Portraits de Marie-Antoinette attribués à Joseph Siffred Duplessis

C'est un très beau portrait dont je ne connaissais que la version en dessin de Duplessis : la version achevée, avec son rendu en couleur, révèle toute la jeunesse d'une dauphine de seize ans. Elle est vraiment séduisante et charmante, elle a les sourcils bien dessinés et hauts, les yeux au regard velouté. Je lui trouve toutefois les joues un peu rouges, peut être est-ce dû au maquillage imposé de l'époque ou simplement le reflet de sa carnation.
Mais, l'ensemble est vraiment de toute beauté  . On devine aussi le port altier de la dauphine, ce port de tête qu'elle ne quittera jamais jusqu'à la charrette qui la conduira à la mort

Expertise Aguttes SVV a écrit:
(...)
A noter par ailleurs, que la version de la collection de Ganay avait à l'origine un format rectangulaire, modifié en ovale afin d'intégrer plus harmonieusement la collection où elle était entrée. Le format de notre version de même, était à l'origine rectangulaire avant d'être remonté en ovale.

Voici une image d'archive du portrait, en format rectangulaire :

Graphic reproduction with documentation of a painting : La dauphine Marie-Antoinette
Duplessis, Joseph-Siffrède (1725-1802)
oil on canvas, ca 1771
Image : Frick Art Reference Library Photoarchive / Frick Digital Collection
Provenance : M. le Marquis Etienne de Ganay (in 1894) ; Mme la Marquise de Ganay (née Ridgway); Ganay Sale, May 8-10, 1922 (40) (40,000 frs. to M. Colas).

Même si l'image est mauvaise, nous distinguons les traces d'un format rectangulaire et/ou ovale. Quelle était donc la version originale ?    


Images : Frick Art Reference Library Photoarchive / Frick Digital Collection

Voici la fiche complète de l'image d'archive, avec des informations complémentaires :




Source Images : New York Art Ressource Consortium / The Frick Digital Collection

La maison de vente a publié de nouvelles photos donnant un aperçu de l'état de la toile, ainsi que les traces visibles du précédent format rectangulaire (voir ci-dessus le même " bidouillage " pour le portrait original).



Images : Aguttes SVV

Un format modifié parce que ce portrait fut rentoilé ? La maison de vente ne le précise pas. La toile me semble bien fraîche (voir photo de l'arrière du tableau).

Image : Aguttes SVV

Si le sujet du rentoilage ou de la transposition d'une oeuvre vous intéresse, je vous recommande la lecture du message de notre ami et expert nous expliquer tout ça : ICI

Quelques informations complémentaires au sujet de ce portrait que nous présentons longuement dans ce sujet, et qui sera donc très bientôt vendu aux enchères...

Ce portrait a été acquis par la Société des Amis de Versailles pour le château

EUR 175 500 avec les frais

Merci pour l'info Gouv' !

Gouverneur Morris a écrit:EUR 175 500 avec les frais

Pour une estimation entre 20 et 30 000, ma foi... C'est le vendeur qui doit être content !

La nuit, la neige a écrit:(...) C'est le vendeur qui doit être content !

Le site Noblesse et royauté souligne que le vendeur ignorait tout de ce portrait, y compris l'identité de la jeune femme...

Image : Alexandre Lafore / Twitter

https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/marie-antoinette-un-nouveau-portrait-realiste-de-la-reine-a-16-ans_5115202.html
Je ne sais pas si le sujet de ce tableau a été traité ?

Il s'agit d'une nouvelle acquisition des Amis de Versailles ( ) : https://chroniques.amisdeversailles.com/marie-antoinette-portrait-dune-dauphine/

Nous en parlons ici  

La nuit, la neige a écrit:

La nuit, la neige a écrit:(...) C'est le vendeur qui doit être content !

Le site Noblesse et royauté souligne que le vendeur ignorait tout de ce portrait, y compris l'identité de la jeune femme...

C'est incroyable tout de même !

Oui, sidérant !

Annoncé prochainement en vente aux enchères...

Tapisserie représentant le portrait de Marie-Antoinette encadré d'une bordure surmontée du monogramme MA et d'une couronne royale, mention dans le tissage d'après Duplessis 1774, Gobelins, Audran.
Il s'agit de Jean Audran (1771-1794) tapissier ordinaire du Roi à la manufacture des Gobelins, grande rue Mouffetard faubourg St Marcel, paroisse St Hyppolite qui dirige un atelier de haute-lisse.


Au dos de cette tapisserie se trouve la marque du Garde-meuble de la Reine, et du 70 -1 CT château de Trianon ainsi que l'étiquette de l'Exposition d'oeuvres de l'Art Français au XVIIIe siècle. Berlin 1910. N°260 indiquant la provenance en 1910 du prince d'Arenberg et la valeur d'assurance pour cette exposition.


H : 0,66 m L : 0,54 m.
Laine et soie, manques et fragilités.
Bibliographie : Fenaille tome II (1737-1794) p. 322

Présentation au catalogue

Rien du tout !    


* Source et infos complémentaires : Thierry de Maigret - Paris, vente du 21 juin 2023



Je suis étonné de l'absence d'une présentation plus détaillée de cet objet, dont l'estimation est étonnamment basse (entre 2000 et 3000 €).  

Je vois bien que la tapisserie a souffert et a perdu ses couleurs d'origine, mais enfin entre la provenance, la rareté, et l'actualité récente d'une version à l'huile sur toile (sur)payée plus de 175 000 € par la Société des Amis de Versailles pour les collections du château de Versailles, je suis tout de même surpris.


Image : Thierry de Maigret

Nous avions longuement présenté le portrait vendu aux enchères il y a quelques mois, et qui est une des versions connues de ce portrait : celle la "moins" aboutie, aujourd'hui conservée à Versailles.

Portrait de Marie-Antoinette, Dauphine
Louis-Joseph-Siffrède Duplessis
Huile sur toile, 1771
H. 74,5 ; L. 57,3 cm
Tableau exécuté en 1771, mais non achevé ; vraisemblablement collection du peintre jusqu'en 1802 (...)
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

Description du musée :

Sur proposition de Jean-Baptiste Marie Pierre (1713-1789), Premier peintre du roi et directeur de l’Académie royale de peinture, Joseph Siffred Duplessis fut invité en 1771 à exécuter une effigie de Marie-Antoinette. Le tableau acquis par le château de Versailles, premier portrait de la jeune Marie-Antoinette exécuté sur le sol français, procède d’une esquisse préparatoire conservée dans les collections (MV 6249).


Huile sur toile, 1771
H. 44,4 ; L. 33,4 cm
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

Son examen révèle sans conteste la main du maître dans le visage ; l’observation du traitement du costume et de l’arrière-plan démontre aussi le caractère inachevé de l’œuvre. À cet aspect inachevé, rien d’étonnant : le maître, en quête de vérité, n’eut pas la chance de plaire à son modèle. Même si le visage est plus flatté que dans l’esquisse, si les traits sont adoucis par rapport à celle-ci, et si le rendu de la coiffure est habile et fouillé, cette image ne satisfit nullement la Dauphine, qui rejeta ce naturel. Sans doute l’expert en ressemblances sut-il trop bien saisir les éléments essentiels de la physionomie de Marie-Antoinette : les yeux globuleux, le front bombé, la lèvre autrichienne, le menton lourd des Habsbourg. Le port de tête remarquable, la fraîcheur du teint, le blond poudré de la chevelure ne suffisaient pas, aux yeux de la Dauphine, à les adoucir. 


L'autre version, plus aboutie, est recensée en 1913 dans les collections de la marquise de Ganay, mais sa localisation actuelle est désormais inconnue. Voir sa présentation page précédente.  

A gauche, le portrait conservé à Versailles ; à droite celui de la collection Ganay (non localisé)


Rappelons que c'est grâce à cette tapisserie, connue par un document archive, que le portrait de la marquise de Ganay fut réattribué à Duplessis en 1922, moment de sa vente aux enchères.  Jusque là des documents laissaient suggérer que la commande avait été réalisée par Joseph Ducreux (1735-1802).
Nous avions d'ailleurs présenté une photo d'archive de cette tapisserie :



La voici donc enfin réapparue sur le marché, avec la bonne attribution indiquée au bas de la tapisserie : Duplessis pit, Audran exit. Gobelins, 1774

Il est vraiment dans un état lamentable... "merci" au collectionneur qui l'a exposé à la lumière ces cent dernières années . La comparaison entre l'état 1908 (photo noir et blanc) et l'état 2023 est affligeant.

A écouter et voir...

Conférence Xavier Salmon "Duplessis et la dauphine Marie Antoinette, une commande délicate"
Durée : 24 mn

Xavier Salmon est conservateur général du patrimoine. Après avoir été responsable des collections de peintures du XVIIIe siècle et d'arts graphiques au château de Versailles, chef de l'inspection générale des musées de France, directeur du patrimoine et des collections du château de Fontainebleau, il dirige aujourd'hui le département des arts graphiques du musée du Louvre.




Une conférence intéressante au sujet de l'histoire du portrait de Marie-Antoinette par Duplessis, durant laquelle nous pouvons voir, notamment, l'esquisse inédite du grand portrait de la dauphine à cheval, initialement commandé à l'artiste :

Modello pour le portrait équestre de la dauphine Marie-Antoinette, 1771
Attribué à Joseph Siffred Duplessis
Huile sur papier vergé
Image : Artcurial

Jugée trop "ambitieuse" la commande de ce portrait équestre sera abandonnée au profit du portrait en buste que nous connaissons avec les deux versions déjà présentées ci-dessus, ainsi que les déclinaisons tissées (qui suggèrent une troisième version, avec un fond de paysage naturel)


Le portrait ne plaira pas. Et je le comprends...il est très vilain !!    

Pas si vilain ça, mais, surtout, et avant tout : il a le mérite d'encore exister !