et ensuite le renvoyer ici en courrier, en lui confiant des dépêches, quand vous aurez quelque chose d'intéressant à mander.

Adieu, Monsieur le Comte, portez-vous bien et soyez persuadé de
l'estime et de la considération avec laquelle je suis ...

La liste jointe des objets en question :

Pour S.M. le Roi : Deux vases de bois pétrifié avec leurs petites tables et un trictrac avec tout ce qui y appartient en laque.

Pour S. M. la Reine : Une garniture de laque composée de cinquante pièces en boites de différentes grandeurs.

Pour la princesse de France : Une boite à parfiler de bois pétrifié, montée en or.
Un lit chinois de laque avec autres cinq boites rondes, dont trois sont un peu plus grandes. Une boite a parfiler carrée. Deux tasses de laque.

Mme de Sabran a écrit:Pour S.M. le Roi : Deux vases de bois pétrifié

Aujourd'hui sur la cheminée de la salle à manger des retours de chasse à Versailles :

...    purée d'nous autres, c'que c'est beau !!!  


Merci, mon cher Momo .

Et où sont leurs petites tables ?

Ne s'agirait-il pas de leurs socles ?

A propos des laques japonais, j’avais, à l’époque, photographié le fonds de la collection de la Reine qui est à Guimet. Ces clichés sont à votre disposition. J’en posterai quelques uns , pour voir si cela ne fait pas double emploi...

Avec grand plaisir, merci cher Févicq !

Je ne crois pas que les socles de ces vases soient leurs petites tables ... Des tables sont posées par terre, comme des colonnes. Ces vases, sur leurs socles, sont posés sur une cheminée.

Voici quelques clichés personnels, pris à Guimet il y a plusieurs années, d’objets de laque japonais provenant de la collection personnelle de Marie-Antoinette :

Merci, cher Févicq .
Quelle diversité dans leurs formes !

Merci Vicq' pour ces nouvelles images !!

Une expo en cours à Guimet permet de redécouvrir une partie des laques de la Reine :



Découvrez le faste du Japon impérial de l’époque de Heian avec "Le Dit du Genji", œuvre majeure de la littérature classique japonaise.

Écrit au 11ème siècle par une femme, la poétesse Murasaki Shikibu, "Le Dit du Genji" a généré depuis mille ans une iconographie extrêmement riche, influençant jusqu’aux mangaka contemporains.

Cette exposition événement invite les visiteurs à se plonger dans le Japon ancien, à la découverte de l’époque Heian (794-1185) et de son art de cour. Cette période de liberté pour les femmes, à la production artistique particulièrement riche, voit notamment l’émergence d’une littérature féminine unique dans l’histoire du Japon.

"Le Dit du Genji" (Genji monogatari) est aujourd’hui considéré comme l’œuvre la plus emblématique de la littérature classique du Japon. À travers une évocation subtile de tous les raffinements de la cour impériale, il ouvre la voie à une exceptionnelle créativité picturale et suscite une iconographie extrêmement riche : estampes, tissus, kimonos, sculptures, peintures et objets précieux, dont les boîtes en laque d'une illustre collectionneuse, Marie-Antoinette.

Roman fondateur pour la culture japonaise, "Le Dit du Genji" continue d'inspirer des expressions artistiques contemporaines, comme les mangas, qui en réinterprètent les codes et les thèmes. Le plus célèbre est sans doute Asaki yume mishi de Waki Yamato (né en 1948). La récente édition de Sean Michael Wilson (2022), illustrée par Inko Ai Takita, sera présentée dans cette exposition.


Murasaki Shikibu, Cent poètes célèbres du Japon, manuscrit illustré, milieu du 19e siècle (détail) Paris, Musée Guimet, BG3566 RMN-Grand Palais (Musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier

La seconde partie de l’exposition est consacrée à Itarô Yamaguchi (1901-2007), maître tisserand du quartier de Nishijin à Kyoto, et auteur de quatre rouleaux illustrant le Dit du Genji, représentant l’aboutissement d’une vie consacrée au tissage. Réalisés d’après des rouleaux peints de l’époque Heian, et par hybridation avec la haute technicité occidentale de la mécanique Jacquard et son avatar numérique, les quatre exceptionnels rouleaux sont montrés pour la première fois ensemble et déroulés dans leur intégralité.

Commissariat : Aurélie Samuel, conservatrice du patrimoine

Source : Musée Guimet

Merci, cher Momo, pour cette annonce alléchante !
Je ne pense pas qu'aux laques de Marie-Antoinette, mais aux estampes, tissus, kimonos, sculptures, peintures et objets précieux de toutes sortes, petit mobilier aussi sans doute ...

Marie-Antoinette connaissait-elle toutes les subtilités de cet art et les significations de ces décors ?  

L'écritoire que nous présentons ci-dessus en est un bel exemple...

Écritoire (suzuribako)
Japon, 18e siècle (époque d'Edo - 1603-1868)
Bois, laque, maki-e d’or et d’argent
5,2 x 9,7 x 13,9 cm
Ancienne collection de la reine Marie-Antoinette
Image : RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Présentation du musée :

La perfection technique n’entrave ici en rien le charme éthéré de l’expression, et l’artiste a su transcrire toute la nostalgie du "Dit du Genji", l’œuvre la plus emblématique de la littérature classique du Japon de l’époque Heian, critique subtile des mœurs de la cour, attribuée à Murasaki Shikibu, une femme.

Le premier plan montre des tiges de chrysanthèmes et de campanules couchées par le vent et représentées avec naturalisme : ce décor est repris sur le revers du couvercle et sur le plateau intérieur de l’écritoire. Celui-ci contient quatre boîtes à encens, dont le décor évoque un chapitre du livre LII du "Dit du Genji" (Genji monogatari) : un bouquet de fleurs de mauves dans un bassin de laque, un rossignol chantant parmi des rameaux de pins et de pruniers, deux grillons sur des fleurs d’automne.

Le décor du couvercle présente un jardin et un pavillon où médite le prince Kaoru, assis près de son écritoire, et à l’opposé duquel des montagnes se détachent sur un fond en hirameji, suggérant des crépuscules à la manière des paysages du Yamato-e.

La laque est étalée sur une âme de bois en plusieurs couches, avec des temps de séchage et de ponçage indépendants. La technique du décor maki-e (peinture parsemée) consiste à semer de la poudre d’or et d’argent sur un décor préalablement dessiné en laque et recouvert d’autres couches de laque.

La pratique de la calligraphie et de la composition poétique était l’apanage des femmes de seigneurs et des aristocrates. Ainsi, l’écritoire, le coffret destiné au papier et la table basse formaient un assortiment au décor homogène. De tels ensembles furent largement diffusés à l’époque d’Edo, caractérisée par l’émergence d’une nouvelle culture citadine et bourgeoise issue du développement économique et de la prospérité des grandes villes.

* Source : Musée Guimet, Paris