Une amie anglaise de Marie-Antoinette, Georgiana, Duchesse de Devonshire

C'est cela qui m'étonne : car au final Georgine symbolise en Angleterre une femme politique "en avance". Or ses amis les Polignac représentent au contraire le parti réactionnaire en France.
Georgiana fut l'égérie des whigs qui ont soutenu la Révolution, du moins jusqu'à la mort de Louis XVI. De l'autre côté, nous savons que ses amis français deviendront les champions de la contre-révolution.
Comment leur amitié a-t-elle survécu à cette contradiction fondamentale ?
Bien entendu, rien n'empêche d'avoir des amis de droite quand nous sommes de gauche et inversement, mais qu'en est-il lorsqu'on en arrive au stade de la guerre généralisée dans toute l'Europe, avec en prime un pays en proie à la guerre civile ?

Je ne connais pas assez Georgiana mais je me doute qu'elle a pu très vite rejeter la Révolution, en en comprenant les dangers, notamment pour ses amis et les excès ravageurs que nous connaissons bien. Mais elle et les Polignac (et cie) ont dû forcément dans les années précédentes discuter un minimum de politique puisqu'il s'agissait d'un moteur essentiel de la vie de Georgiana et que ceux qu'elle fréquentait de tous pays étaient issus des plus hautes sphères du pouvoir. Ne serait-ce qu'avec M. d'Adhémar qui revient très souvent dans cette correspondance. Georgiana et lui ne vont pas parler uniquement de musique ou de colifichets !
Comment ont-ils pu gérer la situation ?

N'y aurait-il pas une lettre (je sais je suis impatiente : ) où Georgiana, au tout début évidemment, tente d'expliquer que ces événements bouleversants pourraient apporter bonheur et prospérité à la France qui nous sommes tous d'accords avait évidemment besoin de réformes ?
Une lettre également où elle leur propose de les accueillir chez elle en attendant de jours meilleurs ? Ou en fut-elle empêchée justement à cause de la politique ?

Mme de Sabran a écrit:
Quoique Georgine était elle-même très progressiste, éprise des Lumières, c'était une véritable suffragette avant l'heure !

La voilà en caricature, exerçant son métier de suffragette :

Nous connaissions la fessée républicaine, voici le baiser démocratique ! : : :

Nous connaissons aussi le baiser Lamourette  boudoi32  : http://fr.wikipedia.org/wiki/Baiser_Lamourette

Bien sûr ! J'avais ouvert un sujet, à la Conciergerie, pour le baiser Lamourette .
Je l'ai bouturé depuis, ici, chez nous !

Comte d'Hézècques a écrit:

La voilà en caricature, exerçant son métier de suffragette :

Et là, donc ! sacrée Georgine !!! : The Chairing of Fox :

Fichtre, les amis ! Ce baiser était censé acheter un vote ! En tous cas, c'est ce que prétendaient les mauvaises langues, relayées par WIKI :

Georgiana était une beauté célèbre et une femme du monde qui tenait salon et réunissait autour d'elle un grand cercle de personnalités littéraires et politiques. Elle était aussi une militante politique active, un siècle avant les suffragettes.

La famille Spencer ainsi que les Cavendish étaient d'actifs soutiens du Parti whig.

Georgiana fit campagne pour les Whigs et particulièrement pour un de ses cousins éloignés, Charles James Fox – alors que le roi (George III) et ses ministres tenaient la Chambre des communes.

Pour les élections générales de 1784, la duchesse aurait, d'après la rumeur, acheté des votes en faveur de Fox en échange de baisers.

Cet épisode fut vilipendé par Thomas Rowlandson dans sa caricature Le Devonshire, ou la Méthode la plus référencée de sécuriser des votes. Ainsi, un jour, alors qu'elle sortait de son carrosse, un éboueur irlandais s'est exclamé : « Amour et bénédiction, Madame, laissez-moi allumer ma pipe à la flamme de vos yeux ! », un compliment qu'elle rappelait souvent chaque fois que d'autres la complimentaient en répliquant, « Après le compliment de l’éboueur, tous les autres sont insipides ».

... une vraie démocrate !!! : : :

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Mme de Sabran a écrit:

Ainsi, un jour, alors qu'elle sortait de son carrosse, un éboueur irlandais s'est exclamé : « Amour et bénédiction, Madame, laissez-moi allumer ma pipe à la flamme de vos yeux ! », un compliment qu'elle rappelait souvent chaque fois que d'autres la complimentaient en répliquant, « Après le compliment de l’éboueur, tous les autres sont insipides ».[/i]

...   une vraie démocrate !!!  :  :  :

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Ne fut-elle pas borgne à la fin de sa vie ? Ce compliment ne manquerait pas alors de sel ! :

Allez, je vais lire sa bio, il le faut ! Depuis le temps que je l'ai !

Voilà Charles-James Fox (1782) par Joshua Reynolds

Je l'imaginais plus sexy... àè-è\':

Le film lui rend autrement mieux hommage que Reynolds :

Bien à vous.

Il devait avoir une botte secrète ! :

Majesté a écrit:Le film lui rend autrement mieux hommage que Reynolds :

Bien à vous.

Je te crois ! :

Mme de Sabran a écrit:

Il devait avoir une botte secrète ! :

Moi j'ai un piège à fille, un piège tabou
Un joujou extra qui fait crac boum hu
Les fill's en tomb'nt à mes g'noux :

Georgine n'a peut-être pas succombé à ce point ...
Mais, d'après WIKI, la rumeur les donnait Fox et elle pour amants .

En cherchant la tête de l'acteur qui a joué Fox dans The Duchess, je suis tombée par hasard sur ce site :
http://www.amanda-foreman.com/characters.shtml
Comme je commence la bio en question, cela tombe bien !

Charlotte Rampling était une parfaite milady Spencer !

Mme de Sabran a écrit:

Georgine n'a peut-être pas succombé à ce point ...
Mais, d'après WIKI, la rumeur les donnait Fox et elle pour amants .

Dans son introduction, Amanda Foreman nous dit que le premier biographe de Fox, George Trevelyan, considère qu'il ne prenait que des courtisanes, jamais des dames de l'aristocratie comme maîtresses et qu'il avait un code d'honneur très strict. Elle nous explique dans la même phrase qu'il écrivait à l'époque victorienne...
De même qu'une des premières biographes de Georgiana, Iris Palmer, ne lui accorde que Charles Grey comme amant, ce que réfute l'auteur. Je n'ai pas d'avis sur la question puisque je n'ai rien lu pour l'instant, je verrais. Mais pour Amanda Foreman, il est sûr que Fox n'a pas eu que des courtisanes comme conqûetes féminines.

Bon pour l'instant je me suis arrêtée aux 9 ans de Georgine. Je suis loin d'en apprendre plus sur ses amours. :

Mme de Sabran a écrit:

Charlotte Rampling était une parfaite milady Spencer !

Je ne me souviens plus trop du film.
Mais dans le souvenir que j'en ai, lady Spencer est assez sévère avec sa fille. Alors que d'après Amanda Foreman, elle la gâtait outrageusement, s'extasiait de tout de sa part, au détriment de son frère et de sa soeur plus jeunes. Il n'y a qu'une personne qui passait avant Georgiana : lord Spencer ! La mère n'hésitait pas à abandonner ses enfants plus d'une année pour visiter l'Italie en compagnie de son mari adoré. Un incroyable mariage d'amour ! J'imagine le décalage que va vivre Georgiana entre l'image du couple de ses parents et son échec conjugal.
Tiens, ça me rappelle quelqu'un...

Reinette a écrit:
De même qu'une des premières biographes de Georgiana, Iris Palmer, ne lui accorde que Charles Grey comme amant, ce que réfute l'auteur.

... dont elle aurait eu une petite fille, en 1792, Eliza Courtney. .

Notre amie anglaise si politique, qui ne vit que par elle dans son pays, se retrouve dans son élément lors de sa dernière visite en France fin juin-début juillet 1789.
C'est hallucinant ! C'est là que nous voyons parfaitement le paradoxe de Georgine, partagée entre ses amis Polignac et ses aspirations idéologiques. J'ajouterai pour la clarté du propos et qui n'est peut-être pas clair pour ceux qui ne connaissent pas suffisamment la dame en question : la duchesse de Devonshire est une figure politique majeure de son pays, bien plus qu'une simple égérie. Et les Français le savent. Cet aspect, et combien d'autres, sont à peine effleurés dans le film qui lui est consacré.

Je vous propose des extrais de la bio de Amanda Foreman qui recoupent quelque peu d'autres sujets ô combien passionnants en ce moment.

p. 236 de l'édition française
Les voilà partis, Georgine, le duc, leur inséparable Besse et Charlotte Williams, fille illégitime du duc qu'il eut avant son mariage.
Juste après le Serment du Jeu de Paume, elle écrit à sa mère : "Je n'ai pu résister et ai demandé au duc de nous emmener, Bess, Cha. et moi-même voir le Palais-Roayl. Il y régnait une grande alégresse. "

Je vous laisse vous délecter de cette information qui m'a fait sursauter durant ma lecture dans le bus. La suite plus tard...

Deux dessins de Georgiana, duchesse de Devonshire qui sont conservés à Althorp, la demeure de la famille des comtes de Spencer.

En 1779, par sa cousine Lady Diana Beauclerk (née Lady Diana Spencer).



En 1782, par Ozias Humphrey.

Reinette a écrit:
Juste après le Serment du Jeu de Paume, elle écrit à sa mère : "Je n'ai pu résister et ai demandé au duc de nous emmener, Bess, Cha. et moi-même voir le Palais-Roayl. Il y régnait une grande alégresse. "

Je vous laisse vous délecter de cette information qui m'a fait sursauter durant ma lecture dans le bus. La suite plus tard...

Tout une frange tumultueuse de la noblesse a commencé par s'exalter ainsi pour les idéaux d'égalité et de liberté . L'utopie était magnifique ! Les exactions abominables qui dégoûteront la majorité de ces mêmes révolutionnaires de la première heure sont encore à venir .
Tu en es au Serment du Jeu de Paume, les balbutiements de la Révolution, Georgiana peut s'illusionner encore sur la nature humaine ...

outremanche a écrit:Deux dessins de Georgiana, duchesse de Devonshire qui sont conservés à Althorp, la demeure de la famille des comtes de Spencer.

Ils sont d'une suavité, d'une évanescence délicieuses ...
Merci, ma chère Eve !

J'espère que, peut-être, tu as quelques photos d'Althorpe ?

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Mme de Sabran a écrit:
J'espère que, peut-être, tu as quelques photos d'Althorpe ?

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Dans le sujet promenades et visites... :