Premiers portraits du duc de Berry, futur Louis XVI, vus par Marie-Antoinette

Hello !

Sauriez vous quel portrait, et de quel artiste est il, de Louis-Auguste a t on envoyé à Vienne pour M.A avant qu'elle n'entame son périple ? Joseph Ducreux ? Comme je sais qu'il a peint ses soeurs avant d aller faire le portrait de M.A, je me suis dit...

Il me semble qu'il s'agissait d'une miniature, du moins l'objet remis -officiellement- peu avant son mariage par procuration.
Mais je ne sais plus trop...

Peut-être aussi une déclinaison du portrait duc de Berry par Michel Van Loo, dont on sait qu'il fut commandé au peintre dans les années 1768 / 69 ?


Louis-Auguste, duc de Berry
Louis-Michel Van Loo
Huile sur toile, 1769
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

C'est un portrait qui fut souvent répliqué par le cabinet du roi en France ; mais aussi à Vienne, puisque nous retrouvons sa variante au palais impérial d'Innsbruck, dans la grande salle aux portraits :



Il est disposé au dessus du grand portrait en pied de Marie-Antoinette :








Voir notre sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2137p50-portraits-de-la-famille-imperiale-par-martin-van-meytens-et-atelier?highlight=meytens

La nuit, la neige a écrit:
Il me semble qu'il s'agissait d'une miniature, du moins l'objet remis -officiellement- peu avant son mariage par procuration.

A la fin de l'année 1769, Marie-Thérèse avait reçu , pour elle-même, pour Joseph II et pour Marie-Antoinette, trois estampes superbement encadrées représentant le dauphin labourant .



Le 16 avril 1770, Marie-Antoinette reçoit un portrait de son fiancé, c'est le sixième en six semaines !!!
Tu as raison, c'est bien une miniature      car, avec la permission de Marie-Thérèse, Marie-Antoinette l'accroche sur sa poitrine .

Voici la scène de cette remise du portrait en médaillon .     
  Le 16 avril, le marquis de Durfort est reçu en audience publique par l'Empereur et l' Impératrice-Reine ...

Mme de Sabran a écrit:
A la fin de l'année 1769, Marie-Thérèse avait reçu , pour elle-même, pour Joseph II et pour Marie-Antoinette, trois estampes superbement encadrées représentant le dauphin labourant.

Ah, merci !
Quelle drôle d'idée, tout de même.  
Ce ne sont sans doute pas celles-ci précisément, mais enfin voici ce à quoi cela pouvait ressembler :


Monseigneur le Dauphin labourant.
François-Marie-Antoine Boizot (graveur)
Poulin de Fleins (dessinateur)
Estampe, 1769
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Sa version, en couleurs :

Photo : Bibliothèque Nationale de France

Et encore cette autre :

Monseigneur le dauphin labourant
Jeremais Wachsmuth (graveur)
Estampe, XVIIIe siècle
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Mme de Sabran a écrit:Le 16 avril 1770, Marie-Antoinette reçoit un portrait de son fiancé, c'est le sixième en six semaines !!!
Tu as raison, c'est bien une miniature car, avec la permission de Marie-Thérèse, Marie-Antoinette l'accroche sur sa poitrine .

Peut-être l'une des miniatures que nous distinguons sur le corsage de Marie-Antoinette, du portrait d'Innsbruck (1770) que je présentais précédemment.
Désolé, je n'ai pas de meilleures images...


Erzherzogin Maria Antonia (Marie Antoinette) von Österreich, vermählte Königin von Frankreich
Josef Hauzinger
Innsbruck, Hofburg, Riesensaal



Voir notre sujet : Portraits de Marie-Antoinette par Joseph Hauzinger

Avec donc pour pendant :




Ou sur cette autre portrait (pas mieux pour les couleurs  ) :



Voir notre sujet : Grand portrait de Marie-Antoinette par Drouais ?

Nous devinons facilement le portrait de Marie-Thérèse dans le médaillon de son bracelet :



Et pour celui de Louis-Auguste, toujours sur son corsage, je pencherais donc bien volontiers du côté d'une miniature d'après le portrait de Van Loo (1769) que je citais tantôt :


En effet, nous savons qu'il fut de nombreuses fois copiés et déclinés par les artistes du temps : huiles sur toile, miniatures, estampes etc.


Louis-Auguste, duc de Berry
Louis-Michel Van Loo
Huile sur toile, 1769
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin


Le Dauphin Louis-Auguste de France, futur Louis XVI
D'après Louis-Michel Van Loo
Copie du tableau de 1769 conservé à Versailles, XVIIIe siècle
Photo : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

Dont une série de miniatures de Peter Adolf Hall, qui présenta l'une d'elles au Salon de 1769 :


Louis XVI as Dauphin
Peter Adolf Hall, after Louis-Michel Van Loo
1769-1790
Photo : Wallace Collection


Louis Auguste, dauphin de France
Jean-Michel Moreau Le Jeune (graveur)
D'après Peter Adolf Hall
Photo : NationalMuseum of Stockholm

Mais est-ce le bon portrait "source" ?
Car j'ignore en fait quels furent les portraits de Louis-Auguste dauphin peints entre celui de cet enfant et donc celui de Van Loo ?

Louis-Auguste, duc de Berry
Jean-Martial Fredou
Vers 1760-1762
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

Peut-être aucun ?
Comme le témoignerait cet étrange portrait que nous avions présenté dans notre rubrique "Ventes aux enchères", et qui reprend l'habit et le corps du premier mais avec la tête du second.
Le résultat est assez effrayant !!


Portrait présumé de Louis XVI enfant
Anonyme, XVIIIe siècle
Photo : Artcurial / https://marie-antoinette.forumactif.org/t683p25-panorama-oct-2012-dec-2013-des-ventes-aux-encheres#13407

Même composition, avec une main glissée sous le gilet et l'autre soutenant le tricorne, pour un portrait de Jean-Baptiste André Gautier Dagoty qui semble avoir existé mais dont je ne connais que des gravures...

Gaucher, Charles-Etienne (graveur)
d'après Gautier-Dagoty, Jean-Baptiste-André (peintre)
Photo :

Mais qui, comme la jolie "copie" dessinée par Gabriel-Jacques de Saint-Aubin, date de 1770 :

Louis-Auguste de France, dauphin
Gabriel-Jacques de Saint-Aubin
Dessin, 1770
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Jean-Marc Manaï

Donc, pour l'instant, faute de mieux, j'en reste aux portraits de Louis XVI d'après celui de Van Loo !

Qui servira de "trame" à d'autres artistes pendant longtemps encore, comme ici, avec cette jolie miniature de Peter-Adolf Hall mais, selon le musée qui la conserve, datée de 1777 !


Louis XVI
Peter Adolf Hall
Miniature, 1777
Photo : National Museum Stockholm

Quelle enquête fouillée !  
Tu es bien le meilleur galeriste du monde !!!    
Merci, merci !
J'opte comme toi pour le dernier .

La nuit, la neige a écrit:

Mme de Sabran a écrit:
A la fin de l'année 1769, Marie-Thérèse avait reçu , pour elle-même, pour Joseph II et pour Marie-Antoinette, trois estampes superbement encadrées représentant le dauphin labourant.

Ah, merci !
Quelle drôle d'idée, tout de même.  

Tu crois que la dauphine s'est exclamée : " Ah non alors, je ne serai pas Aphrodite auprès de Triptolème !!! "  

C'est étrange non ?
Si elle a jamais réellement existé, je ne me souviens plus de cette anecdote de Loulou labourant la terre, avec souliers à talons et bas de soie.  
Enfin, bon, il est allé jusqu'à retourner la terre du champ de Mars pour la préparation de la Fête de la Fédération : tout est possible...

Ce qui est étrange, c'est d'en faire trois estampes, une pour Marie-Thérèse, une pour Joseph et une pour la future mariée . Drôle d'inspiration ! Cela ne reflétait que trop bien une navrante réalité ( mais de laquelle on n'avait peut-être pas encore pris conscience )  :  Louis XVI eût pu faire un bien meilleur laboureur qu'un bon roi .

Mme de Sabran a écrit:Ce qui est étrange, c'est d'en faire trois estampes, une pour Marie-Thérèse, une pour Joseph et une pour la future mariée .  Drôle d'inspiration !

Oui, vraiment, je ne l'explique pas...

La nuit, la neige a écrit:

Mme de Sabran a écrit:Ce qui est étrange, c'est d'en faire trois estampes, une pour Marie-Thérèse, une pour Joseph et une pour la future mariée .  Drôle d'inspiration !

Oui, vraiment, je ne l'explique pas...

N'est-ce pas Marie-Thérèse qui avait donné une éducation manuelle et agricole à ses enfants, leur faisant exploiter un potager ? En ce cas, cette gravure du Dauphin le représentant lui aussi éduqué aux exercices de la ferme n'aurait eu d'autre but que de vanter auprès de la belle-famille l'harmonie conjugale future des époux, non ?

Je ne me souvenais pas de cette éducation "agricole".
Pourquoi pas, très bien.
Bon. J'étais parti sur quelque chose d'encore plus symbolique : la France, pays agricole, entretenue par son dauphin ; la fertilisation symbolique de la terre et celle des "corps" etc.

Personnellement je trouve cela grotesque, mais cela ne l'était sans doute pas à l'époque puisque la cour de France a jugé opportun et flatteur de faire parvenir à celle d'Autriche ces représentations.

[quote="Gouverneur Morris"]

La nuit, la neige a écrit:En ce cas, cette gravure du Dauphin le représentant lui aussi éduqué aux exercices de la ferme

A quelle gravure faites vous référence ?

Voilà cher Lucius :

La nuit, la neige a écrit:

Mme de Sabran a écrit:
A la fin de l'année 1769, Marie-Thérèse avait reçu , pour elle-même, pour Joseph II et pour Marie-Antoinette, trois estampes superbement encadrées représentant le dauphin labourant.

Ah, merci !
Quelle drôle d'idée, tout de même.  
Ce ne sont sans doute pas celles-ci précisément, mais enfin voici ce à quoi cela pouvait ressembler :


Monseigneur le Dauphin labourant.
François-Marie-Antoine Boizot (graveur)
Poulin de Fleins (dessinateur)
Estampe, 1769
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Sa version, en couleurs :

Photo : Bibliothèque Nationale de France

La nuit, la neige a écrit:
Bon. J'étais parti sur quelque chose d'encore plus symbolique : la France, pays agricole, entretenue par son dauphin ; la fertilisation symbolique de la terre et celle des "corps" etc.
.

Il me semble que c'est l'idée.      C'est le message de la prospérité et du bonheur du royaume de France, donc du futur couple royal que formeront Marie-Antoinette et son mari .   L'ère de l'industrialisation en est encore à ses balbutiements;  labourage et pâturage sont toujours les mamelles de la France .  Cette prospérité repose sur la  vaillance et la force du laboureur : le dauphin .

Ce symbole fort des épis de blé sera repris à l'avènement de Louis XVI dans le délire des poufs « à la circonstance » ou « aux sentiments » pour illustrer, à la mort de Louis XV,  l'immense espoir que suscite le nouveau règne .
Les dames arborent dans l'échafaudage de leurs coiffures une belle gerbe de blé couchée sur une corne d'abondance regorgeant de fleurs et fruits, tout cela sous un grand cyprès .  Dans une variante, le pouf « au levant » , un soleil levant éclaire un champ de blé « où moissonne l’Espérance ».

Désolé d'avoir été si terre-à-terre

Non, non, au contraire !      Lis bien la légende de la gravure .
Marie-Thérèse ...

Gouverneur Morris a écrit:qui avait donné une éducation manuelle et agricole à ses enfants, leur faisant exploiter un potager

...  peut se prendre pour une nouvelle Cérès !  

La légende peut se comprendre, aussi, comme l'image du (futur) roi comme le bon père, bénéfacteur du royaume.
D'autant plus qu'en cette fin du XVIIIe, l'image de la vertu est celle du gentilhomme campagnard vivant en philosophe auprès de la nature.

Je vous remercie