A la recherche de « l’escalier de la reine » à la Conciergerie

Si on reprend les dispositions de la gravure cela donne ça sur le plan de Peyre

Ce qui validerait le parcours rose.

Dans ce cas l'escalier sombre est le tronçon d'une dizaine de traits dessinés dans le couloir venant de la tour de Bonbec.

les plans anciens me font mal à la tête!

De ce que je comprends, la Grand'Chambre a rétréci: une partie de son volume a été pris par la Chambre du Conseil qui se trouve aujourd'hui derrière la Première Chambre civile, directement entre la Tour d'Argent et la Tour César.

Ce qui fait que l'entrée en jaune sur le plan de Lucius ne serait pas au milieu de la salle dans la disposition actuelle mais plus proche du mur du fond, mitoyen de la Chambre du Conseil.

Le passage entre la Tour d'Argent et la Tour César doit correspondre au couloir à l'ambiance médiévale que j'ai documenté dans un autre billet sur mon site: http://www.chs-avocat.fr/2016/08/25/la-salle-robert-diet/



Pour la bonne compréhension des choses, l'escalier qu'on voit sur la photo à gauche est l'escalier de la Tour d'Argent mais c'est un escalier extérieur, accolé à la Tour elle-même comme on voit sur mon billet sur l'escalier de la Reine (première partie).

La porte à gauche qui donne sur le couloir part en coude, traverse la Tour d'Argent et arrive au pied de la Tour César.

Ca serait l'itinéraire en rose sur le plan de Lucius.

Par contre ce couloir communique uniquement entre la Tour d'Argent et la Tour César, il ne part pas vers la Tour Bonbec actuellement.

Mais c'est peut-être une disposition moderne, pour isoler la Cour de cassation du reste du Palais de Justice.

J'ai effectivement eu une très intéressante conversation avec Marie-Antoinette (!) et la Tour Bonbec tient désormais la corde, principalement sur la foi du témoignage d'un garde qui a eu quelques ennuis pour avoir été poli avec Marie-Antoinette.

Il décrit dans un témoignage pour son procès un escalier débouchant dans un préau, ce qui élimine les escaliers bleus et verts dont nous parlons depuis 4 pages!

C'est un document d'époque et j'imagine mal le bonhomme essayer d'enfumer le Tribunal révolutionnaire qui vient juste de faire décapiter la Reine et qui sait très bien part où elle est entrée et sortie devant eux.

Donc pour moi c'est un document irréfutable.

J'attends les pièces pour essayer d'y voir plus clair et je remercie beaucoup Marie-Antoinette.

Je viens de retrouver l'auteur du livre donnant le récit et il ne me reste plus qu'à trouver l'ouvrage dans mes quinze bibliothèques.

Il s'agit du MARQUIS DE SEGUR  -  épisodes de la Terreur -
BARTHÉLEMY B DE LA ROCHE   éditions DESCLEE DE BROUWER 1899

Plongeon dès demain matin.

MARIE ANTOINETTE

Je suppose que ces fenêtres sont celles-ci ?

oui pour les fenêtres.

 ... Tu parles Charles !    ... Casse-gueule votre escalier ! 



Et tout en descendant l'escalier ... je vous dis :

Charles Simon a écrit:
J'ai effectivement eu une très intéressante conversation avec Marie-Antoinette (!) et la Tour Bonbec tient désormais la corde, principalement sur la foi du témoignage d'un garde qui a eu quelques ennuis pour avoir été poli avec Marie-Antoinette.

Il décrit dans un témoignage pour son procès un escalier débouchant dans un préau, ce qui élimine les escaliers bleus et verts dont nous parlons depuis 4 pages !

.... :

Au moins, en tous cas pour ce qui me concerne, je peux dire que cette zone là du Palais de Justice n'a plus guère de secret concernant son architecture début XIXe siècle.
Je crois que, désormais, je peux la dessiner de mémoire !  

Merci à tous pour ces éclaircissements, et dans l'attente de la suite de ce jeu de piste... boudoi32

J'irai demain aux archives nationales et consulter quelques ouvrages à la bibliothèque de mon école en espérant trouver des réponses.

Merci, cher petit Lulu !

Nous allons bien finir par en avoir le cœur net ! :\\\\\\\\:

Si nous ne parvenons pas à avoir une réponse exacte d'ici là nous pourrons continuer l'enquête le 13 décembre en posant cette question à Michelle Sapori ou Emmanuel de Waresquiel


Bien à vous.

Pour l'heure, posons la question à Gosselin Lenôtre qui nous répond dans ces deux plans publiés dans Les Grands Jours du Tribunal Révolutionnaire (Flammarion, 1933) :


Celui de gauche, celui du rez-de-chaussée de la Conciergerie , mentionne en 7 l'escalier par lequel la Reine fu conduite au Tribunal.
Le hic est le cachot numéroté 6 que l'auteur mentionne comme celui que la Reine occupa durant les premiers mois de Son séjour à la Conciergerie... or comme nous l'avons vu, depuis, dans ce sujet , il semble que Marie-Antoinette n'a occupé qu'une seule et même cellule pendant les 76 jours de Son incarcération à la Conciergerie...

Le second plan, celui du premier étage de la Conciergerie où se situe la salle du tribunal mentionne au numéro 14 le passage en plain-pied ménagé dans la tourelle d'un escalier sans communication avec les étages inférieur et supérieur. C'est cet escalier qu'on nomme faussement escalier de la Reine.


Bien à vous.

Eh bien voilà..., merci !

Majesté a écrit:
Celui de gauche, celui du rez-de-chaussée de la Conciergerie , mentionne en 7  l'escalier par lequel la Reine fu conduite au Tribunal.

J'ai beau zoomer, j'ai de mauvais yeux.
C'est bien l'un des escaliers cerclé de rouge ?



Sacré détour !!

Majesté a écrit:Le second plan, celui du premier étage de la Conciergerie où se situe la salle du tribunal mentionne au numéro 14 le passage en plain-pied ménagé dans la tourelle d'un escalier sans communication avec les étages inférieur et supérieur. C'est cet escalier qu'on nomme faussement escalier de la Reine.

Ok, c'est l'escalier en colimaçon qui descend dans la Salle des gardes et qui était donc apparemment inaccessible; comme nous le précisait MARIE ANTOINETTE.

Dans son livre "Juger la reine", Emmanuel de Waresquiel écrit :

On monte du couloir des prisonniers au rez de chaussée à la galerie du premier étage dite des Peintres par un premier escalier tortueux.
Cette dernière galerie est ouverte au public et généralement très fréquentée.
Les prévenus y sont parfois exposés aux injures de la foule.
De là, on accède par une dizaine de marches à un étroit corridor qui longe les arrières du tribunal où l'on entre par une porte si basse qu'on s'y cogne souvent. Cette porte s'ouvre dans le fond de la salle, à droite de l'estrade des juges, du côté des fenêtres. (numéroté 10 sur le plan de Lenotre - Trajet rose de Lucius)
Tous les prisonniers qui ont laissé des témoignages sur ce voyage-là disent avoir été pris, en pénétrant dans l'ancienne Grand Chambre, d'un "tremblement universel".

C'est par cette porte que Marie-Antoinette, dite de Lorraine-Autriche, veuve de Louis Capet, roi des Français, guillotiné place de la Révolution le 21 janvier 1793, pénètre dans le tribunal le lundi 14 octobre 1793, un peu avant 9 heures du matin.

Bon !! Je crois que nous y sommes... àè-è\': :

La nuit, la neige a écrit:J'ai beau zoomer, j'ai de mauvais yeux.
C'est bien l'un des escaliers cerclé de rouge ?

Oui, c'est bien ça. Tes yeux ne sont pas si mauvais


Bien à vous.

Lenôtre poursuit :

L'audience du 14 octobre 1793 se termina dans la soirée ; la Reine fut reconduite à son cachot de la Conciergerie , par le couloir , l'ancienne galerie des Peintres (aujourd'hui galerie Saint-Louis) et l'escalier tortueux qui s'ouvrait, au premier étage , dans la galerie des prisonniers, à côté du grand degré de l'ancienne Chanbre des Requêtes, pour aboutir , au rez-de-chaussée, tout près de la chapelle, dans le corridor central de la prison.

En note, G. Lenôtre semble vous répondre nominativement, cher Charles Simon :Essayons de fixer ici cet itinéraire, objet de tant de controverses parmi ceux qui sont curieux de ces menus détails de la topographie parisienne et, afin de nous orienter dans ce dédale, si dissemblable aujourd'hui de ce qu'il était à l'époque de la Révolution, suivons les indications données par un des détenus de la Conciergerie, en 1793, dont le récit a été publié , par Nougaret, dès l'an V, dans l'Histoire des Prisons.
Nous débarrassons cette description des éloquentes et confuses digressions qui l'étouffent.
On entrait, en 1793, à la Conciergerie par la Cour du Mai: la première pièce était le guichet. Dans le guichet, en tournant le dos à la porte d'entrée, on avait _ à gauche la porte du greffe ( le greffe était partagé en deux parties par une grille : d'un côté de la grille étaient les employés chargés de la tenue des livres d'écrou ; de l'autre côté on parquait les condamnés prêts à partir pour l'échafaud. C'est là qu'avait lieu la toilette ) : _ en face de soi une porte conduisant à la Cour des Femmes et à ce que l'on appelait le Côté des Douze; _ à droite , entre deux boiseries en pans coupés, une porte donnant accès au corridor central de la prison. En le suivant, on laissait, à gauche, la chapelle et la chambre de Marie-Antoinette, et on se trouvait , après avoir franchi une grille , dans un espace fermé de tous côtés de barreaux de fer. C'était le parloir, au temps où les communications avec l'extérieur étaient encore permises. Nougaret décrit la joie des prisonniers recevant la visite de leurs amis et de leurs femmes dans ce parloir semblable à la cage d'une ménagerie et dont on reconnaîtra la situation évidente si l'on a suivi cette description sur le plan I.
"Il est vrai , dit-il, que cette joie était quelquefois troublée par l'aspect des malheureux condamnés à mort qu'on descendait du tribunal et qui traversaient ce parloir."

Or, par où les condamnés pouvaient-ils descendre , sin ce n'est par l'escalier tortueux que nous appellerons escalier de la Chapelle qui, du voisinage de ce parloir, montait à la galerie des prisonniers, et y débouchait en face du corridor des Peintres? Il faut dire aussi que ce parloir-cage servait de vestibule au préau des hommes, préau maintenant disparu, et remplacé par l'enceinte cellulaire actuelle ( du moins en 1933 ) . Il est vrai que, du préau , un autre itinéraire plus direct conduisait au premier étage; c'était l'escalier de la Tour Bonbec. C'est par là que passaient presque tous les prévenus hommes allant à l'instruction ou à l'audience; mais pour éviter, quand cela semblait nécessaire, le contact entre les détenus errant à volonté dans le préau , et les condamnés, on fit quelquefois redescendre ceux-ci par l'escalier de la Chapelle. On n'utilisa pas uniquement cet itinéraire : cela paraît certain, mais on l'employait surtout pour les femmes: elles sortaient de leur quartier par la grille ( encore existante, quoiqu'on l'ait peut-être déplacée), qui séparait leur cour de l'étroit préau appelé le côté des Douze et sur lequel prenaient jour plusieurs cachots réservés à des prisonniers hommes, spécialement surveillés; elles suivaient le couloir central , laissaient à gauche la chapelle et le cachot de la Reine, passaient par le parloir et se trouvaient au pied de l'escalier de la Chapelle , sans avoir traversé un seul des endroits publics, si l'on peut dire, et fréquentés de la Conciergerie.
C'est par là que la Reine monta au tribunal. Il semble qu'on n'en peut douter; la porte de son cachot n'était séparée de cet escalier que par la longueur de la chapelle.


Bien à vous.

Je suis décidée à rester le 14 décembre à PARIS pour aller fureter dans le Palais de Justice afin de trouver les passages actuels entre la TOUR D'ARGENT et la TOUR BONBEC au premier étage et redescendre les escaliers qui sont dans la GRAND CHAMBRE avec appareil photo et lampe de poche..... A la conciergerie, j'espère pouvoir emprunter le départ de l'escalier dans la salle de gardes pour faire la jonction avec la grand chambre.....
J'ai la curiosité toute émoustillée et il faut que je résolve les problèmes.

Foi de NICOLAS LE FLOCH  !!!!!!! MARIE ANTOINETTE àè-è\':

J'espère que vous nous ferez part de vos pérégrinations. Cela promet d'être captivant, comme toujours avec vous, chère amie.

Vous remarquerez cher LNLN qu'on retrouve chez Gosselin l'escalier de la chapelle de Peyre !!

Je ne connais pas de passage direct au premier étage entre la Tour Bonbec et la Tour d'Argent.

Pour moi on est obligé de sortir de la Cour de cassation dans la galerie des prisonniers, puis de traverser la Salle des Pas-perdus, de prendre la porte entre la Salle des criées et la Première Chambre civile et d'enfiler le couloir, ce qui est un gros détour.

Donc pas possible de refaire ce qui aurait été le trajet de Marie-Antoinette.

Voilà ce que cela donne si on en croit Gosselin :

Charles Simon a écrit:Je ne connais pas de passage direct au premier étage entre la Tour Bonbec et la Tour d'Argent.

Pour moi on est obligé de sortir de la Cour de cassation dans la galerie des prisonniers, puis de traverser la Salle des Pas-perdus, de prendre la porte entre la Salle des criées et la Première Chambre civile et d'enfiler le couloir, ce qui est un gros détour.

Donc pas possible de refaire ce qui aurait été le trajet de Marie-Antoinette.

Sur une très mauvaise image du plan du palais actuel, je vois pourtant un couloir reliant l'une à l'autre, mais éclairée par des bais donnant sur la cour de la Conciergerie, ce qui n'était pas le cas du couloir qu'elle a connu.

Je compte aller au Palais dans les prochains jours pour voir un peu les lieux.

Charles Simon a écrit:
Donc pas possible de refaire ce qui aurait été le trajet de Marie-Antoinette.

Sur un plan de 1924 cela donne ça :



En rose son trajet, en rouge le nôtre.

Par contre en sous-sol ça devient très difficile.

Bravo à tous les enquêteurs !! :\\\\\\\\: